Billet invité.
Quand cessera donc la lancinante musique de la « rationalité » du capitalisme que l’on répète à l’envi sans avoir conscience de la montagne de préjugés sur laquelle elle repose ? Des commentaires sur ce blog obligent à se poser la question, par exemple ceux qui défendent l’idée d’un « contrôle a priori des budgets nationaux » par la Commission Européenne :
« Le rejet apparemment très large de la dernière proposition de contrôle a priori des budgets des nations européennes, sonne pour moi, par ce qu’il sous-tend, comme un glas d’un espoir de l’expression de la volonté d’un destin commun. » (juan nessy)
« L’idée d’un contrôle a-priori des budgets nationaux par la Commission de Bruxelles a tout de suite suscité l’ire de Paris, ce qui veut dire que la bonne gouvernance des politiques économiques a déjà du « plomb dans l’aile ». L’idée d’un « gouvernement économique de l’Europe » a peu de chances de se réaliser. » (Coligny)
J’ai choisi cet exemple parce qu’il est emblématique du rationalisme. Contrôler a priori les budgets, afin de ne pas dépenser plus qu’on ne gagne, est très rationnel, c’est même du bon sens en béton, décalqué du fait qu’il est matériellement impossible de vendre plus qu’on ne produit, tout comme il est impossible qu’une balle rebondisse plus haut que son point de départ. Cette idée peut de surcroît s’appuyer sur le succès économique de l’Allemagne, universellement réputée pour son sérieux, qui prétend aller jusqu’au « déficit zéro ».
Et pourtant… ça cloche ! Première pierre d’achoppement : si cette idée est aussi rationnelle qu’il y paraît, pourquoi les budgets de toutes les nations ne sont-ils pas déjà équilibrés ? Ou encore : puisque l’on vit depuis des siècles en régime capitaliste politiquement organisé et établi en toute légitimité, comment expliquer que cette idée rationnelle n’a jamais été mise en pratique ? Quand on sait le pouvoir d’influence des capitalistes auprès de la classe politique, il est étrange qu’ils laissent se creuser des déficits au point qu’en périodes de crise ils se trouvent eux-mêmes menacés.
Seconde pierre d’achoppement : qu’une idée soit rationnelle n’implique pas qu’elle est un argument rationnel là où elle se présente dans un débat. Cette idée de contrôle ignore les causes structurelles des déficits, ainsi que le contexte politique. Avant d’envisager un tel contrôle, il conviendrait que le pouvoir politique exerce le sien de façon générale (et rationnelle !) sur l’économie, la monnaie, la finance, l’environnement, etc., c’est-à-dire sur tout ce qui impacte son budget. Cette idée met donc la charrue avant les bœufs : pas très rationnel.
Une idée rationnelle n’est donc pas toujours rationnelle, et ce n’est pas un paradoxe de l’affirmer. Ne peut être rationnel qu’un rapport entre des faits ou des idées selon l’archétype du syllogisme : cela oblige à choisir préalablement idées et faits, car on doit les mettre en relation avant tout diagnostic de rationalité. Or, dans la réalité, ils se présentent en nombres incommensurables, intriqués et inséparables, de sorte que la rationalité dépend de notre volonté de la distinguer au milieu d’une réalité qui ne fait d’abord entendre qu’un bruit de fond. Se rappeler Shakespeare pour qui la vie est « une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien. » Le capitalisme ne semble rationnel que parce que l’on veut le voir comme tel, pour toutes sortes de raisons faciles à imaginer.
Il va sans dire qu’il est « rationnel » vu par lui-même. Le profit étant considéré comme chose rationnelle, « faire des profits » est rationnel, « réduire les coûts » est rationnel, « faire pression sur la sous-traitance » est rationnel, « licencier » est rationnel », « diminuer les salaires » est rationnel, « automatiser » est rationnel, « fusionner » est rationnel, « délocaliser » est rationnel, « restructurer » est rationnel, « les normes comptables » sont rationnelles, les « techniques de vente » sont rationnelles, etc. etc. ad libitum. De la « rationalité » du principe initial découle celle de tout le capitalisme ! Extraordinaire, non ? Quand une ministre de la Santé prend un décret qui autorise des dérogations pour que des matériaux radioactifs puissent être recyclés en matériaux de construction, – mais en conservant leur radioactivité sinon c’est pas drôle -, c’est « rationnel » itou car, de la sorte, on produit des matériaux à des « coûts compétitifs » qui peuvent donc se vendre avec profits, alors que, sans cela, il faut payer le coût de leur entreposage ou de leur décontamination : pas rationnel. Sur le modèle de cet exemple, qui est loin de faire exception, le capitalisme peut se permettre absolument tout et n’importe quoi : il sera toujours « rationnel ». Il est donc « rationnel » de lui abandonner le pouvoir, de ne pas instaurer la démocratie au sein des entreprises, de fermer les yeux sur ses exactions, d’aider les capitalistes de toutes les façons, et de bloquer toute opposition à leur égard.
En paraphrasant Wittgenstein pour qui, « dans un monde où tout est bleu, le bleu n’existe pas », on peut dire que dans ce monde capitaliste où tout est rationnel, la rationalité n’existe plus. En tout cas, elle se trouve réduite à sa plus simple expression, quelque chose comme cette règle qui consiste, pour sortir d’un labyrinthe, à suivre continuellement le même mur : soit celui à sa droite, « faire des profits », soit celui à sa gauche, « ne pas faire de pertes ». Si maintenant on s’élève au-dessus du capitalisme au lieu d’en suivre les murs comme des cafards, que voit-on ? Un labyrinthe qui se construit et déconstruit en permanence, sans aucun plan ni projet, un machin monstrueux auquel personne ne comprend rien, que personne ne maîtrise plus, que le plus grand nombre subit et qui ne profite qu’à quelques uns. La rationalité dans l’action se caractérisant par l’adéquation des moyens aux fins recherchées, le capitalisme se garde bien de s’aventurer dans le moindre projet global ou à long terme : il se ferait forcément pincer en flagrant délit de non rationalité.
Et ce machin monstrueux, dont l’absurdité shakespearienne devrait sauter aux yeux, s’est immiscé dans certains esprits comme le parangon du rationalisme, du réalisme, de la performance, de la nécessité, et même de la morale ! Première preuve : on déplore ses excès et ses déséquilibres, son endettement généralisé, ses crises, son « aléa moral », ses comptes trafiqués, sa finance opaque, ses paradis fiscaux, ses pollutions, son absence de vision à long terme, etc. : on déplore ce qu’il est mais personne ne dit qu’il est absurde. Deuxième preuve : les économistes, récompensés par de prestigieux « prix Nobel », n’en finissent pas de vouloir l’amender, de le perfectionner et de nous l’expliquer, de nous dire ce qu’il faut faire et ne pas faire, mais aucun n’a jamais dit qu’il est absurde. Troisième preuve, la plus déterminante : on cherche à appliquer ses recettes, (budget, concurrence, évaluation, sélection, rentabilité,…) dans tous les domaines de l’existence pour tirer parti de ses « vertus », de son « efficience », afin d’en finir avec tous ces gens qui ne veulent rien foutre et plombent les bilans. (Chercheurs, artistes, profs, chômeurs, handicapés, femmes, enfants, vieillards, malades, prisonniers…) Se disant porteur d’une « morale », celle de « la dure loi de la vie, dure mais juste », il prétend donner ses chances à tout le monde, (hormis la « racaille » des banlieues et les immigrés clandestins, faut pas pousser…), mais fait payer de plus en plus cher sa « rationalité » et ses « bienfaits ». En témoignent ces 800.000 litres de pétrole qui jaillissent chaque jour au large de la Louisiane, sans que l’on sache, à l’heure où j’écris, si le puits accidenté pourra être un jour colmaté ou détourné.
De la rationalité du capitalisme découle l’irrationalité de tout ce qui n’est pas capitaliste, et tout ce qui n’est pas capitaliste se range sous la bannière honteuse des pertes, lesquelles ne peuvent être que subies par l’environnement et imputées au compte de l’environnement. C’est pourquoi l’État et ses œuvres, ainsi que la société civile et ses associations citoyennes, ne peuvent pas être « rationnels ». Idem pour les pertes des entreprises, qu’elles apparaissent au détour d’un bilan ou sous forme de pollutions et d’épuisement des ressources : elles ne peuvent que finir « socialisées », car elles le sont par principe depuis les origines, depuis l’utilisation « rationnelle » de la machine à vapeur qui consomme des ressources naturelles et rejette dans l’environnement ses résidus de combustion. Mais surtout, la rationalité étant devenue un principe de « gouvernance » aussi incontournable que la pesanteur, et celle du capitalisme étant particulièrement facile à comprendre, (une seule combinaison gagnante : « profits et non pertes »), il ne faut pas s’étonner que l’on cherche à l’appliquer dans tous les secteurs d’activité. Les politiques et les médias y trouvent leurs contes, car cette rationalité-là est un réservoir inépuisable de solutions, projets, réformes et autres promesses d’avenir radieux, mais aussi leurs comptes, car ils sont récompensés en priorité par les capitalistes. On imagine mal Sarkozy, Merkel, Strauss-Kahn et consorts se trimbaler partout comme Evo Morales, le « président pull-over ».(1)
Maintenant il devrait être plus facile de comprendre pourquoi les budgets des états ne peuvent être que déficitaires, et leurs finances plombées par les dettes : parce qu’il y a toujours des « pertes » impossibles à dissimuler du fait que l’espace est divisé en deux : à ma droite, les profits privés, localisés et identifiés, à ma gauche les « pertes » publiques, non localisées et non identifiées par le capitalisme : en fait, les êtres et les choses dans leur état naturel. A droite, l’activité capitaliste produit des résidus qui n’apparaîtront toujours que trop tard à gauche, par exemple quand on découvre qu’il faut s’occuper de la main-d’œuvre qui avait été « importée », exploitée et sous-payée, puis abandonnée. Dans le champ de droite, elle n’existe plus, dans celui de gauche, elle se maintient en vie comme les déchets nucléaires, ce qui ne représente pas mon opinion personnelle bien sûr, mais une équivalence logique selon la « rationalité » capitaliste. Mais avant de rejeter ses résidus, le capitalisme les avait aspirés dans leur état naturel, par exemple sous forme de forêts primaires, de sols fertiles, d’eau propre,… toutes choses que je qualifie de non localisées et non identifiées par lui car il faut qu’il s’en empare pour leur reconnaître une existence dans le cadre de sa propre « rationalité », la seule qu’il connaisse. Après en avoir tiré ses profits « rationnels », il les rejette, généralement dans un état désastreux : elles retrouvent alors le champ de gauche qu’elles n’auraient jamais dû quitter, et, dans leur périple, leur « entropie » a augmenté (2), ce qui se manifeste chez les humains par la dégradation de leurs liens sociaux, la perte de leurs traditions, autonomie, savoir-faire et connaissances.
Voilà, ça fonctionne comme ça, le capitalisme militaro-industriel. Alors, avant de foncer tête baissée dans une idée capitaliste « rationnelle » et pleine de bon sens, comme cette histoire d’équilibre budgétaire qui m’a inspiré ce texte, il faut y réfléchir à deux fois. Si vous avez envie de sortir de son labyrinthe, ce n’est pas sur lui qu’il faut compter. Lui, c’est le Minotaure.
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(1) L’on note d’ailleurs que le célèbre blogueur, Paul Jorion, se présente en pull marin devant sa « webcam », mais en veste et cravate devant les caméras de la télévision…
(2) Clin d’œil à Zébu, Le bancor, solution thermodynamique à la crise.
165 réponses à “Le labyrinthe du capitalisme, par Crapaud Rouge”
Excellent !
Billet conceptuel percutant dont les exemples sont tirés d’une actualité brûlante et dévastatrice.
En quelques lignes, vos premiers paragraphes, vous déconstruisez avec une logique implacable
le discours idéologique du capitalisme sur sa prétendue rationalité.
Très importante cette distinction que vous opérez entre le rationalisme de son principe initial qui n’est qu’un choix (de société) et l’irrationalité du capitalisme comme phénomène global en tant que ce choix réduit tout à l’ »économique » , faisant ainsi l’économie de tout ce que ce choix exclut.
J’ajouterais tout de même, tout système en exclut forcément un autre possible, comme vous le rappelez d’ailleurs en disant qu’en amont du syllogisme il y a toujours un choix. Le problème ici est que ces choses exclues constituent l’essentiel : une vie bonne pour tous, des milieux naturels dont on prend soin.
Autant dire qu’il faudrait un nouveau système où ne seraient plus exclues, ou tendrait à exclure, tout ce qui crée les conditions pour la vie bonne et, nécessairement, ce que cela implique de soins prodigués aux milieux naturels. Autant dire tout le contraire de la logique capitaliste.
Cette critique de l’idéologie du capitalisme est plus que jamais nécessaire. Le discours justificateur du capitalisme est si bien diffusé dans le corps social qu’elle y est comme un gaz incolore et inodore dont on aurait oublié l’existence. Il importe que la multitude des citoyens se rende compte de la nature irrationnelle d’un système si on le considère d’un point de vue situé en dehors de son cadre, ce cadre intellectuel qui constitue une prison !
Je trouve beaucoup de compliments dans les posts, qui tous font évidemment très plaisir, mais j’apprécie particulièrement le vôtre car je vous lis depuis longtemps, et vos interventions me laissent toujours admiratif.
« Le discours justificateur du capitalisme est si bien diffusé dans le corps social qu’elle y est comme un gaz incolore et inodore dont on aurait oublié l’existence. » : c’est exactement ça, on « respire » littéralement le capitalisme, et c’est pourquoi l’on croit, sans même sans rendre compte, qu’il est « rationnel ».
@Pierre-Yves et Crapaud Rouge
Vous me permettez avec d’autres ici de poursuivre ma cure de désintoxication, ou mon désenvoutement de la sorcellerie capitalisme (et de plus, avec beaucoup de style , ce dont je suis incapable).
Merci à vous.
Cordialement
L’irrationalité du capitalisme consiste en l’intention de transformer le chaos en ordre, objet de toute tentative de civilisation. On est au maximum du désordre entropique, les monades capitalistes poursuivant chacune leur propre objectif, mais le petit jeu de la concurrence, de la ‘compétitivité’, est censé établir l’équilibre (= l’ordre). On se demande par quelle opération du saint-esprit cela pourrait être réalisable. La ‘régulation’ des activités ne change rien à l’affaire: on canalise les excès (quand cela est possible… ce qui n’est pas le cas actuellement), mais on ne change rien à la contradiction initiale, celle d’un bouillon de culture d’où émergent à la fois le meilleur (l’invention) et le pire (le parasitisme), et où le pire l’emporte toujours. [On a une parfaite illustration de cet état de choses dans la récente nomination de Guy Drut au poste de superviseur des ‘jeux en ligne’: en quoi ces jeux participent-ils d’une projet de société présentant un intérêt pour la collectivité? Ce serait plutôt du raclage de fond de tiroir: laissez venir à nous vos petites pépètes, et les vaches seront bien gardées. Le problème est que celles-ci seront mourantes, faute du fourrage dont on aura transformé l’utilité en ‘paris’…].
C’est donc la charrue avant les boeufs. La grande erreur se situe là. L’aboutissement du processus prétendument rationnel, c’est l’explosion, pas l’équilibre, résultante d’une implacable fuite en avant, car il faut tout faire pour capter la plus-value dont ne disposeront pas les autres. Cela a donné l’impression de marcher tant que le schéma de Ponzi s’amplifiait sans être visible. Mais l’écroulement de ce modèle fait ressortir toute l’inanité des principes sur lesquels il s’appuie. Nous sommes bien à la fin du processus.
Il ne fait aucun doute à mes yeux que les intentions des premiers économistes politiques (Smith, les Physiocrates, Ricardo) étaient bonnes. Mais c’était avant Carnot et le 2ème théorème de la thermodynamique, qui a démontré l’impossibilité pratique du système tel que conçu à l’origine.
Total accord avec votre post. A propos de :« le petit jeu de la concurrence, de la ‘compétitivité’, est censé établir l’équilibre (= l’ordre) » , on peut ajouter que la recherche de tout « équilibre » est foncièrement contradictoire avec le « dynamisme » promis par les thuriféraires du système, car toute dynamique dans un système résulte des déséquilibres qui en sont la cause…
EXTERNALITéS???
Folie du CA(n)PIT(b)ALISM’
qui nous enferme dans son « UTILITARISME » et sa « RATIONALITé » morbides.
Seulement , la finitude de la planête fait que le « breaking point » approche dangereusement, et on peut même le cerner:
QUAND LES PERTES MARGINALES DéPASSERONT LES éCONOMIES D’éCHELLE;
QUAND LE NOMBRE D’EXCLUS DéBORDERA CELUI DES INCLUS; ETC…
la liste s’allonge…
Puisque l’on vit depuis des siècles en régime politique organisé par le capitalisme et établi par l’illusion de la légimité démocratique, que l’ idéologie de la démocratie n’est que la liberté dictatoriale du marché qui a cessé d’être tempéré par les droits de l’homme spectateur, la religion du capital s’est imposée à l’inconscient de tous qui tournent en rond dans la nuit et se perdent dans le labyrinthe.
Lautréamont a de longue date établi que : les idées s’améliorent. Le sens des mots y participe. Le plagiat est nécessaire. Le progrès l’implique. Il serre de près la phrase d’un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la remplace par l’idée juste.
Rationalité du capitalisme
Ma conviction est que notre société s’est déshumanisée, en fait les états sont comme les humains, ils cherchent à montrer qu’ils sont plus forts que le voisin.
Plusieurs moyens de montrer sa force, la guerre mais nous sommes civilisés désormais, le sport, l’espace, la culture, la langue et aussi les entreprises qui sont une forme de vitrine que l’on montre.
Les états sont donc attentifs à leurs champions nationaux, en 1968 à l’avènement du marché commun, terreur des technocrates français, nous n’avions pas de champions nationaux, pas grave on va les aider, taux d’imposition plus bas que les autres PME, avantages de tous ordres, tout est bon pour nos champions nationaux…
Je pourrais bien évidemment développer cette aide apportée à la constitution de nos champions, il est donc normal aujourd’hui de sauver nos champions nationaux plutôt que les êtres qui composent les états.
Nous sommes dans une guerre du paraître des états, la communauté européenne avait sans doute au départ l’envie de rivaliser avec les USA, juste cela qui était important, on a agrandi la CEE pour la porter à 27 membres, pas la peine de créer une structure commune, le but était de montrer une puissance…
A côté de cela l’Allemagne qui a perdu la guerre, ils ne sont axés que sur cette perte de confiance en eux, seule revanche, leurs entreprises nationales, le sport aussi, la culture ils essayent, bref dans l’europe ils veulent être l’état le plus fort…
A travers cette explication succinte du monde économique, dire que le capitalisme est un moyen pas une règle et un système, si je parle ainsi c’est que de cette recherche des causes de la crise actuelle, qui perdure depuis bien longtemps dès que la guerre ne fut plus le moyen de montrer sa force, apparâit des solutions.
L’Europe avait pour but d’être plus gros que le boeuf US, doit on garder l’Europe pour montrer cette force alors que maintenant la chine est 4 fois plus peuplée !!!
Doit on encore protéger nos champions nationaux alors que la chine avec son marché FERME de plus de 1 milliard d’habitants va en quelques années détrôner toutes nos grandes entreprises.
Doit-on encore protéger nos champions nationaux bancaires alors que là aussi le capital est disséminé et nos champions ne sont plus français que de nom…
Si on répond à ces questions, bien évidemment notre guerre de l’égo des états montre que l’avènement de la Chine et demain de l’Inde montre que ce concept est désormais caduque…
Sans doute en cela que la réflexion peut-être intéressante, fondamentalement l’aide à nos champions nationaux a montré ses limites, il faut accepter cela et revenir à la priorité de l’homme et des habitants des états…
Ce faisant notre président à montrer son choix, il supprime les avantages accordés aux Pme, il privilégie les champions nationaux, bref si ma réflexion est correcte, il n’a rien compris à la crise actuelle et se faisant les décisions qu’il prend sont par définition toujours à contre courant de ce qu’il faudrait faire…
En m’exprimant ainsi, ma démarche est d’aller au delà des apparences, il est vrai que les salaires ont faiblement augmentés mais je suis convaincu que les impôts que versent les grandes entreprises ont bien plus baissé, à cause justement des différentiels de concurrence, ce faisant les états ont eu des rentrées fiscales provenant des champions nationaux qui se sont réduits, les déficits ont alors augmenté, c’est je pense ce qui a pesé sur les revenus des ménages car le principe des vases communicants veut que ce qui n’est plus payé par les grandes entreprises l’est par les habitants…
Bref ce que vous appelez la crise du capitalisme est cet abandon de l’individu au profit de la grande entreprise, renversez ce dogme et alors vous trouverez des solutions, en d’autres termes ce ne sont pas les individus qui doivent se serrer la ceinture mais les grandes entreprises qui doivent assumer leurs erreurs de gestion.
Il est patent que les états sont sur-endettés depuis 30 ans, leur gestion n’est plus celle d’un bon père de famille qui dépense ce qu’il a, les banquiers ont prêté en toute conscience, n’est ce pas ce que dit Goldman pour expliquer qu’il a vendu des Actifs pourris, allons jusqu’au fond de la démarche, ils ont pris des risques, ils assument et gardons nos 700 milliards pour monter de nouvelles banques qui assureront le remplacement des banques en faillite.
Il est sans doute vrai que le bilan de la BNP est supérieur au PIB de la France mais sincèrement qu’est ce qu’il y a la dedans, est il normal qu’une banque puisse être plus riche qu’un état…
Le tout est de savoir si l’on attend passivement qu’il nous exclue ou si nous claquons la porte nous mêmes . J’ai exposé plusieurs fois comment , avec nos voisins, nous sommes sortis du monde capitaliste sans lui donner la moindre prise .
Rêvons d’un retour à une vie précaire, chantant tous unis autour d’un feu de bois, casse-croûte saucisson sec pour les plus riches et soupe aux choux pour les plus pauvres. Nous irions faucher la jungle à la recherche d’une eau de source potable, femmes et enfants vêtus de lierre fraîchement sabré, les hommes de peaux de bêtes dégageant encore l’odeur du fauve fraîchement chassé pour le repas du lendemain ….
Plus de sécu, plus de factures EDF, de plus de retraites, plus de Minc ni de Touati .. seulement un clair de lune nous caressant d »une nature si généreuse, et nous tous chantant les cantiques d’une vie , d’une vraie vie enfin retrouvée ..
PS: Enfin pour finir, avez-vous pensé à faire votre déclaration d’impôt sur le revenu 2009 ?
Voilà un post auquel il est facile de répondre : 🙂 !
Oui, plus de Minc ni de Touati, ah le paradis (pas fiscal) 😉
Bon article.
Il me semble toutefois que cette idée de rationalité est un peu injustement malmenée. La rationalité, c’est un concept absolu, et complexe. La « rationalité capitaliste » ne l’est pas, et n’est donc pas rationnelle.
Quand tu écris » Il va sans dire qu’il est « rationnel » vu par lui-même. Le profit étant considéré comme chose rationnelle, « faire des profits » est rationnel, « réduire les coûts » est rationnel, « faire pression sur la sous-traitance » est rationnel, « licencier » est rationnel », « diminuer les salaires » est rationnel, « automatiser » est rationnel, « fusionner » est rationnel, « délocaliser » est rationnel, « restructurer » est rationnel, « les normes comptables » sont rationnelles, les « techniques de vente » sont rationnelles, etc. etc. ad libitum. »
Certes. Mais ce n’est pas de la rationalité, ce que tu décris. La véritable rationalité est bien plus jusqu’au boutiste. Je prends un seul exemple très simple dans ta liste, les licenciements. Un raisonnement vraiment rationnel ne s’arrêterait pas là. Les licenciés deviendront invariablement des non-consommateurs, ce qui aura une répercussion sur l’économie, et potentiellement sur les bénéfices du « licencieur » à moyen ou à long terme. Il y a tant de facteurs qui rentrent en jeu dans ce calcul de rentabilité qu’en fait, une prévision à moyen ou long terme est rationnellement impossible. L’entreprise qui licencie n’a pas a sa disposition l’ensemble des variantes qui pourront influer sur sa rentabilité. La « rationalité » capitaliste se situe invariablement à très court terme, parce que dans le climat opaque et méfiant qu’elle suscite, le labyrinthe dont tu parles, personne ne peut avoir accès à l’ensemble des « données » de l’équation avec transparence. Et c’est parce que les décideurs de ce monde raisonnent par trimestre qu’ils ne voient pas arriver l’iceberg.
En fait, je crois que ce que j’essaye de faire ici, c’est de défendre le principe de rationalité. Mais de la rationalité absolue. La rationalité est absolue, ou n’est pas. Si on l’observe d’un point de vue absolument rationnel, le système capitaliste, et le principe même du profit, ne sont pas des systèmes viables. Si plus d’entre nous employaient le raisonnement de la méthode scientifique pour résoudre les problèmes face auxquels nous nous trouvons, plutôt que de s’appuyer sur des idéologies rigides ou des préconceptions culturels, je crois que nous n’en serions pas là où nous nous trouvons aujourd’hui : face au minotaure.
@PKD: je suis d’accord avec votre post qui ne contredit pas vraiment ma position. Sauf que vous essayez « de défendre le principe de rationalité. Mais de la rationalité absolue. La rationalité est absolue, ou n’est pas. : cette rationalité absolue n’existe même pas sur le papier car vous êtes bien obligé de choisir les termes que vous mettez en relation pour conclure à leur rationalité ou non rationalité. Pour que la « rationalité absolue » soit possible, il faudrait faire des choix eux-mêmes d’une rationalité absolue. Or, les choix sont arbitraires par définition. N’est donc possible qu’une rationalité relative.
Encore une fois, je suis d’accord dans une certaine mesure, et effectivement, nous semblons nous rejoindre sur l’essentiel. Peut-être devrais-je reformuler. La rationalité DEVRAIT tendre vers l’absolu. Or, dans le cas « capitaliste », elle en est loin. Elle s’assume comme arbitraire, tout en jouant la carte de la rationalité absolue (le profit comme seul et unique objectif), et elle use de ce joker pour s’auto-justifier.
C’est à quelque chose près ce que tu dis dans ton article. Après, je crois aussi qu’il faut dénoncer cela pour ce que c’est. Une forme dégénérée de rationalité volontairement minimaliste, et non pas une expression de la rationalité en tant que tel, c’est à dire tendant vers l’objectif, et la bonne foi. L’aspect temporel des choses me parait important. La « logique » du capitalisme est éronnée dans le sens ou c’est un système suicidaire à long terme. Pour prendre un cas extrême comme l’environnement, des entreprises comme Monsanto n’hésitent pas à compromettre des éco-systèmes entiers, mettant ainsi en péril la survie physique de leurs clients et de leurs descendants, toujours dans cette logique à court terme du profit. Parler de rationalité dans ce cas précis me parait être une hérésie, puisque nous sommes face à un système qui ne se soucie pas de sa propre préservation (qui passe pourtant théoriquement par la notre). Cela n’est pas de la rationalité, c’est de la folie.
Le problème par le petit bout de la lorgnette.
Dépenses de sante par habitant …
France 4719 $
Benin 38 $ /pour le Benin ,c’est pas grave.
Population mondiale -)6863381220…
Si on indexe les dépenses mondiales sur la France -)6,8 fois 4719 $= 32386 milliards de dollards.
Que faut il faire ? déshabiller Paul pour donner à Jacques?
Gouvernance mondiale ?
Rationalité versus pragmatisme teinté d’un vague reliquat de crypto-christianisme.
« Gouvernance mondiale ? »
Oui !
Il existe le SMIC en France. Impossible d’un coup d’imposer le SMIC français aux autres pays qui ne seraient alors plus du tout compétitifs et avec des entreprises qui font faillite à répétition.
Mais si on faisait un SMAX, un salaire maximum au niveau mondial, déjà il y aurait beaucoup de richesse à redistribuer. Et le fait que le SMAX soit au niveau mondial empêcherait aux personnes concernées d’aller se réfugier dans d’autres pays pour gagner plus ou payer moins d’impôts…
Attention, quand je parle de SMAX, je ne parle pas de 2000€, mais plutôt de quelque chose comme 70000 € par mois tout compris, pour commencer. Personne ne mérite de gagner 100 fois plus que le salaire moyen, quoi qu’il fasse, et quelque soient ses compétences…
Question que je me pose . Qu’est ce que la rationalité ?
Je dispose d’une définition disant que cela recouvre tout ce qui peut être énoncé. Je peux poser la question ci-dessus, elle est rationnelle.
Je dispose d’une définition disant que c’est la faculté d’ordonner rigoureusement des propositions logiques. Tout homme est mortel. Or je suis un homme. Donc je suis mortel.
Je dispose d’une définition disant que c’est la possibilité de prendre une décision défendable rigoureusement à l’aide des informations dont je dispose. Une des difficultés de cette rationalité est que l’information doit être complète sans quoi la rigueur dans un cas devient délire pour le voisin. Konrad Lorentz s’est retrouvé à marcher comme un canard pour tester ses idées en éthologie. Les canetons étaient invisibles à des observateurs présents. Ces derniers se sont posés de très fortes questions sur la santé mentale de Lorentz. Une autre difficulté de cette rationalité est que si elle s’exprime dans un modèle (mathématique) vous saurez quelles sont les informations nécessaires pour vous décider. Mais à ce moment vient le mot « externalités » qui recouvre pour moi toutes les socialisations des pertes et toutes les pollutions. Il y a aussi ce suicide du système par titrisation ou les paris spéculatifs. Cette dernière rationalité a encore bien d’autres problèmes.
Alors je pose la question suivante : Qu’est ce que la rationalité ?
Tout homme est mortel. Or je suis un homme. Donc je suis mortel.
Je suis un homme, fils de Dieu, je peux ressusciter.
Qu’est que que la rationalité ?
La fille ou la mère du mensonge ?
On ne vit pas pas dans un monde rationnel mais conventionnel,d’une certaine façon heureusement.
Bonne interrogation, DidierF.
Dans le même courant de pensée, essayer de me définir la « normalité »…. 😉
En école d’ingénieur, (ou en tout cas celle que j’ai fréquenté mais d’après mes échos, cela semble général) on nous apprend à « sortir du cadre ».
Soit, vivre une déstabilisation complète afin de gouter l’absence de réflexion cohérente.
Et je vous prie de croire que la première fois, ça décoiffe. Mais est très utile pour trouver des solutions « originale » sans être bloqué dans des à-priori.
Et après on s’étonne qu’il y ait une forte proportion d’ingénieurs dans les groupes terroristes… 🙂
Tous fous !
Mais révoltés.
Marlowe,
Vous posez la question du modèle. Le cadre dans lequel vous faites le raisonnement change la rationalité au sens du cadre du modèle. Ce qui est folie pour l’un est rationnel pour l’autre. Bonjour les conflits !
Piotr,
Le monde vendu par le libéralisme, le capitalisme, les financiers, les banquiers etc… se pose rationnel et même scientifique. En plus, il s’est imposé et a triomphé dans notre civilisation. Nous ne ferons par l’économie de la question.
J’ajoute encore que dans notre monde nous avons tous l’injonction d’être comme des Robinsons sur leur île. Un mot dit « Aucun homme n’est une île ». Dans notre monde, tel que je le comprends. Chaque homme doit être une île, sinon tout le système s’effondre. Il ne marche pas. Être une île est rationnel et c’est faux selon ma vision du monde.
@DidierF: je ne m’aventurerai sûrement pas à répondre précisément à votre question, Paul a écrit tout un livre sur le sujet, « Comment la vérité et la réalité furent inventées » , et, malgré son érudition, je ne pense qu’il a épuisé le sujet.
Mais une phrase de votre post m’a fait tilter : « Une des difficultés de cette rationalité est que l’information doit être complète sans quoi la rigueur dans un cas devient délire pour le voisin. » : à mon avis, c’est un préjugé. Quand on dit : « Socrate est un homme » , on ne sait rien de Socrate, (sinon qu’il est « un homme »), et rien sur ce qu’est un homme. L’information est donc très, très incomplète. Ce qui n’empêche pas que cette assertion débute le syllogisme qui sert depuis des siècles de modèle à ce qu’on appelle un raisonnement rationnel. Le propre du rationalisme est de raisonner juste en faisant abstraction de certaines informations et en sélectionnant celles qui sont pertinentes pour le raisonnement.
Crapaud Rouge,
Je crains que non. Une des formes de la rationalité est de former des raisonnements cohérents. Cela ne signifie pas du tout qu’ils correspondent à la réalité. Un bel exemple est donné par les canaux martiens.
C’était le résultat d’une observation faite au télescope. Des lignes droites apparaissaient sur Mars. Or les lignes droites que nous connaissons sont toutes d’origine artificielle. Donc des êtres intelligents ont construit des ouvrages artificiels. Un autre raisonnement a donné que ces lignes droites étaient des canaux.
Dommage que c’est faux. Il y eu une observation. Cette observation était vraie. Plus tard, il a été démontré que des points posés au hasard sur un tableau et observés d’assez loin sont réunis en lignes par l’observateur.
Maintenant, je vous souhaite bien du plaisir si vous voulez défendre l’existence des canaux martiens. Vous pourriez être traité de fou.
Une affirmation vraie dans un cadre est devenue folie dans un autre.
Je peux imaginer d’autres exemples de cet acabit. Est ce que les marchés financiers sont efficients ? Faut-il interdire les paris spéculatifs ? Est ce que l’argent et les dettes sont équivalentes ? Marlowe a écrit ci dessus « Je suis un homme, fils de Dieu, je peux ressusciter. » Est-il fou ou sage ? Est ce qu’un individu isolé peut prendre conscience du réchauffement climatique ? Est ce que la liquidité sur un marché est une bonne chose ? Est ce qu’un algorithme décrit correctement le comportement d’une foule ? Que valent les simulations de la formation du système solaire ? Finalement comme le demande Yvan, qu’est ce que la normalité ? Je ne le sais pas plus que lui.
Je n’ai pas non plus la réponse à ma question. J’ai essayé de lire le livre que vous citez et n’ai pas pu dépasser le chapitre 1 auquel je confesse n’avoir rien compris. Je pense que malheureusement ou non la réalité s’invente. Deux inventeurs qui ne se parlent pas vont inventer deux choses différentes. Allez voir les échanges d’aménités qui franchissent le mur de la modération sur le net !
Si ma phrase est un préjugé, j’ai quelques raisons de le garder. Il est possible de raisonner juste et de sélectionner les phrases pertinentes pour le raisonnement tout en délirant. Mon préféré dans ce domaine est une explication du massacre commis par les Khmers Rouges au Cambodge. Leurs raisonnements étaient aussi rigoureux que le délire que j’y vois.
@DidierF : je vois bien ce que vous voulez dire, et c’est tout à fait pertinent. Mais permettez que je revienne à votre assertion que je conteste: « Une des difficultés de cette rationalité est que l’information doit être complète sans quoi la rigueur dans un cas devient délire pour le voisin. » Vous y parliez d’information, pas de cadre. Pour moi, la nuance est de taille, ça change tout. Voici un exemple : les lois basiques de la chimie peuvent faire abstraction d’une foultitude de propriétés des atomes et des molécules et elles sont rationnelles, les équations conforment aux résultats expérimentaux. Ce cadre basique est donc suffisant, malgré l’information très réduite qu’il contient.
Et si vous avez raison de dire qu’ « Une affirmation vraie dans un cadre est devenue folie dans un autre. », c’est parce que la définition du cadre pose elle-même problème dans les cas complexes, par exemple en économie. Mais il n’empêche que, dans un cadre donné, ce n’est pas un défaut d’information qui est cause d’irrationalité. Elargir le cadre conduit à intégrer plus d’informations, mais c’est l’élargissement du cadre qui permet de raisonner autrement, non le surcroît d’informations.
Avec « Je dispose d’une définition disant que c’est la possibilité de prendre une décision défendable rigoureusement à l’aide des informations dont je dispose. Une des difficultés de cette rationalité est que l’information doit être complète sans quoi la rigueur dans un cas devient délire pour le voisin. »
Le mot clé est « prendre une décision défendable rigoureusement à l’aide des informations dont je dispose » ou en plus court « prendre une décision défendable ».
Le chimiste ne décide pas des propriétés des atomes et des molécules qui l’occupent. La rationalité à laquelle je fais référence est celle d’une prise de décision. Si une information manque pour justifier une décision par un raisonnement aussi serré que possible (je pense ici à la démonstration de la culpabilité d’un individu), elle n’est pas rationnelle. Si vous jugez qu’elle l’est quand même, je peux vous accuser du meurtre de Louis XIV, notoirement mort dans son lit.
Avez-vous remarqué l’étrangeté du vocabulaire des capitalistes libéraux?
D’un côté, la rationalité dont nous parle notre batracien ci-présent. De l’autre les notions de croyance ou de confiance, au cœur de l’activité financière. Tout ceci décrit un même objet. Formidable confusion des genres, le capitalisme libéral est à la fois le tout et son contraire, tantôt rationnel et subjectif, ou alors croyant et objectif… On finirait par en perdre son latin.
C’est de cette construction viciée dès ses prémisses les plus essentielles que le capitalisme libéral tire sa force, car pour être contesté de manière efficace, il est nécessaire de déconstruire chacune de ses propositions pour en faire apparaître les fondations branlantes.
On finit alors par se demander si le moyen le plus efficace de voir cette idéologie s’écrouler n’est pas de simplement la laisser s’exprimer pleinement, ce qui serait probablement vrai si les effets produits n’étaient si délétères. Dans tous les cas, la conclusion ne fait aucun doute, c’est en fait la manière d’y aboutir qui importe.
Merci Dissonance !
« il est nécessaire de déconstruire chacune de ses propositions pour en faire apparaître les fondations branlantes. » : oui, et ce sera très long, car ses propositions se tiennent les unes les autres. Sans compter qu’il n’est pas seulement un discours « viciée dès ses prémisses », mais aussi une réalité solidement établie et de laquelle nous dépendons. J’y pense chaque fois que je me fais un café arabica…
Ce billet rejoint une réflexion que je me faisais depuis longtemps : les Peuples Premiers étaient bien plus « rationnels » que nous, puisqu’ils avaient placé au centre de leurs pratiques (y compris sacrées) la préservation de ce qui leur fournissait leurs ressources quotidiennes en nourriture, habitat et soins : la nature, la forêt.
Mais cette réflexion en appelle une autre : leur système marche très bien pour de petites communautés. Le défi est tout autre pour des sociétés comptant des millions d’individus. Et nous nous révélons tellement incapables de mettre en place une vraie solution que j’aurais tendance à penser qu’il n’en existe peut-être pas. Mais j’admets bien volontiers aussi que ce n’est pas en perdant tout espoir qu’on fera avancer le schmilblick… ^^
C’est pourquoi il faut revenir au fonctionnement en micro-sociétés sans compte en banque le temps que ce système se grippe, mais sans se couper des structures de la nation en vue du moment , plus ou moins éloigné, où le système inhumain en place aura implosé et où nous serons en mesure d’ en établir un autre basé sur l’humain et son environnement .
Il n’y a rien à attendre du vote tant que des partis aux financements obscurs et les médias aux ordres ont confisqué la parole au peuple.
Discuter de la rationalité du capitalisme, c’est un peu se demander, avec gravité, s’il constitue un idéal politique : évidemment non.
Pour autant, si ce système de destruction/oppression ne peut évidemment revendiquer aucune rationalité d’essence supérieure, ceux qui en ont bénéficié au fil des siècles, ont eu devant les yeux le spectacle de la misère et de la souffrance, les insultes faites à la nature étaient-ils dépourvus de rationalité ? C’est peut-être sur ce point que l’on peut discuter l’irrationnalité du capitalisme, ou encore son immoralité.
Car le capitalisme est un pilleur naturel de ressources (humaines et naturelles) et ce n’est sûrement pas un hasard s’il s’est aussi toujours désintéressé de l’expansion démographique extravagante des humains / consommateurs-producteurs-exploités.
Nonobstant, je crois hélas que la conjonction de l’épuisement des ressources, de la démographie et de l’informatique (par ses vertigineux effets accélérateurs) nous ont fait atteindre le .point de non-retour.
Bien d’accord avec votre réflexion.
A cela j’ajouterais que je pense que l’on ne s’en sortira collectivement (la seule solution) que si on explique encore et encore quelles sont les forces dominantes en présence et sans tabou. C’est pourquoi on ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion néo maltusienne car nous sommes tous partie du problème et de la solution. Ne pas s’en préocuper c’est tout sauf rationnel, sauf bien sûr si on considère comme légitime le pillage et la loi du plus fort dans un contexte de pénurie, ou que l’on considère la cannibalisation (au propre comme au figuré) comme un potentiel de croissance.
Procédons dans l’ordre, commençons par nous poser la question la rationnalité d’une croissance exponentielle dans un espace fini. Confrontons chacun de nous à sa part de responsabilité pour que l’Humanité ne se révèle pas n’être qu’une grosse blague. Nous avons encore la chance de prouver que nous sommes civilisés. Saisissons-là. Ne laissons pas nos instincts primaires (l’irrationnel) gagner ou alors nous aurons perdu.
Comme le dit très bien Albert Bartlet (un des derniers sages) « La plus grande faiblesse de la race humaine vient de son incapacité à comprendre la fonction exponentielle.»
The Limits to Growth- is the prediction of 1972 going to happen?
http://www.youtube.com/watch?v=kIQvBYOtgMg
@Isabelle : « les Peuples Premiers étaient bien plus « rationnels » que nous, puisqu’ils avaient placé au centre de leurs pratiques (y compris sacrées) la préservation de ce qui leur fournissait leurs ressources quotidiennes en nourriture, habitat et soins : la nature, la forêt. » : vous pensez exactement comme moi ! Mais ce n’était pas vrai de tous, malheureusement. Lire à ce sujet L’homme, ce fléau planétaire, sur Article11. J’imagine que c’était vrai pour les aborigènes d’Amérique et d’Australie qui avaient conscience que l’espèce humaine n’était qu’une espèce parmi d’autres, que chacune devait se nourrir des autres, etc. Ils ne s’accordaient aucune supériorité « naturelle » et la nature était pour eux un paradis, pas un bagne.
L’opposition de certains Etats à la volonté de la Commission européenne de contrôler leur budget peut être lue à la lumière de l’opposition entre « gouvernance » et gouvernement.
Rappelons l’origine de « gouvernance » : « corporate governance » qui traduit un tournant dans la gestion des entreprises , consistant en la prise de pouvoir des actionnaires sur les industriels, sommés, sous la menace de perdre leurs bonus, de les protéger et de les enrichir, sur le dos des travailleurs.
En ce sens-là, la Commission ne fait rien d’autres que de la « gouvernance » macro-économique, sommée qu’elle est, par les marchés, de faire appliquer par les Etats, sous peine de sanctions diverses, des plans d’austérité et de rigueur drastiques, sur le dos des peuples, et ce, dans le seul but, sous le couvert hypocrite de restauration d’un Pacte de stabilité dépassé (et qu’il est donc aberrant de vouloir maintenir, en l’état, à n’importe quel prix), de protéger les prêteurs (et même peut-être plus : d’enrichir les spéculateurs, qui sait ?) et donc de pas avoir à devoir activer son Plan de sauvetage, notoirement insuffisant.
Les Etats, opposés à la volonté de la Commission, veulent eux promouvoir le gouvernement (soit faire de la vraie politique), sans avoir néanmoins le courage de le proclamer haut et fort, tant cette calamiteuse « gouvernance » a imprégné tous les esprits de son poison (même ici, sur ce blog).
Et cette opposition est totalement justifiée : un budget, ce n’est pas que des chiffres ; derrière tous les chiffre il y a des décisions substantielles et substantives visant l’ensemble du vouloir vivre-ensemble de toute une société ; pour un Parlement, discuter et voter une loi budgétaire constitue son action annuelle la plus importante. De ces décisions NATIONALES, l’UE ne veut strictement rien entendre, et c’est bien « normal », puisque, que je sache, il n’y a toujours pas de politique européenne commune en matières de sécurité sociale, de chômage, de pension, d’emploi, de fiscalité etc… : vouloir donc, comme le demandent certains, une gouvernance économique européenne, c’est, encore une fois, mettre la charrue avant les bœufs.
Et c’est maintenant que je peux revenir au sujet du billet : la rationalité est un dévoiement de la raison, historiquement daté (cf. Descartes (« L’homme comme maître et possesseur de la nature », Leibniz (« Cum Deus calculat fit mundus ») et quelques autres. C’est la raison entendue comme rationalisation et la rationalisation entendue comme quantification. Il me faudrait du temps et beaucoup d’efforts pour développer cette idée. Pour illustrer simplement ce que j’essaye de dire, prenons justement l’exemple de la Commission européenne : le nez uniquement plongé dans ses chiffres (pas plus de 3% de déficit budgétaire, pas de dette supérieure à 60 % du PIB, + quelques autres chiffres portant sur les taux obligataires) elle n’a en vue que la quantité, que ce qui peut être compté, sans aucune considération de qualité, de ce qui compte (autrement dit sans aucune considération de valeurs substantives et substantielles). La « gouvernance » (la technique) qu’elle tente de nous imposer, est à la rationalité ce que le gouvernement (la politique) est à la raison que certains Etats essayent, vaille que vaille, de garder, comme on dit « garder raison »).
Rien à rajouter. Il y a deux mots que je ne peux plus voir écrit sans en être profondément agacé, tant il n’ont rien à faire en politique, voire même en gestion d’entreprise (si l’on se place sur un moyen ou long-terme bien évidemment) : management et gouvernance. Ils illustrent parfaitement l’absurdité rationnelle de la forme de capitalisme que nous vivons…
@André : Merci d’apporter tant d’eau, et si claire, à mon moulin !
@Crapaud Rouge
Sans commenter sur le fond, je regrette un peu que vous mettiez ainsi en exergue des citations de commentateurs du blog. De l’extérieur, je ne vois pas de trace de leur assentiment, ni de réponse de leur part (peut-être sont-ils tout simplement absents).
Les commentaires d’où j’ai extrais mes citations sont là:
Coligny, le 13 mai 2010 à 08:03.
juan nessy, le 13 mai 2010 à 10:02.
Bien que je ne sois pas d’accord avec leur opinion, je ne peux que les remercier de l’avoir exprimée, car, sans cela, cette idée de labyrinthe qui me plaît beaucoup ne me serait sans doute jamais venue à l’esprit.
Excellente analyse et très bon exposé de ce que je qualifie de « système », d’habitude.
Monsieur Jorion avait bien dit dans la dernière vidéo qu’à nous tous, avec nos bouts de vérité, nous détenions une vision globale assez fiable.
Une légère alerte info, car les politiques continuent à préparer le terrain :
Monsieur Trichet vient de reconnaître que nous étions dans la pire crise économique depuis la 2eme guerre mondiale, VOIRE LA PREMIERE…
Y-aurait-il du 1929 dans l’air…???
Nous serions surpris, non..???
Et j’ai une pensée émue pour une ministre des finances qui nous a annoncé que la crise était finie.
A se demander si ça n’aurait pas été pire si elle ne l’avait pas dit…
Dans le même ordre, l’Elysée avait proclamé la fin de la récession à moins d’événéments nouveaux…
Léo-Paul Lauzon a reçu son MBA au HEC Montréal et son doctorat en gestion à l’Université de Grenoble. Il était le premier au Québec et le troisième au Canada dans l’examen des comptables agréés. Lauzon est aussi un comptable en management accrédité, le premier au Canada lors de son évaluation.
http://www.dailymotion.com/video/x4wups_leo-paul-lauzon-propagande-impots-d
Ah, ça fait du bien d’entendre un économiste qui dénonce les paradis fiscaux. Par contre, il ne dit pas comment lutter contre ces paradis fiscaux. Toujours pas question d’une gouvernance mondiale régulant les marchés et interdisant les paradis fiscaux.
Je ne désespère pas, cela a déjà été dit. Mais c’est le moment, maintenant que le monde est au bord du gouffre, d’insister sur ce besoin impératif d’une régulation mondiale.
@suricat : « Toujours pas question d’une gouvernance mondiale » : Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? 🙂
Avec l’accent canadien, c’est génial ! (Mais pourquoi prête-t-il à rire, cet accent ?)
Que les grandes compagnies fassent toujours plus de bénef et paient toujours moins d’impôts n’est pas une nouveauté, mais ce sujet est exemplaire du labyrinthe du capitalisme. En effet, la collecte des impôts des entreprises pose le problème des méthodes, et pour lequel suricat a sûrement une solution, mais qui est sans solution. La raison en est que, les impôts venant s’inscrire en diminution des profits, les entreprises les comptent comme des coûts, donc les répercutent sur les prix de vente, donc suscitent une tendance inflationniste. Et tout ce que l’état pourrait faire avec plus d’impôts lui coûte plus cher. A l’inverse, s’il diminue les impôts sur les entreprises, elles ne vont pas compter ça comme une diminution des coûts, mais comme une augmentation des profits.
@Crapaud Rouge :
Effectivement, l’impôt est un coût pour l’entreprise, mais un coût nécessaire, comme celui des achats de matériel. Ce qui limite le prix des produits est la concurrence. Si les concurrents font des produits d’aussi bonne qualité, mais moins cher, ils grignoteront des parts de marché.
La concurrence limite donc l’inflation des prix. Et les concurrents eux aussi doivent payer l’impôt.
Le gros problème est la distorsion de concurrence qu’il peut y avoir entre des entreprises qui sont dans des pays où l’impôt est différent, lorsque le marché des entreprises est international.
C’est pourquoi nous assistons aujourd’hui à une concurrence fiscale entre les pays. L’Irlande face à la crise préfère par exemple baisser les salaires des fonctionnaires de 10% que d’augmenter les minuscules impôts sur le bénéfice des sociétés qui ont permis de procurer à l’Irlande une croissance insolente ces dernières années en attirant toujours plus d’entreprises (exemple : Google).
Il ne faut pas tout remettre en question, mais tenter de limiter la concurrence fiscale entre les pays, qui empêche la juste redistribution des richesses.
Le Crapaud Rouge, excellent dialecticien, nous a pondu là une analyse remarquable, connu déjà néanmoins, du capitalisme et du concept de rationalié qui l’anime. C’est oeuvre de salubrité publique. Cependant il manque la suite: une rupture peut-elle se produire ? Comment ? Considère t-il nécessaire une acftion collective ? Ou bien concoit-il l’ordre social comme l’odre de Bergson ?
« une analyse remarquable, connu déjà néanmoins » : oui, dans le fond elle n’apporte rien de nouveau. Mon « analyse remarquable » ne l’est donc pas tant que ça, – merci quand même pour le compliment 🙂 -, puisque plusieurs internautes l’ont rattachée avec raison à la notion bien connue d’externalité(s). Mais c’est une chose de dénoncer les incohérences ou absurdités du capitalisme, c’en est une autre de prendre conscience, qu’en dépit de ses défauts bien connus, l’on continue implicitement à le considérer comme rationnel. Cette croyance est le pendant de celle de Marchais déclarant que le système soviétique est « globalement positif ».
Merci Crapaud Rouge pour ce texte éclairant (et revigorant!).
En nous amenant à regarder le labyrinthe par au-dessus, vous nous aidez beaucoup à comprendre les choses.
Cela me fait penser à cette réflexion de je ne sais plus quel astronaute, qui affirmait que si les dirigeants des grandes puissances pouvaient un jour voir, comme lui, notre petite Terre à travers un hublot (en vrai, pas en photo ou en film), leurs visées politiques en seraient bouleversées dans la seconde.
En citant Wittgenstein (« Dans un monde où tout est bleu, le bleu n’existe pas. »), vous pointez parfaitement votre sujet. Dans un monde où tout est bleu, le bleu ne se discute plus.
A force de nous amener à penser que tout est économique, les raisons de l’ »économique » ne se discutent plus. Elles deviennent naturelles. Et il est alors « naturel » qu’une Commission supérieure contrôle et dirige l’ensemble de l’économie, et partant, l’ensemble de la vie de millions d’hommes.
Et il devient surtout « naturel » que toutes les décisions concernant la vie des hommes (la politique au sens large), soit prisent sur la base de critères économiques. Tout ce qui n’entre pas dans le cadre que vous avez défini par « faire des profits / réduire les coûts » sera abandonné « naturellement ».
La rationalité économique est peu à peu devenu la clé de l’ensemble des activités humaines.
J’assiste depuis très longtemps aux Conseils Municipaux des différentes villes ou j’ai pu habiter. Je suis toujours étonné de constater que les projets qui s’appuient sur l’humain (bonnes volontés, sens civique, entraide, etc.) sont rejetés avec des sourires de compassions pour celui qui aura eu la naïveté de les soumettre à proposition. Par contre les projets bien ficelés « économiquement » seront votés sans mal, même s’ils sont inutiles ou s’ils se font à crédit …et donc même si c’est irrationnel de le faire.
On pourrait alors proposer une autre paraphrase de Wittgenstein:
« Dans un monde capitaliste où tout est irrationnel, l’irrationnel n’existe plus. »
Et ce qui est un peu terrible, et extraordinairement humain, c’est notre capacité d’adaptation à cet irrationnel.
Pour illustrer cela j’ai retrouvé une phrase de Marshall Mc Luhan:
« Le rock, le jazz, ce n’est rien d’autre qu’une traduction des sons hideux et irrationnels de l’environnement industriel en langage musical ».
Admettons qu’il dise vrai, et que les musiciens de jazz et de rock, inconsciemment, aient réussi à faire ce travail de sublimation du hideux et de l’irrationnel des sons de notre époque. Pour que ces sons soient supportables, ils nous les ont rendu audibles, ils ont adapté nos oreilles. L’irrationnel sonore devenu un accompagnement musical.
J’ai parlé quelques fois avec des amis russes et polonais. Ils m’ont expliqué comment ils avaient été amenés, pour tout simplement vivre au jour le jour sans devenir fou, à intégrer à leur pensée l’irrationnel des régimes politiques dans lesquels ils avaient été obligé de vivre.
Aujourd’hui nous apprenons à « faire avec » notre environnement globalement capitaliste. L’irrationnel économique est entré partout dans nos vies, dans nos actes d’achat, dans le déroulement de nos carrières, dans les journaux que nous lisons, et même dans l’enseignement scolaire (il ne se discute pas que le latin n’est pas rentable par exemple). Certains résistent, et d’autres (faut-il leur jeter la pierre?) intègrent cet irrationnel à leur pensée, pour tout simplement vivre au jour le jour sans devenir fou.
Mais ce qui est merveilleusement humain aussi, c’est que cette capacité d’adaptation à l’irrationnel ne peut détruire la profondeur humaniste des hommes.
Lorsque certains univers ubuesques ou kafkaïens dans lesquels les hommes ont dû vivre s’effondrent, la raison humaine reparaît.
Quand je lis certains commentaires sur ce blog, et par exemple Louise aujourd’hui:
( http://www.pauljorion.com/blog/?p=11667#comment-78539 ), je me dis que cette raison humaine a de la ressource.
A bientôt de vous lire encore, Crapaud Rouge.
J’aurais plein de choses à vous répondre, mais par écrit c’est un peu fastidieux. Je me contenterai de reprendre votre exemple :
En fait, c’est toute la problématique du capitalisme qui se retrouve ici. Il ne peut rien savoir, rien dire et rien faire s’il n’y a pas de comptabilité pour lui dire ce qu’il doit savoir, ce qu’il peut dire et peut faire. Or, cette nécessité n’a rien d’absolue, ce n’est pas une loi de la nature : elle découle seulement de la volonté de faire des profits ou d’éviter des pertes.
Je n’en tire pas d’autre conclusion pour l’instant, mais c’est à méditer.
Un adage populaire dit :
« Avoir 1 000 euros de découvert sur son compte bancaire est un problème, mais avoir des millions d’euros de découvert devient le problème de la banque »
La dette est une arme à double tranchant
-Pouvoir d’asservissement pour les peuples
ou
-Pouvoir de destruction du système
Encore un excellent billet de cet excellent blogue qui nous offre cet excellent regard! Merci.
Pendant que je tiens le crachoir, je serais un avide lecteur d’un ou plusieurs petits billets qui expliqueraient un peu plus à ras de terre quelques concepts derrière les sujets quotidiens comme :
– Comment fonctionnent les besoins en argent des états, des banques, des entreprises, des individus,
– Comment se fixent les taux sur lémarché?
– Pourquoi les États ont-il besoins de joueurs privés pour créer de la monnaie?
– Comment fonctionnent les besoins en argent des états, des banques, des entreprises, des individus,
– Pourquoi les États ont-il besoins de joueurs privés pour créer de la monnaie?
Ces deux questions ont largement été discutées sur ce blog. On peut même dire que c’est un leitmotiv tellement il y a eu de débats autour de la question. Le bouquin de Paul, « L’argent mode d’emploi » reprend tout ça et plus. Sinon, il faudra plonger dans les archives du blog.
@peak oil 2008
Vous exprimez précisément un des éléments essentiels de la timonerie (la barre des marins je crois) :
Et c’est aussi mon point de vue ,qu’adoptent ici Paul Jorion ,F. Leclerc et les autres :
expliquer encore et encore;parce qu’il est plus qu’évident que l’
on ne s’en sortira que Tous ensemble.
N.B = Intéressant dans cette optique de lire Simone Pacot (à propos de finitude…entre autres)
Le libéralisme accordé aux banques est l’erreur magistrale qui est la cause de la faillite du système. La banque était là pour prêter de l’argent à un entrepreneur et l’aider à concrétiser son projet. Au citoyen pour lui permettre de construire une maison. Rémunérer les épargnes des travailleurs. Et se rémunérer modestement pour ce service social au bénéfice de tous. La logique du libéralisme est tout autre. Le profit par tous les moyens ! Produits pourris, structurés, bonus, super bonus, prises de risques, délits d’initiés, etc. Avant, la banque était au service de l’économie. Aujourd’hui, l’économie est siphonnée par les financiers. Les hommes politiques sont proches ou à la source des informations profitent aux mieux de ces opportunités boursières et non donc nullement l’intention de changer des règles. C.Q.F.D.
Un souffle de fraîcheur ce matin sur F. Culture au « Rendez-vous des politiques » où s’exprimait longuement un jeune parlementaire européen frais & moulu d’Europe Ecologie, Pascal Canfin, membre du Comité des affaires économiques et financières, m’enfin un langage sans langue de bois qui met en relief des aspects essentiels de la crise de l’Europe.
Il nous parle du dernier week-end historique et fou en termes simples (au 1/4 de l’émission)
Et maintenant ?
2 axes de solutions possibles :
1. « Diminuer les dépenses publiques ==> récession garantie » pas fameux
2. « Augmenter les recettes à travers le taux d’imposition de certains acteurs comme le CAC40, logique et rationnel », eh ben on y arrive ennfin
Tous n’adhèrent pas à cette solution où l’on tape sur les + fortunés, oh les pauvres, ça diminuerait le revenu de certains, mais face au niveau des profits il y a de la marge.
Exemple : profits Total + BP + Shell sur 3 ans = 100 Ma euros.
Ceux qui ont profité de 30 ans de largesses fiscales pourraient nous donner un coup de pouce.
Attention danger : on touche à 2 tabous des droites majoritaires au parlement européen : la redistributin fiscale, la souveraineté ===> à dépasser
Encore un utopiste qui essaie de sortir du cadre et de la pensée unique ?
Pas tant que cela car même Michel Barnier lui emboiterait le pas.
Notre jeune député insiste sur 3 piliers majeurs qu’il faut faire bouger pour + d’Europe :
libéralisme, souverainisme, productivisme
Je vous laisse découvrir la suite tout aussi passionnante, on termine par les Grenelle qui battent de plus en plus de l’aile.
http://www.franceculture.com/emission-le-rendez-vous-des-politiques-pascal-canfin-d%C3%A9put%C3%A9-europ%C3%A9en-europe-ecologie-2010-05-15.html
L’inertie, l’inhibition du politique oblige à poser les questions de Grenouille. La rationalité est tellement usée qu’il n’en reste que ses grosses ficelles ; espérons que le sursaut ne sera pas guerrier ou national.
Soit on se dit se sont des imbéciles et y a qu’à les voir s’abrutir aux vacances après tant d’affairements sous le chapeau de soleil uniforme. quelque soit le temps ils somnolent quand ils vous regardent, se demandant effrayés parfois si vous les regardez comme ils se l’imaginent, forclos dans leur statut, ils n’aiment pas s’énerver, je comprends. Il n’ont pas le temps ni l’accord rationnel pour que l’à venir advienne, leurs rêves ont faits longs feux très tôt aux guichets du fric et du pouvoir ; la démocratie n’est pas marchandable, et pas de chance elle n’a pas d’essence rationnelle non plus, n’a pas plus de modèle pour elle-même ; son territoire change, la mémoire est un palimpseste ou l’illusion est princesse (qu’en est-il du post-fascisme ?) : vivre ensemble, avec la folie du monde, ne nous épargne pas. la démocratie nous invite à établir des relations durables de cause à effet, elle requiert une attention, une vigilance, appelons là enfant qui essaie de comprendre, et comment s’y prend t-il, et comment apprend-on à apprendre par soi-même, non sans compter sur le hasard le contingent ou l’amour, le désir et la subjectivité comme auteurs de mouvements, d’être vivant… ému… d’interroger le monde, et d’observer sa réponse; le monde répond, qu’importe le terme avec lequel s’établit la relation, il s’agit de découvrir la relation elle-même entre l’observateur et la chose observée. « Contactuelle » la relation vaut en tant que révélation (un tout petit « r » remarquable) ou dévoilement.
http://www.dailymotion.com/video/xa20hl_antonio-damasio-vost-francais-brain_tech
c’est le labyrinthe qui est le budget !
il y a toujours une colonne + et une colonne – ,et quand on fait la somme ,ça fait toujours zéro !
rien ne se perd ,rien ne crée tout se transforme!
-la vie ,c’est l’écoulement de l’energie par différence de potentiel ,
-le capitalisme ne fonctionne plus parcequ’il n’y a plus d’écoulement :
l’economie moderne est incapable de « croissance interne infinie » ! 100% c’est le tout !
-110% de crédit ou +200% de dettes n’est pas « naturellement’ possible à moins de spéculer ,de voler …
rétablir la circulation d’énergie voilà notre amer vers quoi naviguer ,notre cap !
Votre première phrase et vos calculs de pourcentage me semblent confus, mais le reste de votre post m’inspire, en particulier votre conclusion qui me fait penser à l’acupuncture. Vous me donnez envie de dire que « c’est la dette le labyrinthe », ce que l’on peut rattacher au constat de Paul selon lequel l’argent n’est pas là où on en a besoin, de sorte que se forment des dettes. C’est donc bien à un problème de circulation que l’on se trouve ramené. Il est facile de mettre de l’argent en circulation à partir d’une autorité qui garantit sa valeur, mais cela entraîne qu’il faut aussi savoir le retirer de la circulation, sinon il s’accumule et perd toute valeur. C’est ce retrait qu’on ne sait pas organiser, car l’argent, une fois mis en circulation, se trouve disséminé, et l’on ne peut pas le forcer à revenir à sa source. Enfin si, on sait le forcer un peu, par l’impôt et le remboursement des dettes, mais comme le désir de profit est dominant, ces méthodes ne sont pas très efficaces.
En lisant aujourd’hui l’article du 15 mai » lemonde.fr Economie et crise aux USA Dette souveraine Us : la crise est inévitable » , je me demande quel nouveau distracteur, après la dette de la Grèce et celle de l’Europe, les financiers-vampires internationaux vont bien pouvoir tirer de leur chapeau fin 2010 .
Le capitalisme est LE problème et en aucune façon LA solution sauf dans les neurones dérangées des Baverez, Le Boucher, Minc, etc…et éventuellement d’autres plus anonymes. Alors dire que l’on ne propose rien pour le remplacer c’est rejoindre la clique « Fukuyamesque » de la fin de l’histoire. Le capitalisme n’est pas un horizon indépassable et n’a jamais eu d’autre but que d’établir l’esclavage et la guerre de tous contre tous. Bon j’arrête là ma fille me réclamant.
Crapaud Rouge , il n’y a pas une théorie de l’endettement en relief, mais il y en a bien une, en creux …
… et il y a bien tout une armada de raisons qu’ une partie de la gauche a toujours agitées pour en minimiser les conséquences plutôt néfastes à long terme (Mais comme disait monsieur K , ‘ A long terme nous serons tous morts’)
Maintenant bien d’accord que revenir à des budgets sensés c’est à dire pas forcément en équilibre , mais finançant les dépenses courantes avec de l’impôt, et les investissements long terme avec , éventuellement, de l’emprunt , est bien difficile .
C’est difficile pour une raison simple : ça fait des années qu’on rajoute des dépenses courantes , qui une fois lancées peuvent très difficilement être stoppées, par du déséquilibre budg. , c.a.d de l’emprunt : difficile donc de ‘revenir’ en arrière , la drogue a crée son addiction et l’effort doit à présent être au décuple !
Cette portion du labyrinthe me semble claire.
Et il est clair qu’il faudrait répudier ‘rationnellement’ , c’est dire désigner le perdant, celui qui endosse la perte … mais on ne le fera pas.
Il faut avouer que ce serait un exercice plutôt difficile que de dire à la Grèce : ‘allez on annule la moitié de votre dette !’ , difficile d’ailleurs pour les banques françaises … et donc pour nous même , en priorité.
La répudiation passera par le rapport de force et des mécanisme d’ajustement monétaire.
Car la répudiation AURA lieu : il y a aura un perdants ou bien des perdants, ou bien une crise générale , plutôt occidentale d’ailleurs, qui sera l’ajustement au travers des rapports de force .
Bien entendu je suis bien d’accord avec vous qu’il serait bien plus souhaitable de faire payer l’ensemble de ceux qui ont profité le plus de ces 30 années de fuite en avant.
Le hic c’est que cette construction s’étale sur 30 ans et que la mesure qui voudrait ‘défaire’ cela à court terme plongerait probablement le système dans un état de très grande confusion .
Bien entendu , on peut et on doit taxer ou à tout le moins réduire les avantages de certains, comme on doit brider la spéculation … avec modestie car on butera toujours sur ‘l’extérieur’, celui de la tribu d’en face , qui en profitera pour tirer avantage du handicap que l’on s’est ainsi crée . (En attendant le gouvernement mondial qui évacuera « l’extérieur » ce qui rendre forcément « vrai » , chacune de ses solutions)
On pourrait également ‘reprendre’ une partie de cette richesse qui s’est concentrée dans les mains de bien peu , mais sans oublier 1) que déplacer de la monnaie n’est pas créer une richesse supplémentaire , même si ça a le mérite de dénouer des noeuds 2) la recette pour ‘prendre’ aux riches sans trop de retour de bâton n’est pas évidente puisque les gauches semblent avoir du mal à l’appliquer (du moins sans nous priver de pas mal de ‘libertés’ , liberté formelles diront certains , mais auxquelles les gens semblent bêtement attaché 😉 )
Bien sûr je ‘rationalise’ en rond dans certains segments du labyrinthe.
Et bien oui, la vie est parfois un labyrinthe , et lorsque l’on a , même dans les meilleures intentions du monde, bouché plusieurs orifice de sortie, la solution devient à somme négative.
Et comme il ne peut pas exploser, le tuyau du labyrinthe, il va se fendre lamentablement et se déliter sur de nombreuses , puisqu’à une crise vigoureuse soit choisie soit provoquée, il sera plutôt préfèrer aller d’expédients en rafistolage , chacun comptant -l’homme est animal plein d’espoir!- sur le temps pour faire glisser la perte sur les autres.
Ben Chapeau bas Crapaud Rouge !
Et Louise: Grand Merci.
Crapaud Rouge : vous êtes sorti du cadre, le point de vue est différent. C’est bien : merci, ne serait-ce que pour cela !
J’attends avec impatience un billet de votre patte, et du même point of vue (what else maintenant que vous nous y avez fait goûter…), sur l’économie. Alors promis (« les promesses n’engagent que ceux qui y croient ») j’essaierai d’en pondre un sur l’éducation : allez-y, vous verrez c’est poilant !
PS1 : vous dites dans un commentaire : « Quand on dit que quelque chose « marche », ou « fonctionne », c’est en rapport avec sa finalité. » Certains pensent que le but est le chemin, et il me semble que c’est cette vision qui sous-tend les remarques de certains de vos contradicteurs : c’est, pardon !, c’était une époque, une civilisation qui s’est occupée au capitalisme. Le fait qu’elle l’ait probablement fait à l’insu de son plein gré est une grande source d’espoir.
« Certains pensent que le but est le chemin » : c’est une idée extrêmement intéressante et tout à fait remarquable, mais qui ne peut pas marcher si le chemin consiste à s’enrichir. Le but, alias le chemin, doit être désintéressé afin de pouvoir se prolonger indéfiniment devant soi.
Excusez-moi, je n’avais pas cliqué sur votre Merci : superbe !
Merci pour le merci !
En guise d’épilogue, plus prometteur qu’accablant : cet article de Courrier International, Le dilemme de l’or noir, qui annonce que l’Equateur est prêt à ne pas exploiter un énorme gisement de pétrole, à condition qu’on veuille bien lui payer la moité de ce que son exploitation lui rapporterait. Il y a longtemps que je pense à des solutions de ce genre qui consiste à payer pour donner une valeur à quelque chose, sur le modèle de la Joconde. On dit toujours que l’on accepte de payer pour sa conservation parce qu’elle a de la valeur, mais il est vrai aussi qu’elle a de la valeur parce que l’on paye pour cela. La décision de mettre fin à son financement serait équivalent à déclarer qu’elle n’a plus de valeur.
Reste que la fin de l’article cité est accablant :
Suite de l’épilogue : selon un article de Libé, la fuite serait beaucoup plus importante que les 5000 barils/jour (800.000 L) annoncés.
La fuite s’est déclarée il y a un mois, et son colmatage relève toujours de la conjecture. Quand on sait que le volcan de boue en Indonésie ne sera jamais colmaté, il y a de quoi donner urticaire et sueurs froides.
« Et cessez enfin de répéter, dis-je vraisemblablement, qu’Auschwitz ne s’explique pas, qu’Auschwitz est le fruit de forces irrationnelles, inconcevables pour la raison, parce que le mal a toujours une explication rationnelle, il se peut que Satan en personne, ou bien Iago, soit irrationnel, mais ses créatures sont des êtres parfaitement rationnels, on peut déduire tous leurs actes, comme une formule mathématique ; on peut les expliquer par l’intérêt, la cupidité, la paresse, la volonté de piussance, la concupiscence, la lâcheté, telle ou telle satisfaction instinctive, ou en dernier lieu, en désespoir de cause, une folie quelconque – paranoïa, manie dépressive, pyromanie, sadisme, masochisme, mégalomanie démiurgique ou autre, nécrophilie, que sais-je encore, par laquelle des nombreuses perversités, et peut-être toutes à la fois, en revanche, dis-je vraisemblablement, écoutez-moi bien, ce qui est réellement irrationnel et qui n’a vraiment pas d’explication, ce n’est pas le mal, au contraire : c’est le bien. »
Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas, Imre Kertész p. 52-53