Prendre le taux d’intérêt au sérieux ?

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Quand une banque vous prête de l’argent, elle vous communique le taux d’intérêt qu’elle exigera de vous. Il y a à ce taux trois composantes : la base, c’est le coût de financement, le taux d’intérêt dont elle s’acquitte elle-même sur cet argent qu’elle va vous prêter (si la banque « inventait » l’argent qu’elle vous prête, ce coût serait de zéro ; malheureusement pour les banques, ce n’est pas le cas). Le deuxième composant, c’est son profit. Le troisième composant, c’est la prime de risque : c’est la partie qui tient compte du fait que certains ne rembourseront pas et ce qu’elle vous réclame comme prime de risque résulte d’une évaluation statistique des gens comme vous faisant ce même type d’emprunt, etc.

Sur un exemple : la banque vous prête de l’argent sur une certaine durée, disons cinq ans, elle n’emprunte pas elle-même cet argent pour cinq ans, elle l’emprunte pour trois mois, ou pour un mois, et elle renouvelle cet emprunt à chaque échéance de trois ou de un mois, elle « fait rouler » son prêt. Il y a là un coût pour elle, coût moins élevé en général (à moins que la courbe des taux ne soit « inversée », ce qui arrive parfois) que d’emprunter elle-même sur cinq ans pour vous prêter cet argent. Disons, coût de financement pour la banque : 1,25 %, profit : 0,75 %, prime de risque dans votre cas 3 %, Donc, total : 5 %. Sur un exemple historique récent : les prêts européens à la Grèce. Coût, disons : 1,5 %. Prime de risque : 0 %, puisque les pays européens garantissent solidairement le prêt. Taux d’intérêt réclamé : 5 %. Donc profit : 5 % – 1,5 % = 3,5 %. Je ne plaisante pas bien entendu, c’est vraiment comme ça que ça s’est passé.

Jusqu’ici, la prime de risque n’a pas été prise très au sérieux par les banquiers : les compagnies d’assurance sont obligées de faire de réelles provisions mais les réserves que les banques constituent sur les prêts qu’elles accordent ont toujours été jusqu’ici d’un montant plus ou moins symbolique. Si ce composant « prime de risque » compris dans le taux d’intérêt avait été pris au sérieux, on n’en serait pas là : si un grand nombre de défauts se produisaient simultanément en raison d’une mauvaise conjoncture économique, on se tournerait vers les réserves qui ont été constituées et – si le calcul a été fait correctement – l’argent qui compense les défauts serait là. Au lieu de cela, ce « coussin » s’est ajouté de fait à la marge de profit et a été distribué en dividendes et en bonus aux dirigeants de la banque.

Ceci pourrait changer, pas de manière dramatique peut-être mais au moins au niveau des principes, si une mesure envisagée par le FASB (Financial Accounting Standards Board), le bureau américain des normes comptables financières, était mise en application. La mesure du revenu net dû aux intérêts (net interest income) au bilan va devoir tenir compte des réserves faites pour un non-remboursement éventuel et la somme calculée devra se retrouver effectivement en réserves. Jusqu’ici, le net interest income était essentiellement calculé à partir du taux d’intérêt global.

Une remarque de David Reilly, le journaliste qui analyse la mesure proposée dans le Wall Street Journal de ce matin : pour continuer comme avant de présenter à leurs actionnaires un chiffre impressionnant de net interest income, les banques vont être tentées de réduire les réserves qu’elles constituent sur les prêts qu’elles accordent.

Décidément, on n’est pas près de perdre les bonnes habitudes dans le secteur bancaire.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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181 réponses à “Prendre le taux d’intérêt au sérieux ?”

  1. Avatar de Karluss

    mais, le ratio « Cooke » ??
    cordialement

    1. Avatar de ybabel
      ybabel

      Le ratio de cooke c’est en cas de panique bancaire, pour assurer une liquidité minimale.

  2. Avatar de Crapaud Rouge

    D’où la solution : on les nationalise, on zigouille (pas pour de vrai !!!) leurs actionnaires et leur trucmuche de « net interest income », on les dote d’énormes capitaux propres, et l’on exige qu’elles n’en prêtent pas plus de 10%. Ridicule comme solution, c’est fort possible, mais pas plus que celle en vigueur.

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Principe chinois, oui, Crapaud Rouge. (rouge… ça démontre une tendance politique…??? 😉 )
      Ils viennent de le faire en Irlande, d’ailleurs.

    2. Avatar de Didier
      Didier

      Ce matin il y avait l’excellente Susan George sur France Culture. A un moment cette question de la nationalisation des banques – elle préfère parler de socialisation dans la mesure où les banques ne seraient pas directement gérées par l’État mais par des personnalités du monde de la société « civile » – cette question donc, est venue sur le tapis. Réflexe pavlovien du journaliste : pourquoi l’Etat serait il meilleur spécialiste que le marché pour gérer les banques ? Moi je dis : mais pourquoi donc n’inverse t-on jamais cette phrase ?

    3. Avatar de yvan
      yvan

      Crapaud Rouge, un truc que tu m’avais demandé :
      http://www.arobase.org/rediger/smileys.htm
      Et, d’un point de vue économique :
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Smiley
      Même ça, ça se paye…

    4. Avatar de Crapaud Rouge

      (rouge… ça démontre une tendance politique…??? ) : non, une tendance à prendre les choses au sérieux et me fâcher tout rouge. 🙂

    5. Avatar de Crapaud Rouge

      Justement, Yvan, il m’énerve sérieux cet article. Non que Paul aurait décidé pendant la nuit de se mettre à dire des âneries, mais parce que cette notion de risque, telle que manipulée par les capitalistes, a le don de me fiche en rogne. Il n’y a qu’à voir les pétroliers : en bons capitaliste, ils se vantent de prendre des risques, (ce qui justifie leurs profits), mais après les catastrophes, leurs avocats viennent nous dire qu’ils n’y sont pour rien. Ensuite, concernant cette « prime de risque » incorporée dans les taux d’intérêt, il est clair que les banquiers se la mettent dans leur poche.

    6. Avatar de Crapaud Rouge

      Yvan, merci pour la page des smileys ! 😉

    7. Avatar de yvan
      yvan

      Mais bien sûr, Crapaud .. bleu tranquille des mers du sud.
      Un assureur te dira toujours qu’il faut que tu t’assures parce que tu peux mourrir demain…
      Et un banquier que son « placement » est sûr sans te donner aucun objectif réel chiffré qui l’engagerait…

      Sinon, pour tout le reste, il n’y a pas master card, mais la boule de cristal 😉

    8. Avatar de Mianne
      Mianne

      Merci à Yvan et Crapaud rouge pour les smileys :*)

    9. Avatar de Bernique
      Bernique

      Ou bien les banques sous-traitent le risque à des assureur du type AIG…renfloué par… ?

  3. Avatar de Gu Si Fang
    Gu Si Fang

    Bonjour,

    L’idée est que les banques prêtent une ressource qu’elles empruntent, et qui a donc un coût pour elles. Une bonne gestion requiert donc qu’elles prennent une marge pour couvrir leurs frais ET une marge pour couvrir en moyenne les pertes dûes aux mauvais payeurs. Si une banque sous-estime certains risques, comme une baisse globale de l’immobilier, elle risque de faire faillite si cela se produit.

    Il y a plusieurs trous dans cette présentation.

    D’une part, les banques n’empruntent pas la monnaie pour la reprêter. Il y a des banques spécialisées qui fonctionnent ainsi. Elles s’appellent Cofinoga ou Lehman Brothers. Mais la BNP, la SG, ou LCL prêtent leurs dépôts, comme vous l’expliquez dans « L’argent, mode d’emploi ». Ce faisant, elle créent de la monnaie-de-banque. Ce n’est pas la même monnaie que les euros de la BCE (monnaie-de-banque-centrale). En particulier, la monnaie de banque n’a pas cours légal : on a le droit de la refuser. Mais en pratique elle est acceptée la plupart du temps, en particulier parce que l’Etat garantit les petits dépôts. Ceci rend la monnaie-de-banque pratiquement équivalente, du point de vue de celui qui la reçoit, à de la monnaie légale.

    Vous avez raison de dire que le coût des ressources n’est pas nul. En effet, la banque qui crée de la monnaie et accorde un prêt immobilier 5% / 30 ans aurait pu utiliser cette monnaie pour acheter des BTF 1,25% / 3 mois. De son point de vue, le coût du prêt correspond à l’opportunité à laquelle elle a renoncé. Le coût de la ressource est donc bien de 1,25% pour la banque.

    Sous l’effet de la concurrence, toute entreprise est contrainte de baisser ses prix pour capter de nouveaux clients. Les banques ne font pas exception (si ce n’est de nombreuses entraves à la concurrence dans le secteur bancaire). Le profit devrait donc tendre vers zéro ! Tout le monde connaît la fameuse « loi » que Marx a emprunté à Smith, selon laquelle on tend à l’annulation du profit.

    Je ne parle pas de la prime d’inflation, ni de la réglementation, qui empêche les taux de baisser complètement.

    On en vient donc à la fameuse prime de risque. Et pour comprendre ce point, il faut distinguer risque et incertitude. Comme l’écrit Philémon dans ce commentaire http://www.pauljorion.com/blog/?p=3760#comment-32827 le risque est quantifiable, mesurable, probabilisable. C’est par exemple la probabilité qu’un jet de dé donne un 6. Cette probabilité est de 1/6 par définition d’un dé. Mais l’incertitude est ce qui n’est pas quantifiable. La « probabilité » que Sarkozy soit réélu en 2012 est totalement impossible à quantifier.

    De même, la notion de « probabilité » n’a aucun sens lorsqu’on parle de défauts d’emprunteurs immobiliers. Si 100 emprunteurs sur un million font défaut, on dira qu’il y a eu 0,1% de défauts. Mais la « probabilité » que 1000 emprunteurs fassent défaut l’année prochaine ne peut pas être définie. Ce n’est plus un problème de probabilités, c’est un problème de prévision. C’est totalement différent.

    L’acte de prévoir les conditions futures est le rôle spécifique d’un entrepreneur, pas d’un actuaire. Prévoir la demande future des consommateurs, le nombre de défaut immobiliers, etc. L’entrepreneur est celui qui fait un pari sur les conditions futures, et supporte les gains ou les pertes le cas échéant. Particulièrement importante est l’incertitude liée aux comportements humains. Nous pouvons parfois calculer des probabilité et quantifier le risque dans les phénomènes naturels ou purement mécaniques, comme un jet de dé. Parfois, nous avons du mal à le faire, comme la probabilité d’un tremblement de terre. Mais en ce qui concerne les comportements humains, les mathématiques sont impuissantes, et la notion de probabilité n’est d’aucune aide.

    Pour revenir au billet, on ne peut pas dire que les banques ont « sous-estimé » le risque d’éclatement de la bulle immobilière, parce qu’il s’agit de comportements humains et qu’un tel événement ne peut pas être prédit quantitativement. Dès lors, croire que l’on peut résoudre le problème en augmentant la « mesure » du risque est illusoire.

    1. Avatar de ybabel
      ybabel

      Sachant que le plus drôle c’est que : si on anticipe un risque accru, on monte le taux de la prime de risque, et donc le taux d’emprunt final, mettant en difficulté accrue les emprunteurs, disons par exemple (au hasard lol), ceux de la catégorie subprime, et on déclenche une vague de défauts de paiements qui activent l’utilisation de la prime de risque.

      Donc en fait : l’anticipation du risque crée le risque.
      Et inversement ?
      C’est la que ça se complique ! lol

    2. Avatar de yvan
      yvan

      Cépafo, Gu Si Fang.
      Sauf que, par exemple, les assurances ont tous les chiffres de risques en main. Et donc, sauf catastrophe naturelle imprévisible majeure, elles connaissent exactement la marge qu’elles se feront dans l’année suivante.
      La catastrophe entrainant une hausse des cotisations « bien » légitime…
      Sur le moyen terme, la tendance tant sur le plan individuel que global est scrutée et analysée. Ainsi, aucune surprise ne viendra troubler le système.
      La surprise, et P.Jorion l’avait aussi évoqué, a par contre été en 2008 pour AIG (je rappelle que c’est l’assurance des assurances), où là, le trou dans la caisse a dû être comblé d’urgence par l’état US…
      Le phénomène particulier de non remboursement de prêts immobiliers aux US s’explique par la saisie uniquement possible du logement. Et non des autres biens d’un particulier.
      Il est même étonnant qu’au pays de l’argent, ils aient adopté ce principe…

      Bon, donc, la mutualisation des défauts de paiement sur ceux qui peuvent payer permet aux assurances de toujours s’en sortir.
      Et puis.. il y a toujours le moyen de refuser un prêt à un individu qui a eu le cancer, après tout…

    3. Avatar de Didier
      Didier

      Gu Si Fang, merci beaucoup de ce commentaire très clair.

      Vous dites : « Pour revenir au billet, on ne peut pas dire que les banques ont « sous-estimé » le risque d’éclatement de la bulle immobilière, …. » ce n’est pas ce que j’ai compris de la passionnante lecture du bouquin de Stiglitz. Pour le paraphraser, moi j’ai compris que les banques avaient purement et simplement IGNORE le risque en restant artificiellement dans la perspective d’un marché immobilier éternellement à la hausse, le but n’étant pas de toucher des intérêts mais de toucher des commissions sur les transactions que la hausse continue du marché ne manquerait de multiplier dans le cadre d’éventuels refinancement.

      Quant à la subtilité probabilité / prévision, si on ne peut être que d’accord avec vous, on peut aussi se demander comment le banquier « de base » considère / traite cette question ?

    4. Avatar de Crapaud Rouge

      Ce faisant, elle créent de la monnaie-de-banque. : attention, il y a des droits de douane très élevés pour importer ce genre d’idées sur ce blog. 🙂

      De son point de vue, le coût du prêt correspond à l’opportunité à laquelle elle a renoncé. : Pour mériter son nom, un coût doit correspondre à quelque chose qui est incorporé dans le produit livré. Je trouve votre post très intéressant, mais là, votre idée est très déplaisante car elle introduit une distorsion de langage, le genre de truc que l’on trouve aussi avec la notion de « monnaie scripturale ». Si l’on se met à estimer les coûts aux « opportunités auxquelles on a renoncées », les absurdités qui en découlent sont tellement énormes qu’il est impossible d’en citer une sans paraître ridicule.

    5. Avatar de Crapaud Rouge

      @Didier : plutôt ignoré que sous-estimé, en effet. Au demeurant, « sous-estimer » suppose un calcul préalable, ce qui n’a jamais été fait pour la bulle des subprimes.

      @Gu Si Fang : le distinguo proba/incertitude est pertinent, certes, mais vous oubliez un truc : c’est que toute incertitude devient probabilité dès lors qu’on se donne la peine de l’estimer. En ce qui concerne les bulles, leur probabilité d’éclatement est de 1 à plus ou moins long terme, parce que les cours financiers sont des mouvements browniens, et que tout mouvement brownien atteint tôt ou tard n’importe quelle limite arbitrairement choisie.

    6. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ ybabel : Non, lorsque les banques anticipent un risque de défaut élevé, elles prêtent moins. Cela ne déclenche de défauts, mais raréfie le crédit.

      @ yvan « les assurances ont tous les chiffres » : Prenons un exemple, l’assurance automobile. Je prends des chiffres totalement fantaisistes pour simplifier. Il y a un million de voitures, et 10000 ont eu un accident l’an dernier. Connaître ce pourcentage pour les années PASSéES est le travail de l’actuaire. Le problème de l’entrepreneur est de prévoir si il y aura toujours 1% de sinistres les années SUIVANTES. A la limite, si il y avait exactement 10000 sinistres tous les ans, qui frappaient les automobilistes au hasard comme une loterie, il n’y aurait pas besoin d’un entrepreneur. L’assurance mutualiserait parfaitement les risques, les gens qui n’ont pas d’accident payeraient pour ceux qui en ont, et l’assureur ne ferait AUCUN profit. Mais cette situation est rarissime. En pratique, le nombre total de sinistres n’est jamais parfaitement prévisible. On dit qu’il est « incertain ». Il faut « parier » – anticiper, estimer, juger – que le nombre de sinistres sera inférieur à 12000. Pour cela, on regarde bien sûr les chiffres passés, mais ma décision repose sur un jugement purement subjectif, qui ne fait pas appel à un calcul mathématique. Si, après coup, le nombre de sinistres est bien inférieur à 12000, on réalise un profit ; sinon, une perte.

      @ Didier

      Je ne suis pas sûr que les banquiers comprennent tous la distinction risque / incertitude. Les assureurs la comprennent mieux, car c’est leur métier. Mais la banque et la finance utilisent depuis quelques décennies des modèles qui mathématisent aussi bien le risque que l’incertitude (comme Black & Scholes) et qui créent donc une confusion regrettable. Il y a bien la notion de « risque idiosyncratique » en finance, qui s’approche peut-être de l’incertitude.

      @ Crapaud Rouge : Le coût dont je parle est le « coût d’opportunité » des économistes. Si vous ne le connaissez pas, je vous invite à le comprendre avant, et à le critiquer ensuite.

      « toute incertitude devient probabilité dès lors qu’on se donne la peine de l’estimer » : Non, car l’incertitude est justement ce qui ne peut pas être quantifié ni probabilisé. Pas de mouvement brownien – ni fractal, d’ailleurs 😉 – en ce qui concerne l’incertitude. On n’est pas dans la physique et les mathématiques, mais dans le domaine du comportement humain.

      En résumé, les acteurs de la finance ne sont pas empêtrés dans la crise en raison d’une erreur de calcul – puisque ce n’est pas une question de calcul – mais parce qu’ils ont tous fait la même erreur de prévision. Ils sont nombreux à avoir anticipé que l’immobilier continuerait de monter à un rythme effréné, et très peu d’entre eux ont anticipé qu’il baisserait. Tout le problème est d’expliquer pourquoi, et pour ça il faut sortir des histoires de formules mathématiques.

      Voici quelques lignes sur Wikipédia au sujet de la distinction risque / incertitude.
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Théorie_du_risque

    7. Avatar de modeledesaions

      Bonjour,
      je ne suis pas d’accord avec la conclusion : « …on ne peut pas dire que les banques ont « sous-estimé » le risque d’éclatement de la bulle immobilière, parce qu’il s’agit de comportements humains et qu’un tel événement ne peut pas être prédit quantitativement. « 

    8. Avatar de Crapaud Rouge

      @Gu Si Fang : je me suis complètement planté en disant que toute incertitude pouvait devenir proba. En effet, les évènements et choix uniques auxquels on est souvent confrontés ne peuvent pas donner lieu à des statistiques.

      En ce qui concerne les bulles, désolé, on n’est pas dans le comportement humain, mais dans celui d’un système. Et, dans ce système, les cours suivent des mouvements browniens. Donc l’éclatement des bulles est certain, mais avec une incertitude sur la date.

      « Le coût dont je parle est le « coût d’opportunité » des économistes. Si vous ne le connaissez pas, je vous invite à le comprendre avant, et à le critiquer ensuite. : je savais bien que cet usage du mot n’était pas de votre cru. Mais il me suffit de comprendre le français, et de savoir ce qu’est un coût, pour en déduire que ce « coût d’opportunité » n’en est pas un. Messieurs les économistes auraient dû lui trouver un autre nom. Ils massacrent le vocabulaire, c’est une habitude, chez eux, puisqu’on trouve la même confusion dans « monnaie scripturale » qui n’est pas de la monnaie.

      Si le banquier, en prêtant, gagne moins que ce « BTF 1,25% / 3 mois » qu’il aurait pu acheter, ou moins que sur tout autre placement à sa disposition, alors il est perdant, parce qu’il cherche à maximiser son profit. Donc il ne prêtera pas. Et s’il prête quand même, pour satisfaire à d’autres contraintes, alors il subit un manque à gagner relatif à l’opportunité perdue. Aucune trace de coût là-dedans. C’est pourquoi les banques de dépôt ont voulu être aussi des banques d’affaires : pour ne pas louper de juteuses opportunités.

      Quoiqu’il en soit, il est exclu que j’accepte, sans la renifler d’abord comme un chien, la moindre notion fourguée par « les économistes ».

    9. Avatar de AntoineY
      AntoineY

      @Gu Si Fang:

      1/
      « Pour revenir au billet, on ne peut pas dire que les banques ont « sous-estimé » le risque d’éclatement de la bulle immobilière, parce qu’il s’agit de comportements humains et qu’un tel événement ne peut pas être prédit quantitativement. »

      « prédit quantitativement » est une expression étrange. De fait, certains spécialistes avaient prévu le problème, sans faire appel à la boule de cristal, c’est à dire en précisant les développement de la crise des subprimes, ses tenants et ses aboutissants. Ca ne change rien à la justesse de votre remarque, mais il aurait mieux valu écrire « ne peut reposer sur une évaluation de type quantitative », au sens où ca relève des « sciences sociales » plutôt que  » ne peut pas être prédit quantitativement ».

      2/
      Pour le reste faire distinctions fines entre différents types de risque et d’incertitude serait des plus utiles. Ce sont elles d’ailleurs qui fondent en partie les principes de la finance islamique (en gros la fiance islamique passe outre l’interdiction du prêt à intérêt en fonction d’une distinction métaphysique douteuse relative à l’intervention ou non de la main de l’homme dans la génération du risque).
      La distinction que vous établissez est encore trop « brute » pour être opérationnelle… ou pour servir de justification aux pratiques actuelles.

      3/
      Évidemment ca oblige à faire de la métaphysique au sens pur du terme. J’ajoute, en renvoyant au commentaire sur Portalis ci-dessous dans la page, que si le juriste comprend mieux la « monnaie » que « le financier » (qui confond monnaie et crédit et reconnaissance de dette sous le vocable commun de « liquidité ») ce n’est pas par hasard.
      C’est justement parce-que toutes les catégories du droit, en dernière alternative, sont adossées à des distinctions métaphysiques plus fines que celles utilisées par les économistes/praticiens (ne serait-ce que la distinction classique « usus, fructus, abusus » requière une métaphysique poussée).

      Les juristes, quand ils s’occupent de la « doctrine », et non pas de dire le droit qui prévaut à un moment t, sont d’une grande utilité. Ils sont tenus à un souci de cohérence pour des raisons qui tiennent à la raison d’être même de leur pratique, et quoique ce souci de cohérence ne suive pas le point de vue du « citoyen » mais celui du « citoyen en tant que justiciable », l’étude des débats techniques doctrinaux est d’une utilité majeure.

      4/
      La formule de l’assurance n a pas bougé depuis son origine, il y a plus d’un siècle! Il est là le problème!
      Elle n’est plus du tout adaptée aux enjeux/problématiques contemporaines, de même que, comme l’a très bien montré H. Jonas, le concept de responsabilité que nous avons hérité des périodes passées n’est plus du tout adapté aux problèmes modernes (antique, médiévale, moderne).

    10. Avatar de pvin
      pvin

      @ Gu Si Fang

      Mais en ce qui concerne les comportements humains, les mathématiques sont impuissantes, et la notion de probabilité n’est d’aucune aide.

      La prédictibilité est une bagarre depuis des années dans la notion de prévention des « déviances » à savoir cette sorte d’écart type d’une norme bien comprise. Rappelez-vous le tollé contre le dépistage de la délinquance dans les crèches…Bien sûr que des maîtres d’œuvre calculent statistiquement les risques pour un panel ciblé de populations présentant des caractéristiques identifiables par lecture de signes diagnostiques. Bref ils tentent de prendre une forme d’assurance pour empêcher que quelque chose arrive dont le coût de traitement parfois chiffré à la louche, serait supérieur aux actions de dépistage et de prévention. L’ennui de ce type de probabilité et de prévision est de faire l’impasse sur les conditions multifactorielles qui produisent les dits signes dans un panel. Plusieurs misères sont en jeu dans les dégâts collatéraux produits par ce qu’on désigne pudiquement par « la société ». Les outils de gestion appliqués à ce large secteur de l’activité humaine sont utilisés comme ailleurs, et de façon aussi séquentielle. Comme dans un film, on méconnait de qui s’est passé avant comme ce qui se passera après les scènes traitées, et le budget segmenté mais voyant reste aveugle.

    11. Avatar de Cathy
      Cathy

      Je ne crois pas que les banques aient « sous-estimé » les risques de la bulle immoblière. Elles en ont largement profité. Les risques, lorsqu’ils sont apparus plus nettement, étaient indentifiables. Alors les banques ont parié et certaines ont perdu. G. S. a même joué sur l’effondrement du marché immobilier.
      Il n’y a pas là ni incertitude, ni probabilité. Je pense plutôt à de l’expérience, de la finesse et le goût du jeu. Avec une once d’escroquerie.

    12. Avatar de Moi
      Moi

      On sur-estime beaucoup l’imprévisibilité du comportement humain.

    13. Avatar de Alain A
      Alain A

      Gu Si Fang

      Votre exemple sur les assurances auto est très troublant. A partir de votre raisonnement qui semble justifier les profits faits par les assurances, moi je lis que les assurances auto sont inutiles (du moins pour les automobilistes, pas pour les assureurs…). car un fond mutuel serait suffisant, à condition de couvrir tous les automobilistes d’un territoire suffisamment vaste pour que la variation du nombre d’accidents d’une année sur l’autre soit infime. Belle démonstration du bien-fondé de la socialisation des assurances auto.

      Sous réserve d’inventaire, il me semble que l’on pourrait arriver au mêmes conclusions avec les assurances incendie et les assurances-vie.

      Quelles économies (au sens de suppression de gaspillages) l’on pourrait faire en faisant gérer le risque par un organisme au service des intérêts de la collectivité et pas au service des intérêts de quelques-uns. Évidement, les parasites, eux, ne s’y retrouveraient pas.

    14. Avatar de Cécile
      Cécile

      je ne suis ni banquier, ni actionnaire, mais franchement depuis des années les loyers augmentent de 4% l’an en France, …
      alors depuis au moins dix que ça dure, et visiblement ce n’est pas qu’en France, il est normal que se déclare une crise de l’immobilier…
      il est inutile de multiplier les agences de locations, les assurances de loyers impayés … jusqu’aux abracadabrandesque CDS-nus …
      il est inutile de sabrer l’état providence, de privatiser les autoroutes, le téléphone, la poste, les facs, l’éducation ….
      la crise de l’immobilier est normale, il est absurde que les loyers augmentent de 4 % par an , les allocations logements prélevées sur le budget de la sécurité sociele, n’y changeront rien …
      la seule question que je me pose, est qu’est-ce que ça fait quand l’industrie financière s’amuse à jouer sur les maisons ???

    15. Avatar de timiota
      timiota

      Ca s’appelle pas une mutuelle (genre la MAIF ) ?

    16. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      @ Alain A

      Vous mettez le doigt sur le COEUR de ce qu’est l’assurance !

      Dans mon exemple de l’assurance auto, il n’y a aucun risque si l’on se place d’un point de vue « global ». Tous les ans, exactement 10000 voitures sont transformées en compression de César. Pas une de plus, pas une de moins. Sur un parc de un million de voitures, c’est comme si le parc subissait une « usure » de 1% par an. Si tout le parc appartenait à un seul propriétaire, il n’y aurait pas besoin d’assurance. Si ce sont des voitures individuelles, la prime annuelle d’assurance est de 1% (du prix d’une voiture) plus frais.

      Vous demandez : mais alors, pourquoi a-t-on des assurances ?

      La réponse est que chacun d’entre nous a une perception individuelle, subjective, du risque. Imaginez qu’on ait le choix entre ces deux alternatives :
      a) Je ne prends pas d’assurance, ne paie pas de prime si tout va bien, mais je paie 100% en cas d’accident, seulement cet événement est incertain
      b) Je prends une assurance, je paie 1% par an, que j’aie ou non un accident, il n’y a aucune incertitude dans mon budget

      La réponse est que la plupart des gens préfèrent b) à a). C’est un constat. De gustibus non est disputandum. Résultat : nous avons des assurances. Mais dans certains cas, nous préférons prendre un risque là où il n’y avait aucune incertitude au départ. Ca s’appelle le Loto. Cette apparente « contradiction » n’en est pas une, bien qu’on l’appelle « paradoxe d’Allais ».

      Votre deuxième question est : pourquoi ne pas socialiser les assurances ? J’ai envie de vous demander : pourquoi les socialiser, et créer une institution obligatoire, puisqu’une association volontaire entre des entrepreneurs et clients fait le boulot ? Je vois au moins deux autres réponses pour argumenter un peu :
      1) On ne sait pas a priori contre quoi les gens désirent être assurés, comme le montre les exemples a) et b) ci-dessus. La seule façon de le savoir est de leur laisser le choix.
      2) L’assurance auto n’est pas une activité aussi bureaucratique que mon exemple pourrait le laisser penser. Il n’y a pas toujours 10000 sinistres par an, les montants des sinistres varient, les automobilistes ne sont pas tous aussi prudents, etc. etc. Il faut donc inventer des produits d’assurance complexes, et les fournir à un bon prix. Des entrepreneurs en concurrence font ça mieux qu’un monopole public (ne sortez pas tout de suite le bazooka SVP 😉 ).

    17. Avatar de yvan
      yvan

      Commentaires que je trouve intéressants. (sans vouloir flatter, ce n’est pas mon genre)

      Une chose, comme ça, en passant : qui a fait de l’analyse de risque, dans l’assemblée..??

    18. Avatar de Crapaud Rouge

      @yvan : « Une chose, comme ça, en passant : qui a fait de l’analyse de risque, dans l’assemblée..?? » : moi, quand j’étais encore dans le ventre de ma mère ! Je me suis demandé : bon, maintenant qu’est-ce que je fais ? Je reste ici 107 ans ou je cherche une sortie ? Je ne me souviens plus de ce que j’ai décidé, ni de ce qui s’est passé ensuite, mais je pense avoir fait le meilleur choix possible… 😉

    19. Avatar de Crapaud Rouge

      @Gu Si Fang : progressant (péniblement) dans ma lecture de L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, voilà ti pas que je tombe sur la notion de « coût d’opportunité », sous la plume de Bejamin Franklin cité par Weber :

      Souviens-toi que le temps, c’est de l’argent. Celui qui, pouvant gagner dix shillings par jour en travaillant, se promène ou reste dans sa chambre à paresser la moitié du temps, bien que ses plaisirs, que sa paresse, ne lui coûtent que six pence, celui-là ne doit pas se borner à compter cette seule dépense. Il a dépensé en outre, jeté plutôt, cinq autres shillings.

      « dépensé en outre » un argent qu’il n’a, de fait, ni dépensé ni gagné. Vous ne trouvez pas ça drôle ? Surtout que Weber précise que ses citations proviennent : « de l’Advice to a Young Tradesman (écrit en 1748) »
      1748 ! C’est pas TR7S neuf, comme concept, Ce « coût d’opportunité ». Qu’on le trouve dans un ouvrage de Weber datant du début du XXième, ça se comprend, mais dans des manuels contemporains d’économie…

  4. Avatar de Boson
    Boson

    D’accord Paul , mais ces banques ne s’assurent-elles pas auprès de super banques ? Et ne sont-ce pas celles -ci qui ont été sauvées par les pouvoirs publics ?

  5. Avatar de ybabel
    ybabel

    Oui très bien, mais comment calculer cette prime de risque ?
    Comment deviner que 10% de la population ferait défaut ? http://www.federalreserve.gov/releases/chargeoff/delallsa.htm

    Et surtout, comment évaluer le risque en période euphorique de dérégulation et de croissance « éternelle » (plus ou moins artificielle) et des chiffres plus ou moins maquillés …

    1. Avatar de Bernique
      Bernique

      Entre autre en écoutant le FBI qui aurait prévenu de fraudes massives au niveau des courtier en emprunt immobilier.

    2. Avatar de Cécile
      Cécile

      il suffit d’être locataire et d’avoir chaque année depuis au moins dix ans une augmentation de son loyer de 4 % par an ,

      sinon de s’inquiéter de regarder dans les rues le nombre incroyable d’agences immobilières qui ont fleuries,
      (par ex : dans mon quartier elles sont plus nombreuses que les boulangeries…),

      ou encore d’écouter, les nouvelles normes des ascenseurs, les nouvelles normes électriques, les nouvelles normes de détecteurs de fumée, les nouvelles normes d’isolation …
      (pour les normes électriques, les fusibles avec voyant -ou sans voyant- doivent être remplacés par des mini-dijoncteurs, pourquoi, pourqui ? d’où vient cette norme? qui donc en a plaider, qui en profite? C’est un sacré marché puisqu’il impose de changer dans toutes les habitation tous les tableaux électriques,… Qui vend les tableaux électriques, qui pose les tableaux électriques et bien évidemment donc applaudit, … Qui par derrière fera venir un expert -il y a déjà l’expert amiante, l’expert plomb… )

      oui, il faut des logements, car c’est un fait basique de l’augmentation de l’espérance de vie et aussi du grand déménagement des populations en mégalopoles (mais après, les politiques qui ne sont pas plus bêtes que vous et moi peuvent-ils n’avoir rien vu venir ??? ou alors …. )

  6. Avatar de autrichon gris
    autrichon gris

    Dans votre exemple Paul, la banque fait de la transformation. Elle emprunte court (3 mois), et elle prête plus long (5 ans). C’est un risque qu’elle n’est pas sensé prendre au dela d’un certain seuil, sinon elle déséquilibre son ALM (Asset and Liability Management / gestion actif passif, en gros l’adossement des emplois aux ressources), et c’est potentiellement grave, puisqu’elle pourrait se retrouver en grave risque de taux si l’argent qu’elle emprunte au terme des trois mois coute plus cher que le taux fixe à 5 ans consentie à son client.
    Ah bon, mais comment Monsieur le banquier vous le faites quand même, même si vous connaissez les risques ? Mais pourquoi ? Ah bon, parce que ça vous permet de faire des prêts à des taux plus bas, voire sans marge (crédits immobiliers en France), pour capter une clientèle à qui vous allez vendre de l’assurance, des packages de gestion etc ? Ah, bon… C’est étonnant vos pratiques en matière de crédit Monsieur le banquier….

    1. Avatar de Cécile
      Cécile

      les banquiers actuels ne sont-ils pas de grands rêveurs qui crient au Père Noël Néolibérale avec une hôte pleine de châteaux néolibéraux en Espagne

  7. Avatar de domini CB
    domini CB

    Etant donné le nombre croissant de personnes ou d’entreprises
    asphyxiées par les dettes impossibles à honorer, le niveau du pourcentage
    de la prime de risque devrait augmenter en conséquence, non ?

    1. Avatar de Cécile
      Cécile

      c’est quoi une entreprise aujourd’hui ???
      (après évidemment si les banquiers prennent l’entreprise financière des CDS-nus pour une entreprise compétitive, attrative, créative et si et là et tout et tout …
      cependant qu’ils sabrent de petites entreprises autrement plus utiles, je ne donne pas cher de leur survie ….)

  8. Avatar de VB
    VB

    Bonjour,

    Je laisse la parole à Portalis (dans « Discours préliminaire sur le projet de Code civil ») :

    « Pour que les affaires de la société puissent aller, il faut que l’argent ait un prix… jamais les usures n’ont été si effroyables que lorsque l’intérêt a été prohibé.
    S’il faut que l’argent ait un prix, il faut aussi que ce prix soit peu considérable. L’intérêt modéré de l’argent encourage toutes les entreprises utiles. »

    J’ajoute, par honnêteté intellectuelle, que ce que je ne cite pas me paraît inutile et/ou anachronique : si l’homme est resté le même, les temps ont changé la nature et l’acuité des problèmes.

    Cordialement,

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Pontalis n’est pas un économiste.

    2. Avatar de VB
      VB

      non, mais c’est un grand juriste, si grand que l’on ne sait plus aujourd’hui ce que ça signifie = l’économie doit être encadrée par des règles (de droit) protégeant l’intérêt du plus grand nombre contre les prétentions du plus petit nombre.

    3. Avatar de VB
      VB

      Pardon, j’ai oublié l’essentiel : des règles de droit qui s’insèrent dans un systéme politique équilibré. L’économie fait partie de la vie et donc du droit.

    4. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Je ne sais pas mais il y a un Pontalis bien connu, qui est psychanalyste. J.B Pontalis…

    5. Avatar de VB
      VB

      Il ne s’agit pas de Pontalis mais de Portalis, vous lisez mal

    6. Avatar de Cathy B.
      Cathy B.

      Peut-on psychanalyser un banquier en crise ?

    7. Avatar de Alain A
      Alain A

      VB
      Vous dites: « L’économie fait partie de la vie et donc du droit. »

      J’ai failli choir de mon siège en lisant cela. La vie ferait, selon votre formation, partie du droit. Renversement total du réel. Le droit n’est quand même que les règles que les sociétés se donnent pour limiter les conflits. En matière économique, le droit est ce sur quoi les dominants se basent pour que l’appareil d’Etat exerce sa violence légale sur l’ensemble du corps social.

      Bien sur, si les idées qui tournent ici devaient un jour se concrétiser, il serait bon qu’un droit neuf concrétise le changements des rapports de force et de l’ordre (désordre) établi.

      J’espère donc que nous en sommes bien d’accord: la vie ne fait pas partie du droit mais le droit est utile pour codifier les rapports de force, de pouvoir que la vie des hommes en société secrète.

    8. Avatar de VB
      VB

      Bonjour,

      @ Alain A,

      « Vous dites: « L’économie fait partie de la vie et donc du droit. »
      J’ai failli choir de mon siège en lisant cela. La vie ferait, selon votre formation, partie du droit. Renversement total du réel. »

      Je vous en prie, ne vous effondrez pas : vous avez raison de me reprendre quant à l’imprécision de mon langage, on devrait toujours s’efforcer d’être parfaitement précis :
      –> est-ce que « l’économie fait partie de la vie et entre donc dans le champ d’action du droit » vous convient mieux ?
      –> le droit fait partie de la vie, évidemment, et non l’inverse 😉

      Cordialement,

    9. Avatar de VB
      VB

      @ Gu Si Fang,

      Bravo et bonne lecture !
      Il est amusant de constater que c’est l’université du Québec qui met en ligne les trésors français : ça vous en dit long sur les blocages des universités et universitaires français eux-mêmes ;-).

      Cordialement

  9. Avatar de Moi
    Moi

    « Prime de risque : 0 %, puisque les pays européens garantissent solidairement le prêt. »
    Si les prêteurs sont également ceux qui garantissent l’emprunt, le risque est toujours là pour eux, non ? Je ne pige pas.

    1. Avatar de zébu
      zébu

      En fait j’aurais dis l’inverse : prime de risque 3,5% et profit 0%. Au départ en tout cas (lors du prêt).
      Les états ont bien intégré que prêter à la Grèce était risqué (et pas qu’il n’était pas éthique de faire un profit sur le dos de la Grèce : ça, franchement, ‘on’ s’en fout).
      Ainsi, annoncer un profit à 3,5% en sachant que ce profit risque d’être réduit à 0 (voir à -), c’est permettre de faire passer la pilule politiquement au bon peuple, qui croit ainsi pouvoir avoir un ‘intérêt’ (financièrement parlant) à prêter à la Grèce, alors que de fait, ce n’est qu’une ‘prime de risque’ … qui deviendra un ‘profit’ si la garantie n’est pas engagée, in fine.
      Donc annoncer un profit à 3,5% lors du prêt est purement spéculatif puisque tant que rien n’est fini, tout est possible, y compris un bénéfice 0 et même – …
      C’est en lien avec ce que Paul Jorion déclarait sur les sommes ‘d’argent’ toutes ‘virtuelles’ ‘supplémentaires’ en jeu : elles n’existent que quand … elles existeront, à la fin.
      Si elles existent vraiment et à quel niveau.

      Propagande politique et financière …

    2. Avatar de C.B
      C.B

      C’est pourtant simple, en dernier recours ce sont les Etats qui garantissent donc les contribuables europeens.

    3. Avatar de Moi
      Moi

      Moi n’est pas moi.

    4. Avatar de yvan
      yvan

      Je me disais aussi que l’icone avait changé…
      Va peut-être falloir attacher les pseudos à l’adresse mail, sinon, on va s’y perdre.

    5. Avatar de yvan
      yvan

      Au fait, Toi. Ca fait drôle à lire, cette phrase 🙂

    6. Avatar de Moi
      Moi

      C’est encore plus drôle à vivre, yvan.

    7. Avatar de Etienne
      Etienne

      Je est un autre, écrivit Arthur

    8. Avatar de anne-bis
      anne-bis

      Moi aussi, je l’ai vécu, ça fait drôle , surtout dans la durée…

    9. Avatar de Alain A
      Alain A

      Il y a tellement de gens qui commencent leurs phrase par « Moi je dit que… » qu’il fallait bien s’attendre à ce que deux Moi aient la même idée…

    10. Avatar de Tree-top
      Tree-top

      Je pense que Paul a voulu dire quelque chose de très important :
      La SOLIDARITE *véritable* transforme un en fait un PRET en un DON. Le bénéfice n’étant pas recherché, on ne saurait en calculer LE RISQUE.
      -> D’aucun pourrait dire qu’il s’agit là d’une vision idéaliste voir irréaliste car le cerveau humain procède par évaluation / pondération des possibles, ce qui implique de-facto une « mesure du risque » associé à toute prise de décision. Mais un ETAT n’est pas une personne mais une entité ABSTRAITE qui représente une COLLECTIVITE. Les ETATS ne devraient donc pas calculer et encore moins facturer le risque. L’ETAT n’étant pas un agent PRIVE, il ne dervrait pas agir comme tel.

      Voilà, à mon avis ce qui donne tout sons sens au 0%. L’auteur peut il se prononcer ?

    11. Avatar de zébu
      zébu

      @ Tree-Top :
      Il me semble que l’on ne parle pas de ‘don’ en l’espèce mais bien de ‘prêt’. En conséquence, si le don épuise bien la notion de risque (même si on peut parler d’évaluation de risque ‘ante’, une ‘prime de risque’ en tout cas n’y est pas intégrée … puisque quoiqu’il arrive la somme est ‘donnée’ et son utilisation relève de la responsabilité pleine et entière du récipiendaire), ce n’est pas le cas du prêt.
      Il semblerait donc ‘logique’ d’intégrer une prime de risque dans le cas d’un prêt, y compris pour ceux qu’un état réalise, ne serait-ce que pour ‘garantir’ les prêteurs en ‘dernier ressort’ : les contribuables du pays concerné.
      Par contre, si l’état prêteur souhaite réellement être ‘solidaire’, il ne peut pas exiger dans l’intérêt un part de ‘profit’ : cette part doit donc être à 0%. Et in fine, en toute bonne logique, si l’état était vraiment ‘solidaire’, une fois le remboursement du prêt réalisé et le risque disparu, la ‘prime de risque’ devrait … s’annuler, ou être remboursée au débiteur ou être versée dans un fond de garantie mutualisé, puisque le risque n’a pas été encouru.

      C’est pour cela qu’in fine, la ‘confusion’ (voulu) est faite entre ‘risque’ (et sa prime) et ‘profit’ : le prêteur utilise la ‘prime de risque’ comme variable ajustable de ‘profit’ au terme du remboursement. Alors qu’il devrait soit le reverser à l’emprunteur pour risque non encouru, soit le verser dans un fond de garantie (mutualisé ou non).
      De fait, il me semble que la fameuse ‘prime de risque’ n’est qu’un pari sur la … fluctuation du profit !! 🙂
      Si le risque est engagé : le profit est réduit à la part du profit dans les intérêts.
      Si le risque n’est pas engagé : le profit est maximum ou tel qu’évalué à maxima au début.

      Et le problème, c’est que les spéculateurs (‘les marchés’) prennent (notamment) des paris avec les dérivés (futurs, CDS, CDO, mezzanines, etc.) … sur ces ‘paris de profits’, selon qu’ils seront réduits à la part du ‘profit’ ou maximisés totalement en l’absence de risques engagés.
      Or, si une banque, dans le cadre de son prêt, évalue mal (pour ‘x’ raisons) le risque, cela peut générer 2 type de ‘pertes’ (de ‘profit’) :
      – pour la banque, qui voit ainsi son profit se réduire à la part ‘profit’ dans les intérêts;
      – pour ‘les marchés’, dont les produits dérivés peuvent se retrouver ‘amputés’ de cette part de ‘profit’ mais démultiplié par les effets de leviérisation.

      Quand un niveau de défaillance est ‘normal’, la mutualisation des primes de risques, au niveau d’une banque, est suffisante pour faire face. De même pour les produits dérivés (bien que cela entraine d’autres conséquences en terme de dissémination des risques, avec la titrisation).
      Mais quand le niveau de défaillance atteint des ‘sommets’, évidemment mal ou non évalués, comme pour les subprimes, non seulement la ‘prime de risque’ n’y suffit pas mais aussi la part de profit sur le prêt et enfin le capital du prêt lui même, donc le capital de la banque elle-même (idem pour les dérivés). A un certain niveau de défaillances, même les réassureurs ne suffisent plus, du tout : ce fut le cas d’AIG.
      Ce qui provoque la ‘cata’ totale, pour l’ensemble des acteurs …
      Or, dans ce dernier cas de figure, si les différentes ‘primes de risques’, qui avaient été engrangées non pas en tant que risques non engagés mais bien en tant que profits par les banques, avaient été mises de côté dans un fond de garantie, mutualisé ou non, les risques systémiques ainsi engendrés auraient pu ainsi être sinon stoppés du moins amortis.

      Conséquences, in fine : les engagements des états n’auraient pas été nécessaires ou du moins pas au niveau actuel. Générant ainsi la crise de la ‘dette publique’.
      A l’origine, il y a la CUPIDITE extrême des acteurs financiers, qui n’ont pas voulu assumer leurs responsabilités et encore moins les RISQUES que tout prêt fait encourir : à l’emprunteur, au prêteur, à l’assureur, aux états, aux contribuables, au ‘système’ dans son ensemble, pour augmenter leurs parts de PROFITS.
      Et ça, il faut le répéter, le répéter et le répéter jusqu’à ce que tout le monde puisse bien identifier l’origine de la crise. Et les choses deviendront ainsi plus claires, en termes de solutions.

      M. Jorion, qu’en pensez-vous ?

  10. Avatar de Pierre
    Pierre

    Une proposition de Glass-steagall act Belge passe inaperçu sur ce blog?
    Il y a six semaines, le 11 mars 2010, José Daras et Freya Piryns, deux sénateurs écologistes belges, ont déposé une proposition de loi « visant à scinder les activités bancaires » afin de mettre légalement les dépôts bancaires et l’épargne du citoyen à l’abri de la spéculation financière.

    http://www.senate.be/www/?MIval=/publications/viewPub&COLL=S&LEG=4&NR=1700&PUID=67111733&LANG=fr

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Sur le même sujet, la reprise hypocrite de l’idée par Mr Jouyet (AMF) (mais je ne retrouve plus l’article)
      Il insiste sur la nécessité d’un axe franco-allemand, non pas pour INTERDIRE les ventes à nu…

      Mais pour les « encadrer »… (et lire entre les lignes : que la France influence l’Allemagne pour qu’elle revienne sur sa décision)

      Mais bon. On a tous compris. Ce n’est pas un gars qui vit des marchés qui va les réduire… Au contraire.

    2. Avatar de Bernique
      Bernique

      Il ne vit pas des marchés, il vit à nos dépends.

    3. Avatar de Cécile
      Cécile

      Ce new-glass-steagel comprend-t-il quelque part l’interdiction des stock-options et autres participations d’interessement par actions dans la rémunération des salariés, des sous-traités et co ???

    4. Avatar de Pierre
      Pierre

      Deux jours plus tard, triste constatation.
      Une proposition de Glass-steagall act Belge passe toujours inaperçu sur le blog….
      N’est-ce pas pourtant une manière simple et souvent revendiquée ici, de retirer nos économies des mains des banques d’affaire et des assureurs?
      Pourtant les Chinois appliquent ce principe chez eux non?
      J’aimerais bien comprendre ce peu d’engouement ici.

  11. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    J’étais persuadé qu’on était vendredi aujourd’hui, sans savoir pourquoi. Donc je m’attendais à une video. Après vérifications il semble qu’on ne soit que Jeudi aujourd’hui, petite déception. Je vais être obligé de regarder un J.L. Godard, en attendant P. Jorion.

    Dans Alphaville, il met en cause l’action logique, résultat du penchant de chaque organisation à prévoir l’avenir, et à réduire l’incertitude … Sorte de sociologie « cognitive ». Un film toujours d’actualité.

    1. Avatar de Crapaud Rouge

      Et demain, Paul va commencer en disant : « Bonjour, on est jeudi. », et c’est alors que vous réaliserez que vous êtes dans la 5ième dimension, ou dans l’un de ces Mondes multiples qui posent de sérieux problèmes de conscience.

    2. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Je crois que ce qui se passe dans le monde quantique n’est pas extrapolable au monde macro…scopique, dans lequel nous vivons. Une particule peut avoir 2 états, un psychisme aussi, mais c’est psychique.

      Et sinon, le temps est plus ou moins gelé en ce moment; parfois, quand le lâche un objet il ne tombe pas, de perplexité.

      Gracq, un balcon en forêt : p 24 :

      Devant soi, on avait les bois jusqu’à l’horizon, et au delà de ce coin de Belgique protecteur qui retombait en pan de rideau, on avait cette guerre qui s’assoupissait peu à peu, cette armée qui baîllait…. il ne se passerait rien. peut-être ne ne passerait-il rien.

    3. Avatar de Piotr
      Piotr

      A Lisztfr
      Autant que je me souvienne, cela se termine mal pour le petit aspirant.
      A lire ou relire.Merci de cette évocation.

  12. Avatar de Pierre
    Pierre

    « (si la banque « inventait » l’argent qu’elle vous prête, ce coût serait de zéro ; malheureusement pour les banques, ce n’est pas le cas) »

    Suivant le vielle adage : « Il vaut mieux s’adresser au bon dieu qu’à ses saints, ou au PDG, qu’à son DRH. »
    Ma question est : A quel taux d’intérêts, les banques centrales « inventent » leurs prêts?
    C’est là que je me perd….

  13. Avatar de Boukovski
    Boukovski

    S’agissant de la France, il faut cependant nuancer l’impact de la chose. La banque de réseau a peu de choses à voir avec la crise financière en cours, elle la subit mais ne l’a d’aucune manière initié. Les ratios de couverture de risque créant un lien entre le crédit accordé et la structure et le volume des fonds propres de la banque prêteuse concernent au premier chef l’activité de retail banking (principalement en France l’activité de prêts aux entreprises) et non l’activité de banque de marché. C’est cette dernière qui a joué, et joue, un rôle déterminant dans le modèle de finance qui est en question aujourd’hui.

  14. Avatar de Johannes Finckh
    Johannes Finckh

    Sauf que la « mise en réserve » des montants de la prime de risque est un risque considérable pour l’économie!
    Car ces sommes, mises en réserve ainsi en non prêtées désormais signifient qu’elles n’opèreraient plus aucune transaction, car thésaurisées!
    A ce moment, le volume de monnaie faisant demande serait franchement en chute, et la déflation garantie, moyennant quoi, les défaut de paiement augmenteraient dramatiquement, moyennant quoi le risque augmenteraient d’autant, moyennant quoi, les banques devraient mettre davantage en réserve, etc…
    Bref, cette mesure semble être du n’importe quoi!
    Cela ne marchera même pas le temps d’en émettre le principe!

    1. Avatar de Crapaud Rouge

      « Car ces sommes, mises en réserve ainsi en non prêtées désormais signifient qu’elles n’opèreraient plus aucune transaction, car thésaurisées! » : l’on touche ici à l’un des arbitraires du système, parce que ces fameuses « réserves », au demeurant symétriques à des dettes, ne peuvent être que des nombres inscrits dans des systèmes informatiques. En l’absence d’étalon or, leur niveau est a priori arbitraire par rapport aux flux réels de monnaie réelle. Certes, si leur niveau augmente, resp. diminue, il ne faut pas s’étonner que les flux de monnaie augmentent, resp. diminuent, aussi : mais le lien est uniquement différentiel, comme pour le niveau de la mer dont les variations font avancer ou reculer la côte. Si donc l’on fait abstraction des variations, il reste un niveau « absolu » totalement arbitraire par rapport aux flux de monnaie.

      Selon le sens que l’on donne aujourd’hui à ces nombres, quand c’est marqué 1.000.000 sur un compte, l’on dit qu’il ne faut pas laisser cet « argent dormir » : MAIS CE N’EST PAS DE L’ARGENT ! C’est, ou plutôt : ça devrait être considéré comme une anti-dette, le droit de faire circuler une certaine quantité d’argent par unité de temps, à l’inverse de la dette qui en est l’obligation.

      Note : si certains trouvent ça complètement idiot, ils peuvent le dire. N’étant pas du tout sûr de ce que j’avance, je n’en prendrai pas ombrage.

    2. Avatar de Bernique
      Bernique

      Mais non c’est tout à fait analogue à l’augmentation des fonds propres (ça doit même en faire partie au titre des réserves obligatoires). Cela sera, au plus, douloureux lors du changement de niveau de réserves par contre cela me semble favoriser les banques d’affaire par rapport aux banques de dépôts, car les premières prêtent moins qu’elles n’empruntent

    3. Avatar de Johannes Finckh
      Johannes Finckh

      Merci au moins de reprendre le débat avec moi!
      Dire que ce que vous aveancez serait « idiot », mais alors en partie oui, en partie non, alors, je réponds en détail:

      1)Crapaud Rouge dit :
      27 mai 2010 à 16:23
      « Car ces sommes, mises en réserve ainsi en non prêtées désormais signifient qu’elles n’opèreraient plus aucune transaction, car thésaurisées! » : l’on touche ici à l’un des arbitraires du système, parce que ces fameuses « réserves », au demeurant symétriques à des dettes, ne peuvent être que des nombres inscrits dans des systèmes informatiques.
      JF répond:
      Ces « réserves » dûment encaissées de la part des débiteurs (s’agissant de la prime de risque selon l’exposé de Paul) sont bien des sommes soustraites à d’autres transactions par les débiteurs, car virées ainsi à la banque. Si la banque était dans l’ogbligation de les « garder » comme supposé par la proposition de loi à laquelle Paul fait allusion, cela signifie clairement que ces sommes manquent désormais dans le circuit de la demande. Système informatique ou pas, cela signifie un recul de la demande…

      2)En l’absence d’étalon or, leur niveau est a priori arbitraire par rapport aux flux réels de monnaie réelle. Certes, si leur niveau augmente, resp. diminue, il ne faut pas s’étonner que les flux de monnaie augmentent, resp. diminuent, aussi : mais le lien est uniquement différentiel, comme pour le niveau de la mer dont les variations font avancer ou reculer la côte. Si donc l’on fait abstraction des variations, il reste un niveau « absolu » totalement arbitraire par rapport aux flux de monnaie.

      JF: l’étalon or est aboli au bénéfice du pouvoir d’achat réel de la monnaie, c’est-à-dire de ce qu’elle peut réellement acheter. L’or était une superstition tragique sans doute nécessaire tant que la monnaie était d’or. Mais l’or avait toujours l’inconvénient de sa disponibilité aléatoire et de pouvoir se retirer de la circulation juste au moment où il eût fallu étendre la masse circulante, chose interdite par le manque de métal (souvent trop thésaurisé). Son abandon me semble irréversible.
      Or, les sommes thésaurisées actuellement ou « mises en réserve » par les banques agissent comme une soustraction de monnaie circulante, car le fait que ces sommes ne seraient plus prêtées implique leur non circulation et leur non disponibilité aux transactions.
      Ce qui brouille un peu la compréhension, c’est que la contrainte ainsi exercée sur la monnaie disponible contraint la BC d’intervenir par une néo-émission de monnaie, par exemple en « monétisant » des obligations d’état qui ne valent plus rien au niveau de leur valeur nominale d’émission par exemple. Nous serons ainsi en face d’une masse monétaire circulante provisoirement réstituée par la BC qui s’ajoute cependant aus sommes « réservées ». Et c’est presque heureux que les sommes réservées ne circulent pas, car le pouvoir d’achat de la monnaie serait sinon gravement atteint: ce serait une forte inflation. l’ »arbitraire » que vous signalez est cela.

      3) Selon le sens que l’on donne aujourd’hui à ces nombres, quand c’est marqué 1.000.000 sur un compte, l’on dit qu’il ne faut pas laisser cet « argent dormir » : MAIS CE N’EST PAS DE L’ARGENT ! C’est, ou plutôt : ça devrait être considéré comme une anti-dette, le droit de faire circuler une certaine quantité d’argent par unité de temps, à l’inverse de la dette qui en est l’obligation.

      JF: C’est juste en partie, me semble-t-il, ce que vous écrivez-là, mais pour des raisons un peu différentes de ce que vous avancez, autrement dit, c’est un peu complexe. L’argent ainsi mis en réserve « qui dort », effectivement, au sens où il n’achète rien, n’est plus argent mais un « trésor », donc une chose.
      Mais ce n’est certainement pas une anti-dette, car, en ne circulant plus, cette somme n’est pas disponible à l’économie, n’est pas une anti-dette (car il ne désendette absolument personne), lieu où la vente de la production peut permettre au débiteur de rembourser ce qu’il doit. Alors, quand bien même les débiteurs voudraient vendre, l’argent pour acheter leurs produits (destinés à leurs désendettements) n’est plus là. Provenant ensuite de la planche à billets et délivré directement aux créanciers pour les sauver d’un défaut de paiement, les créanciers en question ne peuvent cependant pas acheter davantage, car ils ont déjà tout ce qui leur faut (sinon, ils ne seraient pas créanciers).
      Comme vous soulignez finement, le « droit de faire circuler » (ou pas) des créanciers riches et capitalistes s’oppose ici radicalement à l’ »obligation » des débiteurs qui, bien qu’ »obligés », se heurtent à une impossibilité totale d’obtenir le retour de leurs investissements sous forme de revenus, pour la simple raison que les créanciers peuvent ou ne peuvent pas acheter. Autrement dit, vous pointez là très finement pourquoi le circuit de la monnaie et celui de la demande n’est pas bouclé et provoque inéluctablement des crises systémiques. Telle est la nature contradictoire et perverse de la monnaie actuelle que seul un SMT pourrait résoudre.

      Bien à vous, jf

    4. Avatar de Cécile
      Cécile

      C’est vrai qu’ il y a les fonds propres, les fonds de réserve, les fonds de pensions, les fonds souverains, les fonds de roulement, ….
      ça fait beaucoup de fonds, mais qui donnerait surtout l’ image désespérée d’une recherches de fonds, de l’hypothétique à l’anticipation de double-fonds, en prévention , qui porterait plus d’une incantation un peu magique après l’épuisement des fonds de tiroirs

  15. Avatar de Moi
    Moi

    @Gu Si Fang: « D’une part, les banques n’empruntent pas la monnaie pour la reprêter. Il y a des banques spécialisées qui fonctionnent ainsi. Elles s’appellent Cofinoga ou Lehman Brothers. Mais la BNP, la SG, ou LCL prêtent leurs dépôts, comme vous l’expliquez dans « L’argent, mode d’emploi ». Ce faisant, elle créent de la monnaie-de-banque. En particulier, la monnaie de banque n’a pas cours légal : on a le droit de la refuser. Mais en pratique elle est acceptée la plupart du temps, en particulier parce que l’Etat garantit les petits dépôts. Ceci rend la monnaie-de-banque pratiquement équivalente, du point de vue de celui qui la reçoit, à de la monnaie légale. »

    Et revoilà le serpent de mer de ce blog…
    Ce que vous dites est faux, à mon avis. D’une part, la BNP emprunte la monnaie qu’elle prête. Que cela soit un dépôt ou une émission d’obligations n’y change rien, elle utilise de l’argent qu’elle détient mais qui ne lui appartient pas, qu’elle doit rendre (un dépôt est un prêt dans les faits).
    Et enfin, la BNP prête les dépôts, pas de la « monnaie-de-banque ». Elle prête l’argent que les clients ont déposé. Le client peut utiliser la « monnaie-de-banque », c’est-à-dire la reconnaissance de dette que lui a fait sa banque, mais cela constitue juste un moyen de paiement, pas le paiement réel qui a lieu en argent (l’argent des dépôts) entre banques. Même si de l’argent n’est pas transféré lors de l’utilisation de la « monnaie-de-banque » grâce à la compensation inter-bancaire, il faut qu’une quantité équivalente d’argent soit détenue au préalable par la banque pour que la transaction ait lieu en « monnaie-de-banque ». (ce n’est donc pas parce que l’Etat garanti les dépôts qu’elle est acceptée, c’est parce que la banque réceptrice est sûre qu’elle aura son argent quelques heures plus tard)
    C’est ainsi que j’ai lu « l’argent mode d’emploi ». Cela ne semble pas correspondre à ce que vous en dites, alors que pourtant vous vous y référez aussi. L’un de nous deux ne l’a pas bien lu.

    1. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      Je l’ai lu, et je pense que Paul Jorion se trompe sur ce point. Mais puisque ce n’est pas le sujet du post, autant ne pas le troller 😉

    2. Avatar de Moi
      Moi

      Voilà qui est clair. Je pense que Paul ne se trompe pas, mais c’est évidemment votre droit de ne pas être d’accord avec ce qui est exposé dans le livre. J’avais juste eu un doute sur ce que vous avanciez du bouquin et qui ne correspondait pas à ce que j’en avais compris.

    3. Avatar de Cathy B.
      Cathy B.

      Je ne comprends plus rien. « L’argent, mode d’emploi » est tout de même plus clair.
      J’avais compris que l’argent déposé dans une banque est la propriété de la banque. Elle en fait ce qu’elle veut. Elle le prête. Celui ou celle qui a effectué le dépôt ne détient plus qu’une reconnaissance de dette sur la banque. Pour le reste, les banques empruntent aussi.

    4. Avatar de Moi
      Moi

      Exactement Cathy. Mais certains appellent ces reconnaissances de dette de la « monnaie-de-banque » et s’imaginent que les banques se les échangent comme si c’était de l’argent.

  16. Avatar de Mathieu
    Mathieu

    Une raison assez évidente que ces réserves ne soient pas de fait constituées est que les actionnaires des banques supposent qu’ils ne perdront pas grand-chose en cas de faillite (« a haircut »): les états viendront pallier à ce manque de réserve en cas de problèmes. Ce sont bien les états, donc les contribuables (il faut le répéter jusqu’à la nausée) qui ont constitué cette réserve.

    Y a-t-il d’autres raisons?

    1. Avatar de Crapaud Rouge

      J’ai lu et relu votre post comme un script d’informaticien qu’on me demanderait de vérifier. Résultat : pas d’erreur, ça marche.

    2. Avatar de Mathieu
      Mathieu

      ahahaha je ne suis pas informaticien, mais pas loin 😉

  17. Avatar de louise
    louise

    Losque le prêt a été remboursé, les banques devraient avoir l’obligation de rembourser à l’emprunteur le montant de cette « prime de risque » puisque le risque n’a pas eu lieu et donc il n’y avait pas lieu de majorer le taux d’intérêt !

    1. Avatar de Bourdon
      Bourdon

      Justement Louise, ce qui devrait faire la qualité d’un banquier serait de déterminer au mieux et de minimiser sa part de risque, la rentabilité d’un banquier s’exprimant ainsi par la qualité de ses prises de risque, la prime de risque étant alors la cerise qui différencie le bon du mauvais banquier, le bon étant celui qui se trompe le moins, enfin c’était comme cela avant…

      Les banquiers actuels, la crise des subprimes le montre, ont décidé de faire du chiffre avant tout et donc de se débarasser du risque sur les autres, ils s’auto-assurent entre eux avec les CDS, répondant ainsi à la demande de croissance de la planète terre, trouver tjs plus d’argent, ils se sentent donc les gardiens de la croissance mondiale, des nouveaux dieux en somme.

      Peut-être est ce le message subliminal de M. JORION, dire que la prime de risque a été éludée car les banquiers ont trouvé le moyen de se défaire du risque.

      La Titrisation en est un, on découpe les risques et le taux d’intérêt devient fonction du risque pris par le joueur, on crée le risque et on joue à la baisse un marché que l’on sait et que l’on a organisé baissier, les CDS et autres techniques financières auraient permis aux financiers de se désintéresser du risque

      Bref je crois que le message de Paul est de nous dire que les banquiers ne font plus leur métier d’interprêter le risque puisqu’ils ont trouvé une assurance, hors ce me semble le risque est l’une des raisons pour laquelle leur a été alloué le droit de prêter la monnaie !!!

      En d’autres termes c’est cet oubli du risque qui est peut-être la cause de la crise de la finance, les banquiers ne sont plus des financiers, ils sont des joueurs et ont trouvé la martingale absolue, reste qu’ils viennent de rédécouvrir qu’ils pouvaient aussi récupérer la prime de risque et donc ils se lancent complètement dans cette récupération en inventant désormais le haut risque…et donc de hautes rémunérations.

      Il faut reconnaitre que le système de prêt hypothécaire US leur a mis la puce à l’oreille, dans notre pays si tu ne rembourses pas ton prêt, on te saisi tous tes avoirs, aux USA, si tu ne payes pas, tu rends tes clefs et celui qui assure l’hypothèque paiera ( AIG, Freddie Mac et Fannie Mae ).

      Alors que faire trouver des pigeons, tu attires le client, tu lui offres une voiture, pas de remboursements les 1ères années et ensuite tu taxes à mort, ce me semble c’est un peu ce qui se passe en Europe, ils ont prêté sans trop faire de difficultés et brutalement ils disent maintenant que vous êtes accrocs et bien payez.

      Mon avis que la seule solution sera un rééchelonnement général des dettes avec abandon de tout ou partie, sauf si entre temps l’Economie ne vient pas montrer que l’équilibre est comme dans la nature, une règle intangible et que tout déséquilibre important doit à terme être supprimé.

      Ma conviction est que la finance suit l’économie et pas le contraire, le plus grave actuellement est le déséquilibre du commerce mondial, la finance a peu sont mot à dire dans cette guerre économique où nous sommes; en cela la crise nous dépasse, économiquement le système actuel ne peut perdurer, allez remettre tous les chômeurs US au travail, d’abord cela prend du temps, ensuite il faut avoir des débouchés et aussi obtenir que les chômeurs retournent travailler et assurent économiquement leur part de travail !!!

      On peut faire tous les plans de rigueur que l’on voudra, cela ne recréera pas d’emplois immédiatement, en cela dire que rien ne sauvera ni l’Europe, ni les USA, ni l’UK, et sans doute ce qui se passe en Espagne en est le meilleur exemple, comment remettre les espagnols au travail, ils n’ont pas d’usines, ils avaient trouvé la construction comme solution, mais à un moment tout le monde à sa maison et après qu’est ce que l’on fait…

      Bien évidemment en pensant et en regardant la finance, c’est comme un leurre, on finit par croire que pour trouver des emplois il suffit de mettre de l’argent, non il faut trouver des marchés et pour l’instant je dirai que notre planète va dans le sens contraire, lorsque je vois qu’une seule usine de 300.000 employés en Chine produit, les Ipad – Ipod, PC … je ne vois pas quelle invention et quel produit redonnera le plein emploi sur notre planète.

      Pendant que l’on parle de la finance on passe à côté de la réalité économique, la réalité est brutale on a un sérieux soucis sur notre planète, comment faire travailler tout le monde, quant à la dette, la question est pourquoi les grandes entreprises cotisent si peu aux impôts de leurs pays respectifs.

      Pardon M. JORION d’être si long, vous parlez parfaitement de la finance, mais en économie vous êtes un peu trop silencieux à mon goût…. lol

    2. Avatar de Etienne
      Etienne

      Ou que la prime en question diminue parallèlement au remboursement de la somme empruntée.

    3. Avatar de yvan
      yvan

      Hhmm… Bourdon. En économie, je prends le relais.

      Si je vous proposais l’idée suivante..:
      La finance est à l’économie ce que le marketing est au commerce.. Ainsi que les Achats aux Approvisionnements…??
      Votre postulat : « Ma conviction est que la finance suit l’économie » ne serait pas remis en cause mais comme vous connaissez l’économie, vous devez aussi voir les implications que cela représente de l’un sur l’autre.

      Toujours sur le sujet de l’économie, vous savez comme moi que les rentiers alimentés par la dette n’accepteraient jamais un ré-échelonnement. Perdre est un mot tabou depuis longtemps…
      Car vous savez que si un ré-échelonnement entraine des taux plus haut, la « croissance » ne suivrait pas.

      Le système DOIT aller jusqu’au bout sous peine de perte de … crédibilité.
      Et accélère avant l’obstacle. Passons.

      Quand à la relocalisation de toute production, elle viendra naturellement par la chute de production de pétrole. Aucune inquiètude à avoir. Sauf qu’il va falloir rebosser. Ca, c’est l’inconvénient…
      Surtout pour les planqués et rentiers.

    4. Avatar de Mathieu
      Mathieu

      @bourdon

      Pourquoi vouloir « le plein emploi »? Je n’ai jamais compris cela. L’affirmation repose sur le postulat que la seule manière acceptable d’acquérir les moyens de subsistance est le travail (salarié). Or il est évident que c’est faux: les rentiers, les enfants, les conjoints qui ne travaillent pas, etc… sont des catégories de gens qui ne travaillent pas pour vivre et tout le monde trouve cela normal.

      Il me semble beaucoup plus réaliste, vu les gains de productivité récents, de prôner une répartition des richesses produites basée non exclusivement sur le travail.

      A mon sens, une partie devrait être inconditionnelle (allocation universelle/revenu d’existence/etc…)

    5. Avatar de Bourdon
      Bourdon

      Yvan, tjs cette notion de rentier-planqué, cette notion qui laisse à penser que l’argent est sale.

      Evidemment il y a des gens très riches, évidemment si on prend toute la richesse du Français le plus riche, bernard Arnaud, on paiera la moitié de l’intérêt de la dette de la France l’année passée, mais l’année suivante où prendra-t-on cette somme.

      Le gros des rentiers investisseurs, ce sont les économies des futurs retraités anglo-saxons, l’argent mis de côté par les assureurs, OUI les rentiers américains comme vous les appelez ce sont remis au travail à 70 ans, l’argent qu’il pensait récupérer pour vivre leurs vieux jours a disparu dans la chute de la bourse.

      Remarquez bien, lorsque l’on voit notre problème des retraites en France, nous ne sommes pas très loin de cette issue !!!!

      Je crois que cette notion sur l’argent sale que posséderait les rentiers brouille notre perception de la crise, l’argent est sale quand il appartient aux autres et il est bon quand il est à nous.

      Quand je dis que la finance suit l’économie, j’ai ma démarche intellectuelle, les USA perdent années après années leurs emplois de production de richesse en usine, je ne cherche pas à savoir si ce sont les financiers qui recherchent des rentabilités trop importantes qui ont poussé à cet état de fait, reste que les USA n’ont plus les  » usines  » pour permettre l’emploi de tous les américains, alors on a décidé de construire des maisons pour tous, peu d’importations pour construire des maisons et il faut des bras, c’est superbe..

      Après cette constructionite a laissé à penser que on pouvait s’enrichir en achetant et en revendant des maisons, pas les financiers qui ont mis en marche ce procès de bulle inflationniste, non ils ont fourni la munition pour permettre la construction de ces maisons.

      Voilà ma démarche, la finance n’a pas inventé la bulle immobilière, ils y ont participé en amenant la monnaie qui a permis cette bulle.

      La crise actuelle est celle des emplois possibles, lorsque les allemands décident de baisser leurs coûts, c’est pour conserver les usines et les emplois, seul gros problème et on le voit à l’échelle de l’Europe, la technicité humaine a atteint un tel niveau qu’elle n’est plus capable de fournir un emploi pour tous, ce que l’Allemagne conserve comme emploi elle le prend aux autres pays européens.

      Est-ce la finance qui invente cette technicité non, c’est l’homme lui même qui cherche toujours à faire mieux ce qu’il a fait la veille, voilà la crise actuelle est celle de la technicité humaine.

      Bien évidemment dans notre Europe nous savions que cela pouvait se faire, des idées il y en a eu, tonton nous a proposé la retraite à 60 et les 5 semaines et les 35 heures ensuite, sauf que le soucis c’est que nous sommes dans un monde ouvert et les chinois ils ne sont pas encore aux 60 – 5 et 35 heures et ils nous prennent nos emplois et sans emplois comment pouvons nous vivre !!!

      Alors évidemment on peut dire que la finance prélève trop, mais la finance c’est avant tout et au départ les futurs retraités anglo-saxons qui ont voulu se créer une retraite en 10 ans car ils ont commencé trop tard et on demandé des taux importants, la finance a suivi et elle s’est aperçu que cela marchait, alors seulement elle s’est mise à voler de ses propres ailes pour arriver à ce que nous vivons…

      Trouvons des emplois et alors le recours à l’emprunt ne sera plus nécessaire, les impôts rentreront les déficits seront réduits.

      Maintenant il y a un problème de la finance qui est devenue trop grosse et qui joue au Casino, mais la vraie crise est qu’aujourd’hui il n’y a plus assez de travail pour tous à cause de la technicité humaine, voilà le gros pb à résoudre aujourd’hui, en ce sens le battage fait autour de la finance masque le vrai problème, fournir le plein emploi aux hommes.

      Mais là aussi je n’entre pas dans la guéguerre patron-ouvriers, le patron cherche à produire au moindre coût car le client final cherche le meilleur prix, notre crise est la crise d’une société qui doit trouver un nouveau concept de vie, cette recherche doit se faire en faisant abstraction de ce qui s’est fait jusqu’à présent.

      Réinventé et trouver un nouveau concept de vie, pour l’instant personne ne sait, ils cherchent tous à se raccrocher à ce qui s’est passé, hors nous entrons dans un nouveau monde et là pour le coup il nous faudrait de bons philosophes et de nombreux esprits brillants pour nous guider.

    6. Avatar de yvan
      yvan

      N’étant ni philosophe, ni esprit brillant, j’ai tout de même remarqué pour avoir fréquenté le monde des « affaires » que dès que l’argent n’était plus considéré comme OUTIL, mais devenait un objet de RELIGION, il était possible de voir tous les excés.

      Il n’y a pas d’argent « sale », mais détournement d’un moyen.

    7. Avatar de Bourdon
      Bourdon

      Mathieu, pourquoi vouloir le plein emploi :

      Nous sommes dans cette société actuellement, donner l’indépendance financière à chacun, des essais d’indépendance financière collective ont été faits, le socialisme d’état qui pourvoyait à tout, on sait comment cela s’est terminé.

      En fait le problème du collectif c’est qu’il y a déresponsabilisation vous me direz la finance et ce que j’appelle la noblesse de l’argent, parallèle avec la révolution française, il y avait la noblesse qui contrôlait le pays, aujourd’hui une nouvelle noblesse le contrôle, comme dirait M. JORION nous sommes en 1788 … et oui la finance donc est déresponsabilisée également quoique en fait, ils vivent entre eux et ils sont coupés de la réalité, comme en 1788, aujourd’hui les gens qui décident vivent dans leur bulle.

      Bref lorsque je parle d’un autre contexte et d’une autre idée, je suis sincère, je ne crois pas que la redistribution peut résoudre le pb de notre planète, sur exploitation de notre terre, sur capacité de l’homme à produire, sommes dans un cul de sac, maintenant que faire d’autre, donner de l’argent à tous, Ok, allons y et qui travaille alors, une semaine sur 2, les chinois ils veulent tout, alors que fait-on on leur laisse notre richesse ou on se construit une muraille autour de nous, quoique l’idée n’est pas mauvaise, tous à nos pelles et ce soir on se retrouve autour du feu pour parler de l’époque où nous communiquions grâce à Paul, ah oui on est désormais logés dans des grandes tentes, nourris par l’administration, une douche par semaine et on retrouve nos femmes une fois par mois…

      Voilà Mathieu, même si on redistribue de l’argent que l’on trouve ailleurs, même si on élude le pb de la dette, tous les terriens veulent désormais consommer, tous veulent leur voiture et faire leurs 2 ou 3 voyages en avion pour passer leurs vacances…

      Mathieu comment fait-on … c’est la vraie question … la finance nous dit pas de pb pour l’argent … sont bien les seuls à ne pas avoir de pb de matières 1ères … peut-être pour cela qu’ils sont les seuls à croire encore que le système peut perdurer …

    8. Avatar de Bourdon
      Bourdon

      Yvan, détournement d’un moyen, je suis en accord avec toi sur la notion de l’argent, c’est pour certain une manière commode de stocker sa richesse, certain ont une maison, un terrain…

      C’est aussi une manière en voyant le nombre de zéro sur le chèque de se situer dans la hiérarchie des humains, voilà la monnaie est soi une référence, une unité de mesure, soit une manière de se situer et de se valoriser, ensuite il y a le vecteur qui permet comme un interprète de pouvoir échanger des choux et des oeufs de manière simple et efficace …

      Mais nous savons que l’homme est créatif, il est capable de faire des vêtements pour se réchauffer, de leur donner une valeur esthétique, une valeur refuge pour certains vêtements ayant appartenus à d’autres…

      Dans tout cela cette énorme capacité de l’homme à inventer et à interprèter, lorsque j’étais jeune je jouais aux billes, j’étais fier quand j’avais les poches pleines de billes, lorsque je perdais une partie je savais que je pouvais piocher dans ma réserve, cela me donnait de la sureté, avec le recul si j’avais conservé ces billes je leur donnerais en plus et maintenant une valeur sentimentale…

      Juste dire que l’argent selon que l’on en ai ou pas, selon que l’on ai peur ou pas, sa valeur change, on peut bruler le billet comme Gainsbourg ou le conserver sous son lit maladivement, l’argent est à l’image de l’homme tout simplement, il reflète ses bons et ses moins bons côtés.

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Oui, bon..
      On va pas non plus faire un scandale pour 300 milliards. Quand on aime, on ne compte plus.

    2. Avatar de methode
      methode

      justement il parlait d’une grève générale… ça vient?

      non parce que ce serait dommage de s’arrêter en si bon chemin après la grèce, voir nos politiciens dépités s’enfoncer toujours plus loin dans des mensonges inutiles est un plaisir que je ne renie pas, avec roland garros ^^

      donc je me demande à partir de quel stade les médias seront forcés d’annoncer le désastre comme ils l’ont fait pour la grèce? est-ce simplement les révoltes populaires qui les y obligent?

      quelle bêtise et quelle compromission si c’est le cas.

      je ne sais pas si vous avez lu ‘les dix petits nègres’ d’aghata christie mais j’ai l’impression que l’ambiance dans les sphères de l’économie mondiale c’est un peu ça. ou alors highlander faut voir.

    3. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      L’Espagne, il suffit d’ouvrir les yeux pour voir le désastre : les chantiers abandonnés et les « villes nouvelles » désertes.

      PS. j’écris ce commentaire d’Espagne.

    4. Avatar de Cathy B.
      Cathy B.

      Ce n’est pas très étonnant. La multiplication des immeubles vides était monnaie courante. Les journeaux parlaient de scandales immobiliers andaloux mêlant élus locaux et affairistes douteux. c’était il y a 3/4 ans.
      J’imaginais ces immeubles, résidences et autres complexes tombant en ruine…

  18. Avatar de louis delgres
    louis delgres

    Les banques sous-estiment elles reellement les risques ? Je ne me pense pas . Quand on voit que les prix depassent la capacité d emprunt d un agent economique , on se doute bien qu il va se passer quelque chose , meme quand on sort de x-mines paris ( surtout ) en revanche il plus interessant de laisser la bulle grossir et eclater . Apres on vient avec des l armes de crocodile aupres des etats pour etre sauvé ( on declare les pertes dans un pays qui a la capacite de reassurer et un droit fiscale qui permet de deduire des impots sur les benefices realisé sur les exercice fiscale ulterieure les pertes d un exercice fiscale anterieure jusqua total effacement ( cf. Ubs , la suisse n est pas prete de toucher des impots de leur par avant longtemps ) et dans le meme temps jouer la baisse au caiman pour ne pas declarer les revenus extraordinaires faient dans le meme temps . Face je gagne , pile tu perds !

  19. Avatar de zébu
    zébu

    http://www.liberation.fr/economie/0101638009-il-touche-le-rsa-mais-sa-banque-le-laisse-depenser-140-000-euros-avec-sa-carte-bancaire
    Bin quoi, il fait comme les banques : il dépense l’argent qu’il n’a pas et ensuite il rembourse 150€/mois … Pardon, les banques, elles, demandent à ce que ce soit nous qui remboursions 150€/mois. Finalement, le Crédit Agricole devrait même lui filer 150€/mois !! MDR.

    Sinon, dans un tout autre registre et pour parler : dette publique, inflation, traité de Lisbonne, BCE, prime de risque (tiens, c’est en lien avec le sujet ?), il y a ça :
    http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/104000234/0000.pdf

    Bon, il faut s’épargner de longues heures (inutiles) de lecture pour aller directement aux ‘solutions’ que l’on nous préconise, rien que pour nous :
    « Une réduction durable des déficits publics est la seule voie envisageable »
    Rien que le titre déjà …
    « La voie d’une augmentation de l’inflation est ainsi parfois évoquée dans le débat public. » : ahhh, tiens …
    Mais c’est aussitôt pour nous dire : « À l’examen, une hausse de l’inflation n’est toutefois pas une solution envisageable pour ramener les finances publiques sur une trajectoire soutenable. ».
    On se disait aussi …
    Et pourquoi donc ?
    « Dans les économies de marché, le niveau de l’inflation est en effet déterminé par la politique
    monétaire. Or, en zone euro, c’est la Banque centrale européenne (BCE) qui se voit attribuée
    par le traité européen de Lisbonne, à la suite du traité de Maastricht, la conduite de la
    politique monétaire. »
    « Changer cette cible impliquerait donc de commencer par modifier le traité de Lisbonne, pour rendre aux gouvernements européens la définition de la cible d’inflation visée par la BCE : avoir l’accord de nos partenaires européens, sur un tel changement est aujourd’hui totalement exclu. »
    On vous le dit, c’est clair, non ? : c’est ‘totalement exclu’.

    Mais surtout, « il est très probable que le gain à court terme permis par la hausse de l’inflation serait plus que contrebalancé à moyen terme par la hausse des primes de risque exigées par les investisseurs pour détenir des titres publics. » : comme quoi, les choses sont bien faites, hein ?
    La hausse des primes de risques, en cas d’inflation, ça ressemble un peu à une issue de secours en forme d’impasse, non ?
    « L’élévation des primes de risque serait d’autant plus élevée que la crédibilité acquise progressivement au cours des deux ou trois dernières décennies a fait baisser spectaculairement les primes de risque exigées par les investisseurs pour se couvrir contre de potentiels dérapages
    inflationnistes. » : et les ‘dérapages inflationnistes’, c’est bon que pour les mauvais conducteurs.

    Comme le dit ce rapport, « Les conclusions de ce rapport se veulent réalistes. »
    Et la marmotte …

    C’est quand même un « RAPPORT SUR LA SITUATION DES FINANCES PUBLIQUES », commandé par le Président de la République himself et pour lequel ils s’y sont mis à deux pour le faire : le « président de l’Autorité de la statistique publique » (savais même pas qu’elle existait) et le « directeur général de l’Institut de la statistique et des études économiques (Insee) » (qui s’est honteusement commis dans ce ‘rapport’ et participe ainsi à décrédibiliser une si prestigieuse institution auquel il appartient).

    Je pense sincèrement qu’il faudra faire comme le père (qui a été condamné) qui a puni son fils en lui faisant avaler son carnet de scolarité d’avoir des mauvaises notes : leur faire bouffer leur rapport, page après page.
    Après, ils viendront certainement moins faire les malins pour les prochains rapports, annonçant qu’il est ‘totalement exclu’ de s’en sortir autrement qu’en crevant lentement …

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Très bonne analyse et très bonnes réflexions, Zébu.
      Comme dirait ma fille : « il y a de quoi péter un câble ». (tout son père, cette gamine)

      Ce que tout ceci m’inspire est que nous atteignons des sommets d’hypocrisie, et, encore une fois, la mode américaine semble contaminer la planète.

      Les décalages de mentalités vont devenir plus que saillants, je le sens.

    2. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      L’exemple de ce client d’une banque devrait servir aux dirigeants des Etats européens pour le remboursement des dettes souveraines.

    3. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Il n’y a qu’à faire appel à la main invisible du marché.

      C’est leur système, leur théories mises en oeuvre, toute honte bue, depuis des lustres ! Ils ont eu tous les pouvoirs, surtout aux USA.

    4. Avatar de VB
      VB

      Merci pour ce rapport (un de plus) : toujours aussi instructif sur l’état de nos zélites en place.

      Cordialement,

    5. Avatar de zébu
      zébu

      @ tous :
      oui, effectivement, ce genre de ‘choses’ devient de moins en moins supportables. Et donnent de moins en moins l’envie de devenir (ou de rester) ‘réaliste’ : « personne qui voit la réalité telle qu’elle est, sans l’idéaliser ou se la cacher ».
      Non pas tant qu’il y ait volonté exacerbée d’idéaliser la réalité, ou même de l’occulter.
      Le vrai problème provient tout simplement de la réalité elle-même, celle que l’on veut nous VENDRE, celle que l’on veut nous faire AVALER.

      La ‘greffe’ ne prend pas, ne prend plus. Le rejet devient ‘biologique’. Quelque chose nous force à ne plus accepter ce genre de propagande.

      A titre de comparaison, deux ‘réalités’.
      La première est celle que nous VIVONS ou celle que nous pouvons appréhender, côtoyer, comprendre car elle fait partie d’une réalité VECUE (qu’elle le soit directement ou non par les personnes qui en prennent connaissance importe peu) :
      http://www.rue89.com/2010/05/27/sevran-une-ville-de-banlieue-dont-les-caisses-sont-vides-152658
      La seconde (et sans vouloir dénoncer cette organisation syndicale spécifiquement ou les personnes elles-mêmes) relève d’une perception de la réalité telle que l’on veut qu’elle soit ou telle que l’on accepte qu’elle le soit :
      http://www.lemonde.fr/politique/article/2010/05/27/a-la-cfdt-les-militants-veulent-une-reforme-raisonnable_1364131_823448.html
      Ce qui explique d’ailleurs la forte désaffection de nombreux salariés quant aux organisations syndicales, qui se sont transformées en co-gestionnaires sociaux ‘responsables’ (selon le terme repris par Bernard Thibault) de la crise financière et économique, ainsi qu’aux modes de ‘réponse’ pratiqués (la multiplication des ‘jours de manifestation’ pour … ‘faire jouer le rapport de force’ puis négocier une sortie ‘raisonnable’ d’un conflit fait partie non pas de la solution mais maintenant du problème).

      Dans les deux cas, on évoque ou on invoque la raison et la réalité.
      Deux représentations du monde, un hiatus grandissant.

      Max Weber en avait fait son paradigme : ‘Entzauberung der Welt’, le désenchantement du monde’.
      Le déclin de la magie et des religions n’a cédé la place qu’à la vacuité de la signification du réel vécu (et des discours imposés sur ce même réel).
      Mais le réenchantement tel que proposé par les mystiques et/ou les postmodernistes ne nous aidera guère à redonner du sens à nos vies.
      Sans doute sera-t-il nécessaire de redevenir ‘réaliste’ : savoir regarder à nouveau notre réalité vécue ‘telle qu’elle est, sans l’idéaliser ou se la cacher’.

      Mais comment ?

    6. Avatar de louise
      louise

      Je serais l’avocat du rsaiste, je ferais appel : il n’a rien à rembourser, chaque fois qu’il a utilisé sa carte celle-ci lui a donné la possibilité de payer ses achats.
      Il s’agit d’un don, pas d’un emprunt !

  20. Avatar de beaufou
    beaufou

    Une question un peu bebete.
    Pourrait-on imaginer un systeme sans interets?
    Le citoyen emprunte a la banque de France avec juste un petit forfait pour les frais administratifs, et la somme est detruite une fois l’emprunt rembourse.
    On ne creerait plus de grandes richesses mais de la valeur reel sans devaluer la monnaie.

    Ou, avons nous vraiment besoin de toute cette liquidite dans la nature?

    1. Avatar de Daniel Maniscalco
      Daniel Maniscalco

      Oui, je pense que cela va devenir possible avec certaines nouvelles monnaies privées, en cours de création.

      Regardez le site transitioner, pour être au courant :
      http://www.thetransitioner.org

    2. Avatar de Arranah
      Arranah

      Au moyen-âge, le prêt à intérêt était condamné, parce qu’il y avait une conception aritotélicienne de l’argent (« l’argent ne fais pas de petits), et les marchands ont utilisé mille subterfuges pour éviter d’être condamné. Si on supprime le prêt à intérêt, il réapparaîtra…

  21. Avatar de Gu Si Fang
    Gu Si Fang

    @ Crapaud Rouge : Différer sur les questions de vocabulaire ou de définitions n’est pas bien grave. On peut toujours adopter (temporairement) le langage de l’autre, ou lui le notre, pour parler de la même chose. Ce qui serait plus gênant c’est quand on se met à utiliser un même mot pour désigner des choses différentes.

    @ AntoineY : Vos remarques sur le droit sont très justes. Sur la monnaie, certains ont écrit des choses intéressantes. J’ai essayé de me constituer une bibli (et si vous avez des suggestions je suis preneur, merci !) :
    http://gigapedia.com/items/338567/
    http://www.scribd.com/doc/20119659/
    http://www.scribd.com/doc/16252088/
    http://www.scribd.com/doc/16120623/
    http://gigapedia.com/items/346385/

    1. Avatar de VB
      VB

      Bonsoir,

      Vous vous référez, s’agissant de droit, souvent à Jean Carbonnier, ce qui est un signe de bon goût mais s’avère insuffisant pour embrasser l’ensemble des auteurs importants ayant réfléchis sur les notions d’argent, de monnaie, entre autre (les grands juristes se sont efforcés de réfléchir sur tout ce qui faisait la vie en société).
      Je tenterai de vous aider dès que j’aurai un peu plus de temps, en vous faisant parvenir des références mais à vrai dire : la tâche, si on voulait la faire de façon sérieuse, s’avèrerait beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît car, en plus de la recherche concernant lesdits auteurs, il faudrait insérer un commentaire sur chacun d’eux afin de le situer dans le temps, l’espace et les idées.

      Bonne soirée,

    2. Avatar de Gu Si Fang
      Gu Si Fang

      Merci d’avance. Au passage, je n’ai pas trouvé le Discours préliminaire de Portalis sur le web. Savez-vous s’il est disponible quelque part ?

    3. Avatar de VB
      VB

      Bonjour,

      « le Discours préliminaire de Portalis sur le web. Savez-vous s’il est disponible quelque part ? » :
      => vous le trouverez dans toute bonne bibliothèque ou dans une librairie (générale bien fournie ou dans une librairie juridique), peut-être aussi à la Documentation française (il fut un temps où on l’y trouvait).

      Comme première information, voyez par exemple : Bruno Oppetit, « Droit et modernité », collection Doctrine juridique au PUF : p.183 à 189 « Droit et argent ».
      La suite, si suite il y a, plus tard.

      Cordialement,

    4. Avatar de VB
      VB

      A tous,

      Quelques lignes de culture juridique :

      Bien que ne parlant pas de la nature de l’argent ou de la monnaie, je vous cite Georges Ripert (Aspects juridiques du capitalisme moderne, n°151 p.340) :

      « L’esprit commercial, c’est essentiellement la conquête du profit. Lorsque tous les membres de la société sont imbus de cet esprit, le but suprême de la vie devient pour tous l’acquisition de la richesse. La puissance de l’argent domine la société tout entière. Pecuniae obediunt omnes.
      Je ne parle pas ici du grand capitalisme… ils ne sont que les plus hauts représentants d’un esprit qui est commun à toutes les classes de la société.
      Accusons tout d’abord l’éducation. La prépondérance donnée à l’éducation scientifique rabaisse les esprits à l’admiration exclusive de la civilisation matérielle. Le travail désintéressé de la recherche disparaît, à moins qu’il ne s’agisse de la recherche scientifique. Les écoles de formation professionnelle prennent le pas sur les universités. Les élèves des grandes écoles rêvent des hauts postes de l’industrie ou de la finance… »

      n°152 p.343 :
      « Le véritable esprit commercial est un esprit de création et de lutte. Le capitalisme moderne acceptait la concurrence. Mais déjà se produit un vieillissement du capitalisme. Tout producteur aspire au monopole… »
      P. 345 :
      « Mais si tous (cad. prof. libérales, titulaires d’offices, auteurs d’oeuvre littéraires et artistiques etc.) prennent ainsi la physionomie du propriétaire, n’est-il pas à craindre que, transformés en possédants, ils ne perdent l’esprit d’entreprise pour devenir de simples rentiers… »

      n°153 p. 346 :
      « Le vieillissement du capitalisme lui fait perdre sa vertu, mais il ne lui enlève pas sa force. On ne saurait prédire sa fin prochaine sur cette seule constatation qu’il conserve plus qu’il n’agit.
      On ne le supprimera pas si rien n’a été préparé de ce qui pourrait le remplacer. Ce n’est pas en substituant un capitalisme d’Etat au capitalisme privé que l’on détruira l’esprit qui anime notre société toute entière. Jamais on n’a tant parlé de la lutte contre les puissances d’argent et jamais l’argent n’a joui, dans le monde, d’une telle considération. Je redirai volontiers des révolutionnaires d’aujourd’hui ce que Péguy disait de ceux de 1789 : ils jouent la Révolution, mais ils sont d’Ancien Régime ; ils se disent anti-capitalistes, mais ils ont l’esprit capitaliste. »

      p. 347 :
      « Or, c’est bien un problème politique qui se pose. « L’œuvre à réaliser en France, dit M. Noyelle, sollicite la consultation de l’économiste, des sociologues, des juristes et des praticiens mais le politique en sera l’auteur ». Le régime capitaliste est lié à un ordre civil. Qui veut le détruire, doit imaginer un autre ordre, c’est-à-dire d’autres règles, d’autres institutions. « La voie demeure tracée devant le législateur de demain, écrit M. Lhomme. Il lui faudra prendre conscience que son effort doit, avant tout, briser le lien établi et maintenu par le capitalisme entre la richesse et la puissance. »…

      Je laisse à la sagacité de chacun le soin de déterminer le degré de lucidité et de liberté de Ripert.
      Personnellement, je pense que nous avons, aujourd’hui, franchi collectivement un pas supplémentaire et que la société est maintenant prête à entendre parler d’autre chose que du capitalisme et à créer d’autres liens que ceux de l’argent ; quoiqu’il en soit, le glas sonne aujourd’hui pour « l’aristocratie d’argent, la pire de toutes, disait Napoléon ».

      😀

      Cordialement,

    5. Avatar de Crapaud Rouge

      @Gu Si Fang : merci à vous de n’avoir pas pris ombrage de mes posts. Vous avez bien compris qu’ils ne vous visaient pas personnellement. Cependant, vous me semblez sous-estimer le « risque » lié aux questions de langage.

      Quand je suis arrivé sur ce blog, je me faisais un malin plaisir de prendre le contre-pied de la position de Paul. Je soutenais qu’une dette est « déjà » de l’argent car, pour le créancier, elle « annonce » des rentrées d’argent presque certaines. Mais j’avais bien conscience qu’il ne s’agissait que d’une manière de voir, une certaine façon de considérer les choses.

      Ma position a radicalement changé après que j’ai découvert, à ma grande stupéfaction, que, pour les économistes, ce n’était pas qu’une manière de voir mais la réalité ! Pour moi, – qui ne confondais pas la carte et le territoire -, c’était une aberration monumentale. Et quand on commet une erreur en amont, on la retrouve partout en aval.

      Quand on dit que « la monnaie scripturale est de la monnaie », ce n’est, là encore, qu’une manière de voir. La vraie monnaie circule, alors que les dépôts à vue, – c’est con à dire mais c’est la vérité -, ne circulent pas. La vraie monnaie est un moyen de paiement pour son propriétaire, alors que le propriétaire d’un dépôt à vue délègue ce moyen à son banquier. La vraie monnaie peut être thésaurisée sous son matelas, alors que thésauriser sur un compte en banque c’est courir le risque d’être ruiné si la banque fait faillite. La « monnaie scripturale » n’est donc pas de la monnaie. Et ce n’est pas la peine de sortir de HEC pour le savoir. Ou plutôt : il vaut mieux ne pas sortir de HEC pour le savoir…

  22. Avatar de Crapaud Rouge

    Dans Après le capitalisme, quelles alternatives ? Pourquoi je soutiens l’expérience cubaine ? on peut lire :

    « Il ne suffit pas de dénoncer les abus et les excès, de dénoncer un capitalisme sauvage, comme s’il existait un capitalisme humain. Comme dans son ouvrage en 2005, Houtart réclame que nous délégitimions ce système, qu’il faut trouver des alternatives sérieuses, et pas seulement des régulations, comme par exemple vider les caisses de l’Etat pour sauver les banques ! »

    Mine de rien, c’est bien plus difficile qu’il n’y paraît de délégitimer ce que l’on porte en soi depuis toujours, même si le soi ne s’y reconnaît pas du tout. Les quelques personnes à qui j’en ai parlé ne comprennent même pas de quoi il s’agit. J’y vois l’indice que l’on perçoit le capitalisme comme l’environnement naturel, lequel ne peut pas être condamnable, aussi exécrable soit-il. Il y a donc fort à parier qu’il a l’éternité devant lui, et que les alternatives resteront marginales, comme ces tributs indigènes qui survivent tant bien que mal un peu partout.

    1. Avatar de Moi
      Moi

      L’éternité, c’est impossible. Il est né, il mourra.

  23. Avatar de Yves
    Yves

    Monsieur Jorion,

    J’ai beaucoup d’admiration pour le contenu de votre blog, mais là, je suis vraiment « scié » tant par les raccourcis que vous faites dans votre qu’article que par les réactions qu’il a suscité. Mais si je peux me permettre, qui aime bien châtie bien, c’est pourquoi je prends la liberté d’écrire ce qui suit, mais croyez-moi, vraiment sans aucune prétention.

    Pour commencer, vous passez sous silence un fait important dans le sujet que vous abordez, qui est celui de l’évolution de la structure du produit bancaire au cours des 30-40 dernières années.
    La marge nette d’intérêt (MNI) n’en est pas le seul composant : elle est accompagnée de commissions et courtages produits par des activités qui ne sont pas liées à l’intermédiation bilantaire. Pour faire court et sans avoir les chiffres précis en tête, je pense pouvoir dire qu’en Europe (et je souligne), la proportion de marge nette d’intérêt dans le produit bancaire est passée de 95% à 50% (à la grosse louche). D’autre part, et cela explique probablement cette évolution, la marge nette d’intérêt a eu tendance à se réduire drastiquement au cours de la même période. En Belgique (d’où je suis originaire « aussi »), sur 15 ans, elle s’est réduite de près de 50%, pour passer de 1,29% (1993) à 0,71% (2008). Sans avoir étudié le problème dans le détail, je crois savoir que la MNI aux Etats-Unis est bien plus importante que chez nous en Europe (surtout dans les petites et moyennes institutions), donc que la remarque du WSJ se justifie peut être là-bas mais qu’elle n’est pas réaliste sur notre continent.

    Pourquoi cette réduction de la MNI : selon moi sous l’effet de la pression concurrentielle et de la course à la part de marché. Il est dit que la banque des années 60 fonctionnait sous le principe du 3-6-3, qui veut dire : je paie les dépôts à 3%, je reçois 6% pour mes crédits, et à 3PM je vais jouer au golf … Donc des marges confortables qui permettaient de masquer les risques et le manque d’efficacité des institutions financières de l’époque. La concurrence fait baisser la MNI, les clients veulent plus pour leurs dépôts et payer moi pour leurs crédits. Conséquence, réduction des coûts, dont le coût du risque et comment : en « sortant » les activités du bilan et en reportant le risque sur le « client ». Le banquier n’est plus un intermédiaire financier, mais un intermédiaire tout court. Ce qui nous a valu l’apparition de ce qui est appelé le hors-bilan commerciale, avec les OPCVM comme meilleur exemple.

    Ensuite, la tarification des produits bancaires est un beau sujet, et la méthodologie que vous décrivez pour les crédits ne s’applique pas qu’à eux, mais à l’ensemble des actifs et passifs de l’institution financière. Je trouve que vous faites un raccourci hasardeux en évitant de préciser que ce que vous appelez son « profit » est un profit brut, avec lequel il faut payer les autres coûts liés au produit en question (développement, distribution, marketing, etc.) et qu’il ne constitue pas uniquement le profit après taxe qui pourra permettre de rémunérer l’actionnaire (sachant que les « bonus » du top management sont payés avant taxes pour l’établissement). Les systèmes évolués appliqués aujourd’hui par toutes les grandes institutions financières font appels aux méthodologies de transferts internes de fonds (comme dans l’industrie), et en général, le taux de référence notionnel sélectionné pour définir soit le coût de la ressource pour les actifs, soit le revenu du flux cédé en interne pour les passifs fait l’objet de bien des débats entre les départements concernés (tout simplement pour définir à qui va le profit dans l’établissement).

    Enfin, l’exemple que vous donnez « j’emprunte à 3 mois et je prête à 5 ans » ne serait jamais accepté comme position globale d’un établissement financier par aucun organe de contrôle dans son analyse de la gestion du risque de taux. Voir pour cela les principes du second pilier de l’Accord de Bâle II. Le concept de duration des fonds propres, qui est un indicateur synthétique destiné à montrer leur sensibilité à une évolution des taux d’intérêt et trop long à expliquer ici, mettrait ces fonds propres de l’institution sous un stress inacceptable pour le contrôleur. Donc, c’est encore pour moi un raccourci hasardeux. Je pense que nous ne sommes plus à l’époque des savings & loans, dont la crise a donné naissance aux fonctions de gestion d’actif/passif (ALM) à la fin des années 70.

    Je trouve que le débat est loin de la qualité habituelle que l’on trouve d’habitude et il n’y a, selon moi (mais qui suis-je pour l’écrire), que deux interventions à sortir du lot par rapport au sujet que vous abordez. Un exemple, l’utilisation du concept de probabilité de défaut n’a de sens que sur un portefeuille. Par l’absurde, et en supposant que l’on puisse dans une certaine mesure se fier aux notations attribuées par les agences de rating, qui sont sensées (les notations) représenter cette probabilité de défaut, si vous n’avez qu’un seul titre dans votre portefeuille et qu’il est AAA, votre probabilité de défaut n’est pas nulle et si le défaut se réalise, vous perdez 100% de votre seul et unique actif même si sa probabilité n’était que de 0,01%. Mais je suis peut être très naïf en pensant que les provisions pour pertes sur crédits sont calculées sur base de ces probabilité … sinon sur quelle(s) base(s) pourrait-on les évaluer.

    Cela me permet pour terminer, car je suis déjà bien trop long, de faire un bref lien avec la justification des fonds propres d’une institution financière. Les pertes attendues doivent être couvertes par la tarification et les pertes inattendues (dans la distribution des pertes sur crédit pour les actifs, entre la moyenne et le seuil déterminé par intervalle de confiance) doivent être couvertes par les fonds propres, selon le concept de capital économique. Ce capital économique n’est pas à confondre avec le capital réglementaire, qui est déterminé parle fameux ratio Cooke fixé à 8% des actifs pondérés pour calculer le niveau minimum des fonds propres exigés. N’oublions cependant pas qu’il a fallu 14 ans pour accoucher de l’Accord de Bâle 1 et je suis convaincu que Mr. Cooke lui-même serait bien en peine de dire pourquoi le ratio a été fixé à 8%. Ce fût un peu moins long pour Bâle II, 5 ans à peu près, mais il n’a pas été touché au 8% et espérons que cela ira quand même encore un peu plus vite pour Bâle III, même si l’aspect quantitatif de la réglementation va sans aucun doute bien évoluer (voir entre autres le consultative paper de décembre 2009 du Comité de Bâle à propos des « nouveaux » ratios de liquidité).

    En vous souhaitant tout le bien du monde, ainsi que de voir la fréquentation de votre blog continuer à progresser de la même manière.

    Bien cordialement

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Votre commentaire est enrichissant de connaissances comme l’est toute explication venant d’un spécialiste.

      Votre souci de vérité est réel et vous honore en accord avec un prénom qui est celui du saint patron des gens de Justice.

      Maintenant, posez-vous la question du fait que les personnes étrangères au monde financier s’y intéressent…???
      Il me semble que le plus pauvre des Français vivant dans la rue ait tout de même besoin d’argent…Néanmoins.

    2. Avatar de VB
      VB

      Bonsoir,

      Franchement « le concept de capital économique », à distinguer selon vous du « capital réglementaire » m’interpelle : déjà ajouter le terme « économique » au terme « capital » a quelque chose d’irréductiblement comique, voire même de suspect.
      Évidemment, on peut vaguement sentir à quoi ce terme fait allusion lorsque vous l’opposez à « capital réglementaire » en visant le ratio de Cooke mais j’aimerai que vous développiez la question afin d’affiner ma compréhension du fonctionnement interne des banques. Un monde dans le monde, encore bien sophistiqué que ce qui se passe pour les simples multinationales. Savez-vous que l’OCDE consacre une somme considérable de travail spécifique aux banques concernant « l’attribution des bénéfices aux établissements stables ».

      Merci par avance de vos éclaircissements,

      Cordialement,

    3. Avatar de Boukovski
      Boukovski

      « Enfin, l’exemple que vous donnez « j’emprunte à 3 mois et je prête à 5 ans » ne serait jamais accepté comme position globale d’un établissement financier par aucun organe de contrôle dans son analyse de la gestion du risque de taux ».

      Tiens donc!. Tout à fait inexact. Je connais bien une banque, de belle notoriété (et c’est loin d’être une exception) qui pratique de la sorte.

    4. Avatar de Crapaud Rouge

      @Yves : « J’ai beaucoup d’admiration pour le contenu de votre blog, mais là, je suis vraiment « scié » tant par les raccourcis que vous faites dans votre qu’article que par les réactions qu’il a suscité. » : ma propre réaction figurant en 2nde position après celle de Karluss, vous n’avez sûrement pas manqué de la lire. Je me sens donc particulièrement visé.

      Ce que j’ai retenu de l’article, c’est que les banques font payer une prime de risque mais qu’elles n’assument pas ce risque. Je trouve ça scandaleux, et c’est ce sentiment que j’ai tenu à exprimer. Que leurs coûts et leurs marges soient ceci plutôt que cela, ce n’est pas mon problème de batracien béotien : je demande seulement que nous, contribuables, ne soyons pas obligés de payer deux fois, – dans les intérêts des dettes et dans le renflouement des banques -, pour des p*** de risques que nous n’avons pas pris.

      Je tiens cette notion de risque pour être d’abord et avant tout un MACHIN IDEOLOGIQUE qui permet aux capitalistes de justifier tout et n’importe quoi. Frédéric Lordon propose de nationaliser les banques et de rendre la finance triste et ennuyeuse, sans risque, et je lui donne mille fois raison. La finance est devenue un jeu sexy, monsieur, elle n’a plus rien à voir avec ce qu’elle devrait être : un métier où sécurité et gravité devraient l’emporter, et de loin, sur le fun qui consiste à jouer en permanence aux limites, dans la logique des flux tendus de l’industrie et de l’équilibriste accroché à un fil au-dessus du vide.

      Si maintenant je m’attarde aux détails de votre réponse, je constate qu’elle est tout aussi contestable que l’article. « Un exemple, l’utilisation du concept de probabilité de défaut n’a de sens que sur un portefeuille. : c’est archi-faux. On peut faire des stats sur les défauts de paiement, indépendamment des portefeuilles concernés. C’est comme si vous disiez qu’une assurance ne peut connaître que les statistiques d’accidents de ses propres assurés.

      En tout cas, merci infiniment pour votre éclairage de spécialiste !

    5. Avatar de C.B
      C.B

      « Enfin, l’exemple que vous donnez « j’emprunte à 3 mois et je prête à 5 ans » ne serait jamais accepté comme position globale d’un établissement financier par aucun organe de contrôle dans son analyse de la gestion du risque de taux ».

      Entierement d’accord avec Yves, j’en ai discuté dernierement avec mon banquier et en fait les banques gagnent surtout sur les dépots de leurs clients qu’elles prêtent à court terme.

    6. Avatar de Yves
      Yves

      Bonjour à tous,

      En réponse aux trois commentaires que mon texte a suscités.

      Pour Yvan : avec un arrière pensée non-philosophique, le prénom est difficile à porter car en faisant court qui dit justice, dit jugement et par conviction, je m’interdis de porter un jugement sur qui que ce soit. Par contre, le jugement dans le sens stoïcien, là je suis pour et je m’efforce de m’en imprégner, ce qui n’est pas toujours évident.

      Donc, s’intéresser à quelque chose, certainement, mais (et de nouveau sans vouloir donner aucune leçon à quiconque) il est nécessaire d’éviter les affirmations péremptoire. Par exemple, je m’intéresse beaucoup aux théories/expériences relatives à ce qui est appelé l’énergie du point zéro (zero point energy), mais je tournerais 25 fois la plume dans l’encrier avant d’écrire quoique ce soit à ce sujet. S’intéresser, poser des questions, interroger, OK mais évitons les simplifications sources de malentendus. Voir pour cela le tout premier post et la toute première réponse. Bravo pour la question mais par contre la réponse de Ybabel … Et j’insiste, je ne juge pas cette réponse, c’est un fait qu’elle ne soit pas correcte.

      Pour VB : choisir l’acception d’un mot est toujours compliqué surtout quand il s’agit d’une (peut être) mauvaise traduction. Donc dans le cas de capital économique, qui vient d’economic capital, il s’agit bel et bien du capital calculé pour couvrir les pertes imprévues qui sont générées par une activité donnée. C’est un peu difficile de développer le concept sans pouvoir l’expliquer avec un petit schéma (qui vaut mieux qu’un grand discours). Et je ne peux réécrire que ce que j’ai déjà écris dans mon message : la moyenne des pertes, qui est considérée comme une estimation des pertes prévues, doit être couverte par la tarification des produits (ce à quoi Paul Jorion fait allusion dans son texte). Par contre, ce qui est « imprévu » doit être couvert par les fonds propres (au sens large). Plus l’imprévu peut prendre des proportions importantes, plus il est nécessaire d’augmenter le matelas de fonds propres pour le couvrir, ce qui ne plaît bien entendu pas aux banques. Le problème avec Bâle II, c’est qu’on y mélange un peu les deux et que les 8% sont là aussi bien pour couvrir le prévu que l’imprévu. Avant la crise, je pensais que Bâle III serait justement l’introduction de ce concept dans la réglementation … Les travaux de l’OCDE que vous citez ne sont pas les seuls qui peuvent intéresser le secteur financier (voir aussi tout ce qui par exemple concerne la gouvernance), tout comme le Comité de Bâle ne s’occupe pas uniquement du ratio d’adéquation des fonds propres.

      Pour Boukovski : j’ai bien écrit la position globale et je ne parle pas d’une simple opération adossée à une autre de manière réelle ou synthétique. A ce sujet, il est de toute façon intéressant de relire les principes de gestion du risque de taux d’intérêt, publiés par le BCBS en 2004 dont le texte est disponible à l’adresse suivante :
      http://www.bis.org/publ/bcbs108.htm
      La position globale de risque de taux ne doit pas être trop déséquilibrée : certaines limites doivent être fixées pour cela, et je répète que tout bon contrôleur dans ce domaine ne laisserait pas la situation d’une institution financière se détériorer. J’insiste sur le fait que je ne parle pas ici du risque de liquidité.

      De nouveau, évitons ce qui est péremptoire. Les banques ne travaillent plus aujourd’hui en adossant un actif à un passif. Ce que j’appelle dans le texte écrit hier « les systèmes de transferts internes de fonds » permettent de dissocier tout à fait les activités de l’actif et du passif. En quelques mots et sans entrer dans le détail, l’activité de crédit achète à un taux de référence donné (dont la maturité correspond en général à celle du crédit) la ressource dont elle à besoin à une trésorerie interne (et en général virtuelle) : par contre l’activité de dépôt cède les fonds qu’elle récolte également à un taux interne à cette même trésorerie. Le risque de taux en général ne se gère donc plus au niveau des départements, mais bien à celui de cette trésorerie interne (département ALM ou gestion actif/passif) qui prend normalement les mesures de réduction adéquate du/des risque(s), car dans le domaine du risque de taux, il n’y a pas que la re-tarification qui peut en créer.

      En vous souhaitant à toutes et tous une excellente fin de semaine et un weekend radieux.

      Bien cordialement.

    7. Avatar de Crapaud Rouge

      « Enfin, l’exemple que vous donnez « j’emprunte à 3 mois et je prête à 5 ans » ne serait jamais accepté comme position globale d’un établissement financier par aucun organe de contrôle dans son analyse de la gestion du risque de taux. » : évidemment ! Le lecteur avisé mais incompétent imagine que les banques ont, d’une part, un stock de prêts, d’autre part, un stock d’emprunts, et que, d’une part à l’autre, il n’y a pas de bijection. Paul voulait dire que les banques engagent des capitaux d’une certaine manière, et qu’elles couvrent leurs engagements d’une autre manière.

    8. Avatar de VB
      VB

      @ Yves,

      Merci pour votre réponse plus ou moins circonstanciée.

      Ce à quoi je faisais allusion dans la seconde partie de mes observations est l’extrême complexité atteinte par le fonctionnement bancaire, plus complexe que le fonctionnement d’un Etat, et bien moins clair et démocratique : la complexité, qui rime avec opacité, est le plus sûr moyen pour l’industrie bancaire de maîtriser seule son fonctionnement et ses profits.
      Les règles de l’OCDE sur la gouvernance, que vous citez en écho aux principes de répartition des bénéfices des établissements stables que je mentionnais, intéressent évidemment le secteur bancaire (au presque même titre que toutes les multinationales) mais la vérité est que seuls les profits et le pouvoir de mettre ces derniers à l’abri intéressent au final ces industries qui ont également mis la main sur la façon de « faire la politique et l’Etat » ; ce système va finalement s’écrouler tout seul, victime de ses excès autant que de son succès d’avoir trop bien anéanti toute concurrence (;-) à l’attention d’Yvan le Terrible).

      A bon entendeur salut.

      Je vous souhaite également un excellent week-end.

      Cordialement,

    9. Avatar de izarn
      izarn

      Vous passez a coté du principal: La prime de risque, ou si on veut, l’assurance sur le crédit.
      Pour vendre du crédit plus que son concurrent pour résumer votre texte, il faut trouver des clients. Des clients de moins en moins solvables, forcement. La solvabilité n’est pas universelle.
      Tiens ça nous rappelle les « subprimes » non?
      Alors on s’assure bien sur…Hé hé hé! Pour satisfaire Bale I, II ou III…Peu importe la reglementation complexe destinée a etre justement détournée: Faisons compliqué pour cacher des procédés simples et des idées simples: Faire du fric.
      Et comment? Quel assureur completement dingo va assurer l’insolvabilité à moyen terme du gogo qui croit posséder sa maison, ou son entreprise bidon-start-up et j’en passe?
      Pas moi en tous les cas, donc pas grand monde.
      Sauf….Ha oui tiens et ce truc inventé par des félés de la J.P.Morgan: Le CDS.
      Hé oui! On peut assurer les copains avec zéro capital, et meme sans jamais rien rembourser!
      Il suffit de mettre la société « had-oc » qui a vendu les CDS en faillite.
      Et hop! Légal et tout! Meme que Bale I, II et III en restent aveugles, ou complaisants?
      La BRI peuplée d’une bandes de charlots? A mon avis c’est ce que dit justement Paul Jorion, mais lui reste poli…

  24. Avatar de yvan
    yvan

    En parlant de taux de recyclage écologique, le politique se recycle à priori très bien :
    http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/05/27/les-contrats-tres-juteux-de-tony-blair_1363781_3214.html

    « Le député libéral-démocrate Norman Baker a quant à lui déclaré que Tony Blair était « à vendre » et qu’il n’était plus intéressé que par l’argent. »

    1. Avatar de zébu
      zébu

      ‘Avoir le Blair’, c’est avoir le sens des affaires.

  25. […] Prendre le taux d’intérêt au sérieux ? Blog de Paul Jorion, 27 mai 2010. – Combustions lentes Blog de Paul Jorion, billet de François Leclerc, 23 mai 2010. […]

  26. Avatar de L'Hermite
    L’Hermite

    @ Paul Jorion

    Si vous me permettez, il y a une quatrième composante dans le taux d’intérêt fixé par une banque : le coût des fonds propres immobilisés du fait du prêt consenti.

    Cette allocation en fonds propres lié au montant du risque pondéré de sa qualité (ratio Mac Donough) correspond à une réserve. Son montant est-il suffisant quand une bulle, de quelque nature que ce soit, éclate ? Ça, c’est une autre question.

    1. Avatar de Boukovski
      Boukovski

      Son montant est largement insuffisant, comme on a pu s’en apercevoir en 2008 aux Etats-Unis. Compte tenu de la disproportion sans commune mesure qui existe de fait entre le total des actifs de la banque et ses fonds propres l’effet de levier est dévastateur quand ces actifs perdent rapidement de leur valeur.

    2. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Oui et pourtant lorsqu’on achète du lait, on ne paye pas au paysan la location de la vache. Ni le risque que sa vache soit malade.

    3. Avatar de yvan
      yvan

      Lisztfr, on voit que ça fait longtemps que vous n’avez plus élevé une vache…

      Fernand Raynaud : sketch avec le sel…
      http://www.dailymotion.com/video/x5778w_fernand-reynaud-le-paysan_fun

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