Billet invité
ILS SONT LEURS MEILLEURS ENNEMIS
Encore confiné dans les coulisses de la finance, alors que la dette publique tient le devant de la scène, un autre terrible drame se joue actuellement, sur le modèle de ces romans-feuilletons qui ont connu leur heure de gloire au XIXe siècle. Ses épisodes ne se contentant pas de se succéder les uns aux autres, mais s’empilant dans le désordre, sans que les précédents aient pu connaître leur dénouement.
Les acteurs de ce drame masqué sont encore une fois les banques, et son décor déjà planté le marché obligataire. Mais celui-ci dégage de nouvelles perspectives. De nombreux émetteurs – Etats, entreprises et établissements financiers – font appel à des marchés qui, malgré le pluriel dont ils sont en général affublés, ne font qu’un. Tous les émetteurs y faisant appel simultanément, ses différents secteurs communiquent entre eux et se contaminent mutuellement. Ainsi, la hausse des taux de la dette souveraine se propage facilement sur ceux auxquels les entreprises et établissements financiers des mêmes pays sont assujettis.
Quel nouvel épisode découvrons-nous ? A la disette à laquelle la dette souveraine est promise, et les grandes entreprises sont déjà soumises, vient s’ajouter un troisième volet : les banques rencontrent à leur tour des difficultés grandissantes à se financer.
Les tensions sur le marché-interbancaire – financement à court terme – sont venues souligner la défiance qu’elles se manifestaient entre elles. D’autres signaux sont apparus. Le marché obligataire classique ne répondant plus que partiellement à leurs besoins, elles ont du se tourner vers celui des covered bonds, les obligations sécurisées.
140 milliards d’euros ont été levés sur ce marché en pleine expansion, soit à mi-parcours de l’année les deux-tiers du montant total de l’année précédente. La BCE ayant ouvert la voie en lançant un programme d’achat aux banques de 60 milliards d’euros de ces titres, qui va se terminer à la fin du mois.
Les banques trouvent ainsi des fonds qu’elles ne parviennent que difficilement à lever autrement. Même si elles ne bénéficient pas toutes, il s’en faut, du même traitement. La raison en est que ces obligations sont donc sécurisées, moins risquées, et que les investisseurs les préfèrent. Mais la profondeur de ce marché (la demande qu’il peut satisfaire) n’est pas connue, ce qui alimente l’inquiétude ambiante. La phase actuelle est encore de test.
En résumé, les banques, vivement priées par les régulateurs d’allonger la maturité de leurs emprunts dont la proportion à court terme n’a cessé de croître, afin de se renforcer, rencontrent de sérieux obstacles à le faire, ou bien craignent que cela ne soit prochainement le cas.
La BCE, assurant un rôle de plus en plus exigeant, essaye de contenir tous les incendies. Elle a du revenir sur l’interruption – annoncée en fanfare – de sa mise à dispositions de liquidités à trois mois et à six mois, afin de se substituer au marché inter-bancaire défaillant. Car c’est sur celui-ci que les banques font prioritairement rouler leurs emprunts. Elle est finalement intervenue directement sur le marché de la dette souveraine – ses achats ont déjà dépassé les 40 milliards d’euros à ce jour – afin d’éviter que les taux ne grimpent trop, atteignant par contagion l’ensemble du marché obligataire. Elle a également acheté aux banques pour 56 milliards d’euros de covered bonds à ce jour, agissant donc sur tous les fronts. A ce rythme, son bilan continue de gonfler, le risque d’un déséquilibre s’accroissant, pouvant nécessiter qu’elle soit un jour à son tour refinancée par… les Etats, qui sont ses actionnaires (l’une des craintes des Allemands).
Deux chiffres illustrent bien l’absurdité de la situation actuelle. Ses opérations dites d’open market (achats permanents et temporaires d’actifs) ont atteint la somme global de 850 milliards d’euros, tandis que 450 milliards d’euros en provenance des banques ont à l’inverse profité de son programme de « facilités de dépôt » au jour le jour, très faiblement rémunéré mais offrant le meilleur refuge possible.
Cela met en évidence que l’aversion au risque chère aux analystes est très forte. Mais où est donc passé l’appétit au risque si magnifié par les idolatres des marchés ? Faut-il croire qu’il ne se manifestait que lorsqu’il était, à tort, considéré comme inexistant ?
Ce serait une fâcheuse conclusion, alors que la demande est appelée à continuer de croître dans tous les secteurs du marché obligataire. Les Etats n’ayant pas atteint le pic de leur dette publique, les grandes entreprises ne rencontrant pas le meilleur accueil auprès des banques pour se financer, ces dernières devant faire face à de multiples exigences. Elles sont nombreuses: importantes dépréciations qui attendent toujours des jours meilleurs, refinancement de leurs opérations en cours (dont les LBO), augmentation générale des taux de défaut en raison de la situation économique, menaces de restructuration pesant sur leurs portefeuilles d’obligations souveraines, et enfin exigences à venir de renforcement de leurs fonds propres….
Le grand malade, c’est donc le système financier ! Il ne parvient pas à absorber les ondes de choc successives de son implosion initiale, en dépit de tous les soins dont il est entouré. Pour emprunter (à taux zéro) son propre jargon, le capitalisme financier a perdu la confiance qu’il avait auparavant en lui-même. Il ne parvient pas à retrouver son assise. Il est devenu son meilleur ennemi.
Au 1er juillet prochain, les banques de la zone euro vont devoir rembourser à la BCE les 442 milliards d’euros empruntés il y aura alors un an.
60 réponses à “L’actualité de la crise: ils sont leurs meilleurs ennemis, par François Leclerc”
De toutes façons, comme vous le démontrez brillamment, le problème est de plus patent et de plus en plus public , Trichet faisant l’éloge aujourd’hui du système de provisions mis en place par la Banque d’Espagne, Ackermann qui déclare aujourd’hui que publier les stress-tests est dangereux en l’absence de back-stops ( Deutsche Bank says Stress tests could be very dangerous devant le parterre de l’Institute of International Finance à Vienne…
Une crise qui n’en finit pas de retomber invariablement sur les banques quoiqu’elles fassent et quoique fassent les banques centrales pour y remédier.
Les Etats vont devoir encore mettre la main au porte-monnaie plus tôt qu’ils ne le croyaient avec ce 3ème incendie qui se déclare.
Et M. Trichet qui nous annonce sereinement que la zone euro connaîtra une croissance de 1% cette année et 1,2% l’année suivante ! On crois rêver !
Pharmakos
La confiance disparue, le remède devenu poison.
La prochaine confiance viendra d’un nouveau « milieu associé » (nous ?)
Monsieur Leclerc,
votre jubilation vibre dans chaque mot!… 🙂
Oui!! Il va finir par s’auto-détruire ce uj!zuk* »f de système. HipHipHip HOURRA!
La B.O. des écrits de FL
un chant de ruines ?
Concernant les pays d’Europe du sud et l’Irlande : leur dette publique s’est emballée. Leur dette publique est aujourd’hui hors-contrôle.
Concrètement : aujourd’hui, les dirigeants politiques européens ont perdu le contrôle de la situation.
Deux exemples datés du jeudi 10 juin 2010 :
1- Premier exemple : l’Espagne :
Mardi 13 avril 2010 : l’Espagne a lancé un emprunt à 3 ans. Elle a dû verser un taux d’intérêt de 2,04 %.
Deux mois plus tard, jeudi 10 juin 2010 : l’Espagne lance de nouveau un emprunt à 3 ans. Elle doit verser un taux d’intérêt de … 3,39 % !
En deux mois, le taux d’intérêt pour un emprunt à 3 ans est passé de 2,04 à 3,39 % !
Les Echos
2- Second exemple : le Portugal.
Le président portugais Anibal Cavaco Silva a estimé jeudi 10 juin que le Portugal se trouvait dans « une situation intenable », appelant à un « contrat de cohésion nationale » pour faire face aux difficultés financières auquel le pays est confronté.
« Comme j’avais prévenu en temps voulu, nous en sommes arrivés à une situation intenable. Nous avons devant nous beaucoup de travail, une tâche énorme et des sacrifices inévitables », a déclaré le chef de l’Etat à Faro (sud) lors de son traditionnel discours du 10 juin, la fête nationale portugaise.
Les Echos
Je ne sais pas où est le mur. Mais on s’en rapproche.
De plus en plus vite.
On a des « air bags » ?
@louise: oui: nous.
Oui, on a des airbags.
… Mais on n’a plus de freins.
… Et la pédale d’accélérateur est bloquée.
… Et c’est Christine Lagarde qui conduit.
BA – votre dernier point sur la conductrice est celui qui m’inquiète le plus
A quand le blog de BA ?
Je guette toujours attentivement vos commentaires.
merci
« Cela met en évidence que l’aversion au risque chère aux analystes est très forte. Mais où est donc passé l’appétit au risque si magnifié par les idolatres des marchés ? Faut-il croire qu’il ne se manifestait que lorsqu’il était, à tort, considéré comme inexistant ? »
Magnifique. L’aberration avait une beauté cachée que vous avez débusqué.
Et je lisais ça en écoutant les Doors… Riders on the storm…
http://www.dailymotion.com/video/x1n2k_the-doors-riders-on-the-storm-video_music
Bonjour,
C’est un renversement interessant. En y reflechissant, il est du meme ordre que celui qui touche le concept de responsabilite. Plus on en prend, plus on a de moyens pour s’en premunir. Rappelez vous de Forgeard, grand responsable chez EADS, et la liste est longue. EN revanche, moins on en prend, et plus il faut repondre de ses actes. Celui qui vole des millions peut se payer un excellent avocat, et pleins d’amis un peu partout.
Je ne comprends pas que les économistes ne s’interrogent sur le coût de la mondialisation économique. Elle rapporte aux entreprises à vocation d’export, mais elle a aussi un coût, que les contribuables supportent, qui fait enfler le déficit des états. Les déficits augmentent en crescendo depuis la fin des années 60, grosso modo, lorsque la mondialisation a commencé à se développer. Mais on ne lit, on n’entend rien sur ce sujet. Il n’entre peut-être pas dans le cadre du « politiquement correct » (?)
Il vaut mieux écrire « La mondialisation n’est pas coupable » pour obtenir un pseudo-prix Nobel.
Qu’attendre d’une discipline où pour montrer la véracité de la théorie des avantages comparatifs on cite encore l’exemple des échanges entre le Portugal et l’Angleterre?
Germanicus
Mettre en concurrence les travailleurs des pays développés avec ceux des pays émergents a un impact important sur les baisses de salaires que l’on a pu imposer aux premiers. Ce ne sont pas que les entreprises exportatrices qui en ont profité (même si le prétexte de la concurrence les concerne plus).
Donc, comme dit souvent ici, puisque la crise résulte aussi et surtout d’une baise du pouvoir d’achat des masses et d’un excès de capital pour ceux qui ne peuvent plus en tirer les profits exorbitants qu’ils en espèrent, la mondialisation est en bonne partie à la source des actuelles crises.
« L’ensemble des activités humaines tend ainsi à déplacer ses conséquences vers le futur ; le système devient insaisissable, sa fluidité lui permet toujours d’échapper à court et moyen termes aux conséquences de sa propre logique. La mondialisation peut donc, de ce point de vue, être caractérisée comme le moyen qu’a trouvé la civilisation libérale pour répondre à la saturation locale de ses systèmes et pour différer encore la saturation finale. »
et aussi
« Le pacte implicite qui lie l’opinion au système – un confort matériel toujours accru, en échange d’un vide de sens toujours plus effrayant – ce pacte empêchera longtemps encore que l’on diminue de façon sensible la pression de confort; et, quand l’affaire sera éventée, et que le pacte sera rompu (c’est à dire quand on n’aura ni le sens ni le confort), cette prise de conscience débouchera sur une intense frustration et sur des violences sans horizon, dont celles qui se déroulent actuellement dans les banlieues nous donnent déjà un petit aperçu.
Nous entrons dans cette phase. »
in Bertrand Meheust, La politique de l’Oxymore.
On a l’impression qu’il n’y a plus que la BCE qui fasse tourner le système.
Et la conservation des quantités dans tout ça?
Et les investisseurs de la BCE qui ne sont pas des banques : comment va ??
(parce que mieux que clientèlisme, corruption, prévarication …. encore plus fort, plus … il y a la mafia
bjr MR Leclerc,
Toujours la même question, pourquoi la BCE qui détient une planche à billet aurait-elle besoin de e recapitaliser ? Merci.
PS: à vous écouter, on a parfois l’impression que la planète pourrait-se de devoir trop d’argent ..???
Comme son nom l’indique, une banque centrale est une banque ! Même si elle est d’un type particulier. A ce titre, comme toute société, elle a donc un capital, des actionnaires, un bilan, enregistre des bénéfices ou des pertes, peut distribuer des dividendes, etc….
Dans le cas de la BCE, ses actionnaires – qui ont constitué son capital de départ – sont les banques centrales des pays de la zone euro (exemple, la Banque de France), dont les Etats sont eux-mêmes actionnaires.
La BCE peut devoir être recapitalisée, si son bilan le nécessite. En raison du rapport entre le total des actifs (la taille du bilan) et son capital additionné de ses réserves (calcul du ratio de capital). Comme toute société, elle fait alors appel à ses actionnaires.
Autre chose est la capacité de création monétaire dont elle est dotée, un des moyens qu’elle a d’influer sur la masse monétaire (M3), sa mission ultime étant de stabiliser l’inflation. Elle se sert de cette capacité pour acheter des actifs, qu’elle inscrit à son bilan.
Je ne sais pas si c’est la réponse mais moi je dirais que si la BCE veut maintenir la valeur de l’euro sur le marché des changes dans un contexte où elle a fait beaucoup tourner la planche à billet, il faut qu’elle soit capable de racheter un jour ou l’autre ces euros et ce pouvoir de rachat dépend de ses capitaux propres.
@François Leclerc
« En raison du rapport entre le total des actifs (la taille du bilan) et son capital additionné de ses réserves (calcul du ratio de capital). Comme toute société, elle fait alors appel à ses actionnaires. »
Je ne sais pas si mon raisonnement est bon mais il me semble que la BCE peut augmenter ses capitaux propres comme elle le désire puisqu’elle peut faire de la création monétaire ex nihilo, son seul problème c’est de maintenir la valeur de l’euro lorsqu’elle fait tourner la planche à billet.
Son bilan peut donc grossir à condition que les actifs ne soient pas toxiques afin de pouvoir les revendre au prix lorsque la BCE devra intervenir pour stabiliser la valeur de l’euro.
Hhmm.. Cb, une précision importante.
La BCE prend les actifs quelque soit leur notation… Et on a un exemple de revente de la part de la FED : 22% de la valeur faciale…
Seulement 22% de ces bouts de papier valent quelque chose… Et encore, personnellement, je suis surpris que ce soit autant.
Et si bon nombre des intervenants de ce blog constituaient un recueil de leurs contributions en un livre ?
http://www.mediapart.fr/club/edition/imagination-citoyenne/article/090610/le-mouvement-utopia-cree-sa-maison-d-edition
Internet a aussi cette vertu de permettre d’en sortir.
Appelons cela une circulation.
Vitale.
@Francois.
Les banques peuvent t’elles ne pas rembourser la BCE, soit qu’elles ne le peuvent pas, soit qu’elles ne le veulent pas.
Quelle serait les consequences de ce refus ou de cette impossibilité?
La BCE pourrait refinancer son opération, via la mise à disposition illimitée de liquidités à plus court terme, comme elle vient de la relancer.
Elle cree donc de la monnaie pour cela?
La création de liquidités procède de l’émission monétaire. Mais si, dans le cas précis, les débiteurs de la BCE la rembourse en se refinancement à plus court terme, elles restituent des liquidités pour en emprunter à nouveau.
@François Leclerc
Est-ce que cette façon de procéder est une pratique courante ou bien est-ce exceptionnelle compte tenu du contexte de crise ?
Est-ce qu’une banque qui prêterait à un Etat pour 7 ans pourrait procéder de la sorte pendant 7 années avec la BCE?
je veux dire en se refinançant régulierement auprés de la BCE pendant 7 ans pour une somme qu’elle aurait initialement empruntée à la BCE lors de l’achat de dettes souveraines.
Tant que le guichet est ouvert, il n’est pas fermé. Mais la BCE ne distribue pas ses liquidités à de telles échéances.
Les banques procèdent comme elles le font toujours: en finançant à court terme leur dette qu’elle font rouler. Celle-ci résultant de leurs propres opérations de prêt (y compris à long terme).
Il est déjà arrivé qu’une banque ne rembourse pas ses emprunts auprès de la Banque Centrale. Lehman avait un joli encours auprès de la Bundesbank. Suite à sa faillite, la Bundesbank s’est retrouvé avec les garanties sur les bras (en contrepartie du prêt accordé à Lehman). Malheureusement, la valorisation des ces garanties (surtout en période de crise de liquidité sur certaines catégories de dettes acceptées par la BCE) s’est retrouvé en deça du prêt accordé (même avec les haircuts). Je pense que la Bundesbank a dû se retrouver avec un perte de quelques millions d €.
merci pour la réponse.
« Tant que le guichet est ouvert, il n’est pas fermé »
C’est quand un peu facile comme procédé, elles mettent en pension leurs bons du trésor et elles vont régulièrement au guichet emprunter l’argent qu’elles doivent rembourser à la BCE.
Je ne savais pas que c’était aussi simple de se faire de l’argent sur le dos des Etats.
[…] et pendant ce temps les banques ….. Posted by sisyphe67 on June 11th, 2010 at 6:28 am Create a free edublog to get your own comment avatar (and more!) […]
Bonjour M. Leclerc,
Vous ecrivez :
» A ce rythme, son bilan continue de gonfler, le risque d’un déséquilibre s’accroissant, pouvant nécessiter qu’elle soit un jour à son tour refinancée par… les Etats, qui sont ses actionnaires (l’une des craintes des Allemands). »
Malheureusement, malgree des efforts insenses depuis des mois pour comprendre, je ne comprends toujours pas !! Pouvez vous clarifier le mecanisme ?
Voulez vous dire que les titres pris en depot par la BCE pourraient valoir moins que les somme distribuees par elle en echange ? C’est un jeu de dupes tout de meme : ne suffirait il pas que la BCE achete directement aupres des etats de la dette a un prix inferieur a sa valeur faciale/de marche ? C’est peut etre ce que vous appelez refinancement de la BCE par les etats ? Il me semble qu’une solution ou les etats s’endetteraient sur le marche pour renflouer la BCE serait divergente !
Lire le bilan d’une banque centrale, particulièrement peu explicite, n’est pas un exercice aisé.
En particulier, dans le cas de la BCE, nous ne savons pas la structuration par classes d’actifs des titres pris en dépôt, ni la valorisation qui en est faite dans son bilan…
Voici deux questions très simples sur lesquelles on peut s’interroger : quelle est la liquidité de ces titres (l’existence d’acheteurs potentiels) ? Ont-ils un prix sur le marché et lequel ?
Les méandres comptables sont autant d’occasions d’opacifier les comptes. Il n’en reste pas moins vrai qu’à un moment donné les édifices ne tiennent plus.
Une vieille histoire soviétique disait qu’il ne fallait pas retirer les échafaudages des immeubles nouvellement construits avant d’avoir enlevé les papiers peints. Or ceux-ci se décollent avec le temps.
J’avais cru comprendre que de fait les actifs mis en collateral des liquidites consenties par la BCE ne sont justement pas liquides.
D’ou, d’apres moi, dissimulation de pertes de fait, d’ou bilan des banques completement fantaisiste.
La question est plutôt de savoir ceux qui le sont et ceux qui ne le sont pas, vu la conception opaque de certains de ces actifs, qui fait craindre le pire et les rend iliquides.
Ce n’est pas une question statique, l’espoir est toujours que ces actifs vont retrouver leur valeur nominale (initiale). Par exemple, si les marchés immobiliers se reprennent, c’est à dire repartent à la hausse (à nouveau faussement considérée comme l’état normal de ce marché).
Il me vient un autre commentaire : Est-ce qu’un fin de compte ce ne sont pas les actifs detenus en banque centrale qui fondent en grande partie la valeur de la monnaie emise par la banque centrale ? Si ces actifs s’averent pourris dans le long terme, le cours de la monnaie chute relativement aux autres monnaies. La valeur des actifs pourris ne baisse pas en euros mais seulement relativement aux autres devises ? Et le bilan de la banque centrale reste equilibre d’un point de vue comptable. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes .
Je suis d’accord sur le fait que la situation n’est pas figée, mais si me souviens bien, on devrais comptabiliser cela mark to market et la, a ce jour, il y a un paquet d’actifs sans prix.
Dans le bilan de la banque centrale ou dans les bilans des banques
Peut-on considérer que la BCE soit entrain de devenir la « Band Bank européenne »?
« Au 1er juillet prochain, les banques de la zone euro vont devoir rembourser à la BCE les 442 milliards d’euros empruntés il y aura alors un an. »
Où est le problème ?
Elles feront un emprunt …
La question étant précisément de savoir auprès de qui ….Comme répondu précédemment à Astrorock, les banques peuvent par contre accroître leurs demandes de liquidités à plus court terme (trois mois ou six mois), ces guichets de la BCE ayant été réouverts.
De la cavalerie en quelque sorte non?
les dettes actuelles me font penser aux rançons du moyen age ,en capturant un roi on pouvait mettre à genoux un empire .
à partir du moment ou on a désacralisé le roi , rançonner est devenu beaucoup moins interessant .
donc on peut s’en sortir , soit en ne payant pas ,soit en en subtituant à la dette ou aux marchés une autre figure symbolique .
mais ne pas payer risque une guerre physique ,remplacer une croyance par une autre exige une souplesse mentale impossible actuellement .
Mentalement, je suis pret.
Je vous concède que tant qu’une alternative à la vision actuelle du monde n’a pas été formulée nous ne saurons pas que faire d’autre que continuer. Il nous faut un autre chemin, au moins un.
C’est comme en politique, et je ne sais plus qui a dit ça, ni de quel bord,
un socialiste, peut-être :
« Ton meilleur ennemi n’est pas à chercher dans le parti adverse,
mais toujours parmi ceux de ton propre camp. »
… ce qui est assez encourageant
D’ordinaire, le meilleur, le pire, le plus intime ennemi, allié, ami,
serait soi-même.
Monsieur Leclerc,
Je me souviens que l’un des arguments pour créer une BCE et la libre circulation des capitaux était le souhait de ne pas laisser de l’argent inutilisé dans un coin et de veiller à ce qu’il circule partout et (O Merci à Toi Oh Grand Marché) l’allouer au meilleur endroit possible. Il fallait éviter les dépôts superflus. L’autre argument est qu’il était possible de lever de l’argent sans recours à la planche à billets en allant sur les marchés.
Ce qui est tristement drôle est que vous expliquez ici que les banquiers ne se prêtent plus. Ils gardent leurs capitaux pour eux et font ce que ce système devait éviter. La BCE a pris la place des états très décriés car elle en est à faire marcher sa planche à billets. Si elle n’a pas commencé, elle va le faire. Nous sommes dans la situation que tout le système devait éviter à une échelle beaucoup plus faible et sans le moindre contrôle démocratique sur les gens aux commandes. Pire, ces gens viennent dire aux populations ce qu’elles doivent faire. Ils viennent donner des ordres aux peuples.
Si c’est ça le Progrès, j’y renonce.
Valeurs ? Coût ? Prix ?
Quel Sens tout « ça » ???
Aucun si le Sens n’est plus.
Or il n’est plus =
Aujourd’hui,il faut AVOIR.(A Tout Prix…!!!)
Etre est ringard.
A ce stade ,reste un espoir : » Et que ça saute » !!! ( cela peut heureusement passer,par exemple,par la concrétisation de l’idée ci-dessus : mettre en commun les réflexions de ce blog…Ou encore par le faternel « care » ? )
Mais pour l’instant on file en sens inverse à grande vitesse :
Attention,au bout il y a un gigantesque fossé qui anéantira Les Avoirs et les Etres.
Les êtres..?????
Allons, arrêtez de sortir des abérations comme celle-là.!!!!!!!
Vendredi 11 juin 2010 :
Le gouvernement japonais évoque un risque de défaut de paiement.
Le nouveau Premier ministre japonais, Naoto Kan, a prévenu que le pays risquait de ne pas être en capacité d’honorer sa dette s’il ne parvenait pas à maîtriser sa dette publique vertigineuse.
Naoto Kan, qui a pris la tête de l’exécutif après la démission soudaine de son prédécesseur la semaine dernière, a fait de la réduction de la dette publique, qui atteint déjà le double du produit intérieur brut, sa priorité dans le contexte d’inquiétude générale des marchés financiers sur les problèmes de dette souveraine.
« Nous ne pouvons pas conserver des finances publiques qui dépendent principalement de l’émission d’obligations », a déclaré le Premier ministre devant le Parlement pour son premier discours de politique générale.
« Comme nous pouvons le voir avec la confusion dans la zone euro qui a démarré avec la Grèce, il y a un risque de défaut de paiement si la hausse de la dette publique est ignorée et si la confiance est perdue sur le marché obligataire », a-t-il ajouté.
http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE65A04D20100611
Nouvel attrape-nigaud du monde de la Finance. Ces obligations adossées à quelques actifs, le plus souvent financiers eux-mêmes, ont la particularité de ne pas sombrer simultanément avec la banque si celle-ci venait à faillir. Ils sont logés sur des comptes séparés non affectés en cas de malheur financier de la banque émettrice. C’est cet aspect qui rend ces titres tellement attrayants actuellement. Mais quand on se rappelle que les banques peuvent aujourd’hui répertorier leurs avoirs au jugé, quelle est la garantie réelle de ces adossements ? Le jour où on se rendra compte que ces actifs protecteurs ont été surévalués ou en nombres insuffisants ou, pire, utilisés plusieurs fois ou à d’autres fins également, la crise prendra une tournure plus dévastatrice encore.
Si on veut une garantie, il devient impératif que celle-ci soit dûment transférée auprès d’une institution idoine, non bancaire, de préférence étatique, pour éviter toute malversation future. Les banques, de nos jours, ne sont vraiment plus fiables. Rappellez-vous l’ouverture des prises en pension d’autres titres que les souverains par la BCE en 2008, et la floppée de nouveaux titres que les banques espagnoles présentaient au guichet de la BCE. Elles les avaient créés de toute pièce et ont de la sorte soutiré près de 50 milliards d’euros. La BCE a mis six mois environ avant de s’en rendre compte !
A l’ expert ès BCE que vous etes, je voulais vous soumettre cette question:
Alors que les difficultés du marché interbancaire en Espagne ont contraint le gouvernement via Mme Salgado à un démenti officiel faisant suite à une information parue ce matin dans le Financial Times Deutschland selon laquelle l’Espagne serait le premier pays à solliciter le mécanisme d’aide de l’ Eurozone à cause de l’état de ses banques, Gillian Tett, dans sa colonne du Financial Times, analyse le problème que vous avez souligné et celui des stress tests et indique la réticence des gouvernements autrichiens, allemands et français ( pour les raisons que l’on suppose ) à leur publication et s’interroge sur le sens de l’expression de ‘communication appropriée’ sur ce sujet, employée hier et appelée de ses voeux par Sieur Trichet. Cet ‘audit’ initié, j’imagine, par la BCE et confié à la Commission composée des régulateurs nationaux, et destiné à etre rendu public, va donc se trouver confronté à des conflits d’interets, n’est-il pas d’interet public ? La BCE ne dispose-t-elle pas de cas ‘inédit’, ou le Comité sur le risque systémique mis en place à Bruxelles, ne disposent-t-ils pas de prérogatives ‘supranationales’ ?
Ah, l’expert ! J’aimerai bien l’être ! Il n’y a rien de plus tortueux et opaque qu’une banque centrale quand elle s’y met. De ce point de vue, le bonheur d’un complotiste (que je ne suis pas).
Délaissons, si le voulez bien, le terrain juridique pour rester sur celui de la BCE: le politique.
J’ai lu le papier de Gillian Tet.
Nous ne savons pas déjà clairement qui a pris la décision d’effectuer ces stress tests et encore moins quelle méthodologie va être appliquée, quels paramètres vont-être utilisés. Comment pourrions-nous croire que nous en connaîtrons les résultats réels ?
Cela me rappelle l’un de mes anciens métiers: producteur de cinéma et de télévision. Sa base était toujours d’avoir plusieurs devis d’une même production, chacun adapté à celui à qui il était présenté…
Merci de votre réponse, je plaisantais au vu du nombre de questions liées à cet organisme
sur ce billet. La Banque Centrale Suisse, paradoxalement, est plus transparente..
En attendant, les papiers continuent à pleuvoir: Daniel GROS, l’un des auteurs de la proposition d’un F.M.E, directeur du Center for European Public Studies, un think tank de Bruxelles, interviewé
aujourd’hui dans le NRC Handelblad néerlandais, rapporte, selon des chiffres de la BIS que
l’Allemagne, entre ses banques et ses institutions financières, aurait 250 mds d’euros d’exposition
de crédits en Espagne, les Néerlandais 127 mds, et considère que les gouvernements, les banques
et la BCE nous préparent un ‘grand cover-up’ …
Le Handelsblatt allemand est plus vocal:
Die Bankenkrise kehrt züruck-La crise bancaire revient …
[…] politique enfin ? Eh bien, ce qu’on apprend à lecture des articles de François Leclerc (1, 2, 3, 4), c’est qu’une course à l’échalote est engagée pour savoir qui la […]
[…] politique enfin ? Eh bien, ce qu’on apprend à lecture des articles de François Leclerc (1, 2, 3, 4), c’est qu’une course à l’échalote est engagée pour savoir qui la […]