Opinion: à la recherche du paradigme perdu, par François Leclerc »

Billet invité.

A LA RECHERCHE DU PARADIGME PERDU

A croissance économique proche de zéro durable – ainsi que cela est prévisible – il n’y a pas dix mille manières de diminuer l’endettement, à moins de dégager de nouvelles sources de financement d’une dette dont on accepterait qu’elle soit reconnue comme éternelle (ce qu’elle est déjà de facto pour les pays les plus endettés). Il n’en reste que deux : augmenter les impôts et taxes ou diminuer les dépenses. Car si la tendance est à la quasi-stagnation de la croissance, a fortiori si l’on en exclut la contribution empoisonnée des services financiers, rien n’est à attendre de ce côté-là.

Le principal danger aujourd’hui à notre porte n’est plus l’inflation du prix des produits et des services, mais une déflation dont l’évocation semble redoutée à elle seule, puisqu’elle est soigneusement tue. La question étant bien de savoir si les pays occidentaux, Etats-Unis compris, vont ou non s’engager dans l’ornière déflationniste dans lequel le Japon est coincé depuis plusieurs années sans parvenir à en sortir.

En tout état de cause, l’économie des pays occidentaux est globalement entrée dans une nouvelle période, appelée à durer une ou plusieurs décennies, dont les paramètres ont changé du tout au tout par rapport à la précédente. La Grande Crise a sonné la fin de la partie précédente et il va falloir s’adapter à une nouvelle donne, dont tous les effets ne sont pas encore mesurés.

La première voie – l’augmentation de la pression fiscale – pourrait concerner les hauts revenus, mais elle est pour le moment résolument écartée par les gouvernements occidentaux, à quelques nuances près, qui montrent ainsi savoir parfois faire preuve de détermination. Il serait néanmoins envisageable d’améliorer le recouvrement de l’impôt. Pas uniquement en luttant contre l’évasion fiscale des riches particuliers, ou en supprimant des niches fiscales, mais aussi en modifiant les conditions dans lesquelles l’impôt sur les sociétés est perçu (en combattant à la racine l’utilisation des « prix de transfert » au sein des groupes transnationaux). Cela ne semble pas davantage à l’ordre du jour.

Par voie de conséquence, les coupes budgétaires sont à elles seules à l’affiche. Deux considérations pouvant en limiter l’ampleur et les rendre relativement moins insupportables. Elles ont en premier lieu comme conséquence, en boucle, d’amoindrir le pouvoir d’achat, et donc en cascade la consommation, la croissance économique, et au final les recettes fiscales. Et de faire entrer les économies occidentales dans une spirale descendante. En second lieu, d’approfondir une crise sociale encore largement occultée, mais dont le spectacle va finir par s’imposer au grand jour, dans toute son étendue, ne pouvant plus être comme aujourd’hui souvent ignoré. Le phénomène, qui résulte de l’aggravation d’un chômage devenu structurel (c’est à dire permanent), étant aggravé par la détérioration des comptes sociaux en raison de l’évolution prévisible de la pyramide des âges (qui a bon dos).

Quelles pourraient être les conséquences d’une telle politique, si toutefois elle est réellement engagée, puis poursuivie ? Ce qui a été appelé la fracture sociale en sortira alors approfondie et élargie. Précipitant dans le monde d’en bas – celui ont on ne peut désormais plus remonter – des pans entiers de la société qui bénéficiaient jusqu’à maintenant de la prospérité à crédit, leurs rémunérations ne suivant pas l’accroissement global de la richesse. Accroissant un sentiment général de précarité et d’insécurité déjà installé, qui faisait dernièrement évoquer au médiateur français de la République le caractère anxiogène ambiant régnant dans la société. Amplifiant la recherche individuelle d’issues collectives de plus en plus bouchées, l’évasion vers des dérivatifs qui ne peuvent de ce point de vue être comparés qu’aux jeux du cirque, accentuant la marginalisation et la résignation, générant enfin, sporadiquement, des révoltes lourdement criminalisées.

Il est également possible de voir en filigrane dans la Grande Crise actuelle et ses conséquences une sorte de tiers mondisation des sociétés occidentales, en réalité déjà très avancée pour qui par exemple parcourt les Etats-Unis, ou bien ouvre grand les yeux en Europe et ne s’en tient pas à la vision passablement déformée de la société que lui présente les médias qui font majoritairement référence. Un phénomène qui n’est pas attribuable à l’immigration, chargée de tous les pêchés par commodité pour ne pas voir le reste, mais qui résulte d’une polarisation sociale irréversible de la société. Avec comme corollaire la montée de cette économie de survie que l’on appelle informelle, criminalisée à outrance pour mieux la démoniser.

Les effets de la mondialisation – telle qu’elle a été engagée – n’ont été en premier lieu perçus qu’au travers les délocalisations d’entreprises et de la production, puis en second en raison de l’arrivée massive sur les marchés occidentaux de produits provenant des pays émergents, accentuant une désindustrialisation engagée au nom d’impératifs financiers. Il est aussi possible de prédire que, de la même manière que des modes de consommations identiques de produits similaires se sont imposés sur toute la planète (au sein des couches sociales disposant d’un revenu y donnant accès), des structurations sociales de même nature – sinon de même ampleur – vont se développer dans ces deux mondes hier parallèles mais désormais de plus en plus liés que sont les sociétés développées et émergentes. Des mondes dont les rapports sont en train de considérablement évoluer et dont l’interconnexion se développe, les seconds jouent un rôle économique de plus en plus prépondérant, les échanges de toute nature entre eux se multipliant, commerciaux mais aussi culturels et humains.

Nos sociétés évoluent donc à grande vitesse sous les effets de ce changement d’axe économique du monde, qui n’est pas encore achevé et va se poursuivre, ainsi que sous ceux de la Grande Crise, qui ne fait que débuter. Tracer cette perspective ne signifie cependant pas qu’elle est inéluctable.

Lui faire obstacle suppose qu’au sein de nos sociétés, condamnées sous leur forme actuelle, surgisse avec force une alternative qui ne soit pas uniquement faite d’un repli illusoire sur son pays, sa région, ses proches ou encore soi-même, mais qui prenne en compte non seulement nos besoins mais aussi ceux des autres. Que soit ouvertement lancée la grande aventure que pourrait être la naissance non pas d’une nation mais d’une autre société, rompant avec l’actuelle qui donne tant de signes d’épuisement et de détresse. Prenant en compte non seulement l’accomplissement des solidarités humaines, mais également l’établissement d’un rapport respectueux envers la nature, dont nous sommes incontestablement un des éléments les plus précieux mais tellement menacé.

Le pire n’est heureusement pas toujours sur. Car le système a commencé à s’auto-détruire avec beaucoup de conviction et de constance, et tout montre qu’il n’a pas fini le travail. Ouvrant un espace dont il est possible de bénéficier pour faire valoir une autre logique, ou tout simplement un autre espoir.

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161 réponses à “Opinion: à la recherche du paradigme perdu, par François Leclerc »”

  1. Avatar de bruno
    bruno

    comment tuer le capitalisme?contrainte : une seule régle à changer!
    reponse (d’un humble systemien): supprimer le profit!
    transformer les sa en sa à but non lucratif,developper les mutuelles,les cooperatives,suppression de la speculation puisque le profit est supprimer
    c’est simple,juste,republicain et çà élimine toutes les questions de croissance,décroissance,etc

    1. Avatar de ALBIN
      ALBIN

      Le profit, c’est la carotte.
      Comment comptez-vous faire avancer les ânes ? Au bâton comme dans les régimes communistes ?
      Allez-voir les tribus d’Océanie où tout est réparti « selon les besoins de chacun » dans le village. Allez-vous imposer ce mode de vie s’il vous convient aux autres et venir nous parler de démocratie ensuite selon un discours trop connu ?

    2. Avatar de nemo3637
      nemo3637

      Dans les tribus de l’Océanie où « tout est réparti selon les besoins », ce n’est pas si mal après tout.

    3. Avatar de nemo
      nemo

      Le profit, c’est la carotte.
      Comment comptez-vous faire avancer les ânes ? Au bâton comme dans les régimes communistes ?

      bof , bof pour ce genre de commentaire , relisez vous et demandez vous si vous ne faites pas parti de ceux que l’on dois faire avancer

    4. Avatar de ALBIN
      ALBIN

      @Nemo3637
      Sur ce blog, il y a pas mal de personnes qui n’ont pas besoin qu’on leur dicte des conseils de conduite surtout précédés de bof bof bof !
      Le drame du XXème siècle a été qu’au nom d’idéologies certains ont voulu imposer leur vision du « bonheur « à d’autres humains.
      On peut espérer que le XXIème siècle sera le siècle de la tolérance du « laissez les vivre ».
      Le bouddhisme n’a jamais reçu un accueil aussi grand en occident que depuis 15 ans.
      Le grand défi sera justement de conserver un espace de liberté individuelle dans une société ultra violente et ultra uniformisée en 2 classes : les élites et les autres

    5. Avatar de xbrossard
      xbrossard

      @Albin

      certe le profit est la carotte, mais dans ce cas, pourquoi ne pas la partager avec tout le monde? pourquoi ne pas imposer que cette carotte soit équitablement partagé entre tout les acteurs de chaque entreprise?

      après tout, c’est bien des lois qui ont imposés le salaire minimal, les charges sociales, etc…donc faisons pareil pour le profit

  2. Avatar de 4 Août
    4 Août

    « Lui faire obstacle suppose qu’au sein de nos sociétés, condamnées sous leur forme actuelle, surgisse avec force une alternative qui ne soit pas uniquement faite d’un repli illusoire sur son pays, sa région, ses proches ou encore soi-même, mais qui prenne en compte non seulement nos besoins mais aussi ceux des autres. Que soit ouvertement lancée la grande aventure que pourrait être la naissance non pas d’une nation mais d’une autre société, rompant avec l’actuelle qui donne tant de signes d’épuisement et de détresse. Prenant en compte non seulement l’accomplissement des solidarités humaines, mais également l’établissement d’un rapport respectueux envers la nature, dont nous sommes incontestablement un des éléments précieux mais si menacé. »

    Cette force alternative existe. Par contre la dernière fois que j’y ai fait référence ici, le post n’est pas passé…

    1. Avatar de ALBIN
      ALBIN

      La forme sociétale qui a la plus grande probabilité de concrétisation viendra des pays où il y a la plus forte densité humaine associée à la puissance économique: La Chine, l’Inde, les USA et dans une moindre mesure la Russie qui est une puissance militaire. Quelle est donc le « trend » ?
      Une société clivée entre ceux qui ont une forte compétence technique tirée d’une instruction « cosmopolite », donc une élite mondialisée interchangeable et une masse prolétarienne.
      Une société dirigée par une caste politique autoritaire autant que technocratique pour laquelle la notion de démocratie est un artifice destiné à amuser les prolétaires. Une police toute puissante pour faire régner l’ordre propice à l’enrichissement des 2 élites.
      La Chine apporte l’exemple du libéralisme autoritaire aux ordres du parti
      Les USA apportent la notion du mépris des minorités par une élite financière
      L’Inde apporte la notion de société de castes
      La Russie apporte le modèle de la toute puissance de la police
      Les européens vivent certainement la fin d’une ère d’ »état de grâce démocratique »

  3. Avatar de astrorock
    astrorock

    Bjr.

    Retour de vacances, les dernieres avant longtemps sous cette forme, tant j’observe au quotidien a travers mon activite professionnelle le delitement de ce qui caracterisait notre societe.

    La rapidite de ce qui se passe est aussi impressionante, et comme les postulats et les institutions, petites ou grandes, sont grosso modo indentiques a celles qui etaient en place il y a 10 ans, alors meme que je les trouvaient depassees, la course a l’abime est entamee.

    Ho, cela risque quand meme, malgre la vitesse ou le monde change, de prendre quelques années, mais il me semble que te temps nous est compte et qu’il ne nous reste pas tant de tamps pour, non pas inverser la tendeance, mais rester maitre a minima de notre destin.

    J’ai neanmoins bien peur, realiste que je suius, que l’europe quitte l’histoire, et que l’UE soit definitivement une ilusion, toutes les federations explosant a un moment ou l’autre de leur histoire.

    Il vas nous faloir changer, profondement, non pas retourner dans les cavernes, mais aller (retourner?) a l’essentiel, se depouiller, du paraitre.

    Tout cela ne signifie pas la fin du capitalisme ou plutot du marche, mais un marche autrement, plus divers, car il ne fait aucun doute dans mon esprit que les geants qui se constituent sous nos yeux, se leurent sur leur chance de survie, comme dans le regne animal, c’est les rapides qui prennent des risques qui evoluent et survivent, hors la nature du geant est d’etre lent et timoree, sur de sa taille et de l’illusion de sa force.

    Bref, si la potion est, pour le moment amere, il y a encore de l’espoir.

  4. Avatar de PR

    Bizarre, et la 3° solution ? La monétisation de la dette au profit de la collectivité ? (Sans passer par l’endettement). Ce n’est pas une mince différence !
    Elle permet de ne tailler ni les dépenses, ni d’augmenter les taxes.
    Personnellement, je pense que les fusils vont partir tout seuls…

    1. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      Evoquée :

      à moins de dégager de nouvelles sources de financement

  5. Avatar de laurence
    laurence

    @ Monsieur Leclerc,

    votre humour macabre arrive à me faire sourire en dépit de votre cruelle lucidité…

    Mais la question est posée.

    Quels vont être NOS CHOIX ?

  6. Avatar de TL
    TL

    Tout à fait d’accord.

    Une seule chose : hormis la hausse des recettes et la baisse des dépenses publiques, il y a aussi le recours à l’émission monétaire (rachat de la dette publique par la banque centrale) comme moyen de diminuer la dette.

    Mais Maastricht nous en empêche ! Nous allons dans le mur à cause de Maastricht.
    J’avais 8 ans quand ce traité a été voté ! En tant qu’économiste et au vu de l’ombre de la crise qui plane sur les finances publiques, je voterais non et je ferais campagne activement pour le non s’il fallait le revoter.

  7. Avatar de ULTEC
    ULTEC

    Merci François pour ce billet, : la tiers mondialisation de nos sociétés dites « pays riches » ou « occidentales » est effectivement en marche. Le livre récent de Florence Aubenas en est un éclairage singulier saisissant.
    La paupérisation d’une strate de plus en plus importante de la société n’est pas inéluctable mais bien engagée; mais, pour qui garde présent à l’esprit les phénomènes d’auto-émergence à partir du chaos, il existe une possibilité d’espérer: mais dans combien de temps ??? grande question, qui n’a qu’une seule réponse : que faisons nous maintenant, là, aurons nous assez d’intelligence et serons nous assez nombreux pour faire éclore qq part un petit bout de force alternative. Ou mieux, donner une petite chance que s’agrègent toutes les petites forces alternatives déjà présentes mais non connectées. La grosse affaire : inter connexion des acteurs d’espoir.

  8. Avatar de EOMENOS
    EOMENOS

    Il existe une troisième manière, très efficace, de diminuer la dette : c’est la nier. Cela ne saurait tarder car c’est plus facile, quitte s’il le faut à en découdre. Casser la gueule au créancier (ou le liquider) c’est vachement plus efficace, là au moins c’est sûr si on est le plus costaud y reviendra pas vous emmerder d’autant que tant qu’à faire il convient de lui piquer le reste de ses avoirs, histoire d’être à flot pour un bon bout de temps.

    Si vous perdez vous serez esclave mais ça ne change pas beaucoup lorsqu’on doit trainer une dette irremboursable…

    1. Avatar de TARTAR
      TARTAR

      La dette de la France est en obligations dans nos assurances vies.
      Répudier la dette c’est spolier ses propres citoyens, les plus « honnêtes », pas les spéculateurs.

    2. Avatar de xbrossard
      xbrossard

      @tartar

      spolier les assurances vie des français? cela représente quel pourcentage de la population? une part minoritaire

      les autres solutions impacte beaucoup plus de monde, mais il est vrai que les détenteurs d’argent ont beaucoup plus de pouvoir et peuvent ainsi empêcher la répudation de leur dette (qui, comble de la schizophrénie, est une dette injuste imposée par des français à d’autres français qui paieront par l’impôt) ou l’utilisation de l’inflation pour réduire cette même dette

  9. Avatar de Blake
    Blake

    Pourquoi pas vous manifester, si le sort de vos enfants vous intéresse, vous aussi ?

    http://www.stopparadisfiscaux.fr

    Tout ce qu’ils espèrent c’est 50,000 signatures !

  10. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    Si la crise devait durer plusieurs années une décennie par exemple, c’est sur cela ne va pas du tout arranger les affaires de nos politiciens.

    La femme enfante souvent dans la douleur et en plus la météo qui s’y met, comme pour nous dire qu’il n’y a peut-être pas non plus que le matériel dans la vie et que le plus concret à voir dans une société ce n’est peut-être pas non plus 100% ce genre de valeurs si rapidement périssables sous les eaux. Mais non on ne comprend toujours rien à rien et recommence de nouveau à réclamer partout de l’argent en urgence et à reconstruire rapidement sur du sable. Dettes sur dettes, taxes sur taxes pas étonnant que le monde s’en porte pas mieux au fil du temps qui est encore spirituel de nos jours sans doute pas le plus grand nombre hélas ….

  11. Avatar de Lambert Francis
    Lambert Francis

    Bravo comme toujours,
    la mondialisation est enfin banalisée en tiers mondialisation en cours pour nous.
    Mais pour d’autres:

    La Chine en tête… à bien des égards, par Addison Wiggin
    http://www.la-chronique-agora.com/articles/20100301-2540.html
    (…)
    – pas d’impôts sur les bénéfices ;
    – pas d’impôts sur la propriété ;
    – pas d’impôts locaux ou nationaux ;
    – un impôt raisonnable de 35% pour ceux qui gagnent le plus ;
    – des impôts sur les entreprises de 0% pendant trois ans puis de 15% par an ensuite.
    « Et surtout, ce n’est pas une économie casino comme les Etats-Unis. La Chine va vendre 30% de véhicules de plus cette année que ce qu’il va se vendre aux Etats-Unis… 93% de ces véhicules vont être payés cash ».
    « Pour un prêt immobilier, vous avez besoin d’un apport de 30%. Pour qu’une entreprise privée obtienne un prêt, il faut justifier des actifs de la compagnie, c’est-à-dire le site et les équipements. Il n’y a pas d’effet de levier ici ».
    « C’est un pays dans lequel il n’y a qu’un parti, mais au moins il se concentre sur son peuple. [Aux Etats-Unis], nous avons un système à deux partis, qui nous ont tous les deux laissés tomber.
    (…)
    « Des systèmes de trains à grande vitesse qui fonctionnent, 50 nouveaux aéroports au cours des cinq dernières années — il faut le voir pour le croire ».

    1. Avatar de kerema29
      kerema29

      Pour les 50 nouveaux aéroports, il va falloir trouver beaucoup de kérosène pour les faire fonctionner d’ici 15 ou 20 ans, voir le site de Jean Marc Jancovici; c’est pas gagné même pour la Chine…..

    2. Avatar de Lambert Francis
      Lambert Francis

      L’économie est comme une course, aux ressources en l’occurence.
      Presque tout le monde arrive au bout … l’ordre change radicalement.

      L’Angleterre a été la première puissance industrielle, la Belgique 2e … actuellement c’est au niveau de continents entiers que les places se courent.
      La déplétion des ressources joue pour tout le monde : certains régressent, d’autres avancent d’une manière impressionante alors qu’ils remontent de bien loin.

      Nous arriverons au bout de l’étape … mais à une place rabaissant l’arrogance toujours aussi étonnante de nos Nations. Et dans quel état pour la suivante ?

    3. Avatar de clemence daerdenne
      clemence daerdenne

      c’est un nouveau courant politique trés tendance : vanter le developpement economique des dictatures.
      D’ailleurs, Mr Poutine regarde son grand frére chinois avec un vif interet pour justifier sa propension à de futurs tours de vis des libertés individuelles, sur le mode « donner moi le pouvoir absolu, et je régle tous vos problémes ».

      On commence à voir poindre ici ou là des commentaires, des reflexions sur le théme « la dictature aide au developpement ». Nul doute, que leglissement sémantique va etre rapide et vite ressembler à « vous ne trouvez pas que la democratie est un frein à l’economie ? »…
      On sait pourtant où cela méne.

      On oppose souvent pays emergeants et pays occidentaux.

      je me demande parfois, paradoxalement, si tous ces peuples n’ont pas une communauté de destin :
      les pays emergents (ou plutot explosants) ne devront-ils pas gérer l’accroissement brutale de la richesse avec comme corollaire les soulevements populaires pour sa répartition, l’environnement et la conquete de la liberté ?
      quand à nous, pays occidentaux ne devrons-nous pas gérer la paupérisation invasive et … les soulevements populaires pour la repartition de la richesse, l’environnement et la RE-conquete de la liberté ?

  12. Avatar de jide

    Un autre espoir ?
    Un INDISPENSABLE espoir, oui, c’est ça ou une dépression durable avec addiction aux anxiolytiques.
    C’est l’espoir qui me fait bêcher mon jardin (bientôt), qui permet de construire sur le long terme, qui donne envie d’éduquer ses enfants le plus convenablement possible.

    Mais il est dur de le garder cet espoir, quand les faits, jours après jours, montrent que le pire est toujours dépassé, dans le bêtise, la cupidité, l’ignorance.

    Ce sont des petites bulles comme ce blog qui permet de cristalliser cet espoir, merci aussi pour cela.

    1. Avatar de clemence daerdenne
      clemence daerdenne

      « becher son jardin  »
      c’est terre à terre , mais là, je suis carrément envieuse

  13. Avatar de Bruno II
    Bruno II

    Merci François de mettre en forme si parfaitement, pour mieux le dépasser, ce pessimisme qui sourd de partout

  14. Avatar de charles
    charles

    En écho cette analyse de Zygmunt Bauman ( né en 1922 et toujours socialiste )

     » Plus que tout autre chose, ‘l’Etat-providence'( que je préfère appeler l’etat social, un nom qui déplace l’accent mis sur la redistribution de bénéfices matériels vers leurs motifs partagés et buts de leur fourniture ) a été un arrangement de solidarité humaine inventé, précisément, comme pour empecher sa tendance actuelle,i.e tous les efforts de la ‘privatisation’, la tendance à effondrer les réseaux de liens humains et miner les fondations sociales de la solidarité humaine, alors que l’état social visait à unir ses membres dans une tentative de protéger chacun et chacune de la moralement dévastatrice compétition de la guerre ‘tous contre tous’  » ( Living on borrowed time, 2009 ) IL NOUS FAUT CHANGER LE PARADIGME

    1. Avatar de Jérémie
      Jérémie

      Oui difficile d’avoir encore de l’espoir de nos jours.

      Un jour j’ai même pensé à contacter personnellement un élu histoire d’avoir mieux à témoigner de mon quotidien sans guère d’intermédiaires de plus, hélas par la suite comme j’ai bien regretté cette démarche, bizarrement j’ai même eu l’impression d’avoir perdu davantage ma dignité d’homme, il est vrai que lorsque vous vous adressez à ce genre de personnes faut voir à qui vous avez affaire, oui, des gens qui se moquent pas mal de vous en fait, et qui préfèrent souvent vous juger de haut, voire même parfois vous rappeler bien plus tard, à quand le jugement dernier à l’égard du chômeur certainement pas non plus venant de cette gauche actuelle dans laquelle je ne me reconnais plus du tout, ne parlons même pas non plus de cette droite ce n’est pas mieux non plus à voir, pourvu que ça dure pire même en période de crise.

      Et dire qu’il y a encore des gens qui s’adressent à eux pour les faire mousser à l’antenne, oui je dois dire que je suis un peu en colère moi aussi aujourd’hui et pas seulement contre les gens du capitalisme …

  15. Avatar de Candy says...
    Candy says…

    Merci pour ce texte débordant d’humanité, François. Je devine au nombre inhabituel de fautes de frappe qu’il a été rédigé dans un moment de colère et d’angoisse devant la tournure que prennent les événements et l’aveuglement de nos gouvernements. Colère et angoisse que nous sommes nombreux à partager avec vous.

    Vous terminez sur une note d’espoir, puisque nous en sommes arrivés à ne plus voir comme seule et unique lueur au bout du tunnel que l’auto-destruction de cette « société » aberrante dans laquelle nous vivons.
    Disons que tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir. Et j’ajouterais qu’il n’y a plus eu autant d’espoir depuis longtemps dans nos contrées. Que ce système mortifère finisse de s’effondrer, et vite… Que nous puissions enfin recommencer à nous investir dans un projet qui ait de l’avenir au lieu de contempler ce spectacle dégradant qui n’en finit pas de nous faire vomir.

  16. Avatar de Crapaud Rouge
    Crapaud Rouge

    « Lui faire obstacle suppose qu’au sein de nos sociétés, condamnées sous leur forme actuelle, surgisse avec force une alternative… » : j’approuve le diagnostic et l’image fort suggestive de tiers mondisation de nos économies dites « avancées », mais pourquoi faudrait-il que nous sachions d’ores et déjà identifier une autre solution ? A mon avis, les sociétés humaines évoluent comme les espèces de Darwin : il est impossible de prédire dans quel sens elles vont évoluer, donc on ne peut pas décrire comment elles seront plus tard, donc on ne peut pas décrire comment elles pourraient devenir ce qu’elles seront plus tard, donc il n’y a ni solution ni alternative descriptible. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a ni solution ni alternative « tout court ».

    1. Avatar de ULTEC
      ULTEC

      à crapaud rouge : 100% d’accord, mais FL parle d’émergence d’une force alternative, sans rien préciser, à juste raison et en accord avec vos propos, de ce que donnera cette puissance émergente mais encore immergée pour le moment ….

    2. Avatar de TARTAR
      TARTAR

      On peut toujours espérer mais c’est une posture.
      C’est ainsi que fonctionne le mental des politiques:
      Il préparent la « reprise », ils l’ »espèrent » mais ne savent absolument pas la « provoquer ».
      Vieux voeux pieux.

    3. Avatar de krym
      krym

      @ Crapaud Rouge : François leclerc évoque un espoir, un projet , un projet conceptualisé qui viendrait, et qui serait partagé en masse. Il ne s’agit pas de prédiction, on a déjà donné dans les prédictions « scientifiques » de type marxiste et ça ne passera plus (ça c’est mon opinion). Votre parallèle avec le darwinisme ( le vrai, c’est à dire la biologie actuelle dépassant le génétisme des dernières décennies du dernier siècle) qui est anti-détermiste est séduisante. Cela laisse la voie libre au projet politique.
      Ce type de projet a vu le jour dans l’histoire récente, c’était le projet ouvrier/socialiste/libertaire et il a réussi ( mais oui !), en Europe et en Amérique sous la forme intégrante des politiques social-démocrates démocratiques et syndicalistes, jusqu’à l’avènement des libéraux. Une réussite qui s’est payé au prix fort de la soumission aux politiques impérialistes et de l’auto-écrasement des espoirs internationalistes, certes…

  17. Avatar de Rumbo

    Démondialiser l’économie, démondialiser la monnaie . De toute façon, la mondialisation devra, sous la pression des « événements », être triée au peigne fin. Sachant bien que par exemple le pétrole, le gaz, le charbon, et tout ce qui est associé à ce type d’énergie (produits énergétiques d’origine fossile), ne peut être que mondialisé. Mais comme la consommation de pétrole, vaille que vaille, devrait décliner sur le long terme pour de nombreuses raisons à peu près convergentes (trop longues à développer ici), ce serait là la « remise en place », la remise à SA place, de la mondialisation et son interdépendance, qui n’est qu’une dépendance tout court. Une dépendance camouflée par des intérêts économiques et financiers dont on assiste à présent à la crise déterminante, une dépendance camouflée par les idéologies qui vont avec et qui nous égarent (et pour cause), une dépendance accrue à la centralisation financière qui constitue un « gouvernement » qui ne dit pas son nom et dont il devient impératif de se soustraire car cette centralisation « mondialiste » pervertit par en haut ce qui reste encore d’organisation sociale. Le contrôle de la monnaie tel qu’il existe actuellement échappe aux sociétés qui se retrouvent lanternées. Si nous ne réagissons pas, ce sera la liberté pour la mondialisation contre celle des individus. C’est à dire tout le contraire du principe de subsidiarité qui, lui, protège, par nature, la liberté des individus en construisant une structure viable et saine.

  18. Avatar de domini CB
    domini CB

    Je lève mon verre à la naissance de la civilisation sororale et fraternelle
    des connaissances partagées sur la planète tout entière
    À vous à nous chaque jour et chacun à son niveau selon ses dispositions
    et ses possibilités
    Envoyer

    1. Avatar de clemence daerdenne
      clemence daerdenne

      je léve mon verre et trinque avec vous !
      on verra bien pour la gueule de bois demain matin

    2. Avatar de domini CB
      domini CB

      À clemence daerdenne,
      Santé !

    3. Avatar de domini CB
      domini CB

      … et aussi :
      la gueule de bois, c’est pour qui en a déjà la langue

  19. Avatar de Michel MARTIN

    Actualité de la crise et perspectives, merci de nous aider à décoder les panneaux du carrefour des directions incertaines auquel nous nous situons. Avons-nous une chance de nous orienter vers un monde pacifié et plus respectueux de notre cadre et des autres? Votre réalisme ne vous autorise pas à donner trop de crédit à une telle issue, mais vous ne vous résolvez toutefois pas à sombrer dans un trop grand et peut-être même entrevoyez-vous une chance pour que nous sortions de ce monde épuisé et écoeurant.
    Votre sensibilité sociale apparaît clairement dans vos billets, toutefois, je n’ai pas jusqu’ici, réussi à décoder quelle société vous appelleriez de vos voeux. Quelle est votre vision pour demain, la société que vous aimeriez voir se construire?

    1. Avatar de François Leclerc
      François Leclerc

      Je n’entre pas davantage dans le sujet, car il s’agit d’ouvrir une perspective et non pas de la fermer par ce qui pourrait être ressenti comme des a priori. Il y a de la place pour une large variété de points de vue au sein de celle-ci !

    2. Avatar de nemo3637
      nemo3637

      Là François Leclerc a une réponse très juste.

  20. Avatar de Trugarez
    Trugarez

    c’est clair

  21. Avatar de liervol
    liervol

    Il se détruit effectivement de trop de cupidité, rien d’autre que cela.

  22. Avatar de roma
    roma

    Puisqu’un peu marionnette d’un jeu d’aliénation gagnants gagnants y a t-il lieu de reprendre l’histoire là où vraiment c’est trop opaque je veux dire les impôts – qu’on paye utilement même si c’est pas facile- et comment se débrouillent nos méritants maîtres du jeu.
    a propos des prix de transfert, pour qui aime fouiner dans le droit financier (bras ô combien politique de la finance!). du « Réseau pour la Justice Fiscale »; « taxez-nous si vous pouvez »:
    http://www.taxjustice.net/cms/upload/pdf/TUIYC_-_edition_francaise_-_30_Aout_2005.pdf
    + un site pour signer pétition, si ça peut y faire… http://www.stopparadisfiscaux.fr/
    bon courage!

  23. Avatar de Pipas
    Pipas

    Merci pour ce billet et votre ouverture finale. Ne perdons pas espoir.

    « Le principal danger aujourd’hui à notre porte n’est plus l’inflation des prix des produits et des services »

    Si c’était seulement le cas… Hélas sans revenus conséquents, étudiants, retraités et sans emplois sous le seuil -symbolique- de la pauvreté ne se réjouiront guère de la déflation. La vie restera dure.
    Serres dit « la pauvreté est une vertu, la misère est un malheur ».
    Le pire, en fait, c’est que les nécessiteux des pays riches (nous sommes tous les riches capricieux de quelqu’un) jalousent encore les breloques brillantes de l’élite.

    S’agissant des biens mobiliers: stocker et détruire, gaspiller en leur prévoyant une durée de vie minime, voilà des raisons à la surproduction et à la déflation. Pas de croissance sans gâchis. Combien de vos vêtements sont réellement usés avant que vous ne couriez (moi le premier hélas, ma femme ne supporte plus mes guenilles) en racheter? Rien à dire, elles bossent bien, les gamines bangladeshis.
    Quant à l’immobilier… Tant que la pression démographique ou les lois iniques ne reculeront pas, pas de déflation en perspective. Des squats, des expulsions, des tentes, oui.

    « Car le système a commencé à s’auto-détruire avec beaucoup de conviction et de constance, et tout montre qu’il n’a pas fini le travail »
    Et si c’était le cas, si le système était déjà fini, mais qu’il tentait de survivre en tant qu’esprit, qu’idéologie, que forme sans contenu? Une sorte de charogne tenace dans laquelle nous devrions puiser pour évoluer?

    « accroissement globale de la richesse »
    Je suis obligé de rebondir sur l’expression. Si nous parlons bien d’un point de vue global, sphérique, il existe un accroissement -G20- qui est la contrepartie directe d’un pillage -G faim-. Non?

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Citation :

      « Hélas sans revenus conséquents, étudiants, retraités et sans emplois sous le seuil -symbolique- de la pauvreté ne se réjouiront guère de la déflation. La vie restera dure. »

      La déflation étant la conséquence du manque de la demande globale, donc du revenu, c’est parce que la vie est dure qu’il y a déflation, tandis que la déflation en elle même n’est pas une cause, mais une conséquence de ces étudiants, retraités, pauvres.

      Les pauvres ne se réjouissent pas de la déflation mais de l’inflation, qui est le signe d’une demande solvable en augmentation. Il n’y a pas d’inflation sans augmentation de la demande globale, sauf cas exceptionnel d’entente sur les prix, d’inflation par les coûts que cite Jacques Généreux (matières premières en inflation, salaires en augmentation… réclamations de « second tour » tant redouté)

      L’inflation et la déflation ne sont d’abord que des conséquences du rapport de force entre offre et demande, vendeurs et acheteurs. On ne peux pas se réjouir de la déflation puisque c’est parce qu’on n’a pas d’argent que cet indicateur s’allume. La déflation n’est donc pas un cadeau qu’on reçoit mais la traduction d’un manque de solvabilité de la demande, donc c’est un indicateur de la pauvreté.

      Je n’envie pas les breloques des riches, l’envie est une passion triste dirait Deleuze. Il faut maitriser une puissance, comme van Goght le Jaune, au risque de la folie.

  24. Avatar de Jérémie Martin
    Jérémie Martin

    Chapeau!

    Mais comment arriverons nous à nous arracher à cette torpeur?
    Comment accepter de se reveiller?
    Comment accepter de revenir à la réalité aprés un aussi long et aussi beau rêve?

    C’est tellement dur de sortir de son lit douillet quand il fait si froid dehors.

  25. Avatar de zébu
    zébu

    F. Lordon, dans le Monde Diplomatique de mars 2010, en appelle au ‘contre-choc’ …

    1. Avatar de Enrique
      Enrique

      « Et si on fermait les bourses ? » se demande Frédéric Lordon chez Mermet dans son émission Là-bas si j’y suis

  26. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    Ah si, le pire est toujours sûr. Par exemple que nous allons tous mourir, milliardaires y compris. Il n’y a pas d’exception comme il est dit dans un film de Bergman, même pour les artistes. L’argent n’empêchera pas le milliardaire de mourir, démontrant en ce point l’inutilité totale de l’accumulation. Il faudrait abolir la mort, au lieu de quoi l’on poursuit de vains objectifs !

    Une autre chose est certaine : l’équation de Says est fausse. En conséquence, réguler ne suffira pas. Les salariés ne peuvent pas acheter ce qu’ils produisent. Tant que ce problème n’est pas résolu, nous ne sommes pas sortis de la crise.

    la spirale déflationniste, Stacy X la dénonce sur une video de Keiser chez Steve Keen. Elle note une quantité d’indices déflationnistes.

    1. Avatar de Jérôme
      Jérôme

      « Le pire c’est de mourir » n’est que le point de vue de la peur. Sans la mort, pas de vie possible. Tout meurt et se transforme, les étoiles, les êtres, les sociétés… Ce qui serait pire, c’est que la mort, donc le changement, donc la vie, disparaisse : tout serait alors figé, pétrifié. Heureusement, aucun risque ! A se demander finalement si les troubles économiques dont on parle ici, ne sont pas fondamentalement causés par une recherche pathologique de sécurité éphémère (accumulation effectivement inutile et grotesque des richesses matérielles quand elles dépassent le cadre de la survie et du confort élémentaire). Cette quête maladive de « richesse », de « pouvoir » et de distractions n’est-elle pas l’antidote illusoire et dérisoire à la peur de mourir, donc à la peur d’accepter de vivre vraiment, de mûrir, de vieillir, ouvert, curieux, en acceptant notre fragilité et notre vulnérabilité, notre finitude. Aurions-nous ces mêmes problèmes économiques et autres si l’idée acceptée et intégrée de la mort nous accompagnait plus tout au long de notre vie et de nos choix ?

    2. Avatar de mianne
      mianne

      On a beau se dire que la mort nous attend tous, pauvres ou milliardaires et qu’un linceul n’a pas de poches, on sait bien que la vieillesse est encore plus dramatique pour le vieillard pauvre . Après la perte de ses forces , il ne peut que subir son environnement et souffrir de plus en plus jusqu’à la fin sans pouvoir changer sa situation. La baisse des remboursements des frais médicaux et l’individualisme croissant de nos sociétés occidentales n’est pas là pour nous rassurer sur nos vieux jours. C’est sans doute ce qui motive cette peur de manquer qui, devenue pathologique, pousse certains nantis à une accumulation insensée d’argent et de biens, au détriment de l’humanité toute entière .

  27. Avatar de Evrard
    Evrard

    Merci pour ce blog et ses informations toujours aussi justes.

    C’est évident que gagner de l’argent deviendra de plus en plus difficile. Et que nous allons vers un tiers mondialisation.
    Mais ça ne signifie pas qu’on vivra moins bien, au contraire. On sera obligés de revenir à un mode de vie plus simple, où les valeurs humaines domineront les valeurs matérielles.
    Nous inventerons une nouvelle société et ça prendra du temps.

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      On ne pense pas assez à une certaine forme de nocivité du groupe. La trop grande concentration de personne génère une sécrétion d’hormones de stress, les corticoides. Le panopticon, dispositif emblématique où le centre surveille la prériphérie peut se recréé de façon décentralisé dans une foule où tout le monde surveille tout le monde, à égalité.

      On a coutume de séparer, en sociologie, agrégat et groupe, agrégat étant un groupe d’homme rassemblés par une situation, une « foule » autour d’une ressource.. etc. une file d’attente…

      A mon avis il n’y a pas d’agrégat, car une groupe, vivant, organique, fantasmé, consistent se forme quasi instantanément. Il n’y a pas d’anonymat au sens psychologique, tout le monde participe, ou se défend de participer…

      Le blog de P Jorion est un groupe, un petit groupe comme on dit pour le différencier des populations. Il n’y a pas « au sein du bloc de marbre, un étang de poissons » pour paraphraser Leibniz. Nous sommes « poreux » au groupe, aux phénomènes de groupes. Nos fenêtres contrairement aux monades, sont ouvertes.

      Donc inventer une nouvelle société supposerait qu’on diminue la concentration des populations, entre autres.

    2. Avatar de zébu
      zébu

      @ listfr :
      ‘panopticon’ … Foucault, si je ne Mabuse ?

  28. Avatar de nol
    nol

    La tiers-mondialisation et la paupérisation des sociétés occidentales sont inévitables. Elles sont également prévues et assumées par nos élites. Cela va se passer plus ou moins vite, il n’y aura pas chute du capitalisme, ou du libéralisme, seulement un pourrissement de plus en plus « dur ». Une sorte de retour à un moyen-âge social, 85 % de pauvres et très pauvres, 15% de riches et très riches, moyen-âge mâtiné de haute technologie de contrôle, puces, implants, caméras, etc.. un avenir et une Europe à la Rank Xerox de Liberatore. La résistance est inutile, les moyens policiers sont trop sophistiqués. Jeux du cirque à profusion, comme l’écrit Leclerc, drogues égales et illégales, marché du travail complètement libéralisé, violence entretenue et contrôlée.
    Pour les plus riches, percées médicales permettant de vivre 200 ans et plus. Pour les plus pauvres, turn over rapide ( 45 ans max) au bénéfice du marché des esclaves.

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Il ne restera, pour spéculer, que les Rembrandt, valeur sûre pour J.C Casanova qui ne spécule que sur les tableaux de maitres.

      Je ne pense pas du tout que des décénies de stagnation soient possibles, car le système porte autour du cou comme corde la fausse équation de Jean baptiste Says. La sortie du libéralisme est certaine, et la vitesse de cette sortie est fonction de la productivité, variable fondamentale de l’économie puisqu’elle détermine le cout salarial, et par conséquent la demande possible.

      Nous sommes déja sorti du libéralisme puisque les pertes sont cachées et plus personne ne comprend ce qui se passe dans le système financier, où

      1) le cours des bourses ne reflette plus la valeur d’un actif, l’interventionisme sur les marchés est tels qu’ils sont sans signification économique,

      2) voir 1)

    2. Avatar de octobre
      octobre

      À Nol

      Ce que vous dites Nol est terrible. Cependant je pense que votre réalisme est d’actualité, c’est bien ce genre de société qui se met petit à petit en place. À la vue de cette perspective sordide, nous devons – coûte que coûte – redéployer notre passion sous peine de perdre à jamais le sel de la vie.

  29. Avatar de gatto
    gatto

    @ François Leclerc, merci de cet éclairage particulièrement saisissant

    je rentre d’Inde, et peu avant, de Chine (3x) : 4 voyages en moins de 6 mois
    oui, le plus dur est à venir en Occident.
    oui, des services à haute valeur ajoutée (juridique, marketing, etc) me sont proposés en Inde au quart de leur valeur la plus basse dans nos vieux et chers pays.
    oui, j’ai vu la qualité de la production et l’efficacité des infrastructures chinoises et aussi la détermination et la tranquille assurance de mes interlocuteurs qui proposent leurs produits à des prix à faire exploser le plus modeste des systèmes de protection sociale en Europe de l’Ouest.
    oui, le réveil est déjà brutal mais rien ne préfigure ce qui pourra advenir à défauts de réactions adéquates.

    Il y a plus d’un an, j’avais évoqué sur ce site Giuseppe Tomasi di Lampedusa, et son fabuleux Guépard.
    Le Prince Salina ne s’y contente pas de sa phrase célèbre: « il faut que tout change pour que rien ne change » Il ajoute, en gros, qu’en terme de rapports sociaux, leur immutabilité aura pour effet une aggravation de la situation et une substitution des lions par les chacals.

    Vous aviez réagi et apprécié avec sympathie ce petit rappel.

    Votre billet d’aujourd’hui signe – une fois encore – la possibilité toujours grandissante de ce nouveau monde.

    Il va falloir réagir, retrouver toute sa souplesse neuronale, entrée en léthargie sous les coups répétés de la société de l’hyperconsommation conjugués à une autre forme de léthargie, moins coupable, celle du confort mérité mais trompeur de la protection sociale.

    Je ne vois pas comment nous ne passerons pas – à peu près tous – par une belle remise à plat des certitudes de deux générations précédentes.

    Merci de nous éclairer encore

    Il faut établir un ordre de priorité de ce qui doit être sauvé ou en tout cas défendu : que pèsent les droits fondamentaux, et leur dérivés que sont les droits issus de la sécurité sociale face à des ensembles économiques intégrés puissants même si faiblissants?
    Que pèsent des préoccupations environnementales lorsque les temps pourraient se définir en une forme pitoyable de sauve-qui-peut?
    Merci de votre point de vue

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Gatto ,en chine c’est l’année du tigre.En Europe ça serait plutôt l’année de la marmotte ,même pas sur qu’on se réveille au printemps…

    2. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Vos interlocuteurs ont tort de se poser comme tranquilles, car dans la mondialisation, si vous comprenez bien ce mot, tout est lié, à savoir que s’ils nous font perdre, ils perdent. Qui va acheter leurs services, et leurs produits d’exportation ? personne. C’est pourquoi ils aurait tort de se sentir assuré de quoique ce soit.

      Il faut réagir mais pas se lancer dans une concurrence qui est perdue pour le gagnant comme pour le perdant, car il n’y a dans ce monde qu’une seule économie c’est ce que signifie au sens strict le mot mondialisation, et la réalité n’est pas si éloignée de certaines caractéristique de cet « idéal »

      Le marché est le monde. Ni le FMI, ni la Chine, ni personne ne sauvera ce système économique. On ne peut pas toujours tout sauver.

      « Alles was lebt, ist wert das es zu grunde geht. »

      c’est tout.

      C’est foutu, et vos héros chinois sombreront avec nous;

    3. Avatar de arkao
      arkao

      @ Lisztfr

      Les Chinois ne sombrerons pas.
      Ils n’auront pas besoin du Monde.
      Le marché Asie-Pacifique leur suffira pour croître pendant de longs siècles.

    4. Avatar de gatto
      gatto

      @ Arkao et François Leclerc,

      en effet, la Chine développe de manière régulière une immense classe moyenne (env. 400M en 2010) en même temps qu’une infrastructure de qualité.

      la question du découplage des économies émergentes et de l’Occident présente quelques similarités avec le ‘oil peak’ : on n’en fixera pas le moment avec certitude mais on sait qu’il se produira (ou s’est déjà produit)…

      je suis convaincu sur base de ce que j’ai pu observer que nous allons au devant de problèmes angoissants si nous estimons que les émergents auront indéfiniment besoin de nous pour faire tourner leurs usines

      il faut aborder le problème sous un autre angle et être inventifs, surtout … et vite!

      merci à ce blog

  30. Avatar de HERAN
    HERAN

    Pour donner quand même un peu d’espoir dans ce monde où des pans entiers risquent de s’écrouler où l’Europe risque de sortir de l’histoire, l’interview d’un socioloque, Michel Maffesoli, dans cette veine de déconstruction-reconstruction où il évoque le retour aux tribus :
    ( http://www.marianne2.fr/Michel-Maffesoli-on-assiste-au-retour-des-tribus_a189566.html )

    1. Avatar de lou
      lou

      Excellent lien, toute la première partie de l’interview plaira aux décroissantistes du travail, dont je fais partie. je suggère également le débat dans arrête sur images (accès libre), animé par Judith Bernard, autour du livre « le droit à la paresse ». J’ y ai appris de la bouche de Filippetti, que l’allocation universelle de subsistance était à l’étude au PS.

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  1. @ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?

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