Finance, perversion et esthétique

Le pervers, c’est bien connu – enfin, c’est de moins en moins connu à notre époque de mécompréhension chic de la psychanalyse (des gens qui sont très loin d’être des imbéciles n’y entravent cependant que pouic !) – se considère au-dessus des règles qui s’appliquent au commun des mortels. Exemple : la drogue détruit un être humain en quelques années – « Sauf moi, bien entendu ! ».

J’ai repensé au pervers en lisant un mail largement reproduit par la presse ce matin : l’envolée lyrique de Mr. Fabrice Tourre, l’inventeur fabuleux d’ABACUS 2007-AC1, le CDO fabuleux lui aussi qui entraînera dans la tombe la fabuleuse firme Goldman Sachs (si la justice est de ce monde, ce qui n’est pas garanti bien entendu) :

« De plus en plus d’effet de levier dans le système. L’édifice tout entier peut maintenant s’effondrer à chaque instant… Le seul survivant éventuel : le fabuleux Fab… debout au milieu de toutes ces opérations exotiques, complexes, hautement leviérisées, qu’il créa sans nécessairement saisir toutes les implications de ces monstruosités !!! »

Comment mieux illustrer une telle toute-puissance triomphante pour laquelle la sanction prosaïque de la prison constituerait une réponse absolument incongrue, car à ce point étrangère à la puissance esthétique de la chose elle-même, sinon par quelques chansons générées par la fabuleuse Fabrique d’Andy Warhol : le Velvet Underground et son incomparablement décadent Lou Reed.

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146 réponses à “Finance, perversion et esthétique”

  1. Avatar de edith
    edith

    Quelques fois je passe de longs moments à essayer d’explorer mentalement l’univers de ceux qui pour moi font partie des génies.
    Est il seulement envisageable qu’ils aient les mêmes repères que le commun des mortels ?
    De nombreux exemples nous répondent que non.
    A partir de là, quelles souffrances doivent ils endurer lorsqu’ils essayent de communiquer avec nous, lorsqu’ils nous disent voilà ce que je suis, ce que je ressens, et que par incompréhension nous les marginalisons.

    Oltre le dolcezze dell’Harry’s Bar

    e le tenerezze di Zanzibar

    c’era questra strada…

    Oltre le illusioni di Timbuctù

    e le gambe lunghe di Babalù

    c’era questa strada…

    …Quetsa strada zitta che vola via

    come una farfalla, una nostalgia,

    nostalgia al gusto di curaçao…

    …Forse un giorno meglio mi spiegheró … ….

    …Et alors, Monsieur Hemingway
    ça va ?

    Paolo Conte

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      Après l’aire des Zal Capones, l’air des avocats al’kimists????!!!!
      La mer efface sur le sable des dents de sa mère les pas d’ Hemingway désuni.
      Sécession de commerce. Bella ciao!!!
      Merci comilitone. C’est simple la vie quand on a la conscience du dérisoire.

    2. Avatar de pineda
      pineda

      Comme c’est bien écrit…

    3. Avatar de taotaquin

      @ edith:

      « Toute supériorité est un exil » (Chateaubriand)

      ou encore:

      Nul ne peut voir par-dessus soi. Je veux dire par là qu’on ne peut voir en autrui plus que ce qu’on est soi-même, car chacun ne peut saisir et comprendre un autre que dans la mesure de sa propre intelligence. (Schopenhauer)

    4. Avatar de edith
      edith

      @ Taotaquin

      Nul ne peut voir par-dessus soi. Je veux dire par là qu’on ne peut voir en autrui plus que ce qu’on est soi-même, car chacun ne peut saisir et comprendre un autre que dans la mesure de sa propre intelligence. (Schopenhauer)

      essayer de dépasser ses propres limites peut être un but en soi … comme par exemple de ne pas s’en tenir à un tel dictat.

      Peut être que cette voix (celle de Gérard Jorland) vous parlera mieux que la mienne :

      La recherche intellectuelle doit rester une aventure, même à l’université. La seule chose à encourager, c’est la prise de risque. Qu’on laisse les gens penser ! »
      Gérard Jorland

    5. Avatar de taotaquin
      taotaquin

      @ edith:

      « Explorer mentalement l’univers des génies » est pour moi une chose impossible. Je suis admiratif, ou perplexe, et submergé par tant d’émotions. Mais surtout, je me sens absolument dépassé, comme illuminé, ou vertigineux face à tant de profondeur.

      Qu

    6. Avatar de taotaquin
      taotaquin

      @ edith:

      « Explorer mentalement l’univers des génies » est pour moi chose impossible. Je suis admiratif ou perplexe, submergé par tant d’émotions et d’intelligence, de clairvoyance. Mais surtout, je me sens absolument dépassé, comme illuminé, sans voix face à tant de profondeur.

      Quant à « laisser les gens penser », je ne vois pas comment les en empêcher. Et c’est très bien comme ça. Mais il n’est pas possible de dépasser nos propres limites, par définition indépassables.

      Evidemment je vous parle depuis ma thébaïde, suspendue entre les branches et les nuages, en pleine forêt.

      Dans le monde tout tend à me faire descendre, dans la solitude tout tend à me faire monter, a écrit superbement Chamfort. J’imagine qu’il doit être possible d’être « empêché de penser » dans certains endroits, mais je ne les connais pas, quittant rarement mes oiseaux forestiers!

      Amicalementao depuis l’orée

    7. Avatar de edith
      edith

      @taotaquin

      Explorer mentalement l’univers des génies » est pour moi chose impossible. Je suis admiratif ou perplexe, submergé par tant d’émotions et d’intelligence, de clairvoyance. Mais surtout, je me sens absolument dépassé, comme illuminé, sans voix face à tant de profondeur. »

      Je crois que nous ne parlons pas de la même chose.

      Lorsque j’écris « explorer mentalement l’univers des génies », je ne parle évidemment pas de l’univers de leur création (j’en serais bien incapable), mais bien évidemment de « l’univers » dans lequel ils ont baigné, celui qui les a fait tels qu’ils sont à travers leurs œuvres.

      Communément, on peut dire « essayer de se mettre à leur place »…

      Pourquoi cette déchéance chez Lou Reed ? qui est totalement magnifiée par sa musique.
      Son adolescence nous donne peut être une clé de la réponse, après, chacun fait ce qu’il veut.
      En ce qui me concerne, j’essaie de vivre mentalement ce qu’il a vécu, et de fait, sa musique, même la plus difficile arrive à m’imprégner.

      ps. bien sûr que l’on peut dépasser ses limites, elles sont d’ailleurs faites pour cela (j’en parle en connaissance de cause, ayant pratiqué le sport en équipe).

    8. Avatar de taotaquin
      taotaquin

      @ edith

      On peut « tendre » vers ses propres limites, pas les dépasser. C’est ce qui me sidère à chaque fois qu’un sportif vient disserter sur ses propres exploits. Outre que j’abhorre la performance sportive et exècre l’esprit de compétition, je trouve que cette époque à l’agonie déborde de superlatifs hilarants pour commenter le moindre lancer de l’i-pad ou la victoire des bleus sur les verts en jokari.

      Je dois bien admettre que je sautille régulièrement sur les sentiers moussu, mais l’idée même d’un quelconque chronomètre ou classement général me dépasse. Je pense qu’il est temps de mettre un terme à cette frénésie de podiums si l’on veut améliorer la société… Nous n’en prenons pas le chemin. Nous finirons donc après avoir colonisé tout l’espace disponible, grands vainqueurs du trophée du culte de la performance: droit-dans-le-mur-médaille-d’or-des-yeux-fermés.

      – Ah mais vous êtes pessimiste, vous !

      – Pas du tout, je regarde les informations télévisées, de temps à autre…

    9. Avatar de timiota
      timiota

      @taotaquin

      Vous n’aimez pas les superlatifs et les podiums.
      Je vous en fais crédit, nous en crevons, et nous grévons d’un « complexe d’infériorité » une grande partie de la population.

      Mais on ne se débarrassera pas plus des chiffres que Adam et Eve de la pomme. Nous avons goûté le fruit de cet arbre là, et depuis (depuis 8000 ans environ) , nous en subissons les conséquences (dont l’esclavage pour dette depuis 3500 ans).

      Malheureusement, cela ressort d’un processus profond. Je crois qu’on peut faire l’analogie avec le rôle de l’écriture et la présentation par Derrida qui en est faite (de la grammatologie, le concept de grammatisation étant repris par Stiegler) :

      Notez le passage  » ce qui force la pensée au point d’une adhérence… » : le chiffre en fait autant.

      « La littéralité est non seulement l’instance de la lettre (Lacan, Freud) mais encore ce qui force la pensée au point d’une adhérence qui la laisse sans ombre, sans ombre identique à la plus confuse des ombres, précisément (tout se renverse en ce point si on tient compte de la disqualification qui corrompt toute métaphore du visible).  »

      On ne réchappe à ce poison que par un corset plus fort, celui qui lie nos pulsions et fait de nous des êtres civilisés. La malédiction du nombre est domptable. Avec les reste de justice et de son corollaire, la honte de l’injustice. encore faut-il en avoir conscience.

    10. Avatar de ric
      ric

      //Nul ne peut voir par-dessus soi. Je veux dire par là qu’on ne peut voir en autrui plus que ce qu’on est soi-même, car chacun ne peut saisir et comprendre un autre que dans la mesure de sa propre intelligence. (Schopenhauer)//

      Je ne sais pas si c’est la référence de Paul Jorion à la psychanalyse ou l’actualité (Onfray, « le Crépuscule d’une idole »), mais cette citation de Schopenhauer me fait penser à celle d’un beaucoup moins illustre, psychanalyste de son métier et dont j’ai oublié le nom, qui disait de manière très pragmatique qu’un psychanalyste ne pouvait accompagner son « patient » au-delà de la route où il avait lui même été. Curieux qu’encore aucun de ces génies n’ait pensé à un diplôme de la sagesse…

  2. Avatar de jf coffin
    jf coffin

    Le pervers a la particularité de ne pas souffrir des conséquences de ses actes voire même d’en jouir… Il côtoie lui-même un certain nombre de personnages que la psychanalyse pourrait qualifier de sujets supposés savoir, les fameux économistes qui, à l’instar des sociologues nous perçoivent comme des êtres sans signification propre, « gens », « agents », « consommateurs »….
    Cela étant dit, certains pourraient objecter comme nous l’enseigne « la fable des abeilles », que le vice peut-être source de richesse et qu’à ce titre il ne souffre d’aucune critique…

  3. Avatar de olivier
    olivier

    Oui mais Lou Reed n’a détruit la vie de personne. Il illumine le quotidien d’une lueur étrange et nécessaire.

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      La médium-de-velours-attitude a très souvent détruit, et le médium, et son publique.
      Comme les mots, la musique tue.

    2. Avatar de olivier
      olivier

      je ne comprends pas quand vous parlez de « médium-de-velours-attitude »…

    3. Avatar de Pierre
      Pierre

      The Velvet Underground : du nom d’un ouvrage traitant de sado-masochisme que Reed tenait de Tony Conrad.
      La résistance de velour pèterait donc dans des fauteuils de cuir…..

  4. Avatar de Eomenos
    Eomenos

    Y a vraiment quelque chose de singulier qui vient de se produire : Goldman Sachs parvient à faire chanter Paul Jorion !

    Aurais-je trop fumé la moquette de volcan ?

  5. Avatar de taotaquin
    taotaquin

    Je soupçonne Michel Omphray – le « pouic » du moment – d’avoir irrité les mânes lacano-freudiennes avec son dernier livre (L’affabulation freudienne), lesquelles, non dénuées d’humour cendré, ont probablement titillé l’Eyjafjöll islandais pour obscurcir davantage le nord la vieille europe.

    « Le désir d’être un volcan », a écrit Omphray … très bien rétorqua Lacan, et bien obscurcissons !

    Il ne vous reste plus qu’à partir à la rame.

    PS: C’est une réelle joie que de réécouter Lou Reed, puis de le voir cité aux côtés de Goldman Sachs: comme les deux faces du même monde dont on ne sait si on doit l’aimer pour sa décadence et ses excès ou le haïr pour la même raison…

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      L’under-ground n’est pas toujours de velours mais plutôt d’ampoules aux mains.
      C’est loin cette ‘Amérique qui attaque nos falaises et cloue nos avions au sol.
      Rame, rameurs ramons. « Comme un volcan devenu vieux mon coeur bat lentement la chamade, la lave tiède de tes yeux coule dans mes veines malade ».

      Les pauvres peuvent-ils être libertins ? Quelles leçons sur les hommes un chat peut-il donner ? Dans quelles circonstances Socrate va-t-il à l’abattoir ? Que disent les prostituées aux philosophes ? Quid de la pourriture de l’oeuvre en soi ? Quelles relations entre stupre et stupeur ? Quelle âme ont les pousse-pied lisboètes ? Comment vivre au pied d’un volcan ? Mondrian aide-t-il à comprendre Venise ? Qui préférer : Eve, Pénélope, Carmen ou Marie ? Y a-t-il une date pour le suicide d’un nietzschéen ? Que serait une philosophie du panache ? Où peut-on légalement brûler des ouvriers ? Dans quelle ville est la tombe du prince des dandys ? Que peut-on écrire du corps de son père ? En quelle compagnie Maître Kant erre ? Y a-t-il une raison moléculaire ? Qu’est-ce que le syndrome de Gênes ? Quelles mythologies comparées pour l’eau ou le pétrus ? De quelle façon peut-on fixer des vertiges ? Quel écrivain désirait être un volcan ? Comment sculpter de l’énergie ? Faut-il remplir les cercueils de livres ? Une érection peut-elle être un auxiliaire de connaissance ? Don Juan a-t-il trouvé son inspiration capitale dans les arènes ? Que veulent les femmes ? Le libertinage est-il toujours de droite ? Qui a écrit Ainsi parlait Tarass Boulba ? Madame Claude a-t-elle lu Baudelaire ? Où peut-on visiter le cimetière des plaisirs ? Comment peut-on aimer Diogène et de Gaulle ? Pourquoi les pessimistes sont-ils des poseurs ? A quoi ressemble l’odor di femmina ?

      Sur tous ces sujets, Michel Onfray apporte ses réponses – qui sont autant de chapitres de ce livre qui peut, et doit, être lu comme un journal hédoniste.
      http://livres.fluctuat.net/michel-onfray/livres/le-desir-d-etre-un-volcan/

    2. Avatar de Crapaud Rouge

      Pour relativiser la pulvérisation de Freud par Onfray, (à mon goût trop fulgurante pour être honnête), on peut lire la réplique de Roudinesco : Roudinesco déboulonne Onfray.

    3. Avatar de Pierre
      Pierre

      La drogue détruit un être humain en quelques années – « Sauf Freud, bien entendu ! »….

      Vendredi soir, Michel Onfray est venu présenter chez FOG son nouveau livre.
      http://www.agoravox.tv/culture-loisirs/culture/article/onfray-denonce-l-imposture-freud-25922

      Après la finance, l’état, le Vatican, un nouveau pilier du vieux monde serait-il en train de s’allonger de tout son long? Beaux débats en perspective ici et ailleurs!
      Dommage pour le « pouic » que je suis qu’un « vulgarisateur » comme Paul ne soit pas invité au débat qui aura lieu cette semaine sur la même chaine entre Onfray et des « psychanalystes de renom », pour la sortie du bouquin.

    4. Avatar de Krym
      Krym

      Taotaquin, je ne sais pas de quoi on peut soupçonner Michel Onfray ( quel lapsus calami vous fait écrire « Omph… »-ray?), toujours est-il qu’il était Freudien et Marxiste à l’époque de son « traité d’Athéologie » tout en étant Nietzschéen ( de gauche s’il vous plait)…comprenne qui pourra. Roudinesco n’a sans doute pas grand mal à le dégommer, elle s’est déjà fait la main avec ses fausses réponses au  » Livre Noir de la psychanalyse ». Sur la conjuration Freudo-chic du Monde des Livres auquel collabore Roudinesco se référer à « La Face Cachée du Monde ».

    5. Avatar de taotaquin
      taotaquin

      Je soupçonne le Grand Schtroumph Emphatique Omphray de vouloir reprendre le titre de « sommité des certitudes » à Luc Ferry. Ce qui n’est pas une mince affaire…

      Ah, la compétition cathodique… vivement la haute définition. Plus l’image est nette et plus la pensée s’amollit. Vivement demain: on dansera.

  6. Avatar de coucou
    coucou

    « Take a walk on the wild side de Lou Reed me fait penser à cette période « trendy » des 70’s d’Andy Wharhol et sa bande … pour moi, une autre imposture,très américaine, d’un « pop art » plus mercantile que créatif ….. Goldman Sachs et Andy Wharhol stars du « make up » New Yorkais pour esprits perdus ou corrompus.

  7. Avatar de La Gaule, 2ème classe
    La Gaule, 2ème classe

    Cher Paul,

    Je fais partie des gens qui n’entendent que pouic à la psychanalyse, non pas parce que c’est chic mais parce que c’était trop cher, et d’autant plus cher que c’était trop long.
    Donc j’ai lu Freud comme le Père Goriot, en livre de Poche, et regrettant –amèrement au début et vaguement par la suite- de ne pas être né bourgeois à Vienne il y a cent vingt ans, plutôt que jeune traîne-savate sollicitant un financement à la sécu par lettre recommandée avec AR.
    Le catalogue du Livre de Poche étant complet, j’ai lu Nietzsche aussi, et je l’ai goûté pour la musicalité de sa philosophie. Il est probable que pour le reste je n’y ai entendu également que pouic. Mais l’époque était à la musique, qui explosait de partout, et aussi à l’explosion insidieuse de la volonté de puissance de chacun, ce dont je n’avais pas encore conscience, pétrifié dans mon train de banlieue par la prose impétueuse du génial moustachu.
    Par la suite, et j’éprouve le même malaise face au sujet de votre texte, je me suis toujours méfié de l’étrange fascination des gens de ma génération pour Nietszche (surtout avec les casseroles qu’on lui a mis dans le dos à tort ou à raison en regard de certaines séquences historiques), de même du reste que pour certains grands apôtres du désir comme Deleuze.
    Votre fabulous Fabrice me fait penser à l’architecte du film de King Vidor « Le Rebelle », qui lui aussi magnifie son époque en construisant des tours de verre qui montent jusqu’au ciel comme des cours en bourse. Peu importe les contingences de la masse, puisqu’il s’arroge aussi le droit de détruire ses propres œuvres à la dynamite s’il en juge la traduction concrète non conforme à son génie créatif et, comme vous l’exprimez si bien, « à la puissance esthétique de la chose ».
    Certaines formules du discours prêche qui clôture le film (les films américains, comme les messes, se terminent souvent par un sermon) sonnent tout de même un peu pouic à nos oreilles de rebelles déchus, qui de temps à autre doivent encore se plier à la corvée des urnes :

    « The first right on earth is the right of the ego. Man’s first duty is for himself. His moral law is never to place his prime goal within the persons of others. His moral obligation is to do what he wishes, provided his wish does not depend primarly upon other men” etc.

    Ce film fut tourné en 1949, à une époque ou les rebelles étaient encore isolés. L’heure n’avait pas encore sonné de la « rébellion de masse », c’est-à-dire de l’individualisme narcissique et furieux accompagnant immanquablement la consommation de masse. Mais Gary Cooper n’allait pas tarder à passer le témoin à James Dean, et l’art de masse s’individualiser ensuite encore plus en passant de l’industrie cinématographique à l’industrie musicale.
    La voie était donc libre pour tous les esthètes du n’importe quoi, ceux dont l’ego démesuré prédisposait à élever le n’importe quoi au ciel de l’esthétisme, cela au détriment de la masse des individus, toute aussi velléitaire mais moins douée (ou plus con).
    Commerce planétaire de bouffe, de pétrole, trafic international maffieux ou produits financiers au carré, il semble donc bien –et votre texte en est un vivant exemple- que la prophétie de Gary Cooper se soit réalisée, et que rien n’ait échappé à la grandeur esthétique, au profit de quelques-uns et au détriment de tous.
    Le rock et ses variantes cousines aura été finalement le bruit de fond de cette stupéfiante transformation. Insister sur le côté décadent de tel ou telle de ses représentants (es) n’a pas beaucoup de sens, dans la mesure ou toutes ces musiques se voulaient déjà esthétiquement décadentes par rapport aux autres formes musicales qui leur préexistaient.
    Surtout elles ont constitué la forme artistique par excellence d’un système de civilisation qui portait la décadence dans ses gènes, au point de la magnifier jusqu’à l’obsession dans ses structures esthétiques.
    De là ce qui me parait être le vice de forme incurable de cette espèce de névrose musicale (que vous évoquiez Lou Reed deux paragraphes après Freud ne me surprend guère), son impossibilité de prétendre à l’intemporalité.
    N’en déplaise à ses inconditionnels (et j’en suis un, ne vous méprenez pas sur mes sentiments), il n’y aura jamais de rockers intemporels comme il y a eu des romanciers, des peintres, ou des compositeurs classiques intemporels. Depuis en gros la fin de la seconde guerre mondiale (le plan Marshall, date importante dans l’américanisation musicale du monde), chaque génération aura connu sa génération du rock, chacune marquant, à la manière d’une étape, le paradoxal triomphe d’un processus de décadence.
    Le caractère imprévisible du basculement financier du monde durant la même période, aura conduit les générations à réinventer les unes après les autres la scène musicale de la décadence, ne laissant dans le meilleur des cas qu’une sorte de tribune d’honneur aux musiciens antérieurs. Je ne crois d’ailleurs pas que le rock puisse survivre à un effondrement du système.
    Lorsque Lou Reed se démarqua du Velvet, ma génération, qui n’était déjà plus la vôtre, attendait autre chose, parce qu’une époque (celle heureuse des années soixante) se terminait inexorablement, et qu’une autre étape, plus sombre, du processus mortifère commençait.
    Nous fûmes alors nombreux à nous retrouver dans les cris de rage des gosses déjantés de la fin des années soixante dix, lesquels jetèrent leur « hate and war » au visage « peace and love » de la génération d’avant (je me suis souvent amusé au cours de ces dernières années à repérer cette fracture encore visible dans les commentaires de votre propre blog).

    Les générations ultérieures auront donné aussi de très grands groupes de rock, puisque rien ne s’opposait à ce que de nouveaux marqueurs musicaux de la décadence ne leurs permettent de sortir du lot.
    A l’heure de la très grande crise financière et systémique, je suis moi-même forcé d’admettre que les gens qui ont vingt ans de moins (entre trente cinq et quarante ans) sont mieux à même de se reconnaître dans ceux qui suivent (5ème génération du rock, et merveilleux musiciens, il suffit de les écouter et de les regarder), que dans les Clash (4ème génération) et à fortiori Lou Reed (3ème génération) et à fortiori les Beatles (2ème génération) et à fortiori Elvis (1ère génération). Et je ne parle pas des plus jeunes encore…

    Au bout du compte, il y a tout de même quelque chose de plaisant dans votre texte, c’est la manière dont vous introduisez « l’incongruité », c’est-à-dire le cheveu sur la soupe de l’esthétisme triomphant. L’incongruité, soit la tape amicale de la déesse Décadence qui se rappelle à notre bon souvenir béat, sonne effectivement le dur réveil de toutes nos anesthésies mentales.
    La crise des subprimes fut parfaitement incongrue, de même que jadis Mussolini trouva sans doute incongru de se retrouver pendu par les pieds sur une place publique après tant d’émotions triomphantes (je vous rappelle au passage que le fascisme fut aussi un mouvement esthétique).
    Il paraîtrait donc bien incongru que votre fabulous Fabrice se retrouve au gnouf, autant pour nous, qui avons perdu toute illusion sur la pureté intentionnelle de nos systèmes judiciaires, que pour l’intéressé, lequel au contact des paillettes a du perdre la vilaine habitude d’écraser ses puces.
    L’actualité géographique nous donne d’ailleurs -heureux que nous sommes et dure année pour les écologistes (à tout point de vue)- un miraculeux exemple d’incongruité majeure, sous la forme d’un champignon volatile sorti du fond des âges volcaniques, celui que l’on pensait confiné à nos albums d’enfance.
    Espérons que cette colère des dieux ne dure pas trop longtemps, au point de mettre définitivement à mal nos compagnies aériennes déjà mal en point par les temps qui courent.
    Imaginez un peu une nouvelle mouture du G20 –avec la régulation financière mondiale comme enjeu- en un endroit vers lequel les importants convergeraient du monde entier par bateau (Amsterdam serait l’idéal, ils pourraient finir le trajet en péniche).
    Là, pour le coup, cela ferait vraiment incongru ! J’ai même prévu une nouvelle étiquette pour la chose : « Le vent du globe ».

    Amicalement.

    1. Avatar de pineda
      pineda

      le film de Vidor est l’adaptation de The Foutainhead d’Ayn Rand, maîtresse à penser de tant de néo-conservateurs et d’Alan Greenspan ! Que le monde est petit !

      M. Jorion a dû entendre parler d’elle.

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Ayn_Rand

    2. Avatar de Fab
      Fab

      La Gaule, 2ème classe : bonjour !

      Et merci pour cette belle chronique musicale.

      Peut-être pourriez-vous m’aider à répondre à une question qui me turlupine…Connaissez-vous ce film : http://www.lacausedupeuple.com/documentaires/2009/10/03/servitude-moderne-esclave-systeme-totalitaire-marchand ?

      Voici la question : pourquoi cette « musique » (les constats du film et pas nécessairement les conclusions sur l’attitude à adopter) ne « prend-elle » pas, pourquoi chacun se persuade avoir conscience de la perversion du système et se réfugie pourtant dans la perversion d’une particularité dudit système ?

      Sûr qu’à ce rythme-là nous ne sommes pas prêts de connaître un rocker trans-temporel !
      http://www.dailymotion.com/video/xll7r_jesus-revient_fun

      Merci.

    3. Avatar de Alain A
      Alain A

      La Gaume
      Pour quelqu’un qui n’entrave que pouic à la psychanalyse, dire fort à propos « l’individualisme narcissique et furieux accompagnant immanquablement la consommation de masse » cela me me laisse rêveur. De plus, détecter les représentants temporels du « peace and love » et ceux du « hate and war » au travers des commentaires sur le blog, cela révèle quand même un art consompé de la lecture psy entrer les lignes. Avanceriez-vous masqué James « with a cause » Dean ?

    4. Avatar de La Gaule, 2ème classe
      La Gaule, 2ème classe

      @ Fab

      Merci pour la vidéo, que je connaissais, mais je n’ai pas de réponse à votre question ô combien complexe !
      Je me suis simplement demandé pourquoi certaines formes de culture de masse –j’ai pris l’exemple du rock- participait tant à la perversion générale, alors qu’elles sont paradoxalement capables de catalyser des émotions qui elles ne manquent souvent pas de grandeur (d’où sans doute aussi l’inconfort moral notoire de nombre d’artistes de rock).
      J’ai dit aussi qu’il y avait maintenant de grande chances pour que la force des évènements nous dépasse, nous, nos fiertés dérisoires (nos « étendards » comme dirait Saint Naz), et nos jeux culturels pervers. Peut-être alors retrouverons nous le sens de la beauté hors des formes industrielles actuelles ?
      Sinon, méditez sur ce que disait Pasolini peu avant son assassinat : « Le fascisme d’hier est mort, ce qui rend d’autant plus vain l’antifascisme. Le fascisme d’aujourd’hui est la société de consommation et son idéologie hédoniste ».

      @ Alain A.

      J’ai expliqué que j’avais lu Freud superficiellement quand j’étais jeune et que j’ai prétendu m’en affranchir ensuite à cause d’expériences personnelles malheureuses. Il faut croire que cela n’a pas été suffisant puisque je me retrouve à faire de la psychanalyse sans le savoir comme Jourdain de la prose. Peut-être que lorsque l’on a lu et relu avec passion un livre comme la Culture du Narcissisme de Lasch, le grand soleil freudien vous a réchauffé malgré vous sous votre armure ?
      Sinon il est évident pour moi que les gens nés dans la décennie cinquante, en général, ont commencé à ne plus penser de la même manière que ceux nés au cours de la décennie précédente (et cela a été bien sûr encore plus vrai pour les générations suivantes). Il est vrai maintenant que le blog de Paul, en « prenant de la bouteille » au fil du temps, s’est homogénéisé intellectuellement. Cette cassure est donc moins ou peu perceptible dans ce que je peux y lire aujourd’hui.

    5. Avatar de Fab
      Fab

      La Gaule, 2ème classe,

      Merci et au plaisir.

  8. Avatar de Phil de Saint Naz
    Phil de Saint Naz

    L’ignorance est actuellement du plus grand chic.

    Toutes les époques de troubles portent l’ignorance avec fierté comme un étendard. Malheur aux lettrés d’Al Andalous!

  9. Avatar de François Le Sombre
    François Le Sombre

    Abacus : (math. 🙂 Abaque, table de calcul,

    Mais aussi :

    Abacus : sorte de sceptre que portait le Maître des Templiers…

    Curieux….

  10. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    Un bon Anthropologue pour la société, pour l’autre ne devrait pas toujours je pense cantonner sa pensée, sa conduite, son observation sur la seule étude des plus grands specimens du monde de la finance que signifie logos et être humain de nos jours, lorsque l’étude et l’observation de la crise ne se résume qu’à étudier principalement l’attitude masculine des gens de pouvoir sur les marchés ou à la tête des plus grands banques américaines.

    Autre Exemple : la perverse, la vilaine, la mal-satisfaite sexuellement et intellectuellement, la frigide, l’acariâtre, la mal aimée, la divorcée, la grande malade de son travail, travailler plus pour gagner plus, l’autre bête bureaucratique de plus quoi, ne pourrait-elle pas faire partie aussi de temps en temps de nos échanges, surtout en période de crise et d’excès de pouvoir sur pas mal de gens, sans doute pas assez de règles Mr Jorion à faire davantage davantage entendre aux autres, Mon Dieu, mon Dieu pas toujours cela quand même à l’égard des gens.

    Comme quoi une plus grande Bête sur les marchés peut très bien aussi en cacher une autre autre part. Mais non on préfère toujours dire aux gens que le mal d’une société vient principalement des hommes travaillant en bourse où en Amérique.

  11. Avatar de Karluss

    la décadence de Lou Reed est récupérée par le système, il fait partie des classiques. Ce mec, c’est d’abord une voix magique, et il n’est plus perçu comme un décadent, mais comme un artiste.
    pour Warhol, alors oui pour le snobisme chic…

  12. Avatar de luami

    Bonjour à tou-te-s et Merci,

    « Anti-dédicace au pervers ! »

    Quand le pervers devenu chic
    Pour fréquenter la vie d’artiste
    Touche de trop près des masses de fric
    On sait bien pourquoi il persiste !

    Quand Mère Nature se fait entendre
    Pour réveiller quelques esprits
    Elle choisit d’envoyer des cendres
    Plus haut que n’importe quel mépris !

    Quand l’incompétence de routine
    Ne se cache plus et fait la Une
    Elle roule les gens dans la farine
    Qui n’ont plus qu’à compter les prunes !

    Puisse l’être humain être inspiré
    Par tant de chaos sur la Terre
    Pour se remettre à respirer
    Comme tous les poissons de la Mer !

    Quand la merbleue …
    à suivre !

    luami
    Bon voyage dans la Vie !
    http://luami.viabloga.com

    1. Avatar de Alain A
      Alain A

      Pervers, chic, le tout en vers, cela m’a rappelé Jane et Gainsbarre

      Les dessous chics
      C’est ne rien dévoiler du tout
      se dire que lorsqu’on est à bout
      c’est tabou

      les dessous chics
      c’est une jarretelle qui claque
      dans la tête comme une paire de claques

      les dessous chics
      ce sont des contrats résiliés
      qui comme des bas résillés
      ont filé…

      Et oui, les contrats ont été résilés,
      les filous ont filé
      et les paires de claques les ont manqués…

  13. Avatar de Jaycib
    Jaycib

    La plainte de la SEC a de fortes chances de ne pas aller loin car ce n’est qu’une plainte au civil. A la fin du processus, GS devra peut-être verser des picaillons (en faible quantité au regard de ce qui s’est passé) au régulateur boursier américain, mais, à mon avis, ça s’arrêtera là. Pour que les choses se corsent, il faudrait que les clients en chair et en os se liguent pour porter plainte au pénal. Ca se fera peut-être, mais qui ont été ces clients, sinon des personnes ‘morales’ elles-mêmes soucieuses de se faire du flouze aussi rapidement que possible, et quelles que soient les conditions?

    L’architecture du système en serait-elle pour autant menacée? That is the question.

    La question de la perversité de Fabrice Tourre (et des autres participants à l’escroquerie) est intéressante. Mais vous verrez qu’en fin de compte, les pervers essaieront de se faire passer pour des défenseurs du système, des kamikaze de la finance qui se seront (partiellement) sacrifiés sur l’autel de la libre entreprise financière, des intégristes à la Al-Qaeda en quelque sorte. Mais même leur mort n’entraînerait pas la chute du salafisme hyperlibéral.

    La vraie question est celle de la capacité des Etats et de leurs entités administratives à mener un combat inlassable contre la haute finance (pas seulement GS…) dans un contexte de faiblesse politique. Aux USA, il y a quelques signes qu’Obama et les membres de son entourage progressiste ont repris du poil de la bête. Mais ce ne semble être le cas nulle part ailleurs. Une lutte à mort a été engagée souterrainement entre le pouvoir politique et le pouvoir financier, et je vois pas comment, dans le contexte actuel, le premier pourrait l’emporter, même s’il faut tout faire pour le soutenir dans ce combat douteux. A l’heure actuelle, USA exceptés, je ne vois pas beaucoup de signes d’une volonté de combattre, certainement pas en Europe. Ailleurs, le problème est-il même posé?

    1. Avatar de charles
      charles

      Lire le point de vue de Simon Johson sur le sujet, publié aujourd’hui. Par ailleurs je rajouterais
      que l’Attorney General du Connecticut a déclaré publiquement vendredi que des charges criminelles devraient etre enreprises contre Goldman Sachs. On verra, amha, dès demain et Andrew Cuomo et le DOJ d’Eric Holder en action

      John PAULSON a besoin d’un bon avocat par Simon Johnson 18.04

      « De toutes les réactions jusqu’à présent aux différentes dimensions du scandale de Goldman Sachs, une se démarque: invité du show de Bill Maher vendredi soir, j’ai développé l’argument selon lequel John Paulson-l’investisseur qui aida à la structuration du CDO au coeur de l’affaire- devrait faire face à de nombreuses difficultés judiciaires.

      Lors du programme, David Remnick du New Yorker rappela que Paulson n’avait pas été accusé. Et depuis de nombreuses personnes argumentent que Paulson n’a rien fait de mal-que la faute est seulement du cote de Goldman Sachs pour ne pas avoir exposé toutes les informations dans le portfolio de présentation aux investisseurs qui avait concu le CDO.

      Mais ceci est une erreur sur la nature du crime ici-et aussi une mauvaise lecture de la stratégie légale de la SEC. Les ‘cibles’évidentes sont les hauts cadres de Goldman, dont nous savons qu’ils étaient très engagés dans la partie immobilière de leur business en 2007-parce que c’était une partie importante de leur travail et qu’ils étaient consicents que le marché était de facon générale en train de se retourner.

      Ou bien ces cadres étaient bien au courant des activités du “Fab”et de ses implications-ou bien ils n’avaient pas le controle effectif sur des transactions qui supposaient des risques des risques opérationnels et financiers importants pour leur organisation. Ils suivront sans aucun doute cette défense “nous ne savions pas-ligne qui s’oppose complètement à la position prise par Gerry Corrigan ( de Goldman et ex-membre de la FED NY ) quand je l’ai confronté devant la Commission Bancaire du Sénat en Février. Corrigan affirma alors que le système de gestion du risque de Goldman était le meilleur de la profession et simplement brillant.Cette dernière affirmation peut etre vraie mais la première sera mise en pièce par les avocats de Lloyd Blankfein-ils y sont contraints pour ne pas le voir derrière les barreaux.

      Et ne soyez pas confondus par la nature purement civile des accusations jusqu’ici-et le fait que la cible annoncée est seulement une transaction. Ceci est une bonne stratégie pour mettre à jour d’autres informations-pour des accusations plus larges sur des transactions du meme ordre-et ceci permet aux enquetes parlementares du Congrès de s’empiler encore plus largement.

      En ce qui concerne John Paulson, l’issue sera évidemment liée au “chemin de documents » ( ‘paper trai’). Une grande pression sera mise sur les épaules de ceux qui ont travaillé avec lui, nombre d’entre eux étant confrontés à des carrières brisées , quelle que soit l’issue.

      Voici la théorie légale à garder en mémoire. Mr Paulson ne pouvait que bénéficier massivement si les produits inclus dans le CDO étaient incorrectement évalués, i.e parce que leur véritable nature ( qu’elles avaient été choisies à dessein par Mr Paulson ) n’avait pas été révélée, En d’autres termes, les transactions de Paulson n’ avaient de sens que si elles incorporaient la fraude. Les principaux acteurs impliqués ( Paulson et les chefs de Goldman ) sont tous très intelligents, avec une expérience inégalable dans ce domaine, ils comprenaient parfaitement bien ce qui était en jeu.

      John Paulson ne fut pas l’élément déclencheur-ce fut Goldman et ses cadres qui ont soustrait des informations essentielles à leurs clients potentiels.

      Mais si le processus entier fut l’idée de Mr Paulson-s’il fut en termes légaux le maitre d’oeuvre ( évidemment il l’était, mais comment le prouver sans un doute raisonnable ? ), alors nous regardons un cas de possible conspiration de commettre une fraude. Et s’il y a eu à un moment ou un autre des conversations ou des échanges avec les cadres de Goldman, cela devra plus intéressant-alors évidemment toutes les archives téléphoniques relatives feront l’objet d’une assignation- subpoena. Mr Paulson devrait etre interdit des marchés à vie. Si cela n’est pas possible sous le régime des lois, règles et régulations en vigueur, alors elles devraient etre changées. Si cela requerrait une loi du Congrès, ainsi soit-il. La fraude est au coeur de Wall Street. Il est temps d’en finir une bonne fois pour toutes. “

      John Paulson a besoin d’un bon avocat

    2. Avatar de HW
      HW

      A propos de cette lutte contre la finance: qui va pouvoir financer la vie People des familles « royales-européennes » dans ce cas ? Doit-on prendre dès à présent des cours de charrue/tracteur/soc/élevage des chèvres (en clin d’oeil à nos amis 70’s) ?

      Allez Paul, qu’en pensez-vous ? Quand on vous interroge sur la politique française vous vous abritez derrière le « je suis belge », donc ce coup-ci, question: comment peut-on rendre « sustainable » les familles royales dépitées de n’avoir pas pouvoir pu se rendre à l’anniversaire de la reine du Danemark le week-end dernier…

  14. Avatar de lou
    lou

    Dany Robert Dufour montre comment la perversion peut être salutaire et géniale, synonyme de liberté et de défi dans une société névrosée prête à suivre n’importe quel dictateur. Mais quand la nouvelle norme, c’est la perversion même…

  15. Avatar de Jaycib
    Jaycib

    Voir le NY Times de ce jour (en anglais):

    http://www.nytimes.com/2010/04/18/business/18goldman.html?hp

    Ni la Grande-Bretagne (Royal Bank of Scotland) ni l’Allemagne ne semblent aujourd’hui prêtes à engager une action contre Goldman Sachs… Au total, il semble que pas plus d’un milliard de dollars ne pourrait être récupéré par les « clients » de GS au civil.

  16. Avatar de donnot
    donnot

    Et si la décadence des peuples se mesurait au nombre de ses lois?

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Pas faux, Donnot.

      Surtout lorsque je vois la monstruosité de pléiade de conventions collectives qui semble être une apothéose du diviser pour mieux régner.
      Et malgré le fait que chaque métier ait une spéscificité qui ne peut être négligée, une société a maintenant le droit de choisir entre 3 ou 4 conventions, et… devinez laquelle elle va choisir qui sera la plus favorable aux salariés…
      Ceci étant indépendant du DSK « socialiste » qui milite pour un contrat de travail dénitivement… provisoire. (il veut relancer sa « croissance »)

      De même :
      Vu la multiplication des spécialisations dans tous les domaines de Science Réelle.
      Vu la quantité gigantesque d’informations qu’un esprit humain normalement constitué ne peut plus intégrer sauf sur un ou des sujets ciblés.
      Vu la puissance atteinte par les outils de traitement de l’information dont certaines sociétés privées veulent récupérer le monopole. (les outils sont actuellement balbutiant voire carrément bordéliques car un outil reste un outil…)
      Vu l’exploitation à titre privé des informations sus-citées à titre commercial par l’intermédiaire des lois sur les brevets et autres titres de propriété « intellectuelle ».
      Vu la puissance investie et en cours de développement des sociétés privées qui ont à elles seules les moyens d’utiliser au mieux la puissance que ce pouvoir leur confére.

      Je demande que la Cour, dans sa haute sagesse, décide que l’humain soit jugé coupable d’accepter l’enfumage volontairement consenti.

    2. Avatar de Fab
      Fab

      La cour, à l’unanimité moins une voix, juge l’humain coupable d’avoir accepté et d’accepter encore de se faire enfumer.

      La cour, dans sa haute et quasi-infinie sagesse, s’interroge néanmoins sur la peine à prononcer. Elle se réserve donc le temps de la réflexion. Dans l’attente de sa décision, l’accusé est laissé dans sa condition actuelle, la cour estimant qu’il ne s’échappera pas.

  17. Avatar de l'albatros
    l’albatros

    Ah le velvet ! Ils ont magnifié la perversion surtout dans leur deuxième album avec sister ray (quand j’ai pu écouté 2000 fois sunday morning, celle-là j’ai dû l’écouter que deux ou trois fois en entier) mais connaissez-vous l’histoire selon laquelle la radio BBC a accepté de diffuser « a walk on the wild side » tout simplement parce qu’ils n’avaient pas compris ce que voulait dire « to give someone’s head »?
    Même Goldman Sachs n’aurait pas réussi un tel coup…

  18. Avatar de Jaycib
    Jaycib

    Intéressant point de vue de Simon Johnson (dans son blog) sur les similitudes entre la situation actuelle et les années 30, à travers un certain Pecora, qui mena l’assaut à l’époque contre National City Bank (de New York) et J.P. Morgan, et triompha. Le résultat fut le rétablissement d’une réglementation des banques américaines.

    http://baselinescenario.com/2010/04/17/pecora-moment/

    1. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      La commission Pecora a effectué aux Etats-Unis de 1932 à 1934 une enquête approfondie sur la crise de 29.

      Fernando Pecora devint ensuite le premier président de la SEC, à l’époque le principal organisme de régulation financière. En 1939, il écrivit « Wall Street Under Oath » (Wall Street sous serment), un livre passionnant dans lequel il décrivit l’enquête de la commission et où il nota  : « l’obscurantisme et les chicaneries légalistes ont été les meilleurs soutiens de la banque ».

      Phil Angelides préside l’actuelle Commision d’enquête sur la crise financière (FCIC), dont il n’est pas encore sorti à ce jour de révélations particulières, ni d’éclaircissements notables.

    2. Avatar de charles
      charles

      Simplement préciser que la FCIC, vu l’ampleur des problèmes, a une date butoir pour rendre ses conclusions, qui si mes souvenirs, sont bons, est ou était le 15 Décembre. William Black ou Karl Denninger, faisait remarquer que jamais il n’avait entendu autant de fois les mots fraudes ou négigence lors de l’audition des ex-responsables de WaMu, qui a fait grand bruit aux Etats-Unis-pour
      évoquer le plus récente-celle des ex-Citi était aussi anthologique…

  19. Avatar de François Le Sombre
    François Le Sombre

    Abacus et la fin d’un monde

    J’ai rencontré pour la première fois le nom d’Abacus en lisant l’article du NY Times du 24 décembre dernier, qui décrivait par le menu les mécanismes de ce produit, et les acteurs et produits impliqués dans ce système. L’article avait laissé sur moi, plus que de raison, une impression profonde.

    C’est qu’au-delà des faits en eux-mêmes vertigineux , les noms cités résonnaient d’un poésie sournoise : Abacus, Hudson Mezzanine, fonds Magnetar, fonds Tricadia… Pourquoi ces noms, qu’avait-on inventé là ? Ainsi, Magnetar : lequel d’entre nous irait placer des économies dans un fonds à l’intitulé aussi étrange ? Et ces dettes Mezzanines, qui font écho à l’œuvre la plus noire de Massive Attack (auprès de laquelle, qu’on me pardonne, le Velvet n’est qu’un aimable précurseur…) ?

    Mais le plus frappant reste bien sûr Abacus, d’une troublante polysémie : côté face, Abacus signifie ce qui permet de compter, calculer. Bref, l’expertise rationnelle portée à son plus haut degré. Mais côté pile ? Abacus désigne aussi le sceptre que portait le maître des Templiers . Qu’a-t-on voulu nous rappeler ?

    Les Templiers étaient devenus une puissance économique supérieure aux Etats mêmes, en étant souvent leurs créanciers. Certains voient dans le refus d’un nouveau prêt à Philippe Le Bel l’un des éléments de leur chute. La suite est connue : celle de la légende du grand maître Jacques de Molay maudissant sur le bûcher ses persécuteurs (rois et pape), s’ensuivra la période dite des « rois maudits ».

    Qui, chez Goldman Sachs, a baptisé Abacus ? Avait-il à l’esprit ce reflet lointain de notre monde, que je viens de rappeler ? Abacus était-il destiné à être ce vecteur par lequel deux mondes finiraient dans une lutte sans vainqueur, entre l’Ordre trop puissant et l’Etat affaibli pour des générations ?

    Après avoir lu le mail rapporté par Paul Jorion, je suis saisi par le doute. Et si le monde de Wall Street, saturé de sa propre puissance, ne désirait au fond que sa propre fin ? voilà qui nous ramènerait au vieux maître viennois…

    1. Avatar de Alain A
      Alain A

      François LS
      Gilles Dostaler et Bernard Maris ont écrit en, 2009 un « Capitalisme et pulsion de mort » qui s’appuie sur Freud et Keynes pour montrer que le système actuel est un concentré de pulsions de mort qui s’accumulent avec le capital. C’est souvent lumineux et terrifiant à la fois.

      Ce ne sont pas que les super gangsters de Wall street qui sont des psychopathes mais chacun de nous, quand il préfère l’accumulation de choses mortes aux liens humains vivants entre dans la logique mortifère du système. Eros n’est pas mort mais, en 2010, Thanatos est clairement aux commandes…

    2. Avatar de roma
      roma

      c’est troublant ce rapport du nom à la chose … un rapport underground ? ou plutôt celui de l’imbécile identifiant son pouvoir de vivre à sa puissante voiture ou à la convoitise que son mannequin aiguise.
      de dégoût, on dira pulsion de mort ? ou pulsion désastreuse, passion triste ? de ce rapport tellement projectif, de ne pouvoir sucer la vie que sous l’éclat d’icône, et se donner le mot qui y correspond, d’y « rétroagir », avec le privilège exorbitant d’un jeteur de sort… Pulsion de mort n’est ce pas aussi placer en épargne l’idée innocente de l’Homme, et de croire faire un sort aux choses rien qu’en les nommant…
      L’underground dit-on, le mot vient après, c’est je crois un travail dont la forme porte l’empreinte des failles bizarres du mur qu’on affronte, il s’agirait dès lors d’en saisir la lumière, de traverser avec…
      suis-je pas trop confus?

    3. Avatar de Fab
      Fab

      Mourir pour des idées, d’accord, mais de mort lente… Pourtant dans le cas de Molay il ne faut pas dépasser les cinq minutes…de cuisson.

      Étonnant non ?

  20. Avatar de Crapaud Rouge

    A voir comment ce Fabrice Tourre a l’air de se prendre pour le démiurge du système, son cas me semble plus proche de la mégalomanie que de la perversion. Pour dissiper les illusions, rien de tel qu’une réponse incongrue, dérisoire, triviale, mais bien réelle.

    1. Avatar de un animal moins égal que les autres
      un animal moins égal que les autres

      Absolument d’accord avec vous Crapaud Rouge.
      Laissons à Deleuze et autres esthètes nieztschéiens radicaux la fascination pour Sade et leur adhésion à l’idéal aristocratique de puissance sans limites qui se soucie peu des dommages collatéraux. Que Sade ait réellement causé la mort d’un certain nombre de pauvres prostituées (la plèbe) n’a bien sur pas lieu d’être mis en regard de l’Oeuvre… C’est bizarre, cela a tendance à me rappeler l’attitude des mêmes soi-disant penseurs critiques et néanmoins thuriféraires de Heidegger, qui refusent que soit évoqué le fait que jamais Heidegger ne renia son attitude sous le nazisme.
      Pour se rendre compte qu’une autre attitude était possible pas besoin d’aller chercher Walter Benjamin, la vie exemplaire de Victor Klemperer est là pour nous le rappeler… et son oeuvre de philologue et linguiste la complète admirablement. » La langue du Troisième Reich » me semble d’une lecture saine (par opposition à perverse) dans ces temps sombres…

  21. Avatar de SKINNER
    SKINNER

    En tant que fidele de ce blog et avec tout le respect que l on peut avoir pour vous ,Mr Jorion ,je trouve que vous faites preuve d un paradoxe absolue de croire en la psychanalyse ,en Freud ,en Lacan(dont vous avez eté un de ces eleves d ‘ apres ce que j ai vu sur ce blog)…Appliquez à la psychologie la rigueur et les raisonnenemnts logiques dont vous faites preuve jour apres jour sur ce blog vis a vis de l ‘economie .La France est réellemnt un des derniers bastions de la psychanalyse ,ce n est pas en son honneur malheureusement,et ce nest pas d etre d extreme droite de dire ca…..J ose croire en votre honnetete intellectuelle et j espere que vous lirez avec objectivité le livre de Michel Onfray.La psychanalyse c est de la philosophie et non une science,je sais que ca parait plus seduisant ou sophistiqué que d autres paradigmes de la psychologie (ex :les behavioristes/comportemental).

    1. Avatar de charles
      charles

      @Skinner: la question que vous posez n’est pas résolue: Le livre collectif « Vers une neuropsychanalyse ?  » aux Editions O.Jacon ou les travaux remarquables de Catherine Malabou explorent les frontières de la disciplie, d’une facon à mon avis beaucoup plus pertinente que les
      divagations de Michel Onfray. la doublure de BHL dans l’imposture intellectuelle; comme monsieur est un peu éloigné des sphères parisiennes, il a du lui échapper que le « Livre noir de la Psychanalyse »était paru en 2005

    2. Avatar de Crapaud Rouge

      @SKINNER: « La France est réellemnt un des derniers bastions de la psychanalyse ,ce n est pas en son honneur malheureusement » : c’est tout à son honneur, heureusement.

      Désolé de ne pas pouvoir vous faire une réponse plus substantielle, faute de références précises.

    3. Avatar de SKINNER
      SKINNER

      « eloigné des spheres parisiennes »….une réedition du livre noir de la pychanalyse prevu pour 2010 ce mois ci ou tres prochainement ,avec de nouveaux apports.Michel Onfray est l anti these de BHL ,rien à voir entre les deux ,ce n est meme pas comparable.On peut le constater par l ampleur que peut prendre chacun de ces livres(onfray),le milieu ou ces idées politique ,sa philosophie.Neuropsychanalyse….rien de plus absurde.il ne suffit pas de rajouter neuro ou cognitif pour avoir l air d etre au top de la psychologie.Freud est une impoture intellectuelle ,si vous suivez des cours de psychologie ,vous vous demandez « oui d accord et la prise en charge? »et là rien ,c est creux ,triste à mourir ,a part du bla bla pseudo scientifique et lorsque vous avez l audace de critiquer la doctrine on estime que vous souffrait d un pseudo complexe ou d une pulsion de mort ou que sais -je ..quel tritesse ,quel obscurantisme!On pourrait tres bien faire un parallelle avec ceux qui nous a eté bassiné avant la crise (et encore maintenant)avec la doctrine economique ,des idees comme travaillez plus pour gagner plus,leur croyance d un libre marché,de dette à l infini,des prix immobilliers qui ne pourront que augmenter ,toutes ces conceptions sur lesquels se reposaient nos politiques et economistes etc tout ce que Paul Jorion denonce peut etre appliqué à la psychanalyse et tout ce qui en découle

    4. Avatar de Krym
      Krym

      Je souscris Skinner, hormis la référence à Onfray ( Mieux de la Fermay), je regrette cet abandon de la rationalité, et ce mépris ( le « chic ») pour la critique de la psychanalyse et les avancées de la psychothérapie et de la psychiatrie.

    5. Avatar de timiota
      timiota

      Je vous appuye skinner au moins pour un cas particulier, qui est Bettelheim et la culpabilisation des parents (et mères) d’autiste. (voir aussi film de S Bonnaire, etc.)
      Les réactions sont encore assez au niveau d’une psychologie à trois francs six sous dans les CMP/CMPP de Trifouillis-les Oies, là où les choses se passent en vrai.
      Les comportementalistes n’ont peut être pas de réponse « profonde » mais ils ont une réponse pratique qui aide vraiment chacun.
      Il vaut mieux être garagiste amateur mais garagiste, que prétendre être chaman et brasser du vent.

      (ceci dit, on a comparé plus loin Fabrice T à un « démiurge ». Les démiurge étaient les artisans « garagistes » des grecs, autrefois, ceux qui savaient « comment faire » techniquement, sans être géomètres. Je retirerais à Fabrice T la dénomiation de démiurge dans cette acception, il ne savait pas comment marchait le moteur, il avait juste trouvé ou verser le nitrométhane)

    6. Avatar de charles
      charles

      @Skinner: merci pour votre point de vue. Pour mettre un terme à cet échange, il ya quelques
      semaines Marcel Gauchet accordait un entretien au Nouvel Observateur, entretien qui me semble
      plein de sagesse, compte tenu de l’age et de l éxpérience de ce méconnu car peu médiatique grand philosophe, entretien dont la lecture permet d’éviter toute hystérisation des débats.

      La psychanalyse permet de devenir soi-meme

      Par ailleurs, les amateurs de Michel Onfray ( très curieusement c’est je crois la première fois que je vois apparaitre son nom sur ce blog ) peuvent aller s’enrichir ou l’enrichir sur son site ( ou penser avec nostaligie à Bischwanger, Bateson ou Winnicott )

      http://www.michelonfray.com

    7. Avatar de Crapaud Rouge

      @SKINNER: « Freud est une impoture intellectuelle » : vous n’êtes manifestement jamais passé sur le divan. Vous parlez sans savoir.

    8. Avatar de SKINNER
      SKINNER

      Crapaud rouge: Ca doit etre ça 😉 ,j ai pas de temps à perdre autant courrir voir un astrologue…comme le dit Onfray la psychanalyse permet au mieux d’ analyser Freud et encore…demander aux familles d enfants autistes ce qu elles en pensent .suivre une psychanalyse 10 ans, 20 ans toute une vie,quel interet..allez parler a un ami vous aurez le meme resultat.interpretations sur interpretations,ridicule .C est un peu comme l art moderne ,on voit une toile entierement blanche et à posteriori on imagine les intentions de l’ auteur,où les cours de la bourse qui montent ou descendent et chacun imagine la ou les variables correspondantes.Genre en ce moment la bourse baisse : »c est la faute de Golman Sachs » et d autres non « c est le nuage du volcan islandais » etc etc..

    9. Avatar de Crapaud Rouge

      « j ai pas de temps à perdre autant courrir voir un astrologue…comme le dit Onfray la psychanalyse permet au mieux d’ analyser Freud » : désolé, mais vous m’obligez à me répéter : vous ne savez pas ce que c’est.

    10. Avatar de charles
      charles

      Tout frais ce jugement des ‘Inrocks’

      L’affabulation d’Onfray

  22. Avatar de Boson
    Boson

    La psychanalyse n’est pas une philosophie, mais une science sociale qui a pour but de nous faire découvrir nos motivations profondes ,ce qui émerge de l’inconscient ,via une pratique codifiée …

    Les thérapies comportementales ne sont pas une science non plus : elle permet à un individu de faire fi de quelques symptômes au risque de les remplacer par d’autres .

    Réfléchisses sur vos rêves , vos lapsus et actes manqués , parlez en à vos amis et vous verrez qu’à partir d’un trou de mémoire, un oubli , quand cela fait surface , c’est relié à plein de choses…

    Dans R. Vercel ,sa trilogie  » la fosse au vent  » il y a de magnifiques phrases sur les souvenirs qui semblent se mouvoir en nappes dans notre cerveau.

    Actuellement la psychanalyse a évolué vers des analyses systémiques, familiales, initiées par l’école de Palo Alto , par exemple…qui permettent à tout un groupe de se soigner sans se focaliser sur untel à problème , qui semble être le symptôme d’un dysfonctionnement famiilal , lequel peut remonter à deux ou trois générations….

    1. Avatar de Alain Loréal

      @ boson

      L’école de Palo Alto ne s’est absolument pas inspirée de la psychanalyse, trop « intellectuelle ».

    2. Avatar de Krym
      Krym

      Boson, votre deuxième phrase reprend un des poncifs des psychanalystes contre les autres psychothérapies. La notion Freudienne de symptome est strictement interne au champ de la psychnalyse et n’est pas pertinente pour critiquer des psychothérapies qui ne la reconnaissent pas, en dehors de sa définition médicale courante.
      Bien entendu les psychanalystes n’on jamais apporté le peuve d’un quelconque transfert de « symptome », mais il y a bien longtemps qu’on ne demande plus de preuve à la psychanalyse… pas assez « chic » pour elle.

    3. Avatar de yvan
      yvan

      Effectivement, Monsieur Loréal.
      L’ « école » de Palo Alto a donné la « psychologie » et la PNL (programmation neuro-linguistique utilisée dans les relations commerciales ainsi que hiérarchiques et par les sectes)

      Ainsi, en France, un psychiatre a fait des études de médecine avant de se spécialiser.

      Les psychanalystes ou autres psychologues n’ont aucune formation qui s’appuie sur une science.

  23. Avatar de Germanicus
    Germanicus

    Les francais et peut-être particulièrement les parisiens aiment Sigmund Freud. D’autres méthodes tels que la psychologie des profondeurs selon CG Jung sont devenues des orphelins. Je pense que la préférence pour Freud et la mentalité francaise sont cohérentes: le goût prononcé pour rationaliser et – permettez-moi de créer un néologisme – pour « intellectualiser » les phénomènes de l’inconscient. Freud est dépassé depuis longtemps, bien que certains de ses observations ont été vérifiées. Un iconoclaste comme Onfray est donc bienvenu, même si il a oublié de traiter une chose (chez Freud) qui était essentielle – le moteur – dans le développement de la psychanalyse freudienne. Dommage!

    1. Avatar de Marlyse
      Marlyse

      Tout le mérite de « prime » opposition à la théorie sexuelle freudienne revient d’ailleurs de droit à Carl Gustav Jung (qui fut d’abord un « disciple » de Freud). Dans un des chapitres de son ouvrage « Ma vie, souvenirs, rêves et pensées », Jung revient sur les motivations qui l’ont poussé à se séparer de Freud.

      Quant à dire que sa méthode est restée orpheline, je ne le crois pas … l’oeuvre se poursuit pour les enfants de la Sagesse à travers des ouvrages remarquables que l’on peut trouver à la Fontaine de Pierre (Etienne Perrot, Marie Louise van Franz, …) et à l’école du Rêve et des Profondeurs de Montpellier (http//www.ecoledureve.com) dirigée par Agnès Vincent et Pierre Trigano.
      Quelles sources vivifiantes pour l’âme en ces temps de sécheresse intellectuelle, de normalisation ou de médicalisation du psychique !

    2. Avatar de yvan
      yvan

      « le goût pour rationnaliser »…. ???

      RIEN chez Freud n’est scientifique. C’est de l’abstrait de A à Z. Comme pour les guérisseurs, on y croie ou pas…

    3. Avatar de Jérémie
      Jérémie

      @ Marlyse

      Sur Marie-Louise von Franz:

      Lorsqu’elle lui demanda la première fois si elle pouvait commencer une analyse avec lui – elle n’avait pas d’argent – il répondit qu’en échange elle pourrait traduire pour lui des textes latins et grecs. Il lui mit alors entre les mains un vieux grimoire datant de 1678. L’ouvrant au hasard, quelle ne fut pas sa stupeur d’y trouver – en latin – le récit d’un «grand rêve» qu’elle avait eu l’année précédente. Ce fut le début d’une collaboration qui devait durer jusqu’à la mort de Jung, en 1961.
      —————————————————————————————————————–

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      Bon courage aussi aux autres.

    4. Avatar de Krym
      Krym

      Par rapport (…) à Jung, Freud est une sorte d’Auguste Comte. La prétention de Sigmund a toujours été scientifique, même si la méthode les résultats ne le sont pas. Chez un épigone comme Lacan le bluff pseudo-scientifique l’emportera ( pseudo mathématiques, « topologie » etc…)
      Mais c’est bien l’irrationalité assumée de Jung que SF a critiqué.

    5. Avatar de Marlyse
      Marlyse

      @ Jérémy

      Parce que l’être humain commence par se rendre compte, comme une évidence, que la matière, elle seule, ne peut répondre aux nostalgies inscrites au plus profond de nous (nostalgie d’unité, nostalgie d’harmonie, nostalgie d’amour). Nous atteignons les limites de la société de consommation même si beaucoup s’y vautrent encore et risquent d’être engloutis avec elle.

    6. Avatar de yvan
      yvan

      Jérémie.

      L’analyse de risques ainsi que la statistique s’appuient néanmoins tout de même sur de l’empirisme, mais naturel.

      Ainsi, la loi normale est toujours valable dans la nature, par exemple, la croissance des plantes, sauf quand monsantos vient trafiquer des gènes.

      Il ne faut pas confondre étude de choses réelles avec projection dans l’avenir qui ne peut que laisser de coté la probabilité d’un éventuel fait.
      Sinon, on ne ferait plus rien.

      Bon, par contre, la peur de l’avenir est un truc humain courant. C’est intelligemment animal…

  24. Avatar de Jor'concept-ion

    on se sent tous immortel (sauf maladie grave …), sommes-nous pour autant tous des pervers. C’est le concept de Paul ; alors oui : des polymorphes !
    Karluss l’iconoclaste

  25. Avatar de fujisan

    Les banques mettent à nouveau la pression – Philippe Galloy, La Libre

    Les employés des banques doivent à nouveau atteindre des quotas de vente, dénonce Pia Desmet (Setca). Les syndicats manifestent ce lundi à Bruxelles.

    Entretien
    Les syndicats veulent des banquiers honnêtes. Ce lundi, ils manifesteront à Bruxelles, devant le siège de la Commission européenne, pour réclamer « une vente honnête des produits financiers » . Pia Desmet, secrétaire fédérale au Setca, nous explique les raisons de cette manifestation organisée en front commun au sein de l’UNI, l’organisation internationale des syndicats.

    Pourquoi manifestez-vous devant les institutions européennes et pas devant les banques ?

    Nous constatons que dans les jours qui ont suivi la crise, les autorités européennes ont beaucoup parlé de la régulation des marchés et de lutte contre la spéculation. Mais à présent, où en est-on ? Nous voulons cerner à nouveau les problèmes et proposer des solutions. Il faut une instance de surveillance supranationale, à laquelle les Anglais sont toujours opposés. Il faut des règles de transparence plus strictes. Il faut une autorisation européenne sur la vente d’un produit financier. Il faut créer une agence de notation européenne indépendante et publique. Et enfin, il faut une taxe sur les transactions financières, une taxe Tobin. Mais pour l’instant, nous avons l’impression de ne pas être écoutés.

  26. Avatar de Marc Peltier
    Marc Peltier

    @ Paul Jorion

    Il est intéressant de constater à quel point une simple allusion à la psychanalyse, dans votre billet, résonne parmi vos lecteurs.

    L’actualité, en l’occurence la sortie du livre de Michel Onfray, y contribue sans doute.

    Vous avez certainement des choses très pertinentes à dire sur la psychanalyse. Elles nous changeraient peut-être de la guerre de tranchées qui s’annonce, avec d’un côté Elisabeth Roudinesco en farouche gardienne érudite des trésors du Temple, et de l’autre Michel Onfray en assaillant vandale et barbare, dont les coups sont d’autant plus efficaces qu’il n’y « entrave que pouic ».

    Vous n’aimez pas trop que l’on vous réclame des sujets de débat, on s’en souvient à propos du protectionnisme. Vous avez raison, un blog n’est pas un forum, et l’initiative vous revient. Néanmoins, nous sommes sans doute nombreux à nous demander « Tiens, et Jorion, qu’est-ce qu’il en pense? »

    Alors, si ça vous dit…

    1. Avatar de Crapaud Rouge

      « Vous n’aimez pas trop que l’on vous réclame des sujets de débat, on s’en souvient à propos du protectionnisme. » : psychanalyse et protectionnisme sont des sujets trop vastes et trop vagues pour pouvoir être canalisés, ça partirait dans tous les sens comme un feu d’artifices.

    2. Avatar de Krym
      Krym

      Pas grave Crapaud Rouge, rendez-vous dans 20 ans quand nous seront tous passés sur le divan et que nous pourront parler « en sachant »! voir plus haut.

    3. Avatar de Crapaud Rouge

      « la guerre de tranchées qui s’annonce, » : avec ce bouquin comme base de départ, cette guerre promet d’être courte. C’est juste un peu d’écume qui sera très vite oubliée. Normal, le bouquin ne présente pas le moindre intérêt. Roudinesco a d’ailleurs eu tort de se fendre si vite d’une réponse, elle a activé une polémique et lui a fait de la pub.

      Non, ce qui pourrait être intéressant, c’est d’élargir le débat à ce qu’on appelle « la raison », « la science », « le rationalisme », autant de notions que l’on identifie désormais à l’efficacité. Il suffit pourtant de lire quelques grands maîtres de la littérature pour comprendre que celle-ci, bien qu’elle ne relève d’aucune science mais de l’art, serait sans intérêt si elle n’était pas imprégnée de la raison la plus rigoureuse. Mais une raison qui « ne se voit pas », et qui s’explique et se théorise très mal. Il faut lire, – et lire, c’est vivre la littérature -, pour le savoir. Bon, ben c’est pareil pour la psychanalyse.

    4. Avatar de Marc Peltier
      Marc Peltier

      @Crapaud Rouge

      Vous avez raison, mais je n’imagine pas un débat « Pour ou contre la psychanalyse? ». Ce qui m’intéresserait, c’est un éclairage épistémologique, quelque chose dans la lignée de « Comment la vérité et la réalité furent inventées ».

      Pour ma part, je vois dans la psychanalyse un champ d’une fécondité évidente, un des éclairages les plus puissants sur ce que nous sommes. Néanmoins, je trouve fondées la plupart des critiques « intelligentes », je veux dire celles qui dépassent les insultes ou l’entreprise de démolition stérile. Je suis frustré de constater que la psychanalyse produit plus de chapelles que de véritable progrès, ou de véritables acquis, alors même que beaucoup de ses « intuitions » se trouvent validées par les sciences expérimentales (par exemple l’affirmation que le psychisme n’a pas seulement une histoire, mais qu’il EST une histoire).

      Cela tient bien sûr à la nature même de la psychanalyse, et c’est précisément cela que j’aimerais discuter.

    5. Avatar de yvan
      yvan

      Vous avez pourtant la réponse dans votre question.

      La production de chapelles est en effet la marque d’une industrie qui eut son heure de gloire en brûlant des sorcières et en enrollant à tour de bras.
      Pour preuve, elle se fait concurrencer de façon trés agressive car le marché est juteux.

      L’honnêteté ne paie pas (assez). C’est bien connu.

    6. Avatar de Pierre
      Pierre

      @Crapaud rouge et quelques autres.
      « Normal, le bouquin ne présente pas le moindre intérêt. »

      « Le crépuscule d’une idole. L’affabulation freudienne » est à paraître le 21/04 aux éd. Grasset.
      Faites-vous parti des privilégiés du cercle qui ont lu l’homme qui a vu l’ours?
      Quelle impatience!!!
      Plus que trois jours…..

    7. Avatar de Crapaud Rouge

      @Pierre: si vous tenez à vous précipiter sur cet « ouvrage », faites donc, ne vous privez surtout pas ! On n’a pas de 1er Amendement mais, du moment qu’on les paie ou qu’on les trouve gratuitement sur Internet, il n’est pas interdit de lire des trucs complètement débiles. Alors n’hésitez pas, profitez-en !

    8. Avatar de Pierre
      Pierre

      @Crapaud Rouge

      N’est pas têtard qui veut au test de Binet-Simon par anticipation.
      Vous avez dût « gagner » beaucoup de temps dans la vie. Il est vrai qu’à la fin de la métamorphose, la queue tombe. C’est plus pratique pour palmer et pour sauter…. Hors la mare au diable.
      Merci à vous et à la charmante princesse Roudinesco de m’inciter à continuer à en « perdre ».
      Et au grand plaisir de continuer à vous lire sur le blog de Paul Jorion.
      Je vous raconterai mes lectures débilitantes, si toutes-fois il en reste quelque chose.

    9. Avatar de Crapaud Rouge

      @Pierre: vous avez raison, il faut lire soi-même au lieu de se fier au jugement d’autrui. Toutefois et cependant, je me permets de vous faire remarquer que SI le but est pour vous de vous faire une idée de la psychanalyse, pas seulement du bouquin lui-même, la démarche me semble à peu près aussi rationnelle que lire Professeurs de désespoir de Nancy Huston pour vous faire une idée du « nihilisme » de Shopenhauer, Cioran, Thomas Bernard, Becket et quelques autres. Dans ce livre, Nancy Huston attribue et juge le « nihilisme » de ces écrivains au fait que, n’ayant enfanté personne, ils ne connaissent pas la vraie vie. C’est très bien écrit, – et j’espère pour vous qu’Onfray écrit aussi bien, au moins vous n’aurez pas tout perdu -, mais, quand on a fini sa lecture, on ne sait toujours rien du « nihilisme ». Il est donc assez facile de lui attribuer les causes que l’on veut.

    10. Avatar de Pierre
      Pierre

      Réponse du berger haineux à la bergère charmante ;

      « Juste une remarque : le fichier qu’elle diffuse d’une manière hystérique et compulsive sur le net et qui contient cette prose scientifique (dans le sens que Freud donnait à ce mot…) a pour titre : « Roudinesco sur Onfray »… Si j’étais psychanalyste, ce qu’à Dieu ne plaise, j’y verrai quelque chose comme un acte manqué qui trahit un désir inconscient ! »

      La suite…..
      http://onfray.over-blog.com/article-roudinesco-sur-onfray-48805922.html

  27. Avatar de Alain A
    Alain A

    @Marc

    La psychanalyse est de toute évidence un sujet qui fait monter le température des échanges sur le blog. Délicat, personnel, lié au plus intime des convictions et représentations du monde de chacun. Il n’est pas innocent que Freud et ses successeurs soient plutôt du côté athée de la pensée et que Jung et ses fans soient plus du côté de la foi en quelque chose d’autre que le désenchantement du matérialisme. Le flirt de la pensée jungienne avec le New Age est très révélateur à cet égard. Ce qui est sur c’est que les deux écoles sont d’accord pour dire qu’il y a quelques chose de caché dans notre inconscient et sous la surface de nos perceptions conscientes.

    Pour ma part, à ce stade, j’ai envie de dire que s’il n’est pas certains que les diverses formes de psychanalyses parviennent à « guérir » ceux dont la vie a blessé l’âme (terme sans connotation ici), elles aident diablement à comprendre le pourquoi de nos actes individuels ET collectifs (voir le livre de Dostaler et Maris, passionnant).

  28. Avatar de lou
    lou

    Qu’importe si la psychanalyse n’est pas une science. Et, du reste, promet elle vraiment la guérison? Elle met l’accent sur la narration. Onfray ne comprend pas le rôle des mythes, comme mythes (et non pris pour la réalité). Pourtant, il est dans une totale mythologie de lui même.Il est dans l’auto-fiction.Ou, pour le dire en langage jeune, il (se) la raconte grave.On préfèrerait qu’il garde ça pour un psychanalyste.
    J’ai une autre question à Monsieur Jorion. Je n’ai pas encore lu votre livre sur l’invention de la vérité, mais je m’interrogeais sur cette épopée. François Jullien dit que finalement, « l’anormalité » est du coté européen: c’est nous qui avons posé deux plans du réel, transcendance et immanence, là où les chinois ne voient qu’une réalité: le qi. Il rappelait l’autre jour face à Regis Debray qu’un des sens de théorie était « aller voir ailleurs ». Et Debray ajoutait que les européens étaient mu par le principe ou désir d’émancipation, là où les chinois recherche l’intégration. Tout ça pour dire: la vérité, l’autre, l’émancipation, le dépassement de limites, est ce que la perversion n’est pas proprement le fruit de notre histoire?

    1. Avatar de Krym
      Krym

      Le Cru et le Qi, oui je me souviens maintenant, c’est quand Claude Levi-Strauss est allé se faire voir ailleurs…

    2. Avatar de timiota
      timiota

      On peut aussi compter le nombre de psychanalyste au Japon sur les doigts d’une main (enfin, en 2000, je n’ai pas vérifié depuis).
      Ceux que je connais n’ont pas l’air d’avoirplus ou moins de névroses à soigner que vous et moi …

    3. Avatar de Marc Peltier
      Marc Peltier

      Nous autres européens avons vécu comme enfants de Prométhée. Voleurs du feu des dieux, et animés d’une inextinguible soif d’émancipation. Très beau mythe, qui résonne profondément en nous tous.

      Vivons-nous, par la confrontation avec les limites de notre milieu, la fin de l’ère de Prométhée?

    4. Avatar de timiota
      timiota

      Bernard Stiegler a écrit à la base sur Prométhée et Epiméthée (de mémoire : La faute d’Epiméthée vers 1996) avant d’élargir ses visions (Mécréance et Discrédit, etc….).

      Ses oeuvres font la part aux dialectiques qui parcourent la technique, dont la notion de « pharmaka », poison/remère, avec comme premier exemple de masse, le sophisme, cette grande orgie du langage qui fait accroire qu’on peut faire fi de la vérité.

    5. Avatar de Crapaud Rouge

      @timiota: « Ceux que je connais n’ont pas l’air d’avoirplus ou moins de névroses à soigner que vous et moi … » : d’abord vous ne connaissez sûrement pas tout le monde, ensuite ce n’est pas marqué « névrosé » sur la tête des gens, enfin des tas de Japonais en auraient peut-être bien besoin. Il se trouve qu’au Japon, – arrêtez-moi si je dis des bêtises -, le conformisme est socialement très valorisé. Ce n’est pas vraiment le cas en France où avoir du sens critique est plutôt bien vu, où l’autorité est facilement contestée, (ne pas oublier qu’ici on mit bas la sacro-sainte religion), où, enfin, le mot d’ordre est plutôt « d’être soi-même ». Mais « soi-même » dans « le bon sens », celui que la société attend de vous, pas en donnant libre cours à ses plus mauvais penchants. Il en résulte forcément des conflits chez ceux dont l’être soi-même rame à contre-courant.

    6. Avatar de lou
      lou

      Pour faire suite à Crapaud Rouge, la question serait de savoir si il y a de la perversion au Japon, plutot que des névroses, dans une société hyper normée. Je me pose aussi la question de connaitre la nature des troubles mentaux en Asie, et par exemple, si il y a des psychoses, quelles sont les contenus des délires par exemple.Et également comment ils sont perçus par la société.
      Sur la psychanalyse en Chine, il y avait il y a de ça 5 ans ou plus, un texte en ligne sur internet, une interview de François Julien, particulièrement intéressant sur la question du sujet, de la conscience…Il y a un site internet sur Lacan et la Chine, si ça interesse.

  29. Avatar de François Le Sombre
    François Le Sombre

    @Alain A

    Merci pour cette référence que j’ignorais et que j’ai très envie de découvrir. Je suppose leur approche plus structurée que la mienne, se dispensant du recours à Massive Attack et aux Templiers.

    Le Commissaire Maigret – le plus célèbre psychothérapeute de la littérature française – affirmait que, le plus souvent, le coupable, assailli de pulsions contraires, finissait par semer assez d’indices pour se faire prendre. Il suffisait d’attendre – ou de créer – le moment favorable.

    Dans le cas qui nous occupe, on ne peut qu’être frappé par les attitudes ou les déclarations provocantes des milieux de la finance internationale, alors qu’une discrétion de bon aloi serait une approche plus rationnelle. Eux aussi sèment beaucoup d’indices…

    Je ne suis pas sûr que ce système économique mis en place dans les années 80 soit intrinsèquement porteur de cette pulsion. Il a eu sa période « vandale et barbare », d’une grande vitalité. Maintenant, ce système arrive peut être à une niveau d’épuisement, presque de fatigue de soi, qui lui fait préférer sa propre chute. Il reste à espérer que nous ne périssions pas sous l’incendie, tandis qu’il joue de la lyre sur la colline…

  30. Avatar de Crapaud Rouge

    @charles ci-dessus: très intéressant, l’article de Gauchet, en particulier ce passage:

    N. O. – Dans les années 1970, notamment avec Lacan, on a vu dans le freudisme « l’effacement du sujet ».
    M. Gauchet. – La psychanalyse est victime du retour de balancier de cette lecture structuraliste, qui s’est révélée une impasse. La théorie freudienne n’est pas une théorie de l’effacement du sujet mais, au contraire, une théorie du sujet élargi. La vérité du sujet, c’est ce qui échappe au sujet. Pour Freud, ce qui nous fait sujet, c’est la part d’inconnu que nous portons, et avec laquelle nous nous battons. Parce que nous sommes en tension avec elle. Nous en sentons la pression, quelquefois la tyrannie, qui peut aller jusqu’à nous enfermer existentiellement dans une prison insupportable. Cette part nous rend difficile d’être des sujets, mais en même temps elle achève de nous constituer en tant que tels. C’est le point fondamental soulevé par la psychanalyse : l’élargissement de notre idée de la subjectivité et sa reconsidération complète.

    Sans cette notion de sujet, il n’y a plus que des comportements jugés anormaux (en démocraties) ou déviants (en dictatures). La prétention de les soigner par des thérapies courtes, efficaces et scientifiques, est le pendant de ce que les régimes totalitaires appellent « rééducation » : du lavage de cerveau conçu et pratiqué de façon fort scientifique. On aurait tort d’en douter.

    1. Avatar de Krym
      Krym

      On n’a pas du lire le même article, Crapaud Rouge. Gauchet répond à la critique de non-scientificité en liant la psychanalyse aux sciences humaines : mais il faudrait savoir les amis, la médecine n’est pas une science humaine et elle prétend guérir, pourquoi la psychanalyse dans ce cas refuse t’elle aujourd’hui d’être présentée comme une science mais seulement comme une « vision du monde ». Ce n’était pas du tout la conception de Freud qui était persuadé d’avoir ouvert le champ à une science.
      Soit elle soigne, soit elle compte (oh pardon… « elle conte »).
      Gauchet démolit la notion d’inconscient…Il reste quoi dans le bateau?

    2. Avatar de Crapaud Rouge

      @Krym: je n’ai fait que citer le passage qui donne son titre à l’article, « Marcel Gauchet : « La psychanalyse permet de devenir soi-même » » , et j’ai ajouté un commentaire, histoire de souligner que l’enjeu n’est pas la scientificité mais le rapport du sujet à lui-même compte tenu de son environnement social. Gauchet ne démolit pas le concept d’inconscient, il dit seulement qu’il est bancal. Quant à savoir dans quelle mesure elle est ou serait une « science », ça ne m’intéresse pas du tout, j’en fais une question d’étiquette. Mais il est sûr que, par rapport à la psychologie de comptoir, c’est sans nul doute une « science ».

    3. Avatar de Krym
      Krym

      J’avais remarqué, Crapaud-rouge, que tout n’était visiblement pas de Gauchet dans votre « citation » où vous avez oublié l’usage de l’honnête « guillemet ». Comment appelleriez vous ça ? acte manqué ?

    4. Avatar de Krym
      Krym

      Crapaud Rouge : la science n’est pas une étiquette, c’est une méthode. elle s’applique aux sciences humaines ( sous certaines conditions) aussi bien qu’aux sciences dures.
      Vous avez le choix de sortir la psychanalyse de la science ( il n’est jamais trop tard), alors vous devez en faire un récit, un mythe, une littérature. C’est autre chose.

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