Il y a eu le vote protestataire, où l’on n’accorde pas sa voix en faveur d’un parti mais contre un autre. Il y a eu le vote blanc ou le vote nul, où l’on déverse sur le bulletin la rage que l’on a au cœur. Il y a eu enfin l’abstention, quand le pire ennemi de mon pire ennemi m’est lui aussi devenu à ce point indifférent, que lui non plus ne mérite plus que je me dérange.
Comment en arrive-t-on là ? Quand dans son ensemble la classe politique parle d’un monde qui a cessé d’exister. Nous aimerions tant qu’un de ses membres dise en public – et non comme aujourd’hui en privé, dans le creux d’une oreille – « La machine est cassée ! » Mais non, on demande aux vieilles recettes de continuer à servir, non sur la foi de leurs succès passés mais par simple habitude. En changeant, dans le meilleur des cas, les proportions de divers ingrédients rassis, rancis, voire franchement frelatés. Le monde a changé et la classe politique poursuit imperturbablement le bavardage d’une conversation qui n’évoque plus que l’ancien temps.
Nous vivons une période que l’on peut sans emphase qualifier d’historique : le capitalisme meurt sous nos yeux et nous entraîne dans sa perte. Toute tentative de rafistolage du système épuisé ayant implosé devant nous, sera certainement douloureuse et plus que certainement, vaine. Une finance fondée sur des paris sur les fluctuations des prix s’est nourrie sur le corps affaibli d’un monde ayant cessé de compter sur la richesse pour vivre à crédit, et s’est – comme il était à prévoir – effondrée. Après un temps de latence, elle entraîne désormais à sa suite les États qui s’étaient portés à son secours. Les peuples sont appelés à régler l’addition : il n’est question que de plans de rigueur et de luttes contre les déficits publics ; la protection sociale conquise sur un siècle, n’aura pas duré davantage.
On parle encore avec emphase de croissance, porteuse d’abondance et chargée de tous les bienfaits, mais ceux ayant ces mots à la bouche savent qu’elle s’alimente depuis toujours à la gabegie d’une planète pillée sans répit. La recette en est de toute manière perdue. À la place, la précarité et le chômage progressent d’une marche inexorable : les emplois perdus, le sont à jamais.
Cette fin d’un monde qui s’est cru éternel exige des actes, dès aujourd’hui. Le manque d’imagination, le manque de courage ne sont plus de mise désormais. Si rien n’est fait – et l’encommissionnement est une forme du rien – il n’y aura plus bientôt ni planète viable pour notre espèce, ni économie qui ne soit simple rapt par la finance de toute richesse créée, ni même aucun revenus, car les nations vieillissent, et les vieillards qui occupent les postes s’y accrochent à mesure que fondent leurs retraites, monopolisant la ressource devenue rare qu’est le travail humain.
Quelle initiative alors prendre ?
L’ Appel du 22 mars annonça le Joli Mai et le dépoussiérage que celui-ci opéra d’une société en voie de fossilisation avancée. Mais rien ne sert de convoquer les symboles au titre de fleurs ou couronnes : la soupe refroidie n’est au goût de personne. Nul n’a le droit de les évoquer s’il n’est digne d’eux : à la hauteur aujourd’hui de ce qu’ils furent en leur temps.
Il n’est question ici ni de nouveaux slogans, ni d’un nouveau parti : le cimetière des espérances déçues déborde de tous ces lendemains qui nous firent déchanter. Il s’agit au contraire de mettre en mots, en images et en actes, les prémices du monde nouveau qui se dessine à nos yeux. Toutes les mesures à prendre ne sont pas encore connues, certaines n’existent encore qu’à l’état d’ébauches à peine esquissées, mais qu’importe ! Le monde auquel nous aspirons est l’inverse de celui qui, petit à petit, s’est installé dans nos vies et pire encore, se trouve maintenant logé à demeure dans nos têtes. À l’égard de celui-ci, nous sommes déjà, au plus profond de nous-mêmes, des insoumis. C’est cette insoumission-même qui émerge aujourd’hui sous sa forme collective.
Le bourgeois a perdu son Dieu et l’a remplacé par l’argent. L’argent a tout envahi. Le « capital humain », un lobe de foie ou un rein, tout a désormais un prix : tout se vend, tout s’achète. On évoque aujourd’hui la « loi du marché » comme on parlait auparavant de la « gravité » : inscrites toutes deux désormais au même titre sur des tables d’airain. La plus grande richesse créée par les machines aurait dû signifier notre libération, mais aussitôt créée, elle se trouve confisquée et disparaît dans des comptes secrets.
Le temps n’est-il pas venu de désamorcer la machine infernale ? D’affirmer que le commerce humain n’est pas nécessairement celui de l’argent ? De faire advenir la solidarité là où la rivalité règne aujourd’hui en maître ? De promouvoir un double respect : celui des humains dans leur diversité, les uns vis-à-vis des autres, et celui d’eux tous réunis, envers la planète qui les accueille et leur dispense ses bienfaits ? « Penser global pour agir local » ont dit à juste titre, les écologistes. Le moment est venu d’agir aussi globalement : local et global, l’un ne va pas sans l’autre.
La démocratie se voit chaque jour un peu plus menacée par les manifestations d’un contrôle social envahissant. Les moyens qui s’offrent à nous pour la faire progresser, pour qu’elle s’approfondisse sur le plan politique et pour qu’elle s’instaure enfin au sein de l’économie, par le biais d’une constitution pour l’économie, définissent le monde nouveau qui pourrait être le nôtre.
Bien sûr, nous savons faire la part du rêve mais c’est pour mieux l’affirmer d’abord comme ce but auquel nous ne saurions renoncer. Nous nous inscrivons, de cette manière, dans la lignée de tous les résistants, « dissidents » de toutes les époques, dont on découvre plus tard qu’ils eurent raison d’avoir si longtemps tort, sans jamais renoncer.
Il y aura toujours de « prochaines élections », même s’il existe pour nous Dieu merci d’autres moyens d’exprimer nos espoirs. La manière optimale de les préparer – l’action politique sous son jour le meilleur – est de commencer par rêver à voix haute. Nous associons à notre rêverie partagée, un programme immédiat pour être sûrs qu’elle ne sera pas abandonnée aussitôt évoquée : les dix, cent, mille mesures qui devront être prises pour que les idées généreuses se traduisent en des réalités qui ne le seront pas moins. Ce catalogue, livre de doléances ou quel que soit le nom qu’on veuille bien lui donner, ne sera pas l’aboutissement de tractations entre partis, mais le produit d’une élaboration « apartidaire », fruit de la tenue d’États généraux, témoignage que les temps difficiles sont ceux où s’entend la voix des sans grade, guidés seulement par leur foi en la lumière et leur bonne volonté !
Paul Jorion et François Leclerc
418 réponses à “« Contre-appel du 22 mars »”
@ Pierre-Yves D. dit : 31 mars 2010 à 13:07
C’est fou ce qu’il faut dépenser comme temps pour faire peu à peu progresser le débat, donc, tant qu’il tient, notre rapprochement. J’ai déjà connu cela avec Lou et Louise pour qu’elles finissent par admettre que « Il est interdit d’interdire » était idiot.
Avec vous, vous avez fini par reconnaître que 68 avait poussé à la consommation sous toutes ses formes et que l’organisation capitaliste avait trouvé son intérêt à satisfaire la demande d’ailleurs amplifiée et facilitée du fait des accords arrachés à Grenelle. Nous sommes bien d’accord?
Ce faisant, reconnaissez au passage que cela n’a pas été dans le bon sens pour l’écologie du fait de l’accroissement des prélèvements sur les ressources non renouvelables que cela a entraîné. Certains qui, tel Dany, ont changé d’objectif, doivent avoir des remords.
Passons au capitalisme. Personne ne me l’a enseigné, ni pour me le dénigrer ni pour l’encenser. Mon expérience (encore elle, pardonnez-moi) m’a appris que c’est, à la base, quelque chose de naturel.
Au risque de vous choquer, je dis qu’au départ, c’est un travailleur qui travail plus que les autres et qui a tendance à moins consommer que les autres afin de se constituer un capital.
Pensez aux premiers agriculteurs qui n’ont pas consommé toutes les graines qu’ils ont cueillies afin de les semer l’année suivante en vue de la récolte.
Pensez à l’agriculteur qui s’est donné plus de mal que les autres pour domestiquer son premier animal de trait.
Le fait d’utiliser des techniques et des moyens de production plus performants en a fait l’amorce d’un capitaliste. Grâce à une saine gestion et à une bonne organisation, l’entreprise devient en général, de plus en plus rentable au fur et à mesure qu’elle grandit.
Un capitaliste est très souvent au départ, une personne comme une autre mais qui, s’organise et adopte un comportement qui génère de l’efficacité et en final, une élévation de niveau de vie.
Ce faisant, il a crée des emplois pour ceux qui en ont besoin et livré aux consommateurs des produits qui contribuent en général à faciliter la vie des gens. Dans l’affaire, tout le monde y trouve son compte. Et il ne semble pas immoral que dans l’affaire, lui, qui a travaillé plus que les autres et pris des risques, soit mieux rétribué que les autres.
Quant à l’organisation de l’entreprise, je vous suggère de regarder ce en quoi elle a de l’importance. Voyez en page 4 et 5 du document accessible ici : http://www.danielmartin.eu/Cours/Capital-Travail.pdf
Venons en une nouvelle fois à la morale et au fait que, selon vous, elle s’arrête aux portes de l’entreprise. C’est très important de bien s’expliquer sur ce sujet. Je pense que vous êtes tout comme moi un consommateur. En tant que consommateur, vous souhaitez disposer d’un produit qui vous donne satisfaction. Qu’il soit fiable, durable, pas cher. Ca n’est pas évident quand de très nombreuses personnes concourent à la conception et à la réalisation d’un produit, d’arriver à ce que ce soit un bon produit. Pour y parvenir, il est indispensable que chacun du haut en bas de l’échelle joue bien son rôle en vue de bien servir le produit. Cela exige une grande conscience professionnelle de chacun, de sorte qu’il règne à l’intérieur des entreprises de production que j’ai connues, une réelle morale focalisée sur le respect et la satisfaction de l’utilisateur final.
Quand vous dites « Or si nous connaissons une crise aigüe c’est bien parce les travailleurs salariés n’ont aucune prise sur les buts de l’entreprise capitaliste » je ne peux m’empêcher de penser aux contenus de certains tracs qu’on diffusait à la porte des entreprises il y a 60 ans.
Vous voulez de toute force condamner l’entreprise capitaliste sans regarder ce qui s’est passé et se passe encore dans le monde. Dans tous les pays, même les pays communistes, on a adopté le mode de production capitaliste parce que c’est le plus efficace.
C’est celui qui, tout compte fait, conduit au meilleur niveau de vie de ceux qui y sont employés. N’avez-vous pas vu l’état dans lequel se sont retrouvés les pays de l’Est après avoir fonctionné sous un autre type d’organisation. ?
Pourquoi croyez-vous que la Chine s’y est convertie?
jducac,
Bonjour. Je reprends le train en marche, pas facile ici vous en conviendrez ! J’ai lu il y a peu un de vos messages où vous notiez que certains avaient laissé tomber le débat avec vous. Je me suis senti visé.
Par là : http://www.pauljorion.com/blog/?p=8775#comment-63567 et là : http://www.pauljorion.com/blog/?p=8775#comment-63274
il me semble que c’est vous qui aviez botté en touche. Me trompé-je ?
Autre point : « Ce faisant, il [le capitaliste] a crée des emplois pour ceux qui en ont besoin et livré aux consommateurs des produits qui contribuent en général à faciliter la vie des gens. Dans l’affaire, tout le monde y trouve son compte. Et il ne semble pas immoral que dans l’affaire, lui, qui a travaillé plus que les autres et pris des risques, soit mieux rétribué que les autres. »
Merci de m’éclairer sur le paragraphe entier : qu’entendez-vous par « ceux qui en besoin » ? Est-ce une bonne chose « quelque soit l’emploi créé » ? Qu’entendez-vous par « faciliter la vie des gens », et cette facilitation doit-elle se faire même si elle contribue à détruire la planète, la biodiversité et accessoirement à affamer, assoiffer, et asservir nos frères humains ? Dans l’affaire tout le monde y trouve son compte : ah !?
PS : pardonnez le style, mais je suis à la bourre…et n’en ai pas l’habitude.
@ Fab dit : 1 avril 2010 à 07:34 et à ceux qui souhaitent suivre
Je vais donc répondre d’abord à votre seconde question du post :
http://www.pauljorion.com/blog/?p=8775#comment-63274
« Doit-on sous prétexte de participation à l’activité du groupe, afin de ne pas « vivre au crochet des autres » accepter un travail dénué de sens -pour soi et pour la société ? Sachant que ces evailmplois insensés se propagent plus vite que la peste et le choléra réunis -à tel point qu’aujourd’hui leur nombre est tel qu’il devient pour beaucoup difficile de les distinguer parmi les autres !!! »
Jusqu’alors, j’ai toujours trouvé un sens à ce que j’ai fait, même dans l’instant présent. Quand il m’arrive de douter, je m’efforce de sortir de mon interrogation en cherchant à donner un sens positif à mon action, quitte à aller chercher parfois très loin sa raison d’être et éventuellement à l’infléchir en fonction de l’évolution de mes perceptions.
Quand, j’étais totalement dépendant de ma cellule familiale et alors que, vu mon jeune âge, je ne m’interrogeais pas sur le sens de ce que je faisais, ce qui me guidait résultait de l’incitation de mes parents à participer aux activités familiales. Elles étaient pratiquement toutes orientées vers l’amélioration des conditions de vie.
Notre piètre situation sociale incitait mes parents à entreprendre plus qu’à gémir et à se livrer à des activités génératrices d’amélioration des ressources. Au passage, notez qu’on dirait plutôt aujourd’hui, pouvoir d’achat ce qui est très différent.
A l’époque, dans les années 45-50, c’était le début des aides sociales, mais elles n’étaient pas au niveau de celles d’aujourd’hui. Ce qui guidait en premier mes parents, c’était un précepte qu’on leur avait enseigné et que j’ai aussi adopté : « Aide-toi d’abord et le ciel t’aidera ».
En tant que terriens d’origine, ils ont loué un très grand jardin, 2000m2 qui était fait entièrement à la main. Là, toute la famille s’employait à des tâches pénibles et pourtant peu rémunératrices. Aujourd’hui les enfants employés au jardin familial, sont très peu nombreux dans nos pays développés et tout compte fait, ça n’est probablement pas un progrès, surtout quand on pense à ce qui va s’imposer à eux dans un futur proche.
Depuis déjà bien longtemps, je mesure combien ces travaux domestiques étaient très lourds de sens y compris de sens indirects, les plus précieux de tous.
A l’école, nous apprenions « Le laboureur et ses enfants ». On vénérait le travail et ce qui aidait à supporter le côté pénible de tâches que, moralement, on grandissait toujours toutes. On nous apprenait à respecter tous les métiers. Je pense que c’est toujours ainsi dans tous les pays en voie de développement.
Après tout, est-ce immoral que les emplois quittent les pays dans lesquels le travail, même le plus modeste, n’est pas vénéré en tant que tel ?
Quand j’entends parler de « métiers de merde », de « peste et de choléra » je m’interroge sur ceux qui ont aidé à développer ces qualificatifs. J’en viens à penser que ce ne sont pas de réels vrais travailleurs nés, mais peut-être au contraire des individus inconscients des conditions de leur existence.
Ils n’ont pas compris qu’on leur a seulement donné la vie et une éducation de base (très inférieure à celle qui été donnée antérieurement) pour qu’ensuite ils bâtissent leur vie avec ce qui se présente à eux.
Malheureusement ces enfants, auxquels on a néanmoins consacré beaucoup plus de moyens, ont été doublement trompés. D’une part on ne leur a pas inculqué les bases les plus utiles à la conduite de leur vie : la morale. Et d’autre part, on leur a laissé entendre qu’en leur donnant une instruction plus étendue et plus élevée qu’aux anciennes générations, ont leur éviterait de connaître les conditions les plus modestes, ces métiers que certains leur ont présentés comme de la merde, vouée aux autres, mais pas à eux. Quelle erreur !
J’ai donné mon avis sur un de ces métiers qui mérite le respect en réponse à Cécile et Louise et me suis longtemps exprimé sur le travail et autres dans la file où se trouve le poste ci-dessous. Remontez et redescendez la file. Je finis par me répéter. Attention au grand-père qui radote…
http://www.pauljorion.com/blog/?p=8775#comment-63662
Venons-en à votre deuxième question ; « Le travail doit-il nécessairement être rémunéré ? »
J’ai déjà donné mon avis dans le cas du foyer familial, mais ne retrouve pas sous quel billet je l’ai mis. Je vous l’indiquerai si je le trouve.
En dehors du foyer : je réponds oui. Puisque, je l’espère, nous continuerons à vivre pendant un certain temps avec des échanges nettement au-delà.
N’hésitez pas à me relancer s’il vous manque quelque chose. Je répondrai avec plaisir
jducac,
Merci de votre exemple. Il est fort probable néanmoins qu’il ne soit pas généralisable.
Je n’ai pas parlé de « « métiers de merde » ».
Comme vous semblez davantage attaché à la valeur des exemples particuliers, en voici deux :
– que penser de l’utilité, du sens, pour l’employé et pour la société, d’un poste de montage de téléphones portables destinés à une courte durée de vie ? Sachant que la vie de ces téléphones, de leur fabrication à leur pseudo-recyclage n’est pas ce qu’on a inventé de mieux pour la planète. Ah, je profite pour prolonger la question aux surdiplômés qui vendent la soupe forfaitaire qui avec ces téléphones ?
– vous parlez de jeunes : « on ne leur a pas inculqué les bases les plus utiles à la conduite de leur vie : la morale ». Question : qu’est devenue la chair à canon des temps passés ?
http://perso.numericable.fr/gabuzo38/devises/d_04.jpg
@ Fab dit : 1 avril 2010 à 07:34 et à ceux qui souhaitent suivre
Je complète pour répondre à toutes vos questions, notamment « Ce faisant, il [le capitaliste] a crée des emplois pour ceux qui en ont besoin »
Il me semble difficile à un homme, digne de ce nom, de se sentir appartenir à une communauté sans contribuer aux charges qu’implique l’existence de cette communauté.
Pour atteindre le niveau de vie qui est le nôtre, les hommes depuis la nuit des temps ont peu à peu structuré leurs activités dans le sens qui accroît l’efficacité. Ils ont vu que la spécialisation, l’organisation rationnelle, la grande échelle, l’automatisation Etc…sont les éléments à optimiser pour atteindre l’efficacité, cela étant vu par métiers ou par produits. Il en résulte qu’aujourd’hui la plupart des emplois sont à pourvoir dans de telles structures, lesquelles requièrent des capitaux et donc des capitalistes petits ou grands.
Comme chacun doit œuvrer pour participer aux charges de la communauté familiale, régionale, nationale, planétaire, en apportant sa part d’activité, il en résulte qu’il lui faut trouver sa place dans une structure qui procure des emplois. Les capitalistes participent à ces structures. Quand un capitaliste crée ou développe une telle structure, il crée des emplois. Plusieurs petits capitalistes isolés peuvent aussi, pour accroître leur efficacité, se regrouper dans une structure appropriée coopérative ou autre.
« Qu’entendez-vous par « faciliter la vie des gens » ? Dites-vous
Inutile de rentrer dans les détails. Il vous suffit de comparer votre vie à ce qu’était celle de vos arrières grands parents ou à celle de vos ancêtres du moyen âge ou encore avant, pour mesurer ce qu’est une vie plus ou moins facile. Vous pouvez voir aussi ce qu’est la vie de certaines personnes en Afrique, en Asie, en Amérique latine ou même en France pour les moins favorisés.
Bien sûr, l’activité humaine a des répercutions sur la planète. C’est le propre de l’homme de modifier son environnement pour rendre sa vie moins pénible ou plus agréable et c’est à cause de cela qu’il est devenu homme.
Le fait qu’il ait été capable de se faire seconder en France par 120 esclaves invisibles qu’il puise dans des ressources non renouvelables(énergies fossiles et métaux) a permis d’accélérer les choses.
L’objectif aujourd’hui, alors que les hommes ont pris conscience de leurs limites environnementales, est de revenir à une moindre empreinte sur la planète pour rendre notre civilisation durable en y perdant le moins possible sur notre confort de vie. C’est pour cela que je crois à la nécessité de changer de domaine d’activité. Réduire notre activité sur et pour le matériel en reportant notre vivacité naturelle sur le virtuel et le spirituel, me semble s’imposer. Cela peut certainement aussi contribuer à nous faciliter la vie, tout en portant moins atteinte à notre environnement.
C’est un revirement colossal qu’il convient d’opérer sur un ensemble de 7 milliards d’individus, dans des communautés encore divisées, et qui de plus n’ont pas acquis le même stade de développement.
C’est pour cela qu’il y a eu échec à Copenhague. Pour tout le monde, ce revirement indispensable, n’est pas facile à opérer.
Pour les pays les plus avancés, il est difficile d’imaginer de faire admettre la venue d’un mode de vie moins confortable alors que les moins pourvus de leur population aspirent à une amélioration, une préservation des acquis, un gain de pouvoir d’achat. Pour les politiques qui ont compris la difficulté du problème, c’est un sujet encore impossible à aborder comme je le fais. C’est d’autant plus difficile à aborder qu’ils ne sont pas encore arrivés à voir que la seule façon de s’en sortir, passe par une alliance générale, sans exclusive aucune, si l’on veut éviter des désordres graves qui conduiraient à des effondrements.
Pour les pays les moins avancés, ceux qui, jusqu’alors, n’ont que peu prélevé sur les ressources non renouvelables, il est difficile d’envisager de réduire leurs prélèvements. Leur développement reste à faire et leurs populations les plus pauvres connaissent un niveau de vie encore plus réduit que les pauvres des pays développés.
Malgré tous les problèmes qu’elle pose, la mondialisation apparaît, du point de vue du rééquilibrage des prélèvements et des niveaux de vie, un processus qui permet d’aller dans le bon sens. On peut d’ailleurs se demander si ce qui a orienté les rédactions des traités européens, OMC, Etc… ne provient pas d’une telle prise de conscience résultant des travaux du Club de Rome dans les années 70.
S’ajoute à tous ces problèmes, l’accroissement de la population mondiale. Il vaudrait mieux la réduire comme lemontre l’étude de Paul Chefurka : http://www.courtfool.info/fr_Energie_et_population_mondiales.htm
@ Fab dit : 1 avril 2010 à 07:34 et à ceux qui souhaitent suivre
Voici le post où j’ai donné mon avis sur la non rémunération des femmes au foyer.
http://www.pauljorion.com/blog/?p=8775#comment-63272
A mon tour de vous relancer. Il me semble que vous n’avez pas répondu à la demande formulée au bas du post suivant : http://www.pauljorion.com/blog/?p=8775#comment-63987
Merci de développer un peu, pour qu’en nous comprenant mieux, nous nous rapprochions
@ jducac ( http://www.pauljorion.com/blog/?p=9401#comment-68613 ),
Je souscris à ce que vous écrivez (les liens que vous m’avez donné ont, de plus, complété mes connaissances).
Pour conclure provisoirement cet échange, je dirais que le privilège de l’âge fait que j’utilise de plus en plus, comme vous, la richesse qu’apporte l’expérience.
La vie est un bon professeur.
Un autre professeur est dans les livres.
Il y a un terme que l’on n’emploie plus beaucoup aujourd’hui, qui désignait les études des textes et des langues anciennes que l’on faisait au lycée; on parlait des « humanités ». On faisait « ses humanités ».
L’expérience et l’étude des textes, les deux choses sont donc utiles pour faire grandir l’humanisme.
Il a existé des époques ou le passé et l’expérience avait plus de valeur.
Je me souviens d’avoir lu un texte de Victor Hugo (peut-être dans « Choses Vues ») dans lequel celui-ci soumettait l’idée qu’il serait bon d’avoir atteint un âge avancé pour pouvoir se présenter à une élection comme représentant du peuple (si je me souviens bien, cinquante ans était l’âge d’éligibilité qu’il proposait). L’énergie de la jeunesse pour bâtir la cité, la sagesse de la vieillesse pour la diriger.
Evidemment, cet excès de valorisation de l’expérience n’est pas une panacée. Il y a de nombreux exemples historiques qui montrent que les plus anciens ont pu être aussi les plus aveugles.
Cependant l’excès inverse que nous vivons, et qu’on peut qualifier de « neophilie » (« tout ce qui est nouveau est intéressant » selon la formule du marchand d’art Léo Castelli), n’est pas non plus la solution.
J’observe que certains cinquantenaires d’aujourd’hui, élevés dans l’idée que tout ce qui est vieux est « ringard », ont du mal à endosser les habits que la vie leur a réservé. Par crainte de se « ringardiser », ils renâclent à oser transmettre leur expérience. Par facilité ils préfèrent se déguiser en rebelles d’opérette, et laisser toute la parole à la jeunesse. Ils souhaitent peut-être que cette jeunesse, qu’ils voudraient continuer à avoir comme miroir d’eux-même, vienne leur voler leur vieillesse. Et c’est malheureusement ce qui risque de leur arriver.
Pour reprendre, à l’inverse, le sujet abordé par Victor Hugo, voici un autre exemple. Nous souhaitons intéresser les plus jeunes aux affaires de la cité (Conseils municipaux d’enfants, Conseils d’établissement scolaire ouvert aux élèves), et c’est une bonne chose. Mais que penser du droit de vote qui pourrait être accordé dès seize ans, selon le projet de loi évoqué récemment? N’est-ce pas illusoire? Et pourquoi ne pas aller jusqu’à accorder ce droit de vote aux enfants de sept ans, puisque nous atteignons à cette époque « l’âge de raison »?
(Si l’on compare une société à une famille, il est évident que tous les membres doivent être intéressés aux événements familiaux, et y participer. Mais aucune famille ne donne un droit de veto aux enfants pour ce qui concerne les choses les plus importantes. Ceux qui ont lu le roman de Golding « Sa Majesté des mouches » ont une petite idée de ce qui pourrait arriver si l’enfance dirigeait.)
Il est certain que « tout ce qui est excessif est insignifiant », et Talleyrand aurait recouvert de la même insignifiance la « neophilie » et la « seneophilie » (pardon jducac, de ces barbarismes de latin de cuisine).
Il nous faudra donc toujours adosser notre humanisme sur l’expérience du passé et sur les textes anciens, mais sans oublier la force du présent et de la nouveauté. Tout est mêlé. Rien ne doit avoir de valeur supérieure.
Le passé a pu à certaines époques vouloir gagner sur le présent.
Je comprends que vous tenez à ce que le « présent » de 68 (pour faire court) ne gagne pas sur le passé. Je vous rejoins. L’esprit doit rester ouvert. Il y a eu d’autres 22 mars avant, et il y en aura après.
jducac,
Ca devient vraiment difficile de suivre, avec tous ces renvois, ces réponses décalées…Je vous avais répondu là : http://www.pauljorion.com/blog/?p=9401#comment-69376
Vous décrivez un système qui me révulse : optimisation, efficacité…, parce que, je le répète, seul l’objectif compte : peu importe l’homme dans le processus. Il faut qu’il se mette au service de la société : Métropolis, Les temps modernes. La société c’est aussi l’armée : allez hop, à la boucherie, « il faut que tu prennes ta place dans la structure »…en sapin ! Et avec le sourire : c’est pour le groupe !
Les 120 esclaves dont vous parlez ne sont invisibles qu’à ceux qui ne veulent pas les voir.
Je résume : c’est comme ça alors il faut s’y faire. Comme en Birmanie. Comme en Chine. Comme en Iran. C’est la vie quoi, n’est-ce pas ? On va continuer à bouffer de la merde (OGM, élévage intensif, pesticides, engrais à gogo…) parce c’est le système qui veut ça : ça permet de créer de l’emploi chez les fabricants de pesticides et d’ogm !!! L’Amazonie devient un grand champ de cultures de soja, d’ogm… : mais puisqu’on vous dit que c’est pour la bonne cause, que ça crée de l’emploi puisque ce soja transgénique emploi du monde sur place, et étant destiné à l’alimentation de notre bonne viande à nous ça crée de l’emploi en France tout en remplissant notre frigo de bonne viande nourrie avec des aliments pas chers puisque produits par des esclavagistes et voleurs de terres ! Pareil pour les téléphones portables : de la fabrication au recyclage, en passant par les forfaits…tout est bon : les emplois créés, les matériaux utilisés, le recyclage total et totalement vert.
Tenez, encore un lien : http://www.pauljorion.com/blog/?p=9807#comment-69379
Le travail, ça occupe : c’est une bonne chose, vous avez raison. M’enfin de là à dire que c’est la meilleure ! Il est temps de chercher autre chose, qui soit plus respectueux de l’homme, de l’humanité et de la Nature. Ça ne sert à rien pour les générations futures que nous nous réfugiions dans le réconfort de l’idée d’avoir fait de notre mieux, que c’est la société qui voulait ça et que dans ce système imposé, inébranlable, nous avons essayé d’apporter notre petit plus, par exemple en disant « s’il vous plaît » avant de mettre une balle entre les deux yeux de notre ennemi ou du poulet d’abattage, ou en disant que « non ce n’est pas raisonnable » en fabricant des énoooormes 4×4 ou en bouffant des produits faits par des esclaves du Sud (des vrais, on peut même les toucher, ou les frapper s’ils n’avancent pas assez vite, vous savez comme ils sont ces gens-là, toujours à tirer au flanc, et à faire exprès de ne pas comprendre qu’il faut qu’ils prennent leur place dans le trafic, que c’est pour le bien de la société s’ils produisent de la merde qui pollue leur terre, déstructure leur organisation sociale et familiale et les rend dépendants de notre monnaie dont nous débattons ici tant et plus !), ou en disant que « c’est bien il faut continuer comme papa et maman » à nos enfants !!!
Voilà jducac, ça fait du bien. Surtout en ce dimanche pascal : y’aura plein de chocolat (lisez l’étiquette…provenance, ingrédients…), du bon agneau, et mardi hop : au boulot
@ Fab dit : 3 avril 2010 à 04:35
Votre exemple montre que pour gagner sa vie aujourd’hui, on est conduit à consommer, directement ou indirectement, les ressources naturelles non renouvelables à très vive allure.
Il n’y a pas d’autre solution que de réorienter nos activités vers l’enrichissement spirituel de chacun afin de rendre les hommes heureux autrement qu’en cherchant à avoir, pour jouir du confort matériel, et à paraître, pour donner envie aux autres.
Quand gagnera-t-on sa vie par une activité sur ce créneau ?
C’est possible depuis longtemps. Il suffit d’être gourou et suffisamment habile pour plumer des adeptes de telle sorte qu’ils ne puissent plus retomber dans le monde de consommation matérielle.
Tout cela ne va pas dans le sens de la préservation des acquis, ni de l’augmentation du pouvoir d’achat.
Quelle-est votre solution ?
___________
Pour la chair à canon, ne craignez pas de dire là où vous voulez en venir. Merci de faire don de quelques phrases non elliptiques
Fab dit : 4 avril 2010 à 07:41
Quand j’ai posté à 07/43 je n’avais pas pris connaissance de votre dernier poste à 07/41, Je viens donc y répondre.
Quel réquisitoire !
J’imagine que vous êtes encore jeune, débordant d’idées et d’énergie pour bâtir autre chose de mieux. Prenez le monde tel qu’il est et agissez positivement pour le conduire là où vous le voyez, c’est-à-dire ramené aux conditions des temps très anciens, certainement encore plus défavorables pour les plus faibles.
Ceux qui vous ont précédé, une fois en devoir de travailler, souvent très jeunes, ont pris le monde tel qu’il était et y ont fait leur œuvre. Si vous êtes européen, dites-vous qu’après beaucoup d’erreurs de leurs ainés, ils ont bâti la paix intérieure et entre Etats. Ils auraient pu faire plus mais reconnaissez que ça n’est pas négligeable. Souhaitons que vous puissiez garder ces acquis fragiles et faire mieux, je vous y encourage.
Pour ce qui me concerne, je me sens trop âgé, et espère que dans le monde que vous souhaitez, on aura quand même un minimum de respect à l’égard des générations de vos parents et grands parents qui vous ont fait naître et grandir, malgré les difficultés de leur vie. Car je pense que, comme moi, ils ont fait de leur mieux honnêtement, sans mauvaise intention à votre égard, au contraire.
Allez-y ! Prenez le monde à pleins bras. Faites en sorte qu’il soit mieux ou en tout cas pas plus mal.
Attention toutefois.
Vous n’êtes qu’un parmi 7 milliards et pendant que vous dressez votre réquisitoire, d’autres agissent et, à terme, risquent de vous entraîner de gré ou de force dans leur ronde redoutable basée sur l’action, l’efficacité, le respect d’une morale individuelle et collective qu’ils auront bâtie entre eux et qu’ils vous imposeront.
Courage !
jducac,
« Quand gagnera-t-on sa vie par une activité sur ce créneau ? » : ça sent l’oxymore. Au moins.
Que « cela » n’aille pas dans le sens de l’augmentation du pouvoir d’achat est la moindre des choses, j’en conviens.
Ma solution : que ceux qui le peuvent larguent les amarres. Qu’ils se fassent confiance. Qu’ensuite on puisse tous en parler ensemble. Il n’est pas exclu comme vous le notez -peut-être un peu vite- que nous réussissions à « réorienter nos activités vers l’enrichissement spirituel de chacun afin de rendre les hommes heureux autrement qu’en cherchant à avoir, pour jouir du confort matériel, et à paraître, pour donner envie aux autres. ».
« Pour la chair à canon, ne craignez pas de dire là où vous voulez en venir. Merci de faire don de quelques phrases non elliptiques » : ce doit être une histoire de positionnement, je ne vois là aucune ellipse. Vous parlez des jeunes, d’aujourd’hui si j’ai bien compris, en disant qu’on ne leur a pas inculqué la morale : est-ce la même morale que celle qui fut inculquée par le passé à la chair à canon ?
Plutôt que réquisitoire, que pensez-vous de constat ? Ce qui n’enlève rien à la bonne volonté des anciennes générations qui ont fait avec les moyens du bord, avec les conditions de l’époque pour reprendre vos propos.
« Prenez le monde tel qu’il est et agissez positivement pour le conduire là où vous le voyez, c’est-à-dire ramené aux conditions des temps très anciens, certainement encore plus défavorables pour les plus faibles. »
Quand situez-vous ces temps très anciens ?
A cette époque la population humaine n’était probablement pas de 7 milliards, mais je serais curieux de connaître la différence avec notre époque des proportions de « plus faibles » dans le monde, et de « leur » condition. Sans parler de celle des autres animaux terrestres, des plantes, de la Nature en général et non d’une espèce en particulier : il n’y a là non-plus aucune ellipse, seulement le constat d’une morale séculaire et malheureusement trop souvent non-inculquée : l’harmonie, plus connue sous le nom de règle d’or ou d’éthique de réciprocité.
Je n’ai pas bien compris votre dernier paragraphe : vouliez-vous dire « d’autres s’agitent » ?
jducac : nous sommes en classe affaire, on se goinfre, on se remplit la panse à s’en rendre malades, bref on consomme à n’en plus pouvoir et sans intégrer réellement, en pleine conscience, les dégâts provoqués par notre attitude d’enfants gâtés diront certains, d’enfants prisonniers d’un vaisseau spatial, sans repères, et qui occupent leur temps comme ils peuvent en se cachant au maximum la réalité qui les effraie.
Merci.
@ Fab Fab dit : 5 avril 2010 à 05:40
Au final, nos visions respectives ne sont peut-être, pas très éloignées l’une de l’autre.
Personnellement, je pense que pour avoir une chance de nous en sortir, il faut d’abord, au niveau du pays, prendre conscience collectivement de la gravité de la situation pour rechercher une union nationale. C’est pour cela que j’interviens très souvent sur ce blog afin de freiner le plus possible les entreprises de divisions partisanes qui me semblent vaines , dérisoires et suicidaires face à l’enjeu. Si les divisions internes s’installaient, nous irions rapidement vers un naufrage auto destructeur.
Ensuite il faut, si c’est encore possible, opérer une reconversion morale de la population, surtout celle née après 1950 chez laquelle on a instillé le virus de l’individualisme, le réflexe du chacun pour soi. Il faut rebâtir chez chacun, une conscience morale du devoir individuel au service d’un devoir collectif, seul capable de sauver notre civilisation. C’est pour cela que je me bagarre tant pour qu’on torde le cou aux slogans ravageurs de 68.
Vous évoquez la chair à canon des précédentes guerres, mais aujourd’hui nous sommes, sans que les gens s’en rendent compte, dans une guerre… une guerre pour notre survie. L’ennemi c’est nous-mêmes, individuellement et collectivement. C’est pour cela que j’évoque souvent la nécessité de travailler sur le spirituel, le mental, la conscience, avec tout ce que cela comporte de dangereux ; mais comment faire autrement quand on est au bord du précipice.
Là où je pense que nous nous séparons peut-être, c’est sur la façon d’opérer le renversement. Même s’il faut aller vite, je pense qu’il ne faut pas, comme vous l’évoquez, larguer les amarres avec toute la brutalité que cela implique. J’aurais tendance à penser à une phase de transition s’étalant sur plusieurs années ou décennies ou plus, le temps de convertir les foules qui sont à des années lumière de s’attendre à ce que cela suppose comme régression dans le niveau de vie, au sens où on l’entend actuellement. Il faudra du temps pour réimplanter des interdits, les faire comprendre et les faire respecter.
L’inconnue se situe aussi au niveau des continents et de la planète entière, pour que cette transformation radicale soit comprise et acceptée par tous. Copenhague n’est pas encourageant de ce point de vue. Notre petit pays est-il le mieux placé pour entraîner la planète entière ? Il est à craindre que nous soyons pris dans la ronde infernale de ceux qui, plus forts et plus nombreux, pourraient penser s’en sortir autrement, à notre détriment.
SCARINGELLA a écrit : « Pour avoir des droits il faut etre sujet de droit donc majeur. »
Permettez-moi d’intervenir sur le tard, mais voilà exactement le genre de sophisme que je ne laisse pas passer ! Typique du formatage au droit napoléonien et romain.
Deux catégories absolues, discrètes, sans nuance : les « mineurs » (quel mot affreux) et les « majeurs », rien entre les deux, comme si les droits ne devaient pas être ouvert progressivement et intelligemment avec l’âge ! Les juristes étroits mettent dans la même catégorie le nourrisson et le jeune homme de 17 ans, c’est ridicule.
Bien sûr que l’on peut être sujet de droit avant 18 ans ! Cela se fait dans de nombreux pays. Mais en France, ceux qui voudraient refuser que l’on soit sujet de droit à 16 ans sont en général les mêmes qui veulent abaisser la majorité pénale à 13 ans. Cherchez l’erreur.
L’histoire recèle même de petites saloperies qui méritent d’êre rappelées : avant 1974, on n’était, selon Scaringella, pas « sujet de droit » avant 21 ans. En revanche, pour porter des armes de guerre, par exemple en Algérie, on vous trouvait « majeur » à 18 ans et même 17. C’est un véritable scandale dont aucun livre d’histoire ne parle et qui n’intéressait pas la chienlit de 1968 : leur l’ambition n’était le progrès moral mais juste de coucher et découcher sans entraves.
Le sophisme, courant dans les milieux de petits juristes de bas étage, énoncé par SCARINGELLA doit être démoli. Et le droit des moins de 18 ans ne doit surtout pas se limiter aux devoirs des adultes avec des truismes du genre manger à sa faim ou ne pas être battu. Il faut créer des droits personnels, surtout à l’adolescence : il est par exemple absolument anormal que l’orientation scolaire soit décidée par les parents et non par le jeune lui-même ; il est scandaleux que les parents soient incités par des lois napoléoniennes complètement moisies à ouvrir et à censurer la correspondance de leurs enfants. Il est contraire à la laïcité que les parents puissent imposer leur religion.
la vraie arnaque est là : pendant que les bôbôs et les psys à 2 balles nous parlent d’interdire la fessée, on ne remet pas en cause des lois scandaleuses qui permettent aux parents de refuser à leurs enfants l’orientation scolaire de leur choix !! Donc oui, les droits de l’enfant sont une arnaque, mais pas du tout dans le sens où notre sophiste l’entend !