Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je suis à Paris, pour plusieurs rendez-vous : ce matin, un débat, passionnant d’ailleurs, pour Philosophie Magazine, avec David Thesmar et arbitré par Nicolas Cori de Libération, demain un entretien avec Alexis Lacroix pour Marianne, et un autre dans l’après-midi avec Jean-Pierre Elkabbach pour Public Sénat.
Je suis descendu dans un petit hôtel près de la Bastille. Quand on a fait beaucoup de choses différentes dans sa vie, plein d’endroits vous sont en fait familiers. La Bastille, le Marais, c’est l’un des mes anciens quartiers : j’ai habité rue des Tournelles et à deux adresses différentes rue Saint-Paul.
François et moi allons manger des tapas. Je regarde tous ces gens assis à des terrasses, toute cette foule bruyante, comme si de rien n’était, et je me dis : il y a deux possibilités, ou bien c’est nous qui rêvons avec nos longues dissertations sur la crise et la fin d’un monde, ou bien ce sont eux, ceux que l’on voit là, qui poursuivent un rêve : le rêve d’un monde qui en réalité a cessé d’exister. Et la réponse me vient : c’est comme dans « Un soir, un train ».
J’ai vu quand il est sorti en 1968, le film d’André Delvaux, avec Yves Montand et Anouk Aimée, mais j’ai aussi lu dans sa version originale en flamand, le roman de Johan Daisne dont le film est tiré : De trein der traagheid.
Un train s’arrête en rase campagne, quelques voyageurs en descendent. Débute alors pour eux un périple d’une lenteur éprouvante : une longue marche, suivie d’un séjour dans un café où l’on danse avec componction et où les pendules, curieusement, sont arrêtées. Jusqu’à ce que le héros s’éveille brutalement : des cris l’entourent de partout, le train a déraillé. Il retrouve enfin sa femme : son corps fait partie d’un alignement de cadavres allongés.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
157 réponses à “Un soir, un train”
il y a un sentiment d’étrangeté qui n’est pas sans poésie dans nos vie en ce moment…
Merci pour ce petit billet essentiel…
« il y a deux possibilités, ou bien c’est nous…… ou bien ce sont eux…. ».
Dans les rues de Paris, je constate en effet une belle « insouciance publique » (restaurants et cinémas bondés, belles voitures, rigolade généralisée en tous lieux) et je me prends alors à penser que je suis un vieux c-o-n (céhoène) qui n’aime plus la vie…
Vous oubliez pourtant une troisième catégorie, la plus préoccupante: nos dirigeants…qui sont à la fois « nous » (ils savent ce qui se prépare, en détail), et « eux » (ils font comme si tout allait pour le mieux…).
« Ceux-là » portent une lourde responsabilité, car ils pourraient faire quelque chose, « ceux-là » qui nous gouvernent…
Mais il est vrai que parfois, on se demande si la vérité ne nous échappe pas…
Pour le moment, à mon humble avis, les événements (Grèce, G20-bidons, plans d’austérité en gestation, Allemagne, langue de « bois-archi-dur », etc…) vous donnent raison, et de loin (hélas!).
« Dans les rues de Paris, je constate en effet une belle « insouciance publique » (restaurants et cinémas bondés, belles voitures, rigolade généralisée en tous lieux) … »
Je ne sais pas quels quartiers vous fréquentez, mais moi je vois, dans le XXe, surtout dans les derniers dix jours du mois, des supermarchés où on ne fait pas la queue, des restos vides, des centres commerciaux désertés (comme celui de Bagnolet – même les samedis), des concerts classiques où on brade des places (on vous envoie un mail quelques jours avant pour vous offrir 2 places pour le prix d’une)… Par contre dans les Puces de Clignancourt et de Montreuil il y a de plus en plus de monde, surtout pour acheter des habits d’occasion. Et aussi de plus en plus de vendeurs illégaux sur les trottoirs aux alentours…
@ Pablo75,
Je suis sûr que Pierrot123 a pu constater ça. Il y a longtemps que la plupart des quartiers de Paris ne sont plus populaires (sinon comment Delanoë aurait-il pu en devenir maire?).
Pour mon compte, même constat que vous, Pablo. L’insouciance ne traîne pas dans mes parages.
Dans le quartier du XXe arrondissement de Paris que je fréquente, cette insouciance ne se voit que dans les yeux des mômes. Nous, les adultes, quand on se serre la main, c’est comme si on se prenait le pouls.
Dans le quartier de la ville de Seine-Saint-Denis où j’habite, même topo: l’épicier traîne plus souvent dehors, assis sur le capot de sa voiture, que près de son comptoir; le boucher a débranché un de ses trois étals, plus assez de débit ; le fleuriste est parti, remplacé depuis deux semaines par un coiffeur qui fermera avant l’automne; chez les marchands de kébab de la place, les salles sont vides, on ne dîne plus, on prend un sandwich-frite à emporter; au petit café-comptoir, les bouteilles d’apéro s’empoussièrent, le patron ne tire plus que des bières parce qu’avec 25cl dans un grand verre on a au moins l’impression que nos sous valent encore quelque chose; même le « Lidl » est désert. Il n’y a que le tabac-PMU qui ne désemplit pas. On ne risque pas de voler la télé: branchée sur Equidia, tous les regards son vissés dessus, et le sol est jonché de tickets froissés de Rapido ou de jeux à gratter. Pour se payer ce casino quotidien on est près à ne manger qu’un repas par jour, ou pas. On a pas de sous dans mon quartier, on a des rêves de sous.
Et puis Pablo, avez-vous constaté la même chose que moi: les vêtements des gens ne changent pas, ou très peu; le même manteau tout l’hiver, la même veste tout l’été. J’ai l’impression de revenir au temps de mon enfance. On reprise, on répare, on ravaude, on raccommode, on fait gaffe à ses affaires. Même à bas prix, même de mauvaise qualité, il faut que les vêtements fassent de l’usage.
C’est pas encore la misère, mais c’est déjà plus l’aisance.
Je suis encore passé aux puces de Montreuil dimanche dernier et j’ai vu ce que vous nous dites; ça a de plus en plus des allures de Cour des miracles, et les électeurs de madame Voynet -les mêmes que ceux de Delanoë- n’y mettent plus trop les pieds. Ils préfèrent l’insouciance de Paris et « l’espoir 2012 », le truc rose qui branle à l’horizon comme les lampions de la fête foraine.
Hier matin, leur bulletin paroissial se demandaient en Une si DSK est de gauche. C’est la grande question qui les taraude en ce moment les insouciants; ça les chiffonne, ça les gratouille, il renâclent, ils se tortillent; ils sont de gauche quoi! mais il faudra bien qu’ils votent PS en 2012. Je ne me fais pas de soucis, il iront mettre leur bulletin DSK dans la boîte le jour où on le leur dira. L’anti-sarkozisme leur sert de conscience politique depuis trop longtemps pour espérer que ça change. Ah la politique, c’est pas facile!
Mais heureusement, ce soir ils ont rendez-vous pour un « apéro-dînatoire » à Paris, du côté de la rue Rambuteau, avec quelques amis choisis. On parlera de l’immobilier, on parlera de la crise, …et on finira par parler de la crise de l’immobilier.
@Jean-Luc
Totalement d’accord avec vous. Surtout sur les socialistes-bcbg de ce pays et « leur bulletin paroissial ». J’espère qu’en 2012 ils vont se prendre au moins Melenchon dans les dents…
C’est terrible, vous mettez le doigt avec une précision diabolique sur ce qui me mine depuis des années, et nous devons être un certain nombre dans ce cas.
Votre blog est-il un îlot de raison et de lucidité, ou bien le repaire de paranoïaques délirants qui montent ensemble une mayonnaise catastrophiste pour satisfaire leurs penchants destructeurs ? J’ai bien peur que la première option soit la bonne…
Question cinéma, je pense plutôt au Sacrifice de Tarkovski. Vu à sa sortie, pas vraiment tout compris à l’époque, je n’ose pas le revoir aujourd’hui.
Le cinéma de Andreï Tarkovski, un des plus beau qui soit, une merveille de lucidité et de poésie en images. Andreï Roublev, Nostalghia, Le Sacrifice…
» Ce n’est plus le moment de se plaindre et de s’indigner dans les couloirs. Ce temps est révolu. Se plaindre est devenu inutile, et indigne. Comment se comporter à l’avenir, voilà à quoi il faut réfléchir » A.T.
Peut être qu’à Paris, ou ailleurs, les gens ont en majorité l’air insouciant.
C’est le printemps et son effet neurobiologique, mais aussi il y a une forme, non pas de déni, mais de vouloir se changer les idées, un effort de faire contre mauvaise fortune, bon coeur.
Je ne sais pas quel était l’état d’esprit juste au de début de la crise de 1929, mais en 14, les gens partaient la fleur au fusil. Le psychisme humain est assez surprenant dans ses résiliences.
pour ces 4,20mn de beauté, merci.
Dans mes souvenirs (86), le Sacrifice parle du sens des actes, du renoncement au monde matériel, de l’engagement spirituel individuel face à la course folle du monde. A la manière de Tarkovski, c’est à dire très mystique, un peu absconse mais d’une beauté totale.
Il est revenu me hanter depuis quelques années, entretenant ce sentiment de culpabilité permanent éprouvé en tant que complice de la marche de notre monde.
Je vais mettre Le Sacrifice dans mon lecteur. Advienne que pourra…
Mais pour être dans de bonne conditions, il faut d’abord que j’aille dans mon hypermarché de secteur pour acheter une grande belle télé plate.
Qu’avons-nous fait de notre vie ?
Qu’avons-nous fait de nos enfants ?
Qu’avons-nous fait de notre histoire ?
Qu’avons-nous fait de notre humanité ?
Qu’avons-nous fait de notre culture ?
Qu’avons-nous fait de la médecine ?
Qu’avons-nous fait de l’éducation ?
Qu’avons-nous fait des océans ?
Qu’avons-nous fait de la terre ?
Qu’avons-nous fait de la vie ?
Que des ruines partout !
« Le sacrifice » avec la belle musique de Shuso Watazumido et surtout celle de la Passion St. Matthieu de Bach et son sublime « Erbarme dich », sommet de la musique occidentale avec lequel finit le film. Et on commence à l’entendre au même moment où l’enfant se met à arroser l’arbre.
Tout est dit.
http://www.youtube.com/watch?v=AeZU_uu0pNA&feature=related
Ce n’est pas le bon lien. C’est plutôt celui-ci (la musique débute à 1’20 »):
http://www.youtube.com/watch?v=4fysiepJ93M
Il y a la vie terrestre et ses nécessités – il y a la vie intérieure, sensible, et ses rêves. Tous, nous nous faisons beaucoup d’illusions. Ce qui compte c’est d’être vivant le temps d’une chanson ou d’un poème.
C’est nous bien sûr qui sommes dans l’illusion.
La réalité est faites de ces gens qui vivent leur vie. C’est bien ce monde qu’on analyse ici non ?
Je ne vois pas de décalage personnellement. Je peux aller chercher mon pain le matin et boire un verre le soir avec des amis, puis me demander « où va le monde ? ».
L’illusion ne peut être que dans nos analyses, les projections qu’on fait sur le monde. Comme si nous petits humains étions capable d’en percevoir la totalité.
L’avenir même prévisible demeure inconnu.
L’inconnu angoisse.
Une seule certitude on va tous mourir.
Pas d’angoisse.
Cà va?
Tartar. C’est évident.
Mais là où je ne PEUX pardonner. Là où me vient souvent une violence verbale non pas faite de mots grossiers ou de propos cassants, mais de simple exposé de la réalité face à un interlocuteur qui veut me perdre dans son raisonnement destiné à me manipuler pour mieux obtenir de moi…
Là, le gars est mal.
Et ce double language d’instiller la peur et la quasi-paranoïa et, en parallèle, d’UTILISER cette peur en se plaçant comme « sauveur », là, franchement, ça me dégoute.
Je n’en peux plus de ces manoeuvres que je VOIS et que, mine de rien… si la tension monte dans la situation actuelle…
C’est que l’inconscient de la population sent bien le malaise.
Alors, évidemment, je suis humaniste. Soit, avec un regard qui ne peut être neutre car j’ai envie que les autres voient, constatent et comprennent.
Mais…
Ah oui ! Je m’rappelle ! Génial ce film ! Surtout son point de départ, cette arrivée accidentelle dans un lieu inconnu, et la découverte d’un sentiment d’étrangeté que l’on ne saisit pas clairement. Du grand art ! La réalité quotidienne complètement réinterprétée en fonction d’un principe caché. (Je soupçonne qu’il doit en aller ainsi pour les psychotiques, les paranoïaques en particulier.)
Le Château débute aussi par l’arrivée du héros dans un endroit complètement inconnu, – une taverne, comme dans le film -, où il découvre un monde étrange. Mais l’écart entre la réalité ordinaire et celle de ce monde y est plus perceptible, par exemple quand K. apprend qu’il faut une autorisation pour passer la nuit à l’auberge.
LE REVEIL
Premier Jour
Les persiennes entre-ouvertes laissaient filtrer les premiers rayons du soleil, illuminant les particules fumantes de poussière et le pollen du printemps. Je me réveillai doucement, les paupières lourdes après une nuit agitée. Le souvenir de mes rêves était confus, mon esprit ne démêlant plus certains fragments réels datant de la journée d’hier et d’autres imaginaires. Notamment, l’apparition d’un grand chat noir jouant aux échecs qui me dévisageait tout au long d’une partie dont j’étais le spectateur abasourdi.
La journée au travail s’annonçait intéressante. La réalisation d’une stratégie marketing destinée au lancement d’un nouveau produit renforçait les liens entre les membres de l’équipe. Ce matin, nous sommes tous arrivés en avance, afin de se concentrer chacun sur sa section de la stratégie. En fin de journée, un frisson étrange me parcouru lorsque je quittai du regard l’écran de mon ordinateur afin d’observer mes collègues. Nous étions tous réunis dans cette même salle, sous les néons pâles, et nous n’avions pas echangé le moindre mot depuis l’heure du déjeuner. Seuls certains mails étaient venus m’adresser leurs verbes monotones. L’orchestre de claviers continuait son cliquetis ambiant, dirigé par une suite de visages denués de toute expression.
Je pris le tramway pour rentrer chez moi. Je remarquai avec étonnement que tous les passagers regardaient leur propre reflet dans les fenêtres du wagon, les yeux plongés dans un vide intérieur. Ceux qui ne contemplaient pas leur reflet, scrutaient l’écran de leur téléphone avec insistance. Je ressentais presque la tension contenue dans leurs épaules et leurs mains qui manipulaient nerveusement le petit boitier. Peut-être était-ce la chaleur de cette journée particulièrement ensoleillée qui m’étouffait, mais je décidai spontanément de descendre du tramway, me retrouvant dans un quartier que je ne connaissais pas.
Quand le tramway repartit dans un crissement perçant, je vis une affiche curieuse de l’autre coté de la rue. « Le chat qui chante. Boutique. Articles de musique. Disques. Littérature musicale. Antiquités. A 50 mètres dans la cour ». Attiré inoxerablement par cette annonce qui me semblait extraordinaire, j’entrai dans la cour. A nouveau la même affiche, agrémentée d’une flèche pointant vers le bas, indiquait un escalier sombre qui menait probablement à une cave. Je l’empruntai et decouvrit un monde souterrain oublié. Les rangées de milliers de pochettes de disque se déployaient vertigineusement le long des murs dans un dédale de chambres feutrées. Les lampes bleues et rouges éclairaient toutes sortes d’objets fantastiques: des radios des années 50, des livres sur les origines du rock, une vieille trompette encore brillante. Les visiteurs de la boutique, au nombre de trois, déambulaient entre les rayons et les époques musicales. Tous les trois étaient marginaux, portaient des chemises demodées, avaient les cheveux longs, l’air insouciant et un petit sourire en coin à la découverte de chaque nouvelle pochette.
Deuxième Jour
Au réveil, je me souvenais encore de la boutique « Le chat qui chante » que j’avais visité la veille. Cependant, je n’arrivais pas à me rappeler du nom de l’arrêt auquel j’étais descendu. « Peu importe, je retrouverai l’endroit facilement sur le trajet » pensai-je. Malgré la confusion matinale habituelle, je me rapellais d’avoir une nouvelle fois rêvé de la partie d’échecs avec le grand chat noir. Cette fois-ci, je distinguais plus précisément ce chat grand comme un homme qui poussait les pions délicatement avec ses pattes. Et je n’étais pas le seul spectateur, loin de là! Nous étions des milliers, voire des dizaines de milliers à contempler la table de jeu eclairée par trois projecteurs, tous silencieux dans l’obscurité, pendant que le chat continuait de me dévisager.
Au travail, j’écoutais d’un oreille attentive la conversation de deux de mes collègues devant la machine à café. Ils discutaient avec passion du dernier monde virtuel à la mode dans lequel ils se rencontraient fréquemment. « Je m’y rends tous les soirs, c’est absolument passionnant. Les possibilités sont infinies. J’ai monté ma propre entreprise qui produit des verres à lunettes et je gagne énornement de crédits chaque jour!
– De mon coté, j’ai installé un magnifique potager avec ma femme derrière la villa. D’ailleurs, il faudrat que tu le visites. N’hésites pas à passer ce soir! ».
Ils finirent par remarquer ma présence et me demandèrent si j’étais inscrit sur la nouvelle plateforme. Je répondis que non, un peu gêné. « Tu devrais t’y inscrire dès ce soir afin de ne pas rater les soirées organisées par notre patron. C’est une excellente façon de bien se faire voir… » me conseilla l’un d’eux avec un clin d’oeil et une tape dans le dos.
Sur le trajet du retour, je voulu absolument retrouver la boutique de musique mais je ne pouvais me rapeller de l’arrêt. Le wagon etait bondé et je devais me pencher et me tordre dans tous les sens pour tenter d’apercevoir l’affiche de la boutique à travers la foule. Les passagers étaient toujours dans cet état d’hypnose qui m’oppressait de plus en plus. Certains lisaient un roman ou les dernières nouvelles sur un écran numérique portable, faisant défiler le texte avec leurs doigts fébriles. L’une des portes à l’arrière du wagon – qui probablement fonctionnait mal – était grande ouverte et j’attendis que le tram ralentisse légèrement pour sauter. De nombreux passagers se réveillèrent en sursautant quand je me lancai. Ils me jetèrent de vifs regards mêlés de mépris et d’étonnement alors que tramway filait le long de l’avenue.
Je me retrouvai à nouveau dans un quartier que je ne connaissais pas, mais je compris que je n’étais pas loin de la rivière. Je dévalais une rue en pente. La nuit, accompagnée de son défilé d’étoilé, tombait. Arrivé au bord de l’eau, je fus étonné de ne voir personne sur les quais par une si belle soirée de printemps. Je jettai alors un coup d’oeil vers les imposants immeubles en granit qui surplombaient la rivière avec leur vingtaine d’étages. Une mosaïque de carrés lumineux brillait et se reflétait dans les remous des eaux sombres. Les habitants restaient chez eux, sans doute branchés à la plateforme. Je poursuivis donc ma balade en solitaire le long de la mosaïque quand j’aperçus un vieil homme, muni d’une canne à pêche assis au bord du quai. Il avait une barbe foisonnante et un petit sourire en coin. Je lui demandai « Mais que faites-vous? Il n’y a plus rien de vivant dans cette rivière depuis plus de trois ans! » Fronçant les sourcils, il me rétorqua: « Je fais ce que je veux! »
Troisième Jour
La tête plongée dans l’oreiller, je feignais de ne pas entendre mon réveil, de ne pas ressentir les chaleureux rayons du soleil à travers les persiennes. Mon corps néanmoins, sans que je m’en rende compte, se leva, programmé par le rythme de la semaine. Machinalement, je me dirigeais vers la cuisine pour préparer le café, j’allumais mon ordinateur et consultais mes différentes boîtes mails, tapant mes divers mots de passe avec une dextérité déconcertante. J’avais peut-être rêvé la nuit dernière, mais cette fois-ci je ne me rappellais vraiment de rien.
Au travail, je saluais tous mes collègues et commencais à discuter de la pluie et du beau temps. Je fus très perturbé d’apprendre qu’une tempête très violente s’étaient abattue sur la ville hier soir, que le niveau de la rivière avait exceptionnellement monté et que les quais étaient désomais inondés. Cela a dû se passer plus tard dans la soirée, après que je sois rentré et quand je dormais déjà profondément. Je ne voyais pas d’autre explication et celle-ci me semblait tout à fait convaincante.
Je passais tranquillement le reste de la journée, les yeux rivés sur l’écran de mon ordinateur, cliquant frénétiquement sur une multitude d’applications, quand soudain, les néons pâles s’éteignirent. Les claviers céssèrent leur cliquetis. Je percevais des silhouettes mouvantes dans les ténèbres, sans doute mes collègues qui cherchaient à atteindre les interrupteurs, mais leur silence m’inquiéta. Bientôt, je me retrouvai dans l’obscurité la plus totale. Je décidai donc de chercher la sortie, tâtonnant le vide de mes mains aveugles afin d’éviter de me cogner. Etrangement, je ne pu m’accrocher à rien de solide, ayant l’impression que mon bureau, l’imprimante et la chaise s’étaient volatilisés. « Allons, ce n’est pas possible, j’ai dû me perdre. »
Au loin, j’aperçus une flaque de lumière et je m’en approchai. Trois projecteurs étaient braqués vers une petite table, sur laquelle était disposé un jeu d’échecs dont la partie était visiblement entamée. Frappé de stupeur, je me rendis compte qu’un grand chat noir, l’air impatient, était attablé et me dévisageait. Aux alentours s’étaient rassemblée en cercle une masse silencieuse. Des dizaines de milliers de visages denués d’expression flottaient comme des lucioles dans la nuit. Le chat, la tête reposée sur l’une de ses pattes, se mit à parler. « Hé bien, qu’attends-tu pour jouer? C’est à ton tour. »
Chat mérite des encouragements.
Votre texte ressemble fort à d’autres que j’ai lu il y a…..pfff….35 ou 40 ans
Paskov,
Je dois dire que j’ai aimé votre billet, bien plus que la constatation de Paul et de sa vision dichotomique du monde. Je dois même avouer, que ce que Paul disait m’a fâché.
Pourquoi?
Que ferait le faible qui lit cela? Il prend une corde pour se pendre et oublier la crise, pour oublier la m…. de tous les jours dans laquelle il vit?
Qu’est-ce que devrait faire un blog comme celui-ci?
Donner des constatations, des faits, des extrapolations, des visions d’un monde meilleur avec l’intelligence de la réflexion.
Roubini est à Bruxelles aujourd’hui. Que va-t-il dire? La même chose que tout le monde sait?
Je viens de terminer la synthèse de 60 pages de « Le futur du capitalisme » publié dans notre Echo.
J’attends d’avoir le contrendu de sa visite pour le sortir.
Qu’y trouvait-on?
L’inventaire des diseurs de bonnes et de mauvaises aventures. Les gourous, les bonimenteurs, les Nobels de l’économie, qui en ont fait leur fond de commerce.
Ah, oui, on s’offusque à la lecture d’un mail innocent, qui, suite à la peur que son auteur a pris l’habitude de lire partout, demandait comment elle devait garé ses avoirs. Cela a été ma première réaction. Puis je me suis dit. Est-il tellement dans le faux?
Qu’est-ce que ces bons offices de conseilleurs apportent? Des Stiglitz, des Roubini…
Des solutions?
Ben non, des constatations.
Je suis peut-être de mauvaise humeur, mais il fallait que je le dise, une fois (comme on dit chez nous).
ecrit hier (J’ai 24 ans). Et coincidence ce matin, je trouvais qu’il s’accordait pas trop mal avec celui de Paul.
Super Paskov!
Si vous êtes à nouveau inspiré : postez!!
Paskov,
Vous avez peut-être lu ma réponse avant qu’elle ne soit censurée.
Un petit mouvement d’humeur.
Oui, j’ai aimé votre vision. 🙂
Très beau texte d’une richesse perceptive intuitive très dense !
Vous venez de réécrire le mythe d’Å’dipe dans une version contemporaine, car qu’est-ce donc que ce chat sinon la Sphinge installée aux portes de la Thèbes royale ? Gardien du seuil dévoreur chargé d’interdire, de protéger l’accès de la cité sainte intérieure à qui répond incorrectement à l’essentielle question : « Qui es-tu ? », « A quel jeu (Je) veux-tu jouer ? »
Echec et mat (et fin de partie) ou bien existe-t-il une autre alternative pour sortir de l’opposition antagonique blanc/noir (à l’image des cases du jeu d’échec) qui nous écartèle comme des suppliciés sur la roue du destin ?
Aujourd’hui, nous sommes tous interrogés, individuellement et collectivement. Merci de nous le rappeler en ces termes poétiques.
Préface de Jean Mouttapa et Marc de Smedt sur « Oedipe intérieur » (1998)
« Annick de Souzenelle s’était surtout consacrée jusqu’à présent, à développer une lecture symbolique et spirituelle tout à fait originale des textes bibliques. Mais dès Le symbolisme du corps humain, son œuvre-maîtresse, elle affirmait que toutes les grandes mythologies du monde sont porteuses du Verbe divin.
Forte de cette conviction, elle ose s’avancer ici au cœur des mythes grecs, et d’abord de celui qui présida la révolution psychanalytique : Å’dipe. Sans renier les acquis fondamentaux du freudisme, elle reprend plus en amont le récit mythologique et en suit le prolongement jusque dans l’œuvre de Sophocle. Le destin d’Å’dipe, loin de toute fatalité et de toute interprétation déterministe, s’éclaire alors d’une lumière mystique dans laquelle l’homme est appelé à épouser sa « sœur-mère », symbole de son « féminin intérieur », et à franchir les étapes successives de son initiation ultime.
Pour préciser le sens de cette lecture totalement novatrice du mythe d’Å’dipe, Annick de Souzenelle nous invite à revisiter aussi l’histoire de Thésée, ce « héros » trop pressé dont les nombreux exploits cachent une fuite de toute exploration intérieure – et celle d’Europe, symbole d’une civilisation dont la vocation première est de se mettre en route vers son Orient. A l’heure d’une « construction de l’Europe », dont la finalité semble si obscure à certains, Annick de Souzenelle signe là l’un de ses livres les plus engagés, et nous appelle à retrouver, le sens profond de notre double héritage, celui d’Athènes comme celui de Jérusalem. »
Merci pour vos commentaires 🙂 Cela me motive pour continuer en ce sens. Si vous avez aime, n’hesitez pas a jetter un coup d’oeil a la rubrique « Contes Cruels » sur mon blog: http://pmalosse.over-blog.com/
Et desole pour les fautes d’orthographe, je ne me relis pas assez serieusement.
la suite, la suite…
Cela m’a fait penser au loup des steppes de Hermann Hesse, je sais pas pourquoi…mais bon j’ai vraiment envie de lire la suite !
svp Paskov !!!
bonne soirée
Le pire avec les mondes virtuels, c’est que les gens n’essayent même pas d’y être heureux. Tout ce qu’ils sont capables de faire, c’est d’y recréer leur merde quotidienne…
@ l’Enfoiré,
sur le fond je partage votre avis : nous manquons vraiment (d’ébauches) de solutions, visions… pour les temps qui viennent.
Mais Monsieur Jorion ne peut pas TOUT faire non plus.
Lui et Monsieur Leclerc oeuvrent -ô combien- à nous tenir INFORMES.
Tous les intervenants et lecteurs de ce blog -et Dieu sait si ils sont nombreux et plein de ressources- peuvent aussi accomplir ce travail de réflexion, de recherche
de cogitation…….. afin de trouver des « solutions ».
Attendre que quelqu’un les apporte, n’est-ce pas se complaire dans la passivité?
Une passivité qui ne nous a pas vraiment réussi…
On ne trouvera peut-être pas LA solution miracle mais on se réappropriera notre potentiel d’action …
C’était ma petite réflexion à moi 🙂
Laurence,
« Monsieur Jorion ne peut pas TOUT faire non plus »
Absolument.
Je vous répond ainsi parce que ma mauvaise humeur est passée. :-))
Il faut informer quand on a de l’information. Si je ne la considérait pas intéressante, j’aurais déjà plier bagage vers un autre horizon.
Nous sommes ici, c’est très vrai pour chercher des solutions ensembles, pas à nous enterrer ensemble.
Vous verrez demain, mon prochain article sortira sur mon blog. Il ouvrira la porte à d’autres réflexions, vers d’autres visions.
Je ne suis ni économiste, ni anthropologue, juste un citoyen lambda qui réfléchit et qui a le temps de le faire.
Bonne journée à tous,
Savent-ils qu’ils vont mourir ? Ils n’en ont pas l’air non plus. Ces questions ont été évacuées du social, et individuellement j’en sais rien. Tout le monde se comporte avec une assurance comme si… Carpe diem comme ils disent. Sorte d’identification au phylon, à l’espèce…
Merci pour le filon.
Hé hé…
On plonge dans un sujet « tabou »… alors que personne n’est ressorti vivant de l’expérience de la vie.
Voyez, messieurs dames, à quel point il est difficile de parler de la mort depuis que les religions sont devenues si réduites en pouvoir dans nos sociétés modernes.
Jadis, on ne mourrait pas. Au moins, on se retrouvait quelque part et des religions vous affirmaient que vous revenions sur terre.
Le dialogue entre humains face à la mort était plus simple et moins maladroit… Tout était même codifié et le comportement dicté. Là, c’est plus le cas. Faut improviser…
Bon, sinon, les religions vivent sur la peur de la mort. Mais c’est tout à leur honneur… Le commerce rapporte.
» Bon, sinon, les religions vivent sur la peur de la mort. Mais c’est tout à leur honneur… Le commerce rapporte »
Tout le monde vit sur la peur de quelque chose les gens du socialisme sur la peur du capitalisme, les gens du capitalisme sur la peur du socialisme, les gens de l’athéisme sur la peur du religieux tous dans le même sac vite fait et emballé, etc bref à chacun son fond de commerce.
Je dirais même plus que plus nous rechercherons à lutter radicalement contre le religieux surtout le religieux qui en a bien perdu la foi et plus paradoxalement les gens rechercheront à consommer davantage de toutes ces choses dans les grands supermarchés du monde … Comme quoi je me demande si la plupart des gens qui ont peur du religieux rendent réellement bien un service à l’humanité enfin comme nous avons pas encore tout vu de l’histoire, l’histoire nous le dira …
j’ai un ami : des études en lettres faites sans trop se presser pour profiter au maximum de cette période entre-deux ou on n’est plus un gamin et pas encore un adulte. puis le constat de l’état de délabrement du système scolaire dans lequel il aurait a passer 40 ans en tant que prof. l’arrêt de la fac. période d’introspection. finalement poussé vers la porte par les parents exaspérés et décision de prendre un « job ». alimentaire. en attendant…
mon ami a aujourd’hui un peu plus de 30 ans, le provisoire de sa situation s’installe dans la durée, il habite un minuscule studio au dernier étage (sans ascenseur, forcement) d’un vieil immeuble dans ce qu’on ose encore appeler un « quartier populaire » de paris. il paye 700€ de loyer (peut être plus) tout en gagnant un pauvre smic. il vend des vêtements aux gens branchés dans un quartier branché ; il s’habille branché, fréquente des gens branchés dans des endroits branchés. tout en étant financièrement constamment dans le rouge…
et c’est le prix à payer pour avoir droit à un peu de ce rêve étrange où on vous donne des invitations a des défilés de mode avec open bar et a des soirées VIP et ou par moments il côtoie l’élite de ce petit monde de paillettes… il sait très bien que la situation n’est pas tenable à long terme, mais quitter cet univers serait pour lui comme admettre qu’on a complètement échoué ; un petit appart en zone3, un job terne dans un centre commercial quelconque. plus d’étudiantes en stylisme à dévoyer (ou le contraire). plus d’open bar. juste un canapé. une télé. la mort lente…
alors, il fait comme tout ça n’existait pas, il a une capacité incroyable a parler de tout et de rien sur un ton léger et drôle pendant toute une soirée pour accaparer une fille avec laquelle il passera quelques nuits avant qu’elle ne rencontre quelqu’un d’autre. de toutes les façons dans ce milieu personne n’a envie de s’engager dans quelque chose de sérieux…
la crise, il sait. l’absurdité de la situation, il est en plein dedans. mais la fin de ce monde il l’attendra à la terrasse d’un café en sirotant un mojito…
peut être un autre jour je vous parlerai d’autres de mes amis, toujours un peu plus de 30 ans, études d’ingé, dernier décile et propriétaires à crédit. monsieur passe ses frustrations dans les jeux vidéos, madame lit cosmo et marc levy… leur discussion tourne principalement autour de leur fille ou de leur nouvelle voiture/iphone/télé/ordinateur … ici la crise n’existe pas, les impasses civilisationnelles non plus, d’ailleurs la civilisation c’est chiant et de toutes façons la science trouvera les solutions…
lorsque le débat ici tournait autour de mai68, j’ai tenu ici des propos assez durs envers ces gens qui se présentaient comme nos libérateurs qui voulaient nous faire comprendre a quel point le monde était horrible avant leur petite révolution et à quel point leur apport à la civilisation était essentiel. je réitère : vous ne nous laissez rien, ni matériellement ni spirituellement, ne vous étonnez pas qu’on n’en fasse rien, on vous doit bien ça…
Oui en effet il y a tout dans votre commentaire : dépression, nombrilisme, désenchantement… une recette bien de chez nous à la sauce contemporaine.
La mort lente….. Et on aura pas vécu!
@ von der blob,
No comment.
@ von der blob
…vous ne nous laissez rien, ni matériellement ni spirituellement,…
Tous ceux qui ont trouvé qqchose de spirituel à leur existence, l’ont d’abord cherché.
Aucun ne l’a trouvé sur le coin d’une commode avec un petit mot d’explication.
Vous ne partez pas perdant, puisque vous faîtes très bien le constat d’un manque.
Amitiés pour votre jeunesse.
von der blob, les jeunes de 68 pensaient changer le monde. A tort ou à raison, je sais pas, mais en tous cas il lançaient des pavés sur les flics, comme tout bon jeune qui se respecte. Et là, quand vous nous parlez des jeunes de maintenant qui rêvent de cotoyer la jet-set ou de s’acheter le dernier i-pod, ben c’est plutôt eux qui dégoûtent.
« La confondante réalité des choses
Est ma découverte de tous les jours.
Chaque chose est ce qu’elle est
Et il est difficile d’expliquer à quiconque à quel point cela me réjouit,
Et à quel point cela me suffit. »
Fernando Pessoa, Poèmes païens (Alberto Caeiro, Poèmes désassemblésde),
Mon regard est net comme un tournesol.
J’ai l’habitude d’aller par les chemins,
jetant les yeux de droite et de gauche,
mais en arrière aussi de temps en temps…
Et ce que je vois à chaque instant
est-ce que jamais auparavant je n’avais vu,
de quoi j’ai conscience parfaitement.
Je sais éprouver l’ébahissement
de l’enfant qui, dès sa naissance,
s’aviserait qu’il est né vraiment…
Je me sens né à chaque instant
à l’éternelle nouveauté du Monde…
Je crois au monde comme à une pâquerette,
parce que je le vois. Mais je ne pense pas à lui
parce que penser c’est ne pas comprendre…
Le Monde ne s’est pas fait pour que nous pensions à lui
(penser c’est avoir mal aux yeux)
mais pour que nous le regardions avec un sentiment d’accord…
Moi je n’ai pas de philosophie : j’ai des sens…
Si je parle de la Nature, ce n’est pas que je sache ce qu’elle est,
mais parce que je l’aime, et je l’aime pour cette raison
que celui qui aime ne sait jamais ce qu’il aime,
ni ne sait pourquoi il aime, ni ce que c’est qu’aimer…
Aimer, c’est l’innocence éternelle,
et l’unique innocence est de ne pas penser.
(Pessoa. Le gardien de troupeaux)
Pablo75, merci, « Dans la forêt de l’absence » Fernando Pessoa dit que l’ intelligence ne nous sert finalement qu’à ériger en systèmes « ce qui pour les animaux consiste à dormir au soleil ».
et Eric Chevillard, in « Sans l’orang-outan »:
« Parce que vous imaginiez sans doute que le monde allait rester le même ainsi décapité, tandis que roulait par-dessus bord le crâne de l’orang-outan, son cerveau de 450 cm³, ses exceptionnelles ressources d’intelligence et d’imagination, que nous allions continuer à progresser avec le même allant dans la résolution des énigmes, à édifier avec la même sûreté les constructions philosophiques sur quoi se fondent la sagesse des nations et, individuellement, la conduite éclairée d’une vie bien comprise ?
bonne journée!
Très intéressant le blog de Eric Chevillard, écrivain que je ne connaissais pas:
« Et pourquoi aurions-nous le creux de l’oreille en forme de trou de serrure si ce n’est pour écouter aux portes? »
« Si j’ai pu m’éloigner de Dieu, c’est donc bien qu’il y a des brèches dans son omniprésence. »
« Nous pouvons mourir à chaque instant et pourtant cela ne nous arrive en somme que bien rarement. »
« Le bon photographe se distingue des autres hommes en cela seulement : il n’a pas oublié son appareil-photo. »
« Comment un petit train de mots franchirait-il l’abîme qui sépare ma bouche de ton oreille ? »
http://l-autofictif.over-blog.com/
Merci à vous pour cette découverte.
Le provincial qui se rend à Paris contemple le monde différemment. Je vois et vis cela ces jours sur le terrain occupé par ma fille ici depuis cinq ans où elle parcourt professionnellement le 9 3, se ressource historiquement dans le 75, retrouve le vert dans le 60, et toujours revient au 06.
C’est un autre regard !
Qui est porté par Paul Jorion sur la Finance.
Par les US :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/06/05/washington-a-la-conquete-du-9-3_1368266_3224.html
Et plus modestement en travaillant sur le terrain pour défendre le droit des femmes
Une chanson de Tryo qui colle bien au ton de l’article…
http://www.youtube.com/watch?v=Q1UBPRfCmaA&feature=related
Pour Un Flirt Avec La Crise
Interprété par Tryo
Usée, laminée la populace se hisse
On est lourd de cernes mais la foule se glisse
Dans un couloir de métro
Les yeux rivés sur l’aiguille à regarder passer le temps
Qui se faufile comme une anguille
Et ne cesse de te mettre dans le vent…
Tu finiras cul et chemise
Dans ton flirt avec la crise !
Abattu, crevé, le dos courbé par ton horaire
Tu ne sais plus quoi faire pour te distraire
Grincement du métro le train est à l’approche
C’est le mouvement de foule
Qui te noie comme la houle
Tu cours sans y penser le temps t’est compté
Chaque minute de gagner est comme un chèque
Bien encaissé !
Tu finiras par lacher prise
Dans ton flirt avec la crise !
Envolé d’un courant d’air
Ecrasé la gueule par terre
On est toujours a bout de souffle
A bout de nerfs
Dans sa multimationale blindée mondialisée
L’homme actif de nos tendres années
c’est le technocrate de son métier
Qui a écrasé ses millions de partenaires
Qui a écrasé nos vendeurs de réverbères
Qui fait du gringue à sa secrétaire
Et qui se retient pendant la prière…
Qui pratiquera son art de la maitrise
Comment profiter de la crise
Comment profiter des petites entreprises
Dans son flirt avec la crise
Elle est plus forte que toi la crise…
« il y a deux possibilités, ou bien c’est nous qui rêvons avec nos longues dissertations sur la crise et la fin d’un monde, ou bien ce sont eux, ceux que l’on voit là, qui poursuivent un rêve : le rêve d’un monde qui en réalité a cessé d’exister. »
Ils n’ont pas pris la pillule bleue…. : « Au début nous avions fait une matrice ou tout les gens étaient heureux, mais cela a échoué lamentablement, il fallait des inégalités pour que la matrice fonctionne »
Sérieusement, je me suis posé la même question…et puis je me suis dit qu’il fallait en profiter avant de ne plus pouvoir le faire…Je dépense donc une partie du trésor de guerre, mis de coté pour acheter mon logement lorsque les prix seront abordables, pour me faire plaisir………et ça va franchement mieux! Rien de tel qu’un petit voyage, une soirée entre amis, une pièce de théatre pour oublier les turpitudes du monde.
Les hommes dansent chantent rient pour oublier leurs conditions depuis la nuit des temps!! Les grands de ce monde le savent dailleurs très bien.
Commode pratiquait bien pour assoir son pouvoir : »du pain, du vin, des jeux »
Et on crois vivre, alors qu’on cherche à l’oublier!
pour les amateurs de sf ,dans la série « la quatrieme » dimension (twilight zone) l’épisode « willoughby » est une variation intéressante de ce film .
et si la conscience n’était qu’une vibration du vide ?
ne sommes nous que le rêve d’un rêve ?
Zhuangzi et le papillon
Un jour, le philosophe Zhuangzi s’endormit dans un jardin fleuri, et fit un rêve. Il rêva qu’il était un très beau papillon. Le papillon vola çà et là jusqu’à l’épuisement ; puis, il s’endormit à son tour. Le papillon fit un rêve aussi. Il rêva qu’il était Zhuangzi. À cet instant, Zhuangzi se réveilla. Il ne savait point s’il était, maintenant, le véritable Zhuangzi ou bien le Zhuangzi du rêve du papillon. Il ne savait pas non plus si c’était lui qui avait rêvé du papillon, ou le papillon qui avait rêvé de lui.
Quand on nous enseigne l’histoire ,et que l’on se demande a quoi bon ,il y a toujours quelqu’un pour dire ; » pour que cela ne ce reproduise pas »
Pourtant , s’il y a une chose dont je suis convaincu , c’est qu’elle ne fait que se repeter….
l’esprit humain n’evolue pas , et les memes causes produisent les memes effets…
@ Philippe54,
si un jour il ne nous reste qu’un canapé (surtout pas de télé),
peut-être prendrons-nous le temps de penser.
Alors nous aurons gagné.
Je comprends ce sentiment d’étrangeté, ce gouffre qui se creuse entre ce que nous savons de la crise et l’inertie quasi générale.
Paul a mis à jour les points névralgiques du système sur lesquels il faut agir pour précipiter — comme on précipite une solution chimique — sa mutation. Je les rappelle : interdire les paris sur les fluctuations de prix, interdire les stock-options, instaurer un nouveau système financier similaire au Bancor. Et aussi repenser la fiscalité. De prime abord on pourrait penser qu’il ne manque que les bons relais et la volonté pour faire aboutir ces mesures. Mais est-ce seulement une question de relais en tant que tels ?
Il y a les partis et les syndicats, les ONG, autant d’instances médiatrices qui aiguillonnent l’action individuelle vers l’action collective. Mais aucune de ces instances n’assument un discours universel, soit que les propositions d’action sont sectorielles ou dépolitisées (ONG), soit que les propositions d’action se bornent à des programmes politiques nationaux, lesquels ont le triste inconvénient de répondre à des impératifs électoraux si bien qu’ils perdent en route toute radicalité.
Il y a comme un chaînon manquant entre le monde de l’action dans lequel chacun est capable de se projeter et l’analyse systémique et ses remèdes. Cette dernière n’a pas de figure politique reconnaissable. L’analyse systémique demeure une abstraction sauf pour tous ceux qui ont facilité justement à faire le lien entre abstraction et réalité.
Est-ce parce que l’analyse systémique et ses remèdes est en l’état encore incomplète pour constituer le solide point d’appui sur lequel construire le monde de demain, ou bien lui manque-t-il une articulation avec le politique pour lui donner une figure plus mobilisatrice ?
Sur le fond Paul articule les deux puisqu’il a pensé la nécessité d’une constitution pour l’économie, toute constitution authentique ne pouvant qu’émaner d’une volonté populaire.
Le problème majeur, me semble-t-il, c’est qu’il manque un discours qui articule réalité sociale triviale et nécessité de la visée d’un nouvel universel, seule façon de décoller de cette réalité qui nous englue. C’est à cette condition seulement qu’il sera possible de mobiliser à la hauteur des enjeux et des périls.
Cela suppose un nouveau type de discours politique qui fasse franchement le deuil de notre monde agonisant tout en proposant des perspectives pour le monde de demain avec des décisions à prendre urgemment à la clé. La vraie rupture cela serait cela. Pour l’heure les décideurs ne sont capables que de proposer du sang et des larmes, un discours en somme sacrificiel, qui bouche l’horizon de toute transformation sociale. Les politiques eux-mêmes n’ont pas compris qu’ils sont dans la voiture balai de l’Histoire. Que s’ils veulent un tant soi peu changer son cours, ils doivent viser à nouveau l’universel.
Il faut donc pouvoir concilier, intégrer dans une même démarche, voire une même théorie, les deux sentiments récurrents que génèrent la crise, à savoir les sentiments alarmistes, voire dépressifs, et le sentiment réjouissant que cette crise loin d’être la fin de tout est l’occasion pour repartir dès maintenant, dans nos vies, sur des nouvelles bases. Ne dit-on pas la force du désespoir.
Très juste… et si justement exprimé.
Peut-être est-ce idiot mais je propose un truc : dire NON.
C’est un tout petit mot, un son bref.
Vite écrit.
Vite dit. Mais il change tout.
Pour faire court je comprends ce que vous voulez dire, j’en fais souvent la même observation au quotidien c’est peut-être le beau monde médiatique qui entretient beaucoup cette illusion dans les esprits, pourvu que ça dure alors le plus longtemps possible à l’antenne, c’est surtout une réalité contre une autre et bien évidemment la votre est beaucoup moins objective que la leur ou celle de ceux qui en subissent le moins les méfaits dramatiques au quotidien.
C’est peut-être aussi en cela que le monde court tout droit à la destruction enfin n’en rajoutons pas non plus une couche les marchés et les dirigeants du monde s’occupent déjà tant bien de cela les premiers.
« (…) il y a deux possibilités, ou bien c’est nous qui rêvons avec nos longues dissertations sur la crise et la fin d’un monde, ou bien ce sont eux, ceux que l’on voit là, qui poursuivent un rêve : le rêve d’un monde qui en réalité a cessé d’exister (…) »
Il y a peut-être une troisième possibilité : vous ne regardez pas au bon endroit !
Si vous vous égarez en banlieue parisienne (pas dans la chic, dans l’autre), comme cela m’est arrivé récemment, vous verrez des citoyens qui ne rêvent plus depuis longtemps. A 15 minutes du périphérique leur vie est dure et ils le portent sur eux.
Une année au smic à Stains pour tous les politiques et pour tous les Friedmann de la terre, voilà une expérience qui ferait avancer la réforme de la finance.
PS : Paul, si vous avez le temps, je peux vous emmenez faire un tour aux portes de la capitale
Important à souligner ça Manu.
J’ai 35ans bientôt, et je commence seulement à me relever de la galère dans laquelle je suis né… J’oublie déjà qu’à 15 ans, je rêvais qu’un gars avec du pognon me prenne en pitié et m’offre des vêtements, juste par compassion. J’espérai un miracle pour me hisser hors du 1/4 monde.
Dieu sais que j’ai bien galéré, bien porté ma croix.
A l’ado, je rêvais de méchantes choses dramatiques tellement je me sentais prisonnier et victime de ce système, un haine farouche, et le sentiment d’isolement, d’etre le seul à me soucier de la souffrance engendrée par ce système, c’était tellement extrême que je n’entrevoyais pas de vivre au delà de 20-25 ans.
J’ai fini par m’inspirer des gens qui mourraient de faim, et qui s’accrochaient quand même à la vie. Après tout, pourquoi pas rester au cas ou, de toute façon je n’avais tellement rien à perdre, j’étais tellement désenchanté par le monde qu’il ne pouvait pas me faire plus mal.
Depuis j’ai compris bien des choses en plus, découvert la sagesse, j’ai réussi des études il y a peu, j’ai enfin un boulot mais je suis tellement habitué à vivre avec peu que malgré que j’ai un salaire, je ne vis qu’à 2/3 de mes moyens. Je sais même pas quoi faire au juste avec ça, j’ai acheté une vache (et du terrain pour le foin qu’un ami a payé) au Rwanda récemment, par l’intermédiaire d’un ami dont les parents vivent là-bas et qui on choisi quelqu’un dans le besoin qui pouvait profiter de cet avantage.
J’ai bien envie d’avoir un p’tit coin sympa ou vivre, j’sais pas si je dois emprunter maintenant, ou plutôt mettre mes économies dans un valeur refuge comme l’or, et d’attendre de voir la suite pour ne pas risquer d’être tenu par les … par une banque si ma situation venait à changer, j’en ai eu l’habitude de ces changement durant mes 10 premières années professionnelles!
Au delà de tout ces aspects terre à terre, je suis très heureux dans la vie, c’est mon trésor ça, personne ne peut me le prendre. Je m’occupe de personnes qui ont besoin de moi au boulot, j’aime ma famille et mes amis, ainsi que mon voisinage. J’ai une passion pour la nature, je suis en train de tester un moyen pour éradiquer la renouée du Japon qui commence à proliférer sur les rives de la rivière près de chez moi que j’ai découverte il y a à peine un mois. (J’ai emménage l’année passée) Bref je m’épanouis et joue mon rôle avec dévouement, parce que j’aime la vie et j’ai décidé de lutter à ses cotés, partout ou je serais amené à agir, dans la mesure de mes moyens, mais avec toute ma volonté.
Houla, j’avais besoin de m’épancher ce soir… Stop, il est bon!
Portez vous bien et bonne route, surtout toi qui a tout lu, c’est sympa 😉
B S,
« éradiquer » !!!
@ BS,
ca fait plaisir de lire votre témoingnage! Belle route à vous.
Euh… restez qd même dans les parages, merci 😉
@ Manuel,
On constate la même chose, ci-dessus, avec Pablo75:
http://www.pauljorion.com/blog/?p=12739#comment-85383
PS: je crois au contraire que Paul Jorion regardait au bon endroit ce jour-là, et il m’étonnerait qu’il n’ait jamais mis les pieds « au-delà du périph’ » (titre du documentaire de B. Tavernier, dans la cité des Grands Pêchers de Montreuil, en 1998).
@ Fab,
Surpris aussi par ce terme, j’ai tapé « renouée du japon » sur le moteur de recherche. Edifiant: lorsque cette jolie plante s’installe quelque part, il semble difficile ensuite de renouer avec la biodiversité!
@ BS,
Bonne route aussi à vous.
Merci Laurence, je profite de l’occasion pour vous dire que j’apprécie de lire vos interventions pleines de bienveillance. 🙂
Fab je suis désolé mais je ne parvient pas à me fixer sur un sens précis à donner à votre message. Pouvez vous en dire un p’tit peu plus pour que je puisse mieux cerner votre point de vue? Merci
B S,
C’est vrai que c’était un peu court, mais j’ai un peu de mal avec ce verbe. Certes cette plante est envahissante, elle n’en demeure pas moins un être vivant !
http://fr.wikipedia.org/wiki/Renou%C3%A9e_du_Japon#Utilisations
Il y a malheureusement de nombreuses espèces qui ont disparu, emportant leurs « secrets » et remèdes.
Symbiose, priez pour nous !
Ha je comprend alors Fab, cette compassion pour les plantes vous honore. 🙂
Je la partage, j’apprend à reconnaitre les plantes médicinales, c’est dans ce cadre d’ailleurs que je tente à mon échelle de lutter contre l’invasion de la renouée sur ces rives riches en plantes simples mais précieuses. En effet, elle détruit 99% des plantes indigènes là ou elle s’installe, ainsi que tout l’éco-système qui en dépend.
Bref, quoi qu’il en soit, je respecte votre point de vue, mais comprenez que de mon coté, j’agis en mon âme et conscience, je fais ce qui me semble être le mieux à faire. Pareil que vous je suis sur! 😉
Portez vous bien et merci d’avoir pris le temps de discuter avec moi, je reste à votre disposition 🙂
Seriez-vous tout simplement sur le pont supérieur du Titanic, entouré d’un bel orchestre et d’un luxe de circonstance…mais votre cerveau ressent la dissonance…vous n’êtes tout simplement pas dans votre bocal habituel… la réalité suit son cours… si j’osais, et chacun traduira selon son back-ground perso, j’ajouterai, suite à votre passage à Zermatt: « pardonnez-leur…ils ne savent peut-être pas ce qu’ils font »
Bonjour,
Le passé n’existe plus, le futur pas encnore, seul le présent est bien là, comme vous répondrez peut être un quidam bouddhiste ! Et puis si l’avenir est vraiment si noir, alors il est urgent de profiter des quelques bonnes petites choses de la vie. Comme d’être ensemble, entre amis, sur une terasse au soleil. Merci en tous les cas pour votre blog, et vos réflexions qui ont l’air d’avoir de l’influence si on en croit les récentes prises de positions d’Angela et Nicolas.
Un francais en Suède,
Etienne
A quel heure se couche le soleil ?
Les suédois sont ils aussi pessimistes que les mangeurs de grenouilles et apparentés ?
Etienne,
Un Bruxellois à Bruxelles, dit exactement la même chose. 🙂
@ Piotr,
Vous voulez dire pessimistes sur l’horaire de coucher du soleil?
Moi je reste optimiste; je me suis laissé dire que jusqu’au 21 juin le marché des minutes de soleil est à la hausse (à suivre).
Pour répondre à la question, non, absolument pas, les Suédois ne sont pas particulièrement pessimistes, e beaucoup moins que les Francais. Pour l’anecdote des études ont montré que les Suédois au contraire des Francais sont d’une nature moins inquiête en général par rapport à l’avneir. La question du pessimisme ne se posent peut être que pour ceux et celles qui se préoccupent de l’avenir. Pour le moment les Suédois comme tous les ans, à la même période, célèbrent la sortie de l’hiver, et profitent d’une denrée gratuite, et pourtant rare, le soleil, qui se couche en juin sur Stockholm vers les dix heures.
Un francais en Suède,
Etienne
http://blogs.lexpress.fr/attali/2010/05/eloge-du-pessimisme.php
Je me suis fait exactement la même réflexion samedi soir à Paris alors que je me préparais à un pic-nic sur les quais de Seine, en passant par le quartier latin envahi par les gens, dont beaucoup étaient attablés dans les bars et restaurants.
Il y a plusieurs explications : c’est un quartier riche et il y a beaucoup de touristes. La crise n’a pas encore frappée ici et ces gens là en particulier. Il y a aussi l’insouciance pour échapper à la peur. Et il y a aussi la vie tout simplement. Moi même le réaliste froid qui traîne souvent sa lucidité comme un boulet, j’allais passer un moment agréable ce soir là…
Les gens réagiront quand le tremblement de terre aura eu lieu. Au fond de moi, j’ai toujours pensé qu’il était quasiment impossible de lutter contre l’inertie d’une société, même si je me refuse d’attendre la catastrophe (qui est quasiment inéluctable si on ne change pas drastiquement certaines choses) sans essayer à mon modeste niveau de faire en sorte que certaines consciences s’éveillent. Mais je le fais plus par principe et pour me regarder dans la glace sans trop de dégoût, que par véritable espoir d’arriver à mes fins…Peut-être aussi parce que je ne peux pas faire autrement…
Vous avez raison en attendant la catastrophe d’aller pique niquer sur du goudron…..
Non non, c’était sur l’herbe. En revanche, ce n’était pas franchement intime. Cela dit dans ce genre de soirée, tout comme dans les festivals de musique par exemple, il y a souvent une ambiance assez fraternelles, artificielle ou non, je ne sais pas vraiment, mais au moins pendant un moment, les gens oublient un peu la compétition. Il faudrait trouver le moyen de prolonger cet état (sans psychotrope de préférence)…
Je regarde tous ces gens assis à des terrasses, toute cette foule bruyante, comme si de rien n’était, et je me dis : il y a deux possibilités, ou bien c’est nous qui rêvons avec nos longues dissertations sur la crise et la fin d’un monde, ou bien ce sont eux, ceux que l’on voit là, qui poursuivent un rêve : le rêve d’un monde qui en réalité a cessé d’exister. Et la réponse me vient : c’est comme dans « Un soir, un train ».
Il y a une troisième possibilité monsieur Jorion, tous ces gens comme vous dites ont peut être vaguement conscience que nous sommes dans un navire qui prend l’eau, mais ce n’est pas le Titanic que diable! Regardez tous nos gouvernants (et autres politiques d’ailleurs) qui s’agitent pour nous convaincre que la situation est sous contrôle (ou le sera avec eux autres).
Quant à d’autres qui se demandent ce qui les attend, et qui en ont peur, ils sont peut être aussi avec le sentiment de leur inutilité et de leur incapacité à agir sur le cours des choses.
J’ai commencé à lire les messages postés au dessus mais leur nombre m’a découragé de tout lire.
Je trouve que leurs auteurs se prélassent beaucoup dans la délectation morose, cela donne bonne conscience n’est ce pas ?
Alors que fait-on monsieur Jorion ? :
on remplace l’apéro géant par la gréve de la faim géante?
on ne paye plus nos impôts qui permettent à nos gouvernants d’aider leurs copains à gagner encore plus d’argent?
on arrête de faire des enfants?
… la liste est ouverte…
Je trouve votre billet bien pessimiste, mais peut-il en être autrement ce n’est pas sûr. Je le trouve surtout un tantinet méprisant et ça me gêne davantage car j’ai beaucoup de respect pour vous, quoique le ton d’un de vos billets récents en réponse à quelqu’un vous demandant que faire pour protéger non se petits enfants mais ses petites économies ne m’avait pas plu
Je vous salue
Oui, vous me l’avez déjà dit : reprocher une fascination pour l’argent est « méprisant » puisque les « gens ordinaires » sont selon vous tous victimes. Pour mon peuple à moi, l’argent est un moyen, pas une fin.
Bonne stratégie que cellle de se taper des tapas.
» Carpe diem » chantent les vieux quartiers de Paris .
PS : Apparement, en période crise aussi , « mieux vaut avoir la foi que les foies…. ».
Ceci dit, çà s’improvise pas .
C’est normal, la Bastille et ses retos est devenu un des repairs des bobos (bourgeois bohêmes). Ils adorent les tapas. Pour eux tout va encore bien.
Et voilà…humm … suffisait de le guetter , l’arc en ciel
http://www.20minutes.fr/article/576751/Economie-Sarkozy-et-Merkel-veulent-accelerer-la-regulation-financiere-en-Europe.php
Bonsoir à tous et bonsoir Paul,
Je ne connaissais pas ce film.
Il semble très triste et surtout traiter de l’incommunicabilité (sujet toujours d’actualité).
Je vous en recommande un autre qui vous irait mieux à mon sens (ainsi qu’à la petite communauté constituée autour de vous sur ce blog) :
Simple mortel de Pierre Jolivet (1991). 1h20 de pur plaisir sur un film devenu culte (et accessoirement introuvable – jamais diffusé).
Car derrière cette insouciance, il y a une nécessité : les sauver, même malgré « eux ».
Cordialement,
CM
Tapas
l’Espagne est le troisième producteur mondial de porcs élevés en batteries industrielles…..
La consommation de poisson bleues (sardines, thons, anchois) ne doit pas être supérieur à une fois par mois suivant les conseilles de la commission européenne adoc….. Présence élevée de métaux lourds et pesticides.
l’Espagne bénéficie de dérogation pour pêcher des poissons hors-mailles consommés en tapas…..
Le vin rouge est plein de sulfites et pesticides et vendangé par des esclaves….
Les producteurs d’huiles d’olives condamnés à de multiple reprise pour empoisonnement…. à l’anti-gel.
Et la caisse d’épargne en faillite vient de saisir la bodéga du tavernier garroté….
Euuuuh…….!!! J’peus pas bouffer mes tapas tranquille en regardant la corrida sud-africaine??!!!!!
Là Paul vous exagérez.
Dans vos 7 affirmations il n’y a qu’une et demie de vraie: les sulfites du vin rouge et les métaux lourds dans le thon (deux produits aussi français qu’espagnols).
Pour l’esclavage, je viens d’apprendre qu’étant étudiant, j’avais été esclave chez des vignerons pendant plusieurs saisons (je croyais m’être bien amusé et avoir touché un argent qui me permettait de voyager et d’acheter des livres toute l’année).
Quant à l’huile d’olive, ça fait 30 ans au moins qu’il y a eu l’affaire dont vous parlez et qui a été le seul.
Visiblement, vous n’avez pas la religion des faits, vous…
La vie est un match de foot-ball….
22 acteurs que nous avons choisi (élu)
40000 spectateurs qui n’ont aucune possibilité d’intervenir (mais qui se taperons dessus a la sortie du stade , pendant que les 22 acteurs deboucheront le champagne …)