Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Quand un grand spéculateur devant l’Éternel appelle à lutter contre la spéculation, c’est qu’il y a du changement dans l’air.
L’agence Bloomberg rapporte que Mr. George Soros considère que les Credit-Default Swaps (voir glossaire) sont dangereux et s’assimilent à une autorisation légale de meurtre (« a license to kill ») et ne devraient être permis que « lorsqu’il existe un intérêt susceptible d’être assuré », autrement dit, ne devraient être autorisés que lorsque celui qui achète un Credit-Default Swap est réellement exposé au risque contre lequel ce CDS constitue une assurance.
La déclaration de Soros vient donc apporter de l’eau au moulin de Mme Merkel et – depuis hier – de Mme Merkel et Mr Sarkozy réunis, ainsi que de Mr Bill Lockyer, Trésorier de la Californie, quand ils réclament tous l’interdiction de ce que l’on appelle de manière alambiquée les « positions nues dans les ventes à découvert », et dit en des termes plus clairs : l’interdiction de déstabiliser l’évaluation objective d’un risque en s’assurant contre lui alors qu’on n’y est nullement exposé.
Pourquoi Mr Soros intervient-il en ce sens ? Pourquoi un spéculateur réclame-t-il l’interdiction d’un grand vecteur de spéculation, tel que le Credit-Default Swap ? Pour la raison qu’il mentionne : parce que cet instrument financier est beaucoup trop dangereux… parce qu’aucune des deux équipes, ni même la plus déterminée des deux, n’a intérêt à ce que le terrain soit impraticable. On retrouve là la philia d’Aristote : l’effort que même le plus égoïste est prêt à consentir : la solidarité minimale qui doit être mobilisée pour faire en sorte que la partie puisse se jouer dans de bonnes conditions.
Bienvenue Mr Soros dans le camp des partisans de l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix ! Votre conversion est intéressée mais ne boudons pas notre plaisir : c’est une conversion quand même.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
96 réponses à “Quand les spéculateurs combattent la spéculation”
Interdire les paris sur les fluctuations de prix des matiéres premiéres aussi ?
Ce que vient de dire Soros, ne me surprend pas, et il n’est pas le premier de ce monde là à le dire. Il y a beaucoup d’investisseurs, par définition spéculateurs, qui trouvent que les règles sont outrageusement laxistes et qu’elles peuvent causer de graves dommages. Ils sont très peu a le dire publiquement mais je suis sur que la plupart le pense, quand bien même ils les utilisent au mieux car ils sont formés, pour ne pas dire formatés, et grassement payés pour ça. Ceci leur apporte richesse, promotion professionnelle, surement un dose adrénaline (pose ne pas cité d’autre produit se terminant en -ine 🙂 ). Tout ceci doit être très flatteur pour leur égo, alors pourquoi lutteraient-il pour changer ce système ? De même pourquoi une personne fortunée lutteraient pour une augmentation de l’ISF? Ou bien, pourquoi un cadre sexagénaire lutteraient pour l’augmentation de durée du travail ? Tous étant conscients qu’il y a des choses a changer.
Par contre, si les règles du jeu changeaient, ces investisseurs s’adapteraient et ferait au mieux avec les règles du moment. Et si les règles étaient conçues pour construire un monde meilleur ils s’y emploieraient.
Pour moi, cette intervention de Georges Soros, est une lettre ouverte à nos politiques et à l’opinion, disant vous nous avez laissé jouer, si vous ne changez rien, on va continuer, quitte a tout ruiner, car de toutes façons ce seront nous seront les gagnants car nous connaissons les règles du jeu, ca nous les avons conçues.
Il sait très bien que le marché des CDS n’est pas très gros, mais peut avoir des effets décuplés. C’est comme un gouvernail de paquebot. Avec une seule main et un bon levier on peut changer la trajectoire d’un paquebot, même un paquebot tout rouillé aussi gros que les USA.
Quand on voit les dégâts que ça a causé pour la Grèce, on a du mal à imaginer les effets d’un telle attaque sur les US. Je préfère ne pas y penser…
cela n’empêche pas qu’il faudra aussi tôt ou tard aborder aussi la question de l’usage de l’argent, à quoi sert-il ?? qu’est-ce qu’on en fait ??
(les spéculateurs, nous ont joué les violons : l’autorégulation, le risque, la création de richesse, l’attractivité fiscale …
mais visblement ….
« Dans l’Ethique à Nicomaque, Aristote appelle philia l’affection qui fait que nous aimons un être pour ce qu’il est et non pour ce qu’il peut nous apporter. » (Wikipédia)
La troisième forme d’évolution de l’amour humain pour les Grecs, juste avant l’agapé, au delà de l’éros, et plus encore de la porniéa, désir du nourrisson qui tête sa mère et absorbe son corps.
Pour Patrick Viveret, l’humanité se débattrait essentiellement dans des problèmes de pornéia, c’est à dire que l’autre n’est pas même reconnu. Si aux stades de l’éros et de la philia l’altérité est acceptée, « cette acceptation se situe encore dans un donnant-donnant, qui ne sera dépassé de façon inconditionnelle qu’au niveau de l’agapé. Plus on monte, plus s’enrichit la qualité de don et de conscience. »
combien de mise en perfusion d’agapé faut-il penser ???
@Cécile
On a perdu les perfs, on cherche encore les poches, et on vire les infirmières…
Le texte de Viveret :
http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=1965
Je réfléchis à m’assurer contre le risque de ne pas voir le capitalisme crever et Soros avec. Ou l’inverse ? « licence to kill » dit-il ?
J’ai une proposition a faire!
Bon, on s’affole pas, ça casse pas trois pattes à un canard!
Juste histoire de pas perdre ses repères, je propose qu’on cite au moins une phrase d’un « grand penseur » néo-lib tous les jours! On serait pas obligé de la commenter (en général ça mérite plutôt no comment!). Au pire ça attirerait quelques mouches néo-néo-lib, et on sortirait le Fly-Tox, voire on les convertirait.
Mais ça nous aiderait à nous souvenir à quel point cette idéologie s’est incrustée partout et comme elle est coriace. Et puis en rire! Jaune un peu…
On appèlerait ça notre Loi Saline, en l’honneur de notre éminent ex-président de la Société du Mont Pèlerin (1994-1996) et toujours prof à Dauphine. Et puis surtout parce que ça manque pas de sel!
Bon, je me lance. A tout seigneur..; Pascal Salin (Libéralisme, 2000 Odile Jacob):
« On peut multiplier les exemples, ils aboutissent tous à la même conclusion : seules l’instauration du capitalisme, c’est-à-dire d’un régime de droits de propriété privés, et la suppression du collectivisme permettent de défendre les espèces animales menacées et l’environnement. »
… sauf l’espèce humaine apparemment et quant aux espèces animales qui disparaissent chaque année, n’en parlons pas . Les marées noires dont celle de BP qui détruisent les réserves naturelles d’animaux marins et le plancton qui les nourrit proviennent bien d’entreprises privées, que je sache . Ah l’ironie « saline » sans doute involontaire .
En avez-vous d’autres du même tonneau, mon cher Vigneron ? Après la « conversion » opportuniste de Soros, il nous faut bien au moins une citation libérale drôlatique par jour pour nous remonter le moral .
« j’ai donc je suis »
@ Vigneron,
et si vous proposiez chaque jour vos PROPRES phrase, CONSTRUCTIVES pour avancer vers une société plus Humaine.
Vous êtes englué comme un oiseau dans la marée noire du capitalisme.
Secouez-vous et repartez vers le ciel!
Laurence, certes, allons de l’avant ! mais vigneron a raison : tout ce qui nous permet de nous désintoxiquer de l’air ambiant, autrement dit une bonne connaissance de « l’ennemi » est très très utile
@Laurence.
« L’attelage suait, soufflait, était rendu.
Une mouche survient, et des chevaux s’approche,
Prétend les animer par son bourdonnement,
Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment
Qu’elle fait aller la machine,
S’assied sur le timon, sur le nez du cocher. »
On me bat, je me débats, je débats, je combats, je me libère…
Dit autrement: sommeil, cauchemar, éveil, lever, élévation…
Le cormoran mazouté est entre le stade 2 et 3… faut du détergent…
The Rising (Springsteen)
« Can’t see nothin’ in front of me
Can’t see nothin’ coming up behind
I make my way through this darkness
I can’t feel nothing but this chain that binds me
Lost track of how far I’ve gone
How far I’ve gone, how high I’ve climbed
On my back’s a sixty pound stone
On my shoulder a half mile line »
@Cécile
Ou « ce que j’ai est aussi ce que je suis ».
Pour Locke,lumière et « père fondateur » du libéralisme, ce que j’ai est une partie inattaquable de ce que je suis, je suis propriétaire de mes biens comme de ma personne,de ma vie, de mon corps, vouloir m’en dessaisir serait comme violer mon intégrité physique, mon identité.
??!! merci le modo!
Tony Blair a explicitement formulé sa vision de ce genre d’institutions dans un discours devant le Sommet mondial de l’ONU, en septembre 2005 : « A l’occasion de ce sommet, pour la première fois, nous nous mettons d’accord que les Etats n’ont pas le droit de faire ce qu’ils veulent au sein de leurs propres frontières, mais que nous, au nom de l’humanité, avons le devoir commun de protéger les peuples là où leur gouvernement refuse de le faire. »
En 1999, Blair avait déjà réclamé le bombardement de la Serbie/Yougoslavie par l’OTAN, sous prétexte de protéger le Kosovo et l’Albanie contre les Serbes. Le rejet par Blair des principes des Traités de Westphalie de 1648 est emblématique de l’ère moderne de guerre préemptive.
Je vous l’ai demandé plusieurs fois: Qu’entendez vous par « interdiction des paris sur les fluctuations de prix » ?
Si l’expression concerne le Credit-Default Swap, les positions nues, la VAD et autres acrobaties, ça n’a simplement aucun sens. Démonstration en a été faite, par exemple, par l’interdiction de la VAD sur les financières, en France, dès le début de la crise: Aucun effet. Absolument aucun.
La seule formule que je pourrais comprendre, serait de demander la fermeture de la bourse et donc l’autofinancement ou le financement publique des entreprises. A contrario, l’interdiction des paris, sans fermeture de la bourse, suggérerait que les « investisseurs » (ce terme m’a toujours fait rire) prendraient position à la hausse sur une valeur en s’attendant à sa baisse. Juste absurde.
Une remarque plus vicieuse encore:
Celui qui achète quand une valeur a baissé et qui vend quand elle a monté, tend à stabiliser son cours, tout en jouant de façon purement spéculative sur les fluctuations de son prix.
Alors ? On ferme, ou on « corrige » ? Que les plus gros vadeurs en viennent à se dire qu’il leur faudrait un maître d’école pour faire la loi dans la cour de récréation, devrait, à mon sens, plutôt vous inquiéter que vous réjouir. Ils comprennent, semble-t-il, que quand ils se seront bien plantés, ils ne pourront plus jouer à leurs jeux favoris, et que pour pouvoir continuer à spolier le monde, ils ont besoin de quelque modération. Est-ce cela qui vous fait plaisir ?
[…] un minimum de règle est nécessaire pour assurer l’existence du jeu Posted by sisyphe67 on June 11th, 2010 at 6:28 am Create a free edublog to get your own comment avatar (and more!) […]
soros est chinois ,enfin sa fortune est libellée en yuans ,il roule pour la chine , ceci explique cela .
la chine a demandé au entreprises etrangeres de ne détenir qu’une seule entreprise chinoise ,un sorte de steall glass act unilatéral qui contraste avec les erreurs occidentales (barne stearnes ,la soc gé qui controlait une une assurance californienne ,enron etc ) .
la chine compartimente les activités financieres alors que le reste de la finance mondiale agit comme une concentration par centrifugation : l’argent le plus lourd est expulsé vers on ne sait quel paradis fiscal alors que les cds titrisés -dévalués ou je dirais moins denses – restent au centre (au peuple) .
la concentration par centrifuagtion est modélisée en granulométrie (on sait où on va la plus part des sols terrestres étant connus ),utilisée dans le nucléaire et le géntique ( bah ça marche aussi ) , « les marchés » forcement chaotiques pourraient plus s’apparenter aux modeles de distribution des gouttes de pluies en météorologie .
… seraient-ce quelques lumières à l’horizon? alors, on y croit vraiment ? ouf!
Peut-on parler de pessimisme « éclairé » sans citer JP Dupuy et discuter, éventuellement, sa dialectique ? Vous l’avez lu, bien sûr, cher P Jorion ? Sinon, faites-le vite en commençant par La petite métaphysique des tsunamis !
Le culte du cargo:
Le culte du cargo a pris naissance en Mélanésie. Quasiment toute la Mélanésie, des îles Fidji à la Papouasie-Nouvelle-Guinée l’adopta simultanément – à l’exception de la Nouvelle-Calédonie. Mais ce culte ne connaîtra une longévité exceptionnelle qu’à Tanna.
L’appellation générique de « cargo » réfère aux bateaux (ou avions) de marchandises transportant des biens et des richesses à l’usage exclusif des Blancs. Ces mouvements culturels, dit millénaristes ou messianiques, représentaient la réponse mélanésienne face aux nouvelles réalités imposées par les gouvernements coloniaux, tels l’économie de marché, la privatisation des terres, le travail salarié, etc. Non seulement ces bouleversements menaçaient l’ordre social traditionnel mais la nouvelle économie de marché, imposée par les Blancs, contrecarrait les valeurs d’échange, de réciprocité et de redistribution propres à la logique économique et communautaire mélanésienne. Face aux crises et aux ruptures sociales engendrées par le colonialisme, les cultes du Cargo furent des mouvements à la fois de transformations sociales et de résistance face aux pratiques et aux valeurs européennes.
Des indigènes, ayant constaté que les radio-opérateurs des troupes au sol semblaient obtenir l’arrivée de navires ou le parachutage de vivres et de médicaments simplement en les demandant dans leur poste radio-émetteur, eurent l’idée de les imiter et construisirent, de leur mieux, de fausses cabines d’opérateur-radio – avec des postes fictifs – dans lesquels ils demandaient eux-aussi – dans de faux micros – l’envoi de vivres, médicaments et autres équipements dont ils pouvaient avoir besoin. Plus tard, ils construiront même de fausses pistes d’atterrissage en attendant que des avions viennent y décharger leur cargaison.
Cette observation a conduit à un nouveau paradigme : ne sommes-nous pas parfois conduits à appliquer des méthodes par mimétisme, sans réelle réflexion sur le bien-fondé de nos démarches, en pratiquant une sorte de pensée magique alias pensée sauvage[1] ?
En science [modifier]
En 1974, Richard Feynman prononça, à Caltech, un discours de rentrée académique célèbre intitulé « Cargo cult science » (la science du culte du cargo) pour mettre en garde contre la science approximative[4],[5],[6].
En informatique [modifier]
En informatique, on parle de culte du cargo lorsqu’un programmeur emprunte un bout de code (le copier-coller) sans le comprendre et espère qu’il fera la chose attendue dans un tout autre contexte. À un niveau supérieur, ce phénomène peut également se retrouver dans l’adoption d’une méthode de développement logiciel par le chef de projet.
Larry Wall parle aussi de culte de cargo pour qualifier la pratique de certains concepteurs de langages – comme ceux du Cobol – qui essaient d’imiter la forme superficielle de l’anglais sans en comprendre les mécanismes, et en outre sans les adapter à ceux propres aux langages de programmation.
[…] extraordinaires mais évaluer les evénéments à leur juste mesure. Tout d’un coup cependant on apprend que le grand spéculateur lui-même, George Soros, attaque les CDS (credit default swaps), parce qu’ils sont dangereux, car ils déséquilibrent le marché […]
Le 1er février 1989, la Commission des opérations de bourse (COB), le gendarme des marchés financiers en France, à la suite de mouvements suspects sur les actions de la Société Générale, ouvre une enquête. Son rapport est transmis au parquet, qui ouvre une information judiciaire pour délit d’initié. Onze personnes sont mises en examen entre 1990 et 1993, parmi lesquelles le spéculateur milliardaire américain « pro-britannique » George Soros.
Sur les quatre prévenus finaux, seul Soros sera condamné pour « délit d’initié ». En principe, il aurait dû écoper de 2 ans de prison. Il est condamné à payer une amende de 2,9 millions d’euros, soit un peu plus que son bénéfice. Soros fait alors appel, mais la Cour d’appel de Paris confirme sa condamnation le 24 mars 2005. Soros saisit ensuite la Cour de cassation qui elle aussi confirme le verdict le 14 juin 2006, bien qu’elle abandonne l’amende car une partie des transactions ont eu lieu à Londres et se trouvent donc hors de la juridiction de la Cour française…..
Vous avez de drôles de recrut Paul…..
C’est vous qui m’avez fort justement conseillé de surveiller mes fréquentations.
C’est vrai qu’il est parfois dur d’aller aux renseignements.
Fantastique, interdisons les CDS. Et après? Est-ce qu’il n’y aura pas un autre produit de la même veine voir plus dangeureux qui sera imaginé? Et il faudra encore une bulle pour qu’on se rende compte que ce nouveau produit doit être interdit, etc.
La régularisation de la finance semble alléchante mais l’expérience nous a suffisamment montré je crois que partout ou des verrous sont installés, ils sont contournés non?
Ayant parcouru rapidement la (longue) série des commentaires, je constate que personne ne s’avise du fait que cette position de Soros n’est pas si nouvelle que cela. Si j’avais le temps je retrouverais les références précises mais il me semble bien, en lecteur quotidien du FT et du Wall Street Journal depuis des années, que Soros avait déjà qualifié les CDO et les CDS d’ »armes de destruction massive » dès la fin 2008 et réclamé carrément leur interdiction.
Sur Soros il faut par ailleurs préciser deux choses:
-on ne comprend pas le personnage si on ne sait pas qu’il se vit comme un intellectuel raté. Il le dit d’ailleurs explicitement dans certains de ses livres. Le fait est que ses idées sur la « réflexivité » ne sont pas du tout dénuées d’intérêt, comme le reconnaissent d’ailleurs, sans trop le dire publiquement, des économistes comme André Orléan ou Michel Aglietta. Il se trouve simplement qu’étant donné ce qu’il est professionnellement, ce qu’il dit sur le plan des idées est quasi-inaudible. Je me permets de penser (et depuis longtemps) que c’est dommage.
-c’est un vieux monsieur dont on peut penser qu’à plus de 80 ans il peut se permettre de dire franchement ce qu’il pense, d’autant plus qu’il n’a plus rien à prouver sur les marchés.
Bonjour,
Merci de votre message qui est en effet de nature à éclairer le personnage de Soros. Ne connaissant pas ses idées sur la « réflexivité », pourriez-vous m’en donner un bref aperçu ainsi que les références d’éventuels livres dans lesquels ces idées apparaîtraient ?
Merci par avance,
Cordialement,
Y a t’il une difference entre interdire la spéculation sur les fluctuations de prix, et la spéculation tout court ?
Par exemple, faudrait il interdire les ventes à découvert, les produit derivés comme les call ?
Paul Jorion,
Lors de l’émission sur Public Sénat, Jacques Attali vous a donné en clair la réponse à votre question:
– pourquoi les spéculateurs veulent maintenant l’interdiction sur les transactions nues ?
Soit vous refusez d’entendre, soit vous ne voulez pas que l’on entende !
Il a dit que de nouveaux automates bancaires, avaient été mis en place dans les paradis fiscaux, susceptibles grâce à leur capacité de centraliser les transactions mondiales avant que celles ci arrivent sur les marchés, d’anticiper sur les tendances, et donc de créer (avant même le passage d’un ordre lancé par quiconque) un ordre qui profite de cette connaissance (un sorte de délit d’initié automatisé) pour anticiper sur les tendances et en tirer forcement profit.
Pour résumer, un nouveau monstre encore plus puissant a été créé, et donc on peut à grand coups de communication, se vanter des mérites d’abandonner le premier !
Si vous ne relayez pas cette information de Jacques Attali en personne qui le fera ?
Bonsoir,
N’ayant pas entendu l’émission : est-ce vrai cela Monsieur Jorion ?
Si oui, il faut absolument le faire savoir… Le feu se propage plus vite que prévu alors ?
Cordialement,
C’est vrai que c’est ce qu’a dit J.Attali, et on peut le remercier pour cette info incroyable!
@VB (puisque je ne peux vous faire de mail directement, je le fais ici)
Si on essaie de le dire d’une phrase, Soros parle de réflexivité pour « décrire une relation à double sens entre la pensée des acteurs et la situation dont ils sont partie prenante ». L’application aux marchés financiers vient du fait que les décisions des investisseurs, qui produisent matériellement les évolutions des cours (et les automates de trading ne font que repousser la question d’un cran puisqu’il y a bien des acteurs qui les programment et les mettent en oeuvre), sont prises au moins en partie en fonction de ces évolutions et de la façon dont elles sont interprêtées. Il n’y a donc pas simple détermination de l’évolution des cours par les décisions des acteurs qui seraient elles déterminées par une réalité extérieure indépendante de ces acteurs (schéma linéaire qui est présupposé dans toute, je dis bien toute la théorie financière académique, y compris comportementale) mais relation à double sens entre évolution des cours et décisions des acteurs.
On peut lire là-dessus de Soros « La vérité sur la crise financière » (Denoël, 2008) par exemple. Sa « réflexivité » est assez proche de ce qu’Aglietta et Orléan ont appelé « intersubjectivité » et de ce qu’on retrouve dans un cadre socio-historique bien plus large avec l’ »interdépendance » telle que la conçoit Norbert Elias.
Cela permet aussi de sortir complètement des débats du type « les investisseurs sont-ils non rationnels? », qui n’ont de sens que dans le schéma de pensée linéaire dont je parlais, et aussi de l’individualisme méthodologique puisqu’il s’agit d’abord selon moi de comprendre en tant que tels les modes d’interdépendance dans lesquels les acteurs sont inscrits et qui les déterminent en grande partie.
Bonsoir,
@ Jacques-Olivier Charron,
Merci pour vos explications, certes, de ce point de vue monsieur Soros a évidemment raison, les marchés s’auto-influencent, c’est une évidence.
Merci à vous,
Cordialement,