BFM Radio, lundi 21 juin 2010 à 10h46 – Kerviel: la question que personne ne pose

Kerviel : la question que personne ne pose

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Le procès de Jérôme Kerviel entre dans sa troisième semaine, qu’a-t-on appris jusqu’ici sur les grandes questions qu’on se pose ? Sa hiérarchie, par exemple, était-elle davantage au courant qu’elle ne le prétend sur les opérations qu’il passait ? Autre question dont on aimerait connaître la réponse : le fait d’entrer des opérations fictives dans le système de reporting pour masquer ses positions est-il – comme Kerviel le prétend – une pratique courante dans le monde des traders ? Et ce n’est là encore qu’un minuscule échantillon du genre de questions que l’on continue de se poser sur cette ténébreuse affaire. Connaîtrons-nous un jour la réponse ou bien sommes-nous condamnés à deviner, à nous faire une opinion à partir d’éléments disparates et fragmentaires ?

Est-ce parce que j’ai eu l’occasion d’être moi-même trader sur les marchés à terme que la réponse à ces questions me laisse en réalité indifférent ? je ne sais pas. Ce qui m’intrigue par contre c’est pourquoi au cours de deux premières semaines d’audience, personne n’a posé la seule qui me semble cruciale, une question que j’appellerais « à la Lord Adair Turner », du nom du président de la FSA, la Financial Services Authority, le régulateur des marchés britanniques, qui se demandait il y a quelques temps – avec beaucoup de candeur d’ailleurs – si tout dans le système financier que nous connaissons, est utile d’un point de vue social.

Ma question, qui n’intéresse apparemment personne sauf moi, c’est celle-ci : « Ce que Kerviel faisait pour sa banque – que ce soit de la manière dont elle voulait que cela se fasse, ou de la manière dont lui le faisait – à quoi cela sert-il ? » Parce qu’enfin, se mettre comme cela, en position « longue », en espérant que le prix monte, ou « courte », en espérant que le prix baisse et sur des sommes « importantes » – parce que de notre point de vue à nous, particuliers, que ce soient des milliards qui sont en jeu, ou simplement des millions, ce sont quand même de grosses sommes – à quoi cela sert-il ?

Prenons un exemple très simple. Kerviel a fait un pari qui peut rapporter – soyons modestes – un million d’euros. Il le fait au nom de la Société Générale. Et disons, toujours pour faire simple, que sa contrepartie – celle qui a fait le pari en sens inverse – ce soit BNP Paribas. Ce cas de figure n’est pas impossible. Disons que, cette fois-ci, c’est lui qui a gagné : la Société Générale a gagné un million et la BNP a elle perdu un million. La fois prochaine ce sera l’inverse : la Société Générale perd et la BNP gagne. Est-ce que cela sert à quelque chose ? Oui, cela fait augmenter les dividendes et les bonus dans la banque qui a gagné et cela les fait baisser dans celle qui a perdu. Les actionnaires, les dirigeants et les traders de celle qui a gagné sont contents, et ceux de celle qui a perdu sont au contraire tristes.

Et nous, dans cette affaire ? Tout ça nous est indifférent. Sauf… sauf si l’une des deux banques gagne systématiquement et l’autre perd systématiquement, alors nous – en tant que contribuables, nous irons sauver avec nos propres deniers la banque qui a perdu et qui est bien sûr « trop grosse pour tomber » – Too big to fail. Autrement dit, ce que tous les petits Kerviel du monde font, et les banques qui les emploient, ça ne sert qu’à une seule chose : à créer du risque systémique, le risque que tout le système s’écroule un beau jour. Alors, tout cela est-il bien « socialement utile » ? Je crains malheureusement que la question ne soit beaucoup trop sérieuse pour que je m’engage à y répondre – comme ça, de but en blanc – un lundi matin.

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154 réponses à “BFM Radio, lundi 21 juin 2010 à 10h46 – Kerviel: la question que personne ne pose”

  1. Avatar de timiota
    timiota

    C’est une « stratégie du choc » mais par séries de petits coups que vous nous racontez là.

    Les gains sur notre dos se font dans les plus grosses étapes (« Vols de Lévy ») , le renfluoement des « TBTF » dans votre exemple.

    Si l’on prend une métaphore biologique, vous trouvez les pucerons qui sont là au calme sur la plante, organisation ordinaire d’une chaine de nourriture, mais vous trouvez aussi les plantes carnivores qui attendent que la mouche fasse un écart suffisant, par l’odeur alléchée, pour ….chcrounch miam.

    Renards un peu fractals dans un poulailler devenu mondial.

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      Renard cybernétique……

  2. Avatar de Otto di Dacte
    Otto di Dacte

    Enfin Mr Jorion ! Vous savez bien que tout cela a pour objet d’apporter des liquidités aux marchés afin d’optimiser le fonctionnement de l’économie ! Non ?

  3. Avatar de DidierF
    DidierF

    Monsieur Jorion,

    Vous posez la question du bien commun. Vous demandez si une activité profite à tout le monde. C’est une remise en cause de l’individualisme sur lequel est bâti toute notre société.

    Je suis partisan de cette remise en cause.

    1. Avatar de DidierF
      DidierF

      Monsieur (?) Igor Milhit,

      J’ai lu le texte de Durkheim auquel le lien que vous donnez renvoie. Il distingue selon moi un individualisme dit commercialisme et un individualisme moral. Je pense que le premier se porte comme un charme au XXIème siècle et le second est en très piteux état.

      L’individualisme, dit commercialisme par Durkheim, est la règle. Molinari a son think tank sous la forme d’un institut (http://www.institutmolinari.org/) C’est loin d’une disparition de son influence. Cet individualisme est dominant. Il est loin de mourir avec la théorie des agents indépendants, soucieux de leurs intérêts et parfaitement rationnels. La théorie du marché efficient qui sert à justifier les opérations boursières pose cet individualisme comme hypothèse de base. Toutes les libéralisations servent à promouvoir et défendre cet individualisme. Il triomphe.

      De l’autre individualisme, dit moral par Durkhein, je retiens la notion de la religion dont l’homme à la fois le fidèle et le Dieu. Etant Dieu, l’individu est protégé. Pour éviter l’égoïsme moral induit par cette divinité, Durkheim espère que chaque homme verra ces qualités « divines » chez chaque homme et donc reconnaître à chaque homme cette valeur « divine ». Il pose cela comme un idéal impersonnel et anonyme pouvant rallier tous les hommes.

      Une grande objection à cette idée est que tous les hommes sont libres et qu’ils élaborent leur vision de l’homme séparément. Ils ne pourront donc pas s’entendre. La réponse de Durkheim est qu’admettre son incompétence sur un point n’altère en rien sa liberté. Admettre la compétence, prouvée de façon rationnelle, d’un autre, fait que son avis sera accepté sans vérification. Le jugement commun semble rester la force dominante des relations humaines. Je suppose donc que Durkheim voit les avis se réguler par l’expertise et le sens commun.

      Cette religion où l’homme est le Dieu et le fidèle assure aussi l’unité morale du pays. Chaque conscience humaine étant de nature divine, elle devient intouchable, protégée. Un glissement de sens très facile a été fait ici. Durkheim supposait que ce caractère serait reconnu dans toutes les relations humaines par toutes les parties de la relation. Cela fonde l’unité morale du pays ou d’autre chose.

      Cette religion prône la liberté et ne sait pas qu’en faire.

      J’en tire, en vrac, quelques conclusions. La notion de religion dont l’homme est à la fois le fidèle et le Dieu mélange sérieusement les genres. Chaque humain peut se prendre pour Dieu sur cette base. Les perspectives ouvertes ici sont gigantesques et pas du tout réjouissantes. C’est un idéal impersonnel et anonyme s’il est pris correctement. Chacun doit donc se débrouiller pour le personnaliser et l’attribuer à des personnes. Comment le formuler ainsi ? Comment le faire passer d’un sentiment à un acte précis ? La grande objection citée par Durkheim devient ici très violente. L’appliquer à des actes implique le discours sur la docilité ou la soumission à la compétence plus grande. Toutes les méthodes de gestion entrent dans cette idée. Mettre de l’expertise dans tous les domaines de la vie, c’est demander à tous de se soumettre et d’être dociles dans tous les domaines. Le jugement commun en est évacué de la vie commune. Toutes les publicités sont des appels à la soumission à une plus grande expertise que la sienne propre. L’individu n’a plus besoin d’exercer sa liberté. Il y a toujours un expert au coin de la rue qui sait mieux que lui. La politique se fait aussi sur cette base d’expertise. Devenir un expert devient une opération de divinisation de soi. La concurrence entre les individus permet de déterminer qui est le plus compétent ou divin. Ces experts tombent dans ce que Durkheim nommait égoïsme moral. Les autres deviennent des êtres dociles et soumis. La société se retrouve divisée en élite agissante et masse aussi soumise qu’impuissante. Cela me rappelle quelque chose de très actuel.

      L’individualisme moral de Durkheim est en très mauvais état. Il peut être remis en cause.

      Je suis conscient que je touche là le coeur de la construction morale de notre civilisation. Je rejoins ici Durkheim dans son analyse. Si ce truc saute, la crise financière ressemblera à un aimable pique-nique entre gens du monde. Je pense qu’il a sauté et que nos élites tentent frénétiquement de sauver cette construction pour ne pas se retrouver face au néant dont ce monsieur parle. Le TINA de Madame Thatcher résonne, pour moi, aujourd’hui comme ce néant que Durkheim décrit dans son texte.

      Je vous remercie de m’avoir transmis ce lien. Ce texte est très instructif et le modèle de base du libéralisme est, selon moi, très fatigué, voire vide.

    2. Avatar de iGor milhit

      DidierF, merci pour votre commentaire,

      Content que vous ayez profité ainsi de ce texte de Durkheim. Je suis d’accord avec vous pour dire que le premier des individualismes n’a pas disparu, bien au contraire et qu’on manque cruellement du second. Quant à cette étrange religion, il me semble qu’un petit peu de Nietzsche ne ferait pas de mal. Dieu est mort, c’est entendu, mais l’Homme aussi [l’Homme comme Dieu sur terre, parfaitement conscient et rationnel]. Ou alors un peu de Michel Foucault qui reprend cette idée…
      Ce que j’ai trouvé intéressant dans ce texte de Durkheim, c’est que justement il permet de voir qu’on ne peut pas trop simplifier la question de l’individualisme. Je n’ai pas de réponse ni d’avis sur le sujet. Mais j’avoue que je suis attaché à une part d’individualisme. Les mêmes qui défendent à tout prix les fictions de l’autorégulation et de la méritologie, sont aussi ceux qui dénoncent abus et profits des exclus, les mêmes qui enferment la plupart dans une absence de choix (UMP ou PS, boulot déprimant et mal payé ou exclusion, etc…).
      Autant je suis partant pour démonter les mensonges de la domination, autant j’ai un réflexe méfiant quand je sens qu’on attaque l’individualisme, j’ai toujours le sentiment qu’on voudrait faire de l’homme une fourmi ou une abeille [et je ne pense pas que ce soit votre cas].
      Peut-être est-ce là une de mes inconséquence, incohérence…

      ps : pour le « Monsieur » et son ?, s’il s’agit de préciser mon sexe, c’est correct, sinon « iGor milhit » suffira bien 😉

    3. Avatar de Senec
      Senec

      Je comprends, dès lors, mieux ce pilonnage incessant effectué par une publicité qui parait étrangement idiote ! En fait, cela parait idiot, mais le but est caché : la soumission par un martèlement constant qui doit tuer la résistance venant de notre bon sens personnel. En tout cas, c’est pour moi une véritable agression que la publicité. Et, je comprends maintenant qu’il en est bien ainsi ! Une sorte d’abrutissement, de lavage de cerveau programmé. Que la lessive soit propre n’a aucune importance dans la motivation. On est à la fois dans la recherche du profit et dans la recherche de la soumission ! Punaise, comme dirait l’autre !

    4. Avatar de DidierF
      DidierF

      Monsieur Igor Milhit,

      Mon éducation m’incite fortement à utiliser cette forme de politesse avec des gens que je découvre. Votre sentiment que l’on veut faire de l’homme une fourmi est justifié. Je le vois parfaitement intégré à l’individualisme qui défend l’autorégulation. Je le regrette du fond de mon coeur.

      Je vous rejoins sur votre idée qu’une part d’individualisme est saine. Je ne suis ni une fourmi, ni un rouage d’une machine. Me demander de me soumettre totalement corps et âme à une mécanique me révulse. Ne pas me soumettre passe effectivement par une part d’individualisme.

      Durkheim a raison quand il dit qu’il faut un idéal, quelque chose qui nous relie les uns les autres. C’est ce lien qui nous permet de sortir des absences de choix, des TINA. Ce lien est à nous. Cela signifie que nous devons le construire. Dire que ce n’est pas facile est un fort aimable euphémisme. Quant à sa nature, je suis dans le désarroi. Je n’ai qu’une idée inapplicable. Je ne vois pas du tout comment la mettre en oeuvre dans notre monde.

      Monsieur (?) Senec,

      J’ai pour la publicité le respect que j’ai pour un serpent venimeux. S’il me mord, je suis mal. Je me sens toujours ahuri par la puissance de cette dernière. Pour moi, l’archétype des réussites publicitaires est l’invasion de l’Irak par les EtatsUniens. Ce qui a suivi le fameux 11 septembre 2001 est pour moi une campagne publicitaire basée sur le choc de cet évènement. Le choc a été transformé en peur. Cette peur a été orientée contre Saddam Hussein et les Talibans. Maintenant, nous sommes devant deux défaites très probables, voire inévitables. La raison, le jugement personnel, l’opinion réfléchie des populations n’a joué aucun rôle dans cette histoire. Il fallait suivre. C’était obligatoire. Chirac et Villepin ont refusé cette folie avec courage. Sarkozy l’a acceptée et a intégré ce dispositif désastreux. La publicité a gagné. L’Occident est uni. TINA.

      Je me sens triste.

  4. Avatar de MMP
    MMP

    A tous salut,

    L’instinct de prédation quand il est ancré aussi profondément qu’il l’est désormais au sein de la finance (pour en rester à ce seul niveau) est au delà de toute raison et trouve, me semble-t-il, en lui même la justification suffisante à ses yeux pour penser n’avoir pas à se justifier devant quiconque.

  5. Avatar de Catherine CHEMIN
    Catherine CHEMIN

    Ce jeu de « casino » ou de « loterie » ne devrait il pas être interdit ? ..

    N’est ce pas une de ces fameuses « bulles » ?

    1. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Le casino (jeux d’argent) ne doit pas être interdit. Il doit seulement faire l’objet d’une information sur les risques d’addiction, comme sur toutes les autres « drogues ». L’interdiction n’est que promotion. L’information est prévention.

      Par contre, la liberté de chaque individu requiert un système financier au service de tous, pas de l’accumulation privée. Epargner en sécurité et mettre cette épargne au service des investissements décidés démocratiquement, et pas en fonction de l’accumulation de quelques profiteurs est possible.

      Cela impose la socialisation de tout le secteur financier, bien entendu sous un gouvernement démocratique, ce qui n’existera jamais tant que ces mêmes profiteurs feront et défairont partis politiques, médias, élections, lois et réglement. Et même les traités constitutionnels, comme celui de l’Europe, dont ils ont tué la symbolique de liberté, de paix et de progrès.

      Autrement dit, en deça d’une révolution qui abatte la dictature du capital, pas de solution.

    2. Avatar de Pierre-Yves D.
      Pierre-Yves D.

      @ Charles A.

      L’articulation entre vos deux propositions me pose problème.
      Dans la première vous dites qu’il ne faut pas interdire les jeux d’argent car ce serait en faire la promotion.
      Dans la seconde vous préconisez la socialisation de la finance après une révolution.

      Or votre seconde proposition aboutirait de facto à la fermeture du casino et de ses jeux dangereux et donc à une interdiction.
      Pourquoi alors conditionner exclusivement cette interdiction à une hypothétique révolution ?

      La révolution ne doit-elle pas d’abord être conceptuelle — le changement de paradigme — comme celle que propose Paul Jorion avec sa constitution pour l’économie, laquelle d’ailleurs ne présuppose ni n’exclue a priori l’idée de révolution au sens traditionnel du terme.

      La promotion de l’idée de constitution pour l’économie me paraît préférable à celle de socialisation de la finance car cette dernière désigne un fait accompli et non pas une visée ainsi qu’une idée régulatrice. Une constitution par définition renvoie à une souveraineté populaire. Une constitution pour l’économie souligne également la nécessité d’une domestication de l’économie. L’idée de socialisation de l’économie par contre ne dit rien de cette nécessité et peut laisser supposer qu’une solution relative à la seule question de l’appropriation des moyens de production serait suffisante. Bref avec l’optique révolutionnaire le problème est supposé déjà résolu comme si il suffisait de figer un nouveau rapport de force. Le problème qui nous occupe est évidemment relatif au rapport de forces, en l’occurrence favorable aux investisseurs. Mais résoudre le problème dans les termes du problème n’aide pas à le résoudre de façon convaincante.

      il faut donc passer à un niveau d’analyse supérieur, ce que propose de faire le nouveau pacte social en quoi consiste une constitution pour l’économie par laquelle c’est le rapport de force en tant que tel qui serait envisagé de nouvelle façon. Il s’agit en particulier d’énoncer les nouvelles règles du jeu devant réguler l’activité économique. Les rapports de force ne disparaissent pas, mais ils sont cette fois sérieusement atténués parce que précisément on les a pris au sérieux ce que ne fait pas la perspective révolutionnaire — révolutionnariste — qui se propose seulement de les éliminer purement et simplement avec le risque d’entériner un rapport de force particulier, avec toutes les dérives autoritaires que cela peut comporter.

      Peut-être faudra-t-il passer par une révolution mais en attendant une révolution cela se prépare et d’abord dans les esprits.
      Il faut donc dire pourquoi on ne veut plus de la finance-casino. Or si on ne pose pas comme préalable qu’il faut l’interdire, on se prive du meilleur moyen précisément pour souligner la nocivité dudit casino.

      D’autre part, toute société comporte des interdits, lesquels, sauf exceptions, sont suivis d’effet.
      Je ne vois pas pourquoi l’interdiction des jeux dangereux du casino de la finance y échapperait.

      L’approche paradigmatique me semble beaucoup plus porteuse que l’approche révolutionnaire au sens révolutionnariste, la première pouvant conduire à la seconde. La seconde par contre ne conduisant pas nécessairement au changement de paradigme, loin s’en faut. Avec l’approche paradigmatique, on se ménage aussi un espace pour une transition, le temps que les idées murissent, pour que si révolution il y a celle-ci tombe comme un fruit mûr.

  6. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    Voici une comparaison : je transfère un liquide d’un récipient à un autre, inventant une sorte de mouvement perpétuel, dont on ne connaît pas la raison d’être.
    A chaque opération une partie du liquide se perd et il faut donc le remplacer.
    Ce liquide perdu, c’est le soi disant bénéfice de la banque qui gagne et qui disparaît à chaque opération quel que soit le gagnant.
    Ce liquide qui disparaît, c’est nous qui le remplaçons.

    Et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps, du moins tant que nous n’aurons pas fermé les bourses.

    1. Avatar de DidierF
      DidierF

      Monsieur Marlowe,

      Je crois avoir lu quelque part sur ce blog qu’une classe de produits financiers très importante s’échangeait entre 5 banques à la hauteur de 60 % du total de ces papiers. Si mon souvenir est exact, ces gens se vendent mutuellement les mêmes papiers à un prix croissant et l’argent vient des plans de sauvetage des états. Votre mouvement perpétuel est en action.

      Tout cela, bien sûr, à condition que mon souvenir est correct.

  7. Avatar de Ken Avo
    Ken Avo

    Si l’on part du principe que les bénéfices comme les pertes de Kerviel étaient en proportion de l’ampleur des sommes qu’il engageait, je n’arrive pas à comprendre qu’il n’ait jamais attiré l’attention sur lui. Vraiment, je ne comprends pas comment c’est possible qu’il échappait à la surveillance de ses supérieurs, de la compta, etc…
    A moins de considérer que ses bénéfices (comme ses pertes) étaient faibles relativement aux sommes qu’il engageait. Autrement dit, il était un très mauvais trader finalement !!! S’il n’arrivait à dégager des bénéfices ou des pertes en proportion minuscules par rapport aux milliards qu’il engageait quand ses collègues étaient bridés à quelques 100 de milliers d’euro, d’après ce que j’ai compris.

    Je ne suis pas sûr d’être clair dans ce que j’essaye de dire.
    Admettons que sur 100 que j’engage, on s’attend normalement à ce que je gagne ou que je perde 1000 au grand maximum.
    Or si je suis sensé jouer 100 et que je gagne (ou que je perds) 10000, il y a là une anomalie qui ne peut pas passer inaperçue ! Admettons que je sois un trader génial, il y a quand même des limites au génie, non !?

    Je n’y connais rien mais décidément je n’arrive pas à croire que personne n’était au courant de ce qu’il faisait, au sein de la hiérarchie de la banque.

    Je suis convaincu qu’on se moque du monde.

    1. Avatar de DidierF
      DidierF

      Monsieur Ken Avo,

      J’ai le souvenir d’une accusation contre la SocGen. Elle était accusée d’avoir fait passer ses pertes sur le dos de Kerviel. Je ne sais pas ce que cela vaut mais vous allez dans le même sens que cette accusation.

    2. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Il me semblait qu’il avait à un moment donné fait gagner bp d’argent à la SG. Ce serait la raison de la mansuétude de ses chefs…Les traders disent d’ailleurs que la limite d’engagement est (très) négociable. Pour aller de 100 millions à plusieurs milliards, il faudrait peut-être la rencontre d’un trader très bien noté et d’une situation délicate de la Banque.

      Mais ce n’est qu’une hypothèse. Je ne connais pas le dossier, ni les techniques.

      Ce dont je peux témoigner par contre, c’est l’importance des infos d’initié, et des rumeurs (y compris fausses). J’ai vu tout cela de près grâce au besoin de payer mes études, en travaillant comme documentaliste pour un grand cabinet de gestion et conseil financier. En laissant trainer mes oreilles, à 21 ans, j’ai gagné un concours boursier, avec de quoi me payer de belles vacances… et un diplôme de la main de Giscard, alors aux Finances…

  8. Avatar de le naïf
    le naïf

    Voila une excellente question.
    En effet, un marché financier, à moins de croire au Père Noël, n’a jamais créé de richesses sui generis. C’est uniquemement de l’argent qui passe d’une poche dans l’autre avec une certaine « perte en ligne » correspondant aux commissions et autre bonus des intermédiaires
    Ce qui ne veut pas dire évidemment que les marchés financiers soient inutiles, mais c’est un tout autre sujet.

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Nous sommes, je crois, un peu d’accord.

      La bourse ne crée pas de la richesse, elle en détruit.

    2. Avatar de liervol
      liervol

      il se créait des commissions pour les banques avec toutes les opérations que font les millions de petits boursicoteurs dans le monde plus les frais de conservation des titres ect…

  9. Avatar de Kerjean
    Kerjean

    Voilà une conclusion bien jésuitique…

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      Je proteste!

  10. Avatar de Grosjean
    Grosjean

    Bonjour Paul, tous,

    vous avez toujours le chic de poser les questions d’une façon qui parait tant naturelle qu’on demande pourquoi personne ne l’a fait avant.

    bravo, comme d’habitude,

    bonne journée

    PS : mise à part capter de la richesse au profit de d’une classe (aïe, terme mal choisi, quoi que…) je ne vois pas 😉

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Kerjean et Grosjean, vous êtes famille…??
      Laissez, c’est pas grave 😉

    2. Avatar de Kerjean
      Kerjean

      @Yvan

      je ne vois pas le moins du monde ce qui diable peut vous faire penser à la moindre filiation. Que je sache, Ker n’a rien à voir avec Gros.
      Laissez, c’est encore moins grave.
      C’est nerveux, je viens de lire le dernier opus de Monsieur Paul et je ne suis pas tout à fait remis. Je crains de sérieuses séquelles neuro-affectives.

  11. Avatar de Senec
    Senec

    Cette question est fondamentale. J’espère que quelqu’un trouvera une utilité à cette activité sinon cela voudrait dire que nous sommes depuis longtemps les victimes d’un simple système prédateur fou ! J’ai déjà souvent émis l’idée que nous devions cesser d’être dépendants de joueurs invétérés. Le jeu est bien le vice le plus ruineux qui puisse atteindre un particulier. Au niveau d’une institution, est-ce que cela peut être une activité saine et recommandable ou s’agit-il d’un mal nécessaire ? J’ai envie de douter de l’utilité de cette activité de malades ! Il est bien connu que les personnes qui présentent une addiction au jeu sont une calamité pour eux-mêmes, pour leur famille, pour leurs amis et la société en général puisqu’ils sont finalement insolvables et que l’argent a disparu dans des circuits malsains. Alors, le trading voit-il aussi son argent disparaître de manière malsaine ?

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Nous, respectables citoyens d’une Démocratie, nous serions victimes d’une arnaque !
      Vous n’y pensez pas !

    2. Avatar de Philémon
      Philémon

      La loi sur les paris en ligne adoptée. Après les Sénateurs, les Députés ont voté à la majorité la libéralisation du marché des jeux sur internet qui entre en vigueur juste à temps pour la Coupe du de football. « Une loi majeure pour l’avenir du football français » s’est félicité le Président de la Ligue .
      Notez également que le grand gagnant est déjà connu : l’Etat qui touchera l’équivalent de 80% des mises. Merci pour lui .

  12. Avatar de yvan
    yvan

    Et je reste sur ma position (longue) initiale : Kerviel est un salarié.
    C’est donc seulement un Tribunal des Prudhommes qui aurait dû être saisi.

    1. Avatar de sébastien
      sébastien

      Je suis 100% ok avec votre conclusion.

      Malheureusement ils avaient besoin d’un coupable pour jeter au bas peuple (nous), donc ils ont pris le premier qui passait par là et qui était trop en dehors de leurs règles.

    2. Avatar de Alain Loréal

      Non.
      En droit social et compte tenu des accusations portées contre lui, c’est Prud’Hommes (pour le licenciement pour faute) + correctionnelle (fraude et détournement, vol aggravé).

  13. Avatar de liervol
    liervol

    Si ça sert à quelque chose : ça sert à donner envie à des millions de « pigeons » dans le monde de jouer en bourse : le trader est à la banque ce que la star du foot est à ce jeu, un mythe un rêve, la richesse, le sexe et le bling bling , c’est creux et vide.
    Comment drainer les foules sans ces mythes ??? Combien de sommes perdues à ce casino ???
    Combien de commissions encaissées par les banques pour le droit de se rêver à être un trader ???
    Vous souvenez vous de du film Wall Street ?
    C’est comme ça qu’on construit des mythes à partir de rien.

    1. Avatar de Fab
      Fab

      Exact. La déviance qu’est la finance est, du point de vue du capitalisme, socialement utile : le capitalisme ne fonctionnant que grâce aux inégalités qu’il crée, et la ponction opérée par la finance permet de les entretenir.
      On peut et on doit alors se poser la question de savoir si le capitalisme est socialement utile ! De son point de vue oui, nécessairement, puisqu’il est le seul…qu’il envisage. Mais pratiquement non, sauf bien évidemment d’un point de vue égoïste pour certaines minorités, allant de la personne à une nation : cela dépend de l’échelle que l’on considère. C’est donc bien la question de la relation de l’individu à l’autre et aux groupes qui est à mettre en avant : « Ce n’est pas une crise économique, c’est beaucoup plus : la façon de vivre les uns avec les autres est remise en question. », Albert Jacquard.

    2. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Exacte, d’ailleurs n’y a-t-il pas une affaire en cours concernant des miliers de clients de la banque postale… ? D. Mermet en avait fait le sujet d’une émission.

      On cache toujours les risques aux particuliers.

  14. Avatar de bqlou

    Le fleuve Bétis coule dans un pays fertile et sous un ciel doux, qui est toujours
    serein. Le pays a pris le nom du fleuve, qui se jette dans le grand Océan, assez près
    des Colonnes d’Hercule1 et de cet endroit où la mer furieuse, rompant ses digues,
    sépara autrefois la terre de Tharsis2 d’avec la grande Afrique. Ce pays semble avoir
    conservé les délices de l’âge d’or. Les hivers y sont tièdes, et les rigoureux 5 aquilons3
    n’y soufflent jamais. L’ardeur de l’été y est toujours tempérée par des zéphyrs4
    rafraîchissants, qui viennent adoucir l’air vers le milieu du jour. Ainsi toute l’année
    n’est qu’un heureux hymen du printemps et de l’automne, qui semblent se donner la
    main. La terre, dans les vallons et dans les campagnes unies, y porte chaque année
    une double moisson. Les chemins y sont bordés de lauriers, de grenadiers, de
    jasmins et d’autres arbres toujours verts et toujours fleuris. Les montagnes sont
    couvertes de troupeaux, qui fournissent des laines fines recherchées de toutes les
    nations connues. Il y a plusieurs mines d’or et d’argent dans ce beau pays ; mais les
    habitants, simples et heureux dans leur simplicité, ne daignent pas seulement
    compter l’or et l’argent parmi leurs richesses : ils n’estiment que ce qui sert
    véritablement aux besoins de l’homme. Quand nous avons commencé à faire notre
    commerce chez ces peuples, nous avons trouvé l’or et l’argent parmi eux employés
    aux mêmes usages que le fer, par exemple, pour des socs de charrue. Comme ils ne
    faisaient aucun commerce au-dehors, ils n’avaient besoin d’aucune monnaie. Ils sont
    presque tous bergers ou laboureurs. On voit en ce pays peu d’artisans : car ils ne
    veulent souffrir que les arts qui servent aux véritables nécessités des hommes ;
    encore même la plupart des hommes en ce pays, étant adonnés à l’agriculture ou à
    conduire des troupeaux, ne laissent pas d’exercer les arts nécessaires pour leur vie
    simple et frugale. […]
    Quand on leur parle des peuples qui ont l’art de faire des bâtiments superbes, des
    meubles d’or et d’argent, des étoffes ornées de broderies et de pierres précieuses,
    des parfums exquis, des mets délicieux, des instruments dont l’harmonie charme, ils
    répondent en ces termes : « Ces peuples sont bien malheureux d’avoir employé tant
    de travail et d’industrie à se corrompre eux-mêmes ! Ce superflu amollit, enivre,
    tourmente ceux qui le possèdent : il tente ceux qui en sont privés de vouloir l’acquérir
    par l’injustice et par la violence. Peut-on nommer bien un superflu qui ne sert qu’à
    rendre les hommes mauvais ? Les hommes de ces pays sont-ils plus sains et
    plus robustes que nous ? Vivent-ils plus longtemps ? Sont-ils plus unis entre eux ?
    Mènent-ils une vie plus libre, plus tranquille, plus gaie ? Au contraire, ils doivent être
    jaloux les uns des autres, rongés par une lâche et noire envie, toujours agités par
    l’ambition, par la crainte, par l’avarice, incapables des plaisirs purs et simples,
    puisqu’ils sont esclaves de tant de fausses nécessités dont ils font dépendre tout leur
    bonheur.

    Fénelon, Les Aventures de Télémaque

    Bac de Français 2010 – séries S-ES – Commentaire de texte

    1. Avatar de vigneron
      vigneron

      Oui oui, mon fils vient de le passer ce matin et cet innocent a pris le commentaire alors qu’un sujet « libre » tiré du texte de Fénelon, demandait de produire un discours où le candidat, déçu par cette société où il avait immigré, faisait ses adieux à ceux qui l’avaient accueilli.
      Je lui demande pourquoi il n’avait pas choisi le sujet et il me répond:
      -« Binn j’avais rien à lui reprocher moi à cette société! et puis c’est pas vraiment libre comme sujet! »!!!
      -« Ok » lui dis-je, »mais là on te demande d’imaginer que t’aurais pt’êt du mal à t’adapter! Tu t’es pas posé la question? »
      – « Binnn non, voilà quoi! »
      La vie est belle! « On est pas sérieux quant on a dix-sept ans! » Suis surement qu’un vieux grincheux…

    2. Avatar de bibiane
      bibiane

      @vigneron
      J’ai 50 ans pas 17 ans, et j’aurais pu faire la même réponse que votre fils, sauf que j’aurais été capable d’avoir les mots pour argumenter !
      Le sujet libre ne l’était pas puisqu’il avait pré-supposé que cette société ne pouvait être que « décevante » … un sujet libre aurait permis d’être peut-être déçu mais également heureux ou mitigé par la vie dans cette société … n’est-ce pas ?
      Ceci dit en dehors de l’image symbolique de soc de charrue en or, d’un climat idyllique, etc.. sur l’esprit de fond exprimé dans ce texte que je viens de découvrir, non seulement je n’ai rien à reprocher à cette société, mais je n’aurais aucun problème d’adaptation, mon vécu et ma perception des choses relèvent d’un esprit similaire.
      Mais à 17 ans, comme votre fils, je ne me serais pas posé la question de l’adaptation surtout le jour de l’épreuve de bac de français, vous n’avez pas vraiment le temps 🙂 … et j’aurais peut-être répondu de la même manière à votre question … ce qui ne signifie pas pour autant qu’on est pas sérieux à 17 ans ! ça dépend des jeunes et tout dépend ce que l’on entend par « sérieux » …
      Mais je ne connais pas votre fils, et vous n’êtes peut-être pas le vieux grincheux que vous dites …
      Ceci dit la société dans laquelle nous vivons m’a révulsée à l’adolescence et l’âge ne l’a pas rendue plus supportable, mais la société n’est que ce que les gens qui la composent veulent bien qu’elle soit … c’est l’aspect le plus déprimant !

  15. Avatar de Hervey

    La bource est un jeu. L’actionnariat est un jeu. On joue pour gagner ou perdre. Ce risque est libre et compréhensible en soi, sauf que la perversité est aussi de mise à plus d’un titre dans ce casino, car les dés sont pipés. Le système n’est pas conçu pour faire faillite, il est fort rare qu’un particulier remporte la mise et fasse tomber le casino. C’est surtout le contraire qui est licitement prévu.
    Il en va de même pour les banques qui cumulent les avantages bien au-delà du fait de l’avantage comparatif de la monnaie par rapport à toute autre valeur. Le loyer de l’argent ensuite, bénéficie aux banques. Les taux d’emprunt leurs sont favorables. Pour les Etats l’endettement est plus haut et d’autant plus sérieux que les agences de notations font la régulation au profit des créanciers que sont les banques et le système bancaire.
    Le déséquilibre s’aggrave encore avec la mise en place d’une notion du risque très spécieuse dans laquelle la hiérarchisation est judicieusement étudiée et organisée de manière à faire systématiquement retomber le boulet toujours plus bas. On peut observer ce mécano dans de nombreuses affaires où les petits joueurs en ont fait les frais comme on dit.
    Plus fort encore, les banques peuvent se permettrent de jouer avec l’argent des autres, mettant en pratique le diton : pile, je gagne et face, tu perds.
    Les banques aiment votre argent d’un amour très vache.

    1. Avatar de Cécile
      Cécile

      L’argent a trop d’importance, c’est surtout ça …

  16. Avatar de Dominique Larchey-Wendling
    Dominique Larchey-Wendling

    Et quand le risque systémique est activé et que les Etats viennent sauver les banques … l’argent virtuel qui manque est créé et devient réel … La finance n’est pas un jeu à somme nulle et c’est finalement ceux qui n’y jouent pas qui y perdent le plus.

    1. Avatar de Cécile
      Cécile

      Et pourquoi faudrait-il si prestement couler les retraites par répartition (soit dit en passant que cela rassurerait les marchés..) ???

  17. Avatar de domini CB
    domini CB

    Somme toute et en fin de compte, il faudra toujours
    un maximum de payeurs pour remplir les poches
    de tout un tas de gagneurs qui grossissent des
    fortunes déjà constituées.
    …sacré coup dur.

    1. Avatar de Cécile
      Cécile

      d’où cet avènement d’un monde …. à « naître le porte-monnaie entre les dents »

  18. Avatar de vigneron
    vigneron

    Voila qui s’appelle profiter avec « Virtu » machiavélique de la « Fortuna » Kerviel!

    Ou dit autrement, tirer opportunément la couverture à soi, pour en faire profiter plutôt ceux qui ont froid!

  19. Avatar de Vince
    Vince

    « Autrement dit, ce que tous les petits Kerviel du monde font, et les banques qui les emploient, ça ne sert qu’à une seule chose : à créer du risque systémique, le risque que tout le système s’écroule un beau jour. Alors, tout cela est-il bien « socialement utile » ? »

    Le capitalisme est-il socialement utile ? Euh, pour les riches, sûrement !
    Une remarque ne passant : je ne pense pas que tous les petits Kerviel du monde créent du risque systémique, mais plutôt les dirigeants des banques quand il créé volontairement et en masse des produits toxiques et les vendent à des banques pigeons (ou des institutions financières publiques).
    On sait tous maintenant que les subprimes étaient une vaste arnaque orchestrée d’en haut pour se débarasser de crédits risqués à la veille d’un crach immobilier que certains avaient prévu, et d’autres non, quid de la responsabilité des traders dans cette histoire ? faible à mon humble avis !

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Qui, de la poule ou de l’oeuf, est responsable de la température de cuisson…???

      Nous en revenons à un débat de fond : Est-ce celui qui UTILISE l’autre qui est coupable…??? Ou… celui qui accepte de se faire utiliser…???

    2. Avatar de Cécile
      Cécile

      Celui qui utilise l’autre est coupable, celui qui se laisse utiliser est son complice

  20. Avatar de SF
    SF

    Pour info, une publicité internet qui m’agresse depuis quelques jours à chaque fois que j’ouvre mon e-mail en ligne.
    Ça sert peut-être à ça :
    http://www.iforex.com/emerp/landing/masterLP/nobansLP.aspx?lang=Francais&content=Salary&ct=31&SID=170929

    1. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      « Mon fils, quand tu seras grand, tu pourra spéculer »

    2. Avatar de Cécile
      Cécile

      J’ai déclaré le mot « acheter » comme un gros mot à éviter de prononcer (on se venge comme on peut …)

  21. Avatar de Jean-François
    Jean-François

    Paul,

    Vos billets sur BFM, toujours très pertinents dans une forme souvent ironique voire caustique, sont comme du poil à gratter dans cette information propagande que nous subissons en permanence.

    Avez vous des retours de la part de BFM sur leur impact sur leurs auditeurs ?

    D’autre part, dans le mercato d’été des stations de radio, avez-vous été approché par Elkabbach pour chroniquer sur Europe1 à la rentrée ? 🙂

  22. Avatar de bruno frandemiche
    bruno frandemiche

    puisque paul reflechit,la bourse ne sert à rien socialement,pire,elle entraine de la destruction de valeur sur le long terme de l’entreprise en general (experience vécue)

  23. Avatar de Bruno Généré
    Bruno Généré

    La figure du Trader est socialement utile pour le capitalisme financier.

    Elle permet de donner à réver des profits faciles à moindre effort, elle porte l’ideal du capitalisme financier : gagner un max de pognon en un minimum de temps. C’est une figure d’exemple, elle démontre la réussite du système et apprend comment réussir dans le système, dans la société Capitaliste d’aujourd’hui.

    Et si vous n’etes pas capable de faire cela vous avez raté votre vie. Kerviel est un ange déchu et il ne fait pas bon d’être perdant dans cette société.

    La question que nous devons nous poser et que de plus en plus se posent, c’est : Est ce cela la société que nous voulons ? Et dans la sociéte que nous voulons qu’est ce que la réussite ?

  24. Avatar de Cécile
    Cécile

    Lorsqu’une banque A perd de l’argent joué de brasser du vent, pour brasser du vent, contre une banque B, qui elle gagne, la banque B qui a beaucoup gagné n’est aucunement contrainte par aucun règlement, aucune loi de transférer immédiatement ces gains à la puissance publique ?
    A priori, il n’est pas de la fonction des banques de jouer de l’argent pour le plaisir du jeu, les jeux d’argent ne sont pas donnés dans leurs attributions, ….

  25. Avatar de Papimam
    Papimam

    C’est une p…. de bonne question.
    Mais comment se fait il que c’est vous, M. Jorion, qui posiez cette question, vous n’êtes pas un brillant journaliste me semble t’il.
    Et qui détient la réponse ? la marquise, alain minc ou même finkelkrut ?

    Ces experts incontestés ont réponse à tout comme à cette question simple pas encore posée :
    que pensent les irlandais des soucis de notre équipe bleue ?
    Discipline, silence dans les rangs, vos gueules les mouettes.
    Je suis triste et révolté pour tous les gamins qui aiment le foot original, pratiqué sur la place du quartier, dans la rue et qui découvrent ces manchettes agressives & vulgaires dans la presse, reproduites sur tous les écrans de télé.
    Que font les modérateurs ? Qui a autorisé cette publication ? Quel est le but (le but, étrange) ?
    Gloire au fric, aux jeux, aux paris, au superflu, à la victoire du chef, vive la pub, le futile pas l’utile ni l’essentiel , vendre, vendre ,vendre ……… pourquoi ?

    1. Avatar de Cécile
      Cécile

      La question du bon usage de l’argent n’est pas neuve,
      elle est inscrite depuis les siècles dans l’histoire de l’Art , -la naissance de Venus de Botticelli, (la coquille St Jacques est le symbole de la monnaie) -les ambassadeurs d’ Holbein (l’anamorphose sous la table est celle d’une tête de mort) ….
      c’est une question essentielle, qui se pose du particulier jusqu’à l’universel de notre humanité..
      je remercie Paul de la poser, peut-être si les politiques voulaient bien y réfléchir ….

  26. Avatar de Etienne
    Etienne

    De l’utilité de l’activité bousicotière ou quel est les sexe des anges? Un questionnement sur le long terme.

    « Même le type anthropologique qui est une création propre du capitalisme, l’entrepreneur schumpéterien – combinant une inventivité technique, la capacité de réunir des capitaux, d’organiser une entreprise, d’explorer, de pénétrer, de créer des marchés – est en train de disparaître. Il est remplacé par des bureaucraties managériales et par des spéculateurs. Ici encore, tous les facteurs conspirent. Pourquoi s’escrimer pour produire et vendre, au moment où un coup réussi sur les taux de change à la Bourse de New York ou d’ailleurs peut vous rapporter en quelques minutes 500 millions de dollars ? Les sommes en jeu dans la spéculation de chaque semaine sont de l’ordre du PNB des Etats-Unis en un an. Il en résulte un drainage des éléments les plus « entreprenants » vers ce type d’activités qui sont tout à fait parasitaires du point de vue du système capitaliste lui-même.

    Si l’on met ensemble tous ces facteurs, et qu’on tienne, en outre, compte de la destruction irréversible de l’environnement terrestre qu’entraîne nécessairement l’ « expansion » capitaliste (elle-même condition nécessaire de la « paix sociale »), on peut et l’on doit se demander combien de temps encore le système pourra fonctionner. »
    CORNELIUS CASTORIADIS, La monté de l’insignifiance, IV, Seuil, p.92-93

    1. Avatar de Cécile
      Cécile

      Si en plus des robots calculateurs pensent pour nous, eux même programmés pour être aussi calculateurs que le Gros Monsieur Rouge décrit dans le Petit Prince de St Exupéry, je ne vois pas à quoi cela pourrait bien rimer sinon de dérailler, cela n’a pas de sens, et le décalage est vraiment trop grand avec la vérité de la vraie vie à vivre …
      nous faudra-t-il en arriver jusqu’au au non sens…
      (shématiquement, s’il y a un sens, c’est parce que du non-sens)
      pour oser, savoir , pouvoir, penser »politiquement » , réfléchir humainement,.. l’avenir
      (il a déjà fallu deux guerres, il faudrait encore recommencer …
      soit la répétition est l’âme de la pédagogie, mais aujourd’hui, moi je dis, le monde n’a pas les moyens de se payer une guerre, il n’en survivra pas …

  27. Avatar de warestoth
    warestoth

    Si la BNP vends trop ou pas assez cher et se fait arbitrer par le SG, la BNP perd, la SG gagne un peu, le client aussi car le prix baisse. La question c’est plutôt l’utilité du produit en question (à savoir turbo warrant), la limite désactivante = pari à la hausse ou à la baisse.

    1. Avatar de le naïf
      le naïf

      Pourriez-vous préciser le fond de votre pensée pour les non-initiés dont je suis ?
      Je pense que même notre ami Paul Jorion ne comprendrait pas le sens de votre commentaire.
      « Ce qui se conçoit bien s’exprime clairement et les mots pour le dire arrivent aisément » (Boileau, de mémoire).
      Je me permets de vous renvoyer à mon commentaire assez basique de 11 h 28, lequel a au moins le mérite d’être compréhensible, du moins je l’espère …

    2. Avatar de warestoth
      warestoth

      Je pense que PJ comprends très bien (arbitrage => marchés efficients, c’est dans wikipedia, dsl je ne vais recopier un cours de base sur les marchés). Son angle d’attaque me parait biaisé, Kerviel c’est une fraude à la base (et a priori il était seul, uo presque), ce n’est pas Goldman ou Magnetar.

    3. Avatar de le naïf
      le naïf

      Vous êtes sans doute un des derniers à croire que les marchés financiers sont efficients. Même Alan Greenspan a fait son mea culpa le 23 octobre 2008 devant la Chambre des Représentants.
      Je n’ose pas vous renvoyer à un article circonstancié que j’ai publié dans la Revue Banque en 1981 …

    4. Avatar de Cécile
      Cécile

      je constate que la BNP déraille, mais ce n’est pas si récent, depuis quelques mois, je pensais qu’elle jouait sur l’euros …

  28. Avatar de simplet
    simplet

    Dans le sillage de votre question philosophique, je poserais une question sur la sécurité de ce qui peut amener des conséquences irréversibles, car enfin que cela soit Kerviel qui ait dissimulé ou qui a pu dissimulé à l’insu de sa hiérarchie ou que ce soit sa hiérarchie qui ait encouragé les paris ou a manqué de contrôle sur ces opérations, l’issue et les conséquences restent les mêmes. Des dizaines de milliards de paris engagés sur des bases totalement dépendantes de l’intuition ou de calculateurs dont rien ne prouvent que leurs logiciels soient bons. Depuis quelques mois, l’inverse est plutôt constaté. C’est à dire que le sort du monde financier et malheureusement depuis trente ans, aussi économique est lié à l’état d’esprit de gens dont l’humeur matinale sera déterminante. Le Tribunal décidera des responsabilités, mais ne condamnera en aucun cas ce jeu de massacre.

    1. Avatar de Cécile
      Cécile

      Les traders sont dressées comme des chiens, qui vont à la chasse au fric, pour le bonheur d’un chasseur de fric, soit par exemple une banque, et parmi ces banques la société générale.
      Comme tous les chiens, ces chiens marchent à la reconnaissance du ventre …
      Nos banques ne seraient seulement pas à critiquer ???

  29. Avatar de erreipg
    erreipg

    D’après les gens qui connaissent bien le trading, les échanges boursiers dont vous parlez servent l’Economie car, au-delà des purs spéculateurs, les banques mettent ainsi en présence les besoins de couverture du monde des affaires. Couverture d’un risque de change pour un exportateur, d’un risque d’approvisionnement de telle ou telle matière première, d’un risque financier dans la gestion d’une trésorerie, etc..

    Qu’est-ce qui est majoriotaire en volume dans cette affaire, le bébé ou l’eau du bain ? Je ne sais pas mais il est cerain qu’il est utopique de tout vouloir jeter.

    1. Avatar de Gribouille
      Gribouille

      Quand on échange 20 barils de pétrole fictifs sur les marchés financiers pour 1 baril réel (c’est à peut près le ratio qu’on constate), j’ai du mal à concevoir l’utilité économique dans le cadre de la couverture d’un risque. Quand j’assure ma voiture, quel intérêt économique pourrais-je avoir à m’assurer pour 20 fois la valeur de ma voiture. Dans votre exemple, il y a manifestement 19 barils qui ne servent à rien.

    2. Avatar de l'albatros
      l’albatros

      Croyez-vous que le développement économique, quel que soit le continent, quelle que soit l’époque ait eu lieu grâce uniquement à l’économie financière ? La financiarisation de l’économie avait du bon pour une seule chose principalement : fluidifier le commerce international. Mais cette crise remet en cause la mondialisation ! Pensez que le trader qui spécule sur le cour du blé est un mercenaire d’un nouveau genre : derrière son ordinateur, il peut contribuer à faire plonger un pays dans une guerre civile. Bien évidemment, la finance peut avoir du bon, car elle peut permettre de se prémunir contre certains risques. Mais ce qui s’est passé ces dernières années, c’est que les sociétés financières ont crée du risque pour faire fructifier leurs activités !

    3. Avatar de Charles A.
      Charles A.

      Il n’y a ni eau ni bébé. Seulement l’économie de marché putréfiée par la concentration du capital, et les crocodiles qui bouffent les derniers poissons, avant de crever eux-mêmes.
      Il faut s’arracher du monde capitaliste, laisser les crocos dans leur bain fétide, changer de civilisation.

    4. Avatar de vigneron
      vigneron

      Je sais pas vous, mais moi je suis partisan de jeter aussi la baignoire, par précaution, au cas où ça donnerait des idées à un BB JK.

    5. Avatar de Cécile
      Cécile

      Il faut ajouter les retraites par capitalisation, les assurances vie et maladies par capitalisation, …..
      (qui serait beaucoup mieux selon ma logique à moi, d’être gérée par répartition, mais ce qui n’est pas pour autant une raison de les occulter, car ce sont des budget énormes …)

    6. Avatar de vigneron
      vigneron

      @cécile

      Voilà, la baignoire ET la salle de bain!

  30. Avatar de le marin
    le marin

    Une des réponses à la question de Paul , en sachant que souvent les états sont actionnaires (parfois majoritaire comme chez BNP) c’est une autre forme de guerre…..où il y a des états qui perdent et d’autres qui gagnent….

    1. Avatar de Cécile
      Cécile

      la France serait actionnaire et pas qu’un peu d’une banque qui pédale pareillement
      (je dirais la France peut vendre, je ne suis pas spécialiste, je comprends pas trop le comportement de la BNP, mais mon sentiment est qu’elle joue sur l’euro, alors … )
      après finalement la BNP a d’autres ressources, d’autres pays d’adoption au moins en Afrique francophone (elle pourra se reconvertir …)

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  1. @ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?

  2. @Hervey « Le principe est un concept philosophique polysémique qui désigne ou bien une source, un fondement, une vérité première d’idées…

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