Peter Laslett (1915 – 2001)
La transmission des savoirs, avec G. Delbos (Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme 1984 ; 1991 ; 2009)
Max Stirner (1806 – 1856)
Comment la vérité et la réalité furent inventées (Gallimard 2009)
Le dimanche de Bouvines (1973) est un livre de Georges Duby (et non d’Emmanuel Le Roy Ladurie comme je le dis erronément). Ma mémoire m’a trahi, désolé !
108 réponses à “Le temps qu’il fait, le 2 avril 2010”
http://economicedge.blogspot.com/
« L’économie américaine voit le bout du tunel » clame Obama, mais pparemment pas du tout:
« Marginale velocity has collpased » (je crois qu’il s’agit de la productivité de la dette)
We have crashed into the wall.
Marginal Velocity has collapsed.
Ceci est appelé en ce moment le tableau le plus important du siècle :
http://www.tickerforum.org/cgi-ticker/akcs-www?post=132798
Il montre que l’endettement de l’Etat US ne produit plus une remontée du PIb américain.
Avec pourtant un taux directeur de BC de quasi zéro, non…???
Est-ce uniquement parce que la destruction est plus forte que les injections de liquidités..??
Lisztfr.
Le gouvernement ne peut pas ne pas être au courant.
Surtout que la tendance ne date pas d’hier et est particulièrement stable.
Est-ce que quelqu’un sait s’ils s’affolent, ou on laisse flotter les rubans…??
Je pense modestement que la dette ne sert plus à créer de la valeur ajoutée, ce qui permettrait au PIB de remonter….
Le graphique lie les variations du PIB aux variations de l’endettement public… sur un glissement, une fenêtre plutôt, de 4 semestres.
Sur la même page existe une description assez éclairante je trouve sur le relâchement des exigences de sécurité financière de prêts aux personnes privées… A la fin on a prêté aux personnes sans fonds propre et sans emploi !
Le Nouvel Observateur-France-Culture – Est-ce que 68 n’a pas exacerbé aussi un individualisme qui peut abîmer certaines formes de solidarité ?
Luc Ferry. – La révolution de Mai est faite par le grand capital. C’est d’ailleurs tout à fait dans la lignée d’une interprétation marxienne. Réfléchissez à ce que j’appelle les contradictions intellectuelles et morales du capitalisme aujourd’hui. Parce que Mai-68 a été aussi une révolution de futurs consommateurs qui changeront de portable tous les six mois. La consommation, c’est l’addiction. L’idéal de la société marchande, c’est quelqu’un qui, comme un drogué, augmente les doses et rapproche les prises. C’est la définition du client idéal d’un supermarché. Pour le faire consommer sans entraves, eh bien, il faut casser les valeurs traditionnelles, spirituelles, morales et culturelles. Mai-68 a été ce moment de destruction, de déconstruction des valeurs traditionnelles qui freinaient la consommation ; et ce n’est pas un hasard si la plupart des soixante-huitards se sont retrouvés dans l’univers de la consommation, au Medef, dans les assurances ou à la tête de journaux et d’entreprises. Mai-68 a été un mouvement non pas de lutte contre la société de consommation, mais la première grande libération de la société de consommation de masse.
D. Cohn-Bendit. – Quand on dit : c’est le capitalisme qui a fait 68, c’est une banalité de base. Quand les politiques ne sont pas capables de faire les réformes nécessaires, il y a une révolte. Les révoltes ou les révolutions (Mai-68 n’était pas une révolution) se font quand les politiques ou ceux qui gèrent la société sont incapables de la réformer. Donc à un moment s’ouvre une « brèche ». C’est d’ailleurs le titre du meilleur livre sur 68 écrit trois semaines après Mai par Edgar Morin, Cornelius Castoriadis et Claude Lefort. Eh bien, c’est dans cette brèche que se sont engouffrés tous ceux qui voulaient se libérer de l’autoritarisme imposé, aussi bien dans les usines-casernes (même s’il y a une différence totale entre les mouvements ouvrier et étudiant) que dans la société. C’est vrai que le capitalisme, non seulement français mais au niveau mondial, voulait imposer une certaine forme d’évolution et de consommation. C’est là où 68 a eu des contradictions : vouloir s’émanciper de la société capitaliste au nom de la Révolution culturelle chinoise, il fallait le faire !, vouloir s’émanciper de l’autoritarisme du gaullisme au nom de Che Guevara et de Fidel Castro ; du totalitarisme au nom du Vietnam du Nord ou de l’Union soviétique, oui, il fallait le faire !
Luc Ferry a raison.
Il fallait arriver à une société de consommateurs addictifs.
Pour la prospérité du capitalisme « productif », avec à terme la mondialisation de la production afin d’abaisser les couts.
Seulement le capitalisme industriel des grandes familles et des maitres de forges s’est vu dominer par le capitalisme spéculateur.
Celui-là n’est pas seulement néfaste à la classe « salariée »…il est juste fou!
Y a-t-il un pilote dans l’avion?
A qui profitent les loopings?
Moi je regrette votre pull marin M.Jorion… j’aimais bien, ça me rappelait le festival de Kertalg (?) dans les années 70…
Quand au débat du jour, il faudra bien que nous parvenions à réconcilier l’individu et la collectivité, dont il est solidaire, pour avancer… Et admettre que toute collectivité doit aussi laisser l’espace à l’individu pour s’exprimer et s’épanouir… Virginia Wolf parlait d’ »une chambre à soi »…
Mes parents m’ont conçu en mai 68, ils portaient des habits à fleurs. Leur génération a très bien supporté de mettre Mr Pompidou au pouvoir, ce sont des révolutionnaires jusqu’au bout des ongles. Merci Papa, Merci Maman, pour cette génération de politiciens professionnels pour lesquels vous avez voté. On vous doit tout !
Seigneur pardonnez leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. Moi c’est plutôt le féminisme de 74 qui « m’a tuer », à petit feu… :).
@lisztfr
Nous, les femmes en général, ce qui nous a tuées, c’est un machisme de millions d’années, et qui dure encore malheureusement. Le monde serait peut-être un peu plus équilibré si le pouvoir était partagé lui aussi entre femmes et hommes, dans une société sans classes s’entend, sinon, les mme Thatcher, ça ne m’intéresse pas.
Voilà, il faut vous remettre de cette évolution, les femmes ne seront plus jamais dociles, et de plus en plus. Adaptez-vous, c’est urgent et c’est un conseil d’amie, car j’adore les hommes qui adorent les femmes… il n’y en a guère, pour finir, si vous voulez mon avis.
J’ai beau chercher, je ne sais toujours pas pourquoi. Soit elles sont mises sur un pied d’estal totalement illusoire, qui les barbe à cent sous de l’heure, soit on les traîne dans la boue, à poil dans les magazines. Il faudrait enfin que l’homme devienne un « animalus raisonnabilis »! En est-il seulement capable? That is the question…on attend….
Sans rancune cependant, mais fermement,
Une pétroleuse des années 74,
Suite :
Que faire de tous ces jeunes qui ne vont plus à la guerre, qui ne s’engagent plus dans les ordres ?
La solution que notre société a trouvée est de les faire travailler, quelque soit le travail : pour les occuper. Pour garantir la pérennité de cette occupation vitale pour la société telle qu’elle s’est constituée il faut nécessairement maintenir dans la conscience collective l’obtention d’un travail comme un but en soi, une réussite. Le mode de vie consumériste érigé comme symbole d’une vie réussie y participe très efficacement, bien évidemment. Or cette consommation n’existe que parce que les inégalités existent.
Ou :
La solution que notre société a trouvée est de les faire consommer à tout prix. Pour cela l’accès au travail devient vite la principale préoccupation, quel que soit le travail…
Ou :
La solution que notre société a trouvée est d’étouffer le plus tôt possible chez l’enfant toute volonté de pensée antisociale. La plupart des parents assurent ce rôle à merveille par l’exemple. L’école se charge du reste par l’introduction de l’idée de réussite et compétition.
Ou :
La solution que notre société a trouvée est de créer un esprit critique chez l’enfant en prenant bien soin que les limites de cet esprit s’arrêtent au système tel qu’il est. L’idée même qu’un autre système pourrait exister tient alors nécessairement dans l’esprit critique comme décrit ci-avant d’utopie.
…
Les visions sont nombreuses mais ramènent toutes au même point :
Une meilleure répartition des richesses dans le système actuel est structurellement impossible.
Il est temps de passer à autre chose, de laisser la critique de l’existant pour passer à l’imagination du possible.
Soit l’on essaie d’orienter le changement, soit il aura lieu grâce à d’autres forces. C’est ça que ne voient pas ceux qui sont en charge des affaires, c’est qu’ils risquent de ne pas y rester.
Pour illustrer un peu vos dires, je pense que Sarkozy ne souhaite pas toucher au bouclier fiscal pour ne pas donner un sentiment de faiblesse. Il faut instiller l’idée que rien, strictement rien ne peut être discuté et que tout soit toujours pour le pire. De l’art de désespérer l’ensemble des français, (sauf ceux qui bénéficient de ce bouclier).
Listzfr,
Il ne faut pas oublier que nous avons affaire en l’espèce à l’élite de notre société : à l’élite du système donc. Ils reproduisent là le seul schéma qu’ils connaissent et donc le seul dont ils soient sûrs du fonctionnement. Que ce fonctionnement soit bon est une autre histoire ! Eux en tous cas ne peuvent se permettre de le remettre en cause : ils ont été choisis pour garantir que le « show » continue, ils font le job. Ce n’est pas d’eux qu’il faut attendre du neuf : c’est de nous !
DE NOUS !
Je comprends tous ces pauvres types à qui manque dans leur alphabet la lettre W.
Leur croissance à eux magnifiquement plate.
@ Mai 68
Votre chronique est très intéressante
Il est sûr que 68 a pris ses racines dans la pensée chrétienne. Mais je trouve votre parallèle limité.
En effet dire que 68 n’ est qu’individualiste est aussi un peu superficiel et trop sociologique . C’est d’ailleurs ce qu’en disent les 68 ards
Le plus grave dans la pensée 68 est qu’elle a pris comme adversaire : la loi et les instittutions ( l’idée même de loi et d’insitution) .Elle en a fait une critique si radicale qu’aujourd’hui encore – même sur ce blog – personne ne parle de la loi sans pincettes ( on parle de règle du jeu dans les écoles c’est tout dire !)
Or l’idée de loi est l’idée d’institution sont les idées de base de la civilisation . C’est la base de la base si je peux me permettre, y compris pour la religion chrétienne
C’est de ce point de vue que 68 est une véritable régression morale – anti chrétienne – dont la pensée française n’a semble-t-il pas fini de payer l’addition
Pour le combat que vous menez , l’imact de 68 est un obsatcle de verre encore insurmonté
amicalement
J’aurais pu remonter plus haut encore : montrez-moi un seul trait de ce que vous appelez « Mai 68 » qu’on ne puisse reprocher au Socrate de l’Apologie de Socrate de Platon ? Ce que certains dénigrent comme « Mai 68 », c’est l’histoire entière de la civilisation occidentale.
Et qu’on ne me montre pas deux ou trois tourneurs de casaque comme preuve : l’exemple isolé relève de la rhétorique, pas de la démonstration. Non : c’est l’Histoire, c’est le devenir en soi, qui dérange certains. Malheureusement, c’est comme notre mort qui viendra un jour : il faut apprendre à faire avec !
@claude roche: « Or l’idée de loi est l’idée d’institution sont les idées de base de la civilisation . C’est la base de la base si je peux me permettre, y compris pour la religion chrétienne » : propositions difficilement contestables mais qui se justifient d’un « paramètre caché ». En effet, loi et institution existent aussi bien sous les dictatures, y compris les pires, et, sous cette condition, il ne vous viendrait sûrement pas à l’idée d’en tirer un argument en faveur de la civilisation. C’est donc qu’il y a loi et loi, institution et institution. Dans un régime policier, elles peuvent se contenter d’exister mais, dans une démocratie, elles ont besoin d’un « supplément d’âme », (c’est le « paramètre caché »). Le respect qu’elles méritent ne saurait s’obtenir uniquement par la force, il leur faut l’adhésion, si ce n’est l’amour, du plus grand nombre. Vous allez me dire que c’est précisément ce que Mai 68 a contesté et détruit, ce respect que l’on nourrissait jadis pour l’Autorité, cette figure abstraite de la Civilisation. L’Autorité n’est donc plus, la mécanique des marchés tient lieu de transcendance, et la Civilisation révèle sa barbarie : nous sommes d’accord, c’est bien d’une régression morale qu’il s’agit, mais c’est faire grand cas de ces quelques jours d’émeutes que d’y voir la seule cause. Survenus après deux décennies de croissance qui ont installé le consumérisme, Mai 68 a seulement révélé que ces valeurs dont nous déplorons la perte étaient déjà frelatées.
Dans un passé plus lointain mais encore proche, la Première guerre mondiale avait marqué bien plus profondément les esprits. Il est sûr que personne n’y pensait sur les barricades, mais la génération 68arde a pour grands-pères les fameux Poilus qui avaient connu l’enfer, et pas seulement à Verdun. Partout dans les villages, le 11 novembre était célébré en grandes pompes, devant les monuments érigés en l’honneur de millions d’hommes morts au champ d’honneur, c’est-à-dire au nom de ces valeurs dont nous déplorons la perte. Mais aussi, de partout les chaumières ne bruissaient plus que d’un mot d’ordre : « Plus jamais ça ! ». Une formule choc, terrible, où l’effet élusif de ça laisse imaginer le pire. Mais « ça », qui l’avait voulu ? La classe dirigeante, en France comme en Allemagne, c’est-à-dire les personnes les plus à même de représenter les valeurs perdues.
Logiquement, cette classe aurait dû être violemment contestée dès la fin de la guerre, mais il n’en a rien été. Je l’explique aisément par le respect dû aux Poilus : impossible de leur renvoyer à la figure qu’ils auraient enduré l’enfer pour des valeurs frelatées. C’est ainsi que 50 ans séparent Mai 68 de l’armistice : cinq décennies de latence avant que la Vérité n’éclate au grand jour.
« Demandez-vous belle jeunesse
Le temps de l’ombre d’un souvenir
Le temps de souffle d’un soupir
Pourquoi ont-ils tué Jaurès ? »
Jacques Brel, Jaurès
http://www.youtube.com/watch?v=FyDd025RIi0
@claude roche: lisez ça puis discutons des mérites de « la Civilisation »…
Merci d’avoir rappelé, contre la bêtise et l’ignorance contemporaine, qui associe systématiquement Eglise et répression de l’individu qu’on devrait laisser jouir en paix (ce qui est une erreur historique aussi, comme l’avait bien vu Foucault):
– que le christianisme invente l’égalité (ce n’est pas pour rien que, comme chez les berruyas, ce sont d’abord les femmes qui se sont converties à cette religion sur les bords de la méditerranée, et que les premiers cris de révolte contre la misère ne se trouvent pas dans la pensée grecque mais dans l’Ancien Testament)
– que le Crucifié a lâché la liberté sur le monde (c’est le christianisme qui mettra aussi fin au mariage forcé par les familles en en faisant un sacrement ne concernant plus que Dieu et les deux amants), et c’est le christianisme qui est, in fine, à la source de la liberté de conscience (en plaçant la personne devant le choix ultime d’accepter ou de rejeter un certain message, et en posant ce choix comme étant le plus fondamental qui soit, avant tout choix vital concurrent du type « tuer ou être tué, puis à partir de là en thématisant la liberté de conscience religieuse, le christianisme invente/créé l’individu en tant que tel).
De ceci il ne faut retenir qu’une chose: les athées d’aujourd’hui sont pétris de christianisme jusque dans leur moëlle, qu’ils le veuillent ou non. La desintoxication est impossible (l’idéologie des « droits de l’homme » nait chez Thomas d’Aquin, etc…)
Bref, merci de ce rappel historique.
« les athées d’aujourd’hui sont pétris de christianisme jusque dans leur moëlle, qu’ils le veuillent ou non. » : m’agacent, ce genre de déclarations ! Après 2 millénaires de christianisme, de quel farine pourrait-on être faits ? J’attends votre inévitable couplet sur le christianisme et l’art, couplet qui laissera entendre, comme tous les autres que: 1) le paganisme ignorait l’art ; 2) quelque chose d’autre à la place du christianisme n’aurait rien fait pour. Si je disais ce que je pense sincèrement de cette religion, vous seriez horrifié et le modo serait obligé de me censurer. Alors vous savez, avoir ça dans la moelle ou ailleurs…
Mais puisque vous me provoquer, voici le reproche que je formule à l’endroit du christianisme, cette religion scindée en trois branches : le catholicisme, le protestantisme et l’orthodoxie. Contrairement au judaïsme et à l’islam, le christianisme « concrétise », « matérialise », « réalise » ou « incarnise », – je ne sais trop quel verbe est approprié -, un être qui, selon moi et selon les plus antédiluviennes traditions spirituelles, ne saurait l’être. La divinité, ou le divin, ne sauraient s’incarner sans cesser d’être la divinité ou le divin.
C’est cela, l’erreur de Nazareth, et c’est une erreur tout bonnement monstrueuse. Les histoires païennes racontaient bien sûr que les dieux pouvaient se rendre visibles, mais ce n’étaient que des histoires, un peu tout ce qu’on veut mais pas un dogme sacré et fondamental. Pire encore, l’incarnation selon le christianisme est allée jusqu’à la transsubstantiation, c’est-à-dire le dogme sacré et fondamental selon lequel l’hostie EST le corps de la divinité. Pour moi c’est monstrueux, parce qu’elle finit où, cette hostie, après que le chrétien a communié ?
Pourtant, le rite de la communion, cad de l’ingestion de choses sacrées, est extrêmement ancien, Durkheim en parle à propos des aborigènes d’Australie. Les chrétiens n’ont donc rien inventé, sauf ce détail : ils ingèrent « de la divinité ». La phrase biblique: « Et le Verbe s’est fait chair » est très belle, mais sur le plan symbolique seulement, elle ne doit pas se réaliser car, dans la réalité, rien ne peut « se faire chair » sans se faire matière. De la matière à la pourriture, (pour ne pas dire à la matière fécale) le chemin est vite parcouru : c’est le sort de toute matière dépourvu du principe de vie.
Alors, voulez-vous que je vous dise ? Ce monde de m… dans lequel on vit, où la culture n’est plus que du folklore vendu en pochettes, c’est l’incarnation du christianisme qui se continue. Vous avez raison, on a ça dans la moelle et on n’est pas sorti de l’auberge.
« La phrase biblique: « Et le Verbe s’est fait chair » est très belle » : là, j’ai glissé une fleur pour atténuer mes propos, mais je n’y crois pas du tout. Rectifions: c’est l’inverse qui est beau, le fait de pouvoir conférer le caractère sacré à une chose profane, et ainsi représenter la vie. Grâce à son talent, l’artiste procède dans le même sens: il confère la beauté à la matière qui en est a priori dépourvue.
Il faut comprendre que, lorsqu’un officiant d’une religion primitive déclare : « ceci est sacré », il le fait en vertu de l’autorité religieuse qui lui a été conférée, et d’une histoire mythologique qui préexiste à son geste. Faute d’en disposer d’autres aussi pertinentes, l’intérêt de sa déclaration émane exclusivement du monde sacré, et l’exprime entièrement. En un mot : il ne refoule rien, il n’a rien à refouler. Mais quand un prêtre chrétien, à deux mille ans et dix mille kilomètres de Jésus de Nazareth, affirme détenir le sacré, il se doit d’oublier l’histoire réelle qui le relie à son passé. Il se doit de la tenir pour non pertinente afin de ne pas voir qu’elle recèle ce qui pourrait le détruire. A savoir que sa notion du sacré a été arbitrairement imposée, aussi intelligente et mythologique fût-elle. Loin d’avoir toujours été sacré, le christ a d’abord été infiniment méprisé par les païens : ils en firent un dieu onocéphale, à tête d’âne. En un mot, c’était pour eux le dieu de la bêtise, de la stupidité, de l’absurdité : un dieu voué au mépris, unique sans doute : le plus ridicule ! Mais les chrétiens n’en ont cure. S’appuyant sur le principe de révélation, ils considèrent que seule la connaissance de Dieu est historiquement datée, non le fait qu’il soit sacré. A les croire, et conformément à ce qu’ils imposèrent aux païens, le sacré n’aurait, de toute éternité, tenu son existence que de leur dieu unique. Avant eux, tout ce que les hommes croyaient, savaient, ou croyaient savoir, appartenait « en réalité », c’est-à-dire révélation faite, au monde profane. Avant ce jour radieux, leur sens du sacré était frelaté, entaché d’inconscience et de méconnaissance. Les chrétiens reprochèrent, au monde entier qui n’était pas encore chrétien, de confondre adoration et idolâtrie, et condamnèrent tous les autres dieux sans rémission, au prétexte qu’ils étaient faux. En un mot, ils firent valoir aux païens que « le sacré, ce n’est pas ce que vous croyez, c’est autre chose : c’est Dieu, le dieu unique, le seul vrai dieu. » Mais qu’advient-il du sacré dès lors qu’il faut admettre qu’il peut ne pas être ce que l’on croit ? Si le sacré des païens ne valait pas tripette, pourquoi celui des chrétiens eût-il été plus consistant ? Qu’il s’appuie sur des considérations plus sophistiquées, c’est bien possible mais très insuffisant, car ce qui passe encore pour une preuve de sa supériorité pourrait bien se retourner contre lui. Quoiqu’il en soit, dès lors que le sacré se révèle ne pas être ce que l’on croit, il s’effondre, se volatilise, s’échappe dans le monde profane : il meurt. Les chrétiens ont donc tout intérêt à éviter la question, à refouler le fait que leur sainte révélation, loin d’être une pure mythologie, est historiquement datée, sinon ils ne seraient pas là pour en parler. Ils s’évitent ainsi de la poser pour eux-mêmes, et s’épargnent le risque du traumatisme infligé jadis aux païens.
@ Crapaud rouge
Vous savez je m’en sens parfois un peu offensé comme vous surtout en ce moment, je suis comme vous je ne dis rien, j’essaie de comprendre de mieux saisir le sens des événements en cours, j’y participe comme des fois je préfère me retirer, surtout quand c’est trop c’est tropico.
Je comprends alors votre réaction surtout que la religion a grandement failli, mais bon il n’y pas non plus que la religion chrétienne qui a grandement failli, c’est bien tout un ensemble.
» Mai 68 a seulement révélé que ces valeurs dont nous déplorons la perte étaient déjà frelatées. »
J’ai la nostalgie d’une de ces vieilles routes sinueuses et inhabitées qui mènent hors des villes… une route qui conduise aux confins de la terre… où l’esprit est libre… [Henry David Thoreau]
Nouvelles du jour, nostalgie toujours.
Celui d’un monde passé, futur, nostalgiques de 68 contre les nostalgiques de 67, qui sont
les moins nostalgiques du paradis perdu ?
Depuis toujours l’homme est nostalgique de quelque chose, depuis quand jamais content de quoi que ce soit, que ce soit au mois d’avril ou le mois suivant en matière de social, d’économie, il en faut toujours plus pour faire un monde meilleur et à chaque époque on en rajoute bien évidemment une couche, comme pour mieux paraît-il échapper au frelaté.
Pourquoi vouloir souvent changer de personnel, de pays, de société, de nom, de marque,
pourquoi vouloir souvent tout raser en vitesse, tout détruire de son passé, de mon enfance
comme pour mieux semble-t-il échapper à quelque chose de trop gênant ?
Sommes nous bien encore en vie lorsque nous nous rappelons même plus des bonnes choses, nostalgie tout court du paradis perdu de 68, de 67 et bien avant encore, et si l’homme à venir n’était pas plus différent de l’homme d’aujourd’hui en bourse, en religion ou pas d’ailleurs.
J’aimerais tant parfois peindre un meilleur tableau de la religion à l’autre, vous savez ce n’est guère plus évident aussi de nos jours, d’en dire autre chose.
« Dans un passé plus lointain mais encore proche, la Première guerre mondiale avait marqué bien plus profondément les esprits. La classe dirigeante, en France comme en Allemagne, c’est-à-dire les personnes les plus à même de représenter les valeurs perdues. »
Tout guerre marque profondément les cœurs et les esprits à chaque époque, la télévision ne produit guère plus de conscience, comme de bonté entre les êtres.
Tout ce qui vient de mon temps, de mon époque, de ma société, de mon pays, de ma culture,
de mon commerce, de mon art, de ma peinture, de mon savoir, de mon intellect est forcément mieux qu’avant, que l’autre un point c’est tout. Et ne bouge bien sur plus du tout de ma chaise !
Rien ne dure sur terre pas même les systèmes, les idéologies les plus séduisantes, le socialisme, le libéralisme, le capitalisme, le communisme, le fachisme que l’on préfère parfois imposer brutalement aux autres, en cas de coup dur, bien sur si demain tout le monde n’est plus d’accord on en finira bien par en forcer un plus grand nombre à nous suivre dans la matière, la seule d’ailleurs qui mérite d’être suivie prise en exemple.
« les athées d’aujourd’hui sont pétris de christianisme jusque dans leur moëlle, qu’ils le veuillent ou non. » : m’agacent, ce genre de déclarations ! »
Vous avez raison, tous les Athés ne sont bien sur pas tous des demeurés, des attardés, mais comme je m’offense bien plus aussi lorsqu’on s’en prend davantage à l’athéisme de mon copain de fac qu’à la stupide religion ridicule d’un autre. Mais qui donc aussi a voulu d’abord me parler de religion hier et un vendredi Saint était-ce vraiment bien l’autre le premier, le chrétien ?
C’est tellement à la mode en ce moment de s’en prendre encore à la religion et à la foi du pauvre homme surtout au café du coin, entre bon potes on ne peut pas toujours s’en prendre aux gens de la finance et en fin de semaine.
» Si je disais ce que je pense sincèrement de cette religion, vous seriez horrifié et le modo serait obligé de me censurer. Alors vous savez, avoir ça dans la moelle ou ailleurs… »
Ce n’est pas non plus parce que nous exprimons sincèrement une chose, quand bien même
davantage dans sa phobie que nous la décrivons fort plus justement à l’égard d’autrui.
Oh j’ai tellement peur de cette chose tout spécialement, que je vous recommanderais même de ne pas du tout la suivre, pour vous même comme vous proches d’ailleurs dans la grande peine c’est pour vous dire.
» puisque vous me provoquer, voici le reproche que je formule à l’endroit du christianisme,
cette religion scindée en trois branches : le catholicisme, le protestantisme et l’orthodoxie. »
C’est comme quand on aime plus sa femme, ses enfants, son chien, son patron, son président aussi petit soit-il en pointure de pied, on trouve toujours de bonnes raisons de se persuader à soi même comme aux autres que la religion chrétienne c’est toujours de la m ……….. artistique pour les autres, merci encore, surtout en ce moment avec autant de prêtres pédophiles à la tête des fidèles quel bel exemple à voir aussi.
« Contrairement au judaïsme et à l’islam, le christianisme « concrétise », « matérialise », « réalise » ou « incarnise », – je ne sais trop quel verbe est approprié -, un être qui, selon moi et selon les plus antédiluviennes traditions spirituelles, ne saurait l’être. La divinité, ou le divin, ne sauraient s’incarner sans cesser d’être la divinité ou le divin. »
Bien sur que si pourquoi le spirituel, l’esprit, le ciel ne pourrait-il pas s’incarner et se retirer de temps en temps surtout lorsque cela en finit par pencher trop dangereusement pour le seul coté de la matière pour le plus grand nombre des êtres.
« C’est cela, l’erreur de Nazareth, et c’est une erreur tout bonnement monstrueuse. »
A vous entendre il aurait peut-être mieux valu le voir plutôt venir naître en fanfare dans les beaux quartiers de Neuilly sur Seine, venant d’abord en son nom, c’est moi, c’est moi d’abord le sauveur politique de mon pays comme de ma religion ? On ne parle guère mieux des évangiles aux autres avec autant de signes extérieurs de richesses et de poncifs bien établis.
» Pire encore, l’incarnation selon le christianisme est allée jusqu’à la transsubstantiation, c’est-à-dire le dogme sacré et fondamental selon lequel l’hostie EST le corps de la divinité. Pour moi c’est monstrueux, parce qu’elle finit où, cette hostie, après que le chrétien a communié ? »
Vous avez raison c’est très grave, que préconisez-vous alors ? La suppression alimentaire de toutes hosties après ou avant le petit déjeuner du pauvre et modeste chrétien ? Quel scandale !
» Les chrétiens n’ont donc rien inventé, sauf ce détail : ils ingèrent « de la divinité ». La phrase biblique: « Et le Verbe s’est fait chair » est très belle, mais sur le plan symbolique seulement, elle ne doit pas se réaliser car, dans la réalité, rien ne peut « se faire chair » sans se faire matière. »
Quand vous dites par exemple que le verbe s’est fait chair, je vous cite: » et c’est très beau »
ce n’est pas uniquement sur le plan symbolique que vous entendez cela, mais vous le recevez aussi bien autre part en vous, pas seulement sur le seul plan de l’intellect et de la raison voyez-vous.
Pourquoi dire faussement que les chrétiens n’ont rien inventés de bon et de bien pour les autres, Dieu a dit « que Newton soit » et tout fut lumière. » Si ça se trouve la plupart des athés comme vous ne se souviennent pas mieux de cela, quel grand manque surtout de gratitude et de reconnaissance à l’égard de certains chrétiens d’hier comme d’aujourd’hui peut-être, et à l’égard de certaines associations.
Détrompez-vous, il n’y a rien de plus concret, solide et durable que la spiritualité, le ciel, l’esprit,
la foi réelle d’un autre, pourquoi vouloir continuellement donner primauté à la matière, cette matière qui plombe grandement l’esprit du monde. Tant de matière, c’est bien évidemment toujours plus douloureux et oppressant à vivre et à subir pour beaucoup ! Cela ne dure qu’un temps et puis tout cela s’en va, on y pense plus du tout, surtout au prochain coup de vent.
» De la matière à la pourriture, (pour ne pas dire à la matière fécale) le chemin est vite parcouru : c’est le sort de toute matière dépourvu du principe de vie. »
Sans un programmeur, comment un programme pourrait-il se faire de nouveau informer par
une autre ligne d’événement. Je vous en prie ne vous en prenez pas toujours à la religion et
aux petites bonnes sœurs de la charité, quand bien même la crise financière en deviendrait
de plus en plus douloureuse à vivre.
Ce n’est pas non plus une raison pour renier ma foi, bien au contraire c’est dans ces moments là, que j’en éprouve davantage une raison d’y croire surtout au regard de tout ce que l’on peut voir.
« Alors, voulez-vous que je vous dise ? Ce monde de m… dans lequel on vit, où la culture n’est plus que du folklore vendu en pochettes, c’est l’incarnation du christianisme qui se continue. »
Ah si seulement l’autre pouvait toujours mieux y voir et juger le chrétien comme moi, n’y voir que de la m… partout où la culture ne serait que du folklore vendu en pochette surprise, peut-être en effet actuellement la meilleure incarnation spirituelle de l’homme moderne en société.
« La phrase biblique: « Et le Verbe s’est fait chair » est très belle » : là, j’ai glissé une fleur pour atténuer mes propos, mais je n’y crois pas du tout. »
Peu importe que vous y croyez ou pas, ce n’est pas non plus des gens comme vous qui me permettent de mieux apprécier la valeur des choses saintes, dites plutôt que le chemin de la montagne n’est pas du tout le même chemin que pour aller à la mer.
» Rectifions: c’est l’inverse qui est beau, le fait de pouvoir conférer le caractère sacré à une chose profane, et ainsi représenter la vie. Grâce à son talent, l’artiste procède dans le même sens: il confère la beauté à la matière qui en est a priori dépourvue. »
Je comprends ce que vous dites, attention quand même de ne pas trop en finir par faire passer de la m….. pour quelque chose qui sente bon, pas avec moi en tous cas. Enfin chacun son tableau de la religion, c’est votre talent et encore je ne vous dit pas tout sur croque mitaine, il y a bien longtemps d’ailleurs que le Vatican a perdu la foi. La lettre tue bien l’esprit de l’homme !
« Il faut comprendre que, lorsqu’un officiant d’une religion primitive déclare : « ceci est sacré », il le fait en vertu de l’autorité religieuse qui lui a été conférée, et d’une histoire mythologique qui préexiste à son geste. »
C’est surtout lorsque le rituel et le saint sacrement devient trop important, que l’on témoigne peut-être pas mieux justement de sa foi aux autres. A toi l’enfant seul des cités, qui pense encore à toi, à ta couleur de peau, à tes origines, à ton pédigrée, à tes cicatrices, à tes blessures, à ton propre chemin de croix aussi, à toi l’enfant qui pleure, qui pense encore à eux et à sa condition de chômeur lorsqu’on vénère trop le saint sacrement, le saint siège, le vatican, le saint père, mais le saint Père si ça se trouve il ne voit plus du l’homme qui souffre en société, que ce soit d’ailleurs comme le politicien et au sein d’une plus institution bureauratique ?
http://www.youtube.com/watch?v=jLXRM_RJyO4
» Mais quand un prêtre chrétien, à deux mille ans et dix mille kilomètres de Jésus de Nazareth, affirme détenir le sacré, il se doit d’oublier l’histoire réelle qui le relie à son passé. Il se doit de la tenir pour non pertinente afin de ne pas voir qu’elle recèle ce qui pourrait le détruire. »
Quand bien même nous devrions en finir par faire un plus grand tri de plus, qu’est-ce qui pourrait encore nous prévenir de mieux faire attention ? J’ai surtout entendu dire à la radio et à la télévision que le chrétien était encore principalement responsable de tous nos maux, pendant ce temps là bien sur on ne permet plus guère aux gens de religion de mieux venir vous faire sévèrement la morale aux gens du marché.
« A savoir que sa notion du sacré a été arbitrairement imposée, aussi intelligente et mythologique fût-elle. »
Quelqu’un qui n’aime pas du tout manger des fruits pour lui, ne cherchera pas mieux à en
faire gouter à ses propres enfants. Avez-vous des phobies culinaires ou un plat qui vous
donne encore des sueurs froides rien que d’y penser chaque matin ?
» Loin d’avoir toujours été sacré, le christ a d’abord été infiniment méprisé par les païens : ils en firent un dieu onocéphale, à tête d’âne. En un mot, c’était pour eux le dieu de la bêtise, de la stupidité, de l’absurdité : un dieu voué au mépris, unique sans doute : le plus ridicule ! »
Si pour vous c’était le plus ridicule à suivre en exemple, alors pour moi je vous en dit bien tout le contraire en mon Âme et conscience, encore aujourd’hui et dans ce monde qui en a bien perdu la foi. L’offenseur et l’offensé, simples acteurs d’une pièce de théâtre de vie en vie, qui dure l’espace d’un rêve, nous voyageons beaucoup sans même parfois bouger de place dans nos cœurs.
Vous savez à l’époque et autrefois ce n’était pas non plus tous les jours beau nuage et ciel bleu surtout pour les plus affectés et les plus pauvres de Jérusalem, enfin vous connaissez mieux l’histoire que moi comme encore aujourd’hui, entre les puissants et les plus opprimés.
On aime bien sur le nouveau, faire le bien mais venant d’abord de l’influence de sa propre époque, de son propre temps, de sa propre peinture cela va de soi sinon à quoi servirons nous encore.
Pourquoi l’homme de tout temps recherche-t-il toujours à imposer son propre rythme de vie aux autres, les choses ne vont-elles pas déjà si vite, après en avoir bien perdu le sens du sacré, du beau, du respect, de la lenteur, de l’émerveillement envers toutes choses de plus sur Terre comme au Ciel.
@ Vincent WALLON dit : 2 avril 2010 à 11:18
Sincèrement, reconnaissez que votre intervention ne tend pas à faire se rapprocher les gens alors qu’en situation de crise il vaudrait mieux se serrer les coudes pour affronter les problèmes ensemble, même quand nous sommes issus d’origines différentes.
Il me semble que lancer une confrontation d’idées tout en veillant à ne pas y amener d’étendards politiques ou religieux élève le débat et lui donne de meilleures chances d’être utile à tous.
@ L’enfoiré dit : 2 avril 2010 à 11:25 @ octobre dit : 2 avril 2010 à 15:16
Je partage votre avis. Même si c’est désespérant, il me semble du devoir à tous, en pensant à tous ceux qui nous ont précédé, d’agir pour sauver notre civilisation. Les plus anciens ont ce devoir ; en particulier ceux qui avaient environ 20 ans en soixante huit et qui, au lieu d’être déprimés comme le sont devenus leurs descendants, étaient au contraire euphoriques. Ils se sont senti libérés des angoisses et des drames qu’ont vécus leurs congénères plus anciens et ont voulu sortir de ce qui leur apparaissait comme des carcans, sans en voir toutes les conséquences.
Après avoir beaucoup contribué, sur ce blog, à que ce sujet soit discuté, je me dois de dire en quoi les 68ards peuvent peut-être avoir des circonstances atténuantes.
Ils ont été conçus alors que leurs parents se sentaient libérés, soulagés, enthousiastes, même si tout était à reconstruire. Je ne suis pas du tout compétent pour avancer cette hypothèse, mais pourquoi ne pas imaginer des prédispositions génétiques les conduisant à agir tel qu’ils l’ont fait. Leurs gènes ont été bâtis dans ce contexte. Pourquoi n’auraient-ils pas été influencés ? Ils ont peut-être été comme génétiquement programmés pour agir ainsi, s’éclater, se libérer. Pardonnez à un naïf d’avoir avancé cette hypothèse, si elle s’avère idiote.
En tous les cas, ceux qui sont les mieux placés pour faire revenir sur ce slogan idiot « Il est interdit d’interdire » me semblent être les 68ards eux-mêmes.
Ils peuvent et ils doivent le faire pour sauver les enfants qui naissent maintenant. Il faut les guider sur de bonnes voies nécessairement encadrées par des règles, des devoirs, de bonnes attitudes, des interdits. Sans une imprégnation forte dès le plus jeune âge, on laisse se développer ce qu’un ministre, il y a déjà longtemps, avait appelé des sauvageons. Aucun progrès n’a été réalisé depuis cette époque, au contraire.
Il faut agir à la source, c’est-à-dire au sein du foyer familial là où l’on doit enseigner les devoirs et les règles de bonne conduite en société. C’est aussi important, voir même plus, que de savoir prononcer ses premiers mots ou de savoir faire ses premiers pas. Les échecs sont constatés dès l’école et vont grandissant. Une fois que les bus sont incendiés ; les protections policières sont vaines. Il faut agir bien en amont là où c’est utile.
Remonter aux premiers siècles de notre ère, est intéressant historiquement, mais personnellement, je trouve que c’est plutôt contre productif, compte tenu de ce qu’il nous faut faire aujourd’hui. L’histoire jugera.
Contorsion post matinale.
@ P. Jorion
Je pars de ce constat qu’il m’est très difficile de suivre toutes vos démonstrations expertes (à vous et à vos compagnons de route) sans que vous fassiez plus d’efforts pédagogiques. Qui existent quand même (glossaire, supports vidéos, graphiques, et supports écrits, nuages de tags, style, classement thématique, ordre de présentation des réflexions, digressions, autres…) mais qui mériteraient d’être approfondis si j’en crois mes difficultés et celles de ceux que j’invite à consulter ce blog. Dernièrement j’ai eu droit à un commentaire sur votre pull marin, et rien sur le contenu, arrrggg! (personnellement je préfère le pull marin, si des fois c’était important. J’y vois de la simplicité, de la sobriété, et une allusion aux tempêtes économiques qui traversent mers et océans!)
Donc la plupart du temps je reste au bord de la piscine, avec d’autres, et vous regarde, experts, débattre en initiés.
Je serais assez d’accord pour qu’ »on » (ceux qui surnagent) puisse entrer dans vos analyses et leurs commentaires, notamment pourquoi pas par l’existence d’une « boîte à outils »?
Je rêve un peu…
Boîte à outil imaginée.
J’y verrais bien:
– des termes explicités, en plus du glossaire actuel,
ne visant pas nécessairement l’exhaustivité mais plutôt les « essentiels » (notions simples ou jugées incontournables, et je dis notions car j’y vois quelque chose qui dépasse la simple référence à un outil technique propre à la finance. Des notions sur la monnaie par exemple…). Ou bien des notions seulement citées qui renverraient en lien vers des sites pédagogiques jugés appropriés et pertinents.
– que ce « glossaire » renvoie par ailleurs à des billets du blog où la notion s’applique. Pour « s’approprier » la notion en même temps qu’on entre au coeur de vos réflexions. J’y vois un moyen original d’entrer dans vos analyses et de s’armer parallèlement d’un bagage culturel à réutiliser plus largement ailleurs pour débattre.
Je pousse le rêve un peu plus loin…
– quelques séquences (pas trop) dans lesquelles expliciter quelques constats que vous faites mais dans un cadre spécifiquement pédagogique (j’ai en tête les « vidéos du succès » par exemple, bien que les finalités et motivations ne soient pas les mêmes…mais je rêve un peu trop je sais, ça demande beaucoup de temps j’imagine avec le risque de faire des choses trop simplistes ou de trahir le cadre intellectuel ou coopératif que vous donnez à vos analyses ou que vous voulez donner à ce blog)
– les événements qui font date à vos yeux, peut-être un cadre chronologie explicité aussi pour les mécanismes à l’oeuvre qu’ils révèlent selon vous, et pour la portée que vous leur donnez. Ca pourrait faire l’objet d’une séquence.
– des schémas, tableaux, graphiques, ou supports visuels équivalents, crées dans un souci pédagogiques ou bien déjà existants mais intégrés au glossaire (qui renvoie vers les billets dont ils font l’objet) ou bien à l’occasion à une séquence spécifiquement pédagogique.
– des cartes géographiques jugées pertinentes pour la compréhension des phénomènes.
Finalités spécifiques aux béotiens:
– que nous puissions varier les « entrées » dans vos analyses et dans les échanges qu’ils suscitent, car il me semble que ça nous crée une possible « autonomie » de réflexion.
– pour ne pas avoir à remonter absolument (nous qui surnageons) dans les copieuses archives, ou bien pour le faire à notre « mesure ». Le travail de lecture qui s’avère vite titanesque, chronophage et inutile quand on ne comprend pas la moitié des écrits ou qu’on se disperse trop dans la pépinière des billets.
– pour, au moins, « débroussailler » le terrain intellectuel.
– pour éventuellement participer aux échanges avec une vision plus structurée des problématiques.
Limites:
Je ne pense pas qu’il faille être absolument explicite car ça voudrait dire que tout est absolument clair et donc qu’il n’y a plus rien à imaginer, réfléchir, débattre, que nous n’aurions qu’à « consommer » vos réflexions dans une digestion facilités par quelques tours de passe passe pédagogiques.
Comment ne pas trahir par ailleurs la complexité des choses par des présentation un peu trop caricaturales, simplistes?
Veiller sans soute à ne pas entamer l’équilibre architectural du blog, orienté vers la publication de billets et de commentaires, par une trop grande dispersion.
Ca risque de prendre un temps infini. A ça je réponds qu’il est peut-être possible de proposer un bagage minimum et que des invités ou commentateurs avertis du blog peuvent éventuellement y contribuer?
– une chronologie par exemple?
– un recensement/des liens vers des graphiques et schémas déjà publiés?
– des liens vers les billets/vidéos « fondateurs » sur ce blog, ceux qui ont fait date pour vos lecteurs ou bien qui vous paraissent incontournables.
Autres…
Bien sûr je parle depuis mon ignorance.
Mais au moins aurais-je communiqué sur le fait que ce blog gagnerait à se rendre encore plus accessible.
Bien à vous.
Ne pourrait-on pas dire plus simplement que l’individualisme n’est ni bon, ni mauvais, mais qu’il est? Qu’il n’est devenu indésirable que parce qu’il a été délié de tout objectif commun?
De mon point de vue, les guerres ne sont que le résultat « d’individualismes collectifs », ce qui ne veut pas dire grand chose, sinon pointer du doigt que les conflits ne surviennent que quand l’autre apparaît être un obstacle à la réalisation de son intérêt, plutôt qu’un partenaire, et que dans une certaine mesure, les États sont aussi des individus (de la société internationale).
Je ne pense pas que « contraindre » les individus à renoncer à leur individualité soit une solution désirable et/ou soutenable à long terme tant qu’un objectif commun n’est pas compris et défini.
La question ne serait alors pas : l’individualisme est-il indésirable? Mais plutôt : existe-t-il un intérêt collectif tel que chaque individu y verrait dans sa poursuite, la poursuite de son intérêt personnel?
Échouons à répondre positivement à cette question, et la paix (à tous les niveaux) ne sera à jamais qu’une utopie lointaine.
Pour faire une petite métaphore, je pense que c’est une erreur de voir dans l’individualisme une « mauvaise » fondation sur laquelle s’est construite notre société. Je pense qu’il n’est pas une fondation, mais plutôt le sol dans lequel il faut creuser, l’objectif commun étant la fondation. La société actuelle s’effondre parce qu’elle s’est construite à même le sol, sans fondation. Et en cas de tremblement de terre, une telle construction ne fait pas long feu.
Je me souviens de mai 68 j’avais dix ans, mais pas de la TV, que nous n’avions pas, et la TV je crois y eut son heure de gloire, de la sensation donnée d’y être branché, à quelque chose qui se mettait en grève… J’avais dix ans et la révolte de découvrir l’existence de ce que j’apprendrai à nommer 4 ans plus tard « classes sociales » (l’école, et des gosses de mon âge, m’avaient identifié sévèrement d’appartenir à une cité dite de « transition » (cités offrant aux gens des bidonvilles la reconnaissance d’un statut social transitionnelle…), et où je découvrais dans la foulée Krishnamurti Nietzsche et bakounine et d’autres, de quoi réassurer à appeler au mégaphone les classes d’élèves à se mobiliser… et le périodique anar que nous tirions alors dans les locaux de la CNT /FAI…
Il y a 42 ans que 68 est passé, depuis ce qu’on en digère s’est additionné d’événements bien plus considérables, qu’on ne va pas passer son temps à réchauffer ces restes en rêvant aux choses futures… une hypothèse sur 68 est de le voir comme scène ou la question du désir se posa ardemment (et de là comme le remarquent plusieurs post l’urgence qu’eut la femme à exister en tant que telle) ce désir mis par Spinoza au centre du conatus (de la puissance d’agir) un désir qui trouve à se réaliser dans l’immanence offerte du monde ici maintenant , du monde ou Dieu ou substance ou nature qui est cause extérieure et cause de soi (causa sui). Désir que Lacan, fidèle à Socrate, l’emballa sous l’objet a, l’objet manquant, désir paradoxal en tant qu’objet-cause de lui-même, de notre corps dès lors des premières séparations. L’ennui de cette approche, qui a par ailleurs son champ d’efficacité, est d’assujettir le désir au manque, même si d’un manque sans objet, ce qui est bien fâcheux, quand Spinoza voit puissance du désir dans l’amour « l’amour est une joie qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure ». L’infini de Spinoza n’est pas une lubie mais quelque chose que le corps expérimente, tout en étant un inconnaissable (de quoi perdre l’ardeur symbiotique de sa théorisation). Un peu de Spinoza aurait bien fait du bien aux machos déguisés de l’époque rapetissés dans le retour du même, Houellebecq nous aurait fait plaisir.
Non Triste à rire ce qui de mai 68 il y eut d’espoirs déçus… et de s’efforcer d’extraire des souvenirs un substrat une traduction fidèle on risque plus sûrement d’en payer une sorte d’usure… je préfère digérer un bout de 1913 « Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. II m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. (Proust, À la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann)
Jorion repère quant au principe d’individuation, des tournants, encore des tournants, pointant des ressemblances ou des raccords, des ruses de l’histoire, rien ne s’en dessine clairement pour autant, nulle image autre que genre design, un sens qui coïncide avec son effectuation, la partie est toujours à jouer, ce qu’il en est de son destin d’individu social, qu’en âme et conscience nous sommes à nous-même notre seul juge. La première phrase du Précis de décomposition (Cioran) : « En elle-même, toute idée est neutre, ou devrait l’être. Et l’homme l’investit aussitôt de ses délires, de ses démences. Le passage de la logique à l’épilepsie est consommé». L’histoire a l’allure d’une histoire racontée par un idiot, comme le dit Macbeth.
Je suis d’accord avec l’idée que l’individualisme n’a pas attendu mai 68 pour se manifester, que le christianisme joua un rôle essentiel dans la fabrique de l’homme occidental.
Maintenant il faudrait aussi essayer de montrer en quoi 68 est spécifique, et ce en regard même du long processus historique de l’individuation. Ainsi ce que l’on appelle l’individualisme serait moins confondu avec l’individuation, laquelle ne devrait par nécessairement s’opposer au collectif.
D’abord il faut partir du constat que 68 fut composé d’éléments disparates et parfois antagonistes à telle enseigne que 68 se présente aussi comme une aspiration collective. Je m’inscris donc aussi en faux contre l’idée que 68 serait un mouvement purement anomique, au sens d’une contestation régressive de la loi. Contester radicalement l’autorité, fut-elle la loi, loin de nuire au collectif, peut permettre en certains cas d’élever celui-ci à un niveau d’intégration supérieur car ce qui est visé c’est la vie bonne pour chacun et en ce monde, vie bonne qui implique alors un principe d’égalité.
Seule une conception légitimiste de la loi inscrit la loi dans la nature, en rapport avec une position sociale héréditaire ou acquise, ou même relative au talent. Devant la collectivité, tout citoyen, qui qu’il soit, à tout légitimité à contester, discuter du bien commun. Pour décider des affaires de la Cité. Vu sous cet angle la remise en cause de l’ordre établi est donc la condition de possibilité de la démocratie. La Cité démocratique serait impensable sans l’anomie qui l’oblige sans cesse à se repenser. C’est la leçon de Socrate, lequel, au delà du bouc émissaire en lequel on a vu un corrupteur de jeunesse irresponsable, paie le prix fort — sa mort — pour inscrire son action, sa vérité, dans l’espace public ; Socrate est la première figure historique du dissident. L’attitude de Socrate est profondément éthique. Or sans éthique il ne saurait y avoir de politique. Le dissident existe aux marges du politique, mais sans lui le politique se délite.
Pour schématiser, on peut voir deux pôles en 68, entre lesquels existèrent un certain nombre de positions intermédiaires, mixtes. A un pôle, le plus important, on assiste à l’explosion de revendications libertaires en réaction à un certain ordre moral, paternaliste, par trop étouffant et, il faut le dire, inséparable d’un certain capitalisme autoritaire « de droit divin ». C’est la poussée individualiste proprement dite. A l’autre pôle on a une aspiration franchement collective, pour une révolution prolétarienne avec ses variantes, trotskyste, maoiste, à l’exception, il faut le noter, de la variante stalinienne incarnée par le parti communiste français, lequel se tint à l’écart de mai 68 et eut cette phrase célèbre qu’il faut savoir arrêter une grève.
C’est là que se trouve la spécificité de 68, dans cette alliage improbable de tendances disparates et parfois contradictoires.
Avec en point d’orgue une libération, certes fugitive, mais réelle, de la parole, liée à l’évènement mai 68 lui-même, le fameux moi de mai où chacun parlait à son voisin. SI l’on veut parler en termes plus hégéliens, peut-être son esprit fut-il même cette parole soudain libérée et depuis jamais retrouvée, collectivement. Or cette parole c’est bien l’inscription de la subjectivité de chacun dans et face à un évènement collectif. Or, la parole libre n’est-elle pas justement le propre du citoyen libre de la cité démocratique ?
L’évènement 68 serait ainsi un exemple de mouvement où individuation et collectif ne s’opposent pas nécessairement. 68 a été plus que la somme des actions et pensées et affects individuels des acteurs et contemporains de 68. N’est-ce pas d’ailleurs le propre de toute révolution politique, culturelle ? Mai 68 fut une révolution culturelle à défaut d’avoir débouché sur des transformations politiques qui auraient changé la société en profondeur. Et la raison pour laquelle il put y avoir récupération, recyclage des idéaux subversifs est sans doute à chercher dans le fait que le rapport de l’individu au collectif ne fut pas alors pensé comme tel par ceux-là même qui vivaient les événements, ou alors toujours sur la base des vieux schémas. Un autre raison est à chercher aussi sans doute dans le fait que les pays occidentaux venaient de connaître deux décennies de croissance et de plein emploi, et que donc les bases matérielles de la société n’étaient pas réellement menacées, comme c’est aujourd’hui le cas. Les Marcuse, Deleuze, Foucault, Debord, Lacan contemporains de 68, avaient d’une certaine façon prolongé le débat séculaire sur l’individuation, mais leur pensée ne parvient pas à penser le singulier en rapport avec un collectif réellement menacé. Seul l’individu se sentait aliéné, alors qu’aujourd’hui nous prenons conscience que c’est non seulement l’individu qui est menacé, mais aussi les sociétés humaines en tant que telles, parce qu’il existe un pathos social, dont la crise actuelle révèle toute l’ampleur.
Autrement dit 68 en tant qu’évènement porta à incandescence le rapport de l’individu au collectif, mais la suite des évènements fut sur ce plan un demi échec. Il y eut bien des retombées positives concernant les revendications des minorités, le combat pour l’égalité hommes-femmes mais celles-ci ne remettaient pas en cause la configuration globale de la société, qui restait et demeure essentiellement sous l’emprise du mode de production capitaliste. Pire, à l’aube du processus de la globalisation, objectivement, 68 a été une impulsion qui a accéléré la transformation d’un capitalisme fordiste et adossé à l’Etat providence en un capitalisme dérégulé, transnational, qui assimile — faussement — le besoin jamais satisfait du consommateur à l’émancipation, au désir. Mai 68 n’est donc pas coupable car c’est le capitalisme qui s’est seulement adapté, 68 n’ayant eu le tord que d’arriver trop tôt.
Tout cela pour dire que si voulons envisager une issue heureuse à la crise de civilisation que nous vivons aujourd’hui il nous faut penser de nouvelle façon ce rapport de l’individuel au collectif. Un rapport où l’un et l’autre au lieu de s’opposer, établiraient un rapport dialectique plus fructueux. Ce qui suppose un changement de paradigme qui irait de pair avec une nouvelle phase dans le long processus historique de l’individuation.
Nous pourrions alors parler de politique du sujet. Il faut donc penser la condition de possibilité d’une nouvelle politique du sujet là où aujourd’hui il y a d’abord politique des objets. L’emploi, la science, l’enseignement et la culture sont aujourd’hui conceptuellement et pratiquement sous l’emprise d’un monde –économique — sans qualités, ou plutôt qui n’en présente qu’une seule, la qualité du mesurable. Tout est compté sauf ce qui devrait compter le plus. Le fait que nous soyons chacun des êtres sensibles, affectifs, politiques, n’est tout simplement pas pris en compte où alors seulement en vue de cette fraction de seconde lors de laquelle nous déposons notre bulletin de vote dans l’urne, seule façon reconnue d’avoir notre mot à dire.
jducac dit :
3 avril 2010 à 13:57
Bonjour,
J’avais bien pris hier connaissance de votre commentaire. Mais vous savez ce que c’est, on n’a pas toujours les idées bien en place pour répondre. D’autre part je suis incapable de développer, comme vous le faites, un texte long. Je cherche plutôt à ramasser ma pensée, d’aller vers la concision autant que possible. Pourvu que cela soit tiré de l’expérience et d’une réalité vécue ou sentie, si vous voulez. Bref.
Pour en revenir à la jeunesse, que j’aime bien, il faut la regarder. Ne pas rompre le dialogue, être respectueux et à l’écoute. Vous verrez, ça ira tout de suite mieux. Je souhaite sincèrement voir les jeunes, prendre la mesure et les conséquences, afin de maîtriser leur violence interne, de la canaliser vers des formes d’expressions fortes et pleines d’imagination. Comme un mouvement digne et salutaire pour eux et pour tout le monde. Et ça me fait mal de voir comme ils sont les « jouets » du pouvoir, des pouvoirs (il y en a beaucoup de la petite enfance jusqu’à la vieillesse), violences énormes, qui passent à la moulinette leur enthousiasme et leurs rêves d’un monde meilleur. De fait, loin du discours stérile et malfaisant qui consiste à dire tu seras riche, tu seras pauvre, tu seras médiocre etc etc etc. Parce que au train où vont les choses, c’est le mot même de liberté qui aura disparu de toute la surface de la terre. Tout cela est très mal dit mais j’aurais l’occasion d’y revenir. Cordialement.
Cher Paul, dans le Christianisme la personne est essentielle puisqu’elle reçoit de Dieu lui-même des moyens, des charismes techniques, intellectuelles etc. qu’elle se doit de faire fructifier au maximum dans l’amour, et ceci toujours au service de la communauté. L’individualisme est un vide de notion chrétienne, il naît dans une culture chrétienne qui a promu la dignité de la personne, mais au moment où elle franchit l’étape de la dé-christianistion : notre société est presqu’ entièrement déchristianisée, c’est un fait. Cette absence de valeur vide la notion de dignité de la personne humaine et laisse la place à un terrible individualisme, une personne qui souffre énormément dans notre société, puisqu’elle croit qu’elle ne peut se réaliser qu’en maximisant sa jouissance et son expérience propre, malheureusement toujours au détriment des autres. C’est une inversion du Christianisme, et non une création du christianisme comme vous semblez le dire ? Mais vous ignorez peut-être que cela est écrit, prophétisé dans l’ancien et le nouveau testament. En effet, ce qui est écrit est que l’église Chrétienne suit le même chemin que le Christ et qu’elle doit passer par sa crucifixion, comme le Christ en Croix, après une phase d’apostasie (perte de la foi) dans le monde où la majorité des hommes vont la rejeter et même vouloir la détruire. Cette phase est appelée la fin des temps et elle s’achève par le triomphe totale de l’amour sur cette période d’échec quasi complet du projet humain sans amour et sans Dieu. Il faut aussi dire que ce ne sont pas les hommes en tant que personnes crées et aimées infiniment par Dieu qui sont condamnés (quelle que soit leur révolte), mais bien leurs actes sans amour. Un seul péché n’est pas pardonnable par Dieu, « c’est le péché contre l’esprit », c’est à dire de ne pas croire au pardon total (la miséricorde) de Dieu. Oui, on pourrait dire que l’individualisme et certaines théories économiques qui y sont liées sont une dégradation profonde de l’étape historique qui a mis en place le respect de dignité de la personne. L’individualisme comme raison d’être d’une société est une véritable chute de sens et conduit à la destruction de la société dans son ensemble.
Pierre-Yves D. dit : 4 avril 2010 à 14:11 http://www.pauljorion.com/blog/?p=9807#comment-69558
Votre intervention en forme de synthèse m’a beaucoup intéressé.
Cependant, je suis tombé en arrêt sur une phrase qui m’oblige à réagir, la voici :
« Contester radicalement l’autorité, fut-elle la loi, loin de nuire au collectif, peut permettre en certains cas d’élever celui-ci à un niveau d’intégration supérieur car ce qui est visé c’est la vie bonne pour chacun et en ce monde, vie bonne qui implique alors un principe d’égalité. »
Je passe sur la première partie où il y a beaucoup à dire, pour me concentrer sur la seconde partie de cette phrase contre laquelle je m’inscris en faux lorsque vous dites : « car ce qui est visé c’est la vie bonne pour chacun et en ce monde, vie bonne qui implique alors un principe d’égalité »
De nombreux exemples montrent qu’une vie bonne, c’est-à-dire pour moi, une vie ressentie comme heureuse par l’individu et par les diverses communautés auxquelles il appartient, ne se fonde nullement sur un principe d’égalité.
L’égalité n’est pas de ce monde et ne le sera probablement jamais. La nature n’est pas égalitaire. Rien que chez les hommes, les inégalités auxquelles nous ne pouvons rien, abondent. Les conditions sont différentes selon l’endroit et le temps où l’on nait. La beauté, la force et les aptitudes physiques sont très différentes d’un individu à un autre. De même, les talents et les aptitudes intellectuelles sont loin de respecter le principe d’égalité, ni même d’équivalence. Enfin, le plus différenciant et le moins égalitaire est pour moi ce qui relève des penchants naturels, lesquels sont infinis et déterminants pour la vie, même s’ils peuvent être infléchis et partiellement corrigés pour tendre vers certains standards, nous sommes tous différents.
Malgré toutes ces différences, on constate autour de soi que des personnes sont heureuses alors qu’elles ne disposaient pourtant pas des atouts de certaines autres qui ne le sont pas. C’est bien que le principe d’égalité n’est pas la clé d’une vie bonne.
Mes parents et moi-même jusqu’alors, avons vécu une vie bonne malgré nos handicaps de départ. Pourquoi ?
En grande partie parce que nous avons accepté nos conditions initiales et, partant de là, avons cherché par un effort sur nous-mêmes, à réduire nos handicaps sans rien revendiquer en termes d’égalité. La raison essentielle vient du respect d’un précepte fondamental, ancré dans la morale familiale : il ne faut jamais être jaloux ni envieux de ce que possèdent les autres. C’est l’un des biens les plus précieux que mes parents, qui par ailleurs n’avaient rien, m’ont légué.
Le fait de m’enseigner cela est probablement l’un des éléments qui a contribué à rendre leur vie heureuse. Car en fait, avoir une vie bonne, c’est probablement aussi d’enseigner aux autres, le moyen de devenir heureux.
Ils n’avaient pas fait de longues études philosophiques non, ils ne faisaient probablement que restituer ce qui, peu à peu, s’est dégagé de la sagesse populaire transmise par les anciens aux plus jeunes à l’issue de validations successives de génération en génération.
Ce qui à mon sens est le plus grave, c’est de croire ou de laisser croire qu’en prônant le principe d’égalité on va œuvrer pour le bien de l’humanité. Je pense que c’est le contraire. Plus on parle d’égalité plus on rend les gens malheureux parce qu’on les engage dans la voie de l’impossible, de la frustration, de l’aigreur, de la rancœur, de la haine ; tous sentiments qui torturent et rendent malheureux au plan individuel et qui, de plus, empoisonnent la vie collective en sapant la cohésion et l’harmonie.
Même les régimes qui se sont bâtis sur le principe d’égalité sont devenus inégalitaires parce que la nature reprend ses droits et finit par s’imposer. Même en démocratie, où nous sommes tous égaux devant la loi, du fait de la nature de chacun, nous ne sommes pas égaux, notamment pour faire valoir nos droits. Notre façon de concevoir la vie nous rend inégaux.
Les uns cherchent le bonheur par une conquête sur eux-mêmes, en faisant la promotion du travail et de l’effort sur soi, lequel n’enlève rien aux autres et contribue à élever le niveau général de conscience dans notre responsabilité individuelle et collective. Bien plus que cela, ayant découvert une voie d’accès au bonheur simple, pacifique et ouvert à tous, ils accroissent leur propre satisfaction en faisant don de leur méthode à ceux auxquels ils veulent du bien en les incitant à la modération, au contrôle de soi, a la sagesse. Ils connaissent une vie bonne.
Les autres, commencent par placer en ligne de mire, tous ceux qui, à un titre ou un autre, possède plus que d’autres. C’est pratiquement créer une opposition de tous contre tous. Ils incitent ainsi le plus grand nombre à s’indigner de cet état naturel, mais à leurs yeux inacceptable, d’inégalité généralisée.
Ils cherchent à faire naître chez les moins pourvus, un sentiment de révolte pour armer ainsi une force de lutte destinée à arracher contre nature, par le combat et la violence, ce qu’ils se sentent incapables d’obtenir par la persuasion, et l’appel aux nobles sentiments.
Pensez-vous que ceux qui se veulent promoteurs de l’égalité pour tous, travaillent réellement au bien de ceux auxquels ils s’adressent ? Leur discours séduit certes, car la recherche du moindre effort guide l’homme sans qu’il puisse jamais se libérer de fournir un travail. A entendre ces pourvoyeurs de solution miracle, chacun se dit, chouette voilà quelqu’un qui veut notre bien. Il suffit que je le soutienne et ça va m’arriver. Grave erreur, bien souvent, ceux qui tiennent ce discours, travaillent avant tout pour eux, afin de capitaliser de la sympathie sur leur nom et d’accroître ainsi leur pouvoir de domination sur ceux qu’ils prétendre défendre. Ils s’emploient à créer de l’inégalité.
Là où un tel discours fait le plus de dégâts, c’est certainement chez les jeunes qui constituent une population rêvée pour pratiquer cette démagogie. Quand on est jeune, on peut avoir le sentiment de ne pas être à l’égal des autres, notamment des plus âgés, et ressentir cela comme une anormalité qu’il faut combattre en instaurant l’égalité.
Soixante huit est probablement né comme cela.
Bien plus que par le passé, l’idéologie égalitaire à tout crin a gagné le monde de l’éducation nationale sans que personnellement j’aie vu les générations qui m’ont succédé devenir plus heureuses que la mienne, bien au contraire. Alors ne faut-il pas s’interroger ?
Faut-il lutter contre la nature inégalitaire pour donner à chacun les chances de goûter une vie bonne et heureuse ? J’en doute.
Comme j’y recours souvent, permettez-moi de faire part d’une expérience personnelle qui s’étale sur toute une vie.
Elle renvoie à quelqu’un auquel je dois beaucoup : un voisin d’enfance qui m’a permis de connaître un plaisir simple: la pêche à la ligne Je pratique encore en partant des bases qu’il nous donnait à (M) son fils du même âge que moi et à moi-même.
Ce voisin était un farouche partisan de l’égalité. Il n’avait pas son pareil, pour critiquer le patron de mon père qui était aussi le sien et qui était plus riche qu’eux. A l’après guerre, ce patron possédait une Delage neuve. Mes parents ne disaient rien et ne m’ont jamais fait de réflexion désobligeante ni vis avis de notre voisin ni de leur patron commun.
Son fils (M) et moi avons eu le même parcours de 10 à 25 ans, et très parallèle ensuite. La même éducation primaire dans la même école laïque et républicaine, la même éducation religieuse, la même école d’apprentissage, le même premier employeur, avons suivi les même cours du soir pour devenir techniciens, seul l’échec à un concours d’entrée en école d’ingénieurs nous a séparé durant 3 ans puisqu’ensuite nous nous sommes retrouvés dans la même établissement pendant quelques années. En 68 nous ne nous sommes pas trouvés du même côté de la barrière.
Mais ce n’est pas à 68 que je veux en venir. Non, c’est à ce qui fait une bonne vie.
Je reviens à (M), sorti parmi les premiers de l’école de techniciens, il fut peu de temps après approché par un chasseur de têtes qui lui proposa un poste dans l’industrie. Il le refusa pour 2 raisons. Il y perdrait son statut de fonctionnaire et il deviendrait le « patron » d’une équipe de techniciens de méthodes. Un de nos amis communs, issu de la même école, accepta la place et termina sa carrière à un poste de cadre très enrichissant sur de nombreux plans.
Je me suis toujours dit que l’imprégnation idéologique à laquelle (M) avait été soumis dans sa jeunesse du fait de son père, devait avoir joué.
A la fin de notre vie active, et alors que nos lieux de retraite allaient nous éloigner, (M) et sa femme sont venus prendre un pot. Nous avons parlé de choses et d’autres, de notre vie, de ses engagements syndicaux, de nos enfants jusqu’à ce que sa femme finisse par dire à peu près ceci : « ce qui ne va pas, c’est que chez le boucher la viande soit au même prix pour tout le monde. Elle devrait être moins chère pour ceux qui comme nous ne sont pas riches ».
Aujourd’hui je me dis que ce voisin a été pourvoyeur de bonne vie et de bonheur simple avec la pêche à la ligne, domaine dans lequel il faisait preuve de généreuse autorité pour transmettre un savoir validé par son expérience.
Par contre, avec une autorité égale dans le domaine idéologique, et sans validation par l’expérience, il a imprimé dans l’esprit de son fils un a priori négatif consistant à faire croire que dès lors qu’on est patron, qu’on exerce une autorité et qu’on devient plus riche, on est forcément pourvoyeur de vie mauvaise.
Il n’a pas vu qu’à cause de l’idéologie qu’il a diffusée il n’a pas donné une vie heureuse à son fils ni de sa belle fille qui, loin d’appartenir à la plus basse condition sociale, souffrent encore 50 ans après, et probablement pour toujours, de ce qu’il y ait des plus riches qu’eux.
Quel gâchis quand on pense qu’il suffit de ne pas être jaloux des autres.