Oublié ? Non : pas sur le Blog de Paul Jorion en tout cas. Il y a des chanteurs ou des chanteuses qu’on entend pour la première fois et on se dit : « Ah, ça c’est autre chose, c’est important ». J’ai ressenti ça en entendant « Mon p’tit copain perdu » de Nicole Louvier, dont j’ai parlé il y a quelques temps ou aussi – c’était une froide nuit d’octobre sur « Two-O-Eight » (*) – quand j’ai entendu pour la première fois le son très neuf de « Love Me Do », et j’ai eu ce même sentiment quand j’ai entendu « Ma môme », qu’il m’arrive toujours de fredonner depuis.
Les femmes qui « travaillent en usine à Créteil », on ne les voit pas beaucoup au cinéma, on n’en parle pas beaucoup dans les chansons, merci Jean Ferrat d’avoir pensé à elles.
Nota bene : Une proportion significative d’hommes de mon âge ont été amoureux d’Anna Karina (ici dans « Vivre sa vie » de Jean-Luc Godard).
== = = = =
(*) Radio Luxembourg en anglais.
41 réponses à “Jean Ferrat (1930 – 2010)”
Je me demandais ce qu’il devenait quand j’ai mis sur ce blog « Ma France », maintenant je sais comme le disait si bien Jean Gabin, et j’en suis bien triste.
De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j’ai vécu à ce que j’imagine
Je n’en finirais pas d’écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d’été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d’Ardèche
Quelque chose dans l’air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd’hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu’on la fusille
Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d’Éluard s’envolent des colombes
Ils n’en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu’il est temps que le malheur succombe
Ma France
Leurs voix se multiplient à n’en plus faire qu’une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l’histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien
Du journal que l’on vend le matin d’un dimanche
A l’affiche qu’on colle au mur du lendemain
Ma France
Qu’elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l’avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France
Magnifique chanson parmi tant d’autres. C’est un grand moment de nostalgie face à ce grand homme de la chanson française qui nous a quitté, merci à Michel Drucker ne nous avoir permis de retrouver
Jean Ferrat.
J’ai appris cette triste nouvelle ce soir, je voulais vous en aviser mais j’étais certain que vous alliez l’honorer, merci.
C’était un de mes chanteurs préférés si ce n’est le préféré.
Il est allé rejoindre les cimes pour, je le lui souhaite, rejoindre l’avenir de l’homme.
Une de mes chansons fétiches :
Magnifique blog sur un Immense Chanteur!Bonne soirée
Merci M. Jorion pour cet hommage…c’est mon enfance qui file….
Je venais de mettre du Barbara que j’avais enregistré sur mon blog, mais je lui dédie en hommage.
Adieu Ferrat. Je suis triste.
C’est vrai qu’elle est jolie, Anna.
C’est d’actualité.
vous disiez, cher Paul : « N’est-il pas temps, alors, de s’engager ? »
lui, il s’était engagé, un chanteur engagé ; alors nous les gens on fera, qui vivra fera, allons dans le faire, notre fer de lance …
Je viens d’apprendre cette triste nouvelle, c’était un de mes chanteurs préféré.
En son hommage, je vous invite à méditer ces magnifiques paroles de cette chanson ôh combien de circonstance par les temps qui courent.
http://www.frmusique.ru/texts/f/ferrat_jean/comprendre.htm
comprendre
envoyé par btayeb.
Au risque de répéter ce qui a déjà été dit, mais il fait partie de ces chanteurs qu’on ne peut oublier, unique en leur genre. Que restent-ils des grands ? Sinon le souvenir et leur incroyable musicographie : Brassens, Brel, Ferré, Reggiani et aujourd’hui Ferrat. Moustaki est encore là, c’est vrai. L’avenir était manifestement mieux avant.
Amitiés tristes, profondément tristes
Un immense chanteur. Que c’est triste de voir disparaître des pans entiers de notre jeunesse.
Je l’avais vu à Bobino, c’était un grand bonhomme qui ne savait pas quoi faire de ses mains sur scène, mais si attachant. C’était un poète, un grand auteur interprète qui avait une voix qui ne pouvait pas vous laisser indifférent. Il est des moments douloureux qu’on souhaiterait ne pas connaître, malheureusement il en est ainsi de la vie. Merci à l’artiste.
j’étais jeune, il est passé en vedette américaine de tonton « Georges » à Bobino, ensuite ce fut Leforestier. Les copains dabord !!!!
Dans le tout commerce que reste t il des poètes ?
Un humaniste disparait, ses qualités c’est cela la véritable richesse.
@paul Jorion
Merci, ce coup ci vous avez fait un choix qui me va bien, l’actualité aidant…………..hélas
http://www.ina.fr/media/entretiens/video/I00014178/georges-brassens-jean-ferrat-dialogue-sur-l-engagement.fr.html
Dialogue entre Georges Brassens et Jean-Ferrat sur l’engagement.
Solution collective, dit jean Ferrat…. et pour Brassens : tant que l’homme ne changera pas le monde ne changera pas.
Et oui, la question, toujours d’actualité…
Doit-on changer l’Homme pour changer le système ?
ou
Doit-on changer le système pour changer l’homme ?
Remarquez l’absence de majuscule dans la deuxième proposition.
@Vincent WALLON
Probablement que l’Homme doit, d’abord, changer le système. Au lendemain de la chute de l’Empire romain d’Occident, les romains étaient les mêmes ; si la civilisation change, les hommes restent eux-même – en fait, l’écart entre les valeurs du Pouvoir (au sens large) et de la majorité des autres est, depuis plusieurs années, bien large.
Néanmoins, pour les hommes à venir, l’éducation ([i]and[/i] le conditionnement) reproduit les – nouvelles – valeurs communes dans les cœurs et les esprits.
Pour l’Homme (tout du moins, occidental) les valeurs ont déjà changé, le ravin est visible (nombreux, sont ceux qui résonnent selon la dichotomie riches/pauvres). Une croissance très rapide a toujours pour corollaire une forte accentuation de la disparité dans la répartition des richesses. C’est le retour de bâton de la globalisation ;D !
Aurons nous le courage d’aller suffisamment loin, ou nous contenterons-nous d’un compromis entre nos souvenirs sécurisants et nos attentes ?
Donnerons-nous ce qui nous reste de liberté au nom de la (sic) [i]gestion des risques[/i] ?
Faudra-t-il sang et larmes ?
No lo so…
http://www.youtube.com/watch?v=mkGtkM40sdg&feature=related
pour moi c’est celle-là
http://www.youtube.com/watch?v=_0vv3Sp4ymc
Quelle perte et quelle émotion !
J’avais peut être 7 ans lorsque j’écoutais attentivement sa voix lorsqu’elle passait à la radio. Je ressentais l’émotion, quelque chose qui résonnait en moi, qui résonne toujours et me rend si triste ce soir de le savoir parti.
Avec Ferrat c’est aussi de la France, de la grandeur, du sens, de l’énergie qui s’en va.
Allez Jean, bonne route à toi.
La matinée avec Christine Sèvres
http://www.deezer.com/listen-2554401
BERCEUSE / JEAN FERRAT
Dors petit homme
Dors petit frère
La nuit
A Bahia de tous les Saints
Bruisse de papier d’étain
D’ombres dures et familières
La nuit
Tu t’endors le long des quais
Près des fûts abandonnés
Poings fermés dans la poussière
Dors petit homme
Dors petit frère
La faim
Met sa robe d’apparat
C’est l’heure où l’on voit les rats
Regagner les grands navires
C’est l’heure
Où des financiers au bras
Les putains ouvrent leurs draps
En forme de tirelire
Dors petit homme
Dors petit frère
Parfois
Tu écoutes les indiens
Parler de mal et de bien
Sur leurs siècles de misère
Tu vois
Le diable n’est qu’un pantin
Qui s’évanouit au matin
Quand tu lèves la paupière
Dors petit homme
Dors petit frère
Hier
Sur les toits jaune orangé
L’oiseau qui te fait rêver
A survolé la frontière
C’est vraiment déprimant cette rubrique nécro 🙁
De ma jeunesse à « toujours, il a été là et le restera à jamais.
Bien sûr, il y a d’autres chanteurs engagés (ex. Maxime Leforestier que j’adore) et même aujourd’hui, il y a du talent dans notre jeunesse, mais Jean avait quelque chose d’unique, du moins à mes yeux.
Repose en paix Jean
Nicole
Au revoir, Au ciel Mr Ferrat comme vous avez du en voir des choses.
1930 – 2010
J’ai été bercée par ses chansons… tous les matins je pédale avec Ferrat à mes oreilles … Il fait partie de ma vie plus que n’importe quel autre … 52 ans de bonheur musical !
J’avoue ma tristesse aujourd’hui : je le croyais immortel !!!!
Je vais le rejoindre sur mon vélo éternellement…
toutes…elles sont toutes belles et « je vous aime » et je l’aime
Etrangers,tu nous as accueilli,tu nous as defendu,tu nous as aidé.Nous,nos enfants et les enfants de nos enfants ne t’oublieront pas.Tu as été la France.
Le bilan
[i]ou demain est un autre jour[/i]
Ah ils nous en ont fait avaler des couleuvres
De Prague à Budapest de Sofia à Moscou
Les staliniens zélés qui mettaient tout en oeuvre
Pour vous faire signer les aveux les plus fous
Vous aviez combattu partout la bête immonde
Des brigades d’Espagne à celles des maquis
Votre jeunesse était l’histoire de ce monde
Vous aviez nom Kostov ou London ou Slansky
Au nom de l’idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd’hui
Ah ils nous en ont fait applaudir des injures
Des complots déjoués des dénonciations
Des traîtres démasqués des procès sans bavures
Des bagnes mérités des justes pendaisons
Ah comme on y a cru aux déviationnistes
Aux savants décadents aux écrivains espions
Aux sionistes bourgeois aux renégats titistes
Aux calmniateurs de la révolution
Au nom de l’idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd’hui
Ah ils nous en ont fait approuver des massacres
Que certains continuent d’appeler des erreurs
Une erreur c’est facile comme un et deux font quatre
Pour barrer d’un seul trait des années de terreur
Ce socialisme était une caricature
Si les temps on changé des ombres sont restées
J’en garde au fond du coeur la sombre meurtrissure
Dans ma bouche à jamais le soif de vérité
Au nom de l’idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd’hui
Mais quand j’entends parler de « bilan » positif
Je ne peux m’empêcher de penser à quel prix
Et ces millions de morts qui forment le passif
C’est à eux qu’il faudrait demander leur avis
N’exigez pas de moi une âme de comptable
Pour chanter au présent ce siècle tragédie
Les acquis proposés comme dessous de table
Les cadavres passés en pertes et profits
Au nom de l’idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd’hui
C’est un autre avenir qu’il faut qu’on réinvente
Sans idole ou modèle pas à pas humblement
Sans vérité tracée sans lendemains qui chantent
Un bonheur inventé définitivement
Un avenir naissant d’un peu moins de souffrance
Avec nos yeux ouverts et grands sur le réel
Un avenir conduit par notre vigilance
Envers tous les pouvoirs de la terre et du ciel
Au nom de l’idéal qui nous faisait combattre
Et qui nous pousse encore à nous battre aujourd’hui
Bonjour,
J’écrivais un article sur la perception du temps.
Comme le temps a été une préoccupation toute aussi importante que l’amour, je le lui ai dédié.
http://vanrinsg.hautetfort.com/archive/2010/03/01/la-perception-du-temps.html
Avec Brel, il était mon meilleur chanteur.
Ces derniers temps, on ne l’entendait plus beaucoup, pas assez à mon goût.
Merci à lui pour ces années pleines de tendresse.
Jean Ferrat était un grand chanteur doublé d’un poète.
Ses idées politiques n’ont pas eu de succès…..sinon il aurait fini vraisemblablement au goulag. Regrettable !
Oh combien sont humainement grands ceux qui en « hommes libres » se sont élèvés contre le totalitairisme communiste au mépris de leur confort.
Jean Ferrat n’a pas eu cette chance de devenir un proscrit du système communiste.
Il le doit à la « douce France »
Un très bel hommage est rendu à Jean Ferrat aujourd’hui par Michel Drucker sur Antenne 2.
Cette voix magnifique dont j’ai toujours été amoureuse…inoubliable !
« Les petites filles modèles » de 1991 et le monde cruel de la finance…
MR Jean FERRAT
Nous ne t’oublirons jamais, repose en paix