Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Certains d’entre vous qui ne consultent qu’occasionnellement Le Blog de Paul Jorion sont certainement déçus de voir qu’il n’y est pas question de ce qui fait aujourd’hui la une des journaux que lisent la grande majorité de mes lecteurs : les élections régionales en France. Quand je dis : « la grande majorité de mes lecteurs », c’est que, sur les trente derniers jours, 81 % d’entre vous êtes Français.
Bien sûr, je suis Belge résidant en France et, me viendrait-il l’envie de voter à ces élections régionales françaises, je n’en aurais pas le droit. Mais de là ne vient pas l’opinion que j’ai d’elles.
De manière générale, on ne trouve pas sur mon blog d’appels à l’action. Certains s’en plaignent, et je leur ai répondu dans deux billets récents : « N’est-il pas temps alors de s’engager ? » et Le duc d’Aiguillon, le vicomte de Noailles, le vicomte de Beauharnais et le duc du Châtelet. La raison n’est pas que je m’oppose à l’action, autrement dit que je lui préfère la contemplation, mais mon blog ne me paraît pas l’endroit d’où en parler : un blog est à mes yeux, un lieu de réflexion et, de ce point de vue, il me semble pleinement assumer sa fonction, car il a produit durant ses trois ans d’existence, sinon un corpus cohérent de mesures à prendre, tout au moins ce qui me semble un diagnostic très complet de la situation présente, que je caractérise depuis l’automne 2008 comme étant la fin et la sortie du capitalisme.
Pourquoi l’automne 2008 ? Parce que c’est à ce moment-là, dans les mesures prises aux États-Unis pour contenir l’hémorragie consécutive à la chute de Lehman Brothers, qu’on a pu constater que, faute de mesures susceptibles de sauver le système économique et financier en perdition, celles qui étaient prises – par leur inconséquence et leur inanité – ne pouvaient à terme qu’encore aggraver le mal.
Aggraver le mal, parce que les créances privées devenues trop lourdes et ayant précipité un effondrement de la finance d’abord et de l’économie ensuite, avaient été – selon une formule jusque-là classique – prises en charge par les États et que, pour la première fois dans l’histoire, cette charge était d’un montant tel qu’elle entraînait cette fois les États, à la suite du secteur privé, droit dans l’abîme. C’est cette situation inédite que j’ai décrite dans La sortie du capitalisme, un article paru l’automne dernier dans la revue Le Débat. Les discussions actuelles autour de la dette publique de la Grèce et d’autres pays comme la Grande-Bretagne, ne parlent de rien d’autre que de cette charge désormais trop lourde et de la chute dans l’abîme désormais amorcée.
Or, de cette sortie du capitalisme, qui est l’époque que nous vivons à présent et qui est au centre de toutes nos préoccupations, les partis qui briguent les suffrages des électeurs français aux élections régionales, n’en parlent pas.
Si vous êtes familier du Blog de Paul Jorion, vous avez pu constater que les opinions qui s’y expriment – aussi bien au niveau des commentaires que des chroniques – représentent ce qu’on appelle en France, la gauche et la droite « civilisées ». Il n’est pas surprenant du coup que les politiques à qui j’ai personnellement l’occasion de parler représentent le même éventail. J’évoque avec eux la période que nous traversons et je leur pose la question : « Pourquoi les partis n’en parlent-ils pas ? » Et la réponse est celle-ci – et je ne trahis personne en la révélant, parce qu’elle est la même, quelle que soit l’affiliation partisane : « Parce que les partis s’adressent l’un à l’autre d’une manière qui leur est devenue classique et qu’ils sont devenus incapables, par une longue habitude, de tenir un autre langage ». Mes interlocuteurs sont quant à eux conscients de la particularité de la période historique que nous traversons et des risques de débordement qui se profilent à l’horizon en raison d’un mécontentement qui ne pourra aller que croissant, mais ils ne voient pas comment, dans la chasse aux suffrages à laquelle se livrent les partis, ces sujets pourraient même être évoqués.
On a pris l’habitude d’appeler « pêcheurs à la ligne », ceux qui en France s’abstiennent de voter. Ils considèrent que les choses ne vont pas suffisamment mal qu’il faille rompre la paix d’un dimanche pour se rendre dans l’isoloir. Les 53 % d’abstentionnistes et les 4 % de votes blancs de dimanche dernier, ne sont pas cependant tous des pêcheurs à la ligne : les lacs et les cours d’eau français ne pourraient y suffire. Les pêcheurs à la ligne sont ceux qui ne sont pas spécialement inquiets, et le paradoxe de la situation présente me semble être – et il est crucial que les politiques en prennent conscience sans tarder davantage – qu’il n’y a plus en France que les pêcheurs à la ligne pour aller voter.
Pendant ce temps-là, l’époque elle n’attend pas, et le débat se poursuit et se poursuivra ici à propos des deux mondes : celui qui s’enfonce et s’efface d’une part et celui en train de naître d’autre part, au même niveau de sérieux et d’excellence que vous me permettez jour après jour d’atteindre ici.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
205 réponses à “Où sont les pêcheurs à la ligne ?”
Merci Paul,
Mais non Paul, je suis un pêcheur à la ligne inquiet. En fait je vote blanc (lire la Lucidité de Saramago..). Je considère que c’est la seule portion, ratio, que je puisse donner au besoin qu’a la démocratie d’exister: voter. Donc je vote blanc pour exprimer qu’aucun des projets ne correspond à mes attentes. Je préfère utiliser mon énergie à inventer, créer, anticiper l’après capitalisme, étant entendu que les forces politiques ont épuisés le verbe, vendu leur possibilités d’inflexion depuis longtemps. Si longtemps d’ailleurs que, par l’habitude, elles sont réduites à agir qu’en cas de catastrophe affectant le plus grand nombre. Cette catastrophe n’est pas encore arrivée mais elle se dessine. Quand tu vote pour un conseiller régional c’est 45000€ par an que tu libère. Cette somme pourrais servir à autre chose et n’a pas forcément besoin d’un conseiller régional. A nous d’inventer comment on pourrait s’en servir pour la collectivité à moindre frais.
amitiés.
Parmi les fibres du passé qui nous freinent inlassablement, il y a toutes les compromissions, tous les intérêts engagés. Nous avons à la fois besoin d’avancer et besoin de ne pas aller trop vite afin de ne pas nous engager trop avant dans les voies sans issues innombrables qui se présentent. Afin que le monde politique tourne moins sur lui-même et se compromette moins avec les pouvoirs financiers, il nous faut repenser nos systèmes de représentations, nos modes électifs. Voici une proposition qui semble plus compliquée quelle ne l’est, mais qui offre une piste démocratique à explorer:
http://solutions-politiques.over-blog.com/article-3979135.html
Pour ma part depuis que le suffrage du Peuple est considéré comme « négligeable » je ne vote plus.
Modif de la constiution avant ratif du traité de Lisbonne.
Le Peuple ne voulait pas.
Sarko (obligé par qui?) a « sauté » par dessus le Peuple.
http://www.liberation.fr/politiques/010129323-le-congres-de-versailles-revise-la-constitution
Raison de plus pour aller voter (même blanc). La traîtrise des dirigeants actuels n’en apparaît que plus évidente. Pour nous pauvres citoyens, cela ne change rien dans l’instant, mais au grand tribunal de l’Histoire, cette forfaiture restera dans les annales. C’est mieux que rien.
Tant qu’à faire, je conseillerais plutôt le vote nul, car on peut écrire sa doléance
Je comprends et partage votre dégoût après ce que j’ai aussi qualifié ici de viol de la légitimité existentielle d’un peuple et de la démocratie définie par sa constitution .
Mais condamner la démocratie et le vote qui est son expression première , au prétexte qu’elle a été violée , équivaudrait pour moi à répudier et rejeter sa femme ou sa fille parce qu’elles auraient été violées .
JAMAIS .
Je reproduis ici le commentaire que j’ai publié sur le blog du Yéti – mon lien ne fonctionnait pas et la modérateur l’ayant « réparé » ne le fait pas pointer au bon endroit –
Le refus de voter n’est ni courageux ni militant. Il s’agit simplement d’un trait de lucidité faisant écho, entre autres, à un évènement majeur survenu le 8 février 2008. Pour ceux qui ne s’en souviendraient pas, le Congrès a signifié à cette occasion quelle importance il accordait à la souveraineté populaire: Pas la moindre.
Ce jour là, nos élus ont envoyé un message tout à fait explicite, ils ont littéralement déclaré que le peuple avait tort, ce qui revenait à anéantir le pilier sur lequel repose la démocratie: La souveraineté populaire n’a de sens que si chacun considère que le peuple a nécessairement raison par convention.
En remettant en cause ce contrat moral avec les citoyens, les élus ont fait voler en éclat le principe premier de la démocratie, et par la même leur propre légitimité. Dès lors tous les scrutins suivants ne pouvaient plus être considérés que comme une mascarade: Quelle garantie avons-nous désormais que nos choix ne seront pas remis en cause à l’avenir pour une raison X ou Y?
Du reste, si l’on peut considérer la ratification du traité de Lisbonne comme l’acte de décès officiel de la démocratie en France, il faut bien admettre que cette dernière était déjà gravement malade bien avant cela.
Il y a quelque années de cela on remettait en cause la structure de la 5ème république, et à mon sens l’idée était pertinente. On sait comment cette mouture est née, taillée aux mesures du général De Gaulle, qui fonctionnait selon ce vieux principe que les politiques ont pour rôle de proposer, et le peuple de disposer.
Cette conception n’est pas mauvaise en soi, mais suppose que les candidats aux élections aient une vision, un projet à proposer et que, de préférence, tous ne proposent pas la même chose, ce qui permet alors la naissance d’un débat contradictoire sain, portant sur le fond.
Or ce système a cessé de fonctionner correctement lorsque les “élites” ont commencé de partager de façon quasi unanime le projet de société vers lequel ils souhaitaient mener le pays. Dès lors, le débat contradictoire ne portait plus sur le fond mais uniquement sur la forme, plus sur l’objectif mais sur les moyens d’y parvenir.
C’est à mon avis ce manque d’alternative qui est en premier lieu responsable de l’effondrement actuel, celui de la 5ème République, entrainant dans son sillage la démocratie elle-même. Le débat ne portant plus sur les idées mais sur la façon de les mettre en œuvre, il n’est plus question en définitive que de jouer sur les apparences.
C’est sans doute pourquoi de plus en plus de gens estiment que la solution à cette impasse ne passe plus par les urnes, à moins que ne leur soit de nouveau proposée une alternative réelle. Malheureusement tout porte à croire qu’aucun politique n’est en mesure ou n’a le désir de porter un projet aussi monumental, car la chose est loin d’être simple.
Proposer un choix politique qui soit à la fois cohérent avec lui-même et qui coupe explicitement les ponts avec ce qui s’est pratiqué depuis 40 ans n’est pas une mince affaire. En l’occurrence, il est nécessaire au préalable d’avoir tiré les enseignements de l’échec actuel, ce qui ne semble pas encore être le cas.
Comme vous exactement Dissonance (mais en moins bien) 2 minutes au-dessus….
@Dissonance
Je partage votre analyse. Pour moi la Veme République a commencé à dépérir avec le « grand tournant de la rigueur » de 1983 afin de rester dans le système monétaire européen et le ralliement, en conséquence, du PS avec la révolution conservatrice du néolibéralisme anglo-saxon. Première « trahison » du politique qui sera suivie de nombreuses autres, en passant par les promesses chiraquiennes de combler la fracture sociale et le bouquet (final?) sarkosien de ratification du traité simplifié en dépit du Non référendaire…
Comment un peuple ainsi traité peut-il garder encore quelque confiance dans le logos politique des partis de « gouvernement » ? la vérité c’est que les français réalisent qu’ils n’ont plus d’alternative; le jeu de l’alternance qu’ils ont essayé de jouer un temps pour faire bouger les lignes ne fonctionne plus
Je ne pense pas que la Veme RF puisse survivre longtemps à la crise actuelle.
Oups. Désolé pour la redite alors ^_^’
+1
Comme vous, cette histoire de traité constitutionnel m’est resté en dehors de la gorge.
Je continue quand même à voter, mais cela a radicalement changé ma manière d’envisager le vote (et aussi, pour qui je vote).
Bravo pour cette analyse.
Je trouve que l’expression suivante est une pépite :
« …on peut considérer la ratification du traité de Lisbonne comme l’acte de décès officiel de la démocratie en France …. »
C’est clair, c’est net.
Sans vouloir m’immiscer dans les prérogatives de Paul, il me semble que ce commentaire serait un excellent billet invité. De part sa qualité, de part l’importance du message, mais surtout puisque les hommes politiques lisent ce blog, pour le rendre visible aux députés et sénateurs qui ont ratifié le traité de Lisbonne, au mépris de la volonté populaire.
Je souscris à cette proposition de publication en billet du commentaire de Dissonance.
(Remarque : je doute de la mort du capitalisme, mais je ne doute pas de la mort d’une démocratie parlementaire et représentative… il nous faut inventer une démocratie active du local au global.
Je crains enfin que capitalisme + mort de la démocratie représentative = capitalisme autoritaire, voire dictatorial.)
OGM: Etablissons d’abord les faits
merci Fujisan pour ce lien!
Je visite ce blog quotidiennement depuis quelques mois. J’ai acheté plusieurs livres de Paul Jorion. Leur lecture m’aident à questionner la réalité, ma réalité.
Paul Jorion m’apparaît comme un libre penseur, un pur intellectuel, qui pratique, avec courage, le questionnement ou la mise en questions de ce qu’il vit, quelqu’un qui n’hésite pas à exercer son intelligence pour tenter de comprendre et de faire évoluer si posiible vers un meilleur ce qui ne le regarde pas. J’apprécie cette démarche d’un homme qui a la chance d’être sans attache et qui veut le rester.
C’est tellement bon de chercher la vérité derrière les dogmes, les mensonges officialisés, les discours du pouvoir, pour construire sa propre carte du monde et la faire partager chaque jour qui passe, avec l’espoir d’éclairer davantage les tenants et aboutissants de la réalité.
Comprendre, c’est déjà agir un peu, n’est-ce pas ?
Est-ce que la réflexion et l’analyse suffisent à produire un changement, ou faut-il aller chercher du côté de l’irrationnel ? Car ici vous êtes finalement très positivistes, Freudiens première version (Wo es war soll ich werden), ou adepte des Lumières, ayant foi dans la raison humaine et le langage… dans une nouvelle Aufklaerung. Mais la crise ne déborde-t-elle pas le rationnel ?
De plus cet homme rationnel auquel l’on s’adresse n’est qu’une mouture de l’homo économicus, rendu plus sympathique, plus proche….
Est-ce que ce qui bloque peut être vaincu par la raison ou est-ce de l’ordre du fantasmatique, de l’irrationnel et de la pulsion de répétition, nécessitant une psychanalyse collective ou un bouleversement cataclysmique ?
Le politique est-il rationnel ou non ? ou mitigé ?
Dans un monde en décomposition ,quel que soit la pertinence de nos analyses ,je crains fort que nous n’ayons plus de prise sur le réel.Au mieux, on peut rester calme et droit.
Ah vous me mettez dans l’embarras Litzfr ! franchement j’hésite…entre une psychanalyse collective ( heu… que pensez-vous de « psychanalyse populaire » ?) et un cataclysme ! je me tâte je me tâte…tant de doutes m’habitent…
« Impassible face à toute perte et face à tout changement, on entre dans l’initial ciel pur, à travers l’apparition et la disparition des phénomènes infinis. » (Tchouang-tseu)
Et, par le non-agir (qui est le contraire de l’inaction), cesser d’opposer une résistance: de cette façon « l’adversaire » ressent l’inutilité de son attaque.
Concrètement: décélérer en ne cédant pas à la sommation de consommer. 🙂
Krim.
D’habitude, ici, c’est moi qui lance des trucs à tiroir et vous conseille, en passant de ne pas vous la coincer dans celui de la commode.
Sinon, Taotaquin, rien que de lire le nom de votre « philosophe » chinois, on pourrait carrément dire que sa mère a trouvé son nom suite à un éternuement.
Globalement, (j’aurais pu dire systémique, ça aurait fait plus branché) n’avez-vous pas l’impression que nous en avons tous marre ici du subjectif alors que la majorité de nos contemporains ont BESOIN de cette part de rêves que leur offre sur un plateau les commerciaux et politiques.
Bonjour à tous
Pourquoi donc Pierre Desproges aurait il dit: » Les enfants croient au Père-Noël. Les adultes votent! »
Non qu’il faille renier ce pourquoi tant de nos aieux se sont battus et ont souffert, mais il est vrai que l’imposition des candidats et des programmes par des partis politiques dirigés par des individus « mêmement formatés » aboutit à une sorte de confiscation de l’expression de la souveraineté populaire.
Flo vote blanc mais qui s’en soucie dans la classe dirigeante? Une abstention massive faisant descendre le nombre de suffrages exprimés sous le seuil invalidant l’élection est la seule option restante pour rendre muette la classe politique de façon déflagrante!
Il est très difficile à des premiers de la classe de se départir de ce qui les fonde: le système de pensée avec le corpus théorique associé qui les a formatés et fait premiers et qui devient un lourd handicap lorsqu’il s’agit d’inventer!
Changer de paradigme est plus a la portée d’esprits singuliers …
Lors de l’exil à Babylone, les hébreux attendaient un nouveau Moïse pour les délivrer… Donc Dieu leur envoya un prophète qui leur dit: « Retournez au désert, prisonniers de l’espérance! »
Que sortira t’il de tout celà? Dans quelques décennies ou plus tôt; je n’en sais rien; mais je suppose que nous connaîtrons des moments difficiles. Un seul impératif: nous en tenir de toutes nos forces à notre humanité en devenir telle qu’elle est définie dans toutes les grandes traditions.
Cordiales salutations.
Steve.
Où sont les pêcheurs à la ligne ?
En Grèce, sans doute bientôt, si l’UE et la zone euro ne répond pas rapidement :
http://www.lemonde.fr/europe/article/2010/03/18/athenes-presse-l-europe-pour-obtenir-une-aide-financiere_1321144_3214.html#xtor=RSS-3234
Ensuite, ce sera le FMI. Et là, qu’on ne vienne pas pleurer.
Merkel va devoir choisir : son alliance avec les libéraux ou l’Union Européenne (et la zone euro).
Festival des Possibles
La fin du capitalisme !
Il est vrai que les partis institutionnels d’aujourd’hui oublie le mot même de capitalisme, car je pense, qu’ils sont tous devenus des partis « capitalistes », défendant un ordre économique définis (loin de l’argent à tout prix ) avec des nuances entre eux : bleu foncé, bleu clair, rose clair, rose et maintenant vert. Il ne reste plus que de petits groupes pour encore affirmer haut et fort (quand on peut les entendre à la télé ou à la radio, ce qui est très rare…) que le capitalisme devrait faire place à une autre société gérée autrement en fonction de l’humain et non du profit à en tirer ! Ce courant là existe, petit et très minoritaire, mais il a le mérite d’être présent.
Bonjour,
je ne veux pas me saisir intempestivement de votre piquant post, cactus, mais seulement paraphraser Allais (l’Alphonse) : avant le plein rétablissement de votre courant faible, pour quelle heure exactement envisagez-vous l’extinction du Capitalisme ?
J’ai voté au 1er tour des régionales et je voterai de nouveau au 2ème tour, sans illusion, comme à toute élection. Mais je conteste que les pécheurs à la ligne représentent une sorte de recours ultime. D’ailleurs, leur manque d’homogénéité sociale le montre. On trouve parmi les abstentionnistes des gens qui ne votent et/ou ne voteront jamais (environ 15% des inscrits, sans parler de ceux qui ne sont pas inscrits, sans doute très nombreux dans les quartiers dits sensibles, et qui sont complètement démotivés) car ils sont désespérés ou impotents depuis longtemps, des gens à sensibilité de gauche qui ne s’y retrouvent plus dans l’offre qu’on leur propose, des gens de droite soucieux de préserver leurs « biens » mais aussi d’exprimer leur mécontentement de la politique (?) menée par Sarkozy (quand leur désaccord ne concerne pas le ‘style’ du président, qu’ils abhorrent), et sans doute un « marais » variant d’une élection à l’autre, mais plus important cette année car l’absence de réponse claire aux défis identifiés à de nombreuses reprises sur ce blog l’a désorienté. C’est notamment le cas chez les jeunes, qui ne peuvent pas concevoir un avenir positif pour eux-mêmes.
On retrouve donc dans ce groupe des gens qui ne possèdent RIEN, des possédants qui s’inquiètent de l’avenir de leurs enfants et petits-enfants, des personnes qui se sentent de plus en plus dépolitisées en général (souvent marquées par un individualisme à tout crin, qu’elles prennent pour de l’indépendance d’esprit), etc. Je ne vois pas très bien ce qu’il y a de commun à tous ces gens, hormis leur humanité foncière, dont beaucoup se demandent ce qu’elle peut bien signifier, puisqu’elle est constamment bafouée.
Le médiateur de la République, M. Delevoye — qu’on peut difficilement taxer d’extrémisme; il a été nommé à ce poste par Chirac — a dit dans son récent rapport qu’environ 15 millions de Français, isolés ou vivant en famille, jouent leur existence en fin de mois selon une fourchette globale allant de 50 à 150 euros, et ceci chaque année de leur existence. Que peuvent-ils attendre de la politique? Evidemment pas grand chose.
J’en ai trop vu pour attendre grand chose des pécheurs à la ligne. Un nouveau leadership ne naîtra pas spontanément en leur sein (à de rares exceptions près, le plus souvent actives dans des associations à objet apolitique). En revanche, parmi les votants et certains partis, je crois déceler un début de prise de conscience, mais il y a encore du chemin à faire. Je me suis déjà exprimé sur ces espoirs ténus ici même, et je ne me répéterai pas.
Mais, de grâce, qu’on ne se méprenne pas! L’Histoire moderne nous enseigne que lorsque l’océan des non-votants est au plus haut, là se situe le plus grand danger de voir apparaître un régime policier imposé depuis le sommet sans qu’on lui oppose de résistance. On en a déjà vu des signes multiples dans le régime français actuel — « réforme » (= déglingue) du système judiciaire, de l’organisation et de l’activité de la police, des services publics en général. Et nul ne sait très bien comment le gouvernement va contrôler les jacqueries éparses qui ne manqueront pas de se multiplier.
P.S. J’ai été passablement choqué que Paul Jorion, en indiquant dans un graphique que les abstentionnistes sont les vainqueurs du 1er tour des régionales, reprenne à son compte l’argument employé par les sarkozystes pour nier leur discrédit. Paul, on le sent bien, renvoie tout le monde (gauche, centre et droite) dos à dos sous le prétexte que les « vrais » sujets de l’heure, que nous connaissons bien désormais, n’ont pas été débattus ni même entrevus. Et pourtant il s’est bien passé quelque chose: les Français, votants ou non, ont signifié à qui veut bien les entendre qu’ils savent très bien ce dont ils ne veulent PAS. Il s’agit par conséquent pour nous d’opposer à cette négation ce qui constitue notre propre négation, et ensuite de pousser au-delà. Là réside toute la difficulté. Comment, en effet, dépasser le capitalisme SANS FAIRE DE POLITIQUE?
Je signe aussi
@ Jaycib :
Je respecte ton point de vue.
Juste quelques remarques.
« D’ailleurs, leur manque d’homogénéité sociale le montre. »
Je pense que tu voulais dire ‘politique’, en lieu et place de ‘sociale’. Car, sur ce point comme d’ailleurs l’argumentation que tu as développé ensuite, il me semble qu’il conviendrait aussi parfaitement à décrire … les votants. Car ce que tu sens advenir, comme conscience chez les votants, je pourrais tout aussi bien te le décrire, dans ‘le camp d’en face’, les abstentionnistes, sans pouvoir, tout autant, te le prouver. Car cela est bien évidemment impossible, en l’absence justement d’une mobilisation civique qui tendrait à prouver l’existence de ce mouvement civique, d’un côté comme de l’autre.
Je pourrais te répondre ‘Tu es ce que j’étais, tu seras ce que je suis devenu’.
En lieu et place, je préfère te dire que nous sommes les deux faces d’un même visage. L’essentiel est qu’il soit tourné dans le même sens, le sens de l’avenir.
Cordialement.
« L’Histoire moderne nous enseigne que lorsque l’océan des non-votants est au plus haut, là se situe le plus grand danger de voir apparaître un régime policier imposé depuis le sommet sans qu’on lui oppose de résistance. »
L’inverse est aussi vrai :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_de_la_r%C3%A9publique_de_Weimar
En 1930, 1932 et 1933, le taux de participation était à plus de 80%. A chaque fois (quasiment), le NSDAP d’Hitler a progressé, jusqu’à 33,1% (je ne parle pas des élections de 1933, fortement influencées par l’incendie du Reischtag).
Jusqu’en 1932 (et même dans un certain sens, ‘formellement’, jusqu’en 1933), les élections étaient ‘libres’ : le KPD et le SPD étaient présents. Il n’y a pas eu de fraudes massives.
Autre exemple, démocratique et plus ‘proche de nous’ : c’est l’Assemblée Nationale qui a donné les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940. Il n’a pas fait un ‘coup d’état’ (contrairement à ce que disait Mitterrand, à tort). Il était nommé Président du Conseil depuis le 16 juin 1940 par le Président de la République Albert Lebrun. Très peu de députés (communistes, pour la plupart) se sont opposés à cette ‘loi constitutionnelle’.
La participation élevée n’est pas une garantie contre la dictature. Non plus. A mon sens, c’est un faux argument.
Cordialement.
PS : j’espère ne pas mériter un point Godwin parce qu’Hitler est cité …
J’ai vu le même graphique sur un autre site
titre « L’élection, processus antidémocratique par définition » lundi 15 mars 2010 (20h07)
lien
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article99719
C’est mon graphique : au voleur !
à Zébu
Une petite vérification… les députés communistes étaient d’autant plus « moins nombreux » à voter qu’ils avaient été destitués et mis en prison ou envoyés en Algérie…
Donc pas de coup d’Etat, puisque c’est la majorité de l’Assemblée qui les a rejetés, ouvrant la voie à Pétain !
@JeanNîmes :
Merci de la rectification ! Evidemment qu’ils étaient emprisonnés ou en Algérie …
Je voulais dire en fait les députés socialistes-SFIO (oups).
La liste des ’80 qui dirent non’ :
http://mjp.univ-perp.fr/france/80.htm
Sans compter les ‘absents’ du Massilia (27).
Cordialement.
Bonjour,
à Zébu : Le « coup d’état » dénoncé par Mitterrand est celui de De Gaulle utilisant la menace de l’armée pour se faire nommer au pouvoir, la « permanence » du coup d’état est une critique sur la nature de la 5ème république. Mitterrand a peu dénoncé les conditions de la prise de pouvoir par Pétain, c’est le moins qu’on puisse dire, au moins dans la première période du régime de vichy…
à JeanNimes : la révocation des députés communistes avait quelque chose à voir avec l’agression Soviétique contre la Finlande…en 39. Cette même année un certain pacte germano-soviétique fut signé par Ribbentrop et Molotov parmi les volutes de la pipe à Jo « Staline » Djougachvili.
@ Jaycib,
C’est étonnant cet argument du « manque d’homogénéité » que l’on voit, à juste titre, tout de suite chez les abstentionnistes. Alliance de la carpe filante et du lapin fuyant. Laurel et Hardy. La Belle et la Bête.
En renversant la proposition, je veux que l’on me montre l’homogénéité des électeurs de tel ou tel parti. Et l’homogénéité au sein même des partis. Je suis prêt à attendre le temps qu’il faudra pour que la démonstration arrive. Ceux qui souhaitent que je retourne aux urnes grâce à cet argument ont intérêt à se dépêcher.
Pour le reste Jaycib, il me semble n’avoir pas lu les mêmes livres d’histoire que vous. Les régimes policiers imposés sont le plus souvent arrivés après une forte participation aux votes. Que ce soit un vote massif qui les ait réclamé, ou que ce soit un vote massif pour tenter de ne pas les voir arriver.
La aussi je veux un exemple où l’abstention a amené le pire.
(Votre Post-Scriptum)
-Première partie.
Paul Jorion a, il me semble, posté son graphique en début de soirée, avant les principaux commentaires de l’UMP.
Doit-on rappeler une nouvelle fois que ce n’est pas parce qu’un adversaire reprend certains de vos arguments que vous faites son jeu?
Doit-on rappeler qu’il faut à ce moment là s’interroger sur l’identité du vrai gagnant?
Et d’ailleurs, plus que ça, le taux d’abstention n’est pas une idée de Jorion! Il n’a fait le lendemain soir que justifier le jeu graphique auquel il s’était amusé le soir même.
Je me permets de prendre le relais de Jorion sur le sujet, car j’ai vu qu’il s’épuisera à expliquer cela régulièrement, à chaque fois que quelqu’un trouve dans ses idées, les idées de tel ou tel parti politique, ou la reprise de ses propositions dans celles de l’un d’eux.
Si les « sarkozistes » annonce que E=mc2, on ne peut pas être choqué que Jorion soit d’accord. Relativement.
Le vrai sujet est ensuite de convertir la matière en énergie, quand certains voudraient fabriquer de l’énergie avec de l’antimatière (tiens …je verrais bien un portrait de Jorion tirant la langue comme Einstein, à chaque fois que quelqu’un cherchera chez lui le double jeu. Une idée qui me passe comme ça).
-Deuxième partie du Post-Scriptum, concernant le fait que, votants ou non-votants ont signifié qu’ils savent très bien ce dont ils ne veulent pas.
Permettez que Jorion et d’autres aient plus vu cette signification dans l’abstention que dans le vote.
En effet, il faut prendre l’ensemble du sujet.
Une majorité ne veut pas de ce pouvoir UMP, hégémonique et inactif, à la tête de l’état (mais que le rapport de force actuel ne peut pas renverser).
Une majorité ne veut pas de ce pouvoir PS, hégémonique et inactif, à la tête des régions (mais que le jeu des alliances actuelles ne peut pas renverser).
Il ne s’agit plus de physique mais de mathématique primaire. Certaines lois étant intangibles, il reste l’abstention. Qui est une très bonne manière de faire de la politique pour dépasser le capitalisme.
C’est vrai, on ne fait rien sans faire de politique.
POST-SCRIPTUM (aussi):
Quand je dis « inactif » je veux dire sur les sujets dont nous débattons ici, et qui concernent la réalité économique dans laquelle vivent les français.
Sinon le pouvoir hégémonique PS fabrique de très beaux lycées, et le pouvoir hégémonique UMP de très beaux portes-avions. Merci tout de même à eux.
Il y a un an, Paul nous informait de la mort du capitalisme.
Un an après, le « malade » est sous respirateur avec un cœur artificiel et un appareil de dialyse mais « tous » promettent qu’il va bientôt rouvrir les yeux.
La croissance reviendra, les déficits seront jugulés : votez, nous savons quoi faire…
Ne les croyons pas mais votons quand même car c’est un droit trop précieux pour les laisser croire qu’ils peuvent nous l’enlever : peut être qu’à 50% de bulletins blancs, ils comprendront le message.
Réflexions et action… Débat intéressant mais pourquoi diable n’entendons nous jamais un discours de raison venant des politiques ? Il y a deux ans, seulement deux ans, je suis tombé sur ce discours : http://www.dailymotion.com/video/x17idb_discours-de-thomas-sankara-a-addis
Je viens de le réécouter encore une fois et plus le temps passe plus il sonne vrai et juste, 23 ans plus tard, terrible de vérité. François Leclerc parlait de tiers-mondisation : tout est dit.
Action : Il n’était pas arrivé au pouvoir par les urnes. Comment l’aurait-il pu ? Ses adversaires ne l’auraient jamais permis. Ils ne lui ont guère laissé de chance non plus et effectivement, comme il l’avait prévu, trois mois après, il est décédé de « mort naturelle » lors d’un coup d’état…
Ils ne pouvaient prendre le risque de laisser un homme tel que lui au pouvoir.
Je ne dis pas que c’était l’homme parfait ou providentiel, mais quel discours !!!
La patrie ou la mort, nous vaincrons.
c’est aussi pour Zébu et pour Laurence
c’est court, c’est drôle , (penser : récréation…!…???? )
titre (sujet « pêcheur à la ligne ») « la question qui tue » => « l’habit ne fait pas le moine »
http://www.youtube.com/watch?v=zRxyjC2uL7k&feature=player_embedded
minic972,
Merci de rappeler ce grand homme à notre mémoire.
Je complète ce que vous avez déjà écrit par un extrait de Wikipédia :
« Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara fut assassiné lors d’un coup d’État organisé par celui qui était considéré comme son frère, Blaise Compaoré. Plusieurs jours plus tard, il fut déclaré « décédé de mort naturelle » par un médecin militaire. L’absence de tout procès ou de toute enquête de la part du gouvernement burkinabé a été condamnée en 2006 par le Comité des droits de l’homme des Nations unies (voir :Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme)6. Par ailleurs, le gouvernement français de l’époque (cohabitation entre Jacques Chirac qui gouverne et François Mitterrand qui préside) est soupçonné d’avoir joué un rôle dans cet assassinat, ainsi que plusieurs autres gouvernements africains gouvernés par des amis de la France7. Kadhafi pourrait être impliqué et avoir utilisé ce meurtre pour redevenir un ami de la France. C’est notamment la famille Sankara, réfugiée en France, qui soutient ces hypothèses. Cette hypothèse est aussi soutenue par la plupart des historiens africains8 9. Si la décision de condamner l’absence d’enquête constitue une première mondiale dans la lutte contre l’impunité, elle est insuffisante, puisqu’elle n’a conduit à aucune condamnation. Thomas Sankara a été proclamé modèle par la jeunesse africaine au forum social africain de Bamako 2006 et au forum social mondial de Nairobi en 2007. »
Mort naturelle par assassinat !
Il y a un livre à ne pas manquer à ce sujet : « La Françafrique » de F.X. Verschave, jamais condamné, jamais interdit…En voici une présentation : http://www.dailymotion.com/video/xb7r4_f-x-verschave-la-fran%C3%A7afrique_news
Mais nous avons accepté et sommes donc également coupables. C’est la première chose à changer dans notre comportement si nous voulons vraiment d’une nouvelle société : sortir la tête du trou et manifester notre voix : ça s’appelle la démocratie et c’est une bonne base pour bâtir une société meilleure.
La démocratie s’use seulement si on ne s’en sert pas.
{Vendredi 19 Mars, 06:32, en réponse à minic972 du 18 à 16:07}
Excellent !!
Merci Cécile.
« il a produit durant ses trois ans d’existence, sinon un corpus cohérent de mesures à prendre, tout au moins ce qui me semble un diagnostic très complet de la situation présente » : sachant l’énorme travail que ce blog exige, on vous pardonnera volontiers ce petit message d’auto-satisfaction. N’est-il pas cependant un peu exagéré ? La situation, telle que je la perçois essentiellement à travers ce blog, me donne plutôt le vertige. La « situation présente » couvre en effet 24 fuseaux horaires, concerne des centaines d’états, 6 ou 7 milliards de personnes, des milliers de multinationales, des milliers de milliards d’euros, des millions de pages de rapports, et bien sûr dame nature dont le pillage continue. Alors, au lieu de « diagnostic très complet » , « diagnostic complet » pourrait suffire, non ? 🙂
Crapaud Rouge.
« Partiel » pour ma part et celle des autres, « complet » grâce à votre apport !
Les commentaires sont bien moroses.
Il n’y a pas de quoi se réjouir si on regarde le passé c’est vrai MAIS il est déjà mort, presqu’englouti !!
Marchons vers le monde nouveau qui advient ici même!
C’est aujourd’hui, c’est maintenant que NOUS pouvons faire vivre les valeurs auxquelles nous croyons.
Il n’y a RIEN à attendre, il faut vivre.
« Qu’est-ce qu’un homme révolté? Un homme qui dit non. Mais s’il refuse, il ne rennonce pas : c’est ausi un homme qui dit oui dès son premier mouvement. »
Camus.
Et une femme ?
Et oui les commentaires sont moroses…
http://www.youtube.com/watch?v=0GWKdEQ7lhc
Chère Laurence,
J’en ai rien à foutre, je ne veux pas faire mon intéressant.
Votre voix est éclatante d’Espoir. À tel point quand vous ne venez pas ici, il y a comme un vide. Vous savez mieux que quiconque dépasser les limites de ce blog.
Nous les artistes nous savons encore déconner comme des gamins. Corps et âme je sens une respiration, le monde vivant et merveilleux… l’invention, une réunion entre amis.
Écoutez Jean Ferrat sur France Culture : Beau et pudique.
Amicalement.
Dans ce pays si riche dans ce pays si pauvre
Qu’on apprend chaque jour à devenir plus nôtre.
Jean Giraudoux, Electre, Acte II, scène 10 (entière)
LE MENDIANT, ÉLECTRE, LA FEMME NARSÈS,
MENDIANTS, LES EUMÉNIDES, UN SERVITEUR
Les Euménides ont juste l’âge et la taille d’Électre.
UN SERVITEUR. Fuyez, vous autres, le palais brûle !
PREMIÈRE EUMÉNIDE. C’est la lueur qui manquait à Électre. Avec le jour et la vérité, l’incendie lui en fait trois.
DEUXIÈME EUMÉNIDE. Te voilà satisfaite, Électre ! La ville meurt !
ÉLECTRE. Me voilà satisfaite. Depuis une minute, je sais qu’elle renaîtra.
TROISIÈME EUMÉNIDE. Ils renaîtront aussi, ceux qui s’égorgent dans les rues ? Les Corinthiens ont donné l’assaut, et massacrent.
ÉLECTRE. S’ils sont innocents, ils renaîtront.
PREMIÈRE EUMÉNIDE. Voilà où t’a menée ton orgueil, Électre ! Tu n’es plus rien ! Tu n’as plus rien !
ÉLECTRE. J’ai ma conscience, j’ai Oreste, j’ai la justice, j’ai tout.
DEUXIÈME EUMÉNIDE. Ta conscience ! Tu vas l’écouter, ta conscience, dans les petits matins qui se préparent. Sept ans tu n’as pu dormir à cause d’un crime que d’autres avaient commis. Désormais, c’est toi la coupable.
ÉLECTRE. J’ai Oreste. J’ai la justice. J’ai tout.
TROISIÈME EUMÉNIDE. Oreste ? Plus jamais tu ne reverras Oreste. Nous te quittons pour le cerner. Nous prenons ton âge et ta forme pour le poursuivre. Adieu. Nous ne le lâcherons plus, jusqu’à ce qu’il délire et se tue, maudissant sa sœur.
ÉLECTRE. J’ai la justice. J’ai tout.
LA FEMME NARSÈS. Que disent-elles ? Elles sont méchantes ! Où en sommes-nous, ma pauvre Électre, où en sommes-nous !
ÉLECTRE. Où nous en sommes ?
LA FEMME NARSÈS. Oui, explique ! Je ne saisis jamais bien vite. Je sens évidemment qu’il se passe quelque chose, mais je me rends mal compte. Comment cela s’appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd’hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entre-tuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ?
ÉLECTRE. Demande au mendiant. Il le sait.
LE MENDIANT. Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s’appelle l’aurore.
RIDEAU
(écrit quelques mois avant le massacre de Guernica…)
Bonsoir,
Je ne vote pas (sauf pour les OGM de fujisan). Je lis Siné Hebdo (qui est d’ailleurs proche de la faillite…). Je suis Le Blog de Paul Jorion depuis plus d’un an. J’écoute France Inter.
Mais je n’ai ni vu ni lu ni entendu une réflexion sur ce que pourrait être un autre système. Nombre de sujets de réflexion indispensables à l’émergence sereine et viable d’une nouvelle société n’ont pas été abordés ou pas discutés.
La paix au sein d’une nation n’est pas chose facile à garantir, l’asservissement par le travail et la surconsommation y participe fortement. La paix entre nations, dans un espace limité, n’est pas chose facile à garantir.
Imaginer une nouvelle société sans analyser les conséquences possibles de la disparition de l’actuelle est irresponsable.
Accepterions-nous qu’un responsable politique ou pas prennent des décisions irresponsables ?
@ Fab,
D’accord avec vous.
C’est bien vrai que hélas, l’asservissement par le travail et la surconsommation (la poule et l’oeuf) participe à la paix au sein des nations, et peut-être même à la paix entre les nations.
L’équilibre est fragile. C’est ce qui rend très dangereux les appels affolés au Grand Soir: « Pendons-les! on réfléchira ensuite ». Tous les lecteurs du « blog de Jorion » le savent. Mais ils savent aussi qu’il serait tout aussi dangereux de ne rien faire. Et là aussi je vous suis.
Ce qui est intéressant ici c’est le travail de réflexion engagé depuis longtemps.
Si dans « le temps qu’il fait » d’aujourd’hui ( http://www.pauljorion.com/blog/?p=9311 ), Paul Jorion peut en appeler à chercher à présent des solutions pour l’après capitalisme, c’est parce que la réflexion ici est déjà bien avancée (et continuera). Le « corpus complet d’analyses » dont il parle quelque fois est là pour soutenir les changements, et congédier les solutions pré-définies.
Je ne lis pas toujours les mêmes journaux que vous, je n’écoute pas régulièrement la même radio, mais je vois que je suis souvent en accord avec vous (pas toujours, vous avez remarqué!). Cela me conforte dans l’idée que certains médias ne sont pas tout à fait les chapelles que l’on croit, ou que nos pensées ou opinions ne peuvent pas s’y trouver résumés.
(Nos amis qui ne connaissent pas les rouages des médias français vont peut-être se sentir étrangers à ce que je vais dire maintenant. Ce sont mes souvenirs, recoupés plusieurs fois par des informations pêchées aux meilleures sources d’Internet, aux sources personnelles des intéressés. J’essaye de donner plus qu’une simple opinion sur les faits.)
J’ai pour ma part délaissé l’écoute unique de France Inter en 1991, une « Tempête du désert » ayant brouillé cette écoute. C’était il y a vingt ans. Je ne connais pas votre âge Fab, mais peut-être vous souvenez-vous de cette période étrange.
1991. Avril. Date de sortie du disque « Marchand de cailloux », du chanteur Renaud que j’écoutais depuis mes 15 ans (sortie de « Laisse béton »). Magnifique disque, dont chaque chanson est un appel aux sentiments les plus beaux, et les plus révoltés. Il y a dedans des mots qui plaisaient au jeune homme que j’étais. Connaissez-vous Fab cette chanson de 37 secondes, intitulée « le tango des élus » ( http://www.youtube.com/watch?v=eo-FUbMVlBs )? C’est une plaisanterie pour un présent triste, mais vous comprenez ce qu’un jeune homme peut trouver là de matière à enthousiasme. Et puis la chanson « Tonton ». La gauche de gouvernement, dix ans après son élection, tardait à se souvenir qu’elle nous avait fait des promesses.
Dans ce disque il y a une autre chanson, » l’Aquarium », qui peut servir de fond sonore à ce que je vais raconter maintenant ( http://www.dailymotion.com/video/xgufq_renaud-laquarium ). Dans cette chanson Renaud rebaptise France Inter en « France Intox ». C’était bien le cas.
1991. Janvier. Chaque jour, un militaire (un général si je me souviens bien) venait ès-qualités au micro du « 13 heures » de France Inter, pour nous convaincre de la justesse de la guerre, et des avancées des opérations. Le journaliste-présentateur Jean-Luc Hess lui tenait le micro. Pour que ce militaire puisse parler en toute liberté, le micro de Claude Villers et de sa bande d’empêcheurs de penser en rond, qui officiaient juste avant le journal, avait été coupé, « pendant le temps des opérations » (chez Villers le journaliste du « 13 heures » avait été baptisé « Jean-Luc-Hess-qui-se-passe? ». Jeu de mot phonétique assez transparent. Le militaire avait son surnom aussi. Des blagues de potaches bien inoffensives). Le micro de Daniel Mermet, qui suivait derrière, avait été coupé aussi, « pendant le temps des opérations » (Mermet s’entêtait chaque jour à faire le compte des victimes civiles de cette guerre, que le militaire de 13 heures continuait lui, à nommer « chirurgicale »).
Villers et Mermet priés de se taire. La raison donnée solennellement au micro de France Inter par Jean-Luc Hess (ça se vérifie) était le respect dû à certains de nos compatriotes qui étaient engagés dans la guerre. Une guerre qu’ils n’avaient pas choisi et qui, on l’a compris enfin plus tard, ne les concernait pas.
J’ai fait en 1991 comme Renaud dans la chanson (« Libérées, mes oreilles »).
Aujourd’hui, le simple journaliste-présentateur qui tenait le micro du militaire (il ne faisait que son métier me dira-t-on), est le patron de Radio France, maison mère de France Inter, un patron nommé en 2009 par notre président de la République (!). Le patron tout puissant de Daniel Mermet, qui a gardé son micro de haute lutte (peut-être avez-vous suivi cela Fab). Pourquoi reviendrais-je à l’écoute unique de cette radio? Trouvez-moi une bonne raison Fab, d’écouter sur France Inter autre chose que Mermet aujourd’hui (mise à part quelques trésors d’interviews, que l’on écoute aussi ailleurs).
1991. Janvier. L’hebdomadaire « La Grosse Bertha » paraît, en opposition à cette guerre inique, qui tuait plus de civils que le dictateur qu’il fallait renverser.
Toute l’équipe du premier Charlie Hebdo, celui de ma jeunesse, est là ( ce journal était mort en décembre 1981, l’année où j’ai voté pour la première fois; il avait eu le temps d’aider à fabriquer le citoyen que je suis). Il y a aussi une bande de nouveaux, Philippe Val à gauche et d’autres classés franchement à droite, comme c’était le cas de l’ancien Charlie-Hebdo (et aussi du journal Pilote, où Serge de Beketch pouvait travailler sur des sketchs avec Reiser, ou sur des BD avec Tardi. « O tempora, ô mores! », comme concluait déjà Cicéron). C’est l’union derrière l’esprit de Choron (créateur de Charlie-Hebdo avec Cavanna en mai 1969). Ce « professeur » Choron qui n’a jamais pu être de droite, comme il n’a jamais pu être de gauche. Il savait, comme Desproges, comme Coluche, et comme tous les plus grands humoristes avant eux, que l’humour est ailleurs depuis toujours. Et que c’est sa plus grande force.
1992. Juillet. Naissance de Charlie-Hebdo-2, dissident de La Grosse Bertha. Philippe Val est le nouveau patron. Val, Gébé, Cabu et …Renaud sont les bailleurs de fonds. L’aile gauche de La Grosse Bertha se regroupe loin de l’aile droite, prouvant ainsi son manque d’humour. La Grosse Bertha crèvera de ce départ (la droite sans la gauche manque aussi énormément d’humour!). Et Charlie-Hebdo-2 y perdra totalement l’humour, pour le simple rire. Et pour devenir un journal d’opinion, comme il en existe déjà trop d’identiques. Renaud, pourtant de gauche, revendra ses parts.
2010. Aujourd’hui. Nommé par notre président de la République, le journaliste Jean-Luc Hess est patron du groupe Radio France. Il est le patron de France Inter, à la tête de laquelle radio il a lui-même nommé …Philippe Val, de Charlie-Hebdo-2.
Nos amis qui nous observent au delà des frontières de l’Hexagone, doivent trouver tout cela bien étrange. Drôles de français. Drôles de français qui écoutent encore religieusement la radio d’état, et les quelques bouffons du roi qui les font rire à la mi-journée. Et qui s’étonnent que n’existe pas chez eux une opposition vivace au pouvoir en place. Et qui s’étonnent que n’émerge toujours pas une réflexion sur un autre système. Je suis sûr qu’ils en rigolent, car ils ont conservé l’humour qui commence à nous manquer.
Quant à Choron il n’a pas fini de se marrer, d’où il nous regarde aujourd’hui.
Je ne suis pas non plus lecteur régulier de Siné-Hebdo, dissident de Charlie-Hebdo-2 et un peu plus iconoclaste. Choron s’y serait senti plus à l’aise, mais pas encore totalement libre de parler, puisque cet hebdomadaire est une dissidence de gauche d’un journal de gauche. Ceci dit, ce que vous m’apprenez n’est pas une bonne nouvelle. Si Siné-Hebdo ne devait pas survivre à Charlie-Hebdo-2, ce serait comme une deuxième mort pour Choron. Rien que ça donne envie d’acheter Siné-Hebdo mercredi prochain!
Je suis cependant certain que de ça aussi, il aurait su rire, le professeur Choron. Vous ne pensez pas cela Fab? Il aurait dit: « Châtiment qui se fait attendre …pourrait au moins téléphoner ».
On s’est trompé. Ce n’est pas Choron qui était « bête et méchant », c’est le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui.
Mais toutes ces histoires médiatiques n’ont que peu d’intérêt.
Choron: « Nous sommes six milliards de bipèdes à tenir miraculeusement debout sur de fragiles petits pieds, en équilibre sur une boule de magma en fusion. Un véritable numéro de cirque! » Voilà ce qu’il faut retenir de Choron.
Tout est histoire d’équilibre dans ce numéro de cirque. Et on en revient presque à votre commentaire.
Jean-Luc,
Merci pour cet historique, qu’il était bon de rappeler, et pas que comme vous le dites pour « Nos amis qui ne connaissent pas les rouages des médias français ».
France Inter est une radio d’état : il y a un mélange rassurant de contradiction encadrée, policée et d’information normalisée par l’état protecteur. Siné c’est le contraire ! Le couplage des deux est un instrument de lecture de la société relativement efficace.
« Drôles de français qui écoutent encore religieusement la radio d’état ». On écoute ce que l’on a envie d’entendre… Drôles de français donc qui sont allés à l’école de la république, cette religiosité n’est pas apparue ex nihilo : on trempe dedans depuis la plus tendre enfance.
Fond sonore : http://www.youtube.com/watch?v=6e9D5R28E44
Si vous n’aviez pas écouté France Inter à cette époque vous seriez passé à côté de ce spectacle. C’eut été dommage. Les marionnettes et les fils, visibles de si près ! A ne pas rater.
Je n’ai malheureusement pu aller guère plus loin avec Crapaud Rouge (http://www.pauljorion.com/blog/?p=9154#comment-65484) mais la comparaison avec la Chine ou la Birmanie me plaît à un point que vous ne sauriez imaginer. Nous voyons les fils au-dessus du bon camarade chinois ou birman, mais sommes malgré tout, malgré Siné et Cie, incapables de voir nos cordes…
Celui qui ne cherche pas l’homme au milieu de la foule, perdu dans la masse, se trompe de combat : il s’est fait avoir, tant pis…pour lui…et pour les autres, envers lesquels il va reproduire ce qu’il est convaincu être une attitude dissidente.
Illustration : il faudrait faire le compte macabre de la guerre du Golfe, du génocide rwandais contre lequel nous nous sommes tous levés avec la fougue de la jeunesse anarcho-contestataire nourrie au lexomil, des quelques autres conflits de connards (marque déposée) contemporains, de la malbouffe et du malboire (j’emploie volontairement des mots doux, pour ne pas choquer le lectorat du dimanche matin, mais vous connaissez sûrement la blague du Directeur de la FAO : un…deux…trois…quatre…cinq…six : un enfant vient de mourir de la faim ! Ah ah : enfin, lui la raconte mieux !), et toute la suite et toute la suite….
Réponse, tant française que chinoise ou birmane : la dissidence. Mais soft, du style : http://www.youtube.com/watch?v=Qw6Pvy6eOCc
On a vraiment l’air con avec notre burkasociale : le bourre cas social.
Pour conclure je dirais que ce coup-ci on tient le bon bout, tout va s’arranger, on va prendre conscience… « aie confiance petit d’homme »…de notre inconscience…bientôt ! Aujourd’hui je peux pas : j’ai élections. Demain non plus : j’ai usine. Bientôt…
Merci pour votre beau texte.
@ Fab,
Merci aussi à vous pour ces mots enthousiasmant. Ce dimanche commence bien. Surtout lorsque vous mettez ce début de journée en musique avec Zao et Vassiliu!
Je suis allé lire vos échanges avec Crapaud Rouge (votre lien).
Décidément le « blog de Paul Jorion » remplit un rôle important. Il nous évite de ronronner nos pensées, et nous les fait grandir. Jorion nous dit parfois qu’il s’en sert aussi pour ça (certains continueront encore, malgré cela, à penser qu’il a créé ce blog pour diffuser sa bonne parole! Tant pis pour eux).
En vous lisant là-bas, j’ai compris mieux ce que vous dites sur la radio d’état, et sur l’écoute que vous en faites. Je crois avec vous qu’il est bon en effet (comme je l’avais fait finalement en 1991) de regarder les ficelles de près. De découvrir les cordes de la machine. Peut-être que pour ma part, j’ai fini l’observation du côté de France Inter, et que regarder encore longtemps ces ficelles ne réussirait qu’à me désespérer.
Je retourne parfois sur France Inter, comme je vous le dit, et aussi sur France Culture, mais j’ai résolument pris mes quartiers sur d’autres radios. Certaines ont d’énormes cordes qui pendent du plafond, qui s’appellent la publicité, mais au moins ces cordes-là ne sont pas cachées. Et d’autres radios n’ont aucune publicité et aucun lien avec l’état. Ce sont celles-ci que je privilégie. On y trouve de formidables trésors d’expression, libres des conventions de l’état, ou des décrets des groupes industriels. Et on y trouve une parole plus riche et diverse. La même chose que sur certains blogs …Et lorsque, après avoir écouté ces radios je reviens sur France Inter, je comprends tout à fait le slogan de cette radio: « La différence ».
Intéressant, ce que dit Crapaud Rouge.
Je me trouve aussi assez souvent en accord avec lui (même quand il lui est arrivé de mal me situer sur un échiquier politique auquel je me veux étranger ( http://www.pauljorion.com/blog/?p=8523#comment-61451 ). Je m’en suis expliqué juste derrière ( http://www.pauljorion.com/blog/?p=8523#comment-62591 ). La vision des choses que nous partageons tout les deux, l’avait amené pourtant à des conclusions tranchées à mon égard. Les mots. Les mots pour le dire).
Dans votre échange avec lui, Crapaud Rouge nous demande de faire la différence entre le droit et la source du droit. Il a raison. Parfois les sources du droit, et des règles et des lois, si on les cherche bien, on les trouvera en nous. Seule alors une vision étrangère à nous peut analyser ces règles, pour les changer. Nous sommes parfois nos premiers geôliers.
Pour les régimes les plus durs que vous citez, la chose est compliquée car le système mis en place empêche de faire ce travail de vision extérieure des choses. Cependant on a vu par le passé des systèmes et des individus réussir ce travail de dépassement de soi, même dans les pires carcans.
Il a raison aussi lorsqu’il nous propose de ne pas peindre en couleur les droits qui semblent servir le peuple, et en noir le droit qui leur est imposé. Nous-même parfois nous nous imposons des règles personnelles qui sont plus bénéfiques que les règles qui ne nous coûtent aucun effort, et qui nous servent de repos.
Je crois que nous nous soucions tous de ça Fab, nous nous en préoccupons, nous n’acceptons aucun carcan comme une simple donnée avec laquelle composer.
Mais regardez la difficulté qu’il y a parfois à accorder notre vision, et partant, notre action:
– Vous faites ce travail d’écoute critique d’une radio, au moment ou je vais sur d’autres radios faire une écoute critique d’autres phénomènes.
– Crapaud Rouge (dans le commentaire de lui que je citais plus haut) se place dans le champ de l’humanisme pour défendre la diversité des cultures et des hommes au sein d’un territoire, et je me place sur le même champ pour défendre les gens de tous les territoires du monde face à une diversité, ou une unicité, qui pourrait leur être imposée.
Je crois définitivement qu’un lieu comme « le blog de Paul Jorion » sert de lieu d’analyse. Je crois aussi qu’il est un endroit pour accorder nos instruments d’analyse.
Chaque instrument joue d’habitude dans son coin. Les violons avec les violons, les tambours avec les tambours, etc.
Oui, ici nous nous accordons (mais comme nous le savons, la musique doit se jouer ailleurs).
Il faut toujours chercher l’accord, en n’oubliant jamais de jouer clairement de notre propre instrument. Sinon, quand les instruments jouent dans leurs coins, tout fini « cadavéré »…
« …
La guerre ce n’est pas bon, ce n’est pas bon
Quand viendra la guerre tout le monde affamé, oh!
Le coq ne va plus coquer, cocorico oh!
La poule ne va plus pouler, pouler les oeufs
Le footballeur ne va plus footer, pousser le ballon
Les joueurs cadavéré
Les arbitres cadavéré
Le sifflet cadavéré
Même le ballon cadavéré
Les équipes cadavéré
Diables Noirs cadavéré
Etoiles de Congo cadavéré
Les Lions Indomptables cadavéré
Les Léopards cadavéré
Les Diables Rouges cadavéré
Les journalistes cadavéré
La radio cadavéré
La télévision cadavéré
Le stade cadavéré
Les supporters cadavéré
… »
Merci Fab pour cette chanson! Bon dimanche.
Jean-Luc,
Il semble que vous lisiez chez l’autre ce qu’il cherche à exprimer : c’est une qualité que j’apprécie. Quand dans un de vos commentaires vous parliez de « violence faite à la personne », je sais de quoi vous parlez. Et je ressens également trop souvent la frustration de ne pouvoir faire part de ma vision du monde : peut-être est-elle tordue, je veux bien l’admettre, mais supposer que mes idées puissent viser le mal ou que ceux qui seraient amenés à me lire pourraient ne pas avoir la clairvoyance suffisante pour faire (d’)eux-mêmes le tri entre le bon grain et l’ivraie me plonge dans une grande tristesse quant à la nature humaine. Quelles sont les chances de notre société de porter l’homme vers une meilleure acceptation de sa condition, vers une prise de conscience libératrice, si certains continuent à voir le mal chez les autres sans imaginer que cette caractéristique puisse provenir du fait qu’ils auraient également ce même mal en eux ? Étonnant non ?
Je ne suis pas certain d’avoir bien compris votre paragraphe sur le droit, aussi je repars de là où j’avais laissé, par violence subie donc, l’échange avec Crapaud Rouge. Le droit est un outil. L’économie est un outil. Je n’arrive pas à accepter l’idée qu’un outil puisse être utilisé par une minorité, quand bien même cette minorité aurait la certitude d’agir pour le bien de tous. Accepter cette démarche, ne pas remettre en question son existence, est à mon sens une erreur fondamentale, humainement et démocratiquement. C’est une grosse ficelle de notre société, un carcan, bientôt un nouvel organe !!! Prenez le dernier billet de Corinne Lepage, son titre « Reformuler les règles du jeu dans leur ensemble » me désespère : nous ne jouons décidément pas au même jeu ! Poser le problème en ces termes est à mes yeux une excellente manière pour que « rien » ne change : peut-être l’idée est-elle de parvenir à un nouveau système économique remplaçant le capitalisme actuel, mais qui peut sérieusement penser que ce changement venu d’en haut pourra donner à l’homme la possibilité d’exprimer son humanisme !? Ce qui nous ramène à l’outil « droit » : si les solutions aux problèmes sont amenées sur un plateau à l’homme sans qu’il ne se soit donné l’opportunité de chercher en lui ce qui a pu l’amener à se désintéresser dudit problème…la partie est perdue. Qu’un enfant meure de faim toutes les six secondes est de notre responsabilité, de notre faute. Je ne reprends pas la liste des exemples du même ordre qui me viennent à l’esprit, mais vous savez à quel point elle est longue.
Cette vision est une grosse ficelle, certains parleront de nervure : pourquoi ne pas tirer dessus ? Pourquoi faire compliqué ? Pourquoi penser que la raison aurait pu nous donner un jugement meilleur de par sa complexité que celui des grands sages, religieux ou pas, de notre histoire ?
Un dernier exemple : Evo Morales (il me semble que c’est lui) a inversé la proportion des revenus du pétrole extrait de son pays : avant c’était 95% pour les compagnies pétrolières, 5% pour les dirigeants, et le reste pour le peuple ! C’est très certainement une bonne chose pour le peuple bolivien, mais pour nous ? Comment se fait-il que nous ne tirions pas profit de ce bouleversement ? Pourquoi ne regardons-nous pas cette libération avec un oeil critique ? Pourquoi ne mettons-nous pas au centre de toutes les discussions (La Politique) l’esclavagisme que nous avons entretenu dans ce pays (entre autres, je ne reprends pas la liste…) ? Pourquoi n’enlevons-nous pas nos oeillères qui nous pourrissent la vie, qui nous pourrissent l’humanité ? Pourquoi nous réfugions-nous derrière la complexité de la raison, derrière la spécialisation qu’elle a développée ?
Hein ?
Au plaisir
@ Fab,
Je vous avais croisé en fin de matinée, je vous croise à nouveau ce soir. Et pour lire encore des choses qui me plaisent.
Sur la violence que l’on peut subir lors de nos échanges ici, nous en avons un sentiment proche. Il n’y a bien sûr pas de quoi téléphoner à « SOS commentateur battu », mais nous subissons parfois des revers. L’anonymat de nos noms et avatars ne peut pas annihiler nos personnalités, qui restent présentes derrière nos mots. Un commentaire non publié, ou modifié par le modérateur, et nous voilà touché. C’est bien humain, et c’est ce que j’avais voulu exprimer à Paul Jorion dans le texte que vous avez lu, avant les réflexions de Crapaud Rouge à mon sujet. Nous oublions à ce moment là que nous ne sommes que les hôtes de celui qui accueille ce commentaire (la convivialité du « blog de Paul Jorion » est telle que nous aurions vite tendance à nous croire chez nous!).
Il y a un autre phénomène aussi. Lors d’un échange récent avec la personne en charge de la modération présente à un moment donné, j’ai pu mesurer l’immensité de la tâche, lorsque tout arrive en même temps et que les sujets sont sensibles (et que les textes sont longs! comme ceux que je vous fait). Il faut parfois aussi reconstruire un texte qui arrive de guingois, ou avec des liens actifs un peu branlants. Ensuite, la décision de publier ou pas doit être prise très vite, une affaire de secondes.
Parfois dans un commentaire intéressant, une phrase pose problème. Non pas qu’elle soit toujours impubliable, mais il peut arriver qu’elle soit de nature à générer une suite de commentaires inutiles en cascade. En quelques secondes la décision doit être prise: ne pas publier ce texte utile, ou ôter ces quelques mots polémiques? Je crois que si j’avais compris cela plus tôt, je n’aurais pas posté les questions que j’avais adressé à Paul Jorion. De plus, les journées ne font que vingt-quatre heures, et la tâche que veux accomplir utilement Jorion et les personnes qui l’aident ici, est grande. Toute polémique inutile est à proscrire dans ces conditions.
Lorsque ce sont nos interlocuteurs, invités comme nous, qui nous secouent, la chose est encore différente. J’ai souris récemment à un petit échange (peut-être l’avez-vous vu). Je ne cite pas les noms, j’ai peur de me tromper. Une personne avait envoyé un commentaire enthousiaste, parlant de « grands hommes » et de « grands événements ». Le commentaire en réponse était cinglant, du genre: « Stop!!! Grand! Grand! arrêtez avec ce mot! ». J’ai souris à la réponse suivante du premier commentateur, qui venait de se prendre la giroflée à cinq pétale: c’était un petit « smiley » triste.
Je me suis senti très solidaire de cette personne, car après le commentaire de Crapaud Rouge à mon endroit, j’avais ressenti aussi un gifle, en plus de celle reçue symboliquement de Jorion (ni l’un ni l’autre n’en avaient visiblement l’intention pourtant). Dur dur de ne pouvoir compter que sur les mots. Si nous étions tous face à face, nos regards et nos sourires pourraient faire passer tout ça sans heurts. Il nous faut accepter ces règles du jeu, et faire contre mauvaise compréhension bon coeur.
Bien sûr à certain moment il n’est pas question de faire seulement bon coeur, on n’est pas chez Baden-Powell ici! Il faut savoir exposer clairement ses idées, et ne pas avoir peur de les défendre, pour faire avancer la réflexion. Cette réflexion ne peut avancer si tout le monde baigne dans la tiédeur de l’accord et les violons de la concorde.
De temps en temps nous assistons à quelques échanges musclés. Les plus récents concernaient je crois le sujet de l’art, après le billet « Alexander McQueen ». Jorion dit aussi quelque part que le ton s’est un peu calmé par rapport au début, quand il a décidé avec François Leclerc d’exclure tous les sujets qui dérivaient vers la recherche des acteurs d’un « système délibéré ». Arrêter la bataille stérile et sans fin de la recherche des soit-disant responsables du soit-disant « complot », des soit-disant créateurs de la soit-disant monnaie de singe, pour garder l’oeil ouvert sur la structure qui est en place, avec …ou plus certainement sans chauffeur, même si cette machine à de réels bénéficiaires (c’est ce qui rend la machine bien plus complexe, mais pas moins passionnante à démonter).
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Pour la suite de votre texte, vous n’imaginez pas à quel point je suis en accord avec vous. Je ne veux rien commenter.
Je repense au premier texte que j’ai publié sur le blog de Paul Jorion. C’est pas vieux: le 6 février 2010. C’était une réponse à la deuxième contribution de Corinne Lepage sur le blog (je vois que ce soir, elle revient échanger avec nous. Respect à elle. Ils ne sont pas nombreux les politiques, à oser ainsi confronter leur parole aux citoyens, en toute clarté).
Je lui disais à peu près ce que vous dites ( http://www.pauljorion.com/blog/?p=7695#comment-54761 ).
Ce dimanche se termine, Fab, et ce n’est pas le grand soir.
A bientôt.
@Jean-Luc: j’ai découvert par hasard, en cherchant l’un de mes posts, que vous m’aviez fait une longue réponse, rapport à des propos citant l’extrême-droite. Je l’ai lue avec émotion, heureux de découvrir que nous sommes sur la même longueur d’onde. Il n’y avait pas pour moi de malentendu, seulement une mise au point strictement nécessaire pour laquelle j’ai sacrifié mon habitude de réserve en vous exposant un pan de ma vie privée. J’ai bien conscience d’avoir joué un peu au policier, mais parce que vous-mêmes n’aviez pas l’air de saisir que vous abordiez des sujets sensibles de façon assez vague, ce qui ouvre la voie à toutes les interprétations. Si l’on peut toujours, en principe, parler des thèmes de l’extrême-droite, c’est très difficile de le faire sans se placer sur son terrain. Car elle ne demande que ça, que l’on parle de ses sujets. Vous comprendrez ma forte réticence: je suis tombé dans cette marmite quand j’étais petit.
@Fab: j’ai vu que vous insistiez pour dire que le droit est un « outil ». C’est vrai d’une certaine manière, puisqu’il sert à régler les conflits en lieu et place de la force. Mais c’est une image d’en parler ainsi. Cet « outil » n’est pas à la disposition des citoyens, ou de certains d’entre eux, pour être modelé à leur guise, comme on affute ses armes. C’est lui au contraire qui doit s’imposer à tous, sinon il tombe en désuétude. Il peut cependant évoluer, mais selon des règles très précises. Enfin, si vous ne le mettez pas « au-dessus de tout », (et surtout de tous), que mettrez-vous au sommet de la pyramide ? Pinochet, Pol-Pot, Staline ? C’est en son for intérieur, comme chez Antigone récemment citée par Olivier, que le droit ne peut ni ne doit être « au-dessus de tout ». Là, je suis bien d’accord avec vous: il se réduit à des règles de musique, et c’est à chacun d’écrire sa partition.
Bien cordialement à tous les deux
@ Crapaud Rouge,
En vous lisant souvent, j’ai bien vu que vous ne faisiez pas que gober des mouches ou sauter dans des mares boueuses, comme les grenouilles de tous les bénitiers.
Il y a des malentendus que le temps dissipe, il faut toujours compter sur lui. Et sur le hasard d’un retour sur un ancien « billet ». Vous reviendrez ici, j’en suis sûr.
Après votre dernier commentaire, je crois que Fab et moi ne pouvons qu’être définitivement convaincus qu’un batracien écarlate peut être un bon camarade.
Le monde actuel est comparable à une grande cour de récréation, à deux fortes têtes préférant de nouveau tenir le beau rôle, à nous dire chacun de leur coté dans leur propre terrier.
C’est pas moi c’est l’autre, oui le bien vient d’abord du capitalisme de mon Papa, et puis l’autre non non pas du tout le bien vient avant tout du socialisme de ma Maman, et puis entre les deux
il y a de plus en plus une humanité déchirée, aliénée, conditionnée, étiquetée, marchandisée.
A les écouter on pourrait encore croire que la lumière vient d’abord de telle ou telle marque et puis il ne suffirait alors que de la mettre davantage en bouteille pour que tout s’arrange. Il est bien évident que si les choses devaient se gâter, allo police secours ils en forceront bien évidemment un plus grand nombre à les suivre. Le pire c’est plus les choses s’aggravent et plus ils s’arc-boutent pour mieux essayer de faire tenir plus longtemps tout cet édifice branlant.
A quand la prochaine solution finale sans doute de nouveau très matérielle et concrète pour mieux paraît-il rassurer la multitude à l’antenne, pour tous sans exception petits et grands. Oui préoccupons nous bien jusqu’au bout des seules valeurs périssables, là ou la mite s’approche, là ou les vers rongent toujours plus, attention, attention les ami(e)s tout cela va bientôt s’écrouler.
Tant de vaines constructions médiatiques, marchandes et idéologiques. Au commencement du monde l’homme était certainement aussi encombré et superflu qu’aujourd’hui dans le jardin d’eden, continuellement poussé dans son corps comme dans son esprit à ne vivre que pour le seul état de négoce ou marchandage supplémentaire sur terre, accumuler, et vouloir gagner toujours plus et puis après que voyons de mieux ensuite à la tête des autres ?
Est-ce vraiment mieux aussi différencier l’esprit de l’homme en société, c’est ce qui est souvent répété à la télé, c’est la grande idée reçue !
La dette publique est-elle à même d’enterrer le capitalisme ? A première vue non : au Japon la dette publique est bien plus importante que celle des USA (ou de la plupart des pays européens) or le système économique est resté fondamentalement le même. D’un autre côté, les USA sont la 1ere puissance économique mondiale et leur monnaie est LA monnaie de référence dans le monde (ce qui n’est pas vraiment le cas du yen…) ; un surendettement public américain pourrait donc avoir des répercussions plus importantes via de fortes secousses monétaires. Mais le capitalisme n’est pas tributaire d’une monnaie… Le dollar pourrait continuer à se dévaluer ad vitam eternam sans que le capitalisme le suive dans sa chute.
Donc ? Bon, d’abord, je crois qu’il est extrêmement hasardeux d’établir des prévisions sur tout système économique, simplement parce que contrairement à tout système physique, biologique, que sais-je, c’est à dire tout système obéissant peu ou prou à des principes vérifiés par l’expérience (PV=nRT, tout le monde le vérifie quand il faut gonfler ses pneus…), c’est toujours l’activité humaine qui régie l’activité économique (et qui rend caduque toute science économique à mon humble avis!). Et quel principe peut-on appliquer avec certitude à l’activité humaine ? Cela dit : on peut affirmer par exemple que la probabilité de chute pour tout empire est proche de 1, enfin c’est ce que nous montre l’histoire des hommes par l’expérience ! et donc que la probabilité de la chute de l’empire américain est aussi proche de 1… Mais c’est tout ce que l’on peut dire, non ?
Evidemment cela n’empêche pas d’emettre des hypothèses qui se vérifieront dans le futur (comme ce fut le cas pour Mr Jorion et d’autres économistes – peu nombreux il faut le reconnaître ! – à propos de la crise actuelle). Et l’hypothèse d’une fin du capitalisme pourrait tout à fait se vérifier – comme son contraire évidemment… – mais à vrai dire je reste sceptique. Aucune certitude ! On verra bien… Je souhaite cette chute car à mon humble avis le capitalisme est néfaste pour une large part de la population. Cet avis est évidemment subjectif, mais objectivement que peut-on dire ? Que nous disent les expériences capitalistes du monde entier ? Que le capital finit toujours par se concentrer entre les mains d’une minorité, et que les inégalités croissent avec le temps. L’analyse empirique appliquée au capitalisme me semble sans appel, mais peut-être est ce que je néglige les bons côtés du système – quelques uns en voient ? 🙂 Bon, pour conclure j’ai envie de dire que c’est la croissance de ces inégalités qui pourraient provoquer la chute du capitalisme via des révoltes, à savoir quadn, alors là… voilà j’ai terminé cette fois-ci ! :))
Très sérieusement, je ne vois pas que l’économie telle qu’elle s’autorise puisse perdurer bien longtemps:
c’est la grande braderie, (chez nous on dit : le « grand polypourri » -en référence au monopoly mais en pire )
De là deux stratégies
(enfin si nous voulons survivre …)
-appuyer sur le frein
(tacher de règlementer le système actuel en sorte de le contrecarrer dans ses tendances visiblement férocement nuisibles comme fermer le casino, soit interdire les paris sur les prix et co ….)
-pour enfin prendre de la hauteur
appuyer sur le frein pour gagner du temps ne suffira pas, la chouette -Athéna, déesse de la sagesse- devra déployer les ailes ,…
(surtout la gauche, -ce qui ne va pas être facile, donc l’humanité devra encore beaucoup réfléchir de pleins d’allumeurs de réverbères …)
sinon je suppose qu’on va plonger méchant …
Cécile, les réverbères: « Je viens de comprendre l’utilité des réverbères dans la nuit : s’ils n’étaient pas là, on ne les verrait pas et alors bien sûr on s’y cognerait sans cesse. »
Chevillard, écrivain, quotidiennement depuis quelques années donne à lire trois paragraphes, on s’y sent moins seul à ne plus reconnaître les repères qui ont eu projeter leurs petits mirages et confettis… mais on creuse à la découverte comme gosse archéologue
je vous le conseille, aussi indispensable pour moi que café et clope au lieu du journal :
http://l-autofictif.over-blog.com/
Je ne sais pas où poster ceci alors je le mets là.
J’ai une sensation bizarre. (vous avez dit bizarre?)
Tout à l’air de fonctionner, du moins en apparence, mais il se passe quelque chose.
J’ai eu aujourd’hui une dame au téléphone, d’un organisme concernant les travailleurs indépendants à propos d’un dossier perdu.
Elle est partante pour faire bouger les choses.
Mais c’est autre chose qui a retenu mon attention, elle a dit au cours de cette conversation :
-1) « il n’y a pas que chez nous qu’il y a des problèmes » (dossiers qui se perdent, retard dans les procédures, etc….)
-2) puis à propos des cotisations sociales : « SI vous en payez » (sous entendu : il n’y a plus grand monde qui les paie)
Depuis longtemps il se disait que « les banquiers » étaient des voleurs (votre argent nous intéresse), mais bon, çà se disait, maintenant les preuves commencent à apparaître.
Il se dit aussi depuis longtemps que tout cet attirail administratif dont la France est si richement dotée est lourd, mal fichu etc…..;
Mais j’ai comme l’impression que là aussi l’édifice se lézarde.
Au téléphone les interlocuteurs ont l’air fatigués, désabusés, comme s’ils ne croyaient plus à rien.
Je ne sais pas comment expliquer, mais c’est comme si bientôt tout allait être paralysé.
La maison a l’air de tenir mais le squelette est rongé par l’ostéoporose et tout peut s’écrouler d’un moment à l’autre.
Enfin c’est une impression.
Etat zombie?
On dirait que çà fonctionne mais çà titube, c’est mort et çà ne le sait pas.
Sur quoi repose le systeme?
Pour les cotisation sociales et pour l’essentiel sur les salaires, si l’on considere, et je conviens que je simplifie, qu’on commence a travailler a 25 ans et qu’on vous fout dehors a 55, ca fait 30 ans sur une esperance de vie pour les hommes de 75 ans.
Pour les impots, 50% des foyers fiscaux ne paient pas l’IRPP, autant sont exonere de taxe d’habitation.
Pour l’IS, les grands groupes y echapeent largement, reste les pme….
Reste la TVA, impot sur la consommation, mais la consomation, structurellement, meme si la grande crise n’avait pas eu lieu, baisserait sous les coupde boutoir de la globalisation et da sa consequence, la baisse structurelle des salaires en monaie constante.
Bref, le systeme est condamne a l’explosion si l’on se contente d’appliquer un enieme emplatre sur la jambe de bois.
Probleme, on ne peut, dans ce monde village, changer radicalement seul.
à Louise
Même impression obtenue par le discours des syndicalistes qui expliquent comment la réduction des effectifs, des moyens matériels, de l’accélération des cadences font que plus personne n’a le temps de faire son travail correctement et que les contradictions qui surgissent deviennent ingérables : l’usager/client se plaint de ne pas obtenir le service auquel il a droit, le salarié est d’accord avec lui mais ne peut le satisfaire et il lui en sera fait le reproche par sa hiérarchie qui a fixé les objectifs et soi-disant donné les moyens pour les atteindre !
La pression est forte et prend une tournure violente, traitée comme un incident, occasion de réactions compassionnelles ou sécuritaires : suicides à France Télécom, mais c’est oublier les dizaines de suicides de flics, de surveillants de prison et d’enseignants et c’est oublier la violence contre les salariés qui sont placés en première ligne (les enseignants encore, Pôle emploi et autres Inspecteurs du travail ou agents du trésor, et depuis quelques temps les infirmières et les médecins sont aussi pris dans cette violence).
La RGPP (Réforme générale des politiques publiques en France = la stratégie OCDE pour casser les services publics en Europe) va être sur la sellette le 23 mars, peut-être viendrez-vous manifester avec nous pour que ceux qui ont des missions aient les moyens et le temps et la formation nécessaires pour les accomplir… Par exemple, le remplacement des enseignants par des retraités ou des étudiants sans qualification professionnelle montre en quelle estime ces personnels sont tenus.
Voilà qui va remonter le moral de Laurence !!
Blague à part, c’est un fait que l’écoeurement gagne du terrain, les gens parlent un peu plus facilement…mais la route est longue encore.
Comme à mon habitude je pourrais faire un long discours mais il y a selon moi une raison majeure pour laquelle les partis ne parlent pas de la crise correctement et vous dites en substance:
« J’évoque avec eux la période que nous traversons et je leur pose la question : « Pourquoi les partis n’en parlent-ils pas ? » Et la réponse est celle-ci – et je ne trahis personne en la révélant, parce qu’elle est la même, quelle que soit l’affiliation partisane : « Parce que les partis s’adressent l’un à l’autre d’une manière qui leur est devenue classique et qu’ils sont devenus incapables, par une longue habitude, de tenir un autre langage ». Mes interlocuteurs sont quant à eux conscients de la particularité de la période historique que nous traversons et des risques de débordement qui se profilent à l’horizon en raison d’un mécontentement qui ne pourra aller que croissant, mais ils ne voient pas comment, dans la chasse aux suffrages à laquelle se livrent les partis, ces sujets pourraient même être évoqués.
Je ne peux pas être en accord la-dessus.
Comme vous le savez, expliquer ces choses de manière à la fois juste et attirante est impossible car il faut faire appel à des données de bases que beaucoup de gens n’ont pas, il faut aussi (Hélas) faire du glamour ce qui est difficile mais surtout, si on commence à démonter les mécanismes
financiers en détails, cela devient proprement scabreux.
On peut effectivement craindre cetains…débordements
Et puis, last but not least, je crains que le corps social ne fonctionne comme les hordes de « gnoux » ou les hordes de loups…..il y a la multitude des mercenaires et les chefs….les chefs étant, dans le cas de la société des hommes ceux qui ont compris comment marche la machine.
Dernière chose enfin, vivez à la campagne si vous le pouvez….vous respirerez du bon air, vous vivrez dans la nature mais surtout……vous aurez les idées beaucoup plus claires car vous y trouverez………le silence
Amicalement
Cincinatus
Une économie américaine en ruine, par Paul Craig Roberts :
(Où serons-nous dans dix ans ? je n’ose même pas y penser …. )
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3008
He bien oui je dois me reconnaître parmi les pêcheurs à la ligne pour deux raisons, j’étais dimanche dernier en Casamance où je pêchais à la ligne et donc j’ai été compté parmi les abstentionnistes mais vrai pêcheur à la ligne quand même, je rentre samedi et compte bien me rendre aux urnes … les poissons d’Ile-de-France devront attendre un peu !
alors cette vidéo
(personnalisée par un de vos ami !!! ???)
est pour vous
(la personnalisation est tout un art, et quelque part ça vaut bien la pêche à la ligne …. )
http://www.lemouvementpopulaire.fr/mobiliserunami/Default.aspx?Id=2085DA873E6A28A7C66C36ED306827BE
@Cécile
Vous me cataloguez sympathisant UMP apparemment ! J’ai bien failli avoir une crise d’apoplexie en vous lisant!
« On a pris l’habitude d’appeler « pêcheurs à la ligne », ceux qui en France s’abstiennent de voter. Ils considèrent que les choses ne vont pas suffisamment mal qu’il faille rompre la paix d’un dimanche pour se rendre dans l’isoloir. »
« Ne vont pas suffisamment mal » pour l’UMP?
Vous pensiez peut être que je m’angoissais pour le score de Valérie Pécresse ?
Ceci étant précisé je regrette que les échanges entre partis opposés ne font aucune part au thème central de ce blog : la fin du capitalisme par auto-effondrement (à l’opposé de 1917 et 1968 comme le précise Paul Jorion)
de tels débats obligeraient de redéfinir jusqu’à l’objet même de la politique, (et de l’économie) .
@ cincinatus
« Il y a la multitude des mercenaires et les chefs….les chefs étant, dans le cas de la société des hommes ceux qui ont compris comment marche la machine. »
…
Oh la la.
je ne sais pas ce qu’ils ont compris mais à mon idée le système foire
Réponse à Moi (http://www.pauljorion.com/blog/?p=9289#comment-65575)
On date généralement le capitalisme dans la même période que l’ère industrielle. Selon vous ce serait plutôt à l’avènement de la financiarisation. Je trouve que c’est pour le moins arbitraire et oui, les anciens grecs usaient bien d’une forme – certes différente – de capitalisme.
Je ne crois pas non plus que les régimes communistes se contentaient d’extraire la finance de leur système économique. On ne peut donc pas, selon moi, résumer le capitalisme à « c’est la finance. »
Réponse à EOLE (http://www.pauljorion.com/blog/?p=9289#comment-65618)
Merci pour votre réponse bien fournie à laquelle je rajouterai le problème inhérent de la bourse qui n’est au fond qu’un jeu à somme nulle
Sur les facteurs de crise, je suis dans l’ensemble d’accord avec vous mais, il me semble qu’on néglige trop souvent les responsabilités des gouvernements qui dans leur majorité ont creusé les déficits (par démagogie et affairisme) encore plus que le secteur privé et se sont alors tournés vers les mêmes magouilles financières leur permettant de masquer un bilan désastreux, selon la maxime connue du « après moi le déluge. » Les états ont donc avalisé l’immoralité du capitalisme financier.
Ce qui, pour revenir au sujet, ne donne vraiment pas envie de voter pour l’un ou l’autre parti politique tant la lâcheté et la veulerie semblent inspirer nos aspirants gouvernants.
dans ma logigique à moi, le capitalisme est un régime, le libéralisme une idéologie – laquelle n’est pas une utopie, mais une uchronie-
(parfois je suis d’accord avec Eole, parfois non, mais je suppose que s’il se présentait sur une liste, c’est sûrement pas sûre que je voterai pour cette liste …)
si je puis me permettre, ça c’est une bonne base travail:
-châtiment des traîtres et à l’éviction dans le domaine de l’administration et de la vie professionnelle de tous ceux qui auront pactisé avec l’ennemi ou qui se seront associés activement à la politique des gouvernements de collaboration
–
la pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression; la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères
-l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie
-le retour à la nation des grands moyens de production monopolisée, fruits du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques
-un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État
Mais ça a été fait le 15 mai 1944 🙂
C’est plutôt le 15 Mars 1944 🙂
C’était je crois Jean-Luc Mélanchon qui avait popularisé cette expression en 2002 suite aux résultats de la présidentielle…j’ai fait parti des pêcheurs à la ligne qui sont allés votés dimanche dernier, j’ai voté en Kantien, c’était plus un devoir qu’autre chose et je dois même avouer que j’ai choisi…par élimination…pour finalement tomber sur le front de gauche qui me semblait le plus proche des préoccupations actuelles et le seul de la gauche de la gauche qui désire vraiment participer à un gouvernement…je dois même avouer qu’en sortant du bureau de vote, m’était revenu à l’esprit que l’on avait la possibilité de voter nul (je ne sais par quelle magie comment cette possibilité m’avait échappé et pendant quelques secondes je me suis bien demandé pourquoi je ne sortais jamais dehors sans avoir un stylo sur moi !). Dans certaines villes l’abstention atteint les 75 %, mais je rajouterai à ce que Paul Jorion affirme que cette abstention révèle également un découragement, une lassitude des Français face à la politique voire une absence de conscience politique et ce n’est pas une bonne chose…Comment construire une alternative dans de telles conditions ? Je pense aux personnes qui atteignent la majorité pour qui la gauche, la droite, les nombreux combats pour obtenir des droits sociaux, la lutte des classes etc. ne veulent rien dire. 18 ans, ça signifie que cette personne est née en 1992, il n’a jamais connu l’URSS, a grandi avec les délocalisations, la guerre contre le terrorisme (cette fameuse entité vague), le libéralisme comme seule perspective, qu’il n’a pas à se plaindre car le monde dans lequel il vit est parfait et indépassable, c’est pour cela que notre modèle doit se répandre partout de façon uniforme diraient même certains…on a produit une génération sans repères politiques, qui devaient forcément subir, suivre la fameuse voie tracée, on lui dit que droite et gauche c’est la même chose et que la meilleure façon de s’y prendre c’est de pratiquer l’alternance de temps en temps pour éviter la sclérose mais qu’en fin de compte ces partis suivent la VOIE royale. Pire, les politiciens ne font rien pour nier cette triste réalité, que le système est plus fort que leurs idées…mais quel système diraient certains ? Ce système est communément appelé mondialisation avec ses organismes du type OMC…On n’a pas voulu mettre des limites aux expansions, à la dette (vous vous rappelez des crédits sur 50 ans que l’on commençait à donner en Espagne ? à ce tarif vous croyez vraiment que les citoyens peuvent vraiment contester les politiques menées ? Le risque est trop grand, ce crédit est vu comme un sacrifice, ce type de crédit tue la solidarité)
Je vais vous raconter une anecdote : une prof en 2006 m’avait raconté qu’avec ses secondes, actualité oblige, elles avait évoqué la crise du CPE (beaucoup de lycées étaient bloqués à l’époque) et vous n’allez pas croire, sa classe était incapable de mettre le moindre mot sur cette « crise », certains osant même penser que cela devait avoir un rapport avec les CPE (conseillers principaux d’éducation, sorte de censeur dans les lycées pour les lecteurs non français). Pourtant certains ont dû bloquer le lycée quelques jours plus tard plus par posture que pour une autre raison (certains bloqueurs dans les lycées et université ont même voté Sarkozy en 2007)
J’ai beaucoup manifesyé contre le CPE, mes quatre filles -elles ont 4 ans d’écart étant toutes les 4 à la fac), je n’ai pas vu que les lycéens ne savaient pas pourquoi ils manifestaient, ce que j’ai vu, c’est que la manif ou à priori il n’y avait que des jeunes a été coupé par les CRS, ils se sont mis en travers de la route juste derrière la tête de la manif…
il n’y avait plus ni de camionnette, ni plus de mégaphone, rien pour communiquer haut et fort, et des CRS , subitement ordonnés de couper la manif …
je suis allée les voir, je leur ai demandé : pourquoi vous êtes là , vous êtes fous, il y a que des lycéens et des collégiens derrière, je le sais j’ai remonté toute la manif, ils m’ont répondu c’est les ordres, je me suis flanquée au milieu du passage, quand les graviers et autres cailloux ont commencé à voler ils m’ont à peu près gentillement jété, avant de lancer leur lacrimo…
là j’ai commencé à remarqué qu’il y avait des policiers déguisés en ouvriers du bâtiments, et d’autres trucs comme cela, complètement tordus que je ne savais même pas que ça existait…
les CRS ont chargé, alors que c’était eux qui avait dégénéré la manifestations, les jeunes couraient dans tous les sens, c’était absurde…
j’étais bavec ma fille ainée, nous avons beaucoup observé, tellement observé que je je me suis permis de dire à un policier déguisé en motocycliste avec un cas que orange,
vous savez mon grand-père était gendarme , moi j’observe ce qui ce passe ici, et parmi d’autres, je vous regarde, je vous vois faire et je ne peux que vous dire « honte à vous »
(-Pétain a muté tous les gendarmes sauf les vieux, et si j’ai bien compris après il a encore prolongé ces vieux, dont je ne sais pas ce que tous ils faisaient, les ordres sont des ordres, mais mon grand-père qui n’ayant pas été muté, connnaissant tous les gas du pays, gendarme ou pas, lui parce qu’il était lui avant d’être gendarme
-s’il était gendarme ce n’était pas son choix, c’est parce qu’après 3 ans de service militaire et 4 ans de guerre de 14-18, soit 7 années de perdus pour ces conneries de la guerre, il fallait bien vivre…-
renseignait la résistance)
Anecdote pour le CPE, mon fils 16 ans, à lancer le mouvement revendicatif avec l’aide de 5 lycéens pour aboutir au blocus de son établissement, seul ce petit groupe uni et soudé à réussi avec mon soutien logistique le blocage de son lycèe.
Dire qu’ils étaient soutenus par les autres lycéens acquis à leur revendications anti CPE………les autres étaient là plus, pour ne pas aller en cours et non jamais étaient très impliqués dans l’organisation des manifestations, qu’ils ne se rappellent plus ne m’étonne pas.
Il suffit toujours d’un petit nombre pour faire les grandes causes.
» C’est directement au niveau de la production du rapport social que le capitalisme est vulnérable et en voie de perdition. Ce dont il crève, ce n’est pas de ne pas pouvoir se reproduire économico-politiquement, c’est de ne pas pouvoir se reproduire symboliquement. »
« Le pouvoir consiste dans le monopole de la parole : la parole ( la décision, la responsabilité ) ne s’échange plus. Mais cette situation est explosive – ceux mêmes qui ont le pouvoir le savent […] De même qu’en 1929, le système crevait de ne pas arriver à écouler la production, ainsi aujourd’hui il crève de ne pouvoir écouler la parole. Parce qu’il est un système de production, il ne peut que se reproduire, il ne peut plus trouver d’intégration symbolique. »
Jean Baudrillard, « Le miroir de la production »
Est-ce que vous payez un loyer ??
Le loyer engloutit plus d’un tiers d’un bon salaire, bien la moitié de deux salaires de base
(les loyers augmentent de 4% / an , cette année , c’est évident,, il y a je quel décret de la mise en conformité des tableaux électrique, -les chilblick à plombs doivent être remplacés par des minidijoncteurs lesquels sont très chers- l’année dernière c’était les ascenceur -le gardien n’a plus le droit de jamais réparer, il faut toujours payer- et co ,l’année prochaine, ce sera une des circulaire de la taxe carbone et co…)
après il faut bien règler, EDF, et les forfaits de tél et internet et aussi bouffer, s’kabiller, se chausser..
sans un loyer exhorbitant,
(en augmentation de vers les 4%/an depuis des années -ce dont personne , peut-être à par le PG ne parle d’arrêter, …)
on pourrait imaginer que …
Les chinois arrivent à se faire plaindre dans notre soit-disant quotidien de référence « Le Monde » de payer 300 je ne sais quoi alors qu’ils en gagnent 900
(et le journaliste qui écrit l’article n’a pas l’air même de se douter que pour les français qui payent un loyer la dépense de logement est proportionnelement aussi énorme…)
Je ne sais pas, mais, je nous sens très, très, mal barré pour parlé
« Ce dont il crève, ce n’est pas de ne pas pouvoir se reproduire économico-politiquement, c’est de ne pas pouvoir se reproduire symboliquement. » : non, il n’en crève pas, malheureusement, mais il nous en fait crever. Il écrabouille littéralement tout ce qui touche à notre culture, prise au sens large de « manière de vivre, de subsister », c’est-à-dire de se pérenniser. Personne n’en parle ici, les questions économiques ne sont abordées que sous l’angle des bilans, des principes généraux et de leurs effets supposés, des théories, des accords internationaux et toutes ces bonnes choses. A ce compte-là, l’Allemagne est évidemment un « modèle de vertu ». Si l’on regarde les choses de plus près, c’est-à-dire la vie réelle de millions d’Allemands qui semblent résignés à « la vie est dure mais c’est la vie », et si l’on oublie le prisme déformant des préjugés économiques, la « vertu » pourrait fort bien se révéler toute autre…
Note: comment dirait-on en latin: « la vie est dure mais c’est la vie » ?
Paul bonsoir,
« Bien sûr, je suis Belge résidant en France »
Intéressant, ce statut.
Vous pouvez donc parler de la France sans y être intégré à part entière.
Vous qui en connaissez les deux tableaux, aux deux réactions de Verhofstadt, qu’est-ce que vous auriez donné comme commentaire.
Il y a bien sûr celui qui, suite à ce besoin soudain identitaire, avait permis de conclure par G.V. « qu’il y avait quelque chose de pourri en France » et que Kouchener avait dédaigné.
Ce besoin identitaire avait fait des émules en Wallonie.
Le deuxième, la plus récente qui n’approuvait pas madame Merkel
http://www.lesoir.be/actualite/monde/2010-03-18/verhofstadt-fustige-la-position-antieuropeenne-de-merkel-759531.shtml
J’attends vos réactions si vous en avez bien sûr. 🙂
Jean Quatremer a publié sur son blog un billet assez cinglant en réponse au « quelque chose de pourri en France » de Verhofstadt : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2010/03/il-y-a-quelque-chose-de-pourri-au-royaume-de-flandre.html
La réponse du berger à la bergère, Quatremer lui reprochant un silence assourdissant vis-à-vis de certaines dérives communautaires en Flandre.
Pour se convaincre de la réalité de ces dérives, un autre billet haut en couleurs : http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2010/03/il-y-a-quelque-chose-de-pourri-au-royaume-de-flandre-suite-et-pas-fin.html
Pour revenir à monsieur l’ancien premier ministre, les interventions de Verhofstadt sont souvent brillantes. J’étais au Parlement en 2004 lorsqu’il a prononcé un grand discours sur l’Europe, et que l’on partage ou pas sa vision de l’Europe (ce qui n’est pas forcément mon cas), force est de constater que lui au moins en a une.
J’ai quitté la Belgique il y a trente-sept ans. Pendant ces trente-sept années, j’ai été résident étranger en France, en Grande-Bretagne, au Bénin, aux Pays-Bas et aux États-Unis. Est-ce à dire que je « n’ai pas été intégré à part entière » dans ces pays ? Beaucoup moins sans doute que vous ne l’imaginez : en France, en Grande-Bretagne, aux Pays-Bas et aux Etats-Unis, en tout cas, la plupart des gens à qui j’ai affaire – pour la France – ou à qui j’ai eu affaire ont supposé a priori que je n’étais pas un étranger mais l’un de leurs concitoyens. On m’a proposé en France autrefois d’être candidat à la mairie de ma commune et il m’est même arrivé aux États-Unis de devoir faire la preuve que je n’étais pas Américain.
Bonjour Julien,
Tout d’abord, merci pour votre réponse.
Je remarque qu’aujourd’hui sur beaucoup de forums, il faut être le plus agressif possible pour toucher les gens pour obtenir une réponse. Mais bon, disons que c’est l’air du temps…
J’ai été lire « Coulisses de Bruxelles ». Cela tombe bien, je suis Bruxellois de souche, donc cela m’intéresse les pensées intimes de mes concitoyens. J’en ai assez écrit sur ma ville.
Je ne vois pas vraiment le côté « cinglant » de ce billet. L’auteur dit même « dénoncé, avec des arguments que j’approuve totalement, le débat sur l’identité nationale française ».
Vous n’êtes pas sans savoir que les régions sont plus marquées qu’on ne pourrait le croire en Belgique, sur les manières d’aborder les problèmes belges. Si c’est vrai qu’on remarque plus les problèmes des autres, que les siens propres, il ne faut pas rester dans sa coquille sans les dénoncer. Le CD&V est le parti le plus puissant en Belgique. Ce n’est pas un secret.
Verhofstad est un européen convaincu (comme l’est Dehaene mais avec une technique des petits pas pour arriver au même but). C’est de là que venait sa réflexion.
Pour aller dans ce sens, je suis en permanence sur les forums français, Agoravox & autres. J’en connais un peu sur la mal être français. La France, ce n’est pas Paris.
La révolte gronde. Le Nouvel Obs lui-même parle de Sar-K.O.
La France a rêvé l’espace d’un an.
Elle chantait « Je me voyais déjà ».
Si nous avons une royauté parlementaire, en France, c’est devenu un empire avec des diktats d’un seul homme qui a la vérité universelle.
@ Paul,
C’est normal, vous êtes anthropologue, vous passez partout. C’est une qualité que peu de gens ont. La première fois que je vous ai vu dans l’émission Parlons Net, j’ai bien remarqué que vous n’étiez pas dans le moule franco-français bien que francophone mais je n’arrivait pas à déterminer si vous étiez suisse ou autre chose. Votre style de pensée et de parole était plus libre et plus originale.
Bonjour,
{Nous sommes le Vendredi 19 Mars, je publie ce message sur le billet « Où sont les pêcheurs à la ligne ? » après le message de l’enfoiré du 18 à 22:53.}
« La raison n’est pas que je m’oppose à l’action, autrement dit que je lui préfère la contemplation, mais mon blog ne me paraît pas l’endroit d’où en parler : un blog est à mes yeux, un lieu de réflexion… »
Oui donc, Paul vous appelle à la réflexion, et que peut-on lire à ce sujet depuis qu’il a lancé cet appel ? Rien ! Ce ne sont que critiques du système en place ou des arguments des autres blogueurs, mais pas un mot sur ce que pourrait être une nouvelle société ni sur la manière de garantir sa viabilité.
L’action doit passer par la case réflexion. mais la réflexion doit être poussée et prospective afin que nous puissions proposer un projet sérieux et viable. (http://www.pauljorion.com/blog/?p=9289#comment-65646)
Au travail !
{Il est 06:15 et j’envoie ce message}
Malheureusement, il ne suffit pas de réfléchir.
Les mécanismes en oeuvre sont ceux de la vie.
Ils supposent une décomposition après la mort, une putréfaction et la réutilisation des éléments constitutifs en plusieurs cycles…
Il est fort probable que, parmi les millions d’expériences humaines en cours, certaines se révèleront ultérieurement comme les nouvelles bases de « ce » qui viendra à la place.
Mais tout cela nécessite du temps, beaucoup de temps…
Alors, si je puis me permettre un petit conseil: avant le temps de la réflexion, il faut respecter un temps de deuil, puis un temps de repos, puis un temps de l’observation pour repérer ce qui pourrait être porteur; la réflexion et l’action ne réussiront guère faire mieux que l’accompagner opportunément dans son propre mouvement.
On dirait presque du TaoTaquin…