Billet invité.
LA POLITIQUE DU PIRE
Le verdict est tombé et cela n’a pas marché ! La Grèce, n’ayant pas de temps devant elle, a testé dès lundi les marchés et y a levé 5 milliards d’euros à sept ans, devant au final consentir un coupon à 5,90%. L’accord européen intervenu à l’arraché en fin de semaine dernière a eu des conséquences que l’on peut désormais quantifier, pas glorieuses pour ceux qui prétendaient que son existence allait rassurer les marchés et faire baisser le rendement de la dette souveraine grecque : cela n’a que très faiblement été le cas par rapport à la précédente émission obligataire grecque du 11 mars dernier.
D’ici à la fin mai, la Grèce va devoir refinancer 23 milliards d’euros, ne disposant que 8 milliards en réserve, et 53 milliards au total pour la fin de l’année : c’est l’impasse. Tous les commentateurs s’accordent pour penser que cette situation est intenable pour la Grèce. Les Grecs ont calculé que le taux auquel ils ont actuellement accès sur le marché représente un surcoût annuel de 500 millions d’euros pour la charge de leur dette (ses intérêts). Plus personne ne voit comment le retour du déficit à 3% du PIB en trois ans, qui figure dans le plan approuvé par Bruxelles, pourra être dans ces conditions tenu.
C’est aussi l’impasse pour les gouvernements signataires du plan de sauvetage financier. Car ils vont soit devoir admettre qu’il n’a pas rempli son rôle, soit décider de l’activer, une hypothèse peu probable si l’on considère ses formulations pour le moins abruptes et sans appel. L’habillage du désaccord de fond qui s’était clairement manifesté n’aura pas résisté à la première épreuve de feu, illustrant la grande faiblesse d’un leadership européen qui ne s’affirme qu’en façade. Rétrospectivement, on en vient même à se demander ce qu’avaient en tête ceux qui l’ont signé (et beaucoup de ceux qui l’ont ensuite commenté), exception faite des Allemands, suspectés de tous les plus mauvais calculs.
La zone euro, dans sa configuration actuelle, est devenue une réalité virtuelle, et le Pacte de stabilité est destiné à être rangé au magasin des antiquités historiques.
Les commentaires vont se multiplier sur la victoire que cette situation représente pour l’Allemagne, amenant probablement la Grèce à se tourner vers le seul FMI, qui semble attendre son heure. On attend le commentaire de la BCE. Pourtant, il na va y avoir aucun vainqueur, Allemagne comprise, quand le soleil se lèvera. Car une claire incitation à ce que la crise européenne se poursuive et s’étende vient d’être donnée. Une dynamique est enclenchée qu’il va être difficile de maîtriser.
Crise pour crise, certains pensent-ils qu’il vaut mieux l’affronter sans tarder, car elle est inévitable ? Qu’il faut même la précipiter pour mieux la jouer, afin d’opérer à chaud ? Il n’y a que le choix entre cela ou l’inconséquence pour comprendre ce qui vient de se passer.
Les crises s’enchaînent et se contaminent mutuellement. Elles se chevauchent. Celle de la dette publique, et de la rigueur sa compagne, sont en passe de susciter des crises de société larvées et endémiques; celle de l’euro, dans laquelle nous nous engageons et qui sera plus tard reconnue comme ayant marqué le début de la crise monétaire globale qui se précise à grands pas. Renforçant dans l’immédiat et paradoxalement le dollar, à la fois devise refuge internationale et monnaie d’une puissance sur le déclin dont la croissance du déficit n’est probablement plus maitrisable, et dont la valeur est à terme sapée.
Tenons bon la rampe.
97 réponses à “L’actualité de la crise : la politique du pire, par François Leclerc”
Crise pour crise..
dépèche AFP du soir:
« La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé lundi son opération principale de refinancement qui permet aux banques implantées en zone euro de se fournir en liquidités à bon marché.
Le résultat de l’appel d’offres, assorti d’un taux fixe au niveau historiquement bas de 1%, sera dévoilé mardi. Lors de l’adjudication précédente, elle avait alloué 81,06 milliards d’euros à 81 établissements.
Toutes les demandes seront honorées, conformément aux mesures exceptionnelles prises par la BCE après la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers à l’automne 2008.
L’institution a évalué à un montant négatif de -245,5 milliards d’euros le besoin des établissements de crédit pour remplir leur obligation de réserves minimum. Un montant négatif signifie que le marché reste saturé de liquidité »
Pourquoi l’Etat grec ne pourrait-il pas créer une banque de droit privé, pouvant donc emprunter à 1% auprès de la BCE, pour re-prèter à l’Etat grec à ..disons 1,5%? – ou encore plus soft: prèter au taux du marché, le bénéficiaire étant au final son actionnaire principal; l’Etat grec..
C’est sans doute ce genre de subterfuge qui a fait que la Poste grecque avait signé pour plus de 15% des CDS sur la dette grecque
Qu’en pensez vous?
Je ne suis vraiment pas expert dans ce domaine. Mais ce que vous présentez me semble parfaitement jouable.
Je crains quand même que les gardiens du temple, les défenseurs de la concurrence, les adorateurs des banques privées se mettent à hurler à la distorsion de concurrence, à l’étatisme larvé et rampant et autres fort belles expressions de leur nausée s’ils prennent la Grèce à commettre ce genre de manipulation.
Votre texte me rappelle très justement que les banquiers en train de nous étrangler sont soutenus ouvertement par la BCE et Bruxelles. En dehors des banquiers, il y a un refus rigide de toute idée de soutien de la population. je me demande si ce n’est pas par crainte de nous donner des idées non conformes, de nous inciter à l’hérésie. Parce que sur ce coup là, je me sens littéralement volé. C’est légal et c’est du vol.
No comment
—
Le Figaro : La France veut un marché des dérivés en zone euro
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/03/29/04016-20100329ARTFIG00712-la-france-veut-un-marche-des-derives-en-zone-euro-.php
@ Didier : en fait vous n’avez pas tout à fait raison ce n’est pas du vol mais de l’escroquerie en bande non-organisée. De plus on n’a pas fini d’enterrer les conséquences de ces pratiques qui finiront tôt ou tard à mettre la « grouille » dans cette « subtilissime horlogerie » qu’est notre économie de la dette. J’aime bien l’expression de « mousse de dette » qui fait référence au process industriel pour obtenir de la mousse au chocolat : le foisonnement (mélanger un produit avec le maximum d’air possible pour faire du volume à peu de frais).
Je pensais aussi à la même chose que vous…mais honnêtement ce ne serait pas comme si la Grèce recréait sa propre banque centrale en contournant de façon plus ou moins nette le système monétaire européen ?…je ne sais pas si la BCE permettrait cela…
enfin la banque centrale grecque existe toujours mais depuis son entrée dans l’euro et même bien avant elle a perdu bon nombre de prérogatives.
Merci pour le lien, MCMG.
Aller dans la même direction que les US, quelle bonne idée. C’est tout de même fantastique de volonté de faire profiter les élites de toutes ces bonnes choses.
Et cela est en même temps très révélateur. Le peuple, de toute façon, comme il ne compte plus… Et ne comprend jamais rien.
Finallement, le coup d’accélérateur juste avant le mur, c’est peut-être pour essayer de passer à travers, après tout. Ca va être l’apothéose.
Les banques empruntent à 1% mais peut être pas sur la même durée que la Grêce qui emprunte à 7 ans? non?
La solution pour la zone euro est connue: c’est la sortie de l’Allemagne qui s’en est virtuellement exclue elle-même depuis au moins dix ans par son comportement. Un comportement de soliste égoïste, profiteur, arrogant et sans avenir même ! que certains pourtant encore aujourd’hui qualifient de vertueux. Les pauvres fous inconséquents !
L’Allemagne ne pouvant évidemment pas sortir de l’Euro, ce serait pour elle se suicider économiquement, c’est l’impasse.
La destruction lente et pour tous.
Les banques grecques n’ont pas attendu cet épisode pour acheter de la dette souveraine et en échanger les titres contre des liquidités auprès de la BCE… Mais cela ne règle pas le problème du taux.
Les volumes financiers, par ailleurs, ne peuvent pas être couverts par leurs seuls soins.
J’appuie la question de Franck de Faubourg. Il me semble que votre réponse ne tient pas compte du fait que si l’état détient une banque à 100%, elle a de facto accès aux liquidités de la BCE, par la porte ou par la fenêtre. Pouvez-vous nous donner votre vision?
http://www.clipzik.com/les-poppys/non-non-rien-change.html
A apprécier, simplement, sans commentaires…
Merci, j’ai bien aimé, surtout avec Wouter Bos!
« Pourquoi l’Etat grec ne pourrait-il pas créer une banque de droit privé, pouvant donc emprunter à 1% auprès de la BCE, pour re-prèter à l’Etat grec à ..disons 1,5%? – ou encore plus soft: prèter au taux du marché, le bénéficiaire étant au final son actionnaire principal; l’Etat grec..
C’est sans doute ce genre de subterfuge qui a fait que la Poste grecque avait signé pour plus de 15% des CDS sur la dette grecque
Qu’en pensez vous? »
Pourquoi, donc ? Eh bien… parce que personne ne pourrait s’en mettre plein les poches ? 🙂
Attention à une chose cependant : La BCE prête à ces taux à court terme et les emprunts d’état sont à long terme eux (cf crise des savings and loans).De plus ce « guichet » est censé fermer en cas de reprise (réelle ou simulée).
F. Leclerc écrit :
Crise pour crise, certains pensent-ils qu’il vaut mieux l’affronter sans tarder, car elle est inévitable.
Ne va-t-on pas se dire un jour que l’euro qui nous a »protégé » des crises pendant 10 ans n’a fait que retarder l’arrivée d’une crise qui sera bien pire que celle que nous aurions affronté avec notre propre monnaie ? A l’époque du franc on dévaluait dès que cela allait mal et on pouvait repartir. C’était peu glorieux mais cela évitait que ne se gonfle ces montagnes de dettes qui rendent si grave la crise actuelle.
« Tenons bon la rampe. »
C’est un fou qui repeint son plafond et un autre fou arrive et lui dit :
– Accroche-toi au pinceau, j’enlève l’échelle !
Le message est clair : « Ayez confiance ». La croyance ou la crédulité dans ce système qui achète les âmes est en train de fondre comme neige au soleil grec. On se rassure à se prendre au sérieux. On fait des réunions où l’on parle de choses vraiment techniques -la technique ça rassure- et ce faisant on rassure les masses laborieuses -elles- ! Et le pire, mais je me lance là à mon tour dans une spéculation gratuite, c’est que la quasi-totalité de « on » doit faire tout ça à l’insu de sa pleine et entière volonté, à la manière d’un réflexe.
Donc, l’affronter sans tarder ?, la précipiter ? Bonne question.
Prospectiver ?
Quand le fou, le deuxième, celui qui enlève l’échelle, se rendra compte qu’il marche sur un tapis de croyances, il comprendra alors sa crédulité et il risque fort malgré son échelle de se retrouver en eau profonde, pour reprendre les termes de Jean-Luc.
Alors oui, je pense qu’il est grand temps de passer à la prospective. Qui plus est, c’est contagieux.
A chacun ses turpitudes, l’Irlande, l’un des maillons faibles de la zone euro, vient d’annoncer la création d’une « bad bank » destinée à purger les banques irlandaises de leurs actifs toxiques immobiliers et à les remettre sur pied. Le gouvernement va créer la National Asset Management Agency (Nama), qui va être chargée d’acheter aux banques la valeur de 81 milliards d’euro de prêts hypothécaires.
Le montage prévoit que la Nama va déterminer le prix d’achat de ces actifs, payés aux banques en bons pourvus de la garantie d’Etat, qui vont être dans un deuxième temps échangés contre des liquidités auprès de la BCE. Les banques, une fois constaté leurs pertes, vont devoir être recapitalisées et il est prévu que l’Etat assume financièrement en grande partie cette opération, aboutissant à leur nationalisation.
Nama supportera ensuite les effets d’une éventuelle dévalorisation des actifs engrangés, si leur valeur descend en dessous de leur valeur d’achat aux banques, comme probable.
Les bonds irlandais à dix ans se négocient actuellement sur le marché à 150 points de base au dessus des allemands (les grecs à 330 points).
Je note que les états peuvent créer des banques. La condition est que leurs actifs doivent être pourris. Mais ils peuvent créer des banques.
« tenons bon la rampe »
ça va secouer ?
Je me demandais plutot :
« Ou ça, une rampe ? »
Franck du Faubourg demande :
« Pourquoi l’Etat grec ne pourrait-il pas créer une banque de droit privé, pouvant donc emprunter à 1% auprès de la BCE, pour re-prèter à l’Etat grec à ..disons 1,5 % ? »
Je vais tenter de répondre, mais ce n’est pas évident comme question.
1- Si l’Etat grec crée une banque PUBLIQUE, cette banque n’aura pas le droit d’emprunter à 1 % auprès de la BCE car c’est interdit par tous les traités européens depuis le traité de Maastricht jusqu’à aujourd’hui.
2- Si l’Etat grec crée une banque PRIVEE, le capital de cette banque PRIVEE sera détenu par des investisseurs PRIVES. Ces investisseurs privés investiront leur argent, ou l’argent que des clients leur ont confié.
Cette banque privée aura, elle, le droit d’emprunter à 1 % auprès de la BCE. Mais ensuite ? Que choisiront les investisseurs privés ? Que choisiront les détenteurs du capital de la banque privée ?
Première possibilité : ils choisiront d’être masochistes. Ils choisiront de re-prêter à l’Etat grec à 1,5 %.
Seconde possibilité : ils choisiront de faire comme font TOUS LES INVESTISSEURS PRIVES QUI INVESTISSENT LEUR ARGENT OU QUI GERENT L’ARGENT QUE LEURS CLIENTS LEUR ONT CONFIE. C’est-à-dire : ils choisiront de re-prêter à l’Etat grec au prix du marché aujourd’hui. Concrètement : ils choisiront de re-prêter à l’Etat grec à 6 %.
Conclusion : votre suggestion est valable si et seulement si l’Etat grec trouve des investisseurs masochistes.
Salut BA
Et comment ça peut se passer si l’actionnaire de la banque privée est… l’Etat, comme dans le cas (pour combien de temps ?) de notre banque postale ?
@ BA
Merci pour la clarté
Socialiser les pertes. Privatiser les bénéfices.
Le reste sert à faire admettre cette réalité.
A BA
Mais il y a plein de banques « privées » dont l’actionnaire principal est l’état. Prenons, BNP Paribas, c’est l’état belge le plus gros actionnaire avec 8-10%. Je n’ai pas le temps de faire des recherches, mais il me semble très plausible qu’il existe des banques privées dont l’actionnaire majoritaire est un état.
D’un point de vue juridique, j’ai l’impression qu’une banque est privée quand l’Etat possède moins de 50 % du capital.
En revanche, je pense qu’une banque est reconnue comme étant une entreprise PUBLIQUE quand l’Etat possède 50 % du capital (ou 51 %, ou 52 %, …).
Dans le cas d’une banque qui veut emprunter de l’argent à la BCE :
– si son capital est détenu à 49 % par l’Etat, je pense qu’elle a le droit d’emprunter auprès de la BCE ;
– mais si son capital est détenu à 50 % par l’Etat, je pense qu’elle n’aurait pas le droit d’emprunter à la BCE car elle serait de fait une entreprise PUBLIQUE, et c’est l’article 123 du traité de Lisbonne qui l’empêcherait d’emprunter auprès de la BCE.
Article 123 du traité de Lisbonne :
Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ciaprès dénommées «banques centrales nationales», d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite.
Merci BA pour ce rappel du traité de Lisbonne.
L’inconséquence ?
Lordon n’y va pas avec le dos de la cuillère, dans un article daté d’hier :
http://blog.mondediplo.net/2010-03-29-Ce-n-est-pas-la-Grece-qu-il-faut-exclure-c-est-l
« Car les semaines écoulées, semaines de crise politique européenne bien plus que de crise financière grecque, auront au moins eu le pouvoir révélateur, au sens photographique du terme, de porter au grand jour les tares congénitales de la construction monétaire européenne, et même plus radicalement encore, dès lors qu’on en interroge les origines, de conduire à la question fondamentale de savoir s’il est possible de vivre en union monétaire avec l’Allemagne. »
Comme d’habitude, il est formidable ce Frédéric Lordon. Excellent article. Oui, l’Allemagne et le royaume uni, l’un par son orthodoxie monétaire, l’autre par la volonté de ne pas réguler la finance, sont deux problèmes pour l’Europe.
bjr
serais-ce de la planche à billets ?
merci pour votre réponse.
Grand contraste entre ce billet et celui-ci:
http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2010/03/grèce-les-marchés-rassurés-par-le-plan-européen-de-sauvetage.html
Qui a raison, qui a tort ?
Néanmoins, dans les salles de marché, on estime que les spreads devraient continuer à se resserrer dans les prochaines semaines. L’Eurozone a-t-elle gagné son pari ?
Voilà ce qu’écris Jean Quatremer, avançant une hypothèse formulée interrogativement et qu’il ne prend pas à son compte, résultant d’une estimation des salles de marché, où elle a été recueillie au conditionnel.
Les taux vont-ils descendre ? Je ne lis pas dans la boule, j’essaye d’analyser. Réponse définitive lors de la prochaine émission grecque, si elle est lancée !
Rappel: les taux avaient un peu descendus vendredi dernier, suite à l’annonce de l’accord européen, ils ont remonté lundi.
« Il n’y aura aucun vainqueur quand le soleil se lèvera »
ça aurait fait un bon titre.
« La dette et la rigueur se tiennent compagnie »
Pour un prochain article.
[…] This post was mentioned on Twitter by thierry le floch, George Desmyter. George Desmyter said: La politique du pire http://ow.ly/1suTn #Grece #Economie […]
Il semble pourtant que sur BFM ce matin, l’opération soit un succès…
Oui si on se borne à ambitionner une couverture excédentaire et une détente même modeste des taux. Un doute cependant : pourquoi une maturité inhabituelle de 7 ans a-t-elle été choisie? Pouvoir justifier un mauvais résultat éventuel?
Les faits sont des faits!
L’euro est une monnaie sousévaluée pour l’Allemagne, il suffit de se rendre compte des excédents commerciaux trop importants qui rendent les produits allemands trop compétitifs ou les salaires trop faibles en Allemagne – au choix oules deux!
Par contre l’Euro est trop fort pour tous les pays ayant des déficits commerciaux, y compris la France!
Dans ces conditions, et puisque rien n’a pu se faire depuis dix ans pour équilibrer cela, au contraire, les déséquilbres se sont fortement accentués, la monnaie unique ne fait plus du tout sens.
Même sans SMT que j’appelle de mes voeux, le retour à des monnaies nationales, assorti de moratoires et d’étalement de certaines fortes dettes, aurait l’avantage pour les pays du Sud de l’Europe de se refaire une compétitivité, un peu comme l’Argentine a pu se redresser quand elle a abandonné son accrochage au dollar en 2000.
johannes finckh@
C’est incontestable: les produits allemands sont trop bien compétitifs, les salaires trop bas en Allemagne, etc….
Il faut obliger absolument les allemands à produire » à la soviétique » de sorte que personne ne voudra leur acheter leur production. Les obliger aussi à moins travailler en leur imposant les 35 heures selon le modèle que la France, « pays des lumières » a donné au « monde entier.
Mais question niveau de salaire je ne comprends pas: si les salaires allemands sont si bas, pourquoi les frontaliers français et surtout les immigrés turcs vont ils travailler en Allemagne et pas en France ?
Si les salaires allemands sont si bas, pourquoi les polonais et autres populations serbo-tchéco-turco-etc…ne viennent ils pas en France, pays d’un haut pouvoir d’achat salarial ?
Je pose ces question en toute courtoisie et plus grande politesse, osant espérer que mon interrogation n’est pas obscène vis à vis de tous ceux qui estiment que le marché ne peut pas avoir raison !
Dernière question: si le marché n’a pas raison, pourquoi un peuple aurait-il raison sur les questions politiques fondamentales comme l’a toujours affirmé de Gaulle ?
Si la démocratie économique ne peut pas exister, comment justifiez-vous la démocratie politique ?
Quelle bonne âme veut bien m’éclairer ?
Albin,
Vous vous trompez totalement, vous avez une image de l’Allemagne datée qui n’est plus d’actualité depuis au moiins dix ans !
Aujourd’hui, l’Allemagne n’attire justement plus aucune immigration et son solde démographique est catastrophique: -300 000 habitants par an. Mais c’est encore pire que cela ! Le solde migratoire des Allemands eux-mêmes est maintenant négatif ! Les Allemands quittent l’Allemagne pour l’Autriche notamment.
Les projections actuelles montrent que:
– d’ici 10 ans, 40% des Allemands auront plus de 60 ans
– d’ici une trentaine d’années, la France aura dépassé l’Allemagne démographiquement aux alentours de 70 millions d’habitants chacune.
L’immigration en provenance des pays de l’est – en réalité des populations de souche allemande principalement qui s’ataient installées à l’est au XVIIIème siècle – est maintenant terminée.
Quant à l’immigration turque – merci pour eux – cela fait bien longtemps maintenant qu’ils restent chez eux au fur et à mesure du développement très dynamique de leur pays.
Révisez vos tablettes, l’ami.
Ken Avo@
Donc pas de souci ! l’Allemagne est un pays qui va s’effondrer sous peu pour cause de dénatalilté / vieillissement……
C’est un pays « foutu » ! plus d’immigration pour assurer la relève des élites et des masses laborieuses.
Qu’on se le dise.
Merci ami Ken Avo pour vos lumières
On gagnera parce que on est les plus forts !
Pourquoi ne peut-on pas laisser une banque privée faillir, quitte à ce que l’état reprenne derrière une partie seulement des activités (actifs solvables, prêts en cours, dépots …) ? Ce serait une nationalisation à postériori, alors que sur ce blog et dans beaucoup de publications on n’envisage que des nationalisations à priori (en l’état actuel, c’est à dire en quasi faillite).
Willem Buiter, du temps où il tenait un blog dans le Financial Times avant de devenir chief economist de Citi, avait proposé de créer des good banks, par opposition aux bad banks.
Crées par les pouvoirs publics, elles reprenaient les dépôts, les actionnaires des banques en détresse restant en tête à tête avec leurs actifs toxiques. Cette idée n’a pas été retenue, comme on a pu le constater !
Nationaliser la finance…???
Comme vous y allez…!!!
Et pourquoi pas des « investisseurs » qui se limiteraient à des gains raisonables, des impôts qui seraient justes ou la suppression des paradis fiscaux, tant qu’on y est…?
@BA
J’avais suggéré sur ce blog le même mécanisme que Franck du Faubourg. il s’agirait de banques « amies », ou dont on s’assure la coopération (par exemple : c’est cà ou l’application pure et dure de la réglementation, c’est à dire en gros la faillite).
D’ailleurs, il me semble que le principe des banques « coopératives » (dont le nom tarde à être communiqué) est déjà utilisée aux USA.
Par aileurs on peut aussi créer un banque dont les investisseurs (privés) pourraient être un large public, des contribuables donc, qui ont tout intérêt à l’opération.
Tous les accords sous le manteau sont toujours possibles (et interviennent) entre banques privées et Etat, mais il s’agit là de 53 milliards d’euros de besoins de financement… Il faut un jeu de mécano plus costaud pour y répondre, ce n’est à portée que d’une banque centrale, ce qui renvoie au problème bien connu des statuts de la BCE.
François Leclerc
Merci de vos réponses (et bien sûr de vos billets).
A propos du « grenier », je vois qu’il se garnit un peu, mais il est temps pour moi de participer aussi (modestement).
Il est symptomatique que le New-York Times accorde l’un de ses éditoriaux à Joachim Sarbatty, l’un des économistes allemands qui menacent de porter l’affaire devant la Cour Constitutionnelle Allemande: « Eurotrashed, la crise grecque montre pourquoi l’Allemagne doit quitter l’Euro »
L’union monétaire européenne, la base de l’euro commença avec une grande illusion. D’un coté les
pays- Autriche, Finlande, Pays Bas, et Allemagne dont les monnaies s’étaient appréciées, en Europe et à travers le Monde; de l’autre cote, les pays-Belgique, France, grèce,Italie, Portugal et Grèce qui avaient des monnaies en dépréciation de facon persistence. Néanmoins, l’Union fut concue comme un costume et une structure unique. Le résultat fut que plusieurs pays durent avoir recours à une çomptabilité créative’ pour satisfaire aux critères fiscaux requis pour l’entrée. La Grèce alla aussi loin que la falsification de sa dette et de ses chiffres de déficit de finances publiques
L’Allemagne et d’autres « euro-optimistes » espéraient que l’introduction d’une monnaie commune et la compétitivité globale qu’elle amènerait, résulterait rapidement en une profonde modernisation économique et sociétale à travers l’Union. Mais le contraire s’est produit. Plutot que de tirer vers
l’avant les économies retardées, les bas taux d’interet de la BCE, ont entraine les gouvernement et les ménages, particulièrement dans la partie Sud de l’Eurozone, vers des politiques budgétaires
frivoles et une consommation excessive. La crise grecque est seulement la première de ce qui pourrait etre une suite de crises résultant du péché originel de l’Euro. Bien que peu soient disposés à le dire, la seule facon d’éviter des dégats futurs à l’économie globale est pour l’Allemagne de mener les Etats stables en dehors de l’euro vers un nouveau bloc monétaire plus fort.
La notion d’une économie unique de l’eurozone est fausse. A la différence de ses voisins du Nord,les pays du Sud ont des difficultés pour placer leurs obligations, émises pour financer leurs
déficits de fiances publiques, auprès d’investisseurs internationaux. Ces pays ne sont pas compétitifs dans l’économie globale, comme illustré par leurs déficits élevés de balance commerciale.
http://www.nytimes.com/imagepages/2010/02/27/business/27gcon_graphic.html
Ces problèmes ne sont pas seulement accrus par l’appartenance à l’Eurozone. Si la Grèce était en dehors de l’eurozone, elle pourrait dévaluer sa monnaie afin de se rendre plus compétitive, et ses
dettes pourraient etre renégociées dans le cadre d’une conférence internationale
Au lieu de cela,les structures et règles fiscales de l’Eurozone et de son pacte de Stabilité et de Croissance forcent le pays à couper dans ses dépenses publiques, augmenter les impots et miner encore plus sa crédibilité internationale.L’alternative à cet effondrement-que les autres pays membres de l’Eurozone assument les paiements de sa dette, est encore pire. Faire cela serait un signal pour d’autres pays endettés qu’ils pourraient abandonner leurs plans de rigueur et s’en remettre à une assistance étrangère.Les pays avec excédents seraient mis à genoux. En bref,
l’euro se dirige vers l’effondrement.
En dépit d’une interdiction de ‘sauvetages’au sein de l’union monétaire, la semaine dernières les Etats membres de l’eurozone se sont mis d’accord sur un plan pour mettre à disposition de la Grèce un ‘ package ‘ de secours financier si aucune solution n’est trouvée dans les prochains mois
.L’accord ne mine pas seulement la justification majeure de l’ existence de l’euro-orthodoxie fiscale
continentale-mais selon une sentence de 1993 de la Cour Consitutionnelle Allemande, il constituerait une violation du traité fondateur de l’union monétaire et permettrait ainsi le retrait d’Etats membres.
Si l’Allemagne exploitait cette opportunité et sortait de l’euro, elle ne serait pas seule.Le meme calcul attirerait l’Autriche,la Finlande et les Pays-Bas- et peut-etre la France ( ndr: gentil le monsieur ! ) pour rejoindre un nouveau bloc plus stable, peut etre meme se dotant d’une nouvelle monnaie. Ceci serait moins douloureux que cela ne semble; l’Eurozone est déjà divisée de fait entre 2 groupes et l’illusion qu’ils soient unis a provoqué des complications économiques sans
précédent
Un bloc avec une monnaie forte pourrait remplir l’intention orignale ayant présidé à l’élaboration de l’Euro. Sans avoir besoin de s’inquiéter des Etats délinquents, le bloc obligerait à suivre une politique monétaire consistante et sure, qui forcerait les gouvernements des pays membres à réduire graduellement leurs déficits de finances publiques. L’économie européenne dans son intégralité pourrait prospérer. Et les Etats-Unis gagneraient un allié dans toute future réorganisation monétaire globale
De plus, si les Etats-Unis ne parvenaient pas à mettre en place une stratégie politique crédible pour réduire sa dette et s’éloigner de la zone de taux d’interet zéro, le nouveau et plus puissant euro pourrait se substituer au dollar comme monnaie de réserve.
Ceci n’est pas dans l’interet de tous. Si ceci pourrait bénéficier à l’Europe dans le long terme, une
fuite devant le dollar provoquerait une instabilité économique globale qui endommagerait et les
nations avec excédents de balances commerciales et les nations avec déficits de balance commerciale de la meme facon. Mais avec les Etats-Unis très loin de la réduction de sa dette, la possibilité d’une chute de confiance catastrophique dans le dollar ne peut etre ignorée
Mieux donc de disposer d’une solide monnaie de refuge vers laquelle les investisseurs pourraient se diriger. L’euro, de la façon dont il existe aujourd’hui, ne pourrait etre cette devise.Mais un euro
stable et revitalisé pourrait bien l’etre. »
Si l’on ajoute les propos tenus par le président du FMI hier à Varsovie, on voit que l’on semble passer de la politique du pire vers les pires scénarios.
La France va avoir du mal à se positionner, écartelée qu’elle est entre les espaces-mondes atlantiques, continentals et méditerranéens.
Techniquement peut-etre ce que vous écrivez est juste, mais faire accepter un nouvel euro à la population française, par exemple, je vous souhaite bien du courage…
Cet article fait évidemment boule de neige: le point de vue de Marshall Auerback:
La Grèce et l’Eurozone: Angie, le temps n’est-il pas venu de dire au revoir ?
Nos gouvernants connaissent très bien la fin de l’histoire: l’éclatement de la zone euro pour une refondation sur une base plus restreinte de pays plus compétitifs. Mais le passage sera douloureux politiquement mais bénéfique à terme … Nous n’auront pris que 15 ans de retard depuis que celà aurait dû être fait.
Vive la crise pour remettre l’Europe dans le sens de l’Histoire. Réjouissons-nous ! Si Sarkosy prenait l’initiative de cette démarche, parions qu’il remontrait dans les sondages en montrant un réel courage politique et historique.
Le sens de l’histoire. Vraiment ?
Aller toujours plus loin dans cette logique de compétition dont la crise est le révélateur
n’est-ce pas plutôt une fuite en avant mortifère ?
« compétitif » c’est avec des mots comme celui-là que notre civilisation creuse sa tombe.
reveil,
(Bonjour P-Y)
« Vive la crise pour remettre l’Europe dans le sens de l’Histoire. » Sans la suite c’eut été bien ! Pour information : M. Sarkozy, lors de son discours à l’université Columbia hier, a clairement annoncé ses vues d’une politique mondiale de blocs, ce qui rejoint votre point de vue : « base plus restreinte de pays plus compétitifs ». Certains blocs étant plus égaux que d’autres, il ne faut pas l’oublier, on comprend mieux le sens de son discours de Dakar : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. » (http://www.afrik.com/article12199.html)
C’est de la folie ! Il faudrait reprendre point par point ce discours de Dakar. Lisez-le, je vous prie, et revenez nous dire qu’il faut absolument les arrêter. Ce qui va aujourd’hui droit dans le mur, ils veulent nous le resservir –parce qu’ils n’ont rien de mieux à proposer, parce que nous n’avons rien de mieux à leur proposer !- sous forme de blocs.
Une spéculation qui sème des bombes à retardement !
Depuis des mois des milieux de la finace américaine, européenne ou autre misent d’énormesmasses de capitaux en pariant sur une nouvelle baisse possible de l’euro. ces financiers ont déjà empoché des gains énormes à ce casino où le budget des Etats comme la Grèce, le portugal, L’Espagne leur sert de jetons permettant de décupler leur mise.
Le risque que cette spéculation débouche sur un effondrement budgétaire de tel ou tel Etat est-il alors réel ? peu leur importe puisqu’ils peuvent vendre « à découvert » des obligations, bons du trédor et autres titres de la dette publique grecs, espagnols ou autres, en escomptant bien que la baisse de ces titres leur rapportera le plus possible.
pour cela il faut que le cours du titre ait baissé, que la cote de l’Etat émetteur de la monnaie ou des bons du trésor visés se soit dégradée aux yeux des marchés. Plus la spéculation se développe, plus la situation financière de l’Etat qu’elle a pris pour cible se détériore, et plus cela attire d’autres requins de la finance ayant flairé l’odeur des profits à faire. personne n’ignore que ce processus ne peut pas se développer éternellement.Et au milieu de tout cela, les Etats comme l’Allemagne ou la France font semblant d’agir et de vouloir « maîtriser » la situation. Le vent se lève…. la tempête financière spéculative risque de tout emporter… alors que les gouvernements préparent des cures d’austérité qui ne feront qu’aggraver encore la situation de millions de familles. la population n’a rien demandé, c’est elle que l’on veut faire trinquer… jusqu’où ?
« Jusqu’où ? »
Jusqu’où est-il permis à l’homme de faire le malin aussi bien sur terre, sur mer, que dans les airs comme sur les marchés et à la micro-seconde près ?
Jusqu’où puis-je m’enrichir rapidement et seulement matériellement pour mes vieux jours ? Dans un parti comme sur les marchés qui se conduisent de plus en plus comme des sauterelles ?
Jusqu’où et dans quel pays m’est-il encore possible de payer et de traiter plus durement les êtres comme le concurrent ? Jusqu’où la vanité de l’homme ? Jusqu’où l’enfer de plus pour l’autre ?
La folle maladie moderne celle de l’empressement continuellement spéculatif sur toutes choses de plus sur terre et cela quel qu’en soit le prix plus douloureux à payer plus tard ?
En quoi suis-je donc alors plus préférable à suivre que le bureaucrate, le politicien, l’arriviste ?
Tout cela va très très mal finir enfin ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas !
Nul ne peut servir deux maîtres à la fois (Mt 6, 24)
Crise de l’euro()………()renforçant dans l’immédiat et paradoxalement le dollar.
Et oui, la stratégie américaine consiste uniquement à faire payer sa crise par les autres pays du monde.
Si seulement la crise avait d’abord pu commencé en Grèce et non en Amérique sur les marchés.
Comme j’en porterais alors beaucoup moins la responsabilité plus tard et aux yeux de l’opinion publique.
à chaque jour suffit sa peine, remettons ces affaires aux calendes grecques…
le FMI sera le pasteur des peuples.
« demain sera un autre jour » (j’ai déjà entendu cette formule…)
S’il est vrai, qu’un gouvernement peut s’autoriser de payer ses fonctionnaires en « bons » valables uniquement sur son territoire, la Grèce serait-elle , elle aussi en droit de verser les salaires de ses fonctionnaires en « bons » valables uniquement en Grèce ?
« ……………….
………………..
La moitié des Etats américains sont en faillite. En Californie, le gouvernement paye ses fonctionnaires non plus en dollars mais avec une sorte de “monnaie locale”, des bons valables uniquement sur le territoire californien !
…… »
Cecile,
si vous en savez plus, un article, une référence sur ce qui se passe en Californie, je suis très intéressé.
Cordialement
Il s’agit des IOU (I owe You) (je t’en dois une).
Il y a eu un documentaire primé sur le sujet I.O.U.S.A.
http://en.wikipedia.org/wiki/IOU
http://en.wikipedia.org/wiki/I.O.U.S.A
Je ne sais pas si on peut qualifier ces bouts de papier comme monaie…
Ce sont des « I own to you ».
Une simple reconnaissance de dette.
Chez les champions de la dette, notez, ça tombe sous le sens… Reculer pour mieux sauter 🙂
Quoique… le problème va bientôt être réglé : il n’y aura bientôt plus de fonctionnaires :
http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=9111
« New York pourrait licencier 19 000 fonctionnaires dont 3500 policiers, 1000 pompiers, et 8500 enseignants (CBS) »
Et pour faire bonne mesure :
http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=9123
« La Californie envisage de libérer 6500 détenus pour réaliser des économies – l’Etat consacre 11% de son budget au système carcéral (New York Times) »
Merci de m’avoir rectifié, Ybabel.
Je sortais une bétise, là.
Salut 4 Août !
4 Août pose la question :
« Et comment ça peut se passer si l’actionnaire de la banque privée est… l’Etat, comme dans le cas (pour combien de temps ?) de notre banque postale ? »
Bon, ça devient compliqué, cette histoire !
Tentative de réponse :
Si l’actionnaire de la banque privée est l’Etat à 50 %, j’ai l’impression que la banque privée n’est plus considérée comme une banque privée : elle est une banque publique.
Une banque est publique quand l’Etat détient 50 % de son capital.
Une banque est privée quand l’Etat détient moins de 50 % de son capital.
C’est ça ?
D’un point de vue juridique, c’est ça ?
La réponse à ta question serait donc :
Une banque dont l’Etat détient 50 % du capital est une entreprise publique : elle ne peut donc pas emprunter à la BCE. Tous les traités européens depuis le traité de Maastricht jusqu’à aujourd’hui l’ont confirmé : le traité de Lisbonne stipule dans son article 123 :
Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ciaprès dénommées «banques centrales nationales», d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite.
Ca demande confirmation. Auprès de qui se finance-t-elle aujourd’hui ? Et demain, pour cloquer du revolving ?
4 Août,
La Banque Postale ne peut pas emprunter auprès de la BCE car elle est une filiale à 100 % du groupe La Poste, entreprise publique.
D’après Wikipedia, La Poste est une « société anonyme à capitaux publics ». J’ai l’impression que ce statut juridique lui interdit d’emprunter auprès de la BCE (c’est l’article 123 du traité de Lisbonne que j’ai recopié ci-dessus).
Un extrait de Wikipedia :
La poste française, dont la raison sociale officielle est La Poste, est, depuis le 1er mars 2010, une « société anonyme à capitaux publics ». La Poste emprunte régulièrement sur les marchés financiers internationaux et sa dette est très bien notée, grâce à un patrimoine immobilier et la garantie de l’État. Sur cette dette « deux milliards viennent d’une ponction effectuée par l’État en 2006 au titre des retraites », pour un chiffre d’affaires de 20,5 milliards d’euros en 2008. Cette bonne notation de la dette permet de ne payer que des intérêts d’un niveau très modeste.
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Poste_(France)
Le supplément économique du Monde, daté du 30 mars, contient un très intéressant article d’Anne Rodier et Adrien de Tricornot qui porte sur « la tentation du divorce » de l’Allemagne. (La nouvelle politique du Monde ne permet pas de le lire en ligne, sauf abonnement).
L’analyse montre que:
1/ l’Allemagne a besoin d’un euro fort afin d’acheter dans les meilleures conditions hors zone euro les composants dont elle a besoin pour sa production, la zone euro en absorbant 42% mais apportant une contribution nettement importante à ses excédents (145 milliards d’euros au sein de la zone sur un total de 228 milliards, chiffres ne figurant pas dans l’article).
2/ le contenu en importation des produits exportés a constamment augmenté (les statistiques ne sont plus disponibles), ce qui signifie que la valeur ajoutée est davantage tributaire des coûts salariaux.
3/ Elle a partiellement délocalisé sa production (dans les pays de l’Est) et ses coûts salariaux ont augmenté nettement moins que ceux de la zone euro.
Pour les non-abonnés, voici les explications de Destatis, l’institut statistique allemand:
« EU-wide comparison of labour costs and non-wage costs for 2009 »
WIESBADEN – As reported by the Federal Statistical Office (Destatis), employers of the German private industry paid an average Euro 30.90 per hour worked in 2009. Compared with the other European countries, the level of labour costs in Germany was eighth after Denmark, Belgium, Luxembourg, France, Austria, Finland and the Netherlands. Denmark recorded the highest labour costs per hour worked with Euro 37.40 and Bulgaria the lowest with Euro 2.90.
As regards manufacturing, which is particularly subject to international competition, the price of one hour worked in Germany amounted to an average Euro 35.60 in 2009. Thus Germany ranked third after Belgium (Euro 38.50) and Denmark (Euro 35.90) in the European Union.
The branch were the highest labour costs were recorded in Germany in 2009 was that of electricity, gas, steam and air conditioning supply (Euro 50.30). The lowest labour costs were incurred by employers in accommodation and food service activities (Euro 16.10).
In 2009, the decline in the number of hours worked (reduction of overtime hours on working time accounts and short-time work) caused by the economic crisis resulted in a strong increase in labour costs per hour worked in Germany. Recording a growth rate of 4.1% in the private industry, Germany ranked seventh in the European Union. In manufacturing, the growth rate amounted to 5.1% and thus was the sixth highest rate (measured in Euro) recorded. In many of the Member States that do not belong to the euro area, a partly massive devaluation of the national currency against the euro led to clearly lower or even negative change rates.
The two main components of labour costs are gross wages and salaries and non-wage costs. Analysing the ratio of non-wage costs to gross wages and salaries can serve as a basis for a comparison of non-wage costs irrespective of the wage level in the individual Member States. In 2009, the non-wage costs paid by employers in Germany per Euro 100 of gross wages and salaries amounted to Euro 32. Hence Germany was below the European average of Euro 36. It ranked thirteenth and thus occupied a ‘mid-table’ position within the European Union. In France, the level of non-wage costs to be paid per Euro 100 of wages amounted to Euro 50, while it was not higher than Euro 9 in Malta. Employers’ social contributions, that is above all the statutory social security contributions payable by employers and the expenditure for company old-age pension schemes, constitute the main component of non-wage costs. »
http://www.destatis.de/jetspeed/portal/cms/Sites/destatis/Internet/EN/press/pr/2010/03/PE10__122__624,templateId=renderPrint.psml
Par contre il y a aussi ceci dans LE MONDE du 29.03.10
La Cigale et la Fourmi, par François Michaux
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2010/03/29/la-cigale-et-la-fourmi-par-francois-michaux_1325685_3232.html
Questionnement :
Il semblerait que la « désinflation » que les allemands auraient créée et donc du différentiel de coût avec les pays du sud serait de 45% et de 25% avec la France !!!
En toute logique les entreprises allemandes seraient imbattables et donc bien évidemment une telle situation ne pourrait perdurer bien longtemps.
J’ai du mal à assimiler ces chiffres, sauf que en lisant un article ce matin sur la crise du lait, je tombe sur deux chiffres :
Les agriculteurs devaient obtenir une augmentation de 6% cette année par rapport à l’année passée, sauf que le prix du lait en Allemagne serait 15% moins cher.
Soit un différentiel de 6 + 15 soit 21% et on rejoint le fameux différentiel allemand et donc je me demande si cela est réel, combien de temps nous pourrons supporter cela sans exploser, nos agriculteurs aujourd’hui et nos usines demain…
Autre chiffre qui me désole, un Tunisien touche 137 € par mois en travail posté contre sans doute 10 fois plus en France et donc il est logique et normal que Continental délocalise en Tunisie car comment pourrait-il avoir une cotation en bourse correcte s’il ne délocalisait, car il faut bien l’admettre dans le système économique actuel, il serait suicidaire pour Continental de continuer à produire en France…
Et j’en reviens à la Grèce, si les pays européens prêtent à la Grèce, comme ils sont déficitaires cela signifie qu’ils vont emprunter pour reprêter à la Grèce, les prêteurs le sauront et donc imposeront alors une prime de risque et les taux d’emprunts monteront pour toute l’Europe… IMPOSSIBLE donc..
Si la Grèce sont de l’Euro, elle dévalue mais se retrouve avec des dettes qui augmenteront aussitôt du montant de la dévaluation, elle importera ses produits plus cher d’Europe, à l’évidence et compte tenu du montant de ses dettes elle explose définitivement, elle a donc atteint un point de non retour sauf de sortir en reniant sa dette… perdue pour perdue, elle fait exploser le système
En fait quelque soit la manière dont on prend le problème, seul le FMI peut prêter à la Grèce en lui imposant des règles strictes, aucune autre solution.
Maintenant pourquoi l’Europe propose d’aider la Grèce, un Sarko ne veut pas de DSK dans le circuit, il l’a mis en stand by au FMI pour s’en débarasser et il veut revenir par la porte de secours, l’Europe sait confusément que si le FMI prête à la Grèce, les financiers vont ensuite passer aux autres lettres du mot PIIGS et ils se donneraient du temps pour je ne sais quoi…
Ensuite Sarko qui fait l’impasse sur la taxe carbone, c’est grave pour lui, cela signifie sauve qui peut général car il ne faut pas l’oublier, il a supprimé la taxe professionnelle sans la remplacer par en partie la taxe carbone…non seulement le budget n’est pas terrible mais avec la TP en moins c’est un sérieux trou supplémentaire qui se crée…c’est désormais du n’importe quoi…
Bref suis un tout petit sur cette terre, les financiers en savent bien évidemment plus que moi, ce me semble tout le monde joue actuellement au tu me tiens – je te tiens par la barbichette…
tout le monde est conscient qu’il faudra bien à un moment siffler la fin du jeu…
Question qui va oser siffler la fin du jeu, je me dis que cela sera un petit truc tout con qu’on ne verra pas venir et qui nous explosera à la figure, bref scrutons l’horizon…
Et en attendant cri de victoire de la Chine, plus 12% de croissance au dernier trimestre … bref chacun joue sa carte personnelle, un peu comme une partie d’échec, on prend tout ce que l’on peut maintenant car demain il sera trop tard… mais c’est quoi trop tard !!!
En ce qui concerne la Taxe Professionnelle:
Pour le budget 2010, l’Etat garanti le versement aux collectivités territoriales d’une compensation relais correspondant au produit de la TP perçue en 2009.
La TP sera remplacée par la CFE (Contribution Foncière des Entreprises). Cette contribution sera calculée en fonction de l’emprise foncière et du chiffre d’affaire des entreprises.
Les modalités de perception de cette nouvelle taxe (pudiquement rebaptisée contribution) ne sont pas encore définies puisqu’elles dépendent de la réforme des collectivités territoriales.
@ arkao
complément d’information : remplacement de la Taxe Professionnelle par une « contribution économique territoriale ».
L’ancienne TP avait pour base
-pour une part des éléments fonciers (cette partie resterait en vigueur)
-pour une autre part des équipements et biens mobiliers -les machines- (cette partie serait remplacé par le prélèvement d’un pourcentage de la valeur ajoutée produite par l’entreprise).
Des gagnants et des perdants en perspective côté entreprises. Côté collectivités locales (et donc impôts locaux!) ce sera la surprise : une de plus à venir!!!
Amicalement,
Frédéric
Au XX siècle l’Europe s’est sabordée par la guerre. Au XXI siècle elle se saborde par l’économie.
Quelle misère, no future, aucun « désir d’avenir » (pour reprendre l’expression d’une présidente de région). Que vont devenir nos enfants. L’ Europe est vieille et fatiguée, elle succombe sous le poids de son histoire. Elle ne veut plus en jouer. Triste destin … En comparaison les USA font encore illusion, jusqu’à quand ?
« Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles » Paul Valéry
La civilisation occidentale, dont l’Europe est la mère vieille et fatiguée, semble aujourd’hui en effet moribonde, parce qu’empêtrée dans des contracdictions de plus en plus flagrantes et intenables: en particulier un système économique basé sur une croissance économique exponentielle, dans un monde fini.
La sortie par le haut de cette impasse c’est plus de frugalité dans la consommation, plus de justice dans la répartition des richesses, plus de solidarité entre les pays et à l’intérieur des pays. La sortie par le bas c’est le chacun pour soi, la fuite en avant dans l’exploitation sans frein des hommes et des ressources naturelles, avec le cortège de souffrances, et de destruction que cela entraînera pour tous. Chacun de nous doit maintenant choisir entre les deux termes de cette alternative, et ne pourra pas dire plus tard qu’il ne savait pas.
Bonjour,
@ Joan :
Oui, je pense comme vous que nous en sommes là : c’est triste mais mieux vaut l’énoncer que le vivre en catimini.
Cordialement,
Le catéchisme de notre civilisation est devenu, tout simplement, le bilan des banques. Analyser de facon pointue ces bilans revient à saisir et palper l’ « essence » de ce qu’est devenu la « marche » de notre monde, même si celui-ci ne se rend pas compte qu’il s’enfonce dans les sables mouvants. Le jour où, compétition et prestige obligent, le capitaine du Titanic accepta de trahir sa profession en obéissant au directeur de la compagnie lui demandant de prendre la route du Nord, plus rapide car plus courte, mais que le capitaine savait très dangereuse en la saison à cause des nombreux icebergs, ce fut la catastrophe. Pourtant ce vieux capitaine était un vétéran de la marine marchande à qui l’on avait confié ce commandement de la traversée d’inauguration du prestigieux Titanic. Mais, déjà, le marché avait remplacé les verticalités de la vie: laissez faire, laissez passer, mais la verticalité de l’iceberg n’en avait cure. Les autres verticalités actuelles non plus.
Si ce n’est pas un iceberg, une autre verticalité, quelque soit sa forme, nous fera entendre raison. On ferai donc bien de prendre les devants…
Mais quand on voit les « combinazione » concernant la Grèce, ancien berceau de la « pensée européenne » (quelle chute !!), et les très brillantes intelligences du monde financier à son chevet, calculant leurs taux et marges bénéficiaires juteuses, nous voilà rassurés… Ouf, c’était une fausse alerte…
Bien lire jusqu’au bout cette chronique du 29 mars 2010 de Philippe Béchade:
http://www.la-chronique-agora.com/articles/20100329-2614.html
@ Joan
Pour lever les ambiguïtés et si pour l’essentiel l’alternative est correcte, la « frugalité dans la consommation » doit être discutée !
Cela dépend de la position que chacun occupe dans la consommation. Il vaudrait donc mieux dire d’une consommation appuyée sur des circuits respectueux de l’écologie, économes en ressources, en énergie et en travail.