Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Dans « La raison dans l’histoire » (1837), un ouvrage posthume composé à partir de notes de cours, Hegel observe que « … ce que l’histoire et l’expérience nous enseigne, c’est que ni les peuples ni les gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire, et encore moins agi selon ses leçons ». C’est vrai : s’il en avait été autrement, aucune civilisation ayant gardé le souvenir de celles qui l’ont précédée ne serait jamais morte.
Faute de tirer les leçons de l’histoire, les hommes n’ont cependant jamais cessé de tenter de la déchiffrer et quand on la lit, l’attention se porte de préférence, soit sur ce qui revient sous la même forme, soit sur ce que l’on n’a jamais vu auparavant. Il est bien sûr essentiel de saisir la proportion dans laquelle se présentent ces deux ingrédients : le même et le différent, et plus particulièrement dans les périodes de transition. On ne peut savoir où l’on va si l’on ne détermine pas d’abord si l’époque où l’on vit se situe davantage sous le signe de l’inédit ou sous celui de l’éternel retour. Dans le premier cas, les processus que l’on observe sont en voie d’achèvement, dans le second, ils sont destinés à se poursuivre. Il faut pour cela savoir distinguer les ruptures des continuités et si les premières l’emportent sur les secondes, l’époque est au changement radical. Et c’est pourquoi cette capacité à lire l’histoire est moins essentielle quand on est aux premiers temps d’une époque nouvelle que quand, comme aujourd’hui, une époque épuisée touche à sa fin.
Si l’on brise une chrysalide, on y découvre un liquide noirâtre et épais où l’on ne distingue ni la forme de la larve en train de se dissoudre, ni celle de l’insecte parfait qui émergera un jour. Les périodes de turbulence sont de cette nature. Saint-Just fut un jour acculé à reconnaître que : « La force des choses nous conduit peut-être à des résultats auxquels nous n’avions point pensé ». Peu de temps après cette admission il devait capituler sans combat devant la promesse d’une mort prochaine, reconnaissant son incapacité à comprendre encore le tourbillon qui l’emportait.
Si l’époque est au changement radical, il existe en son sein des « nervures » : des trajectoires rectilignes qui relient le passé au futur en passant par les points qui constituent la trame du présent. Le reste, ce sont les zones de ce qui demeurera le même mais qui, tant que durera la transition, participant à l’effervescence générale, n’en sera pas moins soumis à d’inquiétantes turbulences. Parvenir à déceler la présence de telles nervures, c’est lire l’avenir déjà inscrit dans le présent.
(à suivre…)
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
128 réponses à “Le capitalisme (I) – Les nervures de l’avenir”
Hegel, Saint Just …
Diable, le train de la révolution s’est-il déjà élancé sur les rails de l’avenir !? 🙂
C’est un thème récurrent sur ce blog ,une tentative de dessiner l’avenir en fonction d’un certain nombre de paramètres (économiques ,climatiques ,géologiques,anthropologiques,et maintenant historiques).Moi j’appelle ,ça peur millénariste.Cette peur qui à la fois épouse et masque,des peurs plus intimes propres aux sociétés vieillissantes.
Da, Piotr.
La peur. Quel puissance, non..??? Dire que n’importe quel animal devient la pire menace pour son chasseur lorsqu’il est mortellement blessé…
Cette peur actuelle de l’avenir nous fait du bien : elle nous oblige à réfléchir et nous remettre en question.
Que veux-tu de mieux à part une bonne bière d’abbaye trappiste…???
Piotr,
Pouvez vous décrire ces peurs vieillissantes, les énoncer, je vous prie ? Quand vous les aurez énoncées, pourriez vous me montrer le lien entre ces peurs et le vieillissement de notre société ?
Une autre façon de poser ma question est : »En quoi la grande crise actuelle est une peur de société vieillissante ? » ou « Est ce que cette crise est pour vous psychologique, voire un tout petit incident de parcours dans notre histoire ? »
A votre santé!
De l’actualité de la « Theory of Everything » de Stanislas Lem..Mais ‘peur millénariste’, dans l’histoire des formes, cette peur se donne à voir dans la première décennie, peut-etre la décade perdue ?
´Piosenka o koncu swiata, Pozegagnie´ C. Milosz
Bigre ! « Peur millénariste » comme vous y allez ! il y a dans cette définition un aspect irrationnel plutôt dérangeant. Comme s’il se cachait un Nostradamus derrière Paul Jorion (économie), derrière Jancovici (énergie) ou derrière le GIEC pour le volet environnemental et climatique.
C’est d’ailleurs un reproche récurrent chez les détracteurs de service de ces divers « annonceurs de mauvaises nouvelles » comme on pourrait les nommer à tort.
Paul Jorion ici, Jean-Marc Jancovici ou le GIEC ont une approche très factuelle des défis qui pointent leur nez depuis pas mal de temps déjà pour l’aspect énergétique (pétrole, pic de production…) ou environnemental (hausse avérée des températures globales).
Les sceptiques de tout poil (dont certains scientifiques à la retraite) n’ont souvent d’autre argument que de voir chez ces empêcheurs de penser en rond des millénaristes…
Est-ce vraiment ce que vous pensez ?
A Didier…
Première piste,un constat purement démographique,une pyramide des ages accréditant le vieillissement de la population ,et les peurs égocentriques qui en résultent;diminution de l’élan vital (j’évite les grossièretés), maladie , déclin cognitif et mort…
Des peurs apparemment plus collectives(grippe H1N1,peak oil,réchauffement climatique…) plus ou moins en prise avec le réel mais toujours matérialiste.Dans les deux catégories un défaut de spiritualité ne permettant plus de faire passer la pilule…
je déblogue…
Ps :les peurs collectives sont plus avouables et occultent les précédentes…
« Peur millénariste » ? Qui vous parle d’avoir peur ?
j’allais le dire aussi « qui vous parle d’avoir peur » ?
le texte Hégel n’evoque pas la peur mais essaie de capter les signes d’un processus de changement en cours , « les nervures »
ce texte est superbe
L’Horreur économique est un essai de Viviane Forrester paru en 1996 :à lire sans effroi.Ce matin même sur France culture invité Dominique Lecourt, philosophe, sur l’un de ses ouvrages paru l’an dernier : L’âge de la peur paru chez Bayard.
Piotr,
Vous avez énoncé les peurs associées au vieillissement. Vous n’avez pas fait le lien entre ce vieillissement et les peurs collectives hormis une affirmation selon laquelle ce lien existe. Votre réponse est insuffisante.
Je ne vois pas du tout comment vous reliez la peur du vieillissement au Peak Oil, par exemple. Un autre problème avec votre réponse est que le pétrole diminue vraiment. Nous sommes à plus de 87 millions de barils par jour et cela pendant une période de crise économique. Je doute sérieusement que la terre remplace le pétrole à cette vitesse. Avec les grippes H1N1 et H5N1, j’admets que l’industrie pharmaceutique s’est copieusement sucrée sur notre dos. Admettez que la grippe espagnole de 1918 a été une catastrophe. Une grippe aussi méchante va réapparaitre. C’est inévitable. Quel est le rapport entre la peur de la grippe ou d’une pandémie et le vieillissement ? J’y vois un motif d’inquiétude. Des cyniques en profitent. Cette idée me semble une bien meilleure explication que le vieillissement. Votre piste n’en est pas une.
Pire, si vouloir savoir où l’on va est une marque de peur, tout humain est terrifié. Si vouloir savoir où l’on va est une marque d’égocentrisme, alors tout le savoir humain est une marque d’égocentrisme.
Bref, je ne comprends pas votre réponse.
Je parle ,mais c’est une pure hypothèse de sociétés vieillissantes au sens biologique et peut être même au sens historique donc plus fragile et perméable à la peur qu’elle soit individuelle ou collective,ces dernières entrant d’ailleurs dans des stratégies marketing …Les jeunes gens qui en veulent, fuient volontiers la sclérose voire l’athéro-sclérose hexagonale…bandes de petits cons me direz-vous…
Si vous pensez que mes explications sont fumeuses ,mettez moi un 1 sur 20 pour les frais de bureau.
Je décris maladroitement une crise de sénescence occidentale avec peut être en filigrane les premiers stigmates de ma propre entrée en hiver.
Plus ne suis que j’estoy…
Hhmm.. Piotr.
Je te comprends mais ne te suis pas.
Et… tous nos artistes françois dont même l’Italie n’eut pu faire ombrage…???
Un peu moins en peinture, mais en musique…
Pour fréquenter des esprits créatifs, surprenants (et en même temps retords, bande d’enfoirés), je peux te garantir que le franchouillard de base est capable de choses assez extraordinaires qui n’est actuellement brimé que par la finance, car le fric est par définition ce qui bride un esprit.
Par deux courants que je n’expliquerai que si plusieurs ici me le réclament.
Est ce que tu concèdes une perte de vitalité de l’occident ? Un déclin?
Est ce que cette perte d’élan pourrait être liée pour partie au vieillissement de la population…
Si tu me répond non j’en fait pas un plat…
Parle nous plutôt de tes deux courants ici ou dans nervures (2)…
Si la confrérie est d’accord…
A Yvan.
@ P. Jorion :
Pour ma part, il me semble que nous sommes dans une période de nervation pédalé, car nous pédalons dans la semoule …
Et parlant de la chose, Attali parle du Ksous que veut nous faire avaler le FMI :
http://blogs.lexpress.fr/attali/2010/03/une-monnaie-pour-le-monde.php
Indigeste. Les carottes sont trop cuites …
Le « Ksous » ? Qu’est-ce donc ? Il me semble qu’Attali se montre très sceptique si j’en juge à sa conclusion: « Dans ce cas, la proposition de Dominique Strauss Kahn reviendrait à faire fonctionner une nouvelle planche à billets, émettant une monnaie de plus, qui compléterait la panoplie des financements imaginaires de déficits illimités, emportant le monde dans une épouvantable glissade. »
Pourtant, si la finance brûle, ce ne serait pas une mauvaise idée de la noyer sous un déluge de monnaie. Ne serait-ce pas préférable à la seule solution actuellement envisagée qui consiste à pomper nos euros ?
‘couscous’ en marocain (ou plutôt en berbère, car le couscous est d’origine berbère : ma femme, qui est chleuh, dit ‘ksou’ mais de fait, cela devrait plutôt s’écrire ‘kseksu’ et se prononce de fait ‘ks(o)u’ comme diminutif) …
Exact pour Attali. ça en dit long sur le positionnement des ‘élites’ qui étaient ‘au coeur des ténèbres’ il y a peu et qui jugent ‘insuffisante’ ou inadaptée’ la solution préconisée, qui ne sera qu’une solution à court terme, pour sauver ‘boudu’ des eaux, si la pression devient insupportable. Elle ne remet rien en cause, et pour cause (future monnaie ‘de réserve’ mondiale, aussi mondiale soit elle, ne permettra pas de liquider la liquidité créée).
Cordialement.
@zebu
Nervation pédalée !!! hilarant :=)
Il faudrait régulièrement faire cet exercice de pensée: « Que pensera t’on de nous dans 1000 ans? »
Il nous manque une sorte de surmoi collectif et historique.
Nous jugera-t-on aussi durement que nous le faisons quand nous parlons du moyen-âge? Probablement. En plus eux ils auront les images! les discours des hommes politiques et les débats à la télé. Terrifiant quand on y pense! Nous seront la risée pour l’éternité.
Doucement. Le problème de conservation des données n’est toujours pas résolu. Notre bibliothèque d’Alexandrie est en cendres.
Plus que Caligula?
Plus que Néron?
Plus que Jules Ferry soutenant que la colonisation est souhaitable et même un devoir pour les races supérieures?
etc…
Alors le Nous doit englober tout ceux-là
et cela suppose que nos descendants soient plus sages que nous et plus clairvoyants
@Hegel (!)
« … ce que l’histoire et l’expérience nous enseigne, c’est que ni les peuples ni les gouvernements n’ont jamais rien appris de l’histoire, et encore moins agi selon ses leçons »
Mr Hegel, le peuple n’a pas vocation à comprendre l’histoire, c’est l’apanage des historiens ! L’Histoire a été, est et sera toujours l’hagiographie de l’Etat : l’histoire des vainqueurs, et pas celle des vaincus. Si vous pouviez voir notre siècle de là-haut, vous observerez un jour l’Etat capitaliste dans ses derniers soubresauts, convoquer un « Grenelle de l’Economie » pour légitimer son action de façon historique. Ce Grenelle racontera l’histoire du nouvel ordre mondial, nouvelle hagiographie d’un super état, avec ses politiciens comme figures historiques. L’Etat n’a pas à comprendre ses fautes, puisqu’il est le législateur, elles sont légitimes, même les guerres. La grande Histoire est alors celle des guerres militaires et économiques des états contre leurs peuples. A quoi servent donc les manuels d’histoire sinon à faire peur aux petits enfants ? Peut-être à les préparer à devenir adultes et un jour de dire « non ! », mais alors l’humanité n’a jamais été adulte.
Oui, entièrement d’accord avec toi.
« la mémoire des vaincus », Michel Ragon
Beau groupe de personnes qui ne désirent nullement que l’humain évolue…
Du moment que vous n’êtes que trois.
@Yvan,
Qui vous dis que je ne veux pas voir l’humanité grandir ?
Tant que nous faisons des guerres, et tant que nous disons « moi moi, moi ! » comme les enfants de deux ans, nous ne sommes pas une civilisation d’adultes.
Parmi les nervures, je crois que nous aurons une alliance du progrès et de l’écologie qui se combineront à un approfondissement de la démocratie pour certains pays et avec des régimes autoritaires pour d’autres. La force des choses devrait aussi pousser vos préconisations en matière de finance.
Au préalable, je vois malheureusement un accroissement de la lutte acharnée pour l’accès aux matières premières.
« nous aurons une alliance du progrès et de l’écologie » : il y a une faute de syntaxe dans votre proposition, il fallait dire: « alliance du progrès et de la pollution », pour cause d’OGM et de nano-matériaux. 🙂
les effets de la contingence sont plus puissants qu’on ne l’imagine, et notre imagination est à géométrie variable, selon notre position, sous influence.
seul le chat de Schrödinger connait toutes les solutions.
« Le probable est la désintégration. L’improbable mais possible est la métamorphose. Qu’est-ce qu’une métamorphose ? » selon Edgar Morin
Eloge de la métamorphose
C’est un lien facebook, et j’ignore s’il fonctionne pour tous
http://www.facebook.com/topic.php?uid=53363545963&topic=15119
Bien sûr que nos sociétés peuvent se « métamorphoser », et elles vont le faire ! Mais ce sera pire que maintenant ! Les nano-objets vont nous envahir et, d’ici 50 ans, en avoir une dizaine dans le corps et le cerveau semblera aussi « normal » que porter des lunettes !!!!!
Bonjour à tou-te-s,
Voilà ce qu’elle m’avait inspiré en la lisant :
« Dédicace à l’espérance »
inspiré par l’éloge de la métamorphose
d’Edgar Morin
Les cinq principes de l’espérance
Valent la peine d’être rappelés
Pour re-susciter la vivance
Qui nous libère des barbelés !
Le surgissement de l’improbable
A fait ses preuves dans notre Histoire
Pour montrer que nous sommes capables
De surmonter le désespoir !
Les vertus ré-génératrices
Inhérentes à l’humanité
Deviennent des forces créatrices
Qui peuvent transformer les cités !
C’est ainsi qu’après une crise
L’humanité se régénère
Pour éviter quelques méprises
Ayant conduit à cette galère !
Ainsi : « Là où croît le péril
Croît aussi ce qui sauve » dit-on
Le risque suprême est utile
La chance de faire fuir le maton !
L’aspiration à l’harmonie
Inscrite dans nos origines
Nous éloigne de l’agonie
Pour sauver l’homme en héroïne !
Edgar Morin est assez clair
Il souhaite une métamorphose
De l’humanité pour sur Terre
Voir enfin notre Vie en rose !
Signature : luami CREER
http://luami.viabloga.com
Bon voyage dans la Vie !
Merci joelle, le lien fonctionne et vaut le coup d’oeil. Par contre, les liens dans les commentaires de ce texte sont réservés aux abonnés.
Merci pour le terme de « nervures ».
Asimov avait créé le spersonnage d’Harry Seldon.
Une sorte de météorologue de l’histoire.
Il déduisait l’avenir à partir des données de 10000 ans de l’histoire de « fondation et empire »!
Asimov ne connaissait pas les bases de données actuelles et les supercalculateurs massivement parallèles.
Hello, AH.
Mais Asimov a très bien compris ce qu’aller donner les tous premiers ordinateurs à lampes.
En parlant d’Asimov, nous évoquons ici, souvent sans le savoir : Pavlov, Maslow et, dans cet article, une pointe d’orgues de Staline basée sur la proba.
Décidément, les US ont bien fait de recruter des Russes.
Bonsoir,
Psychohistorien, pour donner le terme exact.
Cordialement
TARTAR
Après avoir cru 25 ans au déterminisme historique (comme base du scénario de ses livres), Asimov a compris les enseignements de la mécanique quantique et de la physique moderne et a écrit un quatrième tome de la trilogie de Fondation, « Fondation foudroyée » où il épouse plutôt l’hypothèse Gaïa d’une Terre organisme vivant sorte de bio-noosphère consciente d’elle-même.
L’indétermination n’est pas la liberté mais elle est quand même plus éloignée de l’absurde que le déterminisme…
Relire Asimov aujourd’hui c’est franchement gondolant ( mais commme l’éternité c’est un peu long surtout vers la fin…) Sa vision de l’informatique – et du nucléaire- c’est à se tordre ! Et c’est si typiquement soviétique pour un californien.
Bon j’ai pas lu le dernier tome « fondation foudroyée » visiblement remise au goût du jour « new age ». En fait je n’ai même pas fini les premiers, je me souviens d’avoir veinement attendu un personnage féminin avant d’abandonner…et sur la planète Machin Chose la place des « épouses » était à l’élevage de la progéniture inter- galactique si je ne m’abuse…
Stimulante introduction qui demande réflexion. J’y reviendrai: il faut que les choses se décantent dans mon maigre esprit.
Hhmm.. ayant étudié la statistique et les proba, je ne peux que confirmer partiellement.
Partiellement car nous pouvons avoir une vision de l’avenir sur du court terme. Au delà, les divergences sont trop nombreuses.
Tiens… j’ai écrit « court terme », non..??
Ce qui est le crédo de tout « bon » « investisseur ». Dire qu’ils recrutent dans ma filière…
Je pense qu’il y a un autre phénomène concernant l’humain.
Simplement le fait qu’il juge qu’il peut être meilleur que ceux qui l’ont fait naitre. Du fait de l’accélération du progrès technologique, des connaissances qu’il a…
Chose amusante, actuellement, en école d’ingénieur, l’accent est mis principalement non plus sur la connaissance voire même la compréhension de domaines un peu périphériques, mais sur la gestion de l’information et le pilotage d’experts de domaines restreints.
Et oui… nous avons maintenant TROP d’informations à gérer…
N.B.: j’aurais pu, vu mon jeune age, utiliser les termes knowledge et management, mais ces termes english me gonflent franchement grave lorsque l’on sait parler un minimum français.
à vous pouvez dire management des connaissances
Vous parlez de quelle école ?
cordialement
Monsieur Roche, je parlais ingénieur en général.
Je suis purement industriel venant du CESI.
De toute façonh, pas d’illusion. Soit nous laissons aux autres l’accès final au matières premières et à l’énergie, en nous appauvrissant « volontairement », soit ce sera la guerre pour les miettes restantes.
J’avais un ami qui, lorsque nous étions en groupe à table, se servait toujours en premier du meilleur morceau et justifiait cela en disant: » de toute façon, puisque vous êtes très polis, vous ne le prendrez pas et si je me sert en dernier, c’est moi qui en hériterait.. donc, c’est pareil »
Raisonnement imparable!
Alors on se sert les premiers ? Car dans le monde qui nous entoure, aucun risque que les autres, par charité, nous laissent le plus petit morceau si nous ne le réclamons pas (de force ou en le payant plus cher)
De mon coté, c’était une parente qui coupait toujours les patisseries en parts très inégales, et qui, en cas de protestation, déclarait invariablement :
» L’égalité, ça n’existe pas «
Oui, la métamorphose, est nécessaire, et comme vous le savez, l’opération est parfois douloureuse, mais nécessaire, oui, comme une lente maturation vers l’état d’adulte, qui se rappelle enfin de l’enfant qu’il a été… ce serait tellement bien.
Mais je rêve, je suis une femme, je n’ai pas le pouvoir, je ne suis ni économiste, ni politique, je ne suis que… poète ? peut-être?… vous pensez bien que cela n’a aucune espèce d’importance…
Eh bien, je suis joyeuse, moi, car nous allons à coup sûr vers un avenir différent. C’est il y a trente ans que ma jeunesse a désespéré. Je me suis battue comme une lionne… pour cet état du monde? Eh bien, NON!
Aujourd’hui, l’ignominie apparaît à tous, enfin! Si elle se maintient, alors il faudra définitivement désespérer des hommes… et je dis bien des hommes… je ne dis pas encore des femmes… on ne sait pas de quoi elles sont capables. Ce qu’elles ont réalisé, c’est sous la coupe du pouvoir patriarcale… comment voulez-vous une réponse?
Mais pensez-y…je ne désespère pas encore, je crois en les hommes…
Le capitalisme n’est pas l’avenir du monde, c’est déjà son passé… et cela me remplit d’une joie spinozienne! Nous vivons sans doute ses derniers spasmes méchants… cela peut durer un moment, j’en conviens, tellement la bête est cruelle, mais pas bien longtemps au regard de l’âge de la terre. Exit le capitalisme…on doit trouver autre chose, et vite.
Plus les hommes intelligents se ligueront de ce côté-là, et mieux le monde se remettra… Toutes les femmes seront avec eux! Ce qui fait bien du monde, l’air de rien…
Bon, d’accord, je suis une pétroleuse incorrigible, mais je pense avoir raison, contre tous. Alors, je continue mon cirque, asta la victoria! Car ce que j’aime, moi aussi, c’est gagner…!!!!
Vous parlez bien étrangement des hommes, mais n’oubliez pas que nous sommes égaux, peut être pas dans nos moyens ou notre nature, mais assurément dans nos travers. Un homme stupide et riche n’est jamais seul. Ne vous méprenez pas, vous avez tous les pouvoirs à présent. Seulement vous vous obstinez à utiliser les même armes que nous, que vous ne possédez pas, et vous voulez que nous ussions des même que vous, que nous ne possédons pas plus.
Dans votre conquête effréné pour votre émancipation, vous avez souvent oublié ce qu’était la virilité, comme nous avons oublié ce qu’était la féminité. Il y a plein d’hypothèses pour l’expliquer, mais je ne saurai me prononcer d’avantage ici.
En revanche, je sais qu’une société est mixte par nature, et que partant, il faut bien se garder de blâmer l’autre sex.
Cela dit, si vous souhaitez voir des hommes debouts, je vais vous avouer un petit poême :
Nous ne sommes plus si petit, lorsque nos chaînes tombent, que nous mettons pour vous, par respect pour vous. Quand de garder la clef vous serez lasses, sachez qu’un dieu dort sous la carcasse… Ouvrez dont les portes d’Apsû.
Dans la série des avenirs manipulés, je vous présente une tragédie grecque…
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20100302trib000482966/crise-grecque-nouvelles-mesures-d-economies-pour-eviter-la-banqueroute.html
« Crise grecque : nouvelles mesures d’économies pour éviter « la banqueroute » »
Politicien un jour, politicien pour des générations…
Dire que coté droite comme gauche, deux familles produisent les dirigeants depuis deux générations, les gènes doivent être particulièrement performants, et surtout, la corruption et le clientèlisme identiques à tous les autres pays dominés par les US. Soit la totalité moins 3 pays du monde.
Le problème est que tout le monde voit des nervures et des bifurcations, mais pas les mêmes, d’où le statut quo actuel dans lequel restent les politiques qui se disent qu’une horloge en panne indique 2 fois par jour la bonne heure.
Le problème avec ce blog c’est qu’il est plus passionnant de le lire que d’étudier. P J a réussi a ressortir un Hegel, chapeau. Moi je n’arrive même plus à commencer un livre. Avant, je n’arrivais plus à les finir, depuis les « Notes de chevet » il y a 10 ans, mais j’atteignais la moitié. Depuis, ça ne s’arrange pas !!!
@ Piotr
« C’est un thème récurrent sur ce blog ,une tentative de dessiner l’avenir en fonction d’un certain nombre de paramètres (économiques ,climatiques ,géologiques,anthropologiques,et maintenant historiques).Moi j’appelle ,ça peur millénariste.Cette peur qui à la fois épouse et masque,des peurs plus intimes propres aux sociétés vieillissantes. »
Oui oui, évidemment, et jamais ô grand jamais le Gulf Stream ne s’arrêtera, l’éternel Gulf Stream…. Non non non, jamais ! C’est comme l’immobilier : ça ne s’arrête jamais de monter ! ah ah ah !
« L’histoire est, par essence, science du changement. Elle sait et elle enseigne que deux événements ne se reproduisent jamais tout à fait de façon semblable, parce que jamais les conditions ne coïncident exactement. Sans doute, reconnaît-elle, dans l’évolution humaine, des éléments sinon permanents du moins durables. C’est pour avouer, en même temps, la variété presque infinie, de leurs combinaisons.
Sans doute, admet-elle, d’une civilisation à l’autre, certaines répétitions, sinon trait pour trait, du moins dans les grandes lignes du développement. Elle constate alors que, des deux parts, les conditions majeures ont été sembables. Elle peut s’essayer à pénétrer l’avenir; elle n’est pas, je crois, incapable d’y parvenir. Mais ses leçons ne sont point que le passé recommence, que ce qui a été hier sera demain. Sur ses feuilles de recherche, les lignes, dont les faits écoulés lui dictent le tracé, ne sont jamais des droites; elle n’y voit inscrites que des courbes, et ce sont des courbes encore que, par extrapolation, elle s’efforce de prolonger vers l’incertain des temps. »
Marc BLOCH: L’étrange défaite, témoignage écrit en 1940, première publication Société des Editions Franc-Tireur, 1946.
Héraclite
Qui fait d’abord le destin d’une société le politicien ou le marchand ? Si je ne puis rien changé du cœur de l’autre aujourd’hui comment le pourrais-je demain ? Qui fait l’histoire ? Qui me raconte d’abord une meilleure histoire à la télé ? La marque ou le marché ? Qui veut faire encore parti des premières personnes à conduire le monde à la faillite morale.
Détendons-nous qui se souviendra de nous dans 2000 ans, c’est sur nos lointains descendants se demanderont qui étaient vraiment les plus insensés des hommes de notre temps.
(à suivre…)
« Les nervures de l’avenir » : Très joli.
Encore que j’aime bien, dans un style nettement plus ishikawa(ien), les Arêtes du présent ! 😉
Putain faut vraiment que j’arrête avec ces smileys idiots.
Demain, promis, sevrage.
Waddington aurait dit « chréode », René Thom « bassin d’attracteur », Paul Jorion ajoute « nervure », ce qui appelle l’archet…OK, c’est « précieux « , :-).
Oui : c’est la chréode de Waddington.
une petite parenthèse philosophique si je puis:
la triste réalité si je puis dire c’est que nous sommes arrivées collectivement à un moment de l’histoire ou la valeur argent ne devrait plus être une fin mais un moyen, à un moment de l’histoire ou nous devrions tous œuvrer pour un monde meilleur, explorer plus en profondeur notre proche banlieue, mais non une caste de puissant à décider que le pouvoir ultime devait passer par l’argent, en fait nous sommes face au défit ultime:
Abattre la dernière relique barbare de notre histoire, l’argent en tant que fin (accumulation), détruire le temple (la bourse), et ses églises (les banques), et museler son ministère (de l’économie), bref tournée la page sur cette religion, oui nous parlons bien de religion.
Le libéralisme est le dogme du capitalisme, et si tout simplement la disparition des religions dans le monde occidentale avait été remplacé simplement par le capitalisme libéralisé, et la consommation de masse dans les temples supermarchés ?
Il est bien question d’une crise de civilisation occidentale et de son dogme libérale.
C’est peut être pour cela que se paradigme est si dur à quitter car il est question plus de croyance et de foie que de réalité finalement…
un exemple: souvent ici bcp penses que sans croissance ni capitalisme (carotte) pas d’évolution, et si justement on n’avait pas la réponse puisque un vrai système basé sur la connaissance et le développement des individus pour le bien de tous n’était pas limité et l’argent mais plutôt aux capacités de chacun?
votre avis?
Si je puis vous répondre ainsi, religion et économie n’ont absolument rien à voir, même si Weber voulait y voir des liens de cause à effet et que l’islam propose aujourd’hui des modèles de vertu.
Non, en réalité c’est bien plus complexe. L’économie est avant tout un système d’échange, pragmatique, de création humaine, basé sur un outil simple : l’argent. Je pense qu’il est préférable d’en rester là et de ne pas faire d’amalgames du type que vous évoquez. La croyance est la croyance, l’économie est l’économie. Même s’il y a interactions, il n’y a pas chimérisme.
En ce sens, je considère essentiel l’effort de M. Jorion pour nous informer sur ces outils et nous permettre ainsi d’y voir plus clair.
Cela dit vous avez raison, une grande caractéristique du capitalisme (qui est UNE économie) est qu’il pousse au libéralisme, ainsi qu’à l’individualisme et au délitement des valeurs et des modes de vie. Et ce pour la simple raison qu’il invoque l’ouverture des marchés, la diversification de l’offre, le progré, et la standardisation.
Le libéralisme est un truc informe, ou à défaut, un argument multiforme. Au niveau économique de base, il donne à chacun l’autorisation morale d’échanger ce qu’il souhaite. Au niveau idéologique, il »s’oppose à l’assujettissement des individus », donc est par essence anarchiste. A partir de là, je ne cherche même plus à comprendre car il n’y a plus de logique. Ce n’est plus affaire que de sensibilité. Mais il n’y a pas croyance en soit.
Il y a croyance par défaut de sens, c’est donc de la croyance évanescente, non construite, de la crispation, des cauchemars d’enfants. On voit des choses bouger dans le noir…
La croyance religieuse est construite, d’orientation absolue et vise à l’épanouissement de l’être. Il n’y a aucun rapprochement à faire avec cet isme qu’est le capitalisme…
Merci Hentarbleiz d’avoir répondu:
Il y a pour moi deux choses la réalité de tous les jours (ce qui se passe) et ce qui se passe vraiment.
Pourquoi j’en viens à parler de « religion libérale », tout simplement parce que si vous prenez le temps d’écouter des radio comme BFM ou de lire des revue de presses comme latribune ou les echos ou encore bloomberg, enfin de lire tout ce qui est lié de prêt ou de loin au marché. souvent vous vous rendrez compte que l’on vous ressort la « messe » en permanence: Le marché est porteur de valeur, le marché est créateur de richesse etc…
Qu’est ce que le marché en réalité?
Il est à noté que là dans ce cas là quand les interlocuteurs vous parle de ce genre d’argument pour décrire le marché nous sommes plus dans le domaine de la croyance que du pragmatisme statistique non?
Autre dogme du libérale (et ultra libérale) : L’état n’est pas capable de gérer, l’égalité n’est pas possible il faut une carotte pour faire avancer le monde etc, la destruction créatrice, l’argente créateur de richesse etc…
Tout ceci qui est souvent martelé par les analystes et économistes financier sont aussi des croyances, la destruction n’a jamais rien créer sauf de la destruction, non ? Enfin je veux dire oui il y a potentiellement création après destruction mais ce n’est jamais garantie.
L’argent créateur de richesse, c’est vrai si cela est appliqué rigoureusement (chaque $ créer est investit dans l’économie réel) mais a partir du moment ou les 3/4 des masses monétaires ne sert qu’a spéculer en bourse il n’y a plus création de richesse, il n’y a que destruction de valeur.
Et ce n’est pas le fait d’entendre des responsable de grand groupe parler de ratio de « pour un baril de brut il y a 10 papiers en circulation « et identiquement sur toutes matières premières et sans compter tous les autres produits dérivés qui tournent autour qui est là pour me rassurer quand au bon emploie de la richesse.
Est ce que nous évoluons dans la même réalité ?
Quand j’entends les mêmes « spécialistes » sur BFM radio s’excuser d’être technique quand il parle juste de chose comme des émissions obligataires , et de demander au présentateur d’une radio économique si il faut qu’il explique, c’est que la guerre de la connaissance est perdue.
Au lieu d’abreuver nos jeunes de connerie, il serait bon de les éduquer aussi sur l’économie, ce qui éviterai à tous ces messieurs de bricoler dans leur coin, et quand ils sont pris la main dans le sac de donner de vraie explication au lieu de se retrancher lamentablement derrière le : »c’est trop technique vous ne pouvez pas comprendre, je ne peux pas vous expliquer »…
Plus la croyance est forte et plus le paradigme sera dur à dissiper… en ce sens nous avons connus la même chose avec la religion quand il y a eu séparation de l’église et de l’état.
@ Hentarbleiz
Max Weber : « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme ».
Sans être une religion, le capitalisme impose quand-même des modes de pensé, plus ou moins confus.
Il m’a toujours semblé que « La croissance » était invoquée par les hommes politiques comme une divinité mineure, Aphrodite, timide et blessée sur le champ de bataille par la lance d’un héros grèque, dans l’Illiade….Elle arrive tout juste à sortir Enée de la mêlée… Divinité fuyante, improbable, toujours attendue, maintenant comme Godot, évanescente.
L’économie devient une religion lorsque les hommes politiques s’en emparent pour dire des contre-vérités, cet à dire déraper dans une méthaphysique économique. L’économie est l’opium des politiques, un discours irréel cherchant à rassurer, dont tout est faux, et le principal est non-dit. Il y a d’un point de vue athée, une correspondance dans les mensonges ou dans les discours sur ce qui n’existe pas…
Que l’argent n’a de valeur que grâce à ceux qui en manquent, dans un système ou les prix ne sont pas fixés, voilà ce qui n’est jamais proclamé. Par le côté de l’illusion, la religion côtoyè l’économie, le mirage économique tel qu’on le déverse sur la population.
Si vous n’avez pas en face de vous une personne qui accepte votre argent, le vôtre ne sert à rien. Or dans cet échange d’argent contre marchandise, service, travail, l’argent est d’autant plus puissant que le rapport capitaliste est déséquilibré. Plus la différence entre riche et pauvre est grande et plus la valeur du capital est grande. C’est ceci la lutte des classes.
Bref. Le discours monothéiste économique, monomaniaque, remplace bel et bien la métaphysique religieuse comme explication des causes dernières….explication du début et de l afin de toute choses. Il n’y a plus que ce discours et la Bourse est la cathédrale du CAC 40, Dow, Dax, Etc.
Le diable étant le communisme, dieux évincé, jeté dans l’enfer. Le bien et le mal. D’un point de vue structurel, le découpage du monde opéré par les libéraux est étonnament proche d’un univer religieux.
C’est la thèse de Dany Robert Dufour et son livre: « le divin marché ».
Je renvoie aussi au livre: « la nouvelle raison du monde » de Pierre Dardot et Christian Laval. difficile lecture, mais très intéressante analyse du néolibéralisme comme logique du capitalisme contemporain.Je cite: »par des voies multiples, le néolibéralisme s’est imposé comme la nouvelle raison du monde, qui fait de la concurrence la norme universelle des conduites et ne laisse intacte aucune sphère de l’existence humaine, individuelle ou collective. Cette logique normative érode jusqu’à la conception classique de la démocratie. Elle introduit des formes nouvelles d’assujettissement qui constituent, pour ceux qui la contestent, un défi politique et intellectuel inédit »
« …lié de prêt » Quel joli lapsus.
lou dit : »Elle introduit des formes nouvelles d’assujettissement qui constituent, pour ceux qui la contestent, un défi politique et intellectuel inédit »
Très intéressant et merci pour cette vision, mais pour moi il n’y plus de défi politique ni intellectuel, enfin il n’existe pas car le système en lui même n’admet pas de contradiction.
Il n’y a qu’a voir l’intervention de Paul à la télé et l’on comprend bien que ce défi de confrontation de croyance est énorme tellement le néolibéralisme est enraciné dans la pensée unique des agents économique, tout à été taillé ou en cours de réforme pour le néolibéralisme, cela doit être la norme et toute contradiction nié.
Puisque le Communisme à prouvé par lui même qu’aucun autre système ne peux contredire la victoire totale du néolibéralisme (enfin 2008 tends à nous rappeler la chute du communisme mais version libérale), sauf que c’est une victoire par défaut puisqu’aucun des deux pour moi n’est viable puisque chacun porte en lui les germes des excès (dans un sens et dans l’autre) ce qui peux marcher est un savent mélange d’équilibre.
Je me considère comme » Laïc » au niveau économique, pour moi la bonne solution est de garder un système juste et qui serve l’économie (un moyen) et non pas une fin (économie casino). Ce qui rejoint le capitalisme 2 qu’à publié Paul aujourd’hui.
C’est une thèse intéressante mais je ne suis toujours pas convaincu. Elle est basée sur un rapprochement entre la réthorique et la religion. Il y a là des noeuds à démêler pour éviter les amalgames. J’espère que je n’en créerai pas d’autre ici…
Lisztfr, vous écrivez « L’économie devient une religion lorsque les hommes politiques s’en emparent pour dire des contre-vérités, cet à dire déraper dans une méthaphysique économique. »
Il y a là une erreur fondamentale dans la conception de la religion. Elle ne dit pas des contre-vérités, elle présente sa vérité, qui est sensible et donc valant en elle-même et pour elle même. Elle n’est pas basée seulement sur des paradigmes conceptuels, mais sur une sensibilité, une éthique ainsi qu’un corpus symbolique lié à cette sensibilité.
La religion n’est pas la métaphysique. La métaphysique est athée (à la limite agnostique) et explicative. La religion est telle quelle, même si les mysticismes ont une tendance, dans leur cadre, à l’explication. La différence majeure entre une religion et une métaphysique, c’est le fait qu’une métaphysique peut se passer la plupart du temps de sensibilité pour être mené à bien. Elle est purement rationnelle dans son paradigme.
L’ économique est certes souvent métaphysique, car en mouvement et demandant réflexion, mais jamais religieux, car ne faisant cas d’aucune valeur et d’aucune sensibilité. Les machines n’ont que l’âme qu’on leur prête. Le discours politique lui, en revanche, fait souvent appel à la religion. Mais c’est là un fourvoiement. La religion ne se mêle en principe que d’elle même. Le discours ecclésiastique ne vaut que pour l’église, même si la sagesse qu’il dégage peut être appliquée ailleurs.
« Il y a d’un point de vue athée, une correspondance dans les mensonges ou dans les discours sur ce qui n’existe pas… »
D’un point de vue athée, sans doute… Mais c’est justement là une affaire d’ignorance, l’athée étant pour moi celui qui déclare son ignorance de la religion. Pour clarifier ce principe : Le ritualiste est celui qui déclare chercher, le dogmatique celui qui déclare essayer de comprendre et le fanatique celui qui déclare avoir trouvé. L’intégriste celui qui fait de son parcours le seul valable. Le sage étant celui qui connait les limites des déclarations.
Quand on ne sait rien, tout ce qu’on nous dit doit être pris avec croyance, car on n’a aucune grille de lecture qui corresponde à une sensibilité propre. C’est ici que le discours religieux rejoint le discours rhétorique : dans l’ignorance de la sensibilité sous-jacente.
Sur le reste je vous rejoins, l’économie est devenue le discours dominant, et traite des échanges humains. En outre elle présente ce qui est bien et ce qui est mal : ce qui est bien rapporte, ce qui est mal ne rapporte pas. Mais c’est là simplement le discours d’un robot, d’une machine.
Ce n’est en aucun cas un discours religieux, qui lui dira plutôt, cela est bien parce que cela est bien…
Lou, vous citez Pierre Dardot et christian Laval. C’est là un état de fait pertinent qu’ils présentent dans le passage que vous citez. Mais leur conclusion est justement, pour moi, qu’il n’y a pas religion mais contre-religion. La religion étant une base de sensibilité commune qui lie des fidèles entre eux et traite de leur vivre ensemble. Elle donne en outre une place importante à la construction de l’être (seul ou collectif). Le néolibéralisme est justement son contraire : dans un échange massif il érode ce qui constitue l’être pour ne laisser de place qu’à l’échange, à ce qu’il y a entre les hommes, et fait ainsi de l’homme un système d’information au service de ce qu’il y a dans cet entre deux… A quoi bon alors l’individu puisque l’efficacité maximale est dans la neutralité des réseaux ? L’individualisme est pour moi la réaction identitaire à cette tendance : au 0 on oppose le 1.
Tout discours politique traitant d’économie n’est pas un discours moral, mais technique, et partant, n’a pas à être considéré comme morale (et encore moins religieux!). La morale, c’est autre chose, qui doit être défendue au delà de toute technique. C’est dans le détachement de l’un et de l’autre qu’on peut agir sur l’un pour préserver l’autre, et éviter les totalitarismes.
Mais je suis peut être là seulement dans l’ignorance sensible du fait économico-religieux… je suis un athée vis à vis de l’économie.^^
@ Paul
Votre conception du temps est-elle linéaire ou cyclique ? Certains disent que si l’Histoire ne se répète pas il arrive qu’elle tousse. Ce que disait Hegel au début du XIXe siècle est-il toujours valable aujourd’hui ?
Beau billet qui permet de prendre un peu de hauteur et de ramener les choses à de plus justes proportions.
Il vient d’ailleurs comme en écho à mon éternel débat avec Fab, que je salue au passage.
J’aime surtout cette façon de voir les choses parce que c’est une manière de dire que les puissants ne sont pas aussi puissants qu’on le dit. La perspective habituelle c’est la perspective mécaniste avec son jeu de boules de billard se mouvant sur le tapis immuable de l’histoire avec ses acteurs inchangés — ou d’autres assumant des rôles identiques — qui nous fait penser que l’histoire peut se lire comme une série de séquences linéaires inscrites dans un cadre intangible. C’est une pure illusion d’optique.
La métaphore biologique est déjà beaucoup plus pertinente car elle implique l’idée du tout supérieur à la somme des parties, de même qu’elle réintroduit l’idée de gestation. Cependant, en tant que simple métaphore, elle n’égale pas encore un réel où se mêle la réflexion et les affects humains dont les produits permettent de déceler les fameuses nervures, ou nouvelles lignes de forces, qui relient déjà le passé au présent et le présent au futur possible.
Autrement dit, c’est parce que l’esprit humain décèle ces linéaments que ceux-ci acquièrent une certaine consistance. N’oublions pas que nous sommes au monde et que ce monde doit une partie de ses caractéristiques au fait que nous y sommes. Le futur n’est inscrit dans le passé que de façon tout à fait probabiliste et ces probabilités peuvent varier grandement si de façon tout à fait improbable une nouvelle façon de considérer le monde se fait jour, permettant alors d’exploiter le potentiel de réalités jusqu’ici inaperçues.
Or dans un proche avenir et même à moyen terme on voit très mal quelle révolution énergétique, quelle découverte d’un monde habité, ou toute autre invention, pourrait révolutionner à ce point notre vision du monde. Les puissants ne disposent donc pas de l’espace supplémentaire intellectuel ou physique dont ils auraient besoin pour poursuivre la logique expansionniste d’un système auquel se rapporte toute leur arrogante superbe.
La seule conclusion à laquelle on aboutit alors est que les nervures sont balisées par les limites physiques et intellectuelles du système finissant. Pratiquement ceci implique qu’il n’est plus nécessaire de se battre sur le terrain de l’adversaire car ce terrain se dérobe sous ses pieds. Il faut donc aller de l’avant et lui signifier sa défaite en lui indiquant quelle est la nouvelle dimension du monde et les nouvelles règles du jeu qui lui sont le mieux appropriées, celles qui s’imposeront et sans lesquelles l’humanité tout entière n’y survivrait pas, ou alors dans des conditions tellement précaires qu’il ne serait plus être question de métamorphose.
le biologique ne l’est plus depuis longtemps, et particulièrement depuis les OGM
Pierre Yves D
Cette élevation du débat, ce nouvel argument disponible en cas de conflit, sont ils nombreux à le voir ou à le ressentir ?
Pas si sur en fait. La guerre est loin, comme dit Michel Serres, aucun des dirigeants actuels en politique ne l’a connu. Dans la population, qui à le temps ou l’inclinaison de se préoccuper de ce sujet de réflexion ?
Comme vous dites, plus de terre à conquérir, moins d’énergie à bruler, ascenseur technologique en panne, et donc, la première étape va consister à abandonner ces rêves de confort et de progrès pour tous. Mais nous n’en sommes même pas là : Le système continue pour se perpétuer, de promettre pour plutard (comme la religion) le monde meilleur. Plus dure sera la perte de ces illusions.
Comment avancer avec une population élevée hors sol – comme dit J Bové – qui passe 4 heures par jour devant un écran (wiki :un écran est une surface ou un obstacle destiné à protéger quelque chose ou quelqu’un d’une source ….) et qui lors d’une conversation n’est plus capable que de faire référence au dernier média consulté en rapport avec la discussion….
Pour moi, il faudra bien passer par une phase de réalité, plus ou moins dure, pour retablir un contact vrai, entre les hommes, et avec leur environnement.
Vous connaissez ? http://calebirri.unblog.fr/
Très bien, merci….
Plus loin plus fort que Paul et F. Lordon ….. houhouhou
merci Paul, super introduction. J’aime bien ce style imagé. Aucune avancée majeure ne se fait sans observation de la nature.
Si nous analysons et étudions l’Histoire, ce qui devrait nous donner des leçons, le fait est que nous reproduisons pour l’essentiel les mêmes erreurs. Et ce, de manière quasi systématique. A la limite c’est bien,.On a tous les exemples pour savoir où ça nous mène.
Hegel parle de peuples et gouvernements. Mais si on parlait civilisation. (c’est quoi une civilisation?). Je dirais une souche. Le fût, un empire, les branches maîtresse les sociétés dominantes, les autres les pays. Pleins de nervures partout. De la souche aux feuilles. Que vivons nous aujourd’hui? Le pourrissement de la souche ou bien seulement l’abattage de l’arbre. La fin de l’empire consumériste, ou juste une branche maîtresse :l’EurUsa.
La souche a la vie dure, même si on coupe l’arbre, les surgeons resurgissent. C’est tenace un surgeon.. comme l’humanité d’ailleurs. Mais les nervures vont toujours dans le même sens, celui de la vie. Quand à leur direction, on a peu de prise pour les guider, comme les ronds dans l’eau qui tracent des cercles à l’infini. Alors que faire pour leur trajectoire?
Soyons pratique.
On connaît déjà les trois fondamentaux qui régissent les grandes reconstructions modernes: les après-guerre. L’agriculture, l’industrie, les mines. Manger, s’outiller, l’extraction des matières premières. A des dosages et noms différents suivant les siècles, entre eux leur outil d’échange économique reste identique: l’argent comme mode de transaction. C’est pratique l’argent, comme l’eau, ça circule partout; Sauf s’il y a rétention, des barrages. Alors une branche casse, cessant d’être nourri. Définir déjà si c’est une civilisation que nous abandonnons ou un empire basé sur le commerce, la colonisation et l’avidité reine, me semble être une bonne piste. Pour la direction, on seraient gonflés de dire qu’on a pas d’éléments de Savoir. 7000Ans d’Histoire tangible, des milliers de livre écris par des sages, des philosophes, des érudits et même des scientifiques (mais c’est plus rare 🙂 ) ; On nous auras prévenu, c’est la Sagesse, mais ça, c’est une autre histoire..
La mienne est modeste: restaurer ma paix intime, et agir au quotidien sur mes mauvais réflexes conditionnés. Les plus grandes révolutions sont intérieurs.
les êtres de nature intermédiaire ni végétal ni animal, en particulier les levures et les moisissures, ont des stratégies de vie et d’évolution intéressantes et peu explorées
A M Jorion, je vous invite à vous intéresser si ce n’est déjà fait à « l’infime amorce », dans la pensée chinoise et aux « transformations silencieuses », je crois que c’est aussi le titre d’un des derniers livres de François Jullien.
excellent, logique sans tiers exclu, en particulier, pas le tiers ni quart ni quint monde
C’est en effet étonnant cette liaison ratée entre l’Histoire et les politiques dont il semble qu’ils aient le plus grand mal à en retenir la moindre leçon. Ce n’est pourtant pas faute de l’avoir étudiée…
En 2007 je m’étais amusé à regarder la formation d’origine des 17 Elus qui composaient l’équipe « politique » de Ségolène Royal ( c’est évidemment un exemple…transposable): Sur 17 personnes environ la moitié étaient des « historiens » ( D. Batho, Julien Dray, V. Feltesse, David Assouline, D. Bertinnotti, Manuel Valls…)+ le classique lot de Science Po/ENA. Seulement 2 avaient une formation économique et aucun n’avait la moindre expérience de l’Entreprise et de ses environnements.
Très instructif !
Oui mais Science Po… ne mérite que du mépris, comme dit Rompuy. Ils méritent le mépris car ils se trompent. On ne sait pas s’ils mentent ou s’ils sont de bonne fois, mais, peu importe. D’autre s’occuperont de leur « cas ». Les libéraux mentent ou se trompent. Qu’ils sortent d’une grande école ne change rien à l’affaire. Les prêtres aussi sortaient d’écoles prestigieuses, et pourtant ! et les médecins de Molière…
L’abesse, le prêtre, le curée, quel prestige… et pourtant leur discours est totalement faux, de A à Z. Il en va de même pour nos écoles modernes, Science Po, ENA, Harvard. La preuve, ils sont co-responsables de la crise. La réalité prouve qu’ils se sont trompés, malgré ou grâce à leur supposée intelligence, d’emprunt. Ils ont en fait, un QI d’huitre.
La psychanalyse se trompe, on l’admet : la patient se suicide, il faut pourtant des décénies à admettre que quelque chose cloche dans la cure première version, il y a répétition, pulsion de mort, etc. En économie, il suffit de prendre une calculatrice pour voir que tout est faux, et pourtant ils en sont incapables. C’est grave.
La demande maximale ne peut dépasser ce qu’on range sous la rubrique « cout du travail » cette demande est par conséquent TOUJOURS inférieure à l’offre et nécessite donc un endettement non pas structurel mais essentiel. De ceci il n’y a AUCUN moyen de sortir et dire le contraire est un mensonge. C’est porquoi, lorsuq’on ment, on récolte le mérpis.
« L’histoire est une suite de mensonges sur laquelle nous nous sommes mis d’accord » Napoléon
Plus philosophiquement, je n’y vois qu’un univers transpercé par la flèche chaotique du temps, avide de naissances, de vies et de morts. Ouroboros, mon beau serpent, le cycle éternel de la nature n’est point.
« La vie n’est qu’une ombre qui passe, un pauvre acteur qui se pavane et s’agite durant son heure sur la scène et qu’ensuite on n’entend plus. C’est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien » Shakespeare
« L’histoire est, par essence, science du changement. Elle sait et elle enseigne que deux événements ne se reproduisent jamais tout à fait de façon semblable, parce que jamais les conditions ne coïncident exactement. »
Eh bien, tout de même j’ai l’impression que des processus identiques sont à l’oeuvre quelle que soit l’époque considérée, par exemple dans la vie et la mort des empires. La « méta-nation » devient plus arogante, agressive et envieuse au fur et à mesure qu’elle s’étend, ses dirigeants sont dépassés par les enjeux et le pouvoir qu’ils détiennent – beaucoup deviennent tout simplement fous – tout cela on l’observe souvent, non ? Avec le diable pour s’occuper des détails…
Les certitudes de la contrainte de répétition versus le Cygne Noir (la donnée imprévisible).
Le commissaire européen Barnier rassure les fonds spéculatifs
En visite ce mardi à Londres, le Français, chargé des services financiers à Bruxelles, s’est dit «à l’écoute» des gestionnaires de hedge funds, inquiets des projets de réforme de la régulation financière européenne.