Billet invité.
Nous avons un système basé sur la science la plus pure impliquant naturellement les inégalités, l’exclusion et les rapports de force. Ce système est une tentative extraordinaire de maîtriser les conséquences de nos actes et présente d’importants succès.
Nous sommes humains. Nos actes dépassent toujours notre savoir. Nos capacités sont toujours en dessous des conséquences de nos actes. Ce n’est pas le désir de maîtriser ce problème qui manque. Nous ne pouvons pas le faire.
Alors, que faire ?
La réponse actuelle ressemble à une fuite en avant. Le système est appliqué plus fort, plus loin et plus haut. Vu sa place dans les relations humaines, il va exclure de plus en plus de gens, créer de plus en plus d’inégalités, devenir de plus en plus dur et insensible. Il ne peut pas faire autrement. L’appliquer plus fort quand il vous a bien servi est la seule chose qui vous vient à l’esprit. Nous sommes également engagés dans des structures extrêmement lourdes et produites par ce système. Sans lui, ces structures (que faut-il pour construire l’ordinateur que j’utilise ?) implosent. Nous serions alors vraiment mal.
Il nous faut une ou des alternatives.
La première idée est dans la philosophie de la connaissance. Admettre que notre savoir est incertain et limité nous rendrait beaucoup plus modestes dans nos ambitions. Il deviendrait au moins présomptueux de se baser sur l’hypothèse des marchés efficients pour agir. Le nucléaire serait au stade expérimental. Nous serions encore en pleine discussion sur les avantages et les inconvénients de l’euro. Il ne serait pas adopté. Nous n’aurions pas la crise actuelle. Nous n’aurions pas le problème de savoir si le réchauffement climatique est anthropique. Nous n’aurions pas cette idée de la réalité créée qui nous mène facilement au complotisme. Nous n’aurions pas notre monde. Beaucoup de ses « avancées » seraient restées lettres mortes.
Nous aurions aussi une attitude beaucoup plus sympathique face à une nouvelle idée. Elle serait prise en considération avant d’être rejetée. Cette considération suppose que l’idée totalement fausse est impossible. Il y a toujours quelque chose à recevoir d’une idée.
Nous aurions aussi une attitude beaucoup plus agréable dans nos relations. Si j’ai une idée, je sais que le pire sera un refus poli et argumenté. Si j’ai une idée, je sais qu’elle sera acceptée comme incomplète dans le meilleur des cas. Je sais qu’elle sera décortiquée non pour la détruire, mais pour y trouver ce qui peut être positif.
Cela exige d’accepter le réalisme. Par réalisme, je pense à la croyance que mes paroles peuvent au mieux désigner la direction dans laquelle trouver la réalité. Trouver cette réalité doit se faire sans les paroles pour être complète. Le monde, mon monde, devient alors beaucoup plus gigantesque que le monde des mots. Il devient, au sens littéral du terme, infini. Il me dépasse de toutes sortes de façons. Je ne vous explique pas l’angoisse qui va avec. Pourtant, nous vivons dans ce monde.
La seconde idée est dans mon idée d’asymétrie entre les actes et la connaissance. Chaque acte est un saut dans le noir. Tous les modèles, raisonnements, prévisions, études et gourous donnent une direction pour agir et ne sont en rien des actions. Accepter qu’après chaque acte, il y aie une phase de réorientation de ses propres idées me semble essentiel. C’est un moment où beaucoup de choses nouvelles me tombent dessus. Surtout si je pratique ce que je nomme réalisme. Je suppose que quelque chose est là. J’ai modifié par mon acte ma relation à cette chose. Je reçois donc naturellement des informations, des sentiments et des attitudes différentes. Je les reçois et vais me réorienter en conséquence.
Ma troisième idée est que ces arrivées en moi de nouveautés peuvent être, selon mon choix, des motifs pour agir à nouveau, pour construire quelque chose d’autre. Je ne sais pas quoi. Mais rester passif et immobile devant une chose qui vous tombe dessus m’apparait comme une erreur. Si ce truc change ma vision du monde, je change mon attitude face au monde. Tout écart à cette idée me semble un aller simple vers la folie.
C’est une application du réalisme. Le prix à payer est une baisse énorme de ma productivité. Je ne sais pas du tout à quelle vitesse je peux fournir un bien ou un service. Je me retrouve sévèrement limité par le nombre d’actes possibles. Je n’en ai plus le temps. Une autre partie du prix à payer est une incertitude radicale sur les effets de mes actes et sur la valeur absolue sur les autres personnes subissant ou jouissant de mes actes. Je ne peux que vous assurer que si vous en payez le prix, un rayon de soleil devient un miracle, un sourire devient un bonheur. Je suis incapable de le prouver.
Ma quatrième idée est un moteur de l’action. Il m’est venu de Michéa et se résume par « Donner. Recevoir. Rendre ». Je le trouve excellent. Donner me signifie que je renonce à quelque chose qui m’appartient. J’y renonce pour quelqu’un que je ne connais pas. Je suppose que cette personne est de valeur. Si ce dernier l’accepte, nous sommes liés. La fois suivante, si le lien fonctionne, elle me donnera ou se sentira obligée de me donner quelque chose. Elle me rendra mon don. « À ce moment, je reçois ». Notre relation est scellée si je l’accepte. Quelque chose de nouveau est venu dans notre monde. Alors, je peux rendre ce que j’ai reçu. Pas forcément à la même personne. Dans ce cas, je crée une relation à 3 personnes. Dans ce cadre, les actes ont un sens. Ils relèvent de ma relation avec ces gens ou de ma recherche de relation avec ces gens. Ce sens est d’autant plus fort que j’affirme à cette personne qu’elle a une valeur pour moi. Cette affirmation va me rendre précieux à son égard. Je l’ai observé avec deux personnes des mes relations. En un sens, je leur donne ce qu’elles ont de bien en elles. Je suis dans le recevoir et rendre. Ce qui me fascine est que quand je leur rends leur bien, il leur est plus riche, plus profond et plus fort. Ces personnes me le rendent alors très volontiers. Cette expérience a pour moi une valeur me dépassant très largement.
Je crois en plus que cette expérience peut se généraliser. D’abord les relations se transmettent incroyablement vite. Quelqu’un a mis en évidence que nous sommes à au plus 6 intermédiaires de chaque être humain sur terre. Je l’ai observé avec le président George W Bush. Je connaissais un homme, qui connaissait un membre éminent de son parti et qui est devenu ministre des finances après. Ce ministre a rencontré W. J’avais donc deux intermédiaires entre moi et W. Cela est vrai hors du cadre « Donner. Recevoir. Rendre ». Dans le cadre, « Donner. Recevoir. Rendre », ces relations rendraient les hommes politiques perméables à leurs administrés. L’idée des « tripes » de W aurait pu fonctionner de manière positive. Je crois que vu sous cet angle, les relations du genre « Donner. Recevoir. Rendre » peuvent fonctionner sur toute la planète très rapidement. Ce n’est pas une question de masse ou de complexité insurmontable.
Je crois ensuite que l’argent dans ce cadre deviendrait un outil, un simple outil, pour se partager les coûts d’une entreprise quelconque. Cela deviendrait un outil pour que la personne engagée dans une entreprise complexe puisse recevoir sa part. Mais là, je me rends compte, je m’avance.
Je crois que dans ce cadre la coopération serait la règle.
Je crois qu’il existe beaucoup d’autres conséquences de cette idée. Notre monde aurait ses difficultés, mais pas ce que je considère un aller simple pour le suicide. Là, je m’avance.
Tout cela se base, à mon avis, sur une vision du principe de réalité et sur une vision de mes limites et des vôtres. Le problème est de les accepter et d’en tirer des conséquences positives. « Donner. Recevoir. Rendre » est une façon de le faire.
Tout cela dépend d’un choix personnel, fait en son propre esprit, en toute liberté et en toute responsabilité d’accepter qu’un autre, quelqu’un de différent de moi existe et qu’il a de la valeur. Personne ne peut me forcer à faire ce choix. Il est essentiel et est de mon ressort unique.
Cette alternative commence en moi. J’ignore jusqu’où elle peut aller. Je sais que je peux me mettre en route sur cette base. J’ignore quelles seront les conséquences de cette idée. J’aimerais qu’elles soient positives.
J’y vais.
124 réponses à “Une alternative au « plus fort, plus loin et plus haut », par Didier”
Je suis assez d’accord avec vos arguments « donner, recevoir, rendre » ça me convient car s’est un peu ma façon naturelle d’exister, ce qui n’est pas le cas de tous mais il y tant de nuances et cela peut devenir communicatif.
Dans ma vie professionnelle je fonctionnais selon le principe « je donne à l’entreprise, elle me le rendra bien »
Pas du tout dans la première que j’ai mis du temps à quitter, puis cela s’est vérifié et même en SSII, mais là il fallait donner beaucoup.
De toute manière dans la techno émergente où nous étions pionniers chacun apprenait de l’autre avec enthousiasme et on se souciait peu de droit d’auteur, juste de hauteur.
Oisif maintenant et en regardant en arrière je crois que c’était un principe positif qui évitait une compétition stérile et apportait des satisfactions du travail réalisé mais le bilan matériel est sans doute moins au rendez-vous.
Réalisme : certainement et être avant tout rationnel, s’en tenir aux faits d’abord, aux données chiffrées,mesurées.
Modestie : essentiel, le doute aussi mais tout de même une dose d’ambition pour éviter d’être muselé par les forts en gueule à cervelet réduit.
Je souhaite poursuivre dans votre axe car vous évoquez l’entreprise. Comme une équipe de Rugby elle est censée être plus que la somme des parties qui la composent. Si ce n’est plus le cas, peu importe qu’elle vous quitte ou que vous la quittiez, car elle ne fonctionne plus et il faut en changer (elle est morte de toutes façons !). Ce qui reste ce sont les relations que vous avez construit avec les autres dans le jeu et par le jeu. Cela représente beaucoup !
Donner, recevoir, rendre: ce sont les valeurs fondamentales du rugby. Elles ne sont pas incompatibles avec une virilité exacerbée (on peut donner/recevoir/rendre au choix le ballon, les plaquages, les coups, les apéros, les blagues …). Elles ne semblent pas incompatibles avec la féminité non plus. Le rugby féminin, universitaire notamment, est très intéressant également.
Papimam,
J’aime beaucoup cette idée de modestie. Elle vaut aussi pour celui qui me parle. S’il n’est pas modeste, il me fait douter de lui. Après, c’est effectivement le problème du conflit.
Ce qui me gêne finalement dans la vision d’une société articulée autour de donner-recevoir-rendre , c’est que ladite société se trouve ainsi réduite à un « marché » entre ses membres , rejoignant en cela l’analyse transactionnelle chère à Berne et qui porte en germe le triomphe du marché sur la démocratie .
Une société est plus qu’un marché . C’est une projection commune dans l’avenir .
mais cet avenir ne nous a t-il pas été vendu ?
@quid34 :
L’avenir ne peut être vendu qu’à des acheteurs dont l’âme est déjà acquise au consumérisme .
Pour les autres , il se construit . C’est l’expression même de la liberté , qui au contraire de la pile Wonder ne s’use que si on ne s’en sert pas .
Le seul « prix » à payer est peut être de ne pas craindre d’y laisser sa peau .
La liberté est le seul « prix » de la vie .
Pour Pascal ( insuffisamment connu et cité par Paul Jorion) , c’est dieu . Il est vrai qu’il en faisait le pari . C’est peut être pour ça que Paul le snobe .
Juan Nessy,
L’analyse transactionnelle de Berne est un sujet qui m’échappe complètement. Ce que je cherche est une façon d’aller vers mes « Frères Humains » du poète. Elle se fait d’humain à humain. Après, je l’espère, il est possible de construire ou de découvrir une société. Je ne peux que l’imaginer faite de relations.
Je suis d’accord avec vous que la logique marchande présente de très lourdes lacunes. Il y a autre chose à mettre dans cette société.
vendu à notre inconscient…
En quoi votre liberté est elle une vrai liberté au regard de votre histoire ?
Pour certain la vie est le prix de la liberté…
J’ai l’impression que le mot « marché » est un gros mot pour vous….
Le marché n,’est pas un gros mot . Il le devient quand on prétend que c’est la finalité et le dieu fait homme . Toujours la vieille histoire de la fin et des moyens .
Pour moi la fin c’est d’être heureux…
@Quid34 :
D’accord … mais encore ? Et si le » bonheur » de chacun est différent voire antagoniste de celui de l’autre , qu’est ce qu’on fait ?
et si être « heureux » c’était de ne pas se poser trop de question?…
Pas évident quand on résiste à la lobotomie…
@quid34 :
Je ne vous lacherai pas !
« Être heureux » serait alors plutôt avoir la force et le talent de résoudre les questions . Ce serait donc plus » le chemin vers » la solution que la solution elle même , toujours remise sur le tapis .
On va commencer à être en phase …
Si on reste sur votre interprétation, je compléterai ainsi : « Être heureux » serait alors plutôt avoir la force et le talent de résoudre les questions/défis dont intuitivement on se sentirait capable de venir à bout avec une probabilité acceptable au regard de notre résilience à l’échec mais suffisamment élevés et en rapport avec un projet de vie pour entretenir une saine motivation. Une boule de neige faites de couches successives…
Donc le chemin bien sur ! On y passe d’ailleurs le plus clair de son temps, un peu la RN7 des vacances cité dans un autre post, mais dans une cohérence globale et multidimensionnel…dont on peux encore se demander : »mais cet avenir ne nous a t-il pas été vendu ? »
AhAh vous aurais du mal…
Je vais quand même essayer, car votre « complément » m’apparait infondé (il n’est pas en tous cas dans mes attendus) en évoquant des notions telles que intuition , résilience, probabilité , élévation , projet ,toutes notions qui supposent une préscience , un credo .
Bien évidemment ces notions sont « utiles » et il n’y aurait pas beaucoup de cathédrales , de mosquées , de temples , de totems ou de pierres levées , érigés sans ça .
J’avance seulement que le bonheur n’est pas l’oeuvre d’art accomplie ou le credo , mais le chemin parcouru pour l’accomplir ; ça me rend plus sur d’accèder à un peu de sérénité joyeuse sur terre avant le grand saut qui échappe à toute prise de mes élucubrations . Je partage d’ailleurs avec de nombreux ex compagnons de travail un peu partout en France et en Afrique, ce sentiment de plaisir et satisfaction persistante en évoquant plus le parcours et la relation pendant le travail ,que la gloire du travail « bien » accompli
Il reste à rendre compatibles les credos .
J’ai du utiliser un vocabulaire qui prête à confusion, il n’y a rien de religieux dans mon propos, au contraire, bien que l’ambiance judeo-chrétienne laisse toujours des traces…(c’est une partie du fameux vendu…) sinon le chemin oui, si on le vit comme tel dans l’instant, en faisant attention au souvenir nostalgique auxquels on rattache inconsciemment une « jeunesse » et ses corolaires… mais dans le cas que vous décrivez j’ai l’impression que c’est autant le partage « présent » avec vos ex-relations de travail qui compte, que le passé lui même? Une continuité dans la camaraderie…
De mon point de vue, quelques « œuvres d’art » en plus, ne semblent pas forcément gâcher…
Mais qui dit œuvre d’art ne dit pas forcement perfection mais création et fierté personnelle…
Des enfants par exemple ou encore un appartement ou une voiture retapé…Un peu d’auto gratification sans tomber dans le narcissisme…
In fine , je ne suis certain que d’une chose :
ce sont vos enfants qui répondront à mes questions et aux vôtres . Et qui en rajouteront quelques autres .
Cordialement et bon soleil pour sortir de la neige , si comme votre pseudo le laisse imaginer , vous êtes implanté dans le gard .
l’Hérault…la neige est déjà partie…
Merci pour ces échanges,
J’ai aussi bien apprécié votre commentaire sur la Callas et sur l’effet direct au cœur que provoque le « beau »
Ps: avez vous lu ma « réponse » de votre post du 10 mars 2010 à 17:57 ci-dessus
Alors on en est la !
Tout ce chemin pour simplement en arriver a réinventer le « bon sens » !
Quelle ironie.
Mais alors, je me demande, pourquoi ? et comment …
Être sur que le chemin va dans le bon sens , ça vaut bien un QQOQC .
ybabel,
Je vous conseille les « Bâtards de Voltaire » de John Saul. Il parle de cette perte du bon sens. C’est un gros pavé qui en fait le constat. Il me fait douter sérieusement des constructions mentales, des modèles mathématiques et des idéologies. Ces trucs ont leurs qualités. Ils ont leurs faiblesses et elles deviennent, à mon avis, intolérables.
« L’appliquer plus fort quand il vous a bien servi est la seule chose qui vous vient à l’esprit. » « Vous »… ? Merci, très peu pour moi.
Je vois où vous voulez en venir.
C’est encore une fois une position qui se cherche par la raison…alors qu’il serait si simple de la présenter en termes de tolérance. Il y a dans le monde des personnes qui choisissent : de garder le bras levé pendant un certain nombre d’années ou jusqu’à la fin de leurs jours, de ramper sur le dos sur plusieurs milliers de km…la liste est longue et l’imagination ici ne manque pas (il y en a même qui consacrent leur vie à observer leurs frères humains vivre leur vie sans s’en rendre compte)…Et ces gens-là sont dans le pire des cas tolérés, sinon adulés ! Nous n’en sommes qu’au stade du raisonnement, de la raison envers et contre tout, contre tous, mais raison oblige : nous y croyons dur comme fer et sommes persuadés que c’est là le summum de l’approche existentielle !
J’ai beaucoup apprécié votre texte. Cette alternative, comme vous dites, n’a aucune limite !
Absolument aucune.
Fab,
Je vous retrouve ici. Désolé, si vous avez cru que le vous de la citation s’adressait à Vous. C’est mal formulé. Mon idée est que si quelqu’un a grandement bénéficié d’une idée. Il voudra la garder, prolonger son action, garder ses avantages. Si un problème surgit, il commencera par utiliser cette idée qui l’a si bien servi. Alors je suis heureux que vous répondiez « Très peu pour moi »
La tolérance n’est pas simple à mon avis. Elle implique d’accepter une chose que je rejette à la base. Sinon, je ne vois aucune tolérance dans l’opération.
Je ne suis pas sûr de comprendre la suite de votre texte. Il est possible que vous me disiez que ma vision existentielle se limite à une recherche rationnelle ou quelque chose d’approchant. J’ai l’impression de vous avoir déçu et je le regrette. Mais je pense vivre dans un monde où mon attitude existentielle est jugée inacceptable. Je dois aller dans ce monde. Comment concilier ces deux termes ? Un point commun à mon attitude existentielle et ce monde tel que je le comprends est la raison. C’est donc mon point de passage. J’y vais tel que je suis, dans un monde où je ne suis pas.
Mon idée d’alternative n’a pas de limite. Elle est chaque fois un saut dans un inconnu, que je nomme l’autre. Après, je ne contrôle plus les événements. Je ne peux qu’espérer.
@ tous,
il me semble , en tout cas je ressentais une grande sérénité dans cet échange-ci…
Et ce n’est peut-être pas par hasard…. 😉
merci encore Didier
Laurence,
Si je répands la sérénité, le sourire, la joie, le respect, je peux être, en toute humilité, fier de moi. C’est un sentiment fort agréable.
Merci à vous.
Après avoir pris connaissance des posts retour de Didier , je reste avec le sentiment que son approche par la valeur condamne à un manichéisme ( traduit par l’opposition entre « les premiers » et les « seconds » ) . Elle me semble paradoxalement conforter la frontière plutôt que les ponts , aussi bien en nous même que dans notre « environnement » . Elle me paraît reposer sur une croyance de nature un peu « extra-humaine », un pari que le bien et le mal définissent les conditions du progrès .Je me sens plus « troisième ».
Mon hypothèse propre est que nous avons utilité vitale aussi bien des frontières que des ponts, et que la fonction politique est de peser , à un instant et pour une durée limitée , du dosage pour que la cohérence d’ensemble soit le gage du progrès commun , et de l’efficacité des choix faits au travers des solutions proposées au problème du moment . Le mérite de ce blog parmi d’autres est d’essayer d’écrire correctement l’énoncé du problème avant de « vendre » des solutions .
Reste , c’est vrai , à définir le progrès et donc d’abord ce qu’est vivre , et vivre ensemble .
M’abritant derrière » l’animal social » d’Aristote , je me mouille de réécrire ma propre définition :
Survivre et vivre le plus longtemps possible , avec le plus grand nombre possible , dans les meilleures conditions psychiques et matérielles possible , dans la plus grande diversité possible .
J’ai un peu le sentiment en vieillissant que l’humanité est encore dans la survie ( donc la détresse selon mes repères) et ne sait encore jouer que d’une ou deux de « mes » quatre « touches » dans un mode geignard, sur-bien-intentionné , pousseur excité ,boudeur , gourou, disciple , tyran ,terroriste .Et pourtant …:
…la vie est là,
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur là
Vient de la ville.
– Qu’as tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu’as tu fait , toi que voilà,
De ta jeunesse?
J’accepte les frontières et propose des ponts. Les premiers sont là. Les seconds sont de notre initiative.
Quant à mon manichéisme (je le comprends comme une opposition entre le bien et le mal), j’avoue qu’il m’échappe. S’il y en a un, c’est dans le refus de l’Autre. C’est dans le narcissisme. Je cherche une façon d’en sortir.
Vous avez raison pour la réalité extra humaine. Votre vision et ma vision de la réalité sont limitées. Je refuse de croire que vous avez absolument tout compris, également la théorie des quatre moteurs. Vous êtes humain. Je suis dans le même cas. Mon seul espoir pour une entente est qu’il existe une réalité dans laquelle nous sommes tous les deux et dans laquelle nous pourrions concilier nos points de vue. Sinon, nous sommes condamnés au conflit.
Si l’un de nous sait qu’il a la réalité, l’autre avec n’importe quelle divergence sera perçu comme dans l’erreur, la stupidité, etc… Il y a dominant et dominé. Il y a affrontement et écrasement.
Juan Nessy,
J’ai fait une recherche sur les « premiers et les seconds » pour voir où est mon manichéisme. La seule référence que je vois possible est dans ma réponse de 8:22. Mais là, je décris ce qui se passe entre les vainqueurs et les vaincus du narcissisme. Dans ce cas, il y a une forme de manichéisme. Les vainqueurs se sentent bons et les vaincus se sentent mauvais. Il y a glissement de sens sur le mot valeur. Pour un narcissique, la valeur c’est lui. Pour moi, c’est la relation. Dans la relation, l’autre existe. Il m’enrichit et je l’enrichis quand tout se passe bien. C’est rare. J’aimerais que cela arrive plus souvent.
Etre narcissique est pour moi une maladie de la relation. Tout ce qui est autre n’est que soit une image du narcissique, soit utile au narcissique. Tout ce qui en sort est mauvais. Il est impossible d’être présent au monde sous cette condition. Il est impossible d’accepter la présence du monde sous cette condition. Cela me semble vous apparaître comme un manichéisme.
Vous voyez là ce que vous nommez frontière en pleine action. Vous voyez là, la fragilité du pont qui nous unit. Il dépend de nous deux. Je vous donne raison sur ce point. Avec vous, cela est parfaitement vrai.
Mon propos ne prétend pas à la vérité philosophique ou divine . Il se borne à évoquer une approche ( qui n’est que cela) d’une organisation vivante particulière qu’on appelle l’humanité . Son auteur (Meyer Ifrah, P2L ,le lien et la loi) se nourrrissait d’ailleurs de pas mal d’autres approches ( il y en a eu beaucoup ces 80 dernières années ) et comme pas mal d’autres ,il voyait des domaines d’application aussi bien dans le champ des organisations vivantes autonomes que psychothérapeutiques ou psyhosociologiques.
Je ne la sanctifie pas en tant que théorie dans la mesure ou je n’ai encore pas trouvé , ni avant , ni après , de théories qui répondent sans zones obscures à mes pourquoi . Par contre , en tant que modèle qui puisse m’aider à répondre à « comment faire? » , je voulais juste apporter mon témoignage que c’est encore ce que j’avais éprouvé de moins stupide .
Je forme le voeu que vous découvriez que les concepts qui vous animent y sont parties prenantes , et qu’ils y sont interrogés au niveau du diagnostic comme de la » mise en mode progrès » des systèmes , des concepts et de leurs acteurs .
Rien n’est écrit ….ecrivais-je plus haut . Mais pour écrire son livre le monde a plus besoin d’une grammaire commune qui rende les ambiguïtés improbables que d’une monnaie commune , voire davantage que d’une langue commune ( en tous cas pas le sabir anglo-saxon).
Cette approche là m’avait plu et servi . Je m’y réfère encore quand je ne comprends plus rien .C’est une grammaire efficace .
Mais je serai curieux et preneur d’informations sur des approches encore plus riches .
Car le monde est parfois déjà plus loin que l’étape vers laquelle nous souhaitons le faire tendre . Mes petits enfants et mes difficultés grandissantes à toucher de la main la pointe de mes pieds sans plier les genoux , me font prendre conscience de ça,sans pitié .
@ Juan Nessy,
peut-être faut-il retenir ‘l’esprit’ du billet de Didier…
Vous savez, un peu comme « ce qui reste quand on a tout oublié ».
Une autre manière d’être au monde simplement.
Laurence,
Pour moi « Etre au monde » est la seule chose qui compte vraiment. Le reste est de l’habillage. J’ai trouvé plus de vérité dans une chanson d’Alain Souchon que dans un livre d’Erich Fromm.
Le hic c’est quand il faut conjuguer le verbe être au futur .
Mais je dis ça seulement parce que « lorsque trop de monde est d’accord avec moi , il me semble que j’ai tort » !
Complément :
héritère de mon passé ma seule liberté est la conscience des impasses présentes pour les réduire …avant les prochaines .
L’histoire est à trois temps : passé , présent ( bien dificile à définir!) et futur .
La liberté est à quatre temps : passé, présent , futur …ET hors du temps . C’est grâce à cette ..bifurcation que poussent les rameaux .
Pour ma part, je dois remercier Didier de nous sortir de ces histoires internationales des maffias du pognon, a sa maniére, critiquable ou pas, il constate l’état de décadence d’un monde que nous n’avons plus le droit de laisser a ceux qui embarqueront sur notre planète apres que nous en ayons débarqué.
Merci Didier,
Je préfere penser à Giotto ou Vivaldi, comme témoin de l’humanite qu’a ces étres du diable qui pensent qu’avec du fric on peut acheter tout, et n’ont dans leurs yachts offshorés que des toiles de maitre à valeur spéculative, avec des Bimbos siliconées pour adorer le veau d’or.
Merci Didier,
Non il ne faut pas réver un monde, il faut le créer sur des valeurs sures, celles qui mettent les cafards à leur place et l’argent a sa modeste place, celle qui quantifie le troc dont nous avons tous besoin pour le bonheur.
Le soir de cette derniére élection présidentielle, à la térrasse du Fouquet’s vous y avez vu Modigliani ou Verlaine ? Pas moi, il n’y avait pas grand monde , non?
Giotto, Vivaldi, Modigliani, Verlaine.
Si des gens comme eux n’ont pas de place en ce monde, si des gens comme eux ne sont sources de rien, alors ce monde est mort. Il peut être fait de grattes ciels, d’usines géantes, de succès financiers, d’hommes parfaitement virils, de triomphes compétitifs. Sans des gens analogues à ces quatre, ce monde est mort.
Sans des liens entre les hommes, ce que je comprends de Villon avec son « Frères Humains, qui après nous vivez », tous les succès, tous les triomphes, toutes les constructions humaines sont condamnées.
Si ces gens, Giotto, Vivaldi, Modigliani, Verlaine et heureusement bien d’autres, n’ont plus rien à nous dire. Nous ne pourrons plus nous parler. Nous ne pourrons plus voir nos « Frères Humains ». Nous ne pourrons plus nous comprendre. Nos très grandes constructions seront comme la tour de Babel.
Foutues.
Il en va de notre survie que nous puissions nous retrouver, nous reconnaître, nous comprendre.
Je suis convaincu que le désir de nous retrouver, de nous reconnaître, de nous comprendre existe. Il est là. Il est aussi humain que le désir de vivre. J’ai de la peine à le voir.
@quid34:
Je réponds ici à votre dernière interrogation à propos de ma prise de connaissance de votre réponse au 10 mars 17h57 .
D’abord pardon pour avoir confondu Nîmes et Montpellier . C’est la faute à la perte de révision facilitée par les anciennes plaques minéralogiques ….
Sur la référence à des temporalités différentes selon que l’on évoque plutôt le relationnel , la créativité , la compréhension ( les repères) , la prise de risque , je persiste en précisant qu’il faut entendre « référence plutôt à » qu’une relation bi-univoque stricte .
Sur l’importance du verbe « communiquer » ( au commencement était le verbe?) , « mon » schéma global énonce qu’en fait une organisation humaine se développe sur quatre niveaux interactifs :
– alimentation ( structures ,productions , métiers et comportements » profonds , de « nature », d’espèce)
– communication ( langages ,personnes , motivations et comportements individuels)
– gestion (fonctions ,objectfs ,ressources et comportements » opérationnels » )
– unification ( cultures ,buts te valeurs ,comportements collectifs )
La communication n’y est donc qu’un des points nécessaires à la survie et vie de l’ensemble .
Si vous êtes accroché , je vous propose d’aller fouiller directement chez l’auteur que j’ai cité .
Je dois aussi honnêtement vous conseiller d’interroger quelques spécialistes des neuro-sciences ou de psychosociologie, pour faire un point préalable des approches actuellemnt en compétition , car les choses bougent et l’approche que je vous cite et qui m’a rendu et me rend encore service a peut être » vieilli » .
[…] de l’entreprise qu’une vision négative insidieuse était en train de détruire. Il y a une asymétrie entre connaissance et action : nos actes dépassent toujours notre savoir. La phase de réorientation de ses propres idées au […]
[…] de l’entreprise qu’une vision négative insidieuse était en train de détruire. Il y a une asymétrie entre connaissance et action : nos actes dépassent toujours notre savoir. La phase de réorientation de ses propres idées au […]
[…] de l’entreprise qu’une vision négative insidieuse était en train de détruire. Il y a une asymétrie entre connaissance et action : nos actes dépassent toujours notre savoir. La phase de réorientation de ses propres idées au […]