Billet invité.
LE TEMPS DES DISCRETS CONCILIABULES
Les marchés sont nerveux, les gouvernements sont inquiets, voici venu le temps des conciliabules, qui ne contribuent pas à leur tour à rassurer.
Ne sachant plus à quoi s’en tenir, les analystes sont à la recherche fébrile de l’indice ou du taux qui cette fois-ci annoncera à temps que le lait va à nouveau déborder, brutal et irrésistible. La volatilité qu’ils constatent du côté des marchés est en soi un indice de la crainte qui s’y est installée et qu’ils partagent.
Mais quel sera le signal qui leur permettra d’anticiper ? Afin de se replier à temps de positions avancées et hasardeuses, ou au contraire de se préparer à faire de bonnes affaires (car, comme en tant de guerre, une crise financière aiguë est une opportunité à ne pas manquer pour profiter des meilleures occasions).
En attendant, de nerveuses et massives transhumances de capitaux sont signalées quasi quotidiennement, du marché des actions à celui des obligations d’Etat et réciproquement. Manifestant un bel opportunisme ou la recherche du meilleur et incertain refuge, au choix. Pêle-mêle, toutes les raisons de cette situation sont données. Mais c’est la crise européenne qui a la vedette, allez savoir si elle va s’accélérer ou se tasser! Les paris, toutefois, se prennent très majoritairement en faveur de la première hypothèse.
Si les banques sont identifiées comme vecteur de la propagation mondiale de la crise, leur bilan de santé reste très confidentiel, rendant l’analyse incertaine. On subodore toutefois, non sans de sérieux indices, que les banques européennes ont beaucoup fait le gros dos et continuent d’être particulièrement fragiles. Aux risques anciens qu’elles dissimulent s’ajoutent désormais les nouveaux qui se profilent ; aux vieux stocks d’actifs toxiques toujours égarés au fond de leurs livres de compte – ceux qu’ils n’ont pu mettre en pension à la BCE – s’additionnent les gros paquets d’obligations des Etats en péril, pour lesquels l’hypothèse d’une inévitable restructuration de la dette tient la corde. Une question de temps, paraît-il.
Rien ne va plus, mais qu’est-ce qui ne va pas au juste ? Ceux qui gardent la tête sur les épaules constatent que les chutes (ou les hausses) de tel ou tel indicateur ne sont pas d’une si grande amplitude que cela, comparées aux temps qui ont suivi la faillite de Lehman Brothers, ce terrible précédent dans toutes les pensées sinon sur toutes les lèvres. Mais quand on ne cerne pas bien le mal, comment le guérir ? Comment résoudre cette quadrature du cercle que représente la mise en place de la rigueur sans porter atteinte à la croissance économique ?
L’OCDE voudrait bien donner consistance à cette gageure, tout du moins le temps de sa réunion ministérielle annuelle, qui vient de se tenir à Paris. On s’aperçoit, en lisant plus attentivement le texte de son communiqué final, qu’elle n’y parvient qu’en procédant en deux temps : la reprise d’abord, la lutte contre le déficit ensuite. «Il convient d’élaborer des plans crédibles et transparents d’assainissement budgétaire à moyen terme ». Ce n’est pas précisément ce qui est proclamé comme étant à l’ordre du jour lu devant l’Europe toute entière.
Faisant de la politique fiction, le FMI continue pour sa part de chevaucher les contradictions en affichant la nécessité d’agir simultanément sur les deux fronts, et de faire preuve d’un discernement dont les gouvernements occidentaux aimeraient qu’il donne la recette, pour la mettre à exécution.
A chacun son dilemme. Transposé, cela donne ceci: faut-il sauver les Etats pour sauver les banques, ou bien le contraire ? Renflouer les premiers avec les moyens du bord pour éviter la chute des seconds, ou bien cesser de jouer au billard et prendre le problème bille en tête, avec les mêmes moyens qui ne sont pas infinis ? C’est comme d’habitude la pire des solutions qui a été choisie.
Les Allemands voudraient tout faire à la fois, mais à leur manière, après avoir annoncé vouloir remettre la politique au poste de commande. Ce qui n’est pas nécessairement une bonne nouvelle au vu de l’austère orientation stratégique qu’ils préconisent, même si elle est accompagnée dans le domaine de la régulation financière d’audacieuses innovations – dont la portée est symbolique à défaut d’être pratique – qui leur sont beaucoup reprochées et les laissent isolés.
Va donc pour officiellement sauver les Etats, si l’on y parvient ! Mais l’agence Fitch joue à son tour le facteur et vient apporter, après Standard & Poor’s, une mauvaise nouvelle qui appuie là où ça fait mal, en dégradant la note de la dette souveraine espagnole : « La dégradation reflète l’opinion que le processus d’ajustement vers un niveau plus bas d’endettement privé et extérieur va matériellement réduire le taux de croissance de l’économie espagnole à moyen terme ».
Les effets secondaires du remède, selon l’agence, sont aussi négatifs que le mal lui-même, ce qui ne laisse aucune de marge de manoeuvre. Or, l’Espagne – un beaucoup plus gros morceaux que la Grèce – était déjà de plus en plus donnée comme candidate au prochain épisode de la crise européenne, alors que les gouvernements de la zone euro tardent à mettre en place la structure chargée de gérer leur plan d’aide. Retard causé par des divergences persistantes avec les Allemands, qui veulent garder le contrôle étape par étape de tout processus d’activation.
S’agissant de l’Espagne, on ne parle plus des risques de sa dette publique, mais de l’ampleur de sa dette privée, trois fois plus importante. Celle-ci a rendu nécessaire, et prioritaire, une restructuration qui peine du réseau de caisses d’épargnes (qui contribue pour moitié au chiffre d’affaires de l’ensemble du système bancaire), très sérieusement atteint par le dégonflement de la bulle immobilière espagnole. De quoi relativiser le discours ambiant sur la dette publique et l’austérité, qui connaît d’ailleurs une certaine inflexion. Et l’on entend de plus en plus de voix commencer à s’inquiéter du risque que la dépression ferait prendre à la zone euro, si l’austérité devait y régner. Risquant de déclencher une spirale descendante, aboutissant à une franche récession, empêchant au final de réduire comme attendu le déficit public, pour renvoyer à la case départ dans de plus mauvaises conditions.
Parmi ses voix, et non des moindres, celle de Tim Geithner, secrétaire d’Etat au Trésor, d’abord en villégiature à Pékin avant de rejoindre directement l’Europe au débotté, prenant l’initiative de premiers conciliabules qui depuis se poursuivent.
Que dit-on de ses rendez-vous successifs dont fort peu a transpiré ? Que Tim Geithner affecte publiquement de croire qu’une récession européenne ne réduirait pas significativement la croissance des Etats-Unis (dont le taux actuel vient d’être abaissé par rapport à la première annonce, comme il est désormais de coutume), mais qu’il s’interroge sur le maintien de la croissance américaine, si les mesures publiques de soutien du gouvernement américain n’étaient pas renouvelées et si les Chinois ne réévaluent pas leur devise.
Il aurait proposé également aux Européens de calmer les marchés en lançant une opération publique de stress-test de leurs banques, contrairement à la première mouture dont les résultats sont restés confidentiels. Une manière délicate de suggérer, s’il ne l’a pas même clairement dit, qu’il fallait enfin se décider à affronter la situation de fragilité du système bancaire européen.
Que les effets d’annonce de sauvetage, c’était fini, parce que cela ne convainquait plus personne, et qu’il fallait se dépêcher de boucler un dispositif qui ne l’est toujours pas. Enfin, message plus spécialement destiné aux Allemands, qu’il fallait laisser aux banques les moyens de faire leur business et ne pas toucher au marché des produits dérivés, si on voulait qu’elles se redressent un peu par elles-mêmes.
Bref, il a énoncé une politique en tous points contraire à celle des Allemands. Il ne faut pas s’étonner, dans ces conditions, que la conférence de presse commune de Tim Geithner et de Wolfgang Schäuble ait été écourtée dans la limite de ce que la décence permettait, rompant avec tous les usages établis. « Les marchés veulent voir des actes » a-t-il eu tout de même le temps de déclarer, ce qui valait critique implicite de la politique suivie par son compagnon de tribune.
Dès le lendemain, que se sont dit à Paris les ministres des finances allemand et français ? Nous n’en savons strictement rien, sauf à tenter l’exégèse de la belle formule employée par Michael Offer, le porte-parole de Wolfgang Schäuble : les ministres ont procédé à « une concertation sur une approche commune ». Du côté français, fidèle à une implacable stratégie de communication, aucun commentaire n’était disponible. Rendons néanmoins grâce à Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, qui y a été de son commentaire ineffable sur la situation générale, sur la chaîne d’information en continu LCI : « Ce qui est surtout révélateur dans cet épisode, c’est qu’aujourd’hui on a l’impression que la nervosité sur les marchés financiers est telle que n’importe quelle rumeur est colportée et donne lieu à des mouvements dans les prix des actifs financiers (…) Tout ça est un peu ridicule, j’espère que nous allons très vite retourner à une zone de calme. Il faut arrêter de croire n’importe quelle rumeur ».
Ne peut-on pas croire, tout au contraire, que les « rumeurs » ne vont pas manquer de surgir à tout propos et de partout, et que l’axe franco-allemand va avoir de plus en plus de difficulté à maintenir son unité de façade, tant les politiques des deux partenaires divergent ? Déjà, les Français se sont finalement publiquement désolidarisés de la mesure allemande d’interdiction des CDS nus, laissant les premiers dans un superbe isolement partagé avec les Autrichiens, rejoints ce matin sur le même terrain par le gouvernement espagnol.
Le régulateur espagnol, la CNMV, a en effet annoncé jeudi soir que les positions de vente à découvert portant sur plus de 0,2% du capital d’une liste de société dans laquelle figurent les établissements financiers allaient devoir être portée à sa connaissance, abaissant le seuil précédemment fixé. Une mesure dissuasive destinée à protéger notamment les banques de la spéculation.
Du côté des banques, on apprenait que Hypo Real Estate (HRE) venait d’activer une garantie gouvernementale supplémentaire de 10 milliards d’euros. L’échec de la restructuration de la grande banque allemande spécialisée dans les Panbriefen (obligations couvertes par des crédits hypothécaires), qui jouent un rôle important en Allemagne, aurait des conséquences massives pour l’économie allemande. Déjà nationalisée, sa situation reste très fragile : elle annonce pertes après pertes, et l’on sait qu’elle détient de surcroit un portefeuille important d’obligations d’Etats européens. A elle seule, sa situation permet de comprendre la politique allemande.
Reste sur le tapis un autre gros dossier, celui de la taxe financière. Là également, les Allemands ont pris l’initiative, relayés par la Commission de Bruxelles qui s’est jeté à l’eau et a formulé un plan via Michel Barnier, son commissaire au marché intérieur. Celui-ci, connaissant son monde, a laissé de nombreuses portes ouvertes à la négociation, notamment sur les deux questions clé de l’assiette de la taxe et de son taux. Cela n’a pas suffi: les Britanniques, vite rejoints par les Français, n’envisageant pas que son produit puisse ne pas abonder le budget général de l’Etat, modifiant son affectation et retirant projet son sens qui est d’amasser des réserves pour faire face à la prochaine crise bancaire.
Pour compliquer encore davantage le jeu que le gouvernement allemand cherche à ouvrir, Axel Weber, président de la Bundesbank et, il se murmure encore, successeur de Jean-Claude Trichet à la tête de la BCE, vient de prendre aussi ses distances avec lui : « Même si une telle taxe serait utile pour récupérer certains coûts de la crise, c’est un instrument mineur pour internaliser les effets d’activités risquées pour la stabilité financière », a-t-il déclaré, ajoutant pour mettre les deux pieds dans le plat : « l’interdiction complète de certaines activités est une intervention sur le marché lourde de conséquences », ces activités n’ayant, selon la prudente double négation du hiérarque, « pas nécessairement une valeur ajoutée économiquement nulle ».
Les banques évitant de se prononcer trop ouvertement, d’autres s’en chargent. Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a préconisé lui aussi la prudence à propos d’une taxe : « Ce qu’il faudra bien faire, c’est le calcul total de ce qu’on demande aux banques à la fois dans leur bilan et éventuellement dans une taxe en sus. Parce qu’au total, ce sont des prélèvements qui peuvent être répercutés sur le coût du crédit, et donc répercutés négativement sur la croissance. Donc il faut faire très attention à trouver le juste équilibre de toutes ces mesures ». Faire très attention, dans le langage codé de la politique, cela signifie ne pas entreprendre.
Enfin, à propos des mesures imposées aux banques en général, un renfort important est venu en la personne de Mario Mesquita, président du Comité sur le système financier mondial de la Banque des Règlements Internationaux (BRI) : « Les changements prévus dans l’activité de financement pourraient conduire à une augmentation des coûts et une expansion plus lente des crédits de la part des banques internationales (…) Alors que, l’expansion des crédits avant la crise étant excessive, et le risque inhérent sous-estimé, cela ne serait pas forcément une mauvaise conséquence mais pourrait freiner la reprise économique ». Un propos bien balancé de banquier central qui, en termes crus, signifie que si l’on charge trop la barque des banques, on prend un risque qui n’est pas de saison.
Décidément, la plus grande harmonie de vue ne règne pas dans le camp occidental, à la mesure des impératifs contradictoires dans lesquels ses acteurs sont de plus en plus placés. Il va en falloir, des conciliabules ! Cela rend la définition et l’application d’une politique commune encore plus aléatoire, éloignant d’autant toute perspective de sortie de crise, une expression dont il est à noter qu’elle a disparue des éléments de langage européens.
Giulio Tremonti, le ministre italien des finances et présenté comme aspirant à la succession de Silvio Berlusconi, ne les avait sans doute pas lus. Lors du forum annuel à Paris de l’OCDE, il a en effet déclaré : « « Il est évident que tout le continent doit changer de modèle politique, doit changer la structure de l’Etat providence, du modèle social ».
Peut-être avait-il été absorbé par la lecture d’un article de Dave Shellock dans le Financial Times, destiné à faire le tour des différents marchés et de leur volatilité commune. Au détour d’une phrase, ce dernier apportait une contribution fondamentale à la science économique, proposant le concept de « non-financial economy », l’économie non financière si l’on comprend bien, que l’on appelle le plus souvent – ce qui est déjà en soi surprenant – l’économie réelle.
Sans autre commentaire.
111 réponses à “L’actualité de la crise: le temps des discrets conciliabules, par François Leclerc”
Prochain Domino : l’Espagne !
Gestionsuisse
Cette semaine il y avait grève dans une succursale de Renault en Espagne.
Motif : personnel non payé depuis 2 mois…
Vous n’allez pas me dire que Renault ne paye pas ses employés ? Renault n’est pas Une boite américaine qui exploite le Tiers monde tout de même….
@Lisztfr
Que voulez-vous que je vous dise ? J’avais besoin d’une pièce pour ma voiture, je me suis rendu dans une succursale de Renault mardi, il y avait la police et des piquets de grève. On m’a dit que c’était fermé jusque jeudi. J’ai demandé à des personnes pourquoi ils faisaient grève et il m’ont répondu » parce que nous ne sommes plus payés depuis 2 mois et demi…
Maintenant il se peut que ce ne soit que dans cette succursale… Je ne sais pas comment ni par qui les salaires sont versés, Mais je peux vous assurer que c’était bien l’enseigne Renault.
Mais cela indique le climat général. Quelques jours plus tard à un autre endroit j’ai vu des ouvriers dans la rue discuter avec un chef de chantier et j’ai entendu « ..réduction des coûts… »
Je n’ai aucun doute sur le fait que certains patrons vont abuser de la situation et profiter de la crise pour réduire les salaires ou être plus exigeants en disant » si vous n’êtes pas contents, la porte est là, il y a 20 personnes qui attendent votre place… »
Je ne suis pas contre les patrons, loin de là mais certains abusent de leur pouvoir, comme certains ouvriers et employés et actuellement la situation est plutôt favorable aux premiers dans certains cas.
D’un autre côté, certains patrons se trouvent aussi sans aucun doute en situation très difficile et les politiques de récessions sont bien évidement une erreur des gouvernements et ne vont faire qu’aggraver et prolonger la crise.
La grève des salariés de Renault non payés depuis deux mois est incompréhensible et inadmissible.
Comment voulez-vous redressez l’économie alors que ces »privilégiés » disposent déjà de réduction confortable sur le prix de vente des voitures ?
Et en plus ils veulent être payés.
Plus aucune conscience dans le salariat. C’est vraiment à désespérer.
J’exagère ?
– en temps de guerre – (3e paragraphe)
circulez, y a rien à voir
et si vous prenez des coups sur la gueule
c’est que vous êtes encore dans nos pattes
a propos de la taxe financière: « Cela n’a pas suffi, les Britanniques vite rejoints par les Français n’envisageant pas que son produit puisse ne pas abonder le budget général de l’Etat »
J’avais lu quelque part que les états bénéficiant le plus des retombées de l’économie financière sont les US, puis viennent ensuite l’Angleterre et la France. Il n’est pas très étonnant que ces derniers rechignent a instituer une taxe dont les revenus seraient détournés de leur caisse. Il semble, comme vous le montrez, qu’aucune régulation du système financier ne puisse venir de la France ou de l’Angleterre. C’est vraiment de la gestion a très court terme !
Pour faire court: définition du Cafarnaum : » Endroit où des objets sont en grand nombre et en désordre » ou encore « le bordel » …
sur une des deux cartes de l’Empire Romain dans le Gaffiot, Capharnaum est je crois une ville de la Palestinae
»Il est évident que tout le continent doit changer de modèle politique, doit changer la structure de l’Etat providence, du modèle social »!!!!!!!
Les capitalistes à la lanterne!
en attendant j’ai limpression que ce qui se dessine c’est plutot « le contrat social à la lanterne »
Attendez, nous allons avoir un solde excédentaire avec la Chine ! Et rembourser nos dettes ! non mais.
il faut faire les choses dans l’ordre, avant la lanterne:
les Etats Généraux.
Ils sont fous !
Ils préfèrent liquider le compromis social hérité de l’après-guerre comme l’a dit explicitement dit Tremonti que de remettre en cause la répartition des richesses.
Cette crise a des effets paradoxaux. Elle n’affaiblit pas le capitalisme, au contraire elle le renforce.Les mêmes recettes qui ont conduit à la dépression qui a suivi la crise de 1929 : baisse des dépenses publiques, pression à la baisse des salaires. Les bonnes recettes néo-classiques de l’ajustement par les prix est censée relancer l’économie.
Pis encore, dans ce paradigme, les fous pensent que la règlementation du travail et l’Etat Providence constituent des obstacles à l’ajustement des marchés par les prix. L’ajustement se ferait alors par les quantités : plus de chômage, moins d’exportation … D’où la nécessité de baisser la dépense publique et les salaires pour retrouver les prix d’équilibre permettant de relancer l’emploi et l’activité générale.
J’ai même lu que les baisses drastiques des dépenses publiques permettraient d’éviter les effets du théorème de l’équivalence ricardien : les Etats s’engagent à se désendetter, la fiscalité n’est que, très marginalement, augmentée. Cela est censé rassurer les consommateurs et les exhorter à dépenser plutôt qu’à épargner car les futures hausses d’impôt seront ainsi évitée…
Cette crise ne serait ainsi qu’une crise monétaire. L’Etat s’est trop endetté et les banques ont trop prêtées. Les vraies questions ne sont pas posées. Pourquoi l’endettement a-t-il été continu alors que dans le même temps, les diminutions d’impôt ciblées sur les plus riches ne cessaient de s’accroître ?
Starving the beast, affamer la bête. La droite rêve de voir s’écrouler le modèle social européen et ils tiennent là leur occasion. Pendant ce temps, la social-démocratie se fourvoie. Certes, le rapport de force peut paraître inégal. Mais le pire, c’est qu’ils se taisent …
Pardon pour les fautes d’orthographe et d’accord …
Ils ne font pas ce qu’ils disent. Ils ne disent pas ce qu’ils font.
6 ème siècle avant JC
(lao tseu)
Dans la même veine : ils se réunissent le jour et ils décident la nuit.
Comment sortir du merdier dans une société de consommation ou l’avenir des uns et des autres se joue au centre Commercial ?
La reponse est simple : prendre l’argent de ceux qui ne consomment pas assez : Les riches… pour le donner à ceux qui consomment trop : Les pauvres…
Avantage : évite l’endettement des états et des particuliers…maintient la cohésion sociale…remplace efficacement le credit à la consommation…
Robin des bois
Robin! Hourra!
Nous vous attendions depuis si logtemps.
Ce que vous proposez c’est la guerre.
Je doute que vous soyez écouté, sur ce blog, et ailleurs.
Mais la guerre des classes et de tous contre tous ne pourra pas être refoulée jusqu’à la fin des temps.
La guerre est une des possibilités.
Mais les forces sont inégales, elles aussi. Seuls ceux qui n’ont plus rien à perdre voudront aller à l’affrontement.
Et puis le désespoir ne suffit pas, il faut surtout du courage…
Bonsoir,
je viens de faire un tour à la « centre-ville » (c’est trés rare), suffoqué par le différentiel de richesse entre la ville et la campagne, les magasins, les voitures, le prix des habitations, c’est le way-of-life du citadin centréen qui appelle la richesse, c’est un impératif pour la survie urbaine, la concentration des villes que l’ont renforce politiquement avec le nouveau suffrage pour les régionales ne serait pas aussi une nuisance similaire à la finance pour nos sociétés (la survie y exacerbe là aussi l’esprit de lucre )
Je suis pauvre et je ne consomme plus, enfin un minimum, alors prenez le peu qu’il me reste et laissez moi la corde pour me pendre.
De toute façon cela finira très mal,car ils n’agiront qu’à la dernière seconde et je crains qu’il soit un peu trop tard à ce moment la..ce n’est pas grave, cela sonnera la nationalisation de tout le système (temporaire…)…cela prendra du temps, l’agonie sera lente comme un corps rongé par le cancer…le stade final approche….une vraie reprise, une croissance saine et durable, n’est visiblement plus possible sans éffacer tout ou partie des ardoises passées…ce qui implique que le monde financier doive enfin reconnaitre des pertes…s’il on avait fait cela directement en 2008 on aurait gagné beaucoup de temps…mais c’était un scénario impossible pour tout homme politique qui par définition a envie de continuer sa carrière le plus longtemps possible….la chimiothérapie est en cours, les chances de guérison sont proches de zéro….La rigueur trop vite annonçée après quelques instants de réflexions, n’est plus évoquée si ouvertement..en fait il n’y a aucune solution …unité des soins intensifs, de l’USI il arrive qu’on en sorte les deux pieds devant….
Bonjour Dissy
Il semblerait bien d’ailleurs que le faire part soit en cours de rédaction chez zerohedge.
Comme nous sommes tous ici gens décents, puis- je vous prier de bien vouloir vous abstenir d’user du nouveau poncif- durable- que l’on nous assène sottement à chaque coin de phrase jusqu’à l’écoeurement? Nous savons tous que c’est un faux nez destiné à torpiller la com des écologistes!
Durable pour du rab’! Le cri de reconnaissance de Bouvard et Pécuchet perdus dans la jungle se raréfiant mais toujours hostile!
Cordialement. Steve
Durable au sens premier du terme n’a rien d’écolo ….qui dure tout simplement…
Intéressant ce « litige » autour de « durable » : cela illustre très bien comment un terme (et non un concept, nous sommes d’accord) peut être capturé par une idéologie ou un groupe. Quand on entend « durable », on tend erronément à penser automatiquement à « écologie ».
En fait il faudrait dire qu’il n’y a plus de solution de « faible intensité »…
Comme disaient les indiens : « aujourd’hui est un beau jour pour mourir ».
Bonjour,
Juste un rappel, dans sa forme originelle le concept de « développement durable » s’appelle « Sustainable developpement ».
La traduction française est sans doute pour partie à l’origine de multiples confusions et a créé un boulevard dans lequel toutes les boites polluantes de la planète n’ont pas tarder à s’engouffrer.
En utilisant les termes développement soutenable on exprime plus précisément la volonté de respecter à la fois l’humain et la nature.
Dans ce joyeux bordel le principe de réalité semble etre une hypothèse de travail trop discreditee pour contenir des ambitions égoïstes et divergentes.Les ombres ne sont que la résultante de la lumière.Mais quelle lumière?Il y aurait donc au moins deux économies…une réelle,une irreelle,des mondes parallèles en somme?Qui se rejoignent ou?Quand?Face a cet imbroglio on imagine que les mots ont encore du sens.Meme si on se sent exclus des lieux de decision,la raison avance souvent masquee mais le coeur saigne.Transcender les clivages…transiger.Legiferer?Les concepts s accumulent.On delibere dans les salles climatisees.Economie non financiere.Possible accentuation des difficultes si l on decode.Deux faces donc. Pile on perd.Face on paye.Assez monstrueux.
L’homme réussira-t-il à préférer la gestion en bon père de famille, ou alors restera-t-il coincé dans sa logique de paris, hypnotisé par le casino ?
“Daniel Kahneman and Amos Tversky carried out an experiment in the 80’s, that presented folks with a dilemma. If 600 people were at risk of dying from a disease, but could choose one of two outcomes, which would they choose: 400 people die and 200 survive, or risk all 600 lives with the slim chance of all 600 surviving. Overwhelmingly, people chose option #2. People are willing to risk greater loss, based on the small chance that they may not lose anything.”
http://www.peakoilchat.com/lessons-from-a-lemur
[…] This post was mentioned on Twitter by betapolitique.fr, érico. érico said: Blog de Paul Jorion L’actualité de la crise: le temps des discrets conciliabules, par François Leclerc: http://goo.gl/fLtT #crise […]
Coupables, irresponsables, et incompétents, les politiques qui en quelques années ont pillées la France.
Coupables de n’avoir pas mis en place des contreparties en aidant dès la première fois les banques. On nous dit que les banques vont rembourser l’argent public prêtée (ce qui est quand même la moindre des choses), ils ne rembourseront jamais les conséquences.
Irresponsables d’avoir distribué autant d’argent public depuis une trentaine d’année avec autant d’insouciance.
Incompétents de ne pas trouver de solutions, eux qui savent toujours tout sur tout.
Coupables et irresponsables, les financiers qui nous ont mis par avidité dans la situation ou nous sommes, et qui toujours par avidité et arrogance continuent de plus belle. De toute façon, ils peuvent continuer, les pauvres sont nombreux pour payer la facture.
Le pire pour moi, c’est cette injustice de ne pas vouloir à tout prix faire payer un peu plus cette classe coupable et avide. C’est quelque chose que je ne digère pas.
Je ne sais pas jusqu’au cela ira. Ce que je sais, c’est que nait en moi un sentiment de profond dégoût, presque de haine envers les politiques, financiers, y compris les médias lèche bottes.
Ils vont me tuer mes petits-fils que j’aime tant.
Nous, aucune importance, nous n’avions qu’à nous révolter avant la cata.
Mais eux…. !
Brouillon et confus même si cela reflète pour vous la réalité ! Non ?
Je ne suis pas un universitaire, loin s’en faut.
Mais en effet, c’est bien le reflet de ma réalité que j’ai de ses gens là. Même si bien sûr il y a des exeptions.
Je sais aussi, que vous me dites pas çà de façon péjorative.
Au moins j’aurais dit ce que je pense, qu’importe la façon de le dire, je fais suivant mes moyens.
De toute façon, vous m’avez compris. Alors…..
Un grand-père qui est sans aucun doute dans une phase « d’écoeurement » dont parlait Mr Jorion.
une histoire de Nulla Nasrudin,
Nulla Nasrudin appelle sa femme: « Je viens d’avoir une idée qui va apporter le bonheur à l’Humanité; je vais demander aux riches de partager leur fortune avec les pauvres, ainsi, il n’y aura plus de malheur sur cette planète. »
Il part donc de bon matin, plein d’enthousiasme,pour persuader tous les gens qu’il connait.
Très tard le soir, il rentre chez lui.
« Comment ça s’est passé, lui demande sa femme? »
« Parfaitement, j’ai déjà rallié la moitié des habitants de la ville, tous les pauvres sont d’accord ! »
Excellent
Grâce à vous ma journée commence bien……… par un bel éclat de rire !
Excellent article, précis et complet. Merci beaucoup
La dernière solution reste l’abandon de l’euro unique pour un euro commun plus monnaies nationales (retour à l’ECU) . Il va bien falloir en plus que les Banques Centrales Nationales monétisent progressivement les dettes publiques dont les intérêts plombent les économies.
Voir les promesses de nos marionnettes européennes, sur ZH
http://www.zerohedge.com/article/europe-continent-lies-and-broken-promises-how-eu-elite-got-it-wrong-euro
et que deviennent dans tout cela des pays comme l’Islande et l’Irlande ?
Je rentre d’Irlande ou la propagande des médias officiels fait son travail(c’est la reprise,le pire est passé etc) mais la réalité est autre..je n’avais pas vu Dublin avec autant de vitrines de magasins vides, magasins abandonnés,le chomage explose d’autant plus que l’indemnisation est minime et dure peu longtemps..beaucoup de nouveaux pauvres,sdf etc..le tigre celtique est bien mal en point..les banques et assurances santé (vh1 etc)sont quasi toutes nationalisées en tout ou partie….une bad bank a été créée mais il a deja fallu deux fois la renflouer….le taux de chomage réel serait proche des 17 pct …beaucoup d’ex immigrants ont …émigré (pologne,estonie,et même des Français rentrés au pays pour la sécu et le chômage FR)….la dette publique a explosé bien que pas encore énorme comparée aux autres….mais la privée est gigantesque comme en Espagne..l’immobilier a perdu 40 pct de sa valeur et doit encore en perdre autant selon la presse locale.Il faut dire qu’un studio très petit et très moche se louait encore en 2008 …1300 euros !!Prix d’achat 500.000 euros..du délire total….
Beaucoup de nouvelles constructions sont vides,les forclosures au niveau US…..par contre les banksters s’en sont comme partout bien sortis….le public est outragé par tout cela,mais ce n’est pas dans la mentalité locale anglo saxonne de faire la révolution ou alors pour d’autres ‘sujets’ vous voyez ce que je veux dire…par contre à Belfast semble t’il tout va pour le mieux, grâce à la Livre et aux transferts de l’Angleterre ….mais il faut dire qu’on revenait de loin la bas après la guerre civile….
Si l’humanité a échappé à ça :
http://videos.arte.tv/fr/videos/l_attaque_de_la_moussaka_geante-3231006.html
elle pourra survivre à tous les fléaux !
Les dirigeants du monde politique, du monde économique virtuel et du monde économique réel sont maintenant tous conscients et constatent l’existence d’une boucle de contreréaction positive.
Toute décision amplifie la crise.
Le meilleur exemple est celui d’une éventuelle taxation tobiniforme généralisée des plusvalues .
Leur conclusion est que cette taxation serait « libéralement » répercutée sur les taux de crédit.
Que la solution consiste à nationaliser la finance, l’économie et les banques au niveau mondial…de force.
Et en même temps.
Comme c’est une utopie la résorbtion de la pandémie se fera sans doute de façon brutale et chaotique.
La main invisible de l’évolution frappera alors et seuls les plus adaptés surnageront et à très très long terme organiseront peut-être une terre pacifiée.
Générique de fin sur fond de terre en zoom arrière.
Musique de King Crimson.
http://www.youtube.com/watch?v=1KogHYeA0ns
« Toute décision amplifie la crise. » : j’ai comme l’impression que c’est très juste, parce que la cause première et principale, le surendettement, ne peut pas disparaître d’un coup de baguette magique.
Excellent choix de musique, Tartar. Un album que j’ai depuis bien longtemps.
La plus grosse manif à ce jour chez les PIIGS à Lisbonne :
http://www.lesoir.be/actualite/monde/2010-05-29/portugal-la-rue-se-mobilise-contre-le-plan-de-rigueur-du-gouvernement-773302.php
Des centaines de milliers de personnes ..l’Espagne suivrait bientôt
Merci pour vos éclairages documentés. Il y a du travail !
L’avenir financier ne peut-être radieux car les pays occidentaux ont vécu au-dessus de leurs moyens, et ils continuent à le faire. Il y a beaucoup d’arrogance chez nous, aux yeux des autres pays de la planète… qui travaillent pour nous (surtout sur les métiers que nous avons méprisés). Pendant ce temps, on continue à s’endetter, et les pays exportateurs recyclent leurs excédents en bons du trésor et autres obligations privées des pays occidentaux… jusqu’à ce que leur marché intérieur soit suffisamment riche pour prendre le relais.
On tente de résoudre une crise du surrendettement par un transfert de celui-ci à un échelon supérieur : Privé => Banques => Etat => Organisme supra-national (FMI, BCE, FED, etc…). Le hic, c’est qu’il n’y a plus rien au-dessus. Et qu’aujourd’hui, on crée de la monnaie purement et simplement pour racheter de la dette publique aux… banques et autres investisseurs institutionnels, privés, etc….
En fait, on ne fait qu’apporter de la liquidité afin que les états honorent leurs échances de crédits (Grèce, et après ? Portugal, Irlande, Espagne, Grande Bretagne, Italie, France ?…). Si la confiance ne revient pas, il y aura d’autres week-end difficiles !
Arrivé à ce stade de la réflexion, il est clair que notre société basé sur l’expansion sans limite des capitaux, des biens matériels et des êtres humains sur Terre… trouve ses limites.C’est très curieux : on dirait que chacun le sait (ce qu’il va arriver), mais c’est comme si tout le monde était endormi… pour l’instant, cherchant à protéger ses propres intérêts, et comptant sur son « prochain » pour résoudre tous ces problèmes très ennuyeux.
Pourtant à l’heure de l’internet et de la circulation mondiale et instantanée de l’information, je me dis qu’il pourrait se produire quelque chose de miraculeux. Une prise de conscience planétaire, un élan, un mouvement, un raz de marée qui pousserait nos gouvernants à réformer ce modèle de société.
Si réforme il y a, elle devrait inclure pêle-mêle : amour, valeurs solidaires, vision planétaire, écologie, développement durable, énergie propre pour tous, santé accessible, partage des richesses de toute nature…
Utopie, rêve ou possibilité ?
L’avenir nous le dira (à nous ou à nos enfants au plus tard)
Laurent dit:
« Si réforme il y a, elle devrait inclure pêle-mêle : amour, valeurs solidaires, vision planétaire, écologie, développement durable, énergie propre pour tous, santé accessible, partage des richesses de toute nature… »
L’aspiration qui monte face au désastre du capitalisme, ce n’est pas une réforme, c’est une révolution. Ce n’est pas une révolution politique, c’est une révolution sociale, le pouvoir à ceux qui travaillent. Mais, à ce niveau décrit par Laurent, effectivement indispensable, ce n’est pas qu’une révolution sociale, c’est une révolution de civilisation.
Le colmatage du puits de pétrole a échoué en Louisiane !!
Cela me fait penser à cette énorme fuite de capitaux bien réels, capitaux non perdus puisque captés par un système « virtuel » , Obama et les experts de chez BP devrait étudier et s’inspirer de ce processus afin de mettre fin à ce gaspillage de pétrole bien frais. En fait BP et la spéculation ont la même contrainte, ne pas mettre fin à ce flux mais seulement de le maitriser.
A vendre :
Joie maison en Louisane, Floride, … vue sur la mer…
Ce week-end je dialoguais avec un ami géologue et dans la conversation il a émis l’hypothèse que le puit ne puisse pas être rebouché et qu’il conviendrait d’attendre que tout le pétrole soit sorti …
Soit un scénario catastrophe au dela de l’inimaginable.
Et en plus avec la saison des cyclones qui s’annonce, les facades risquent d’être uniformément … repeinte.
Nous vivons une époque formidable.
Selon Mike Ruppert, les USA pourraient en arriver à avoir recours à la bombe nucléaire pour arrêter ‘this complete mess’. Si c’est la meilleur option …
http://mikeruppert.blogspot.com/
Tout ce qui se passe avec Deepwater Horizon ressemble très à une petite introduction à un Post Peak World !
Pour un peu s’étendre sur la notion de date, l’Histoire pourra retenir 3 dates identifiables pour le PO (un peu comme les 3 points d’inflexion au sommet d’une courbe exponentielle), on a les deux premières dates.
2005 : fin de la croissance pétrolière, début du plateau – baisse du pouvoir d’achat, endettement
2008 : crise systémique de la complexité – rendements décroissants, le pic pétrolier est scellé
20?? : début de la décroissance pétrolière – pénurie et décroissance, …
A ce sujet Lester Brown imagine que l’Histoire future pourrait consacrer le pic pétrolier comme l’année Zero. J’ai comme l’impression que ce sera le dernier point d’inflexion qui sera choisi, celui qui pourrait correspondre à la prise de conscience planétaire . En –70 B PO a eu la seconde guerre mondiale. En +20 A PO l’antarctique a disparu l’été …
Pour nous, qu’importe la date, ce qui compte c’est de savoir que cela a lieu maintenant.
Nous rentrons tous ensemble dans un Post Peak World
Très clair. Merci pour ces liens.
Oligarchie en France aussi :
http://www.alternatives-economiques.fr/les-cumulards-du-cac-40_fr_art_633_49410.html
Obama vient de faire voter avec une majorité de 20 voix (59 contre 39) le « Financial Stability Oversight Council » organisme qui va contrôler les activités finncières. C’est à dire le contrôle et les décisions de l’Etat (Main Steet) sur les Banques (Wall Street). Donc tout est possible. Il faut le vouloir.
Mais cela n’empêche pas l’indice VIX surnommé l’indice de la peur et qui donne la volatilité du marché financier américain, c’est à dire en ce moment celui de la « tourmente financière » après avoir atteint son sommet (80) au moment de la chûte de Lehman Brothers en 09/2008, repart depuis le début de 2010 ( de 20 en 01/10 à 45 au 28/05/10) au point de faire dire au Magazine Money Week qu’il va y avoir « du sang sur les murs ». Il y a donc du souci à se faire avec la crise mondiale.
Très bonne idée d’orchestrer ca avec King Crimson.
A propos du travail et de la crise, que pense Toni Negri ? Il est rarement cité sur ce blog (voire pas du tout), mais quid de Empire, son livre commun avec Michael Hardt ? S’est-il exprimé depuis ?
C’est une revue de commentaires édifiante qui indique que les banquers centraux et les gouvernements en sont réduits à être des spectateurs de quelque chose qu’ils ne comprennent décidément pas ou qu’ils ne veulent comprendre!
Il est pourtant sensible, comme le signale François Leclerc, que les professionnels de la finance, ceux qui cherchent à gagner de l’argent en faisant les allers-et-retours spéculatifs entre bourses et obligations et autres produits finaciers ou matières premières, font comme ils doivent faire: de l’argent pour le compte des investisseurs, les problèmes générés ne relevant pas de leurs compétences. Cela est tout de même vrai.
En effet, tout gain d’argent passe par la formule de Marx: A-M-A’, à savoir faire plus d’argent via une opération d’achat-vente, parfois sophistiquée.
Dans ce contexte donné, il suffirait de doter l’argent du risque équivalent de ce qu’il engendre. Rien n’interdirait aux banques centrales d’en prendre l’initiative en émettant par exemple un signe monétaire nouveau, un signe qui serait porteur, lui aussi, du risque lié à sa détention, comme c’est le cas des actifs financiers, biens et services. L’inaction face à ce déséquilibre fondamental a pour effet de doter l’argent liquide de son pouvoir d’être valeur refuge ultime, le but fétichiste même de toute opération financière.
Or, pour orienter l’argent dans l’économie réelle et pour faire en sorte qu’il y reste pour y opérer l’essentiel de transactions, il faudra bien y venir: rendre enfin les spéculations si risquées que le « marché » s’assèche de lui-même. Et, précisément, cela nécessite l’émission d’un signe monétaire nouveau, marqué par le temps, car de tels signes ne sauraient plus être les valeurs refuges susceptible de bloquer les transctions de l’économie réelle ainsi que le marché du crédit.
Il faudrait faire en sorte que les profits se réalisent en dehors de la spéculation pure, et là, une simple « interdiction de la spéculation » ne suffit en aucune façon.
Pour ce faire, il faut obtenir que les rendements du capital baissent sur un large front, et cela n’est possible qu’avaec un SMT qui neutralise le taux d’intérêt monétaire net.
Je sais que je semble prêcher dans le désert, depuis quelque temps, je ne reçois plus guère de réactions à mes envois, mais il est néanmoins sensible que cette absence de réactions n’annulle en rien le fait qu’aucune autre proposition susceptible de marcher ne se profile nulle part.
Sans doute, les banques centrales interviendront encore souvent en « monétisant » d’autres actifs toxiques, mais cela ne nourrira que davantage les spéculations.
Cela me rend perplexe, cela évitera sans doute les dépressions comme dans les années trente, mais, en échange, nous sommes partis pour une récession molle pour de très nombreuses années!
Au fond, pourquoi pas, c’est une forme de réalisation de la « décroissance » chère aux ayatollahs écolos. Mais la misère et la crise sociale qui vont avec restent néanmoins redoutables.
Le choix s’impose donc: ou bien la récession qui n’en finit pas ou bien le SMT qui permettrait une stabilisation conjoncturelle et une réorientation des transactions vers l’économie réelle.
La misère était déjà là: vous avez vu les SDF ou il n’y en a pas là où vous habitez ? Merci Chirac et la loi Devaquet sur les loyers…
bonjour,
Comme vous, je suis très préoccupé par la masse monstrueuse des capitaux flottants qui alimentent la spéculation débridée et parasitaire. Et je cherche sur ce blog et ailleurs les remèdes qu’il faudrait appliquer pour en supprimer les nuisances.
Paul Jorion propose l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix; c’est une mesure de bon sens. Mais suffira-t-elle? Sans doute pas, donc il faut des mesures complémentaires. Lesquelles?
Quand on parle de Bancor, il me semble qu’il faudrait y ajouter des modalités spécifiques pour les pays très pauvres, qui ont d’énormes besoins et pas grand chose à exporter. De même pour les minerais et énergies fossiles qui ne sont pas répartis entre les pays en proportion de leurs besoins.
De votre côté, vous insistez sur la monnaie fondante; je ne suis pas assez calé pour identifier sa portée. Le principe semble être intéressant. Lui aussi me semble nécessiter des règles d’accompagnement, afin d’éviter d’éviter quelques inconvénients majeurs.
Au bout du bout, le monde dont on peut rêver serait débarrassé de la spéculation financière, et toutes les ressources disponibles seraient orientées vers l’économie réelle, et les technologies « durables ». Mais il me semble que tout scénario de transition devra d’abord assécher la masse des capitaux accumulés par la spéculation financière. Sinon, ces capitaux se déverseront massivement dans l’économie réelle , provoquant une très forte augmentation du prix des biens réels (immobilier, entreprises, terres,…), qui empêchera à nouveau le commun des mortels d’y accéder.
Ce que j’ai lu des propositions de Gesell montre qu’il avait détecté des dangers analogues, même en l’absence d’une masse « initiale » de capitaux ; ce qui l’a amené à des constructions que je ne trouve ni réalisables ni même souhaitables.
J’ai donc 2 questions:
– lors de la nécessaire transition vers un nouveau système, comment fait-on pour ne pas « démarrer » le nouveau système avec une masse de capitaux destructrice?
– dans le nouveau système, quelles sont les mesures à prendre pour que le prix des biens réels reste en rapport avec les ressources de tout un chacun?
Au plaisir de lire les réponses des blogueurs….
@ JF
« …Je sais que je semble prêcher dans le désert, depuis quelque temps, je ne reçois plus guère de réactions à mes envois, mais il est néanmoins sensible que cette absence de réactions n’annulle en rien le fait qu’aucune autre proposition susceptible de marcher ne se profile nulle part…. »
je comprends votre amertume , tout en partageant la plupart de vos diagnostics…
je crains que pour être « audibles » , les solutions avancées doivent présenter suffisamment de « bénéfices secondaires » pour les personnels politiques qui pourraient les mettre en application..ce qui ne semble toujours pas le cas…
il nous faudra surement attendre une « révolution culturelle » dépossédant l’individualisme régnant depuis l’invention des religions monothéistes de sa (sur)valeur symbolique….
une « sacré » remise en question..!!!
cordialement
@bourby
@finckh
Le SMT est intéressant dans le cadre d’une réforme du système monétaire. Mais il ne règle pas le problème actuel de la dette et surtout de sa monétisation en cours qui tue lentement l’investissement.
La seule solution serait une reprise en main du politique de la finance : pour réorienter les flux de capitaux, imposer de nouveaux indicateurs, etc. Cela nécessiterait probablement une nationnalisation du système bancaire dans tous les pays de l’OCDE, mais est-ce idéologiquement et financièrement possible aujourd’hui ?
Non, on voit que beaucoup de décideurs ont pensé ceci :
1) Il faut encore que l’état soutienne le système pendant 2,3 ans pour que les actifs les plus toxiques soient neutralisés par une reprise naturelle de l’immobilier, une fois que les bulles se seront dégonflées.
2) Il faut s’aligner sur les pays émergents. Ainsi, en Europe : baisse des dépenses de l’état, des salaires, de l’euro (à 1$:1€, grâce à la BCE) et le tour sera joué.
Avec cette pensée réflexe et à courte vue, il est évident qu’aucune réforme de fond ne sera tentée. La suite ne dépend que de la gravité, en partie insondable (au plan économique et financier, j’entends), de cette crise.
Tree-top dit :
30 mai 2010 à 17:14
@bourby
@finckh
1)Le SMT est intéressant dans le cadre d’une réforme du système monétaire. Mais il ne règle pas le problème actuel de la dette et surtout de sa monétisation en cours qui tue lentement l’investissement.
JF: Meric « tree-top » de reconnaître l’intérêt du SMT pour la réforme.
Mais j’aimeris bien vous montrer qu’il règle comme aucun autre moyen très efficacement le problème de la dette et de la monétisation, car le SMT organise véritablement le désendettement général, j’essaie de l’exposer ici brièvement. Par ailleurs, si vous m’adressez un mail, je vous enverrai un manuscrit détaillé qui vous l’explique plus amplement.
Allons-y:
*L’émission du SMT lors d’une prochaine monétisation par exemple aurait pour effet immédiat que ces nouveaux fonds ne pourraient plus être détournés dans les circuits de la spéculation. Il ne leurresterait que le retour dans l’économie réelle et le crédit, moyennant quoi, en supprimant l’intérêt monétaire net (en le baissant, dans un premier temps), les refinancement des états endettés ou des entreprises ou même des particuliers serait déjà sensiblement moins coûteux. En clair, beaucoup d’insolvables redeviendraient instantanément solvables, et ce serait dès lors leur seul travail qui pourrait les conduire à se désendetter. L’avantage pour tous serait une plus grande sécurité et davantage de confiance. Seule le rente du capital souffrirait quelque peu, mais cela ne me semble pas grave, car les réserves des riches sont de toute façon colossales.
**Du coup, le retour de l’argent en faveur d’investissements nouveaux serait immédiat.
2) La seule solution serait une reprise en main du politique de la finance : pour réorienter les flux de capitaux, imposer de nouveaux indicateurs, etc. Cela nécessiterait probablement une nationnalisation du système bancaire dans tous les pays de l’OCDE, mais est-ce idéologiquement et financièrement possible aujourd’hui ?
JF: La décision « politique » à prendre serait effectivement l’obtention du consensus en faveur du SMT, et cela nécessite aussi que les économistes se saisissent de l’idée pour l’affiner. La nationalisation du système bancaire et financier seul ne règle rien, car la difficulté est le signe monétaire thésaurisable comme tel. Et c’est cela qu’il faut changer surtout.
3)Non, on voit que beaucoup de décideurs ont pensé ceci :
31) Il faut encore que l’état soutienne le système pendant 2,3 ans pour que les actifs les plus toxiques soient neutralisés par une reprise naturelle de l’immobilier, une fois que les bulles se seront dégonflées.
32) Il faut s’aligner sur les pays émergents. Ainsi, en Europe : baisse des dépenses de l’état, des salaires, de l’euro (à 1$:1€, grâce à la BCE) et le tour sera joué.
Avec cette pensée réflexe et à courte vue, il est évident qu’aucune réforme de fond ne sera tentée. La suite ne dépend que de la gravité, en partie insondable (au plan économique et financier, j’entends), de cette crise.
JF: Sans doute, ce que vous décrivez semble bien le chemin « à courte vue » qui est tenté. Mais la « gravité insondable » de la crise est suffisante pour que cela ne conduira évidemment à aucun rééquilibrage. Tellement pas que, austérité ou non, le résultat serait absolument identique, sauf que l’austérité est censée réduire la dette publique (sans garantie, car les impôts perçus baisseront fortement!), mais ce sera la dette privée et les faillites privées qui augmenteront tellement que les BC devront monétiser à nouveau les actifs toxiques ainsi générés. Autrement dit, contrainte et forcée, le robinet monétaire de la BC restera bien la seule « soupape » pour éviter que la récession ne se transforme en récession – sauf à émettre des SMT.
CQFD
Merci pour vos remarques, jf
Je crois que pendant des décennies la croissance et la dette se sont nourries l’une de l’autre.
Quand la croissance devient non seulement insuffisante pour nourrir la dette, mais que la croissance devient impossible, pour des raisons économiques, avec une redistribution de l’argent insuffisante pour alimenter la consommation, mais aussi pour des raisons historiques et quasi ontologiques (la planête s’épuise), la dette demeure seule à bord et l’abandon de toute logique ou de bon sens ou de sens stratégique, appelez cela comme vous voulez, entraîne la totalité des activités humaines vers l’ abîme.
La décroissance, autre terme pour désigner la récession permanente acceptée et non subie, devient, avec la reconquête du bon sens et de la sociabilité la seule perspective.
oui, mais pour une « croissance soutenable socialement, il faut opérer une redistribution énergique, notamment obtenir un large désendettement, ce qui implique que les fortunes monétaires « fondent » de leur côté dans des proportions identiques.
Et là, le SMT serait le moyen parfait pour obtenir cela, car en supprimant l’intérêt monétaire net tout en maintenant la monnaie en circulation, il est certain que le refinancement bon marché des plus endettés (les états notamment) les rendrait immédiatement solvables et les engagerait clairement dans un désendettement sans autre mesure d’austérité.
il faut lire « décroissance soutenable socialement… »
Hier, Der Spiegel faisait état d’un ‘complot français’, i.e. des 40 mds d’obligations souveraines achetées par la BCE, 25 avaient été consacrés à des achats d’obligations grecques, qui auraient été effectués pour l’essentiel auprès des banques francaises. Il est à craindre que d’ici la retraite de Trichet,la BCE ne devienne un point de fixation d’enjeux politiques, intensifiés par les commentaires ici et là de ses gouverneurs. On pourrait se demander s’il ne serait pas temps de réformer les statuts de la BCE, ce commentaire pointant sur une autre difficulté sous-jacente:
How many quasi-fiscal activities can the ECB bear
Quand à l’édifiant constat de votre billet, le ‘fil rouge’ ne serait-il pas la stabilité du système financier ?
Il n’est pas anodin que Tim Geithner ait été flanqué de Mme Sheila Bair lors de sa visite à Pékin, qui indique clairement les doutes chinois sur ce ‘pilier’ de l’économie américaine, responsables chinois qui doivent être effarés du cours des choses outre-Atlantique à l’examen de la réforme financière.
Par ailleurs, vous révélez les précautions d’usage de la ‘diplomatie’ financière ( US and Germany oceans apart on fiscal policy)
Quant à la rumorologie, quand elle accompagne la mise à jour de fissures dans le système bancaire ( par ailleurs, le président de ABN-AMRO-Fortis a eu la délicatesse cette semaine en pleine campagne électorale néerlandaise d’indiquer que le gouvernement risquait ne pas revoir la couleur des 30 mds d’aides consenties pour renflouer les deux entités ).
Non seulement elle contribue de fait à transformer de fait l’Espagne en la victime expiatoire (imagine-on un instant le gouvernement Français présenter une fois par semaine un paquet de mesures pour couper dans la dépense publique ), elle ne fait selon moi que renforcer la nécessité, une nécessité qui doit être impulsée par le haut (i.e le Conseil de la BCE réunit l ‘ensemble des gouverneurs des banques centrales européennes, la prise de cette décision en serait facilitée d’autant, dans le cadre de l’urgente réforme de ces statuts ), par le ‘médecin en chef’ d’une auscultation détaillée du malade,le système bancaire européen, auscultation, audit, qui tire sa légitimité des montagnes d’argent public injectés par les Etats européens pour les ‘sauver’
Quant à la BRI, entre les déclarations de son président il y a quelques semaines sur le fait que la réforme financière risquait d’avoir pour résultat une contraction du crédit (sic ) qui rejoignent les déclarations que vous rapportez, ne serait-il pas temps pour cette institution de s’intéresser à la situation actuelle du Tier 1 en Europe, sachant que selon certaines analyses la BNP est en dessous du ratio ?
Pile-poil, synchrone, l’éditorial du New York Times qui estime que les banques américaines avaient fin 2009 sur leurs livres 1.2 trillions de $ de la dette européenne
The Transatlantic crisis: Europes Endangered banks
Autre élément d’évaluation: le ‘leverage’ des principales banques allemandes
A Busted formula
merci Charles pour toutes vos analyses.
Pour BNP, j’avais lu aussi des ‘trucs’ dessus : pas très rassurants …
De mieux en mieux chez les « Européens »: deux firmes pharmaceutiques danoises Leo Pharma et Novo Nordisk retirent leurs produits de Grèce après que le gouvernement ait annoncé une baisse obligatoire de 25 pour cent des prix de tous les médicaments. Novo N produit des piqûres à insuline pour les diabétiques. Vraiment sympa. Quant à Leo Pharma, la BBC nous explique avec charité qu’ils retirent deux « popular drugs », l’une pour traiter le psoriasis et l’autre pour les caillots sanguins.