Ce texte est un « article presslib’ » (*)
J’ai donc participé la semaine dernière à la première réunion du « Sommet de Zermatt » qui devrait se réunir dorénavant chaque année et qui, sous l’égide d’une « humanisation de la globalisation », vise à une moralisation de l’économie et en particulier, de la finance. J’ignore si les organisateurs étaient pleinement conscients de ce qu’ils faisaient en réunissant deux Cassandre notoires, Nouriel Roubini et moi-même, dans la table-ronde consacrée au thème : « La finance au service de l’économie ». Roubini a commenté les mesures en préparation aux États-Unis et en Europe, en disant : « Beaucoup trop peu, beaucoup trop tard ». J’ai parlé de mon côté d’« occasion historique manquée ». Un très faible espoir donc, chez l’un et chez l’autre, de remettre un jour la finance au service de l’économie.
Si l’on va un peu fouiner en coulisses, on découvre qu’un grand nombre d’organisateurs et d’invités ont un lien avec l’église catholique. Voilà qui n’est guère étonnant si l’on pense que les religions ont été de grandes productrices de systèmes éthiques et, s’il s’agit de tempérer la finance, certaines initiatives viendront certainement de là. Mais, ces religions, que comptent-elles à leur actif ? La plupart d’entre elles sont millénaires et ont eu amplement le temps de faire leurs preuves.
Moïse, on le sait a eu maille à partir avec les adorateurs du Veau d’Or. L’Islam a interdit le prêt à intérêt mais ferme les yeux pudiquement sur tous les détournements qui permettent de respecter la lettre de la prohibition tout en en bafouant l’esprit. Jésus-Christ a chassé les marchands du Temple mais ils furent bien prompts à y revenir – y compris dans les temples de la religion dont il fut lui-même à l’origine. L’encyclique « Rerum novarum » traite bien des thèmes du Sommet de Zermatt mais, publiée en 1891, elle ne date pas d’hier. Quant au protestantisme, Calvin lit dans la réussite personnelle – dont la réussite financière fait partie – le signe d’une approbation par Dieu de la manière dont chacun mène sa vie. On opère donc avec Calvin, un demi-tour complet par rapport à Aristote, qui voyait dans l’amour de l’argent, une sorte de maladie professionnelle propre aux marchands, une conséquence fâcheuse du fait qu’ils vivent, eux et leur famille, du profit qu’ils font dans la vente des marchandises. Ils sont donc excusables. Mais ne sont pas excusables les pères de famille qui chercheraient à accumuler la richesse. Leur bonheur est ailleurs, et d’une tout autre qualité.
Une des allocutions au sommet de Zermatt a été prononcée par un cardinal. Il a dit : bla, bla, bla, amour, bla, bla, bla, charité, bla, bla, bla, salut, etc. Une dame dans l’assemblée bouillait sur son siège en l’écoutant. Quand il a eu terminé, elle a bondi. Elle lui a dit : « Vous n’avez vraiment rien à mentionner de concret ! ». Il n’a pas su quoi répondre, et son silence était significatif : si les religions veulent renouer avec ce que j’ai appelé leur fonction historique de « productrices de systèmes éthiques », il est grand temps qu’elles passent la vitesse supérieure. L’histoire, elle, n’attend pas.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
225 réponses à “BFM Radio, lundi 7 juin à 10h46 – « Humaniser la globalisation »”
Le problème des religions n’est pas qu’elles n’aient « rien à mentionner de concret ». Là où la chose fait le plus mal, c’est qu’elles n’ont rien à mentionner d’abstrait non plus.
Je crois, comme d’autres avant moi que la religion a bien servi le Capital, en ce sens que si le dieu actuel invisible est le capital, son fils l’argent a bien pris le relais de la soumission et a réussi à aliéner les humains, parfois en simulant la chasse aux « faux » dieux
le probleme n’est peut être pas de faire une distinction entre Religieux et Non Religieux,
mais entre gens qui proposent et gens qui critiquent .
J’en ai rien a foutre du religieux , mais j’en ai encore plus rien a foutre de ceux
qui critiquent les religieux.
la question est :
comment fait on pour sauver nos gosses
comment fait on pour que tout le monde puisse vivre decemment
comment fait on pour ne pas etre psychiquement prisonniers de nos idées recus et de nos schemas errones , bref comment fait on pour s’elever au dessus de nous meme .
ca doit pas etre difficile , ON est tellement bas !!!
Le problème des préjugés , c’est qu’ils prétendent démontrer tout et son contraire.
Perceval
On se prends soi-même à bras-le corps, et on le fait soi-même, sans attendre qu’un autre,
ou que les autres montre l’exemple! examines à la loupe les croyances qui t’ont amené
ou tu es, changes-les! Crois en toi et en ton pouvoir de prendre ta vie en main! Crois en la
la force de la Vie en toi, et prends le tournant qui s’impose, sans résister! Les circonstances
te guiderons, si tu sais « voir », si tu acceptes de « voir »! Laisses-toi guider par ton intuition, et
n’ai plus peur!Sois certain que tout se passera bien, si tu te mets sur la longueur d’onde de
La Vie! Fais- le toi-même!
« Il a dit : bla, bla, bla, amour, bla, bla, bla, charité, bla, bla, bla, salut, etc. »
A noter que le concept on-ne-peut-plus chrétien de charité est une arnaque formidable (je ne vous l’ai pas déjà dit?)
La charité est fondée sur le principe hiérarchique du riche qui donne au pauvre. Le pauvre y gagne sa pitance, le riche déleste sa conscience mais l’ordre établi entre les deux est préservé. La charité ne propose pas une égale distribution des richesses, elle prend au contraire acte de son inégale répartition et propose d’y palier. Le cataplasme sur une jambe de bois par excellence.
cher dissonance,
Vous confondez charité et aumône !
La charité (carita) signifie « amour ».
En théologie catholique, la charité désigne la relation d’amour entre le créateur (Dieu) et la créature (chaque être humain).
La charité que vous décrivez est parfaitement perverse. Elle exclut totalement, radicalement et parfaitement un truc nommé amour du prochain. En ce sens, sous cette condition, vous avez raison. En plus, la charité que vous décrivez est un concept parfaitement moderne applicable à chaque relation commerciale.
Non, la charité est fondée sur l’amour du prochain. Il s’agit d’une aide désintéressée qui fondamentalement n’a rien à voir avec une hiérarchie.
Il y a ensuite un détournement de cet acte qui permet au possédant de soulager sa conscience sans remettre en cause sa position. Le notion de hiérarchie apparait alors de façon sous-jacente.
Mais à la base, la charité est une notion d’une force incroyable qui, débarrassée des bondieuseries de façade, devrait être la base de toute organisation sociale.
« En plus, la charité que vous décrivez est un concept parfaitement moderne applicable à chaque relation commerciale. »
Pardon…?
Pour manipuler des centaines de millions, si j’avais vu la moindre charité quelque part, je l’aurais remarqué..!!!!
Surtout dans un métier qui consiste à tuer celui qui veut vous tuer !! (autodéfense financière…)
Que Dissonance parle de charité (bien ordonnée commence par soi-même personnellement Je) ou d’aumône, le principe est exactement le même.
Pratiquez le bénévolat sans prosélitisme ou gloriole, nous en reparlerons ensuite.
Quand on veut jouer sur les mots… (ici je rejoins Jean-Luc, le fond/la forme)
En fait vous êtes tous d’accord : il s’agit de partager avec autrui.
@Jean-François
Moi le laïc, je prie pour que notre société ne soit jamais basée sur la charité, qui ne sert qu’à justifier et proroger les inégalités. Il n’est pas très étonnant que les néolibs y soient si attachés (on appelle ça la philanthropie notamment, avec pour illustres représentants, de grands humanistes comme Rockfeller, Carnegie et Guggenheim)…
SJA, DidierF, Jean François : alors la Charité c’est la Fraternité non ? Vive la République.
SJA a raison, mon P’tit Robert le confirme : « Dans le christianisme, Vertu théologale qui consiste dans l’amour de Dieu et du prochain en vue de Dieu. » .
@ Laurence
« il s’agit de partager avec autrui » : cela s’appelle la justice, pas la charité
@didier
vive la république fraternelle, tout à fait d’accord ! mais la charité au sens littéral, c’est encore plus fort ; c’est à mon sens inatteignable, en tout cas pour un non croyant comme moi.
@crapaud rouge
dans le TLF, on a cette définition, mais il y a aussi « Principe de lien spirituel, moral qui pousse à aimer de manière désintéressée », également « Amour surnaturel du prochain, des hommes entre eux, considérés comme fils d’un même Père », ou encore « Amour mutuel des hommes, considérés comme des semblables; humanité, philanthropie ».
Ha , je le savais bien !
Chacun , même chez les meilleurs , possède son domaine de cancritude !
Ici certains pêchent par leur méconnaissance de la culture chrétienne . Là , un évêque donne des signes concrets de méconnaissance de l’économie ( scandale que de rien proposer de concret à des experts , au grand d’une p’tite dame …St Fric , payez pour nous ! )
Dans un premier temps , afin de bien comprendre la nuance des mots en fonction de qui le « prof »ère ,
ecoutez , mes bien chers frères, reprenez après moi:
« Charité « dans le langage chrétien ?
Respirez, ceci se lit avec calme , comme une bise dans le couchant de notre humanité.
Sans faire le malin , si possible . Ceci décrit notre avenir .
http://rmitte.free.fr/bibliotheque/textes/charite.htm
@SJA et Crapeau rouge
« carita »… Vous voulez dire comme dans oeuvre caritative peut-être? Mais n’est-ce pas exactement ce que je décris?
@Tous
J’aurais du préciser dans mon commentaire initial que j’oppose la solidarité à la charité. La solidarité, contrairement à la charité, suggère un échange mutuel, et donc une mise à égalité face à la satisfaction des besoins, ce qui n’existe pas dans le caritatif. L’égalité s’opposant elle-même à la hiérarchie, la boucle est bouclée…
La charité de Dissonance est perverse. Ma réponse concernait sa charité. Bébert le Cancre nous renvoie à un maître de la question, un certain Paul, Saint Paul pour les intimes. Ecoutez le ! Je ne vois pas de lien entre la charité décrite par Dissonance et celle de Saint Paul.
Ma définition, et ce n’est qu’un avis personnel n’engageant qu’une seule personne et aujourd’hui, de la charité est l’exécution de tout acte d’amour à ma portée. Si vous trouvez ma définition insuffisante, je suis d’accord.
@DidierF
La différence entre la charité selon Dissonance et celle selon St Paul, c’est que l’une est constatable sur pièce dans la vie quotidienne par tout un chacun (n’avez vous pas été abordé par un bénévole des restos du cœur cet hiver, ou démarché par téléphone par je ne sais quelle autre organisation du même acabit?), tandis que l’autre appartienne dans le meilleur des cas à l’Histoire, dans le pire à la Mythologie…
La seule chose qui fasse perdurer le christianisme ainsi toute autre religion, c’est précisément la foi, autrement dit le choix d’y croire. Je suppose qu’il me faille donc préciser que je ne tente pas de convaincre les chrétiens de quoi que ce soit dans cette conversation, puisque eux ont déjà fait le choix de croire autre chose, mais au moins pourraient-ils me concéder que tous les participants de ce blog ne partagent pas ces convictions.
Cela me permet du même coup de répondre à Pierre-Yves D., dont j’ai lu le commentaire un peu plus bas:
« Partir du principe qu’il est des auditoires devant lesquels il ne faudrait pas s’exprimer, partager des convictions et des pensées argumentées, c’est plus le problème que la solution. S’il ne faut s’adresser qu’à des convaincus, on n’avance pas d’un pouce. »
Voici une approche un peu différente du problème:
« Prêcher » les convaincus est en fait systématiquement une perte de temps, que ceux-ci soient de votre avis ou au contraire, qu’ils ne le soient pas. Remémorez-vous par exemple la confrontation (pas si vieille que cela) entre P. Jorion et J.C. Casanova. Pouvez-vous imaginer que l’un parvienne jamais à convaincre l’autre de quoi que ce soit?
Ainsi, les seuls individus réceptifs aux développements d’un débat contradictoire sont les indécis, ceux qui n’ont pas encore choisi leur « camps ». C’est d’ailleurs une des leçons les mieux retenues par la sphère politique, qui campagne après campagne s’occupe au moins autant de proposer des idées susceptibles de gagner les faveurs d’un électorat qui n’est acquis à aucun parti, que de contenter sa base électorale propre. C’est d’ailleurs dans le subtil dosage de l’intérêt témoigné à chacune de ces populations que les élections se gagnent et se perdent.
De ce fait je répondrai à Pierre Yves D. Oui, mais non. Il y a effectivement des auditoires devant lesquels il est inutile de s’exprimer, en l’occurrence ceux qui ont déjà choisi de ne pas vous croire. Prêcher des convaincus oui, mais seulement ceux qui partagent votre opinion – Ça ne fait pas avancer les choses certes, mais au moins on y trouve un certain réconfort, pour ne pas dire de la jubilation.
@ tous, sur ce sujet de la charité et sur l’avenir de l’humanité…
La charité, ce me semble, implique un être dans le besoin et un autre qui ne l’est pas. A ce titre, elle implique une sorte de hiérarchie, et un don qui n’est pas un « cadeau » au sens où nous faisons un cadeau à un égal généralement, à un ami, ou par amour, filial ou autre.
Ce qui m’insupporte dans la charité, et dans cette sorte d »‘amour du prochain », c’est qu’elle implique la subordination de l’un à l’autre, et bien souvent l’indignité, voire la mendicité et l’aumône.
Toute société évoluée se doit de faire disparaître totalement la mendicité, les cours des miracles, sous peine de retomber en plein moyen âge.
En tant que femme, je dis vigoureusement, non, nous n’y retournerons pas!
J’espère que des milliards de femelles vont se lever, si les hommes ne le font, pour se défendre d’y retourner, au servage, à la mendicité et à la charité… et pourquoi pas à la peste, aux crécelles, au retour à la crasse et aux épidémies galopantes pendant qu’on y est…
Avec la charité, c’est le retour dans le temps assuré … je n’ai pas dit qu’il ne fallait pas éprouver de la compassion pour les hommes, mais justement, cette attitude exige l’égalité de traitement, de façon à ne laisser personne dans l’abandon et la solitude. Ce n’est pas ce que fait ce système capitaliste. Il accroît sans cesse la solitude humaine et l’individualisme au lieu de renforcer la solidarité.
Je crois fermement que la seule solution humaine pour la planète et pour l’humanité est dans la libération totale des femmes du monde entier et dans leur accession libre à la contraception et à l’avortement libres et gratuits partout dans le monde. Internet pourra sans doute le réaliser, le populariser, si la Réaction ne l’empêche…
Je ne pense pas qu’une femme, sans le poids de l’ idéologie chrétienne ou religieuse quelle qu’elle soit, et des allocations accordés par les états sous emprise de cette même idéologie, ferait plus de deux ou 3 enfants…
De quoi résoudre les problèmes de surpopulation, de famines, de pollution, de production et de redistribution équitable sur tout le globe… enfin ce serait un répit pour l’être humain, dans la nature.
Les hommes (puisque c’est leur pouvoir qui domine, on ne peut le nier, même si des femmes les soutiennent, souvent celles qui en reçoivent des subsides…) doivent permettre absolument l’éducation des femmes dans tous les pays du monde, doivent lutter contre les religions qui les rendent serviles, et ainsi, ils commenceront à trouver le début d’une once de solution…
Seuls me semblent valeureux ceux qui se battent aujourd’hui entre autre pour cela.
@ bric à brac baroque
Ouf ! Votre incise au nom des femmes corrige ce que je lisais ailleurs comme des distractions.
Mais ce n’est pas tant le pouvoir des hommes qui domine mais le pouvoir de la propriété privée.
Il se trouve que la propriété privée est très majoritairement un attribut masculin sur terre. Comparez la clientèle des salles de marché à la City ou au NYSE et le marché aux victuailles. Clara Zetkin n’est pas Liliane Bettencourt et la hiérarchisation dialectique des antagonismes mérite d’être questionnée.
Alors que les « milliards de femelles » dont vous parlez (et au moins la distinction M/F a l’avantage d’un référentiel biologique de consensus), se rebellent donc et mettent en déroute ce qui les asservies propriété privée des hommes comme discours des religions. Il suffirait qu’elles votent presque partout à l’inverse de leur père, leur frère, leur mari !
« Homme » et « femme » sont des productions hautement théoriques du travail des savoirs et des avoirs, liées à la division du travail depuis la nuit des temps. Éducation, désarrimage de la fonction reproductrice, sont comme vous le dites essentiels. Mais le roc reste l’égalité de traitement. Il est inatteignable sans supprimer l’inégalité fabriquée par le pouvoir « d’achat » et sa transmission. La majorité des hommes traitent « leur » femme comme une propriété privée, et le discours des religions est déjà là pour contrôler notamment leur sexualité. Il y a du travail pour quelques générations.
@ A tous les émancipés,
Arrêtez tout ce bla,bla,bla sur la « charité ». Comment peut-on encore dépenser son énergie à discuter du sens de ce si beau mot, sur lequel il n’y a en fait rien à dire. L’intellectualisme et le féminisme me fatiguent…. assez de dégâts comme ça. Tournons la page, je vous prie! Nous sommes en 2010.
Synonymes de « charité » ( ds mon Dictionnaire des Synonymes – Les usuels du Robert), chercher le mot qui vous convient:
Bonté – Abnégation – Acceuil – Agrément – Altruisme – Amabilité – Amitié – Bénignité –
Bienfaisance – Bienveillance – Bonhomie – Clémence – Complaisance – Cordialité – Dévouement –
Douceur – Facilité d’humeur – Générosité – Gentillesse – Gracieuseté – Honnêté – Humanité – Indulgence – Magnanimité – Mansuétude – Miséricorde – Obligeance – Ouverture – Philanthropie – Pitié – Serviabilité – Sociabilité – Tendresse.
Comment a-t-on pu remettre en question les beaux mots? Voilà bien ce que je voudrais savoir.
@Anne
Vous avez opté pour une certaine vision du monde. Permettez que d’autres en aient une autre, et reconnaissez leur le même droit que le votre de l’exprimer. Merci.
C’est vrai. L’Eglise Catholique Romaine n’a, à ma connaissance, rien à dire sur les rapports d’argent, de forces et de tribunaux.
Elle met au centre cette présence d’un autre. Elle met au centre ce rapport à cet autre. Un mot incongru dans le monde moderne apparaît toujours à cet instant. Ce mot est « amour ». Sous ces cinq lettres, je me permets de voir une reconnaissance de cet autre, une attribution de valeur à ce dernier et un don de cette valeur à ce dernier par ma personne. Quand je réalise cela, je réalise un acte d’amour au sens chrétien du terme (toujours dans les limites de ma compréhension).
Cette idée rend une éthique des relations humaines possible. Dans le cadre de cette religion, cette éthique n’est pas produite. Elle découle de l’amour décrit pauvrement ci-dessus. Elle découle de la conscience de chaque croyant.
Tout cela est rigoureusement, parfaitement et totalement antinomique avec la société moderne. Tout cela est ridicule dans la société moderne. Tout cela est sur une planète totalement différente de celle de la société moderne. Tout cela est rejeté d’un haussement d’épaules car tout moderne sait que l’homme est un loup pour l’homme. Le reste relève des illusions ou du faire le « joli coeur ».
Donc l’Eglise n’a rien à dire à la société actuelle. Cette dernière ne veut rien entendre de l’Eglise.
Est-ce que vous ne dédouanez pas un peu vite l’Église Catholique Romaine de sa responsabilité dans ce qu’est la Société aujourd’hui ?
Vous parleriez de religion encore, votre propos pourrait être recevable. Mais dire de l’Eglise qu’elle n’est qu’amour alors même que le clergé s’est illustré par le culte de ses privilèges propres, c’est un peu abusé, comme on dit, non ?
Aujourd’hui, cet autre existe ; c’est l’argent !
@ didier F , pour parfaire sa connaissance :
Au contraire , l ‘église a beaucoup à dire sur l’ économie et certains savants le prêchent encore de nos jours ( voir » le principe de Mathieu « ).
Ici , la version pour les cancres :
http://vazimonga.over-blog.com/article-2981169.html
Là , la version sérieuse où il est dit que nul ne peut servir deux maitres .
Bref, chrétiennement parlant , quand l’argent devient idôle , il faut choisir.
http://www.regard.eu.org/0Bible.Segond/Matthieu6-10.html#6.24
Si je me souviens, il a été dit, ou au moins écrit : « Eh bien, rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu »
Par ailleurs, les marchands sont souvent pères de famille, même nombreuses parfois.
Est ce que les financiers sont des marchands comme les autres ?
La société actuelle n’est pas catholique. La société actuelle a rejeté l’Eglise. La société actuelle a choisi les rapports d’argent, de force et les jugements de tribunal pour réguler les relations humaines. Ne faites pas porter à l’Eglise ce dont elle est innocente. Elle a bien assez de fautes à se faire pardonner dans son passé sans la charger injustement.
Dans cette Eglise, le péché existe. Il est admis comme inévitable. On n’y est pas sauvé par ses mérites, mais parce qu’un autre vous fait miséricorde. Il y a admis que réaliser l’idéal d’amour décrit prend toute une vie dans le meilleur des cas. Le Diable y est aussi réel que Dieu.
Cette Eglise est faite d’hommes, d’humains avec toutes leurs faiblesses. Tous les reproches implicites ou explicites que vous lancez contre elle peuvent être justifiés. Aucun d’eux n’enlèvera à l’Eglise cet Autre, cet enseignement « Aime ton prochain comme toi même ». Ce n’est pas un commandement, juste une réalité pratique.
À cause de cela, elle a une chose que je vois rejeter avec horreur. Elle suppose que la personne en face de vous peut faire du bien. Elle suppose que cette personne vaut plus que ses actes et son histoire. Cette personne a une valeur qui dépasse tout ce qui est connu et visible. Cela n’est pas accepté. Sinon, la transcendance serait acceptée et Kant serait oublié. Il serait possible d’approcher les financiers et leur parler comme à des êtres humains pour chercher avec eux ce qui serait possible de faire. Ces derniers pourraient écouter l’avis de gens comme vous et moi. Dans ce monde, je ne vois pas comment appliquer cette idée.
Cette idée est difficile à mettre en pratique. Elle me paraît moins facile que ce que Guy Gilbert fait avec des assassins, des violeurs et des voleurs. Comparativement, ce dernier a beaucoup plus de moyens que l’Eglise entière. Guy Gilbert arrive à trouver des qualités chez des assassins et des violeurs. Il arrive à les faire pratiquer ces qualités et à s’appuyer sur elles pour qu’ils se construisent une vie digne de ce nom. Je pense que la tâche de Guy Gilbert est beaucoup plus simple que celle que le sommet de Zermatt s’est attribué.
Vous accusez l’Eglise de n’être qu’argent et privilèges. Soit. J’ai alors une question à vous poser :
Avec toute l’expérience et le savoir que l’Eglise a, selon vous (version accumulation argent et privilèges), accumulé au sujet de l’argent, qu’est ce qui pourrait servir à humaniser la mondialisation ?
Une autre formulation de la même question.
Qu’est ce qui dans l’expérience accumulée par l’Eglise au sujet de l’argent, qu’est ce qui pourrait servir à mettre un terme à l’extraterritorialité morale de la finance ?
Si j’ai raison, votre réponse tiendra dans un seul mot : rien.
Si vous refusez ces questions, je pense que ce sera sur la base de l’idée d’une Eglise responsable de la situation actuelle. Si j’ai raison, alors vous ne pourrez jamais approcher les financiers, vous ne pourrez jamais les convaincre qu’ils commettent de grosses fautes. Si j’ai raison, vous voyez en eux des êtres si mauvais, si stupides, si bornés, si rigides que c’est peine perdue. Si j’ai raison, il ne vous restera que la violence pour traiter les problèmes actuels. J’ai les plus grands doutes sur la valeur du résultat. Faites moi plaisir, prouvez moi que j’ai tort.
Quand vous répondrez, regardez aussi dans quelle mesure vous ne cédez pas à votre colère contre l’Eglise. Regardez aussi si vous n’êtes pas en train de faire flèche de tout bois pour appuyer votre idée de la réalité. Cela arrive incroyablement vite et à beaucoup de gens. Cela m’est arrivé dans la rédaction de cette réponse.
À cause de cette colère, j’ai failli rater le principe de Mathieu. Il est important. Je suis très mal renseigné sur toutes les réflexions à son sujet. C’est pourquoi je ne vois pas comment l’appliquer à la situation actuelle. C’est une condamnation claire et univoque de la soumission à l’argent. Il y a là une affirmation que l’argent est bon quand les relations humaines utilisent l’argent et mauvais dans le cas contraire. C’est très bien. Je l’adopte totalement et même sans réserve pour cause de confiance dans celui qui l’a énoncé. Seulement, je ne vois pas du tout comment le transposer à la crie européenne par exemple. Je ne vois pas non plus comment ce principe va respecter la miséricorde à accorder à celui qui se soumet à l’argent. Je ne vois pas comment ce principe pourrait être intégré dans un cours de macroéconomie. Je ne vois pas comment ce principe s’applique aux ordinateurs de Wall Street pratiquant le HFT. Bref, appliquer le principe de Mathieu à la finance mondialisée actuelle serai, à mon avis,t une excellente idée. Je ne vois pas du tout comment faire passer un tel principe dans un monde antinomique à l’Eglise que je connais.
Mais je suis d’accord que ce principe peut servir à humaniser la mondialisation. Il peut mettre fin à l’extraterritorialité morale de la finance. Il exige de chacun de choisir entre l’argent et Dieu. Pour les non-croyants, je dirais que le choix exigé est entre l’argent et les relations humaines. Est ce que ces dernières ne doivent être que des relations d’argent ? Selon ce principe de Mathieu, c’est une faute et elle est commise à très grande échelle. Est ce une raison pour égorger tous les financiers ? Le principe de la valeur de l’autre l’exclut. Alors que faire ?
Moi, je ne sais pas. Le principe de Mathieu est une très bonne idée. Mais comment l’appliquer ? Comment pourrait-il est rendu recevable par des non-chrétiens ? Si ces deux réponses étaient acquises, que signifierait appliquer le principe de Mathieu à la finance internationale ? Je ne sais pas.
@ didierF
Dieu appelle toujours en PCV .
Quand on ne veut pas de la communication , il y a comme de la friture sur la ligne , et on finit par n’entendre qu’un genre de « blablabla « .
L’évêque a surement voulu insister sur l’importance de l’ intention qui est au coeur de tout acte.
D’où un rappel aux fondamentaux » charité », « amour » .
Mais bon … erreur probable de communication , car quelqu’un qui a faim ne demande pas la recette mais de pouvoir manger le plat .
« Du concret ! » s’encoléra ( pour ne pas dire « pesta ») la bonne dame .
La colère a ceci de problématique qu’elle défoule , ose aborder de vrais problèmes, mais …
la colère coupe la communication.
J’imagine que l’évêque n’était pas jésuite sinon il lui aurait , tout simplement, retourné la question : « qu’est ce que vous appelez du « concret ? »
…………………………………………………………
Comment favoriser la mise en place d’un système qui éviterait la concentration des richesses , système actuel dont le problème majeur est de faire passer une masse de plus en plus importante de gens par la case crédit ?
Quelques pistes possibles que n’ a apparement pas évoqué l’évêque ( ha moins que Jorion ait piqué un roupillon pendant le sermon :-), çà arrive même aux meilleurs) :
« la réduction du temps de travail, l’essor de l’économie solidaire et la mise en oeuvre d’un revenu minimum garanti. »
http://www.alternatives-economiques.fr/humaniser-l-economie-jean-paul-marechal_fr_art_142_14831.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_sociale_et_solidaire
Bonjour,
Oui, comment humaniser lorsque le système des valeurs devient une non valeur ?
Voilà la question…
J’adhère absolument à vos remarques concernant le rapport entre l’argent et les religions du livre (monothéismes) : en tout point exact…
L’avenir nous appartient.
Cordialement,
En simplifiant, le message des évangiles porte sur deux points principaux (du moins ce que j’en ai compris ) :
1. l’amour du prochain, d’une manière exclusive et absolue au delà de notions de bien et de mal, ce qui englobe les notions de miséricorde, de charité et de désintéressement des choses matérielles,
2. la liberté de suivre ou non le message, en ce sens que devenir « chrétien » est du domaine de la responsabilité et de l’engagement individuels et non de l’endoctrinement collectif.
Il y a là une dualité (gauche / droite ? , mais ce serait un peu simple) difficile à tenir pour le commun des mortels : comment aimer son prochain quand il ne fait rien pour se faire aimer, comment volontairement, seul, se détacher des biens matériels ?
A partir de ces considérations, j’ai toujours été perplexe devant l’affichage « chrétien » de beaucoup de possédants et dirigeants. Soit hypocrite, soit tourmenté et sans doute culpabilisant en cas de foi réelle. Leur conscience peut rester nette tant qu’ils pensent que leur action est bénéfique pour « les pauvres » (ah ! la théorie du ruissellement), mais doit aujourd’hui être assez secouée.
La résolution de ce conflit passe à mon sens par une remise en cause radicale des valeurs qu’ils suivent depuis des générations.
Le co-organisateur de ce sommet, vice président de EcoPhilos à l’origine du sommet, est Nicolas Buttet. Voilà un avocat suisse, engagé politiquement, député, faisant partie de cette élite « chrétienne » qui un jour plaque tout, part en ermitage, se fait ordonner prêtre. Visiblement, il réussit dans son cheminement personnel à devenir authentiquement chrétien.
Il revient, fonde la Fraternité Eucharistein, qui se développe en plusieurs communautés (des accusations de dérives sectaires ont été portées). Parallèlement, il développe le centre d’études anthopologiques « Philanthropos » et participe à la fondation de Ecophilos.
Quel but exact suit-il ? Wassermann, président d’ecophilos et organisateur du sommet qui visiblement lui est très lié (membre d’Eucharistein ?) est-il frappé lui aussi d’un engagement religieux total, fait-il le pont entre ce milieu chrétien fondamentaliste et le monde chrétien policé de la finance et de l’industrie pour que passe le message authentique d’amour de l’homme ?
Ces gens-là, très certainement sincères dans leur foi et leur engagement, ont-ils les moyens de faire évoluer les valeurs du monde globalisé dans le bon sens ?
Mais d’un autre point de vue, n’est-il pas inquiétant que ce soit le fondamentalisme religieux, ce « renouveau charismatique » qui pointe son nez pour s’en charger ?
Reconnaissons au moins le mérite à M Wassermann d’avoir invité un laïc, matérialiste et non religieux comme Paul, ce que n’empêche d’ailleurs pas que Paul soit lui-même très spirituel. C’est avec des initiatives comme celle de Wasserman que le bouillon de culture du monde de demain trouve quelques ingrédients.
Si nous devons sortir de cette crise par le haut nous le devrons en partie aux efforts réciproques de ceux qui a priori ne sont pas du même bord.
Par delà les idées et les croyances de chacun il demeure un fond éthique irréductible qui permet justement que les esprits se rencontrent et finissent sur certains points par tomber d’accord, les évènements se chargeant de sceller les convergences possibles.
Il ne s’agit donc pas de mettre de l’eau dans son vin pour parvenir au consensus. Au contraire, c’est en restant intègre et rigoureux dans l’analyse face à des interlocuteurs que l’on respecte prend au sérieux que l’on a une chance qu’un jour peut-être votre interlocuteur se souvienne de vos vues. L’éthique c’est aussi cela.
Jean François , vous écrivez : « A partir de ces considérations, j’ai toujours été perplexe devant l’affichage « chrétien » de beaucoup de possédants et dirigeants. Soit hypocrite, soit tourmenté »
………..
Un monde en blanc ou en noir ne saurait refléter la complexité humaine .
Envisager la chrétienté sous sa phase finale qui est celle de la Miséricorde , c’est envisager une autre possibilité que celle de l’hypocrisie ou celle du tourment .
Celle de l’imperfection acceptée , dépassée , pardonnée.
Béber le Cancre,
J’aimerais être aussi cancre que Vous.
Joli oxymore ? 😉
Tout un programme…
Quand il a eu terminé, elle a bondi. Elle lui a dit : « Vous n’avez vraiment rien à mentionner de concret ! »
Concrètement, les religieux, profitant de la crise, sont venus vendre de l’opium au peuple.
Pas grave, 7 Août. Si, à dieu ne plaise, 🙂 les religieux devaient revenir nous servir leur soupe, il suffirait qu’une voie mystique s’élève pour qu’ils s’effondrent sur eux-mêmes. On découvrirait, par l’occasion, la raison pour laquelle l’adage alchimiste selon lequel il est bon que l’âne ne sache pas ce qu’il transporte, sera toujours pertinent.
J’écoutais, hier, une émission sur les expériences de mort imminente, en me disant que, sur le plan de l’interprétation, on avait à peine effleuré le sujet. La réserve ne manquera jamais.
En effet toutes ces personnes qui ont vécu une expérience de mort imminente parlent de révélations, de mystique sans religion d’un état qui a bouleversé leur façon d’aborder la vie.Une explication scientifique matérialiste satisfaisante des faits relatés n’existant pas je trouve le mystère bigrement passionnant, et je ne sais pas pourquoi mais plusieurs fois j’ai pensé qu’il y avait peut-être des liens avec certaines théories quantiques.
Si si il y a une explication matérialiste aux NDE.
Le système nerveux en cas de stress extrême « libérerait » des substances silmilaires à la psylocybine qui engendrerait un « voyage » similaire pour tous.
Pour Betov: Ok la tradition est transportée par les symboles même si ces derniers doivent rester un temps incompris.
L’important est qu’elle parvienne à destination.
Un code commun traverse les éons guénoniens.
Est-ce que l’on peut dire que les religions (particulièrement monothéistes et dominantes à l’heure actuelle sur la planète) sont des cercles fermés sans avenir pour l’humanité ?
J’aimerai me tromper.
De mon côté, je suis en train de décortiquer « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ». Déjà écrit deux texte susceptibles d’être publiés ici.
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec « charité = blabla » : au départ, charité = don = générosité, tout le contraire de l’égoïsme du protestantisme. (Qui ne réintroduira la charité qu’au XIXième.) A moitié d’accord avec « religion = production de systèmes éthiques » : c’est plus large que ça, une religion, c’est d’abord une représentation globale du monde. L’éthique n’en est qu’une conséquence.
La charité est un concept dépassé. La charité c’est accepter qu’il y ait des gens extrêmement démuni. Ces gens-là permettent aux plus aisés de se sentir bons quand ils donnent une pièce. Nous sommes tous quelque peu charitable. Donner 1 € à un sdf dans le métro par exemple. Certains (souvent de vieux messieurs imbus de leur personne) les traitent de fainéants, ça c’est méchant et déplacé…j’ai parfois des pulsions anarchistes et en y réfléchissant, j’ai de temps en temps envie de leur lancer : vous êtes nombreux à Paris, suffisamment pour vous réunir et brûler l’Élysée ! (après tout, ils n’ont rien à perdre…c’est un calcul totalement rationnel) Mais bon, mon côté charitable m’en empêche et ça me désole un peu…
Sauf que chez luther, calvin, … la charité ne sauve pas (car inaccessible). Chez les protestants, seule la foi sauve.
Pour l’idéologie anglosaxone dominante, la charité ne doit être recherchée. Ceci explique peut être cela.
J’avais fait un mémoire sur ce livre, il y a 15 ans. En fouillant dans les bibliothèques j’avais vu que l’interprétation de Weber de ce phénomène ne clôturait pas le débat… j’étais tombé sur le sujet de la contre-révolution catholique par exemple, qui aurait pu freiner l’essor du capitalisme dans ces régions…
A rapprocher de l’Histoire de la folie à l’âge classique de Foucoult, concernant la charité. La déraison de la raison faisait partie du tableau, dominé par l’image de la nef des fous…. Ainsi, même le fou avait sa place, rappelant que tout n’est que folie ici bas.
Monsieur Jorion,
Vous attendez de la religion catholique quelque chose qu’elle ne peut vous apporter.
La fonction historique de » productrices de systèmes éthiques » des religions est une lubie positiviste.
L’Eglise n’a qu’une fonction : Guider le peuple de Dieu au salut. Le résultat de cette action n’est pas visible en ce monde. Elle intervient dans la vie publique pour signaler lorsque les solutions proposées par les uns ou les autres éloignent du salut.
Attention, cette réflexion ne vaut que pour le catholicisme et l’orthodoxie. La plupart des autres religions ont pour but l’avènement d’un ordre terrestre voulu par Dieu. Dans ce cas alors en effet la religion joue le rôle de guide terrestre.
« La plupart des autres religions ont pour but l’avènement d’un ordre terrestre voulu par Dieu. »
Du tout. Les autres religions sont identiques dans leur but: sauver les âmes de la mort (la seule petite différence est pour le bouddhisme qui promet la mort et considère la vie sur Terre comme le problème à régler). Pour ce faire, il faut appliquer la volonté de Dieu sur Terre et cela vaut pour toutes les religions (catholicisme, protestantisme, islam, judaïsme, etc).
Comment peut-on dire sérieusement que le catholicisme n’a pas pour but l’avénement d’un ordre terrestre voulu par Dieu? Cela porte même un nom: la parousie. En attendant ce retour (forcément glorieux) du Christ, l’Eglise est en charge d’appliquer du mieux possible l’ordre divin sur Terre (c’est même sur cette base théologique que la royauté de droit divin et la société en trois ordres était justifiée).
Je ne suis pas persuadé qu’il faille attendre quelques choses des religions, et notamment de la religion catholique, elle a toujours été du côté des possédants.
Par exemple, rappelons-nous les félicitations et remerciements de Pie XII à destination de Franco, pour sa croisade victorieuse contre les républicains Espagnols. Remerciements bien relayés par l’opus dei et la conférence des évêques
Vous dites: »Je ne suis pas persuadé qu’il faille attendre quelques choses des religions, et notamment de la religion catholique, elle a toujours été du côté des possédants. »
Allez dire cela à Saint François d’Assise !
St François n’était-il pas un peu dissident ? Son idéal fut-il mis en pratique par l’Église ? Il me semble bien que son ordre fut un peu repris en main , après lui ?
désolé pour l’abus du verbe être .
je t’ fairai bien l’aumône d’une paire de lunettes … Abbé pierre , soeur Emmanuelle , çà te dit quelque chose ?
« Toujours du côté des possédants » qui disait …
Faut p
Il y a toutes sortes de Saints. Tous en en commun une grande humilité devant Dieu. C’est vrai, beaucoup étaient en opposition avec l’ordre ecclésial de leur temps.
Mais tous les saints sont en comunion dans l’Eglise (La communion des saints).
J’avais lu un article expliquant pourquoi les politiciens se réclamaitent de plus en plus comme croyants.
Mais pour retrouver cet article…
C’est pas gentil ça, tu nous mets l’eau à la bouche… Ca ne se mange pas, l’eau, je reste sur ma faim.
Désolé, Crapaud Rouge, je ne retrouve pas.
C’était un article sur Mariane qui venait d’un blog d’une politologue.
Les deux axes, à la fois d’exonération de responsabilité et de récupération de la dimension mystique était très bien analysés.
Je suis meilleur que ça en souvenir et recherche, d’habitude…
Dieu a du mal à compter ses fidèles, alors pour le reste…
Dieu est un peu comme l’auteur d’un blog qui ne modérerai pas son forum.
Au bout d’un moment, il ne vient même plus.
Un gros flemmard le mec. Ou la tête ailleurs vers des choses plus intéressantes.
Le problème du forum terrien, c’est que l’unité du point Godwin se compte en million de morts.
mais qui propose quoi que ce soit??
Sur la religion… et voilà Anne qui arrive…
Cher M. Jorion, il n’ y a pas de : « bla,bla, bla, amour, bla,bla,bla, charité, bla, bla, bla, salut, etc..
Il y a AMOUR, CHARITÉ, SALUT, et encore beaucoup d’autres mots… comme RESPECT…
A mon humble niveau, je dirais que le cardinal dont vous parlez n’a rien à annoncer de concret car, dommage que cette dame ne le sache pas, tout est dans la GRÂCE et la PROVIDENCE… j’adore ces mots dans lesquels resonne un lointain passé…
Et puis vous écrivez « Il n’a pas su quoi répondre, et son silence était significatif: si les religions veulent renouer avec ce que j’ai appelé leur fonction historique de « productrices de systèmes éthiques », il est grand temps qu’elles passent à la vitesse supérieure. L’histoire n’attend pas. ».
Je vais essayer de vous faire comprendre ce que je pense:
Dans le SILENCE réside l’éternité. Mieux vaudrait pour nous, pour nos enfants, ré-apprendre à nous plonger dans ce silence et écouter, de temps en temps, ce qu’il a à nous dire… Nous sortons d’une époque bruyante, bien plus, assourdissante. Plus personne ne semble s’écouter, plus personne ne prend le TEMPS d’écouter. Les médias nous bombardent de messages et d’images, le quotidien urbain, voitures, avions et autres en rajoutent… Plus le temps de se ré-approprier les bienfaits du SILENCE… Pauvre de nous, et je pense surtout à nos enfants.
Est-ce que les religions veulent (et devraient) renouer avec quelque chose? Là n’est pas leur fonction, elles sont LÀ, elles nous ont été données, construites sur des croyances ancestrales, serait-ce à nous de décider si il leur revient de renouer avec notre histoire? Mais non, restons humbles, c’est à nous de renouer avec elles et non l’inverse… et voilà, l’inversion des valeurs, une nouvelle fois…
M. Jorion, lorsque vous faites référence à « leur fonction historique de « productrices de systèmes éthiques », je ressens ce caractère matérialiste tellement moderne qui, à mon avis, dites-moi si je me trompe, n’est plus du tout ce dont nous avons besoin. J’espère que je m’exprime bien…
Enfin, cherchez-vous à provoquer lorsque vous écrivez « il est grand temps qu’elles passent à la vitesse supérieure »? Comme nous l’avons déjà dit, la notion de « vitesse » est dangereuse. Outre le silence, nous devons désormais aspirer à plus de LENTEUR, et ce pour ne pas perdre le contrôle de nos vies, surtout dans une société vieillissante et, de surcroît, en crise. Dans ma bibliothèque, ce livre de Carl Honoré attend d’être lu, « The international bestseller – In praise of SLOW – How a worldwide movement is challenging the cult of speed ». Attendre, savoir attendre…
A suivre…
Bien cordialement
Dommage pour toi, Anne, que les croyances et la religion, d’une part, et l’expérience mystique, d’autre part, n’aient rigoureusement aucun rapport, et soient même totalement incompatibles. L’expérience mystique est une expérience foncièrement individuelle et il est exclu de jamais pouvoir la partager. En rien. La religion et les croyances sont tout autre chose, qui relève de la dominance sociale et de rien d’autre, quoiqu’en pensent les malades qui croient que quelque chose qui n’existe pas existe.
D’autre part, en te faisant crédit d’une expérience authentique, dont je doute fortement, tu garderais le silence sur l’inexprimable, pour te concentrer sur la porte principale. Celle au-dessus de laquelle sont gravé les mots:
« Toi qui entre ici, abandonne tout espoir ».
Si tu ne comprend pas pour quelle raison l’espoir, même caché, serait encore d’un poids bien trop lourd, pour franchir le portail de la transparence, alors tu ne sais pas de quoi tu parles.
où ça?
http://www.metacafe.com/watch/3724148/what_is_religion_krishnamurti/
@ Betov
Merci pour cette réponse sympathique mais un peu confuse…
Pour moi, croyances, religion et mysticisme ne sont pas forcément incompatibles. Où allez-vous chercher cette incompatibilité? Ensuite vous parlez d’ »expérience mystique », ah bon, dans mon commentaire je ne crois pas avoir parlé de mystique… Pourquoi y faites-vous référence d’ailleurs?… Les mots respect, grâce, providence, silence, temps, lenteur vous interpellent-ils à ce point? Certes, certains ont disparu de notre vocabulaire d’individus modernes émancipés, mais oubliés ne veut pas dire qu’ils n’existent plus, les écrire dans ce blog les fait revivre, cela pourrait s’appeler remettre les pendules à l’heure… vous pouvez ne pas être d’accord, c’est votre droit!
Woua la bâche. Le cardinal , s’il lit ça, son Eminence va en avaler son goupillon.
Excellent « blabla, amour, blabla, charité ».
Je ne comprends pas cette expression « humaniser la globalisation » (on devrait dire mondialisation en français, le terme globalisation est un anglicisme). En tout cas : c’est ambivalent. Je le comprends de deux façons : on peut tout d’abord penser que humaniser la mondialisation c’est lui redonner une plus petite échelle et notamment réduire les échanges internationaux qui avaient crû trop vite ces trente dernières années. Donc ceux-là pensent que la mondialisation est allée trop loin et que continuer le mouvement c’est mettre en danger les état-nations et en quelque sorte mettre en péril nos droits et/ou nos aspirations démocratiques. D’autre part, humaniser la globalisation pour certains, c’est aller davantage dans ce processus (une meilleure intégration mondiale) mais avec une meilleure répartition des richesses notamment pour les producteurs locaux…en gros tout ce truc symbolisé par « le commerce équitable ». Je crois bien que ces deux points de vue sont injoignables.
Humaniser la globalisation, c’est un peu comme humaniser les prisons.
Dans les évangiles Jésus répond qu’il est inutile d’essayer d’amalgamer César et Dieu , l’argent et l’amour du prochain .
J’aurai aimé entendre ça:
C’est beau, mais il faudrait plus qu’un miracle pour que l’on entende un tel discours dans la bouche
de nos dirigeants !
« nous allons explorer ce qu’est la religion »:
Krishnamurti
http://www.youtube.com/watch?v=VMOvoalbp2s
L’éternel retour du même, c’est cela. Il m’a semblé que je parlais à travers Chaplin, si proche, en fait c’est l’universel qui parle travers nous, un certain universel, fait de bonté; Combien de fois j’ai pensé aux militaires exactement en ces termes. Combien de fois je dis toujours au gens que le pouvoir c’est vous ! la souveraineté réside en chacun de nous, et pas ailleurs, et si vous dites non, vous avez parfaitement le droit de le dire sans justification ! c’est non parce que vous ne le voulez pas, point final ! Le souverain n’a pas à se justifier. Et chacun de nous a cette dignité de souverain de ce pays, en tout cas.
Il y a une ouverture de Wagner ici en plus
hou, comme j’aime ce billet, amitiés Paul. 🙂
Humain…trop humain!?
En février dernier, le vaticaniste italien bien connu Paolo Rodari a publié un article très intéressant – et plus encore effrayant – sur la présence de satanistes au coeur même du Vatican.
http://www.osservatore-vaticano.org/article-don-gabriele-amorth-denonce-la-presence-de-satanistes-au-vatican-48598197.html
Je regrette deux erreurs dans ces réflexions: la première est méthodologique. Vous continuez à réfléchir en terme de systèmes, de structures alors qu’on vous parle personnes et de responsabilité. Combien de croyants, au nom de leur foi, sont des acteurs déterminés et actifs d’une autre mondialisation. C’est cela l’Eglise catholique. Deuxièmement une erreur de fond: croire que l’amour n’a rien à voir avec l’économie, c’est risquer la catastrophe. D’abord parce que, comme le relevait très justement Gandhi, c’est à l’attention que l’on accorde au plus pauvre, au plus démuni des citoyens que l’on juge de la qualité d’une démocratie. Ensuite, parce que, comme le relevait Aristote déjà, une société a certes besoin de la justice pour se développer. Mais sans la philia sans cet amour d’amitié, elle ne tiendra longtemps. Sommes-nous à ce point marqués par Marx et Kant que l’on puisse encore, en ce 21e siècle, adhérer intellectuellement aux raccourcis sociologiques (opium du peuple) ou éthique (agir par amour n’est pas éthique seul l’agir par devoir est éthique) qui sont incapables de répondre aux défis complexes de notre temps.
« Combien de croyants, au nom de leur foi, sont des acteurs déterminés et actifs d’une autre mondialisation. C’est cela l’Eglise catholique. »
Je suis athée. Option agressif en cas de prosélitisme. Vous dire si je regarde le résultat extérieure d’une organisation pour juger de ses actes.
Hors, il se trouve que parmi les 7 péchés capitaux, le catholisisme a trempé dans chacun d’entre eux.
Vous me direz que l’interdit est meilleur…
« Deuxièmement une erreur de fond: croire que l’amour n’a rien à voir avec l’économie, c’est risquer la catastrophe. D’abord parce que, comme le relevait très justement Gandhi, c’est à l’attention que l’on accorde au plus pauvre, au plus démuni des citoyens que l’on juge de la qualité d’une démocratie. »
http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2010/06/07/bhopal-huit-personnes-jugees-coupables-en-inde_1368660_3216.html
« Bhopal : huit personnes jugées coupables en Inde »
» les huit anciens dirigeants locaux de l’usine ont été condamnés lundi 7 juin à deux ans de prison et à 100 000 roupies d’amende (1 756 euros) »
Y’a que la foi qui sauve, sans doute.
dieu est mort ,l’argent est mort et les capitalistes ne se sentent plus très bien …
comment le pauvre petit cerveau archaïque du limité hominidé va pouvoir bien supporter cela ?
Ne faut il pas commencer par se hair lorsque l on doit s aimer?f.Nietzsche.
Dieu est mort et ressucité.
C’est Nietszche qui est mort et demeure mort. lol!
Paul,
Merci pour cette vision parallèle.
Roubini vient dont à Bruxelles le 9 juin.
J’espère qu’il aura l’occasion d’avoir des interlocuteurs aussi compétents que vous.
Je suis occupé de faire un résumé de ce qui s’est dit pendant le weekend dans notre journal local.
@ Paul Jorion,
Sur le sujet des religions, pour qu’elles renouent avec leur fonction historique de « productrices de systèmes éthiques ».
Lors de mon premier voyage en Pologne, j’avais été surpris en entrant dans le cimetière d’une petite ville de la banlieue de Lodz. Au bas de l’immense croix de bois qui marquait l’entrée, à hauteur d’homme, il y avait deux petits papiers collés:
Le premier, rouge et blanc, était le logo du syndicat ouvrier « Solidarnosc ». Aussi surprenant pour moi à l’époque que si j’avais vu le logo de la CGT sur une croix chrétienne.
L’autre papier collé était une photo en noir et blanc d’un homme jeune au regard franc. Une simple photo, sans aucun nom. Il me rappelait le visage d’une « rock-star » des années soixante.
Que faisaient ces deux choses sur le symbole de la passion du Christ?
J’ai demandé, avec mes trois mots de polonais, à une dame qui entrait au cimetière. Elle ne comprenait pas. J’ai alors pointé la photo. « Yègépopièwouchko » m’a dit la dame avant de continuer son chemin.
Yègépopièwouchko?… Trente secondes après j’avais remis des lettres sur la prononciation polonaise:…Jerzy Popieluszko, le prêtre martyr, l’âme du combat du syndicat Solidarnosc. Celui qui, en quelques homélies, a donné une impulsion immense qui aura fait tomber le « Mur », si l’on croit à un certain enchaînement des faits qui se sont succédés ensuite. C’était lui sur la photo.
Je pense à lui aujourd’hui car j’ai appris hier la nouvelle de sa béatification.
Les religions ont rompu avec leur fonction de productrices de systèmes éthiques. « Productrices de systèmes »: voilà les mots importants que vous nous dites.
En effet, les religions continuent à jongler avec l’ »éthique » à tout va. C’est le « blabla » que vous moquez plaisamment. Le même « blabla » que beaucoup d’hommes politiques. « Amour », « Charité », « Salut », ces mots valent autant que les « Démocratie », « Croissance » et « Progrès social » de nos curés laïques que vous avez dû aussi croiser à Zermatt. Des cautères sur une jambe de bois. De l’éthique, de l’éthique…
C’est le système qui manque.
Popieluszko avait choisi d’autres mots paraît-il. Dans sa paroisse de Stanislas Kostka, près de Varsovie, le jeune prêtre parlait à ses paroissiens de « résistance » plus que de « charité », il leur proposaient de ne plus courber le dos, de lutter contre un système qui les tenaient en esclavage. Il leur parlait d’un « salut » sur Terre, pour peut-être mieux mériter un salut divin. Il proposait que l’éthique chrétienne se concrétise en système (ce « concret » que réclamait la dame qui interpellait le cardinal à Zermatt, à la fin de son allocution).
Les « blabla » des autres prêtres de Pologne n’étaient pas dangereux pour le régime en place. « Le salut du Ciel pour les damnés de la Terre », ce sont des mots qui plaisent à tous les régimes qui savent fabriquer des damnés. Le régime n’avait rien à craindre de ce côté, aucun système n’était proposé en remplacement.
Avec Popieluszko c’était différent. Je ne crois pas que les paroissiens réclamaient du concret à la fin des homélies de Popieluszko. Il leur en servait à satiété, du concret. Il y avait du « système » derrière les mots du jeune prêtre. Ses mots étaient de la dynamite. Son martyre en a été la preuve.
L’éthique ne peut exister sans pratique, sans système. Une pratique déterminée de l’éthique, voilà il me semble avec quoi doivent nous faire renouer les religions. Popieluszko et beaucoup d’autres ont montré la voie. Elle est tracée depuis toujours.
Le sujet de l’eventuel role de la religion est tres interessant, mais malheureusement peu pertinent dans un pays comme la France ou elle n’a plus aucune prise sur la societe. En Pologne, en Grece et en Espagne par contre, elle continue de jouer tant bien que mal un role structurant. Il est amusant de noter qu’en Grece, l’eglise orthodoxe, qui possede un tres riche patrimoine exempte de tout impot, devra bientot payer de nombreuses factures.
Il est vrai que la beatification de Popieluszko a ete a nouveau une belle occasion pour les polonais de se rassembler. Neanmoins, la posture de resistance au systeme actuel que prend l’eglise a aujourd’hui des accents conservateurs et protectionnistes (valeurs portees par le parti de Kaczynski PIS) qui est loin d’etre appropriee si l’on souhaite plus de solidarite europeenne.
Jutsement, Annulation surprise du rendez-vous Sarkozy/Merkel. Sans doute de nouvelles discordes. http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/06/07/97001-20100607FILWWW00527-sarkozy-ne-rencontrera-pas-merkel.php
Peu ou pas de béatification en amérique du sud…..
Un lourd silence sur les exécutions sommaires de prêtres et de haut dignitaires de l’église, classés « gauchistes » par les »amis de Freidmann ».
Béatifions, béatifions….. Démystifions nos béatitudes.
Cher Monsier Paskov, si vous pratiquiez plus souvent ou plus intensivement notre beau pays, voire aussi les lobbys de Bruxelles, vous sauriez que les religieux ont encore un pouvoir de nuisance non négligeable. Demandez-vous comment de l’argent public arrivent ici et là dans des couvents au titre de la francophonie de par le monde… Religion et politique sont toujours liés (voir un cas fameux depuis 1948). Mais bon, aux Pays-Bas on trouve des croyants qui traitent d’autres croyants de « païens » (par exemple ceux qui s’offrent des cadeaux à noël, ceux qui ne croient pas dans le bon dieu, etc.) alors je ne devrais pas m’affoler sur la situation francaise.
@ Paskov,
N’étant moi-même ni polonais ni croyant, je fais les remarques qui suivent de l’extérieur (et je peux dans ce cas me tromper).
D’une part, je ne pense pas jouer sur les mots, mais il me semble que le syndicat Solidarnosc était dès le début « conservateur et protectionniste », que Lech Walesa était « conservateur et protectionniste », que Aleksander Kwasniewski était « conservateur et protectionniste », que Lech Kaczynski était « conservateur et protectionniste », que le prochain président polonais (le 4 juillet prochain) sera « conservateur et protectionniste », et que si la Pologne n’avait pas été conservatrice et protectionniste elle n’aurait pas pu renaître en 1918 après une disparition de 123 ans, et tenir tête après 1945 à la « solidarité » soviétique.
Il faut comprendre que pour un bon nombre de polonais aujourd’hui, la solidarité européenne a un petit parfum de déjà vu.
Si, comme les polonais, nous avions vu notre pays perdre son nom pendant plus d’un siècle, si nous avions dû vivre en exil sur notre propre sol, si nous avions vu ensuite, pendant près d’un demi siècle, les décisions concernant notre quotidien se prendre à 1149 kms à l’Est de notre capitale (distance Varsovie-Moscou), nous n’aurions pas une folle envie que notre quotidien se discute aujourd’hui à 1159 kms à l’Ouest (distance Varsovie-Bruxelles).
Et nous ne trouverions pas étonnant de vouloir conserver et protéger ce qui fait que nous ne sommes ni des russes, ni des belgo-franco-allemands.
Ne croyons pas non plus que les polonais veuillent être américains. Leur « pas de deux » avec l’oncle Sam s’appelle aussi ne pas mettre tous ses oeufs dans le panier « européen ». Un homme averti en vaut deux.
(Beaucoup de français, peuple d’un pays dont l’unification est ancienne et qui n’ont pas eu à lutter pour défendre ce qu’ils sont profondément, ne comprendront jamais le patriotisme de certains peuples qui sont depuis longtemps les jouets de l’Histoire. Heureux français, qui s’amusent à se faire peur avec un « débat » grotesque sur l’identité nationale. Un débat grotesque pour une question importante, car à force de n’avoir pas à se battre pour préserver ce qu’ils sont, il y a risque qu’ils se perdent.)
D’autre part, l’Eglise catholique est dans son rôle lorsqu’elle se fait « conservatrice et protectionniste », dans ce que vous appelez très justement sa « posture de résistance au système actuel » (et à tous les « systèmes actuels » du passé). C’est peut-être ce rôle qu’elle joue très mal aujourd’hui en se berçant jusqu’au vertige des mots « Amour », « Charité » ou « Salut » alors que le monde tremble autour d’elle.
Vouloir conserver et protéger ET être solidaire avec les autres; voilà aussi un beau défi.
Mais peut-être que, pour certains français nés de la dernière pluie, « conservateur et protectionniste » veut dire « de droite » (houu!!! pas beau!), et « solidarité » veut dire « de gauche » (haaa… c’est bon!); ou l’inverse.
Dans ce cas on ne risque pas de s’entendre avec les polonais, qui n’ont pas la même latéralité, ni avec les catholiques, pour qui conservatisme et solidarité n’ont jamais été antinomiques.
—————
@ HW,
En vous lisant je constate que l’Eglise catholique au Pays-Bas, comme en France, aura beaucoup de choses à se faire pardonner avant qu’on la prenne à nouveau au sérieux!
L’encyclique de Léon XIII, Rerum Novarum, est certes ancienne (1891), mais n’a pas plus perdu de son actualité que d’autres textes bien plus anciens encore, à commencer par ceux d’Aristote. Il faudrait un billet entier et même sans doute plusieurs pour exposer tout cela, mais il existe d’ailleurs une filiation aristotélicienne du catholicisme social et de la doctrine sociale de l’Église, qui démarre avec les Lamennais, Lacordaire, etc. et que l’Encyclique de Léon XIII formula avec force en son temps. Quelques mots tirés de l’Encyclique elle-même d’abord. Elle dénonce sans détours le libéralisme du XIXe siècle qui livra
Voilà le langage de l’Encyclique. Je ne suis pas sûr que l’on aurait aimé l’entendre à Zermatt. Et ce langage — dans lequel on retrouve en d’autres mots la condamnation aristotélicienne de la chrématistique — fut reprit tout aussi clairement par Pie XI en 1931 dans Quadragesimo anno. Tout cela au nom de la Charité (latin caritas, grec agapê), un amour qui, bien compris et bien pratiqué, n’a rien de tiède ni de mièvre, rien de socialement conservateur non plus. Bien sûr, quelques oreilles cléricales (mais il ne faut jamais confondre christianisme et cléricalisme) en furent heurtées. A l’époque ces oreilles cléricales, plus politiques que chrétiennes, préféraient Maurras, puis Franco, puis Pétain, quand ce n’était pas Mussolini ou Hitler (« plutôt Hitler que Blum »!). Mais d’autres, chrétiens authentiques, s’engagèrent autrement et l’on trouva de nombreux catholiques sociaux dans le syndicalisme ouvrier, dans les coopératives ancêtres de l’économie sociale et solidaire, dans la Résistance aussi. Parmi ceux qui ont inspiré les réflexions sur la France d’après dans le cadre de la Résistance (la France d’après les totalitarismes bien sûr, pas la France d’après la victoire de Sarkozy — et dans les totalitarismes ils incluaient bien sûr celui de la Race et de l’État, mais aussi celui de la Classe, sans oublier celui de l’Argent), on trouve quelqu’un de trop oublié aujourd’hui, le philosophe néo-thomiste Jacques Maritain. La filiation aristotélicienne du catholicisme social est ici très nette, d’Aristote au « Docteur Angélique » (saint Thomas d’Aquin) et du « docteur Angélique » à des penseurs comme Maritain auteur en 1936 d’Humanisme intégral. Bien loin d’être daté et de ne plus correspondre à notre époque, une époque ou quelques idéologues voudraient effacer le peu qu’il reste encore du programme du CNR, le peu qu’il reste aussi du catholicisme social, y compris dans sa version gaulienne (la rupture sarkozyste, si on y réfléchit bien, avec sa « droite décomplexée », sa promotion de l’argent comme seul critère de toutes choses, est d’abord une rupture avec cet héritage humaniste chrétien ou avec le peu qu’il en restait, car en 2007 il n’en restait sans doute plus grand chose déjà), bien loin d’être daté donc, tout cela mérite d’être redécouvert.
Excellent ! Je suis assez partisan de redécouvrir le catholicisme, mais avec de très longues pincettes. Vous dites qu’: « A l’époque ces oreilles cléricales, plus politiques que chrétiennes, préféraient Maurras, puis Franco, puis Pétain, quand ce n’était pas Mussolini ou Hitler (« plutôt Hitler que Blum »!). » , mais elles existent toujours ces « oreilles cléricales » ! Et je vous garantis qu’elles ne sont pas uniquement « cléricales », car au cœur du christianisme qui est sectaire depuis ses origines, contrairement au paganisme.
@ Jean-Michel:
« A l’époque ces oreilles cléricales, plus politiques que chrétiennes, préféraient Maurras, puis Franco, puis Pétain, quand ce n’était pas Mussolini ou Hitler (« plutôt Hitler que Blum »!). »
Je ne suis pas sur que le clergé hollandais vous suive sur cette voie.
Pour info :
« Je suis excommunié de l’Eglise catholique. Crétin de curés ! Je chie sur ces singeries stupides. J’ai coutume de révérer le Bon Dieu à ma façon à moi. » Joseph Goebbels (6.01.1932)
et du même:
« 14 décembre 1941 – Le clergé est antinational. Il espère la défaite allemande, afin de pouvoir éliminer le national-socialisme […]. Par toute sa conception et sa structure intellectuelle, le christianisme sera toujours opposé à une vision nationale forte. C’est que son essence même est entièrement marquée par le judaïsme… En réalité, le christianisme est une doctrine de la déchéance. Pour un homme moderne, il ne mérite que le mépris intellectuel… L’évêque Galen, de Münster, en est un exemple typique. Le Führer est déterminé à faire table rase… lorsque la coupe sera pleine, l’éclair de la colère s’abattra subitement sur ces traîtres de princes de l’Eglise. […] L’Eglise protestante s’efforce, elle aussi, d’imiter la catholique. L’évêque [luthérien] Wurm, du Wurtemberg, a l’ambition de devenir un deuxième Galen. Nous nous en sortirons vraisemblablement beaucoup plus facilement avec les protestants qu’avec les catholiques […] Je n’arrive pas à comprendre comment une personne pensant de façon moderne peut, dans l’absolu, trouver dans le christianisme une doctrine adaptée à notre époque. »
@ SJA
Bien sûr. J’ai d’ailleurs dit « quelques oreilles cléricales ». Pas toutes non plus ! Mais il est évident que sur ce sujet, un commentaire de quelques lignes comme mon commentaire ci-dessus ne sera jamais exact. En essayant de condenser en quelques lignes on simplifie forcément à l’extrême. Il faut des livres, avec des documents, des preuves… Bref le métier de l’historien.
Un petit ajout : on retrouve bien dans la 2e citation de Goebbels le nietzschéisme à deux balles des matérialistes nazis, leur mépris profond du christianisme et leur compréhension authentiquement perverse du surhomme sous la forme de la brute épaisse qui écrase les autres sous sa « volonté de puissance ». Si Nietzsche c’était ça, c’était malheureusement vieux comme le monde et ne valait pas tripette. Cela montre aussi (en réponse au commentaire précédent de Crapaud Rouge) que le paganisme peut être terriblement sectaire. Mais il y a une autre lecture possible de Nietzsche, ce « pauvre antéchrist », comme disait François Mauriac, qui lui vouait une grande admiration : celle du surhomme comme celui qui dit oui à la vie et dégage l’éthique de la morale pharisienne des « bien pensants » (il y en a de toutes sortes). Curieusement, c’est dans l’Antéchrist livre des derniers mois, avant l’assaut final de la maladie, que Nietzsche parle du Christ de la façon la plus émouvante, le désignant, en jouant à peine sur les mots, comme le « joyeux messager » (ευαγγελος, evangelos). Que celle ou celui qui a des oreilles pour entendre…
@Jean Michel : « Cela montre aussi (en réponse au commentaire précédent de Crapaud Rouge) que le paganisme peut être terriblement sectaire. » : là, je bondis sur mes ergots ! Ce n’est pas parce que quelques intellos ont balancé l’idée que les nazis renouaient avec le paganisme qu’il faut les croire. Y’a pas un pet de paganisme authentique dans le nazisme. Et ce n’est pas parce que les sectaires d’extrême-droite se cherchent des bases dans le paganisme que cette religion est sectaire. Pour le peu que j’en sais, le paganisme était potentiellement capable d’assimiler tous les dieux, d’où qu’ils vinssent. Le sectarisme est apparu avec les religions du Livre, c’est malheureusement leur carburant principal.
et le suicide collectif continue….
http://www.lesoir.be/actualite/monde/2010-06-07/l-allemagne-va-se-serrer-la-ceinture-774752.php
la secte du temple ‘rigueur’ pour payer ‘les crimes des banksters’ fait un nouvel adepte (allemagne déja membre d’honneur) et une nouvelle victime :la Belgique ou se qu’il en restera lundi 14 juin après les élections
http://www.lesoir.be/actualite/monde/2010-06-07/l-allemagne-va-se-serrer-la-ceinture-774752.php
http://www.zerohedge.com/article/belgium-latest-contagion-crisis-10-year-bond-spreads-go-vertical
Ah ah ah, donc c’était un brain-storming pour aider le Pape à écrire ses discours à venir ? Vous lui avez donné des « éléments de langage » j’espère ? Fialement ce journaliste suisse caustique du premier jour avait peut-être ses raisons d’être circonspect ! Alors qu’on voudrait que les sommets du G8, G20 etc se déroulent par visio-conférence pour responsabiliser les politiques, il faut tout simplement boycotter ces grands raouts. Vive le journaliste suisse de l’autre jour !
La blague du lundi en provenance de Bruxelles (eu)
http://www.lesoir.be/actualite/monde/2010-06-07/l-ue-se-fixe-un-objectif-de-reduction-de-la-pauvrete-774740.php