La discussion d’hier dans « N’est-il pas temps, alors, de s’engager ? » a attiré mon attention sur une différence importante voire même fondamentale, entre certains d’entre vous et moi-même, alors que nous disons les mêmes choses et semblons pourtant viser les mêmes buts.
Pour moi, le but est clairement défini, disons pour faire vite : « un monde meilleur », et ceux qui s’opposent à ce monde meilleur que j’entrevois, constituent une masse indéterminée qu’il s’agit essentiellement de rallier à mes idées. Pour certains d’entre vous, l’ennemi est clairement défini, alors que le but est moins circonscrit, en gros : « me débarrasser de mon ennemi ».
La différence est cruciale parce que ce qui m’apparaîtra dans ma cause « centrée sur le but », comme une victoire apparaîtra aux yeux de celui « centré sur l’ennemi », comme ma défaite. Ce qui m’apparaît comme le fait d’avoir pu convaincre mon « ennemi d’un jour » après une longue lutte (il ne s’agit bien sûr que d’une première bataille et non de la guerre), apparaît à mon ami « ennemi-centré » comme le fait que je me sois rallié au camp de l’ennemi. Comme il me l’a été dit hier dans un mail anonyme : le fait que Mme Merkel, Mrs Sarkozy, Papandréou, Barroso, réclament désormais une interdiction partielle des paris sur les fluctuations de prix, fait de moi un « vendu ».
Quel est le raisonnement qui conduit là ? Le fait que vous ayiez convaincu l’ennemi fait que vous et lui disiez désormais la même chose, et c’est vous qui parlez donc désormais comme l’ennemi. Si ma mesure avait été bonne, jamais Mme Merkel, Mrs Sarkozy, Papaandréou, Barroso, jamais de tels « ennemis jurés », ne l’auraient adoptée. Or ils l’ont fait, et le faisant, ce n’est pas moi qui les ai fait rejoindre mon camp, c’est eux qui m’ont fait rejoindre le leur. Ou plutôt, ont révélé « qui j’étais vraiment ». La qualité d’ennemi est ici, je l’ai dit, intangible : elle est déterminée une fois pour toutes et rien ne la fera changer ; il ne s’agit pas, dans cette perspective, de convaincre, mais uniquement d’en découdre.
Ceci éclaire il me semble, non seulement la discussion d’hier mais aussi celle qui eut lieu précédemment à propos de la « création monétaire par les banques commerciales » : trier parmi les torts de l’ennemi est une perte de temps puisque son statut d’« ennemi » ne sera jamais mis en cause. Cela explique aussi pourquoi nous procédions, de notre côté, en proposant une démonstration toujours plus fouillée, toujours plus complète, alors que nos opposants s’efforçaient eux d’allonger la liste de ceux qui sont de leur avis. Cet argument « par le nombre » me déconcertait : « Quel importance, le nombre ! », me disais-je, mais le nombre n’est pas indifférent s’il s’agit de se compter, de compter « ceux qui sont comme nous » et « les autres ».
Qu’est-ce qu’il me reste à faire ? Je ne changerai pas de méthode bien entendu : il s’agira pour moi toujours de convaincre. Convaincre cette fois, ceux qui n’en sont pas convaincus, que ce n’est pas l’identité de l’ennemi qui compte mais la nature de l’objectif. Les guerres fondées sur l’ennemi se perdent ou, dans le meilleur des cas, leur issue se détermine au hasard, celles fondées sur le but sont plus certaines d’être gagnées. Et rappelez-vous : la nuit du 4 août, ce sont des aristocrates qui se réunirent pour abolir les privilèges. Merci au duc d’Aiguillon, au vicomte de Noailles, au vicomte de Beauharnais, au duc du Châtelet et aux autres, de vous être laissés convaincre : nous vous sommes toujours redevables.
127 réponses à “Le duc d’Aiguillon, le vicomte de Noailles, le vicomte de Beauharnais et le duc du Châtelet”
Monsieur Jorion,
C’est un honneur d’etre abonne a votre Blog, et votre dernier « post » m’en convainc ancore davantage.
Merci de rappeler que la seule bataille qui vaille la peine de prendre des risques est celle au service du bien d’etres humains, sans creer de nouvelles victimes, fussent elles des « ennemis ».
Vous le savez certainement, cultive comme vous l’etes, que les Mayas se saluaient couramment par un terme qui se traduirait par : » vous etes un autre Moi »… Ah si on pouvait integrer cette realite dans notre quotidien !
Cordialement, et respectueusement, je vous salue, vous, cet autre Moi.
Vincent , un Francais a Dubai
La difficulté de fond est double : celle de la tension entre technique et politique, d’une part, et de l’autonomie du chercheur, d’autre part. Pour passer de l’interdiction des CDS à la remise en cause du financement intégral de la dette publique par les marchés financiers, je pense qu’il faut beaucoup plus qu’une discussion technique, mais un véritable tournant de l’offre politique. La légitimation des dérivés est directement issue d’un friedmanisme échevelé (comme le montre Gillian Tett), et de l’idée d’auto-régulation des marchés, très largement défendue par les think tanks de droite puis progressivement adoptée par la gauche centriste (Democratic Leadership Council de Clinton, nouveaux travaillistes, SPD allemand, etc.). Le rôle des chercheurs est évidemment à débattre mais il me semble que leur influence sera vaine tant qu’une offre politique ne viendra pas se greffer sur leurs travaux : François Morin, dont l’exposition médiatique est inversement proportionnelle à son talent, pointe depuis 2006, en vain, le risque des dérivés de crédit, le pouvoir de marché des banques d’investissement, (cf. « Le nouveau mur de l’argent », Seuil, 2006). Comment mettre en musique, de façon structurale et non éparse, l’ensemble de vos propositions – interdiction des paris spéculatifs sur les prix (Jorion), dédoublement des politiques monétaires et système socialisé du crédit (Lordon), internationalisation progressive des économies (Sapir), renforcement de la régulation (Morin), développement des monnaies de réserve partiellement démarchandisées (Stiglitz) – sinon en l’intégrant dans une offre politique globale ? L’autonomie du chercheur, n’est-elle pas somme toute relative ? Lorsque vous évoquez dans vos ouvrages les effets de la désinflation compétitive en raison d’une perte de pouvoir salarial dans un contexte mondialisé de concurrence déloyale, vous êtes inévitablement positionné sur l’espace des prises de positions politiques (même si la vôtre est étayée empiriquement) et vous aurez beaucoup de difficultés à convaincre tous ceux pour qui à droite, et depuis quelques années au sein de l’asociale démocratie, la mondialisation est à accepter telle qu’elle est.
Je suis tout à fait d’accord avec ce que vous dites.
J’ajouterais qu’il n’y a pas de contradiction entre la façon dont Paul conçoit son action politique qui consiste à convaincre comme il le dit très bien dans son billet, et l’action politique plus collective, c’est à dire autour d’un mouvement traditionnel ou dans une autre forme qui reste à déterminer.
Clairement, Paul ne s’assigne pas comme rôle de constituer un mouvement politique sous sa bannière au sens militant . Je comprends et j’approuve sa position. Elle a sa sa logique propre, qui est imparable. Son but est de convaincre et non pas de faire accéder au pouvoir sous sa bannière tel ou tel groupe de partisans, ce qui est le but premier de tout parti politique. Si le but premier devenait l’accession au pouvoir d’un parti avec en bandoulière quelques une de ses idées comme par exemple l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix, ces idées en bandoulière se verraient immédiatement diluées dans le petit jeu des oppositions partisanes.
Le terrain d’action de Paul Jorion c’est la République des idées et non pas le paysage politique parce que c’est sur ce terrain des idées qu’il a plus de chance de parvenir au but, qui est de convaincre et de faire adopter la ou les quelques mesures qu’ils pensent cruciales.
Et quand bien même ces mesures seraient-elles adoptées, leur adoption a contrario ne lient en rien Paul à ceux qui les adoptent. Il conserve sa liberté d’expression et de critique.
Par contre, et là je rejoins votre propos, rien n’interdit les partis politiques traditionnels de reprendre à leur compte les préconisations de Paul. Mais, pour l’heure, il faut bien le constater, on entend peu sinon pas du tout les leaders des grands partis sur ce terrain des idées développées par Paul (et quelques autres, dont ceux que vous citez), ceux-ci préférant avancer des propositions passe partout et qui puissent être comprises instantanément, bref des idées qui ne nécessitent pas un certain effort de pédagogie.
Sans désespérer tout à fait des partis politique, car ils s’inscrivent tout de même dans une dynamique, il faut donc inventer d’autres façons de faire de la politique,notamment au travers de groupes idées-action qui ne visent pas l’accès au pouvoir, mais avant tout l’influence. Y compris en exerçant cette influence sur les partis politiques. Bref des sortes de lobbies citoyens !
Cette idée commence à émerger il me semble, ici ou là dans les commentaires.
C’est étrange que beaucoup soient d’accord sur l’influence des think tanks de droite sur les avancées du néo-libéralisme ces 30 dernières années mais qu’on doute de l’influence du blog et des livres de Paul d’une manière parallèle mais diamétralement opposée (si, si c’est topographiquement possible).
J’ai fréquenté longuement et de très près des responsables politiques de toutes obédiences et peux vous dire que ces « gens-là » ne sont pas des robots qui votent les ordres du grand timonier le petit doigt sur la couture du pantalon mais femmes et hommes qui ont, certes, les a priori de leur groupe social et politique, mais réfléchissent, échangent et changent parfois plus souvent d’opinion que le commun des mortels. En régime démocratique, on peut se fourvoyer un peu, voire beaucoup mais indéfiniment cela a pour conséquence de vous mettre hors-jeu. Etre le plus malin, le mieux informé ou le moins décalé par rapport au réel est une garantie de survie dans un milieu très concurrentiel.
Arrêtons un peu de tout mettre sur le dos des autres, les capitalistes ou les politiques, balayons devant nos portes et réjouissons-nous qu’il y ait des intellectuels qui ne jouent plus dans le registre de « La trahison des clercs ».
u
Je préfère aussi cette attitude qui consiste à convaincre ou se laisser convaincre plutôt qu’à conquérir . Elle est à l’aune de la modestie que je faisais mienne en citant Tolstoï précédemment .
L’histoire , même si certains pensent que c’est un mythe , est faite dans ces péripéties de convictionnement , de combats engagés toujours perdus ( j’ai revu avec émotion récemment sur Arte « les sept samourai » avec létonnante conclusion de leur chef après la victoire sur les pillards : » encore une guerre perdue , seuls les paysans gagneront toujours la bataille »), de contingences , de naissances innattendues ….
Dans ce mouvement votre contribution avec des milliers d’autres parfois antagonistes , n’est pas la plus aisée ni la plus inutile . Ni plus ni moins que celle de celles et ceux qui ont voulu » changer » .
Vous avez raison de dire que les meilleurs alliés ne sont pas toujours où on les attend .Dans l’aristocratie parfois . Mais alliés de qui ? Et pour aller où ?
Pour rajouter à l’arc en ciel , je poste ici ma référence préférée à l’engagement de Jean , l’ardéchois coeur fidèle d’adoption :
Merci monsieur Nessy pour cette communion, et merci à FR3, une fois n’est pas coutume pour son dernier hommage à Louise MIchel, co-fécondatrice de la première internatinnale……
Tenez, faites donc une petite expérience avec Google earth : Cherchez où se trouve la rue Thiers et l’éventuelle rue louise Michel sur les communes de France….. Vous obtiendrez une superbe carte géo-politique !!!
Contre l’argument du nombre, je dirai, comme Brasidas : ne craignons pas le nombre des ennemis.
JPV
Il est historiquement patent que rien ne peut changer sans qu’une partie de l’élite ou de leurs rejetons n’ait opéré une prise de conscience. Une fois cela admis, la paranoïa ambiante ratiocinera sur l’honnêteté de ces revirements. Sont-ils opérés par conviction, par intérêt, un mélange des deux?
Malheureusement, force est de constater que nous sommes en face de phénomènes qui touchent le fonctionnement humain partagé. Malheureusement pour notre confort intellectuel, un membre de l’élite ne fonctionne pas différemment, fondamentalement, de celui qu’il opprime et chacun peut constater qu’il est ou qu’il a été, par goût ou par nécessité, un moment ou à un autre, l’oppresseur de quelqu’un.
La tolérance, (il y a des maisons pour cela disait je ne sais plus qui) n’est pas forcément la bonne attitude,. Excuser et comprendre ne constituent pas des attitudes suffisantes. Fustiger les comportements égoïstes et inhumains est certainement indispensable. Mais un changement qui s’opérerait par l’élimination morale ou physique d’une partie de la population par une autre, serait sans lendemain.
Quelques soient les stratégies visant au changement, convaincre l’autre de son erreur est probablement ce qui entraîne le changement le plus durable. Cependant, lorsque la planète entière a perdu tout repère, que les élites aussi bien que l’homme de la rue s’illusionnent dans un monde de croyance en la chimère de l’abondance éternelle, on peut au moins avancer qu’il reste un travail considérable à effectuer avant que la raison triomphe. Quelques soubresauts atteignant le « confort » de chacun pourraient être salutaire pour la prise de conscience.
La nuit du 4 Août…
Sa seule évocation en fait encore enrager beaucoup, pour qui le « monde d’avant » était meilleur, forcément meilleur, et on les comprend…
Nous en devrions la version moderne à Mme Merkel, Mrs Sarkozy, Papaandréou, Barroso…?
J’aurais plutôt tendance à me demander quel Bernanke, quel Goldman Sachs, qui aujourd’hui détiennent la réalité du pouvoir, prendrait la place de ces Ducs et Vicomtes ?
Pour eux, ce sera plutôt « tout sauf ça ! »…Car le monde qu’il souhaitent, eux aussi, vous le devinez, c’est bien entendu le meilleur…
Votre démarche, convaincre, reste bien entendu la seule possible, à mon sens.
C’est votre titre qui me laisse un peu songeur, « toute révérence gardée »…
Merci pour ce billet et continuez pour « un monde meilleur ».
« Je voudrais parler des rapports humains…
Il me semble que nous devons comprendre, non pas en tant que théorie, ni en tant que concept hypothétique et divertissant, mais plutôt comme un fait réel, que nous sommes le monde et que le monde est nous-mêmes. Ce monde est chacun de nous ; le sentir, être véritablement imprégné de cette compréhension, à l’exclusion de toute autre, entraîne un sentiment de grande responsabilité et une action qui doit être non pas fragmentaire mais globale…
Je crois que nous sommes portés à oublier que notre société, que la culture dans laquelle nous vivons nous a conditionnés, qu’elle est le résultat des efforts du conflit des humains, de la souffrance, de la misère humaine. Chacun de nous est cette culture, la communauté est chacun de nous. Nous ne sommes pas séparés. Sentir ceci non pas comme une notion intellectuelle, comme un concept, mais en vivre véritablement la réalité, nous entraîne à examiner la question de ce que sont les relations humaines ; parce que notre vie, notre existence même est fondée sur ces relations. Notre existence est un mouvement qui se poursuit dans le sein de ces relations, et si nous ne comprenons pas ce qu’elles impliquent, nous arriverons inévitablement non seulement à nous isoler, mais à créer une société où les être humains seront divisés non seulement nationalement ou religieusement, mais encore dans leur vie intérieure, et c’est pourquoi ils projettent ce qu’ils sont dans le monde extérieur… »
Krishnamurti (l’éveil de l’intelligence)
Bonjour à tous.
Tout d’abord, bravo au courageux auteur anonyme…
Monsieur Jorion, j’ai un doute. Car vous savez que tout désavantage concurrentiel entre pays ferait immédiatement fuir les personnes dont le but est de vivre aux crochets de la société…
(Et, par extension, nous pourrions aussi penser qu’Obama a rejoint notre camps. Mais voyez à quel point ses projets sont tués dans l’œuf)
Ces politiques européens ont beau adopter nos idées, j’ai vaguement l’impression qu’il faudra encore lutter longtemps…
C’est le grand malentendu.
C’est bien beau tout ça, c’est presque comme dans un Disney, mais messieurs les vicomtes n’avaient pas le choix cette nuit du 4 aout. Ils ne faisaient qu’essayer de calmer les choses.
Si le peuple n’avait pas grondé, les privilèges seraient toujours là.
C’est pas gentil pour « messieurs les vicomtes ». Je ne connais pas l’histoire en détail, mais les lois de la statistiques suffisent pour supposer que parmi eux s’en trouvaient de plus éclairés que d’autres, donc plus conscients de la nécessité de changements profonds.
Je ne dis pas le contraire, Crapaud. Je dis juste que ces vicomtes, et peu importe leur sincérité, ont pris les décisions que le peuple réclamait APRES que le peuple soit sorti dans la rue. En gros, ils cherchaient à sauver ce qui pouvait l’être. Sans cette nuit du 4 août, les privilèges auraient été abolis de toutes façons mais le roi et d’autres auraient vécu encore moins longtemps.
Mais on peut refaire l’histoire « façon bisounours », si ça en rassure certains.
@ attention à la mythologie ..
Il y a l’histoire de France telle qu’elle s’est faite, et l’histoire que l’on a écrite pour des objectifs à courte terme. Cette histoire du peuple qui se serait levé comme un seul homme contre les aristocrates en fait partie. Mais en réalité, Voltaire, Sieyes et Diderot étaient des best sellers des décennies avant 89. Et à votre avis qui les lisait : le peuple ou les aristocrates ?
amicalement
« Cambiare tutto per non cambiare niente »
Il Gattopardo, Giuseppe Tomasi di Lampedusa.
Cette citation devient récurrente sur ce blog, en cette période d’incertitude.
Le prince de Salina se résout à accepter le changement parce qu’il comprend que c’est le seul moyen de conserver ses privilèges. C’est un aristocrate « éclairé », conscient du fait qu’une transformation cosmétique de la société est un moindre mal dont il peut tirer avantage.
Ceci dit, il a nettement plus de classe que nos tristes barons de la finance, surtout sous les traits de Burt Lancaster dans le très beau film de Visconti.
Auguste Comte, Cours de philosophie positive, Tome IV
Billet invité : Mohandas Karamchand Gandhi
« L’erreur ne devient pas vérité parce qu’elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit. »
« Les systèmes économiques qui négligent les facteurs moraux et sentimentaux sont comme des statues de cire : ils ont l’air d’être vivants et pourtant il leur manque la vie de l’être en chair et en os. »
« La machine a gagné l’homme, l’homme s’est fait machine, fonctionne et ne vit plus. »
« Si nous entretenons dans notre cœur la malice et la haine et que nous faisions semblant de ne pas vouloir la vengeance, celle-ci devra faire retour sur nous, et elle nous conduira à notre perte. »
« Cultiver l’humilité revient à cultiver l’hypocrisie. L’humble n’a pas conscience de son humilité »
«Mon exigence pour la vérité m’a elle-même enseigné la beauté du compromis.»
[ Gandhi ] – Autobiographie ou Mes expériences de vérité
«Tout compromis repose sur des concessions mutuelles, mais il ne saurait y avoir de concessions mutuelles lorsqu’il s’agit de principes fondamentaux.»
[ Gandhi ] – Harijan
«L’homme est soumis à l’obligation de se laisser guider dans toutes ses actions par des considérations morales.»
[ Gandhi ] – Extrait des Lettres à l’Ashram
« La vie sans religion est une vie sans principe, et une vie sans principe est comme un bateau sans gouvernail. »
«Le fait de s’incliner n’humilie pas l’agresseur mais l’élève.»
[ Gandhi ] – Extrait des Lettres à l’Ashram
« S’abstenir de punir n’est pardon que quand il existe le pouvoir de punir. »
« La force du nombre ne réjouit que le peureux. Celui qui est courageux en esprit se fait gloire de combattre seul. »
« La victoire obtenue par la violence équivaut à une défaite, car elle est momentanée. »
« Là où il n’y a le choix qu’entre lâcheté et violence, je conseillerai la violence. »
« Tout ce que tu feras sera dérisoire, mais il est essentiel que tu le fasses. »
Namaste à tous!
« L’ennemi est bête : il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui ! » (Pierre Desproges)
On renforce ce à quoi on s’oppose, selon le vieux lao.
Convaincre en laissant « percoler » me semble en effet bien plus efficace…
Amicalementao à tous
Revenir au fondement, quand tout part en couille. Desproges.
C’est aussi lui qui avait lors d’un tribunal des flagrants délires avait publiquement humilié de la plus belle façon qui soit Le Pen, en démontrant que l’on pouvait rire de tout mais pas avec n’importe qui.
Je suis effectivement d’accord pour convaincre. Mais dans une certaine limite.
Cordialement.
« L’ennemi est bête : il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui ! » (Pierre Desproges)
Fou rire irrépressible.
Pour survivre et se conforter, l’illusion du « MOI j’existe et je suis plus malin que les autres » aime se fabriquer des ennemis extérieurs. Il crée artificiellement une frontière intérieur/extérieur, ou moi/non-moi qui n’est que fictive : celle-ci naît, évolue, change et disparaît avec le temps, alors où est sa réalité solide et permanente ? Le concept « ennemi » est une fabrication mentale dont il convient d’observer en quoi elle est utile ou nuisible, quelle est sa fonction ? L’ignorance de la complexité indescriptible du monde, l’illusion d’être du côté des gentils-intelligents-sages (rayer les mentions inutiles) et non, par chance, du côté des méchants-stupides-cupides sont pour le coup des ENNEMIS bien plus redoutables que nos ennemis imaginaires.
« L’individu qui pense contre la société qui dort, voilà l’histoire éternelle, et le printemps aura toujours le même hiver à vaincre »
Emile-Auguste Chartier dit Alain.
J ‘ adhère à votre point de vue tout en sachant
que le facteur temps ne fera aucun cadeau aux futurs victimes.
On peut avoir un sentiment d’ urgence tant la conversion de l’ ennemi sera longue et couteuse.
On pourra éléver un monument aux morts de la guerre financière ( l’ Afrique semble le lieu approprié) avec cette dédicace:
« Désolé, il a fallut attendre un 4 Août;
et nous avons beaucoup souffert à
vous voir mourir inutilement ».
J ‘ adhère à votre point de vue mais ne nous fixons aucune contrainte.
Ne nous retirons pas le droit à l’ erreur.
La solution idéale, celle à la fois moralement satisfaisante et
matériellement efficace risque d’ intervenir sur un champ de ruines.
Le fighting spirit et l’ esprit pratique ne sont pas à dédaigner.
La motivation d’une sanction-vengeance (symbolique, naturellement)
en vaut bien une autre.
Les ci-devant nobles du 4 Août ont été perçus comme
des traitres par leur classe et la Révolution ne les a pas épargné:
duc du Châtelet : guillotiné.
vicomte de Beauharnais: guillotiné.
vicomte de Noailles: femme, mére et grand-mère guillotinées.suspect et exil.
duc d’Aiguillon: décrété d’accusation, exil.
C’est peut-être la raison pour laquelle il ne faudrait pas trop
attendre des continuateurs. Il est des périodes où la gloire
et l’ honneur sont trop proches de la mort.
Raisons de plus pour ne compter que sur notre force.
Bjr Paul,
Si j’ai bien compris,
vous proposez cette dichotomie entre votre combat et celui de certains de vos contradicteurs, qui pourtant semblent dire les mêmes choses et semblent viser les mêmes buts :
Votre démarche : Rallier à vos idées ceux (masse indéterminée) qui s’opposent au « monde meilleur » que vous entrevoyez
L’autre démarche; je vous cite : Pour certains d’entre vous, l’ennemi est clairement défini, alors que le but est moins circonscrit, en gros : « me débarrasser de mon ennemi ».
Je partage votre analyse, avec cette nuance :
Vous ne tenez pas compte de la notion de « bonne foi ».
Que valent les arguments face à des personnes coupables de malhonnêteté et de mauvaise foi ?
Pensez-vous réellement que vos propositions de solutions « techniques », aussi pertinentes soient-elles, les amènent à des réflexions nouvelles sur ce qu’est l’intérêt général ?
A ce titre, je rentre dans la catégorie de vos amis « ennemis centrés » mais avec ce distinguo fondamental :
Mon objectif n’est pas celui que vous m’attribuez : « me débarrasser de mon ennemi »
Mon objectif est identique au votre : « rallier le plus grand nombre à mes idées ».
Et mes idées sont que nous avons affaire à une caste dominatrice malhonnête et de mauvaise foi. Ces gens-là fonctionnent en cercles fermés et qui n’ont que faire des arguments que nous opposons à leur action.
Et mon objectif est que « le plus grand nombre » les reconnaissent pour ce qu’ils sont, que « le plus grand nombre » leur retire leur « supposée » légitimité, que « le plus grand nombre » fasse entrer la contradiction au sein des « cénacles », en portant à la direction des affaires de nouvelles personnalités issues de courant « non alignés ».
Parce qu’aussi longtemps qu’on laissera les manettes économiques, politiques et médiatiques entre les seules mains de ceux qui ont franchis « le plafond de verre », nos idées seront regardées avec condescendance et mépris.
Je partage pleinement donc votre objectif :
« Convaincre cette fois, ceux qui n’en sont pas convaincus, que ce n’est pas l’identité de l’ennemi qui compte mais la nature de l’objectif ».
La nature de l’objectif étant à mes yeux celle-ci : convaincre mes concitoyens qu’on ne pourra faire bouger les lignes sans changer les hommes qui s’avèrent n’être rien d’autres que les gardiens de ces lignes.
100% d’accord. Il faut quand même une grande naïveté pour considérer que le personnel dirigeant actuel est de bonne foi ou intoxiqué par je ne sais quelle idéologie. Ils savent très bien qui ils défendent et sont devenus des spécialistes du double langage.
C’est une caractéristique que l’on retrouve dans toutes les dictatures, la sémantique servant à désigner des choses différentes selon qu’on soit dominant ou dominé.
Que le camp adverse adopte des idées (ou, comme Sarkozy, des personnalités) de son propre camp est très déroutant. Il donne ainsi des gages de bonne conduite à son opposition, mais on peut douter qu’il soit sincère. Ce n’est peut-être qu’une manœuvre de marketing politique destinée à affaiblir l’opposition en lui coupant l’herbe sous le pied. Dans le cas des CDS, il s’agit probablement de préparer l’opinion à des annonces beaucoup moins réjouissantes. Quoiqu’il en soit, il est trop tôt pour pavoiser, le capitalisme récupère et détourne à son avantage les buts les plus nobles.
C’est exactement ce qui s’est passé avec mai 68 : le capitalisme n’a pas attendu 10 ans pour retourner le mouvement à son compte et produire une société individualiste et hédoniste, libérale dans le bon sens du terme (entendre libéralisation des échanges financiers), avant que de reprendre en main ce qui avait été donné un temps sous la menace. Le capitalisme joue sur ce temps long, qu’il a pour lui, puisqu’il est désormais ‘seul’ au monde.
Je suis donc très méfiant par principe quand ‘un ennemi’ utilise mes idées : en général, c’est qu’il veut me faire un enfant dans le dos.
Et comme le diable est dans les détails, les annonces, elles auront été faites ‘au peuple’, le temps que la colère puisse redevenir gérable et ensuite ‘business as usual’ …
Mef’ !!
il est vrai que l’abolition des privilèges est tout en l’honneur des aristocrates qui l’ont estimée nécessaire.
Tout comme TALLEYRAND, de famille noble, ecclésiaste , et homme politique à l’origine de la confiscation des biens du clergé. Mais c’est également lui qui est à l’origine de la RESTAURATION.
Pour ma part, la reconnaissance de ces hommes a ses limites, tant il est vrai qu’à la première occasion (qui s’appelle Napoléon), ces mêmes hommes se sont réappropriés leurs droits.
Le Code Civil, qui remet au premier rang le système de transmission de la propriété tel qu’il est défini bien avant la RÉVOLUTION, en est le témoignage flagrant.
Cela a donné du grain à moudre à un certain ZOLA par la suite. Et probablement qu’à l’heure actuelle, d’aussi bonnes plumes sont en train de trouver des mots.
En consultant les notices wikipédia de tout le beau monde cité en titre, j’ai pu me rendre compte que leur espérance de vie avait quelque peu souffert de cette abolition….
Donc les « centrés sur l’ennemi » peuvent se réjouir: les deux options ne sont pas irréconciliables 😉
Jérôme: Le regretté Pierre Desproges disait, de mémoire: « L’ennemi est con. Il crois que c’est moi l’ennemi, alors que c’est lui ! J’en ris encore ! »
Plus sérieusement, je crois que les « centrés sur l’ennemi » sont aussi d’essence conspirationnistes. On ressent certainement moins le besoin de se débarrasser des gens quand on pense qu’ils naviguent à vue, qu’ils légifèrent au gré des sondages et des crises, et qu’en fait de liens directs entres grands groupes d’intérêts il y a un gros bazar qui s’appelle le monde…
PS: Mr Jorion, avez-vous eu le temps de lire Nausicaa ? 🙂
Je n’ai encore malheureusement trouvé que le Tome II. Et je suis maintenant loin de ma boutique BD de Santa Monica.
Ce lien illustre la discussion du jour
http://pagesperso-orange.fr/calounet/extraits/villes_calvino.htm
Extraits de « Les villes invisibles » de Italo Calvino:
– » L’enfer des vivants n’est pas chose à venir ; s’il y en a un, c’est celui qui est déjà là, l’enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons d’être ensemble. Il y a deux façons de ne pas en souffrir. La première réussit aisément à la plupart : accepter l’enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage, continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l’enfer, n’est pas l’enfer, et le faire durer, et lui faire de la place. »
il nous faut des principes pour savoir le juste.
le premier principe serait l’interet general.
à partir de là,en fonction du contexte,on peut savoir qu’elle est la bonne direction.
il ne s’agit plus d’amis ou d’ennemis,ni de batailles ou de guerres mais d’actions paradoxales pour la justice holiste et holoniste.
n’oublions pas que la forme peut etre simple,mais le fond est tojours complexe!
Cogito ergo sum ?
Veto ergo sum ?
Votum ( voeu) ergo summus !
Sur le principe, je suis d’accord, Paul. Je ne me suis jamais cherché d’ennemis. Mais force est de constater que ce sont eux qui me choisissent! Lorsque Sarkozy détruit systématiquement le système judiciaire, lorsqu’il porte atteinte à nos/mes droits fondamentaux à travers les dérives de la police nationale, lorsqu’il prend des mesures fiscales qui vont précisément dans le sens contraire à celui que vous préconisez, je suis bien obligé d’en tenir compte. Je croirai aux velléités visant à l’interdiction de la spéculation s’attaquant aux Etats européens lorsqu’elles se seront concrétisées. Le président français parle beaucoup pour, au bout du compte, ne rien faire qui vaille. Notez au passage que je ne dirais pas la même chose d’Angela Merkel, qui me paraît autrement plus responsable et cohérente que son homologue français.
On verra bien ce qui va se passer dans les mois à venir…
@Paul :
La différence majeure entre les acteurs de la nuit du 4 Aout et nos politiciens, c’est que certains artistos avaient déjà pris conscience depuis au moins 1750 que le royaume courrait à la faillite puisque les nouveaux riches étaient déjà les bourgeois et la petite noblesse était déjà ruinée. Ce qui décrédibilise complètement tout le personnel politique de notre époque moderne, c’est qu’aucun d’entre-eux n’a compris la crise, ni ne l’assume, ni ne l’a vu venir. Or l’économie faite science est ce qui a donné l’alibi scientifique à la « science politique » qui leur sert de prêt à penser. Prendre conscience d’une erreur idéologique n’est pas le business des avocats et des économistes devenus politiciens, tant que le capitalisme est amendable, ils l’amenderont mais vous verrez qu’en coulisse ces gens là ne sont pas encore prêt à comprendre la crise de leur « civilisation ». Les opinions sont faites pour changer, par contre changer l’idéologie qui légitime le sentiment de puissance, c’est une autre paire de manche.
« Moi » ci-dessus marque un point un peu bestial par rapport à ce billet ma foi bien argumenté. L’angle des arguments intelligents ne pèsent pas lourd par rapport à celui du pouvoir. Ou plutôt, si, il pèse, mais il pèse « aussi ». Il vienten second. La condition nécessaire au changement, c’est la possibilité politique de le faire. Dans notre cas, c’est amené la situation sur le terrain dans une situation où tous les Ducs d’Aiguillon qui se présenteront pourront dire à tous les Goldmann Sachs de tout poil « soyez raisonnables, la fête est finie » et que ceux ci soit assez hébétés pour lacher les manettes auxquelles ils s’agrippent. Du genre d’hébètement que provoque la vue d’une foule en train de bruler votre voiture.
Il n’est pas déraisonnable d’espérer que la classe dirigeante actuelle se montre plus souple et plus rapide à voir le raisonnable que ce dont elle fut capable à l’époque de la révolution française. Essentiellement parcequ’à l’époque, la possibilité pratique de la guerre des classes totales a été mené explicitement, créant par là même un référent parlant pour illustrer jusqu’à quelles extrémités peut mener un trop grand entêtement.
« Ces gens-là » se définissent et se reconnaissent entre eux sur des critères de force, pas d’intelligence. Ils peuvent être aussi intelligent, mais la force est ce qui les préoccupe. Enfin, pas tous, mais l’experience récente montre que ceux pour qui c’est le cas ont garder la main haute jusque maintenant. Maintenant ou effectivement les déclarations de nos dirigeants donnent de l’espoir… Espoir qui pour ma part reste prudent vu les précédents écarts observés entre les paroles et les actes. Wait&see !
Bonjour Paul,
Tout d’abord, l’accusation de « trahison » qui vous a été faite : cette accusation est-elle aussi répandue que ce que vous évoquez? (La force de votre réponse me laisse penser que vous pouvez souvent être blessé par les propos qui vous sont adressés).
De là à en conclure qu’il existe un « camp »/ « groupe » dont la seule fin est d’en découdre avec un ennemi intangible -dont vous seriez- est peut-être un petit peu fort?
Restreindre leur schéma de pensée à une simple volonté de destruction, je trouve ça un peu décourageant. Décourageant pour ces contributeurs, mais aussi pour ceux qui sont partisans de votre approche (ne serait-ce que parce que ceux-là sont peut-être des parents eux mêmes…). « La jeunesse croit beaucoup de choses qui sont fausses ; la vieillesse doute de beaucoup de choses qui sont vraies », dit un proverbe allemand. Ne pouvons-nous pas avoir de l’indulgence pour ces deux travers?
« Un monde meilleur » : je pense que c’est un but partagé également par les plus révoltés de ceux qui s’expriment ici. Personnellement, la différence que vous mettez en exergue m’apparaît moins porter sur la finalité que sur les moyens d’action : convaincre par le raisonnement / se débarrasser de son ennemi. Mais dans les deux cas : pour aller vers un monde meilleur. Je suis convaincu que le but est le même.
Je me souviens de cet échange télévisé entre Balavoine et Mitterrand (en 80?). Il attirait l’attention sur le désespoir de la jeunesse, un désespoir selon lui « mobilisateur ». Il mettait en garde contre les possibles actions violentes qui pourraient naître de ce désespoir.
On dirait que, 30 ans plus tard, nous y arrivons. Doucement, mais nous allons y arriver. Ce nombre croissant de jeunes gens soutenus à bout de bras par leur entourage. A défaut de dignité et d’indépendance, au moins ceux-là ont-ils un toit et de quoi manger. Parce que pour ceux qui sont déjà SDF, la messe est dite, n’est-ce pas? (A côté de ça, la planète n’a jamais compté autant de milliardaires qu’en 2010, on ne va pas bouder les bonnes nouvelles…)
Ce milieu étudiant qui semble de nouveau travaillé par l’action politique.
Ces messages qui sont autant de signaux d’alerte que quelque chose ne va plus, vraiment plus.
Quel référentiel ont ces gens? Pour ma part, j’ai eu la fin des années 80, Tapie et sa philosophie de supermarché. Il fallait savoir se vendre : le mot d’ordre était « tu n’es pas un demandeur d’emploi mais un offreur de services »!! C’était déjà la guerre sur le marché du travail, mais on n’avait encore rien vu. Sont venues les années 90, les stages gratuits, les CDD à répétition, les formations bidons, l’outplacement, Daniel Porot et ses manuels de survie. Et puis les années 2000, les traders triomphants, l’exil des winners à la City, les interviews au JT de ces jeunes loups qui faisaient l’apologie du pognon, les écoles de commerce à 4000 € l’année…
Se construire une identité d’homme, avoir une réelle estime de soi : voilà un enjeu de première importance. Mais dans ce contexte…
Comment « penser » un monde à ce point culpabilisant, qui vous met sur la touche dès vos plus jeunes années, vous condamnant à un sentiment aigu d’inutilité? Je passe sur le simple fait d’avoir compté parmi les rejeton d’une génération de jouisseurs, d’avoir baigné dans des valeurs de consommation et d’individualisme (je n’accuse pas mes parents, mais c’est tout de même un élément de contexte) : lorsqu’en plus le monde vous impose pour surnager de « déconstruire » la plupart des valeurs que l’on vous a inculquées, on peut dire que la pente est forte, je pense.
Au final, faut-il s’étonner qu’il y ait aujourd’hui une tentation chez certains de trouver un ennemi à qui « faire la peau »?
Vous ne niez pas la parole de ces révoltés, c’est tout à votre honneur. Vous avez, à la fin de votre billet, réaffirmé votre volonté de les convaincre. C’est un message d’espoir, un engagement qui réchauffe le coeur. Pour autant, « nous qui balançons entre deux âges », sachons ne pas oublier d’ou ils viennent et ce qu’ils vivent.
Amicalement,
Frédéric
Très beau commentaire.
Nous appartenons à la même génération de « rejeton[s] d’une génération de jouisseurs » et j’ai autant de mal que vous (mais je lis peut être abusivement entre vos lignes) à séparer le particulier du général et à ne pas reprocher à mes parents d’avoir suivi le courant lorsque l’idéalisme s’est transformé en résignation.
J’ai un petit souci avec un morceau d’une de vos phrases (à savoir : « déconstruire la plupart des valeurs que l’on vous a inculquées »), sans pour autant l’interpréter abusivement et vous faire dire ce que vous n’avez pas dit.
Je m’explique : ces déconstructions ne concernent pas uniquement la perte du sens de la communauté et la glorification du pseudo-individualisme du consommateur nombrilique produit en série. Elles concernent aussi des sujets qui me tiennent à cœur, comme la déconstruction du racisme hérité de l’époque coloniale ou la remise en cause du sexisme, de la domination des femmes par les hommes et des rôles fossilisée qui nous sont imposés en fonction de notre sexe biologique.
Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, sinon cette époque agonisante pourrait déboucher sur des temps plus sombres encore.
@ Candy
Je vous réponds ce soir
Frédéric
Oui, je suis d’accord avec votre démonstration, ne pas se polariser sur l’ennemi, mais l’objectif à atteindre… le bien-être humain, le partage (pour moi) de toutes les richesses…(mais tout le monde ne veut pas!)
Le seul problème, c’est que je ne crois pas que l’ennemi ait intérêt aux mêmes objectifs que moi…il veut généralement me lessiver…donc, je suis plus méfiante que vous…je raisonne pour avoir un combat d’avance, ne pas me faire avoir bêtement, par exemple par une confiance totale dans les déclarations de bonnes intentions.
En tant que femme, je connais déjà cela avec les hommes… des promesses, des promesses… et à l’arrivée, il n’y a plus personne…
C’est vrai, je suis une « pétroleuse », mais je le revendique haut et fort car je ne me ferai jamais avoir, ou si je me fais avoir…je TIRE!
Vous avez raison de penser que d’autres peuvent avoir envie de vous berner, de vous exploiter pour assouvir leurs propres intérêts égoïstes. Il ne faut pas être naïfs, nous ne vivons pas chez les bisounours. Mais une forme de naïveté plus subtile est de ne pas remarquer que l’ennemi est fondamentalement l’ignorance, l’aveuglement, l’égoïsme, la jalousie, la colère, la haine, la mesquinerie, tout ce que vous voudrez, et c’est cela qu’il s’agit de contrer. Il est tout à fait légitime de se défendre, de combattre pour préserver ses droits, sa dignité. Mais l’illusion, c’est croire que l’ennemi est une chose solide, réelle et personnifiée à l’intérieur de la personne de l’autre. Ceci est une projection illusoire. Croire que l’ennemi c’est l’autre alors que lui croit que c’est nous, quel idiot comme disait Desproges 🙂 Si les circonstances de la vie vous avait fait naitre dans un autre milieu, avec une autre histoire, une autre éducation, d’autres valeurs et croyances ou à-priori, vous auriez une vision et des actions différentes, peut-être très proches de celles que l’on peut reproche à nos « ennemis » actuels. Pourtant, vous feriez, tout comme eux, de votre mieux pour être heureuse…
J’adore les crimes passionnels.
Ca change du train-train .
@ bric à brac baroque
Il y a des beaux tempéraments qui fréquentent ce blog! et ça fait plaisir, par ces temps mous où nous sommes (je suis allé faire un tour sur votre blog aussi; c’est déjà le printemps chez vous!).
Bien vue, votre comparaison femmes-hommes pour éclairer la discussion.
En vous lisant je me demande si vous n’êtes pas finalement « totalement » d’accord avec Paul Jorion. Le « seul problème » que vous dites n’en est pas un, puisque l’objectif à atteindre est le même chez ceux qui vous font des promesses et des promesses. Ils n’ont pas l’intention de vous « lessiver », mais plutôt de danser le tango (cette danse « inventée par un indécis », selon les mots de Félix Leclerc). Et comme on dit: pour danser le tango, il faut être deux.
(je crois que le but de Jorion est que tout le monde se mette enfin à danser le tango, et qu’il puisse tranquillement aller s’asseoir à la buvette avec sa femme, ses gosses et ses amis, pour regarder tourner tout ça en musique, dans la tiédeur ensoleillée d’une fin de journée bien remplie. Ce serait chouette).
Si « à l’arrivée, il n’y a plus personne », ou que le danseur vous marche sur les pieds, ce n’est pas que celui-là est un ennemi, mais qu’il faudra chercher ailleurs pour persévérer vers l’objectif. Car à la fin, il faut que ça tourne, non? (inutile de gaspiller des balles à tirer sur des demi-sels; par contre l’armement de pétroleuse se voit de loin, comme le drapeau d’un parti, et peu décourager les bonnes volontés …quoique). Je vous imagine, bric à brac baroque, en danseuse de tango: fière et indomptable (hé! les gominés! attention à vos pieds pendant la « barrida »!).
Et si, à l’arrivée, la danse tourne bien, ce n’est pas que vous aurez baissé les armes face à l’ennemi supposé, ou que lui-même se sera désarmé, mais qu’un objectif sera atteint.
Oui, c’est un peu baroque tout ça, mais ça paraît coller avec Jorion.
« Cet argument « par le nombre » me déconcertait : « Quel importance, le nombre ! », me disais-je, mais le nombre n’est pas indifférent s’il s’agit de se compter, de compter « ceux qui sont comme nous » et « les autres ». »
Paul, je suis à peu près d’accord avec vous sur les notions évoquées dans ce billet, hormis concernant le paragraphe que j’ai pris soin de citer ci-dessus. Précisément en ce jour d’élections, vous devriez être conscient que le nombre a son importance, puisque dans le processus électoral c’est lui qui différencie ceux qui obtiennent le pouvoir d’agir de ceux qui doivent se contenter de commenter, conseiller, critiquer, en bref, ceux qui ne disposent plus que de leur droit à la parole – c’est déjà pas mal me direz-vous, mais comme vous devez le ressentir de plus en plus dans les messages de pas mal d’intervenants ici, ça ne paraît pas forcément suffisant.
Par ailleurs, il convient de remettre les choses à leur place exacte: L’attitude de Sarkosy vis-à-vis de votre proposition n’a pas grand rapport avec celle constatée au cours de son mandat. Lorsqu’on observe par exemple sa « politique d’ouverture » et la manière dont il l’a défini, il n’a jamais été question d’accueillir des idées prises en dehors de sa famille politique, mais rallier des personnalités autrefois adversaires à sa propre cause.
Si cette attitude n’est pas celle-là à votre propos, tant mieux, cependant le doute reste permis.
Voui, mé zalors ,
Aiguillon … poursuivait il un but ou un(e) ennemi (e) ( en l’occurence ,une ennemie : la marie antoinette qui avait fait tant de mal à son père http://fr.wikipedia.org/wiki/Emmanuel_Armand_de_Vignerot_du_Plessis)?
La confusion des genres parait inévitable , l’ennemi étant le symbole d’un système , tout en sachant que détruire un symbole ne saurait détruire un système .
http://fr.wikipedia.org/wiki/Armand_D%C3%A9sir%C3%A9_de_Vignerot_du_Plessis
Si vous avez pu réussir à convaincre certaines personnes influentes je vous tire mon chapeau Mr Jorion quand bien même elles seraient d’un bord ou d’un autre quelle importance vous avez raison.
Permettez moi néanmoins de m’interroger sur la nature de l’objectif que vous poursuivez depuis des années c’est tout à votre honneur, tant le combat contre le monde de la finance nous accapare et nous révolte tant l’esprit surtout en ce moment.
Mais qu’est-ce qu’il me reste encore à dire si tout le monde se met à suivre le même objectif de travail que moi aussi noble et courageux soit-il pour le bien d’une société et en période de crise.
Si ça se trouve le mal du monde ne vient pas que des gens de la finance mais bien d’autres gens préférant encore œuvrer dans le secret et dans bon nombre de loges secrètes.
Peut-être bien que derrière le mal de ce monde se cache encore un autre mal, qui a déjà vu par exemple des politiciens des bureaucrates verts ou pas commençaient déjà à se réunir et à s’abaisser en public pour abolir leurs privilèges et leurs abus médiatique de plus pensez-vous,
non ils préfèrent d’abord profiter de la crise financière, du malheur de plus des gens rigoler encore et encore sur des tribunes, fréquentant encore les beaux restaurants et hôtels de luxe un peu comme les gens de la finance, vous lire de temps en temps sur le blog, vous approcher, vous entendre surtout dire d’interdire les paris et les fluctuations de prix en coulisses.
Et si la nature de l’objectif que nous recherchons tant à détruire et à combattre avec certaines personnes ne nous permettez pas toujours de mieux relayer la parole des petits, dans l’espoir d’être mieux compris et entendu à travers leur propre position.
Oui j’aurais tellement bien aimé parfois mais bon c’est votre blog pas le mien …