Le Prix paraîtra donc en septembre aux Éditions du Croquant, qui ont déjà publié La crise du capitalisme américain. C’est Jan Bruegel qui nous prêtera son Grand marché aux poissons pour la couverture. Voici aussi le texte de la quatrième de couverture.
Surpris par la manière dont les prix se déterminent dans la pêche artisanale en Bretagne et en Afrique, Paul Jorion voulut en avoir le cœur net : le prix se fixe-t-il bien comme on le prétend par la rencontre de l’offre et de la demande ? Ce qu’il découvrit est surprenant : le prix se détermine selon le rapport de force existant entre le groupe des vendeurs et celui des acheteurs, qui se définit à son tour en fonction de la rareté relative de chacun de ceux-ci à l’intérieur du groupe auquel il appartient. La froide logique de l’offre et de la demande s’efface derrière les rapports humains et une image émerge : celle d’un cadre sociopolitique qui trouve dans les prix le moyen de se reproduire à l’identique. Statut social, degré de concurrence de chacun au sein de son groupe, risque que chacun fait subir à sa contrepartie dans une transaction commerciale étalée dans le temps, tout cela s’équivaut en réalité au sein d’une équation complexe.
La théorie de la formation des prix qui se dégage est à la fois neuve et ancienne : c’est celle énoncée autrefois par Aristote. Son domaine de validité ne se restreint pas aux marchés traditionnels puisque sa logique se retrouve intacte sur les marchés financiers contemporains : de la notation des consommateurs pour leur risque de crédit aux métamorphoses du métayage sur le marché des options et des swaps.
Paul Jorion expose dans ce livre comment s’est constituée au fil des années – en Europe, en Afrique et en Amérique – la boîte à outils qui lui a permis d’être l’un des tous premiers à annoncer la crise financière et économique et à l’analyser.
15 réponses à “Le Prix – à paraître en septembre”
Drôle de Ballet aux étranges arrangements de pas de deux
à l’horizon duquel surgira le carnage de 1914-1918
les modèles anticiperaient la volatilité des marchés, animée d’un mouvement brownien (je n’ai pas trop compris mais j’imagine un mouvement assez sage, genre celui des petits flocons de neige qui bougent autour du petit chalet dans sa demi-sphère remplie d’eau, donc qui bougent, parfois même fébrilement lorsque le bocal est agité énergiquement, avec assiduité, mais toujours contenu dans ses limites, celle d’un hasard non pas imprévisible mais conçu sagement encadré domestiqué limité )
c’est sur « canal académie » (avec de l’académicien à la pelle ….)
donc une émission à écouter (elle n’est pas très longue)
http://www.canalacademie.com/ida5344-Le-virus-B-crise-financiere-et.html
texte de la présentation de la dite-émission
« Dans le livre Le virus B crise financière et mathématiques (éditions Le Seuil), les auteurs s’interrogent sur la prévisibilité de la crise financière. Ils veulent mettre en valeur une crise de la connaissance. Celle-ci porterait la responsabilité du désastre de l’aveuglement général qui n’a pas permis d’anticiper l’éventualité d’une crise majeure comme celle que nous avons connue en 2007.
Cette terrible lacune serait due à l’hégémonie d’une conception mathématique d’origine anglo-saxonne qui suppose que les marchés se comportent selon les lois du mouvement brownien et les fait apparaître plus réguliers qu’ils ne le sont.
Du hasard sage au hasard sauvage…
Depuis un demi siècle, le virus brownien, dit « virus B », contamine les esprits à travers une pensée unique qui a entrainé une perception faussée des risques financiers. L’antidote que proposent Christian Walter et Michel de Pracontal consiste à remplacer ce « hasard sage » brownien par un « hasard sauvage » plus proche des aléas réels des marchés.
Une autre méthode semble elle aussi préconisée. Penser autrement les représentations – selon les théories du mathématicien Benoît Mandelbrot – et quitter le monde de l’illusion brownienne pour côtoyer et apprivoiser le « cygne noir » (une puissance de l’imprévisible).
Michel de Pracontal, journaliste, est l’auteur de plusieurs romans et de L’Imposture scientifique en dix leçons (Seuil, « Points Sciences », 2005).
Christian Walter est spécialiste de la modélisation financière et l’auteur de Critique de la valeur fondamentale (Springer, 2007) et des Marchés fractals (avec J. Lévy-Véhel, PUF, 2002). »
Je vous livre mon impression – lapidaire – sur la toile qui illustrera votre prochain ouvrage:
Elle met en scène des relations humaines, a priori sans grand rapport avec la froideur « scientifique » de l’économétrie portée aux nues aujourd’hui. Un choix judicieux à mon sens.
le prix reste l’offre et la demande, avec un « zest » de désir pour le pimenter.
le prix, le prix, …
mais et le prix Tugot ???
http://www.canalacademie.com/ida5572-Le-palmares-du-prix-Turgot-2010.html
« ….
Chaque année depuis sa création par l’Association des Anciens élèves de l’Institut de Haute Finance en 1994, le prix Turgot récompense le meilleur livre d’économie financière de l’année, en partenariat avec « Les Échos ». Le prix, présidé par Jean-Louis Chambon, président de la Fédération nationale des cadres dirigeants, par Michel Bon, ancien PDG de France Télécom, a comme chaque année été remis en présence de la ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi : Christine Lagarde.
….
Finalement, les lauréats sont :
Georges Pauget, grand lauréat de cette 23e édition du prix Turgot, son livre La banque de l’après crise, paru chez Revue Banque Edition, ayant été désigné Meilleur Livre d’Economie Financière de l’Année écoulée.
De 2005 à février 2010, Georges Pauget a été directeur général du groupe Crédit Agricole SA, président du LCL et du Crédit Agricole et membre du Comité exécutif de la Fédération bancaire française. Son livre a pour vocation de tirer les enseignements de la crise dans le secteur de la gestion des entreprises bancaires et de rechercher quelles seront les nouvelles règles du jeu de demain dans ce domaine, les banques étant amenées à évoluer vers des modèles plus simples et plus lisibles pour les marchés.
Christine Lagarde a félicité un « compagnon de crise et de transgression » qui a su « mettre à profit son expérience de professeur d’économie au service d’une pédagogie largement transparente dans cette dernière publication. »
… »
j’ai écouté, ce pauvre banquier n’avait rien compris, c’est parce qu’il n’avait rien compris, qu’il a essayé de comprendre, la substance de son livre …
lequel a un prix
ce prix marque-t-il un zeste de désir ou carrémment ???
ah, Cécile, ces grands hommes apprennent sur le terrain de la contingence, la finance n’échappe pas à la règle !
son successeur va-t’il écrire un livre sur la Grèce, naissance de la Tragédie ; je reste curieux du sort de la banque citée envers ses engagements sur la dette souveraine de ce pays et notamment du devenir d’Emporiki bank.
si par bonheur François Leclerc lit notre échange, il nous portera un peu d’eau au moulin.
bon jour !
La disponibilité et le prix du pétrole, un sujet plus important que la finance ? Sans aucun doute !
« Les prix du pétrole pourraient faire chuter les actions – Avec un pétrole dépassant le niveau des 85$, les traders commencent à y regarder de plus prêt ».
« Oil Prices Could Take Down Stocks »
http://www.thestreet.com/video/10717845/oil-prices-could-take-down-stocks.html
dès fois comme je me demande, mais j’ai peut-être tord .. s’il n’y aurait pas quelque part à voir entre le charbon, le pétrole pour finalement l’abolition de l’esclavage …
@Cécile.
Hélas oui. L’énergie fossile a très probablement été le premier contributeur à la fin de l’esclavage.
« C’est là que nous commençons à mesurer le « saut de puissance » fantastique qui est arrivé à notre espèce en domestiquant les énergies fossiles : avec 1 euro, je m’achète 1 litre d’essence, qui contient 10 kWh d’énergie (à peu près), soit l’équivalent de la consommation de 2 « esclaves » pendant une journée complète. Et le pétrole vaudrait cher ? »
http://www.manicore.com/documentation/esclaves.html
“It turned out that having increasing amounts of money in circulation was a benefit to traders and industrialists during the historical period when all of this was happening–a time when unprecedented amounts of new wealth were being created, first through colonialism and slavery, but then through the harnessing of the enormous energies of fossil fuels.”
Economic History in 10 Minutes
http://www.postcarbon.org/article/87479-economic-history-in-10-minutes
A propos du prix des choses, j’avais eu cette modeste idée : Si l’on cherche une loi fondamentale de formation des prix, il faut mettre ceux-ci en rapport avec la durée de conservation des choses. Il est facile de voir que plus un bien est durable plus il est cher. Par exemple, si une belle maison coûte cher, ce n’est pas parce qu’elle est belle, mais parce que sa beauté incite à la conserver, de sorte que, restant belle, elle reste durable.
Publiée sur ce blog, cette « explication » fort modeste avait fait couler beaucoup de commentaires. Je viens malheureusement d’en découvrir comme une preuve a contrario. En effet, dans cet article trouvé via rezo.net, Roumanie : le capitalisme sauvage a fait plus de dégâts à Bucarest que le communisme, on peut lire:
Je m’en fiche, des belles demeures bourgeoises de Bucarest, et je me fiche de savoir ce que vaut mon idée sur la formation des prix. Mais ça me crève le cœur qu’on puisse détruire si vite, si brutalement et vulgairement, ce que les générations passées ont mis tant de temps à construire. J’en parle parce que tout ça est lié.
Sûr qu’à l’heure actuelle, il est faux d’écrire: « plus un bien est durable plus il est cher ». Les capitalistes se fichent comme d’une guigne de la durée des biens. Mais il faut dire et redire que plus un bien est durable, ou plus son élaboration et sa conservation ont exigé de temps, plus il devrait être cher. Sinon on n’en finira pas de détruire ce qui a du prix, pour y substituer des choses à vil prix.
Cette pratique existe également en Espagne – on devrait dire existait, car c’était surtout avant l’explosion de la bulle immobilière dans ce pays – pour faire fuir les locataires âgés qui bénéficient de loyers modérés. Quand des projets de rénovation lourdes (ou démolition) sont projetés par des promoteurs, des « asustaviejas » (ceux qui effrayent les vieilles) ou des « mataviejos » (tueurs de vieux) sont embauchés pour les faire déguerpir et donc permettre la réalisation des projets immobiliers.
je pense à l’inverse que ce n’est pas parce qu’une chose est belle qu’on l’a conserve mais elle devient belle parce qu’on la conserve . Il y a des tas de choses qu’on trouve belles mais dont peu à peu on se sépare, le temps est un juge impitoyable. Il élabore lui-même une selection et tout ce qu’il conserve est beau. Il est certain aussi que beaucoup de beau a été auparavant détruit.
Il n’est pas certain que les hommes du moyen Age aient jugés les cathédrales belles, beaucoup d’entre elles d’ailleurs furent dit-on laissés longtemps à l’abandon avant que le temps ( ou le jugement des hommes ) ne se ravise et sauve ce qu’il en restait.
Paul, ma question est la suivante (pardon de te demander ça):
– L’ouvrage est-il seulement la publication de ton travail antérieur à l’analyse de la monnaie?
– Ou bien est ce qu’il intègre la théorie de la monnaie esquissée plus récemment à cette analyse de la formation des prix? A tout le moins est ce que tu proposes une esquisse de ce lien (un peu à la Kreutz?), ou bien ceci viendra t-il dans un troisième temps?
Autre chose, qui n’a rien à voir: je me souviens, lorsque je travaillais sur les problèmes de philosophie politique posés par la distribution des droits sur les biens rares, et en particulier sur les greffes d’organes, qu’un auteur (US) dont j’ai malheureusement perdu le nom avait proposé un type de « marché » (qui je crois porte un nom spécifique également) dans lequel le prix ne serait pas fixé par le jeu de l’offre et de la demande
Pour donner une idée du contexte son approche consistait à trouver un compromis entre le « don » (sous-optimal en terme de vies sauvées et donc en tant que « système » d’allocation de ressources rares éthiquement discutable) et le « marché » (plus efficace mais injuste, car favorisant les riches au détriment des pauvres sur une question de vie ou de mort), en gros d’éviter 2 « écueils » habituels: une position utilitariste dont on corrige ce qu’on appelle les « monstres logiques » éventuels par un zeste d’intuitionnisme (mais qui manque de « cohérence » axiologique/morale), et un « tout ou rien » cohérent mais moralement problématique (qu’on choisisse le « marché » ou « le don » ).
Et il mentionnait l’existence dans la théorie de tels « marchés », sans aller plus avant.
Si toi ou un lecteur du blog voit de quel type de marché il s’agit ou pourrait s’agir je suis preneur (je suppose qu’il y existe une typologie formelle des marchés en fonction de caractéristiques structurelles dans la façon dont les prix sont fixés).
Bonjour Monsieur Jorion.
Je lirai votre ouvrage avec intérêt dès que possible, ne serait-ce que pour vous remercier de l’espace d’informations et d’échanges que vous entretenez ici. Mais aussi car m’estimant bon connaisseur du comportement humain, j’ai également des idées sur la formation des prix, et toute proposition à ce sujet m’intéresse.
J’aurais aimé savoir à ce stade si votre démarche s’inscrivait dans une remise en cause du concept d’offre et de demande en marché concurrentiel, ou si plutôt vous vous orientez vers les aménagements à prendre en compte dans l’usage de celle-ci par le fait qu’elle soit mise en oeuvre par des humains ?
est-il vrai que François Leclerc signe la préface ?
est-ce une rumeur ?
un titre pour le prochain ouvrage de François Leclerc : « Les chemins de la banqueroute »
oui, Juju… j’arrête … 🙁