L’instinct de survie des peuples

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Un système sain présente en général une très grande capacité à supporter la présence de parasites. Mais si ceux-ci pullulent alors, passé un certain seuil dans l’affaiblissement, leur présence peut tuer l’animal. La mort de l’hôte n’est pas dans l’intérêt du parasite mais comme il ne sait rien faire d’autre que d’être ce qu’il est selon sa nature, il n’interrompt pas son effort, provoquant la perte de son hôte ainsi que la sienne propre.

On en a eu l’illustration en 2009 : alors que l’économie était toujours dans les derniers dessous, le secteur bancaire, sauvé par les aides étatiques, retrouvait la santé et dispensait à nouveau ses largesses à ses dirigeants et à ses employés les plus talentueux dans l’accumulation du profit. Largesses qui ne trahissaient pas la folie, mais ne faisaient que refléter la proportion colossale dans laquelle ce secteur parvenait à nouveau à détourner vers lui la richesse. Quand les politiques proposèrent de plafonner les bonus, ils choisirent d’ignorer que ces primes indécentes n’étaient que des commissions relativement modestes sur des sommes elles à proprement parler pharamineuses. Quand des velléités apparurent de taxer ces profits monstrueux, les financiers firent immédiatement savoir que toute charge ponctionnée sur leurs opérations serait automatiquement répercutée par eux sur leurs clients. Vu l’impunité de principe dont ils bénéficient, cela aurait sûrement été le cas.

Au cours des semaines récentes, le travail d’investigation des régulateurs et les bureaux des procureurs d’États américains a mis toujours davantage en lumière le rôle joué par la simple cupidité dans le déclenchement de la crise. L’économie étant devenue au fil des années l’otage du secteur financier – et ceci, d’intention délibérée, par choix idéologique – s’effondra dans son sillage. Les États se précipitèrent alors au secours de ce secteur financier, en raison du risque systémique que son écroulement faisait courir. Mais en se refusant à opérer dans les activités financières un tri entre celles utiles à l’économie (ce que Lord Adair Turner, président de la FSA, le régulateur des marchés britanniques appelle les transactions « socialement utiles ») et celles dont la seule fonction est de siphonner une partie de la richesse vers les plus grosses fortunes. Les États ayant épuisé leurs ressources, imposent ce qu’ils appellent l’« austérité » ou (pourquoi se gêneraient-ils ?) la « rigueur », c’est-à-dire se tournent vers les classes populaires et les classes moyennes en exigeant d’elles par un impôt non-progressif et en opérant des coupes sombres dans les mesures de protection sociale en place, de rembourser les sommes manquantes.

La logique en marche est implacable : une évolution a eu lieu, d’une situation où le parasitisme de la finance était relativement tolérable à une autre où il a cessé de l’être. Les États, et les organismes supranationaux peut-être encore davantage, au lieu de tenter d’exterminer le parasite, se tournent au contraire vers l’animal et exigent de lui un effort supplémentaire. Comme c’est de sa propre survie qu’il s’agit désormais, la réaction de celui-ci est prévisible.

Imbécillité profonde des États, encouragée par les « vérités » charlatanesques de la « science » économique, ou complicité caractérisée avec les ennemis de leurs peuples ? Au point où l’on en est arrivé, la distinction a cessé d’être pertinente. Facteur aggravant : ces mêmes États ne manqueront pas de considérer que les sursauts des peuples, réaction saine de leur instinct de survie, sont excessifs et les condamneront, sans penser à leurs erreurs et à leur propre responsabilité dans l’aggravation de la crise.

Un retour à la progressivité de l’impôt est souhaitable. Pourrait-elle seulement être réinstaurée – ce qui paraît peu probable vu le pouvoir historique de l’argent à prévenir un tel rééquilibrage – qu’elle ne parviendrait encore qu’à figer la concentration de la richesse dans son état présent. Or cette concentration est telle aujourd’hui qu’aucune économie ne peut plus fonctionner dans son cadre : les ressources font à ce point défaut là où elles sont requises comme avances dans la production des marchandises ou comme soutien à la consommation des ménages, que le montant des intérêts versés compris dans le prix de tout produit ou service rend celui-ci excessif. Il faudra donc remédier à la concentration des richesses telle qu’elle existe dans son état présent. C’est seulement après qu’une certaine redistribution aura été opérée qu’une imposition progressive pourra s’assurer que le processus de concentration ne reprenne une nouvelle fois son cours mortifère. Bien sûr, ceux qui ont accumulé des fortunes colossales s’affirmeront spoliés (le mot « liberté » sera sans aucun doute galvaudé par eux une fois encore) et prétendront que la possession de ces sommes leur est indispensable pour être ceux qu’ils sont à leurs propres yeux. La réponse qu’il faudra leur opposer est que l’image qu’ils se font d’eux-mêmes importe peu puisque leur fonction est claire désormais : ils se contentent de pomper le sang de leur hôte. Quant à celui-ci, la dégradation généralisée du capitalisme l’a acculé à faire un choix entre sa propre survie et celle des parasites qui l’infestent. Et ce choix, il l’a fait.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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86 réponses à “L’instinct de survie des peuples”

  1. Avatar de dimezzano
    dimezzano

    « leur fonction est claire désormais : ils se contentent de pomper le sang de leur hôte »

    Votre pensée est claire, synthétique et lumineuse.
    Merci

  2. Avatar de yoo
    yoo

    Bonjour, et merci pour votre analyse.

    Cela confirme bien que le néolibéralisme à gagné et donc il faut attendre sa fin au plus vite.

    Moins il y aura de réaction des peuples dans le temps plus cela sera violent.

    Triste, piètre et prétentieux humains que nous sommes.

    Moi je pense vive la fin de l’humain pour que la terre puisse continuée à être belle et féconde.

    Merci à vous

    1. Avatar de fnur
      fnur

      « Moi je pense vive la fin de l’humain pour que la terre puisse continuée à être belle et féconde. »

      Euh !? Belle et féconde pour qui ? Pour des dieux ectoplasmiques verts écolo flottant à la
      surface de la planète comme Yann Arthus-Bertrand fait de jolies photos du haut de son hélicoptère ?

  3. Avatar de fatalitas
    fatalitas

    Bonjour,

    Un système sain, c’est un controle immédiat de la démographie sur cette planète laissant une chance non seulement aux générations futures mais aussi aux autres espèces (animales et végétales) qui peuplent cette planète.

    Cordialement.

    1. Avatar de D-croissance
      D-croissance

      @Fatalitas
      Vous faites le jeu d’un courant de pensée néo-libérale très récent mais très relayé qui veut faire croire que nous sommes trop nombreux sur cette planète…avant de liquider les plus pauvres ou de leur interdire d’avoir des enfants?
      Le problème ce n’est pas que nous sommes trop c’est que nous consommons trop! Revenons à des standards de consommation raisonnables et il y aura de la place pour tout le monde!

  4. Avatar de Ken Avo
    Ken Avo

    Ce que vous décrivez est terrible et pourtant l’exacte description de la réalité actuelle.

    Vous parlez de sang et je me demande si tout cela ne va pas finir dans un bain de sang. Et dans les creux de la vague de mon moral, il m’arrive même de me demander si ce ne serait pas là la seule issue que les têtes de ces gens tombent réellement. Quelle déraison ! Et qui ne fait bien sûr qu’ajouter à ma déprime et ma frustration. Qu’on se rassure, je n’ai rien d’un fou sanguinaire et vraiment aucune vocation à l’être.

    Ce qui m’étonne le plus en fait et de jour en jour est que d’autres éventuellement plus fragiles n’aient pas déjà franchi ce pas en Grèce. Certains slogans scandés dans les dernières manifestations là-bas sont de véritables appels au meutre de leurs dirigeants ! Mais si même les Argentins il y a quelques années n’ont pourtant pas basculé dans la violence, alors… Et l’Afrique qui crève de faim depuis des décennies.

    Je commence à peine à mesurer et prendre conscience du niveau de colère extraordinairement monstrueuse qu’ont dû atteindre les peuples, du moins une poignée, pour passer à l’acte lors des révolutions des XIXème et XXème siècles. Je pense que je ne m’en rendais pas vraiment compte jusqu’ici.

    1. Avatar de zabovin68
      zabovin68

      Oui ca devait pas rigoler en 1789…
      Seulement voila, nous avons tellement plus de confort aujourd’hui, nous vivons en telle déconnexion avec la terre et le sol, dans des jungles urbaines ou la carte de crédit conditionne la survie psychologique même de l’individu. Alors que faire? guillotiner les banques?
      Le système s’est bien assuré d’anesthésier les populations tout en les urbanisant, il a vraiment bien fait son travail, nous ne savons rien faire d’autre que dépenser de l’argent. Société de surconsommation, incontournable même pour les plus érudits…

  5. Avatar de avionnette
    avionnette

    oui mais la question du choix justement, c’est encore à voir si l’hôte l’a fait. comme dit au début l’hôte peut finir par disparaître car trop parasité. je ne vois pas de sérieuses révoltes en vue, mais plutôt une résignation qui durera plus ou moins longtemps, peut-être indéfiniment jusqu’à ce que mort s’ensuive. on est donc plutôt dans l’expectative des réactions populaires, même s’il y a sans doute pour que le peuple veuille réformer les système.

  6. Avatar de erreipg
    erreipg

    Il faut mieux répartir les richesses, il faut augmenter les salaires, il faut augmenter la progressivité de l’impôt.
    Bon… ben Y a qu’à

  7. Avatar de Grandgillou
    Grandgillou

    « Et ce choix, il l’a fait.  »
    Merci de préciser en quoi ce choix a été fait: cela me rendra espoir !

  8. Avatar de Peak.Oil.2008
    Peak.Oil.2008

    Je vote pour Paul.

    Si les riches veulent éviter que les foules viennent les déloger de leurs tours d’ivoires, ils savent ce qu’il leur reste à faire ; exiger une répartition honnête des richesses à l’aide du système avant que cela ne se passe dans une atmosphère révolutionnaire. Le balle est dans leur camp.

    Tout cela me conforte dans l’idée qu’il ne faut pas être intelligent pour être riche, qu’être riche est d’ailleurs plutôt un signe de faiblesse (d’esprit), et que le riche est fondamentalement peureux … et donc dangereux …

    1. Avatar de Frederic BOGERO
      Frederic BOGERO

      Malheureusement voyez-vous une quelconque organisation susceptible de rendre les mouvements populaires efficaces à déloger les riches de leur tour d’ivoire?
      Je crains le pire devant des peuples résignés, et un mal bien plus grand… la banalisation. En psychologie on peut voir cela comme une perte de sensibilité, de confusion, un symptôme d’une pathologie psychique.
      Et où est l’espoir? Cet horizon qui nous pousse à agir? Chaque jour il est dissuadé par nos médias, le conformisme, la culpabilisation des masses (la dette en est un des outils!).
      Bien à nous tous.

  9. Avatar de edith
    edith

    Si je disposais de vos connaissances, je m’amuserais à imaginer plusieurs scénarios.

    L’être humain a toujours pu opérer les mutations nécessaires pour lui permettre de s’adapter à son nouveau milieu.

    Ce parasite vient à peine de naître, et ne pèse pas lourd devant l’expérience de la « race humaine ».

    Il n’y a plus qu’à imaginer la manière dont elle peut à nouveau se transformer, de sorte à ce que ce qui fait vivre le parasite devienne poison pour lui.

    Une société a toutes les capacités pour se réorganiser en excluant le petit pourcentage qui la fait dégénérer.

    1. Avatar de louise
      louise

      « Ce parasite vient à peine de naître….. »

      Erreur ! Ce parasite existe depuis la nuit des temps.
      Depuis que l’homme a pris conscience que la propriété d’un certain nombre de biens, viande pour l’homme des cavernes, terres fertiles, troupeaux, or, argent, etc…, lui valait une considération de la part de ses congénères et lui permettait ainsi en autres choses d’avoir un meilleur accès à la reproduction de l’èspèce ce parasite est né !

    2. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Je crois que vous négligez l’accélération fantastique de l’histoire.
      Le capitalisme est rentré depuis déjà longtemps dans sa phase finale, maintenant cette agonie est visible pour tous.

    3. Avatar de edith
      edith

      à Louise et Marlowe

      Le parasite spécifique dont je parle, a pris forme dans les années 70 pour arriver aujourd’hui à maturité.

      Proportionnellement il dépasse de loin en force la plupart des autres, exception faite de celui des guerres.

      Contrairement à beaucoup, j’ai une totale confiance en l’espèce humaine qui a toutes les clés pour se sortir de ce mauvais pas.

    4. Avatar de Brigitte
      Brigitte

      L’espèce humaine a les clefs effectivement, mais les clefs en question sont bien enfouies et sont devenues d’un accès difficiles. L’espèce humaine saura t-elle retrouver les clefs, saura t-elle s’en servir……… et le voudra t-elle car il faut un effort de volonté énorme et l’état de léthargie des peuples ne me rend pas du tout confiante.

  10. Avatar de avionnette
    avionnette

    le problème des ressources surgira tel un volcan une fois la crise terminée. je dis banco pour l’augmentation des bas salaires, mais je dis aussi que cette crise peut-être l’occasion de repenser nos besoins et de prendre des habitudes moins dispendieuses (classe moyenne)

  11. Avatar de Hououji Fuu

    Je crains que vous n’ayez raison, et que la conclusion qui s’impose est que le système dans lequel nous visons ne sera pas réformé. Il n’y a pas de volonté politique pour ce faire, et quand bien même cette volonté existerait au sein d’un état ou l’autre, des logiques supranationales insufflées par les forces qui dirigent ce monde sont occupées à mettre en place les mécanismes interdisant la tenue de politiques différentes (et c’est une européenne convaincue qui le dit, un comble !)

    Très clairement, nous sommes face à une réaction violente (même si peu bruyante et sans manifestations dans les rues de la part des ploutocrates qui tirent les ficelles) de toute cette caste de haute finance et de très riches hommes (ou femmes) à la tête de conglomérats internationaux. Ces gens ont vu les gesticulations de politiques non crédibles tels Nicolas Sarkozy haranguant des foules, et les soûlant avec son « nous allons mettre au pas le capitalisme financier, nous allons réguler, nous allons empêcher la spéculation qui attaque les états », ils voient les mouvements aux USA (dont on parle peu, mais plainte est déposée contre Goldman, et d’autres pourraient suivre dans le scandale des agences de notation qui « n’ont pas vu » venir l’automne 2008 — impliquant Goldman Sachs, Morgan Stanley, UBS, Citigroup, Credit Suisse, Deutsche Bank, Crédit Agricole, et Merryl Linch reprise par Bank of America (*) ), et ils serrent la vis par rapport au danger potentiel.

    La Grèce fut le prétexte de semer la peur, qui empêche de réfléchir, et qui fait qu’on accueille le FMI en héros, ce qui est absurde ! On va même, en France, à en souhaiter que DSK soit candidat ! Il faut croire qu’en France, on oublie ce qu’est le FMI, et qu’on ne lit pas les articles du Herald Tribune, qui donne la parole à un DSK (**) qui montre clairement ses couleurs très très libérales : rigueur, attaque contre des services publics pas assez efficaces et trop coûteux (on sait ce que ça veut dire en terme d’attaques contre la puissance publique et en faveur de la privatisation des services publics, la rhétorique est ultra-éculée). L’Allemagne, par la voix d’Angela Merkel, fut l’instrument utilisé pour faire tomber le premier domino. Et l’effet d’aubaine continue, avec le Portugal, l’Espagne, l’Angleterre (où la pauvreté gagne du terrain sans cesse, où les écarts entre riches et pauvres vont toujours croissant, de même que la destruction de ce qui reste de la classe moyenne) pourtant gouvernée par le « fils de Tatcher » et les siens (ah, les miracles du Blairisme !)…jusqu’à ce bouffon de Barroso qui se sent pousser des ailes et fait subitement entendre sa voix pour réclamer que les budgets des états soient soumis à une commission dont les membres Ne sont PAS des élus, avant même d’être examinés par les parlements des élus des nations !

    Bref, il me semble malheureusement que le train qui a quitté la gare au début 2010 ne fait que prendre de la vitesse. Il ne s’arrêtera pas avant d’avoir rencontré un mur, et ce mur, comme vous le dites, ne sera pas les états. Ce sera, à un moment ou à un autre, les peuples eux-mêmes. Mais combien de temps l’élastique pourra-t-il encore se tendre avant de rompre ? Qu’est-ce que les peuples sont encore prêts à accepter sans broncher, au nom de pseudo-lois d’une pseudo-science ? L’économie nuit à l’humanité, et si je devais faire un parallèle, je dirais qu’elle est le catholicisme aveugle et obscurantiste de l’europe d’Elisabeth I, et que le FMI, l’OMC, l’OCDE, la Banque Mondiale, la Commission Européenne et tous les autres sont les branches de son inquisition, occupées à faire en sorte que les peuples baissent la tête et respectent les dogmes…

    Alors vers où allons-nous ? Soit une acceptation et une descente aux enfers sous la forme d’un retour aux conditions de vie du XIXème siècle, ou alors, il faudra qu’une ère 1789 revienne…partout dans le monde !

    (*) lire l’article du New York Times : http://www.nytimes.com/2010/05/13/business/13street.html
    (**) lire l’article : http://www.nytimes.com/2010/05/12/business/global/12imf.html

  12. […] This post was mentioned on Twitter by rukin. rukin said: L’instinct de survie des peuples par Paul Jorion: http://bit.ly/a5qspU #austérité #parasitisme […]

  13. Avatar de fujisan

    Comparaison fiscale: Obama vs Reagan, Nixon, Eisenhower

    J’ai reçu ce graphique du The Washington Monthly, dans un courriel ce matin. Je pensais le transmettre au cas où vous ne l’avez pas vu.

    Les médias ont été obsédés par le plan du président Obama pour faire reculer les réductions fiscales de Bush pour les américains les plus riches de 35% à 39,6%.

    Mais j’ai été surpris d’apprendre que le taux d’imposition des Américains les plus riches payée sur la tranche supérieure de leurs gains à la fin du premier mandat de Ronald Reagan était beaucoup plus élevé – 50%.

    Sous Richard Nixon c’était de 70%, et sous Dwight Eisenhower c’était effectivement de 91%.

    Source et graphique: http://politics.gather.com/viewArticle.action?articleId=281474977623449

    1. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      Après le passage d’un conseiller fiscal éclairé, et si besoin une escapade fiscale….

    2. Avatar de Moi
      Moi

      Même causes mêmes effets qu’en 29. Merci le libéralisme.

  14. Avatar de gibus
    gibus

    cher Paul,
    certains parasites inoculent une substance anesthésiante et pompent ainsi en toute quiétude le sang de leurs victimes. Certaines meurent ainsi « avant d’avoir pu s’en rendre compte ».
    La main-mise sur les grands médias populaires, le pouvoir quasi hypnotique de la télévision (en 3D bientôt ! quel progrès décisif pour l’humanité.), concourent à cette insensibilisation.
    J’ai pu constater, par ailleurs, chez nombre de mes amis ou connaissances, des personnes éduquées, formées, instruites, cultivées, une volonté délibérée de se voiler la face « pour éviter de se pourrir la vie » (sic). Ils refusent de s’informer en détail et de comprendre ce qui est l’œuvre. (trop compliqué ! ça me démoralise, on n’y peut rien, ça a toujours été comme ça, il ne faut pas être envieux comme ça, etc….)

    1. Avatar de D-croissance
      D-croissance

      @Gibus
      Je vis en Suisse et je vois ça tous les jours et ça me désespère! Peu nombreux sont ceux qui veulent voir les choses en face et encore moins nombreux ceux qui veulent changer un tant soi peu leurs comportements! On préfère la TV, les jeux à gratter ou les voyages pour un oui ou pour un non…On a tellement peur de perdre un peu de son cher confort! Malgré tout il faut y croire et résister! Les grands changements sont souvent initiés par une minorité…Soyons dignes et debouts (attention ça va secouer)!

    2. Avatar de Pier-ick
      Pier-ick

      agir : ne plus regarder la télévision ! (les cercles du pouvoir Mézières et Christin 1994 http://fr.wikipedia.org/wiki/Valerian_et_Laureline )

  15. Avatar de Frederic BOGERO
    Frederic BOGERO

    Votre article sonne comme le retour de luttes de nouvelles classe.
    Je partage votre pessimisme, et j’aime le « La réponse qu’il faudra leur opposer est que l’image qu’ils se font d’eux-mêmes… ». La justice en est un moyen. Les commissions parlementaires aussi, même si ces dernières servent à enterrer les affaires.
    Le pire, c’est l’assouvissement du politique au financier, mais aussi le fait que la finance est transnationale, ceux qui est l’avantage le plus difficile à combattre. Les pouvoirs financiers ont l’avantage des divisions politiques internationales.
    Et il est clair que les mouvements sociaux seront vus comme une entrave et seront combattus jusqu’à encadrer les principes fondamentaux pour les rendre ineptes. Une sorte de fascisme des faits.
    L’heure est grave, difficile. Quel espoir de sortie? Les acteurs au pouvoir sont les mauvais.
    Il est triste de voir que ce n’est qu’à la sortie des grandes douleurs que les acteurs sont remplacés, que les cartes sont redistribuées à d’autres qui eux ne sont pas corrompus. La corruption est lente, se fait par cooptation et enfin rend le système inefficace après quelques générations. L’heure est à la redistribution ou bien… aux dictateurs… Cycle qu’a démontré Montesquieu : démocratie -anarchie – dictature -démocratie…..

    1. Avatar de Brigitte
      Brigitte

      L’asservissement du politique au financier………plutôt !

  16. Avatar de Candide
    Candide

    « Et ce choix, il l’a fait. »

    Merci de préciser en quoi ce choix a été fait: cela me rendra espoir !

    Oui, merci de le préciser, car à part la Grèce – et encore ! – je suis plutôt d’accord avec Avionnette :

    je ne vois pas de sérieuses révoltes en vue, mais plutôt une résignation qui durera plus ou moins longtemps, peut-être indéfiniment jusqu’à ce que mort s’ensuive. on est donc plutôt dans l’expectative des réactions populaires, même s’il y a sans doute pour que le peuple veuille réformer les système.

  17. Avatar de nougnougy
    nougnougy

    Attention à l’analogie avec les parasites et leurs proportion à tuer leur hôte. En effet, dans la nature la mort de l’hôte est souvent une part nécessaire du cycle de reproduction du parasite, et certains parasites modifient même le comportement de leur hôte pour hâter sa mort et donc leur propre cycle de reproduction. D’où l’analogie induite avec la stratégie du choc de Naomi Klein… Sans préjuger de la réalité de la chose, bien entendu.

    Après, l’homme a cette capacité originale de la réflexivité et de la chose politique, pour pouvoir dépasser les cycles parasites (si les parasites n’ont pas déjà modifié le comportement de la société pour juguler le pouvoir politique…)

    1. Avatar de TARTAR
      TARTAR

      Encore un peu de sociobiologie!
      Mais c’est absolument légitime.
      Le parasite tue son hôte mais ce n’est pas illogique si cette mort lui permet de s’enkyster et de renaître encore plus fort à la recherche d’un autre « terrain ».
      La caste financière peut sembler ruiner les Peuples.
      Elle renait dans les paradis fiscaux.
      Cherchons où fleurissent actuellement les zones privées protégées par milices et vigiles.
      Je suggère l’Australie.

    2. Avatar de hervé
      hervé

      Le problème est que certaines bêtes préfèrent se supprimer que de faire proliférer leur parasites quand elles sentent la fin proche.
      Le combat des deux espèces est cette fois-ci le combat pour une seule espèce.
      L’espèce résistera-elle à elle même ?

  18. Avatar de Jean-Louis M
    Jean-Louis M

    Il suffit d’entendre les propos saugrenus (et je suis gentil) de Madame Lagarde à votre encontre : la messe est dite pour ce gouvernement. Rien à espérer de ce côté là !

  19. Avatar de Dad El Carbo
    Dad El Carbo

    Yoo,

    Vive la fin de l’homo économicus, pas de l’humain. On a tant d’exemple de ces sociétés tribales qui aurait pu vivre des millénaires, dans leur simplicité, sans notion de propriété donc de jalousie… Ceux-ci on su garder raison et ne pas se transformer en parasite. Par choix ou pas, je ne sais pas, un équilibre naturel entre leur croissance démographique et les ressources disponibles dans leur entourage s’est créé.
    L’homo économicus moderne, par contre, vit en plein déséquilibre, s’efforçant de croitre grâce à un désir fou d’expansion (principe de base de la vie), aux sciences et aux technologies. Pour rester très simpliste, nous sommes donc confronté à un système dans lequel les problèmes que nous avons à surmonter (économie, environnement, nourriture, énergie…) croient de manière exponentielle, d’un autre coté l’outil que nous avons pour les affronter croit aussi de manière exponentielle (science, technologie, diffusion du savoir…). Ceci est par conséquent un régime transitoire, car ne serait-ce qu’une mineure différence de vitesse dans la croissance de ces exponentielles conduit a des différences énormes avec le temps. Par conséquent, nous attendent 4 scénarios, un point d’équilibre, un système oscillatoire, un phénomène de divergence dans lequel notre capacité de résolution de problèmes dépasse nos problèmes et un troisième pendant lequel nos problèmes prennent le dessus et nous éliminent.
    Dans ce contexte il faut qu’homo économicus soit prêt à se battre contre une exponentielle, et je ne suis pas sur que se focalisant sur la finance, le profit personnel à court terme et autres fantaisies de ce siècle, homo économicus soit en mesure de sortir gagnant de ce conflit et plongera dans un system oscillant ou nous sommes surement dans un point d’inflexion.
    Une seule chose est quasiment sure ce système ne va pas diverger ce week-end, alors profitons-en en pour apprécier le printemps…

  20. Avatar de Conan
    Conan

    Bonjour,
    Je suis avec intérêt votre blog. Je me dis que la situation économique est d’autant plus inquiétante qu’elle est inédite. Comment vont réagir les peuples ? Un peuple qui a encore un instinct de survie fort se révolte. Si cet instinct de survie est plus faible, il sombre dans la délinquance. Et si cet instinct n’existe plus, il se suicide. Lorsque je vois toutes les dérives actuelles ( alcool, drogues et toutes les distractions au sens pascalien du terme ), j’ai peur qu’on en soit là.
    Cordialement

    1. Avatar de Brigitte
      Brigitte

      Il existe en même dans le peuple des gens qui entrent en révolte (instinct de survie) des délinquants qui n’ont rien à perdre, et ceux qui ont perdu toute foi en l’humain et qui sont entrés en désespérance, ceux ci soit se suicident (brutalement ou à petit feu) soit vivent en ayant perdus définitivement les moyens de réagir du fait de la désespérance justement.

  21. Avatar de Ouh la la !

    Il y a de moins de distance entre ces nouveaux maîtres du monde et les principes mafieux.
    Si, d’aventure, des leaders s’élevaient dans chaque pays pour tenter de mobiliser les foules, des hommes de main auraient tôt fait de les réduire définitivement au silence et il y en aura toujours de ces tueurs pour commettre les basses besognes contre quelques billets.
    Les foules (notamment masculines) ont été anesthésiées par le discours ambiant de ces dernières décennies. Un risque de révolte est extrêment réduit tant on nous inculqué la peur de perdre le petit confort dont nous croyons jouir. Il n’est qu’à voir le peuple argentin qui s’est laissé faire. La réaction des grecs constituera un excellent étalon de l’avenir. S’ils ne bougent pas, nous serons mangés à la même sauce

    1. Avatar de dimezzano
      dimezzano

      ORWELL 1984

      Tout est perdu.
      Pour ce qui concerne le préhensible et le matériel en tout cas.
      Car les manifestations de l’Esprit sous une forme directement préhensible et matérielle nous ont quitté depuis bien longtemps (n’était ce pas l’Ascension hier ?).
      Seul demeure « le caché », ce caché qui de toute évidence ne fait que « croiser » et là où on ne l’attends pas et quand on ne l’attends pas, l’univers matériel où se déroulent nos existences.

  22. Avatar de KERJEAN
    KERJEAN

    @PAUL JORION

    Cher Monsieur, c’est trop cruel.
    Pourriez vous nous éclairer sur le choix que les peuples ont fait.
    Car, à l’aune de ce que je vois, ils ont choisi de laisser les sangsues les pomper à mort..
    C’est ce que vous voulez dire?

  23. Avatar de Mianne
    Mianne

    Seule solution, ne plus alimenter les parasites : Retirer son argent des banques le jour où il est versé, vivre en autarcie avec ses voisins et amis sur un potager, un verger, un poulailler aménagés sur un terrain collectif non constructible ( très bon marché), ne plus rien acheter : avec le gaspillage de ces dernières années, on a de la récup pour 30 ans au moins .

  24. Avatar de TARTAR
    TARTAR

    Merci Paul:
     » pomper le sang de leur hôte. Quant à celui-ci, la dégradation généralisée du capitalisme l’a acculé à faire un choix entre sa propre survie et celle des parasites qui l’infestent. Et ce choix, il l’a fait.  »

    « Il » c’est l’hôte.Autrement dit le Peuple.

    Vous pensez que nous sommes en MAI 1789?

    A lire les titres des tabloïdes français (même ceux de « droite » ), il y a du buzz antifinance!
    Quant à savoir si les têtes qui dépassent comme Soros ,Warren Buffet, voire Madoff dans un genre à peine différent…on les coupe?
    On peut pas.Il n’existe pas encore de milice internationale pour instituer la terreur.
    Car enfin il y a bien des « responsables » ..coupables !
    Si j’ose dire.
    Dans certains cénacles néolibs on les nomme « les hommes de l’état »…ou à défaut les lobbyistes bancaires.
    Remontons à Pompidou et Giscard et voyons pour qui ils « travaillaient ».

  25. Avatar de taxman
    taxman

    Vous en payez vous des impots?

  26. Avatar de Stephen
    Stephen

    Comment changer les choses ? Si l’Etat est objectivement du coté des parasites et contre le bien et l’intéret de son peuple, celui lá même dont il tire sa légitimité par le suffrage universel, l’insurrection n’est elle pas le seul moyen pour frapper un grand coup dans la tête de nos gouvernants trop lâches et trop imbéciles pour s’opposer de quelque maniêre à l’oligarchie économique qui étend à l’infini sa mainmise sur la richesse qui devrait se répartir parmis le peuple …
    M. Jorion, pensez-vous qu’un temps révolutionnaire pourrait s’installer dans des pays du Nord en réaction à ce que l’on observe depuis la crise des subprimes, c’est à dire des Etats qui « abandonnent » leur peuple ?

  27. Avatar de Charles A.
    Charles A.

    L’image de la bête et du parasite est pertinente. Elle le serait encore plus en ajoutant celle du charognard attaquant la bête blessée par le parasite. C’est cette tragédie, « la logique souverainiste et nationaliste, avec son cortège de xénophobie » qui est évoquée dans cette tribune du Monde, sous la plume pourtant d’un battant classé comme « optimiste », O. Besancenot: http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/05/13/le-peuple-grec-est-victime-d-un-veritable-racket-par-olivier-besancenot-et-pierre-francois-grond_1350983_3232.html

  28. Avatar de Joan
    Joan

    Juste un brin de provocation:

    Ce dont les écologistes on rêvé : la décroissance pour sauver la planète, les spéculateurs et leurs
    complices politiciens, sont en train de le réaliser. Car avec ces cures d’austérité tous azimuth la
    récession est quasiment assurée, si ce n’est une grande Dépression dont on sait depuis les années 30 qu’elles amènent à la tête des états des dictateurs hystériques et dangereux. Ceci dit cela ne suffira pas pour sauver la planète car les pays émergents eux croissent à 10% et plus.

    1. Avatar de Peak.Oil.2008
      Peak.Oil.2008

      Les écologistes n’ont jamais rêvé de décroissance. Vous tombez dans le panneau de la dialectique anti écolo primaire. Ils ont dit dans les années 70 que si nous continuions sur notre lancée (croissance démographique et pillage des ressources) nous allions rencontrer les limites à la croissance et qu’une décroissance s’en suivrait inévitablement. Le rapport Meadows prévoyait que l’on allait rencontrer ces limites au cours du XXème siècle.

      L’idée d’être décroissant ou a-croissant est juste l’idée d’apprendre à faire avec voire l’idée d’anticiper l’avenir, histoire d’avoir des marges de croissance au cas où, quand on en aura le plus besoin. L’idée croissante c’est griller tout nos atouts. L’idée décroissante c’est de garder tout même quelques atouts en bon père de famille.

      La décroissance n’est que le pendant de la croissance. Apprenez à méditer, à calmer votre souffle et vous vivrez longtemps. Devenez un trader fou complètement workaholic et vous ne ferrez pas de vieux os.

    2. Avatar de Peak.Oil.2008
      Peak.Oil.2008

      Excusez moi d’avoir répondu un peu sur la défensive.

      C’est parce que je crois qu’il y a un énorme malentendu sur le concept décroissant.

  29. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    Je ne sais pas si c’était de l’instinct de survie ou de justice , mais j’ai retouvé le début d’un poème que j’avais entamé en 1990 , et que j’avais intitulé  » Economie »:

     » Combien de serfs pour quelques riches ?

    Combien d’ilôts pour tant de friches ?

    Combien de deuils pour quelques noces ?

    Si peu de joie pour tant d’atroce … »

    Je m’étais arrêté là sans trouver réponse à mes propres questions , que j’aurais pu complèter de parasitisme ou de cannibalisme ( suivez mon regard ).

    Je garde encore une petite flamme pour espèrer .

    Elle se nourrit des brindilles que quelques voix courageuses lui donnent . De quelques forces politiques encore très minoritaires et en recherche de crédibilité .

    Elle tremble et craint de s’évanouir quand les media principaux sont inaudibles à force de compromission , d’incompétence critique et de tintamarre sur l’accessoire et le divertissement .

    Elle ne s’éteindra qu’avec ma mort , ma perte de conscience , ou suffisamment d’ignominie pour trahir mes enfants .

    Pour cette survie là , je suis encore prêt à me battre à mes risques et périls .

  30. Avatar de Maître Dong
    Maître Dong

    Pas sûr que « la bête » se sente suffisamment agressée pour réagir violemment. Je sens autour de moi beaucoup d’interrogations, de doutes et de remises en cause, mais aussi de l’incompréhension, du fatalisme et surtout de la lassitude.

    1. Avatar de Coeur
      Coeur

      Un bon parasite, affaibli juste assez son hôte, en sorte qu’il ne puisse pas réagir, mais qu’il
      lui reste encore assez de force pour le nourrir le plus longtemps possible!
      Sommes-nous tous, que des bêtes?
      Il est grand temps de nous poser de sérieuses questions!

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Commentaires récents

  1. @ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?

  2. @Hervey « Le principe est un concept philosophique polysémique qui désigne ou bien une source, un fondement, une vérité première d’idées…

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