Ceci n’est pas un billet invité. Manuel Maria Carrilho ne sait pas que je publie ici sa tribune libre parue mercredi dans le quotidien portugais Diario de Noticias. La raison pour laquelle je reproduis cette tribune libre, vous la comprendrez en la lisant. La traduction est de François Leclerc.
La bulle du conformisme, par Manuel Maria Carrilho
Et si, comme beaucoup le prédisent, et comme les signes les plus récents le confirment, nous étions loin, peut-être même très loin, de la sortie de la crise complexe qui a commencé en 2008 ?
Aussi inconfortable que soit cette idée, il serait prudent d’y réfléchir. Car il est de plus en plus clair qu’il n’y aura pas d’issue à la crise tant que les facteurs qui y ont conduit n’auront pas été traités de manière substantielle. En premier lieu les facteurs financiers, mais également ceux qui sont d’ordre économique, social et culturel. Cela aurait du être évident, mais cela ne s’est pas produit.
Nous vivons ainsi dans le plus grand des paradoxes, qui est d’attendre la solution à la crise de la reprise des mécanismes qui l’ont produite. Nous devons regarder bien en face ce paradoxe, afin de comprendre la nature du problème auquel nous sommes confrontés. Celui-ci alimente la plus importante et la plus méconnue des bulles dans laquelle nous vivons, celle du conformisme.
Alimenté par la cupidité des spéculateurs, la désorientation des gens, l’incapacité des dirigeants politiques et l’engourdissement des masses, cette bulle a résisté à toutes les crises, condamnant le monde à ne pas voir d’autres issues que celles qui ont précisément mené à la situation dans laquelle nous nous trouvons.
De ce point de vue, les premiers mois de 2010 ont été très inquiétants : après les banques en 2008 et les entreprises en 2009, la crise atteint désormais les États. Ce qui n’est peut-être pas surprenant, compte tenu du fait que, au niveau mondial, il été dépensé plus de deux mille milliards d’euros pour tenter de relancer l’économie, conduisant les Etats à s’endetter à des niveaux jamais vus, avec des conséquences probablement inédites.
Le problème est que, entre-temps, les bourses ont repris vie, les produits financiers ont été à nouveau utilisés et les bonus ont été multipliés. Cela n’a pas été d’une grande aide pour l’économie réelle et la vie des gens. Les lueurs de la reprise qui ont été aperçues n’ont rien changé à la réalité du chômage, d’autant qu’elles ont elles-mêmes disparu.
Le plan d’Obama patine, les contradictions et les symptômes d’impuissance découlant de l’absence d’un gouvernement économique se multiplient au sein de l’Union européenne. Le G20 s’avère timoré et peu efficace (des mesures sont en préparation… pour 2012), les promesses de refondation du capitalisme sombrent du simple fait de leur vacuité, le socialisme n’a jamais été aussi silencieux qu’aujourd’hui.
Cette accumulation d’impasses montre combien il est urgent de percer la bulle du conformisme et de s’opposer à l’idée, que, en dehors d’elle, il n’y a pas d’alternative. Ce qui est nécessaire, c’est de regarder en direction de ceux – et ils sont nombreux- qui proposent d’autres voies. Parce que, aujourd’hui, ce ne sont pas les idées ni les options alternatives qui manquent. Ce qui fait défaut, c’est la capacité politique de les entendre, d’en discuter et éventuellement de les suivre.
Paul Jorion est un de ceux que l’on devrait écouter. Economiste et anthropologue, il a une vaste expérience du monde financier. Il a publié des travaux importants anticipant la crise et ce qui s’est passé, et a suggéré plusieurs propositions qui méritent l’attention de tous. Au cœur de la crise, il voit l’état de sauvagerie dans laquelle on a laissé la finance évoluer dans les dernières décennies, sous couvert d’une myriade de règlements, qui, contrairement à ce qui était prévu, ont au contraire favorisé toutes les formes d’abus et les dérives les plus hallucinantes.
Comparant la finance à la politique, il soutient qu’il faut faire en manière de finance ce que la démocratie représentative a représenté pour la politique, c’est à dire domestiquer son état naturel, la civiliser par le biais de l’adoption d’une « constitution » qui réglemente son fonctionnement. Une constitution qui doit être simple et efficace : avec des milliers de banques éparpillées dans le monde entier, ainsi qu’avec la prolifération des institutions et des produits financiers, les réglementations détaillées sont inutiles et contre-productives. Ce qui s’impose, c’est d’établir de grands principes dont l’application rigoureuse puisse être facilement contrôlée par tous et dans tous les domaines.
Par exemple, si l’on prétend replacer au cœur de l’économie la banque, et empêcher qu’il soit spéculé avec l’argent des déposants, il faut rétablir une séparation claire entre banque de dépôt et banque d’investissement. Si l’on veut empêcher l’économie de casino, il faut interdire la spéculation sur les fluctuations de prix, etc. Au delà de mesures dont les effets s’épuisent, aussi indispensables soient-elles, c’est de règles comme celles-ci – bien d’autres étant suggérées dans le même esprit – que le monde a besoin. De véritable règles instituant le changement, qui vont nous sortir de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons.
78 réponses à “La bulle du conformisme, par Manuel Maria Carrilho”
Manuel Maria Carrilho, ambassadeur du Portugal auprès de l’Unesco, est philosophe, auteur de plusieurs ouvrages (certains traduits en français) et ancien ministre socialiste de la culture du Portugal (1995-2000).
Un anti-conformiste exemplaire…
radicalement centriste, assurément…
Ca mord !
(François Leclerc is definitely a man of infinite resource and sagacity)
A propos du conformisme …
Disons plutôt résistance au changement. Rigidité d’esprit.
Tant que ce qui doit vraiment changer ne sera pas clairement énoncé, rien de changera. Le travail fait ici et ailleurs apportera une ou des réponses à cela.
Bonne journée à toutes et à tous.
l’échelle atteint-elle le haut du mur ? que vois-tu? le mur n’est-il pas trop épais à même ce flanc de montagne ? « clairement énoncé », pour que demain, dites-vous ? malheureusement c’est difficile, ne dit-on pas le diable se cache dans les détails? rien que continuer, continuez, « I would prefer not to » et c’est déjà beaucoup! sur ce blog si utile il s’agit d’économie, ardemment d’une gabegie à stopper, mais ce sera toujours à résister à ce qui nous amoindri, jusqu’à preuve du contraire.
« Clairement » ; G. Perec présentait ainsi les quatre pôles de son expérience de l’écriture : « le monde qui m’entoure, ma propre histoire, le langage, la fiction ». Vie ainsi même sans (l’) (s’) écrire. Comment aborder sa vie (ou l’économie) sans cet espace?
Bonjour à tous,
Toute petite coquille ici:
Paul Jorion est un (de) ceux etc
Oui, mais l’instrument qui fait les bulles:
c’est l’esprit mental… soutenu par l’ego!
Alors c’est une FORMIDABLE occasion de revoir
notre façon de vivre, tous ensemble, sur Terre…
Et Michel Serres a vu juste.
Voilà pourquoi nous avons BESOIN de voir les solutions
en englobant la totalité de l’être humain…
Et c’est pour cela que l’approche de Paul Jorion qui n’est pas SEULEMENT un économiste,
Mais et surtout un anthropologue et un philosophe est tout à fait nécessaire.
(Mais pas suffisante, non plus!)
A suivre.
C’est évident! Rien de tel qu’une approche pluridisciplinaire, comme le disait Alvin Toffler, les spécialistes en connaissent de plus en plus sur de moins en moins de choses.
Nous sommes dans l’ère de la complexité, le tout n’est plus la somme des parties mais bien la somme des interrractions entre les parties.
« le moi n’est pas maitre en sa demeure » Freud
cette crise en dit beaucoup plus sur l’inconscient occidentale que sur la réalité quotidienne des quelques milliards d’ « humains non mondialisés » .
Bonjour Argent_t.i.n.a
Tout à fait d’accord avec vous … par votre pseudo me parait tout à fait adéquat sur le fait que la déconstruction du sens commun, recrée un sens pour sa vie.
Il ne faut (et vous l’avez surement bien compris) surtout pas confondre sens et explication.
(+-) Le sens est orienté.
(*/) L’explication est communautariste, c’est l’ogre qui dévore les petits enfants.
le pseudo que j’ai pris c’est parceque
l’argentine est un pays freudien orthodoxe comme la france ^^
l’argentine fit faillite à cause d’une cavalerie financière largement soutenue par ses propres élites,
T.I.N.A. parceqe qu’il ya aucune alternative à l’argent et à la faillite « à l’argentine » des autres pays .
« Cette accumulation d’impasses montrent comment il est urgent… » : plutôt que « comment », il faudrait écrire « combien » ; et peut-être accorder « montre » à « accumulation ».
« …il soutient qu’il faut faire en manière de finance… » : « en matière » plutôt que « en manière ».
Pardon de commenter de cette façon purement critique… Mais pour conclure, un grand merci à M. Carilho de relayer les propositions de Paul Jorion, et un merci plus grand encore à François Leclerc d’avoir aussi vite et aussi efficacement traduit cette tribune. Les deux coquilles que je signale sont tout à fait anodines au regard de l’ensemble du texte…
…et un autre merci pour votre correction à propos de comment ! Je maintiens cependant en manière, modestement soutenu par…Marcel Proust (notamment).
Paul, ça avance !
Je sens que le billet d’aujourd’hui aura quelques lueurs d’espoirs…
@ j’apprécie qu’une personne de cette qualité s’exprime sur le Blog de Paul Jorion
Cela contribue à lui donner une aura – ce qui en soi a peu d’importance – mais surtout renforce son audience. La plupart des thèmes qu’il évoque font l’objet d’un consensus ici .tant mieux. Il ne faut pas se lasser de le répéter
Mais sans se bercer d’illusions :et puisque le papier est un peu solennel je voudrais réagir sur certaines formules commecelles opposant le « conformisme » des dirigeants aux « nombreuses alternatives » qui s’offrent à nous
je comprends que l’on emploie ce genre de formules dans un tel papier, mais je crois que c’est faire preuve d’un peu trop d’optimisme Ce qu’on appelle le « conformisme » des dirigeants, n’est pas le produit d’une simple posture ,encore moins le produit d’une vision politique qui serait trop libérale. Ce serait trop facile si c’était comme cela
C’est en fait le produit d’une formation construite sur de très longues années, qui renvoie à des manières de voir très fortement ancrées dans nos sociétés, et trustant les positions de pouvoir dans les institutions académiques.
On n’en a pas fini avec la question « pourquoi en est-on arrivé là ? »
amicalement
Bonjour,
@ Claude Roche :
J’adhère tout à fait à cette vision des choses : rien n’est simple et les racines du mal actuel appartiennent à notre passé. Il y a fort à faire en matière d’instruction pour remédier au problème…
Cordialement
Delpla et Cahuc, membres de la commission Attali, ont tout compris – en ce moment même sur France Inter : il faut d’abord et avant tout une réforme du marché du travail. Pathétique.
M. Jorion, vous ne voulez pas les remplacer?
A la commission Attali ? les libérateurs d’énergie reprennent en effet du service ai-je lu dans la presse du soir.
Pour être optimiste, la gêne des 2 zozos était tout de même palpable, à chaque question des auditeurs ou du journaliste.
Cordialement
Le texte a le mérite d’être clair, simple, compréhensible par un non-initié et pointe du doigt les responsabilités au premier rang desquelles l’absence dramatique de volonté politique des dirigeants.
Je persiste à penser que la chappe du conformisme (de droite comme de gauche), le TINA cher à Margaret Thacher, est devenue d’une lourdeur telle que ça ne peut être par l’alternance politique classique (elle même conformiste) que les choses peuvent évoluer.
En France n’émerge aucun leader porteur de solutions drastiques dans les domaines de l’économie, de la finance et du social. Au contraire, les embryons de projets pondus de ci de là ressortent les vieilles lunes dont chaque camp nous abreuve périodiquement et on trouve encore la force de crier à l’innovation quand les solutions proposées (en matière de stratégie industrielle par exemple) ne sont que des voeux pieux à la marge du système.
Je pense qu’il en est de même dans tous les autres pays d’Europe et aux US où le blocage et l’impuissance gouvernementale sont encore supérieures à la moyenne générale.
C’est d’un saut, d’une rupture nette dont nous avons besoin, d’un changement de perspective, d’une vision radicalement différente de nos paradigmes.
Celle ou celui par qui cette « révolution » peut naître n’est pas « en politique », ou du moins pas encore.
Il y a donc très peu de chance que nos dirigeants actuels ne fassent autre chose que poser des cautères sur des jambes de bois et demander aux patients de courir…
Entièrement d’accord avec vous. Rien à ajouter sinon que la planète à besoin de faire peau neuve, ainsi que tous les êtres qui la peuplent. Nous sommes parvenus à l’ultime point où un système qui ne change pas, et se renforce même, se transforme en son contraire, et au lieu de générer le progrès, génère la barbarie… à mon avis, cette heure-là a déjà sonné bien avant aujourd’hui, avec la boucherie de 14, la crise de 29 (déjà) le stalinisme, le fascisme, le colonialisme… jamais autant de noms en « isme » et de « connerie » mêlée.
Il est tant que nous disions stop, à quelque niveau que nous nous trouvions…
Je m’adresse à vous aussi, cher Paul Jorion… Faites traduire votre blog, s’il vous plaît, en anglais, en espagnol, en portugais, en arabe et en chinois… peut-être que nous avons des chances de convaincre le Monde que quelque chose peut et doit changer, pour apporter l’égalité, la fraternité, et enfin la liberté… car si je ne m’abuse, nous sommes dans des états de plus en plus « policiers », de plus en plus militarisés. Des « états terroristes » comme qui dirait… qui ne cherchent qu’une chose, maintenir le capitalisme tel qu’il est au pouvoir.
Comment croire en effet qu’ils veulent la paix, la justice, lorsqu’une femme meurt tous les 3 jours en France( je n’ose pas savoir ailleurs) sous les coups d’un conjoint sans doute licencié, chômeur, ou pire, sans aucun emploi depuis le début de sa vie (pour la plupart des cas…je ne pense pas que beaucoup de femmes meurent sous les coups à Paris- XVIème).
Ce système est inhumain et se fiche de la dignité humaine. Il veut du PROFIT, un point c’est tout. C’est un système aveugle, qui ne fait que « palper ».
Envoyons-le aux oubliettes. Déclarons -le hors-la-loi humaine qui implique de ne pas faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas subir soi-même.
Mettons les traders et autres spéculateurs à 800 euros par mois, comme la femme moyenne de banlieue avec ses trois gosses, abandonnée par les trois pères de ses enfants!
Le « ça » domine l’Histoire aujourd’hui. Et puis » Fric=merde » en psychanalyse. Les capitalistes ont quelques problèmes inconscients à résoudre!
Je leur conseillerais d’aller se faire soigner…
bric à brac baroque, ceci n’est pas en isme, mais pourrait
assez bien illustrer le mélange dont vous parlez.
je propose : domination psycho-rigide totale …
» il faut rétablir une séparation claire entre banque de dépôt et banque d’investissement. »
Maurice Allais propose de séparer les banques en:
1. banques de dépôt assurant seulement, à l’exclusion de toute opération de prêt, les encaissements et les paiements, et la garde des dépôts de leurs clients, les frais correspondants étant facturés à ces derniers, et les comptes des clients ne pouvant comporter aucun découvert ;
2. banques de prêt empruntant à des termes donnés et prêtant les fonds empruntés à des termes plus courts, le montant global des prêts ne pouvant excéder le montant global des fonds empruntés ;
3. banques d’affaires empruntant directement au public ou aux banques de prêt et investissant les fonds empruntés dans les entreprises
.
@tous,
Cette contribution prouve une fois de plus que les voix/voies alternatives à la doxa sont légions. Et nous sommes effectivement confrontés à une surdité des milieux prescripteurs et politiques qui est à maints égards inquiétante. Une fois de plus, nous avons ici et désormais bien compris à quelle logique obéit le secteur financier, la manière dont il procède, s’appuyant à la fois sur « la désorientation des gens », « le conformisme ou l’autisme des élites », « l’engourdissement des masses » et un système régulatoire par trop insuffisant. La question qui se pose désormais avec insistance est donc la suivante: comment passer à l’étape suivante? Comment faire en sorte que les diagnostics posés par Paul et les contributeurs à ce blog, leurs recommandations, sortent du cercle des initiés pour s’incarner au-delà?
VM
que de solitude ici, chacun cherchant le soleil dans sa petite lucarne cathodique. Voilà une autre réalité des choses ….
La réalité est une construction. Elle est ce que nous désirons qu’elle soit, elle reflète la vision que nous avons du monde, et par là même nous construisons le monde à l’aune de cette vision. Mais le « vrai » monde, quel est-il?
Je vous conseillerais bien la lecture de « La peur du savoir – Sur le relativisme & le constructivisme de la connaissance » (Paul Boghossian / prof de philo a NY University)…
Mais bon…
===
Le titre original est non pas « Sur » mais « Contre » (Against) le relativisme et le constructivisme.
Pourquoi l’avoir modifie dans la mesure ou les couards ne lisent pas ?
Si nous voulons reproduire en Europe (et ailleurs) la césure entre banques de dépôts et banques d’affaires qu’instituait le Glass-Steagall Act (1933) aux Etats-Unis, il faut le dire et le répéter! La nécessité de cette césure est facile à expliquer, ses avantages tombant immédiatement sous le sens pour quiconque a pris la mesure de la destruction qu’entraîne la spéculation sur les prix. Mais une telle décision est-elle souhaitée par les tenants et les aboutissants du blog? On peut se poser la question. Je ne sache pas que Paul Jorion ou François Leclerc aient clairement pris parti en ce sens, préférant mettre en avant l’interdiction des paris sur les prix et la constitution pour l’économie. Personnellement, je ne vois pas comment l’un ou l’autre de ces objectifs pourrait être atteint sans la mise en place d’un Glass-Steagall Act rénové à l’échelle de la planète (en commençant par les USA et l’Europe).
Il faut souligner qu’une telle mesure se traduirait par une sérieuse diminution des emplois dans le secteur financier (y compris parmi les analystes et les économistes eux-mêmes, dont la plupart sont satisfaits de pouvoir manger dans l’auge que leur a aménagée le système de la financiarisation).
Grâce àvous Monsieur Jorion !
Pourvu que ce propos soit relayé ENCORE et ENCORE par un maximum de responsables……..
C’est de vous, Monsieur Jorion que vient l’analyse, et donc la compréhension du système qui commence enfin à être compris.
Pourvu qu’il soit encore temps et que les prises de décisions suivent rapidement ….
« maximum de responsables…….. »
heureusement il y a des responsables responsables, et d’autres, bouh ! les vilains cyniques et arrivistes, la politique vous prend et fait de nous des imbéciles.
Le titre est particulièrement parlant, et résume à lui seul ce qui se dit sur ce blog !
Du conformisme pour un pillage généralisé à celui d’une guerre sans pitié pour les restes …
S’il y a eu une bulle du conformisme, celle-ci a surtout porté sur l’illusion que l’humain se serait affranchi de limites physiques qui lui sont imposées par le réel, rendant obsolète la notion même de limite. Depuis la révolution industrielle, l’humain s’est transformé de fait en la plus grosse bulle que la Terre ait connue de mémoire d’homme.
Cette bulle débute depuis que l’homme a eu les moyens d’une exploitation accélérée des ressources terrestre grâce en grande partie à une bulle encore plus profonde, la bulle énergétique qui correspond en gros à la bulle hydrocarbure. Ce sont les hydrocarbures qui ont sacré l’Europe, puis les US et puis la mondialisation, on l’oublie souvent.
Maintenant que la mère de toutes les bulles (l’énergie) se dégonfle, la bulle humaine va être soumise à un tel stress que la destruction de la demande et les paris sur la décroissance pourraient devenir les seules activités économiquement rentables (selon l’ancien modèle).
Ca remonte bien plus loin dans le temps. C’est notre vision du monde, surtout occidentale…
« Dieu les bénit, et Dieu leur dit: Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. » Genèse 1-28
« Connaissant la force et les actions du feu, de l’eau, de l’air, des astres, des cieux, et de tous les autres corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon aux usages auxquels ils sont propres, et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. » René Descartes, Discours de la méthode
Bien vu, Fujisan.
Mais nous remontons aussi à notre nature intime de sommet de la chaine alimentaire…
@ fujisan
Oui mais:
« Et il trouva dans le temple ceux qui vendaient des taureaux, des brebis et des pigeons, avec les changeurs qui y étaient assis.
Et ayant fait un fouet de cordes, il les chassa tous du temple, et les brebis et les taureaux; il répandit la monnaie des changeurs, et renversa leurs tables.
Et il dit à ceux qui vendaient des pigeons: Otez cela d’ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de marché. »
Jean 2-14, 2-15, 2-16
@ arkao
Oui, mais depuis ça a changé. Vers le XII siècle, l’Eglise a « inventé » le purgatoire. Avant cette « invention », l’usure était un péché mortel et vous envoyait direct en enfer sans passer pas la case « purgatoire ». Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Purgatoire#Purgatoire_et_contexte_.C3.A9conomique_du_Moyen_.C3.82ge
Il n’en reste pas moins que ces écrits sont révélateurs de notre culture occidentale dominatrice, de notre vision du monde anthropocentriste. Sans être anthropologue, je crois tout de même savoir que notre culture occidentale prétendue « développée » n’est pas LA vision du monde universelle, d’autres cultures ont un autre rapport au monde : orientales, amérindiennes, africaines… C’est ce qui me laisse tout de même un espoir dans l’humanité…
Et pour me réconcilier avec l’Occident, Antoine de Saint-Exupéry a dit: « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. »
Je ne pense même pas qu’il faille aller chercher des considérations religieuses ou psychanalitiques. Nous sommes tous ainsi, potentiellement dans l’hubris, et partant, chacun est responsable. On peut certes être paîné du délitement des valeurs et de l’incompréhension des mythes, mais c’est là une chose tout à fait humaine. Qu’on choisisse le progrès ou la tradition, on se heurte à l’obsolescence de l’éducation ou à la perte de mémoire. Pourquoi se retourner contre ciel et terre ou ces mots anciens ? Ils n’y sont pour rien…
@ Fujisan
En fait je suis globalement d’accord avec vous. Je n’ai cité cet extrait de l’évangile que par taquinerie et esprit de contradiction.
Cordialement.
Si les chrétiens avaient pu se multiplier à un rythme exponentiel, nul doute qu’ils l’auraient fait, mais je crois que c’est essentiellement l’énergie fossile et le transport rendu dès lors possible qui ont permis de passer de 1 milliard à 6 milliards d’êtres humains en éradiquant grossièrement les famines de par le monde. Si les famines (régulation naturelle de la population) ne frappent plus autant qu’elles ont pu le faire dans l’histoire de l’humanité, c’est essentiellement grâce au transport subsidié par la pétrole. Dans 10 à 20 ans, il est fort probable que le pays développés restants n’auront plus assez de pétrole que pour venir à la rescousse de pays éloignés frappés par des catastrophes naturelles dévastatrices, ils préféreront garder le précieux liquide pour leur propre usage et pour surmonteur leur propres crises. Cela voudra dire un retour brutal à la régulation de la population mondiale par la famine qui a prévalu avant l’ère des énergies fossiles.
Pour aller plus loin, je conseille vivement le très bon livre de Richard Heinberg « PEAK EVERYTHING Waking Up to the Century of Declines ». Il pointe du doigt le simple jeu de rétrocation positive entre population et énergie.
Hausse de la Population > Hausse de la demande énergétique > Hausse de l’extraction de pétrole > Hausse de l’énergie disponible > Hausse de l’extraction des autres ressources et de la production allimentaire et d’autres biens > Hausse de la Population
» la bulle du conformisme »
Peut-être que le socialisme pourrait nous permettre en effet de mieux échapper en vitesse aux nombreux excès du capitalisme, mais il n’est pas non plus certain qu’en suivant une telle voie l’homme ne retombe de nouveau et plus tard sous une autre forme de conformisme, le planisme par exemple, tout aussi douloureux pour l’homme, j’espère bien sur me tromper hélas le capitalisme semble nous y conduire tout droit et pour le bien de l’homme bien évidemment …
@ 3J & Jaycib
Un Glass Steagall façon Allais
Une interdiction de paris sur les variations de prix
Une hypertaxation des +values court terme (dégressive vers le long terme).
TINAAA (At All)!
Trois articles en préambule des Tables de la Loi financière mondiale.
Où est Moïse?
Manuel Maria Carrilho n’échappe pas au conformisme ambiant lorsqu’il évoque le concept de « gouvernement économique » alors que gouverner c’est faire de la politique dont l’économie n’est qu’un aspect des choses, bien surévalué, tellement varié qu’elle pourrait permettre de faire tout autre chose que les gouvernants font depuis 30 ans!
C’est encore un concept fourre-tout dont les dirigeants européistes espèrent faire leur planche de salut mais en vain! la zone euro, incapable de se réformer sera détruite par « le marché » les spéculateurs qui ont bien vu que c’est le maillon faible des monnaies!
Vendredi 26 février 2010 :
Manuel Maria Carrilho écrit : « après les banques en 2008 et les entreprises en 2009, la crise atteint désormais les États. »
C’est ça. C’est exactement ça : les Etats eux-mêmes sont dans une situation gravissime. L’Etat le plus atteint aujourd’hui, c’est la Grèce. La situation de la Grèce est de pire en pire.
Selon le Financial Times Deutschland, les banques allemandes ne souscriront pas aux obligations que la Grèce va émettre en février et en mars. Le plus important dans cette information, c’est ceci :
les banques allemandes nationales ne veulent pas souscrire aux obligations grecques, mais les banques régionales ne veulent pas souscrire elles non plus.
Lisez cet article très inquiétant pour la Grèce :
Les banques allemandes évitent la dette grecque.
Eurohypo et Hypo Real Estate, les deux premières banques allemandes spécialisées dans les financements publics, ne souscriront pas aux obligations que doit émettre prochainement la Grèce, écrit le Financial Times Deutschland vendredi.
Deutsche Postbank compte pareillement s’abstenir, ajoute le quotidien financier, citant des sources et des banques.
La Grèce doit émettre un nouvel emprunt cette année, peut-être ce mois-ci ou début mars. Elle doit lever une vingtaine de milliards d’euros pour couvrir des échéances en avril et en mai.
Deutsche Bank ne veut participer au placement qu’en tant que banque d’investissement, mais ne veut pas elle non plus souscrire aux obligations, écrit encore le FTD.
Il ajoute que les plus grosses banques régionales, comme BayernLB et Landesbank Baden-Württemberg, se sont abstenues de tout commentaire. Mais selon des sources des banques régionales, il est devenu quasiment impensable d’investir dans la dette grecque, observe le quotidien.
La Grèce est le premier pays à avoir sollicité un engagement politique de soutien depuis qu’existe l’union monétaire, les craintes entourant sa situation financière ayant déclenché une attaque des marchés, qui a plombé l’euro et provoqué une forte hausse des rendements obligataires du pays, rendant le service de la dette encore plus difficile.
Reuters
Qui voudrait vraiment une réforme, dans un occident où tous les gouvernants sont déjà copains entre eux et avec tous les grands patrons, ce dont tout le monde est au courant, et où tous les sujets sont somme toute contents, dans la mesure où tous (même les clochards) mangent à leur faim, peuvent dormir au chaud voire faire à peu près tout ce qu’il leur passe par la tête ? Et ceux qui pensent vouloir une réforme, voire pire, ne serait-ce pas simplement par quête de divertissement ?
Vi… On peut le voir comme ça.
Le « souci » est que ça pourrait ne pas durer. Et la montée des tensions internationales ainsi que nationales en est à la fois une conséquence et une preuve.
Revoyez l’histoire entre 1929 et 1945.
Vous prévoyez une guerre ? Quels seront les adversaires ?
Vous ne croyez pas que nos histoires de nationalisme que sont que des arguments électoraux ?
L’information commence néanmoins à passer :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/02/26/des-grands-fonds-speculatifs-accuses-de-jouer-contre-l-euro_1311590_3234.html
« Les grands hedge funds américains spéculent sur une baisse de l’euro »
Et, dans la série des conformismes… :
« »les autorités américaines ne laisseront pas faire. Un euro trop faible pénaliserait leur économie. Les hedge funds jouent contre leur pays ». »
Comme si les « autorités » pouvaient faire quelque chose contre les spéculareurs…???
Comme si un hedge fund pouvait se SOUCIER d’un pays alors que la finance est par définition apatride.
« Nous vivons ainsi dans le plus grand des paradoxes, qui est d’attendre la solution à la crise de la reprise des mécanismes qui l’ont produite. Nous devons regarder bien en face ce paradoxe, afin de comprendre la nature du problème auquel nous sommes confrontés. Celui-ci alimente la plus importante et la plus méconnue des bulles dans laquelle nous vivons, celle du conformisme. »
Il y a dans cette assertion quelque chose d’épistémologiquement infalsifiable 🙂 ! De là à conclure que les solutions proposées par Paul, et « bien d’autres étant suggérées dans le même esprit », ne tiennent pas du même conformisme, c’est un peu fort ! Surtout après avoir écrit : « Car il est de plus en plus clair qu’il n’y aura pas d’issue à la crise tant que les facteurs qui y ont conduit n’auront pas été traités de manière substantielle. En premier lieu les facteurs financiers, mais également ceux qui sont d’ordre économique, social et culturel. Cela aurait du être évident, mais cela ne s’est pas produit. »
Le « social et culturel » a-t-il été happé par la bulle du conformisme ? Mystère…
Je doute que dans le parti socialiste français il y’est encore quelqu’un pour écrire un article comme celui de Mr Manuel Maria Carrilho. L’histoire de la gauche française passe par son parti historique, le parti socialiste, qui n’a toujours pas fini de digérer sa défaite de 2002. Tout indique que le PS ne s’en remettra pas, tellement le vide idéologique de ses dirigeants est devenu manifeste. C’est dans la société civile que naissent les bonnes idées, le PS risque cette fois de rester à côté, ce serait un dégât collatéral à la crise.
Ceci dit, le PS comme les autres partis font partie de la démocratie représentative, ce que le nouveau paradigme que nous sommes entrain de construre exige, c’est une démocratie participative.
Celle là, il nous faut l’inventer.
Messieurs Leclerc et Jorion.
Dans une certaine mesure (et peut-être qu’ « on » nous agite un chiffon rouge devant les yeux pour faire diversion avec les hedge funds…)
Ne serait-ce pas la phase de guerre monétaire qui vient de commencer…?
Ce qui s’écrit sur la blogosphère grecque a propos de la situation financière du pays:
http://fr.globalvoicesonline.org/2010/02/25/30422/
très bien ce texte
j’aimerais le proposer pour publication dans ‘mon’ journal local, le South China Morning Post (j’habite à Hong Kong), qui a une section sur une page avec 5 contributions chaque jour d’experts et de ‘sages’ du monde entier, dans tous les domaines
où ce texte se trouve t-il ?
existe t-il en anglais ?
doit on demander un accord à l’auteur ?
cordialement
eric delannoy
L’ auteur autorise la publication, et vous remercie de l’initiative.
mmcarrilho
histoire de crever le conformisme des économistes ignorants, je propose ceci:
1) Que penser des anticipations économiques ?
Une autre légende économique est celle des anticipations. Emprunter serait anticiper des gains futurs, ce serait, au fond, se faire financer ce qui n’existe pas (encore). Inversement, prêter serait le fait d’avancer du capital pour quelque chose qui n’existe pas (encore). En fait, cette façon de voir ne fait pas sens. Comme je l’ai souligné au chapitre précédent, on ne peut acheter que ce qui existe réellement. Ainsi, en échange d’un emprunt, le prêteur obtient une promesse de remboursement à terme. Au fond, c’est cela qu’il achète et que l’emprunteur vend. Une promesse. Réaliser ensuite un investissement et une production marchande à vendre n’est possible qu’en réunissant, à tout moment, des objets et du travail réellement disponibles. Il n’y a des anticipations que dans la tête, pas dans la vie productive concrète. Alors, quand on raisonne autour des crédits susceptibles de financer l’avenir, il faut savoir que l’on ne peut financer qu’au présent, car celui qui finance n’a rien acheté d’autre avec son capital en le mettant à la disposition de l’emprunteur qui, lui, achète à la place du prêteur. Le financement à crédit oriente l’investissement et le travail dans une direction, toujours au détriment d’une autre direction possible. A partir du moment où on ne délire plus avec la « création monétaire via le crédit bancaire » et la « destruction monétaire en éteignant ce crédit », mais en admettant le fait que l’emprunteur se substitue, dans la décision d’achat, au prêteur, la notion des anticipations retombe dans le néant duquel elle n’aurait jamais dû sortir.
2) De l’impossible autorégulation en régime capitaliste
A mon sens, l’autorégulation des marchés est impossible du fait du régime capitaliste dans lequel nous sommes prisonniers. Et ce capitalisme prend sa racine dans le SMD tel qu’il est, à la fois monnaie d’échange et RESERVE DE VALEUR ULTIME! Le SMD incarne deux objectifs totalement inconciliables et contradictoires! Autrement dit, dès que l’autorégulation des marchés aura joué pendant un temps, c’est la logique capitaliste qui reprend le dessus qui, en concentrant les richesses et en creusant l’écart entre créanciers et débiteurs (riches et pauvres), fige le jeu, bloque les échanges et les investissements, et nous nous enfonçons dans la crise! Les soubresauts auxquels nous assistons ne dureront pas, et il n’y aura aucune reprise significative d’aucune sorte avant longtemps. A la fin, c’est la civilisation toute entière qui se retrouve menacée. Ce sont les bouleversements et les conséquences de la seconde guerre mondiale qui permettaient seulement la sortie de la crise de1929! Sans cette catastrophe, l’économie occidentale n’aurait pas connue ensuite les « trente glorieuses ». Si on ne modifie pas le mode d’émission du signe monétaire en proposant un SMT, il n’y aura pas véritablement d’issue à la crise actuelle – sauf après une catastrophe encore plus grande que la seconde guerre mondiale qui, déjà, n’a pas débouché sur un monde paisible! Un pays émergeant (la Chine?) pourrait-il prendre la relève et devenir moteur d’un ordre capitaliste engagé dans une fuite en avant? Je n’y crois guère en raison du retard encore trop important de ce pays, et aussi en raison des limites des ressources sur terre, certainement plus près d’être atteintes que par le passé. Le capitalisme est dépourvu de toute autorégulation possible, car il est la conséquence d’un signe monétaire trop durable. L’autorégulation n’est pas possible avec le SMD actuel.
Plus radicalement, le capitalisme est à considérer comme un dérèglement dès le départ, un ordre pervers incapable de s’autoréguler comme toute logique perverse. Car comment une modération des capitalistes est-elle envisageable dès lors que la logique interne du SMD gratifie, en fait, le non-usage du signe monétaire plus que son usage pour lequel il a été inventé ? Toutes les moralisations, tous les interdits religieux ne sauraient faire le poids face à cette logique interne du signe monétaire durable lui-même, totalement baroque et absurde. Il n’y a pas d’autorégulation, mais il n’y aura pas, non plus, une « réglementation venant de l’extérieur », par exemple des gouvernements, qui serait assez robuste pour résister à la logique perverse à l’œuvre dans le capitalisme dû au SMD.
L’introduction d’un SMT permettrait d’en sortir facilement, et cela serait, en même temps, la fin du capitalisme qui ne nous apporte ni paix sociale ni développement écologiquement soutenable. Le SMT, non seulement « régule », mais il est, en plus, assez facilement réglable par les banques centrales. Mais il implique, effectivement, la fin du capitalisme. Bon débarras !
3) La croissance et la relance maintenant ?
Dans le contexte de la crise systémique où nous sommes, une relance économique serait la bienvenue qui permettrait une croissance économique, fût-elle verte et durable, mais il me semble que, selon l’analyse ici proposé, elle ne viendra pas de sitôt tant que l’on ne change pas de mode d’émission du signe monétaire. Dans le contexte de fort chômage associé à des insolvabilités persistantes qui causent aussi une consommation atone, les « experts » peuvent bien lancer leurs moulins à prière et déclarer que nous aurions en 2010 ou en 2011 un retour d’une croissance, faible d’abord, plus forte ensuite, ou l’inverse. Or, cela est techniquement impossible. Tellement impossible que, bien au contraire, même les pays comme la Chine et l’Inde devraient à leur tour basculer aussi en récession. En effet, comment y échapper quand, comme en Chine, la production industrielle en 2009 aurait augmenté de 18% pour une croissance intérieure de 10%. En même temps, il paraît la Chine a dépassé l’Allemagne pour ses excédents d’exportation, mais il me semble totalement exclu que cela puisse se poursuivre encore longtemps ainsi. Tous les clients de la Chine sont plutôt en récession, les excédents chinois sont énormes, surtout face aux USA, et, là aussi, dans un contexte fragilisé, la consommation stagne et régresse même. La Chine ne va quand même pas exporter vers la Lune. C’est vrai que l’euphorie des dirigeants de Pékin leur fait faire des projets de conquête spatiale, mais aller sur la Lune n’est pas vendre sur la Lune mais seulement un autre moyen accessoire de destruction d’une partie du capital accumulé en excès. D’ailleurs, les riches chinois ainsi que le gouvernement chinois lui-même investissent maintenant de plus en plus en dehors de la Chine, ce qui indique quand même leur niveau de confiance plutôt limité aux possibilités futures de leur pays si corrompu où les pauvres sont exploités comme pratiquement nulle part ailleurs. Alors, pour ma part, je suis plutôt pessimiste. Le Brésil a peut-être de meilleures cartes que la Chine, car il semble que la redistribution des revenus s’y soit améliorée vers plus d’équité sous le Président actuel, ce qui n’est pas le cas en Chine. Mais le Brésil n’a, malgré sa taille, pas la taille économique suffisante pour « tirer » le monde (sauf au football !).
Plus fondamentalement, il semble bien que, dans la mesure où les ressources naturelles sont limitées désormais, il n’est pas réaliste ni possible de vouloir relancer sérieusement une économie de croissance. Cette croissance, vivement souhaitée par les décideurs, aurait pour but, dans une économie où la productivité progresse continuellement, de maintenir et de créer des emplois nouveaux tout en ajoutant de la consommation supplémentaire, autrement dit, une destruction supplémentaire de ces mêmes produits supplémentaires.
Or, en raison des revenus du capital, près de 40% du PIB, il ne me semble pas possible, si on ne change pas cette relation, de relancer la consommation basée sur les seuls 60% du PIB consommés par le revenu du travail. Il n’est pas possible, non plus, d’augmenter la part de consommation à crédit, car la rente capitaliste ne serait pas au rendez-vous pour davantage de crédits, en raison des risques de plus en plus massifs des insolvabilités à venir.
Si on n’introduit pas un signe monétaire nouveau susceptible d’atteindre au cœur la rente du capital (la rente du temps qui passe), un SMT, il n’y aura ni relance d’une croissance éventuelle ni même un maintien du niveau de production actuel. La décroissance, nous y sommes bel et bien, et cela implique que les insolvabilités seront encore plus fréquentes à l’avenir ainsi que la concentration des richesses encore plus patentes. Car, le dernier acte sera celui des bulles éclatées, moyennant quoi, les plus fortunés pourront, seuls solvables, eux, racheter encore davantage d’actifs à prix cassés, et la concentration des richesses se poursuivra sous cette forme dès lors que la néoformation brut de capital fixe n’est plus.
On peut bien annuler la dette des plus pauvres des pauvres, cela ne change cependant guère la donne, car cette annulation n’annule pas les créances, autrement dit, la dette subsiste, supportée par les contribuables des pays dits riches ! Sinon, il faudrait expliquer aux détenteurs de créances sur le gouvernement français par exemple que leur créance sera réduite en exacte proportion de la dette annulée. Or, un tel scénario créerait une grande insécurité pour les épargnants qui vont, dès lors, refuser de prêter au gouvernement français– et thésauriser un peu plus les « beaux » SMD.
Belle démonstration, il faut investir massivement ces SMD dans un développemnt encore valable dans mille ans et ensuite les transformer en MST
Qu’en pensez vous?
Dans la bulle du conformisme il faudrait aussi inclure les délocalisations et la croyance qui veut que certaines marchandises et certains services ne peuvent être qu’importés.