Feu en la demeure !

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

English version here.

Messieurs, Dames, des instances européennes, je m’adresse à vous : il y a feu en la demeure !

Vous ne sauverez pas la Grèce en lui enjoignant de baisser le salaire de ses fonctionnaires. Vous ne sauverez pas la Grèce en l’encourageant à combattre la fraude fiscale. Vous ne la sauverez pas non plus en créant une… cagnotte (on tombe ici dans le dérisoire !). Il est beaucoup trop tard pour tout cela. Et de toute manière, le problème n’est pas là.

Le 3 février, je participais à l’émission « Le Débat / The Debate » sur France 24. Si vous parlez l’anglais, écoutez je vous en prie ce que je dis quand la discussion s’enlise sur le sujet de savoir si les statistiques économiques de la Grèce ont été bidouillées oui ou non, et si vous ne parlez pas l’anglais, lisez s’il vous plaît la façon dont je résume mon intervention :

Je dis qu’il y a à nouveau un petit jeu sur les Credit-Default Swaps (CDS). Cette fois, ce n’est plus 1) Bear Stearns, 2) Lehman Brothers, 3) Merrill Lynch, c’est 1) Grèce, 2) Portugal, 3) Espagne. Ce que font en ce moment les marchés financiers n’est pas sans rappeler l’opération de George Soros qui coula la livre britannique en 1992 (quand on pense que le renouveau de la « science » économique est entre ses mains !)

Votre cagnotte pour la Grèce, si péniblement rassemblée, sera emportée par la bourrasque en quelques heures, et il vous en faudra immédiatement quatre autres : une autre pour le Portugal, une pour l’Irlande, une pour Chypre et une beaucoup plus grosse que les quatre autres mises ensemble, pour l’Espagne.

Vous aurez alors quelques jours pour reprendre votre souffle parce que la victime suivante ne fait pas partie de la zone euro puisqu’il s’agira du Royaume-Uni.

Il n’est pas question de salaires trop élevés : il s’agit de dominos, et de la même manière que le nom de Lehman Brothers était écrit dans le ciel le jour où Bear Stearns est tombée, le nom du Portugal s’inscrira au firmament le jour où la Grèce fera défaut sur sa dette.

Alors que faire ? Tourner les projecteurs vers la cause. Vers la combinaison mortifère des notations de la dette publique des États par les agences de notation et les positions nues des Credit–Default Swaps, ces paris faits par des gens qui ne courent aucun risque mais qui créent du risque systémique à la pelle, dans un seul but : d’énormes gains personnels.

Il est temps, Messieurs, Dames, d’envisager l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix.

Ne m’objectez pas que c’est compliqué : ce ne l’est pas, c’est déjà écrit en filigrane dans la norme comptable américaine FASB 133.

Ne me dites pas que cela va « affecter la liquidité » : à ce reproche, j’ai l’habitude de répondre que les parieurs ne créent de la liquidité que pour d’autres parieurs et que cela n’a donc aucune importance, mais aujourd’hui, j’ajouterai autre chose : « À ce stade-ci de désintégration probable de la zone euro : la liquidité, on s’en fiche ! »

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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387 réponses à “Feu en la demeure !

  1. Avatar de ezambre
    ezambre

    hel!O
    La réglementation pour les CDS arrivera trop tard car les américains & les anglais, veulent voir les PIIGS sur la paille. Le combat de coq ne fait que commencer. La seule issue est l’entraide locale, c’est désormais aux maires et aux citoyens de préparer le crash, il n’y aura pas de Zorro.
    La rue devrait aussi parler, pas les chaises ni les canapés, mais il n’y a pas non plus de messager.

    @+

    1. Avatar de coucou
      coucou

      oui et mille fois oui …. les anglo-saxons ne veulent que l’éclatement de la zone Euro, Goldman sachs et les CDS n’en sont que les bras armés. C’est la raison pour laquelle, et pour rebondir sur le soit disant accord international sur les CDS, celui-ci restera lettre morte. Ce qui se joue sur les PIGS une guerre monaitaire au travers de laquelle les CDS ne sont qu’une arme à destruction massive savamment armée par la Londres et Washingtion.

    2. Avatar de ULTEC
      ULTEC

      J’aimerais bien qu’on m’explique l’intérêt des US et GB et anglo saxon de voir l’Europe s’éclater !! merci pour vos éclairages là dessus

    3. Avatar de ezambre
      ezambre

      Pour l’instant le but premier est la spéculation, les enfants riches jouent au monopoly. Puis n’oublions pas que le $ & la £ ressemblent de plus en plus à du papier WC fraîchement imprimé. L’éclatement de l’€uro, cacherait un peu l’amas de papier toilette et les excréments que cachent réellement les banques et les comptes truqués des déficits publiques. C’est certes une vision à court terme, mais Goldman Sachs, n’a pas ficelé un paquet en Grèce pour ne pas récupérer son investissement, voir Lehman & AIG. Les américains ne veulent pas d’une autre monnaie, le rêve américain n’est-il pas de vivre à crédit sur le dos des autres nations ?

    4. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Et les Chinois (ou plutôt leurs maîtres), que pensez vous qu’ils veulent ?

  2. Avatar de jc Werrebrouck

    Euro : une proposition abracadabrantesque
    Dans le même ordre d’idées le FMI se livre à de droles de réflexions:

    L’économiste en chef du FMI, Olivier Blanchard, propose de sanctionner les « GIPEC » ( Grèce, Irlande, Portugal, Espagne et Chypre), encombrants passagers clandestins du navire Euro. Puisqu’il est impossible de les « amincir » par des progrès rapides de productivité, leur permettant tout à la fois de rétablir l’équilibre extérieur, le plein emploi et l’équilibre des comptes publics, il faut en monnaie unique, passer par une dévaluation interne.
    Le schéma proposé est ambitieux. Puisque la monnaie unique interdit toute manipulation de la valeur externe de la monnaie, il est urgent de procéder à une révolution des prix internes. Concrètement il s’agit d’une déflation imposée et généralisée des prix, et si possible déflation coordonnée pour assurer l’homothétie du recul. Plus concrètement encore il est proposé une baisse générale, par exemple de 30%, de tous les prix, salaires, loyers, transferts sociaux, retraites, etc.

    Il s’agirait bien d’une dévaluation puisqu’il y aurait diminution du pouvoir d’achat international des résidents, en particulier celui les salariés. En même temps, la capacité exportatrice augmenterait en raison de la baisse du niveau général des coûts et des prix. Et, en principe, l’évolution positive du solde commercial serait porteuse d’un ré enclenchement dynamique de la demande globale, et donc porteuse d’emplois nouveaux. Jacques Delpla voit dans cette proposition, un keynésianisme d’un genre sans doute nouveau, marqué par le double sceau de l’acceptabilité politique (hypothèse d’homothétie dans la déflation et donc d’équité) et de l’efficience économique ( ajustement plus rapide que les politiques traditionnelles de rigueur).

    Remarquant toutefois que le poids relatif du stock de dettes serait accru dans les mêmes proportions, il propose à enveloppe constante des budgets bruxellois, un redéploiement des fonds structurels et de la politique agricole commune vers les « GIPEC » soumis à la dévaluation interne. On peut imaginer que les dettes privées pourraient également bénéficier de ce redéploiement.

    Un tel projet laisse place à de lourdes interrogations.

    Tout d’abord il semble bien qu’il s’agit d’une déflation organisée. Cela signifie le rétablissement d’un contrôle des prix avec toutes les difficultés correspondantes. D’abord la mise en place d’une bureaucratie nouvelle chargée du contrôle et de la gestion des litiges. Mais aussi d’inextricables difficultés d’application : dans quelle mesure les prix des marchandises, dont le contenu en input importations est infiniment variable, doivent ils baisser au même rythme que les marchandises locales ? Faut-il établir des barèmes en fonction du contenu importation de marchandises pourtant produites localement ? Plus encore, faut-il prévoir une diminution des prix des crédits nouveaux, ce qui suppose le contrôle des banques et donc du taux de l’intérêt ? La baisse des salaires pourra t’elle être uniforme ? Et surtout peut-on sérieusement imposer une telle baisse, sans voire apparaitre de gigantesques comportements opportunistes, comme dans le cas des heures supplémentaires à la française dans le cadre de la loi « TEPA » ? La liste des questions n’est évidement pas exhaustive, et seule la mise en pratique peut faire apparaitre l’étendue des problèmes, notamment l’étendue imprévisible d’externalités elles mêmes imprévisibles. Levitt et Dubner (cf « Superfreakonomics ») et plus généralement les bons connaisseurs de la micro économie savent à quel point toute intervention développe des conséquences pour le moins inattendues.
    Mais au-delà, une question fondamentale se doit d’être évoquée. Si tous les prix diminuent , il est logique que la valeur du stock d’actifs financiers soit rognée dans le mêmes proportions. Pourquoi jacques Delpla semble soucieux de ne pas déflater la dette existante, et en contre partie mobiliser à ce titre les fonds européens devenant indisponibles par ailleurs ? Le coût d’opportunité d’un tel choix a-t-il fait l’objet d’évaluation ? Pourquoi faut-il ainsi « sacraliser » la dette existante ? Et la réponse consistant à dire qu’une bonne partie de la dette est détenue par des non résidents est insuffisante car l’autre partie est détenue par des résidents qui eux – mais pour quelle raison ?- ne seraient pas soumis à la même déflation. Pourquoi faudrait-il ainsi créer 2 catégories de résidents, les titulaires de la rente s’opposant à tous les autres ?

    Mieux, attendu que durant la période de déflation autoritaire, il faudrait continuer à assurer la gestion de la dette publique avec les moyens habituels des agences des Trésors, lesquels passent toujours par des adjudications, faut-il penser que les dites adjudications seraient « déflatées » comme les autres prix ? En clair les agences pourraient-elles imposer le prix de la dette souveraine nouvelle en imposant un taux ? Dans quel Traité de Sciences Economiques à t-on pu lire qu’un acteur de marché -fusse t-il en situation de monopole- pouvait simultanément fixer, et les quantités, et les prix ?

    Les dérapages des économistes qui –très imprudemment -se déclarent libéraux sont saisissants : au nom de l’ajustement et donc du marché, certains sont prêts à restaurer un ordre, à tout le moins autoritaire, porteur de bien des déconvenues. Comme quoi il est difficile de sacraliser l’ordre spontané de Hayek en édifiant un ordre organisé. Comme quoi il est difficile de conserver le cercle si on le transforme en carré.
    Mais s’agit-il par la voie de l’autorité, de protéger des marchés libres, ou plutôt de protéger les ardeurs prédatrices de la rente ?

    Car enfin, il est une façon plus simple pour sortir de l’étau les « petits un peu ronds », et ce peut-être sans même renoncer à la monnaie unique : rétablir une souveraineté monétaire dont le blog http://www.lacrisedesannees2010.com/ se fait l’ardent défenseur.

    La rencontre européenne des marchés politiques nationaux a débouché sur le drame de la dénationalisation monétaire dans les années 80 et 90. Bien des mises en gardes furent étouffées dans le climat idéologique de ces années , climat porteur de sacralisation. Et la Raison – comme toujours et partout- s’est effacée devant le nouvel objet sacré . C’est que rien ne peut être entrepris contre le sacré. La violence de ce que certains commencent à appeler – à très juste titre – la « grande crise » met à nu – peut-être plus rapidement que prévu- les incohérences des choix nationaux et européens qui furent promulgués. Et les adeptes de la dénationalisation monétaire sont aujourd’hui terrorisés par l’énormité des conséquences résultants des décisions des années 90. Face à l’énormité des coûts associés au démantèlement de la zone euro ces mêmes adeptes poursuivent leur fuite en avant en imaginant des dévaluations internes abracadabrantesques. Et bien évidemment les entreprises politiques sont encore bien plus démunies devant l’épaisseur du brouillard.

    1. Avatar de louise
      louise

      Mais ils sont fous là ?????????

      Parce que s’ils baissent les salaires sans « déflater » comme vous dites les dettes des particuliers, il va y avoir des défauts de remboursements massifs, non ?????

      Comment faire tenir une économie avec uniquement un espoir de pouvoir exporter plus ????

    2. Avatar de Hole Street
      Hole Street

      Dites donc : si l’on diminue de 30 % les prix à l’exportation, est-ce que les concurrents étrangers vont se laisser faire ?? Je vois d’ici le tollé !
      De telles idées montrent bien qu’ils ont compris toute la gravité de la situation … mais qu’ils sont bien impuissants devant cette grande première.

    3. Avatar de David
      David

      Quel est l’intérêt d’exporter plus qu’on importe?
      Ce qu’il manque, c’est pas des taches à faire, mais de l’argent pour payer ces taches effectuées (l’argent n’étant pas aux bons endroits).
      Sinon, pourquoi pas tous déménager en chine tant qu’on y est.

    4. Avatar de kerema29
      kerema29

      Réenclenchement de la demande globale, etc,etc…..Avec des salaires et des retraites amputés de 30% ? Absurde

    5. Avatar de François78
      François78

      Je reprends ci-après un commentaire du même billet posté sur le site de jc Werrebrouck

      « Extraordinaire.

      Je ne suis pas économiste du tout, encore moins économiste en chef du FMI, pour tout dire, je suis un béotien.

      Mais j’ai eu la même idée que Monsieur Blanchard, avant de la réjeter devant les mêmes objections que vous formulez aux deux premiers paragraphes de votre billet, situés après l’intitulé « un tel projet laisse place à de lourdes interrogations »

      Je voulais reprendre des études d’économie, mais je crois que je ferais mieux de m’abstenir … »

    6. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Et si tout cela était un plan (américain) pour faire contre pouvoir à la puissance chinoise ?

  3. Avatar de François78
    François78

    Au diable les CDS et les accords internationaux les concernant ( porte-parole d’Angela Merkel ment, les allemands aussi sont mouillés)

    J’ai écrit sur un autre blog que ce qui est fait à la Grèce, au Portugal, à l’Espagne et plus généralement à la zone Euro est un pur acte de GUERRE économique ET politique, dont les tenants et aboutissants sont connus et en tous cas ne peuvent être ignorés.

    Cette agression demanderait une réponse politique à la hauteur (mais je n’y crois pas). Si on faisait cà à Medvedev/Poutine, il faudrait s’attendre à un grande retour de faucille et de marteau.

    Acte de guerre, le mot est t’il trop fort ? Je développe ci-après ce que j’entends par de tels actes, (pour celà je ne crois pas que l’UK soit sur la liste « prioritaire », car la zone Euro étant rentrée en turbulence – euphémisme- il y a d’abord l’Italie et la France) :

    « Il semblerait que la Grèce souffre plus d’un problème de crédibilité que d’un problème de solvabilité (j’ai lu çà chez Natixis). Considérée comme un maillon faible de l’Europe, elle a été victime d’attaques spéculatives concentrées fondées sur la possibilité d’un défaut de l’état (et la possibilité inverse qu’il soit sauvé au prix fort).
    Il s’agit d’opérations de propagande doublées d’opérations financières essentiellement prédatrices (aucun avantage pour l’économie productive), qui ne peuvent s’effectuer que consciemment (elles doivent être décidées).
    Etant donné le retentissement et les conséquences de ces opérations (je ne parle pas de leur immoralité), elles débordent de fait sur le domaine politique (demandez aux Grecs, aux Espagnols, maintenant aux Portugais, et à leurs gouvernements). Aucun responsable politique de la zone Euro, d’outre manche ou d’outre atlantique, ne pouvant ignorer ce qui se passe, laisser perdurer cette situation revient à l’autoriser (en restant angélique).
    Comme actes politiques prédateurs conscients (comment appelle t’on des actes de guerre ?), il devrait y être mis fin par des décisions politiques. Bien que je reste persuadé que nous sommes mal informés de leur décisions, les « élites » Européennes apparaissent à cet égard décevantes. Sauf si elles nous cachents des intentions plus noires : justification de tours de vis à la grecque ou à l’espagnole – initiation d’une reflation – …
    Par contre, je crois que les politiques et financiers notamment anglo-saxons peuvent se réjouir de ce qui est en train de se passer ; celà présente pour eux plusieurs avantages, j’en identifie au moins quatre :
    – mettre un concurrent (la zone Euro) dans la difficulté,
    – détourner l’attention de leur propre situation,
    – montrer qui commande,
    – se faire des sous en passant (intérêts/opérations sur taux et CDS). « 

  4. Avatar de Jérémie
    Jérémie

     » Il est temps, Messieurs, Dames, d’envisager l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix.  »

    Il serait peut-être temps de commencer à éduquer les hommes autrement, à moins bien
    sur que les plus riches familles de la terre ne veulent toujours envoyer leurs rejetons dans
    les mêmes écoles de commerce de ce monde.

     » Nul n’est prophète dans un marché  »

    Qu’est-ce qui règne d’abord dans l’esprit du spéculateur, du marchand, du banquier, du politicien, du parieur sans doute le même esprit, celui d’aller encore plus vite, d’amasser quelques gains supplémentaires grâce à toutes nos facultés, c’est l’esprit même de l’argent régnant et dictant partout sur terre à la micro seconde près, pas vu, pas pris, merci encore au super calcul de la machine.

    On connait le refrain:  » En dehors du marché, pas de salut possible pour l’homme  » Lorsque par exemple nous écoutons les bruits du marché et qu’un autre scandale de plus éclate, le bruit et la peur du chômage de masse ne s’excluent plus du tout et c’est alors la grande panique générale qui s’installe le sauve qui peut général, mais surtout, surtout pensons d’abord à nous les premiers.

    Dans cette prise de conscience nous découvrons dans toute cette horreur, que les dieux du commerce ne sauveront pas mieux le monde, surtout les petits, les oubliés, c’est toujours un plaisir de s’en prendre d’abord aux petits qu’aux puissants, qu’aux ami(e)s, quelle belle réussite mondaine quand même pour beaucoup de gens, bien évidemment ça gène beaucoup moins les personnes de la haute.

     » Pourquoi ce que nous aimons faire et laisser faire, devrions-nous nous en priver les premiers.  »

    La conscience marchande, mercantile, avide, sans cesse continuellement rivé sur les écrans, on veut de nouveau jouer aux durs et être encore les plus malins sur les marchés, quelle belle concurrence. Le corps marchand lui-même se crispe, se ferme, s’enfle, se défend et secrète alors dans tout le corps, comme dans le corps social d’une société, quelque chose sans doute beaucoup moins en rapport avec la vie, le bien, la sagesse, l’honneur, les écritures. Quel grand malaise de plus pour certains !

    Peut-être bien la chose la plus grave qui puisse arriver à l’homme, à une société évidemment plus la bourse grimpe au journal du soir, et plus cela enfle et entretient davantage l’égo de ces personnes, les maîtres du monde :  » Tout spéculera toujours « . Nous disent les apôtres du marché, et puis de toutes façons il y a toujours eu des perdants et des gagnants dans les casinos, dans l’histoire.

    A cette heure ils sont ivres, ça ricane peut-être encore beaucoup dans les meilleurs restaurants
    de ce monde, mais attendez de voir lorsqu’ils auront vomi leur vin, ils retrouveront peut-être leur esprit, l’homme ivre de la bourse, du marché continuellement aveuglé et obsédé par toute ces choses et dont la raison et la vue s’est bien carrément aveuglé et fourvoyé dpuis le siècle des lumières, par ses pseudo-certitudes de liberté ou de progrès. Oui je me demande pourquoi les prophètes ne sont-ils jamais bien reçu sur les marchés ? Hélas les marchés n’apportent pas toujours automatiquement la vie.

  5. Avatar de zébu
    zébu

    Bonjour M. Jorion.
    Je plussoie, comme on dit, sur le fond de votre ‘appel’, quant à :
    1. l’urgence,
    2. l’inanité des mesures prises,
    3. la pertinence des solutions à mettre en oeuvre que vous proposez,
    4. du niveau ‘régional’ (UE) pertinent pour que de telles solutions soient mises en oeuvre.

    Pour autant, très tristement, mais très lucidement, je me dois de vous dire que votre ‘flèche’ manque sa cible sur la forme.

    En effet, vous en appelez aux ‘instances européennes’, aux hommes et aux femmes qui les composent. Or, force est de constater qu’en matière de régulation et de fiscalité, l’UE est totalement dépendante … du Conseil européen et/ou de la Commission européenne, soit des états européens in fine. Quand on voit combien il a été difficile pour ces mêmes états de l’UE (sur un nombre plus restreint puisque cela ne concerne que les états de la ‘zone euro’ !) d’arriver à un positionnement aussi peu pertinent, comme vous le démontré très clairement, comme solution à la crise ‘grecque’, je suis, pour le moins, très dubitatif quant à la possibilité pour ces états constituant les institutions européennes (et les hommes et les femmes qui gouvernent ces états) d’entendre, ne serait-ce qu’entendre (et non même pas comprendre) ce que vous déclamez.

    On constate malheureusement que les personnes en charge de l’expression unitaire de l’UE (2 représentants) sont des coquilles vides : cela ne peut pas en être autrement. Et que la composition de la Commission européenne reprend les mêmes (Barroso, etc.) mais en appuyant sur le champignon : cela ne peut pas en être autrement, puisque ce sont les mêmes états, incapables de décider collectivement, qui nomment ces mêmes commissaires.

    Et ne me parlez pas du parlement européen … D’une part, ses pouvoirs (bien ‘qu’élargis’ récemment) sont très nettement insuffisants pour faire face aux états, qu’ils soient organisés en Conseil européen ou par le biais de l’exécutif de la Commission européenne. Par ailleurs, les récentes élections européennes ont reconduit très largement une majorité néo-libérale à ce Parlement européen. D’ailleurs, il me semble que c’était la dernière occasion véritable dans nos démocraties européennes (avec celle de l’Allemagne), avant 2012, de modifier le cours des choses.
    Les peuples européens en ont décidé autrement : ils en assumeront, aussi, ce choix.

    Personnellement, je ne crois donc plus qu’à un rapport de force politique. En appeler à la RAISON, comme vous le faîtes par ce billet, me semble vain (étant donné la configuration des champs institutionnels et politiques actuellement), pas sans utilité.
    Car, in fine, cet appel n’est pas dirigé vers les hommes et les femmes des institutions européennes.
    Mais bien vers nous.

    Dès lors, que faire ? La voie des élections, que ‘nous’ (européens) avons ‘raté’, ne nous est plus ouverte avant 2012. Si nous restons dans le cadre démocratique qui est le nôtre, il ne nous reste plus que 2 solutions, à moins d’intégrer d’ors et déjà que ce système est failli et qu’il ne nous reste plus qu’à accélérer sa chute (ce qui est une autre solution, tout aussi démocratique et la seule qui reste : par notre non-participation à ce système, y compris électoralement, par l’abstention notamment, ne pas cautionner la légitimité de ce système).
    Pour ceux, comme vous (comme moi ?), qui préférez éviter la chute car vous prenez conscience des implications chaotiques (et non anarchiques) que cela induit, il reste donc :
    – le recours au référendum. Encore faut-il que les systèmes démocratiques laissent cette opportunité à saisir par le peuple et que quand il s’en saisit ou que l’on lui laisse la possibilité de s’en saisir, on respecte ses choix (cf. référendum sur le trait européen en 2005 en France et en Hollande) …
    – la pétition, exigeant que soient mises en oeuvre de véritables solutions pour remédier à la crise et qu’un référendum soit mis en place pour valider ces solutions.

    Et in fine, en l’absence de réponses, soit grève générale et illimité, soit non-participation.

    J’ai évoqué dans un récent billet les ‘chances’ d’avoir recours à un référendum d’initiative populaire, en Europe (‘impossible’) et en France. En France, cela signifierait d’abord d’initier une pétition pour réclamer le DROIT à ce que les promesses proférées soient tenues, sur l’examen et le vote de la loi organique permettant la mise en place définitive d’une telle disposition, prévue dans la constitution française. Puis ensuite de faire pression sur des députés pour initier un projet de loi ‘référendaire’, qui sera ensuite soutenu par une pétition populaire.
    Cela reste faisable mais doit être engagé MAINTENANT.

    Une autre pétition, plus ‘directe’, demandera à ce que des mesures soient prises pour répondre à la crise, ainsi qu’un référendum pour valider ces solutions.

    Dans les deux cas, la ‘fenêtre’ de tir risque de se refermer bientôt, en France : les élections régionales se terminent le 21 mars.
    Ces élections sont l’occasion de mettre un maximum de pression, sur tous les groupes politiques. Ensuite, ce sera en 2012 (sauf cas de référendum d’initiative populaire).

    PROPOSITION : création d’une pétition (l’une ou l’autre ‘solution’ : loi organique ou solutions à la crise). Et engagement des signataires à renvoyer leur carte d’électeur à l’Assemblée nationale en cas de refus des institutions à faire quoique ce soit.
    Signature de la pétition. Envoi du texte par mail par CHAQUE signataire au Président de l’Assemblée Nationale et à son député.
    Une fois la date limite atteinte, dépôt de la pétition à l’Assemblée Nationale en version papier.

    M. Jorion, vous en appelez à la raison. Cela est bon, cela est sain. Mais la raison ayant désertée ces lieux vides que sont les institutions européennes et, à fortiori, les institutions financières, votre appel ne rencontrera que son écho.
    Il n’y a plus que la pétition pour être raisonnable. Ou préserver notre raison en s’abstenant de participer et de cautionner ce système.

    Cordialement.

    1. Avatar de chabian
      chabian

      Il me semble qu’il faut constater que toutes les forces politiques européennes sont « tétanisées » par leurs « opinions ». Il est frappant que ni les sociaux-démocrates/socialistes, ni les écologistes ne parviennent à construire un plan de « rupture ». Anecdote : même sur le péage des grandes villes, C. Joufflot ne prendra position ouvertement en faveur d’une telle « taxe » car l’opinion punirait immédiatement les Verts. Nos élus ne pourront sans doute éviter le dumping social et donc le clash social, ce qui ouvre aux aventures politiques dans plusieurs pays d’Europe. Je suis très pessimiste. Je ne crois à aucun sursaut électoral européen. Est-il encore possible qu’une « grande personnalité » (cfr De Gaulle, Kennedy, etc.; et je n’ai pas plus d’attrait pour ces gens que pour Lénine, Mao, Castro qui ont sans doute fait davantage pour moderniser socialement leur pays, en renversant des pouvoirs « tétanisés ») puisse donner un sens à un effort collectif ? au dessus du conflit politique ?

    2. Avatar de jeannot14
      jeannot14

      Bonjour à tous, organisons cette votation populaire par signature de l’appel de Paul:

      LORS DES ELECTIONS, DEVANT CHAQUE BUREAU DE VOTE sur la voie publique, une table une banderole un stylo et invitons les citoyens qui se déplaceront à signer notre pétition.

      L’organisation de ce mode de consultation a été réalisé pour la votation du statut de la poste, demandons leur conseil.

    3. Avatar de tomate
      tomate

      Bonjour !
      Vous dites :  » … Que faire ….? ».
      Pour ma part, je ne reconnais plus la strate REGIONALE .
      Je ne voterais donc pas….

    4. Avatar de ezambre
      ezambre

      Hel!O
      D’abord on ne vote plus pour des groupes politiques, mais pour une oligarchie, donc indirectement pour le MEDEF et le système financier. Le social est toujours une rustine, le chômage une mesure d’ajustement, le profit un vice profondément humain.
      La pétition est certes un moyen, mais pas une véritable action, dans le sens où ce qui nous attend dépasse les limites des choses auxquelles nous avons déjà été confronté. Une véritable organisation associative populaire locale doit voir le jour.

  6. Avatar de pierrot123
    pierrot123

    Aucune chance, Mr.Jorion, que vous soyez entendu.

    Pour une raison simple: le crash, « ils » ( c.a.d. les financiers, vu que les politiques n’ont plus qu’un rôle de figuration simple), le veulent…
    Le crash leur permettra toutes les ré-appropriations autoritaires auxquelles pour le moment ils ne font que rêver.
    Le pire leur convient bien.

    1. Avatar de Coeur
      Coeur

      Evidemment qu’ »ils » le veulent!!! Quand comprendrons-nous qu’ »ils » ne pensent pas comme nous!
      « Ils » se contrefichent des conséquences, « ils » jouent « ils » s’amusent comme des p’tits fous et en
      plus ça passe à chaque fois! Je suis presque sûre qu’ »ils » en sont étonnés eux-même, et qu’ »ils »
      sont pris au jeu; quand on joue et qu’on gagne, il y a une sorte de « folie » qui s’empare de nous
      et qui nous enlève toute lucidité; jusqu’ou peuvent-« ils » aller??? Comment le savoir si « ils »
      s’arrêtent en si bon chemin??? « Ils » iront jusqu’au bout; mais le bout, ni eux ni nous ne savons
      ce que c’est!

    2. Avatar de trimar
      trimar

      Hi
      bien sur qu « ils  » iront jusqu au bout !
      car  » eux  » n ont pas peur de ce qui vous angoisse : le conflit ARME .
      dormez bien

  7. Avatar de Enrique
    Enrique

    Ce matin dans le journal gratuit 20 minutes, page 8, un article attire mon attention : Les « pigs » vont être mis au régime au sec.
    Qui sont-ils ? Portugal, Irlande mais aussi Italie (depuis peu), Grèce (le plus mauvais) et l’Espagne [Spain].
    Un graphique nous indique le niveau des déficits des principaux Etats européens dont les fameux PIGS. Et là surprise ! Tous les Pigs ne sont pas ceux qui ont le plus fort déficit en pourcentage du PIB (source OECD, Economic OUtlook 86 database). La moyenne de la zone euro est de 6,1 %, l’Italie (le dernier venu au club des pigs) est à 5,5 % alors que le Royaume-Uni est à 12,6%, tout juste derrière… la Grèce à 12,7 %. Ca ressemble à un vieux règlement de compte (rivalité coloniale avec l’Espagne et le Portugal) avec de la condescendence (envers l’Irlande, mais aussi les autres). Le Royaume-Uni n’est-il pas le second Pig après la Grèce et même le n°1 si on considère son poids économique plus important ? Mais je dois faire du mauvais esprit, je me formalise sans doute trop…

    1. Avatar de Mathieu
      Mathieu

      Ceci montre bien que l’important n’est pas la situation économique mais sa perception. Et la spéculation joue essentiellement là-dessus.

      C’est la Grèce parce qu’il fallait bien en choisir un … premier!

  8. Avatar de Jérémie
    Jérémie

    A quand le prochain record de dominos ?

    http://www.youtube.com/watch?v=Hgtekdw1eyo

  9. Avatar de Michel MARTIN

    Je vous relaie et je flippe!

    (on dit « Le feu en la demeure » et « feu Monsieur le Compte »).

    1. Avatar de Michel MARTIN

      ou « Feu l’Europe » éventuellement!

    2. Avatar de mikaeleon
      mikaeleon

      Pourquoi pas comte?

    3. Avatar de TARTAR
      TARTAR

      « feue l’Europe » alors.

  10. Avatar de fujisan

    Bravo pour l’initiative !

    Pour ma part, je transmet aux instances et ministères européens et belges, ainsi qu’aux médias. Faites entendre partout cet appel. Il faut que ça se remue là-haut! D’ailleurs, ça bouge : Philippe Maystadt (président de la BEI) veut combattre la spéculation

    Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort
    Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port,
    Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
    Les plus épouvantés reprenaient de courage !

  11. Avatar de Homard
    Homard

    Je suis entièrement d’accord.

    Mais, il faut préciser un autre élément. Lisible nulle part actuellement.

    Alors oui les hedge funds sont des vautours, oui le petit jeu trouble de Goldman Sachs est scandaleux. Mais si ces acteurs n’avaient pas mis en évidence, par leur spéculation, l’état dramatique des finances des pays de l’Europe du Sud, la situation se serait dégradée davantage jusqu’à ce qu’elle atteigne à un point de non retour absolu (ce qui est peut-être déjà le cas).
    CAR les politiciens ne font pas leur boulot. Ils mentent et manipulent. De Gaulle avait dit que la politique de la France ne se faisait pas à la corbeille. Quelques décennies plus tard, la faillite complète de nos dirigeants ouvre un boulevard aux marchés.

    Il faut également que les politiques cessent de brasser de l’air, fassent preuve de courage en prenant leur responsabilité. Une façon spectaculaire de le faire serait en interdisant les paris spéculatifs. Tout cela devra passer par une introspection, une grande remise en cause. Bref, des termes inconnus chez l’homo œconomicus, qui continuera de donner ses instructions à la sphère politique tant que la population restera atone.

  12. Avatar de zébu
    zébu

    @ P. Jorion (suite) :

    Une texte de pétition très court (comme votre billet), avec :
    – demande de mise en place des solutions suivantes au niveau européen : XXXXXX
    – et validation par un référendum au niveau européen (et non par états membres)
    Dans l’urgence et en l’absence de solutions européennes possibles, mise en place de ces solutions en France et validation par voie référendaire, soit sur proposition du Président de la République, soit par le biais d’une référendum d’initiative populaire.
    Dans le second cas, un loi organique sera votée et déclarée d’urgence par l’Assemblée Nationale, afin que ce processus puisse enfin être mis en place.

    Dans le cas contraire, je soussigné XXX, m’engage à renvoyer ma carte d’électeur au Président de l’Assemblée Nationale.
    Date :
    Lieu :
    Nom/Prénom :

    Votre avis ?

    1. Avatar de bachibouzouk
      bachibouzouk

      Quelque chose dans le genre, pourquoi pas.

  13. Avatar de Jean-Luc
    Jean-Luc

    Merci monsieur Jorion.

    Avez-vous vu « Festen », le film danois de Thomas Vinterberg?
    « Au cours d’une fête donnée pour l’anniversaire du patriarche, certaines vérités le concernant, et difficiles à entendre pour lui-même et pour tous, seront dites. »

    Vous êtes Christian, le jeune fils, qui semble ce jour-là être un peu étranger à la fête familiale. Au cours du repas, devant son père qui l’écoute aussi, il va interpeller les siens. De la pointe d’un couteau il fait tinter son verre. Quand le silence est fait, il se lève, doucement, dignement, comme vous le faites. Il est droit et il parle. Il le fera une fois, puis une autre, puis encore. Il parle au nom de sa soeur et de son autre frère, et il parle en son nom. A chaque fois pour ajouter une révélation supplémentaire sur l’homme que l’on fête ce jour-là.
    Les convives sont surpris, puis outrés, puis atterrés.
    Puis les langues se délient.
    L’inceste dans une famille en concerne chaque membre.

    En ce qui concerne le sujet qui occupe les esprits en ce temps-ci, les langues commencent à se délier un peu grâce à vous.

  14. Avatar de Phil de Saint Naz
    Phil de Saint Naz

    Paul,

    Merci pour votre excellent et synthétique texte.Il doit être appuyé par nous tous et par tous ceux que nous pouvons sensibiliser dans notre entourage. Une fois cet appui obtenu, la réaction des politiques à ce texte constituera un signal grandeur nature sur:

    1- le pouvoir réel qu’ils ont de changer certaines choses capitales pour ceux qui les ont élu
    2- sinon de quels groupes ou lobbies ils sont les otages

    En cas de non réaction ou de balayage de cette proposition d’un revers de main, il ne restera qu’une solution: la grève générale de toutes les opinions européennes, la nationalisation des banques, le non remboursement des dettes des états à leurs créanciers.

    On m’objectera: les gens n’oseront jamais. Peut-être, jusqu’au moment ou les déboires seront tellement grands pour chacun d’entre nous que seules subsisteront les solidarités de proximité et que l’évidence apparaîtra au grand jour, à ne rien faire, nous tous nous enfoncerons définitivement.

    Si les rafistolages de ce monde injuste échouent, c’est peut être la chance de se lancer dans une nouvelle économie par destruction créatrice. Puissions nous différer cet instant.

  15. Avatar de Thomas

    L’avenir ne repose pas – malheureusement – sur les propos de ce blog, ne nous emballons pas.

    Les inerties sont nombreuses et la discussion comme elle est pratiquée ici – c’est à dire entre personnes qui sont à 80 % d’accord sur l’essentiel – finit par déformer notre vision du reste du monde.

    Paul est ce père de famille qui sait que son enfant va se faire mal, mais comme ce petit n’écoute rien, le laisse aller jusqu’au bout pour qu’il apprenne…

    L’Elysée viendra, mais dans un moment…..

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Audaces fortuna juvat.

    2. Avatar de Thomas

      J’allais le dire.

  16. Avatar de Piotr
    Piotr

    Désolé de relayer les mauvaises nouvelles mais le Hummer de (General Motors), faute de repreneur ,ne sera plus fabriqué.Je conseille de reporter votre envie d’achat sur un char Leclerc ,assez gourmand en fuel mais très sécurisant.

    1. Avatar de TARTAR
      TARTAR

      Décidément François sait tout faire!

    2. Avatar de stanzer
      stanzer

      Merci, Piotr pour ce trait d’humour dans un flot de commentaires fort déprimants à force d’évidence et de réalité pessimiste, mais malheureusement plus que probables

  17. Avatar de vmigeat
    vmigeat

    Cher Paul,
    Bravo pour ce texte concis et clair, en forme d’appel, et qui mérite oui, d’être diffusé largement. Le temps n’est effectivement plus aux conjectures car la situation est effectivement alarmante. Nous en avons pris la mesure, les causes sont identifiées, malheureusement, la petite rengaine que l’entend encore trop souvent ces temps-ci « tout va très bien madame la marquise (on connaît la suite…) » continue d’être fredonnée à l’envi par tous les responsables politiques dignes de ce nom.

    L’exercice que je vous propose est le suivant: un peu comme l’a fait en son temps René Descartes (toutes proportions gardées toutefois), il s’agit de re-visiter les mots que nous croyons connaître, mais qui sont souvent par trop élimés ou essorés à force d’avoir été employés, les convictions qui sont depuis trop souvent les nôtres (jusqu’à abuser de nous) et que nous rechignons encore trop souvent à remettre en question.

    Prenons pour commencer le nom commun suivant: société*. Il désigne à la fois l’ensemble que forment les différentes composantes sociales d’une nation, mais également, et c’est assez intéressant d’ailleurs, l’entreprise. Nous savons, ou plutôt on nous a constamment seriné ces dernières années que l’entreprise devait être rentable, suer du cash, rapporter aux actionnaires, se développer à l’export, écraser la concurrence etc… Par contre, on a un peu oublié qu’une entreprise c’est aussi un projet industriel qui permet aux salariés et cadres de se projeter dans l’avenir, de vivre dans une relative sécurité, de consommer, faisant ainsi tourner la grande machinerie, mais également de fonder une famille, d’assurer à la fois son avenir et celui de ses enfants. Entre parenthèses, et sans enjoliver le passé, c’était quand même un peu plus le cas à l’époque du capitalisme de papa. Bref, la société/entreprise, dans un monde parfait devrait pouvoir assurer ou tout du moins renforcer l’existence et la stabilité de la société/nation.

    Or depuis qq années, à quoi assistons-nous? à tout l’inverse: le capitalisme en se versant dans la mondialisation a perdu peu à peu ses vertus, tout en gagnant des galons. Ce processus s’est accompagné par ailleurs d’une pédagogie assez particulière: nous avons en effet été totalement submergés par une tout autre idéologie, celle de l’ingénierie financière néo-libérale qui poussée à son paroxysme (voir KKr qui est un bon exemple, mais il y en a d’autres…) s’est trop souvent développée sans contrôles ni freins institutionnels. En gros, les états dans leur grande majorité on fait confiance en cette économie qui nous assurait de ses bons offices et qui ne cessait de répéter que « le marché s’autorégulerait » et que « la création de richesse finirait par profiter au plus grand nombre ».

    En 2008, ce système du jour au lendemain a prouvé son inefficacité. Notre monde a vacillé un instant et… les choses ont repris leur molle place. Rien ne semble donc vouloir vraiment changer. Certes de grands discours ont été prononcés, des mesures ont été évoquées, parfois même prises, mais elles sont cosmétiques et aucunement de nature à décourager l’appétit des grands fauves de la finance (qui doivent bien se marrer d’ailleurs) La raison est simple: nous nous sommes assoupis, citoyens, élus, élites, trop confortablement installés dans nos mots confis, nos paresses intellectuelles et peut-être une propension curieuse à l’empathie envers les puissants…

    Et encore, si cette idéologie ne provoquait que des drames dans l’économie… mais c’est toute notre société qui est infectée, par l’intermédiation parfois complice des médias, par la pub qui rend la France moche, zones industrielles répliquées à l’infini (voir le dossier récent de Télérama à ce sujet) l’empire du fast-food, de la « peoplisation » qui arase la culture populaire, la télévision érigée en religion. mais également le prêt-à-penser, les portables et autres smartphones, les SMS qui détruisent notre langue. A propos, poser une pensée complexe suppose de maîtriser la langue écrite, lorsqu’on voit à quel point et à quelle vitesse le niveau de maîtrise du Français s’effondre, il me semble que cela devrait alarmer la société comme les élus. Les Français de demain sont les élèves d’aujourd’hui…

    Bref, nos maux sont donc aussi nos mots. Il faut ainsi de toute urgence les re-visiter, remettre leur sens en jeu, revoir nos systèmes de pensée, passer à la machine à laver nos convictions, même (et surtout) les plus ancrées, et donc se remettre à penser. Si nous nous éternisons dans ce système qui crie ses limites à nos sourdes oreilles, notre bonne vieille civilisation connaîtra à n’en point douter les affres du déclin. L’histoire est riche en exemples de civilisations qui, se croyant invincibles et immortelles n’ont su voir venir leur fin.

    Le vrai courage, la vraie posture de combat serait de commencer à nous re-penser, sans exclusives ni tabous.

    VM

    * la liste de mots est bien entendu extensible à l’infini: école, nation, identités, production, argent etc…

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Pas sur que la maitrise de la langue ,nous aide à maitriser nos destins.

    2. Avatar de Claude L
      Claude L

      Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.
      Albert Camus

  18. Avatar de louise
    louise

    M. Jorion

    Il y a le feu dites-vous ?

    Les choses commenceraient-elles à aller vraiment mal ? très mal ? très très mal ?

    Avez-vous en vue l’inévitable catastrophe ?

    1. Avatar de Piotr
      Piotr

      Il y aura des pleurs et des grincements de dents…

  19. Avatar de clive
    clive

    Puisque les références sont appréciées ici, extrait:

    Hopper:
    « where did you get the core to do this to me?… I HATE when someone gives away the ending ! (…)
    Let this be a lesson to all of you, ants, ideas are very dangerous things, you are mindless, soil-chopping losers, you’re on this earth to serve us!… »

    Flik:
    « You’re wrong, Hopper, ants are not meant to serve grasshoppers. I’ve seen these ants doing great things,, and year after year they somehow manage to pick food for themselves AND you…
    So Who is the weaker speaces ?
    Ants don’t serve grasshoppers, it’s YOU who needs us, we’re a lot stronger than you say we are…
    AND YOU KNOW IT
    Don’t you?

    « A bug’s life » (1998)

  20. Avatar de Jean-Luc
    Jean-Luc

    Je ne sais pas si je suis seul à avoir vu ça!
    (je n’ai pas lu tous les commentaires au dessus, désolé)

    En allant visionner sur France 24 le débat que Paul Jorion nous met en lien, j’ai eu une bonne surprise, qui ne s’est pas renouvelée, hélas, à la deuxième vision (snif!)

    J’ai eu le droit, pour me faire patienter (!), en ouverture à un débat ou on allait parler gros sous, à une publicité pour le Crédit Agricole (c’est ma banque, alors je me sens concerné!).
    Si je l’ai bien reconnu, c’était Sean Connery qui avait deux mots à me dire sur ma banque …Sean Connery! MA banque!
    Sérieux et souriant il me parlait en anglais (!), sur fond noir. J’ai pas tout compris, Pour qu’on le dérange, lui qui a sûrement plein de trucs à faire chez lui aux USA, ça devait être très important.
    Et ça devait même être très très sérieux puisqu’à la fin du message (qui devait durer 10 secondes) Sean Connery a laissé sa place à la planète Terre qui est apparue à l’écran, avec le soleil qui lui faisait briller l’horizon. Une belle Terre sur laquelle est venu en surimpression s’écrire le nom « Crédit Agricole ». J’étais fier. Et puis j’ai lu ensuite au dessus une phrase dans la langue de l’envahisseur, que Sean Connery répétait en même temps en voix « off »: « It’s time for a green bank ».

    J’ai rêvé les amis?

    C’était comme un gros gag de chansonnier qui aurait voulu se payer la banque à la sauce écolo-mystique. Une blague payée sûrement très cher par la banque elle-même. (j’allais écrire « une blague payée par mes sous », puisque je les ai mis dans cette banque; mais si j’ai bien compris le truc, ce serait de toutes façons mes sous, même si j’étais chez HSBC, et même si mon pognon relevait mon matelas).

    Trop fort non? C’est de l’arrogance? De la suffisance? Privé de tout sens commun, coupé de toute réalité, le Système génère sa propre autocritique.
    On a pas fini de rigoler!

    1. Avatar de Jaycib
      Jaycib

      Mais ce n’est qu’une publicité! Nul doute que Sean Connery ait été payé pour cela… On retrouve cette pub sur Eurosport et des chaînes anglophones.

    2. Avatar de lorimiera
      lorimiera

      Sean Connery et la publicité Du Crédit Agricole:
      http://www.wat.tv/video/pub-credit-agricole-avec-sean-1y86u_k3bs_.html

    3. Avatar de Moi
      Moi

       » chez lui aux USA »

      Chez lui, c’est plutôt en Ecosse.

    4. Avatar de Phil de Saint Naz
      Phil de Saint Naz

      Jean Luc,

      Tu as du tromper, c’était une pub pour l’indépendance de la Scotland, dont Sean Connery est le porte-parole. Est-il aussi le porte-parole de la lamentable Royal Bank of Scotland, et celle-ci a t’elle des accords avec le Crédit agricole? ceci expliquerait (mal, je l’avoue) cela. Le monde des puissants nous reste celé

    5. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ Moi
      C’est vrai!

      @ Jaycib
      Jayciiiibeueueu… je fais le mariole, mais j’ai compris que c’était une publicité! (et destinée aux anglophones, aussi. Quand je dis « la langue de l’envahisseur » vous me prenez aussi au 1er degré? Il faut que je travail mon second alors)

      Ancien publicitaire défroqué (et repenti!), je me marre de ce que continuent à faire mes anciens collègues.
      J’ai servi dans les campagnes des années 80′ (« servi dans les campagnes », les soldats disent ça aussi). On chargeait, concept au clair, suivi par l’intendance des commerciaux cuirassés de « marketing ». On chargeait toute cette bleusaille de consommateurs désarmés et naïfs, qui s’avançaient vers nous, confiants et béats, friands de nos petits jeux de mots et de nos films en couleur, sans savoir qu’on allait les hacher comme fretin à la dynamite! Qu’est-ce qu’on a pu rigoler!

      – Silence dans les rangs! La bière Heineken a besoin de gagner, dans le trimestre qui vient, 1,7 point de part de marché. Y a une OPA qui se prépare mais ça, c’est pas votre problème! Votre problème les ptits gars, et là il va falloir mettre votre cerveau sur la table et poser vos valseuses à côté, votre problème …c’est de faire picoler de la bière Heineken à tout ce qui bouge! Hommes, femmes …et enfants s’il le faut!
      – (choeur de nous-autres, les mercenaires) Sir! Yes Sir!!

      Mercenaire surpayé, j’ai servi pour les armées de Renault, de IBM, de DIM, de Gaumont, de Danone, de RTL, de Peugeot, de Hachette, et d’autres osts encore! Le pognon tombait du ciel, il suffisait seulement de bien se mettre en dessous! « Sous le pognon exactement, pas à côté, pas n’importe où, sous le pognon, sous le pognon, juste en dessous » aurait pu chanter Gainsbourg pour nous accompagner.
      Début 90′ j’ai lâché l’affaire, ça ne m’amusait plus. La bêtise on s’en lasse. Bêtise des publicitaires qui se nourrit de la bêtise des consommateurs. Je servais pour le pognon et la rigolade. Si j’étais resté après j’aurais seulement servi la bêtise.
      C’est ce que font mes anciens collègues quand je vois ce genre de pub.
      Et ça me fait quand même marrer.

      La bêtise, quand elle se met à rire sur soi, cesse d’être la bêtise. Mais essaye-donc de faire rire les publicitaires aujourd’hui. Ils ont fini par se prendre au sérieux.
      (Vas-y Sean! t’es un grand toi au moins! prends l’oseille et tire toi dans ton beau pays d’Ecosse. Et dis-lui bonjour de ma part. Je ne l’ai pas oublié.)

    6. Avatar de frédéric
      frédéric

      Jean Luc,

      je vous cite : « Début 90′ j’ai lâché l’affaire, ça ne m’amusait plus. La bêtise on s’en lasse. Bêtise des publicitaires qui se nourrit de la bêtise des consommateurs. Je servais pour le pognon et la rigolade. Si j’étais resté après j’aurais seulement servi la bêtise.
      C’est ce que font mes anciens collègues quand je vois ce genre de pub.
      Et ça me fait quand même marrer ».

      Encore une fois, un truc me rend triste : cette teinte d’élitisme ou de misanthropie que je retrouve dans pas mal de commentaires. Pour ma part, je pense qu’il n’y a aucune bêtise dans les rapports que vous décrivez. Ce que j’y vois, c’est plutôt une redoutable intelligence des pubards qui maîtrisent parfaitement les comportements et les réflexes humains. Et des consommateurs non pas idiots, mais manipulés par des gens plus astucieux, plus fins psychologues qu’eux.

      C’est marrant, moi ça me fait penser à un autre type de rapports entre manipulateurs et manipulés. Dans lequel je soupçonne les manipulateurs-politiciens de ne pas vraiment aimer les manipulés-électeurs et de bien se marrer sur leur dos. Dit comme ça, évidemment, c’est un petit peu moins drôle. Enfin, ça a le droit de vous faire marrer, c’est vous qui voyez. Mais il semble que les temps ne soient pas vraiment à la rigolade pour tout le monde.

      Sans rancune

      Frédéric

    7. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      Phil!
      Content de te voir par ici. J’ai aimé notre virée de l’autre jour, sur les hauteurs de la « démesure magnifique ». Une bonne suée.
      Mais dis-moi, tu as de sacrées ressources! Je n’arrête pas de te voir passer chez Jorion, sur plein de sujets. Et tu n’y es pas pour enfiler des perles, ou beurrer les sandwichs. Respects sincères. A chaque fois, moi, je remonte sur le vélo, je me cale dans ta roue, et je profite de l’aspiration.
      Allez, on continue.

    8. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ frédéric

      Tout va bien. Je n’ai pas senti de rancune chez vous à mon égard, d’autant plus que vous traduisez mes pensées.
      J’ai compris la fameuse « politesse du désespoir » par laquelle Boris Vian qualifiait l’humour, le jour où, désespéré de bien des choses, il ne m’est plus resté que l’humour pour ne pas sombrer dans le repli grincheux ou la neurasthénie.

      Ce que j’écris vous paraît cynique (« élitisme et misanthropie »), mais c’est une façon de traduire pour moi les vilenies publicitaires auxquelles j’ai prêté mon concours pendant longtemps.
      En 80′, Séguéla, après nous avoir emballé un drôle de type dans le costume de la « force tranquille », débarquait avec son « Ne dites pas à ma mère… », et Bernard Cathelat commençait à punaiser les consom’acteurs comme des papillons dans des boîtes. Nous, on avait depuis quelque temps un bréviaire, un bouquin en anglais de David Ogilvy (publié ensuite chez Dunod), et une énorme envie de tester ses trouvailles. Et vous avez raison de parler d’intelligence. Quelle formidable intelligence que celle dont ont fait montre les théoriciens de la réclame! Beaucoup de sociologues devraient en rabattre devant eux. Et je le dit sans cynisme.

      Après, quand je dis qu’ »on rigolait », c’est parce que c’est vrai. Comme des vendeurs de vaisselle ou de balai miracle sur les marchés, on faisait notre numéro de cirque. Gouaille, humour, clin d’oeil en coin, trémolos dans la voix, un petit mot pour chacun, une blague pour monsieur, un compliment pour madame, et un bonbon pour le petit. « Cent balles le service douze pièces en porcelaine, ou je casse! » Et vlan! en mille morceaux devant les regards outragés des ménagères. Une deuxième fois: « Cent balles! ou je casse! » Et les billets se tendent, parce que ça fait mal au coeur de voir toute cette jolie vaisselle détruite. Vous les avez vu faire les bateleurs? C’est un spectacle dont je me régale, quand j’ai la chance de tomber dessus. Comme je me régale de voir la candeur des ménagère.
      Je pense parfois: « Et si, pour une fois, elles le laissait détruire son stock? Si elles arrêtaient de jouer le jeu, les ménagères? ». Il arrêterait son cirque. Comme nous aurions arrêtez le nôtre si les consommateurs avaient eu l’intelligence d’arrêter de croire à nos fables de publicitaires irresponsables.
      Mais les ménagères n’arrêtent jamais. Elles aiment le spectacle, et elles trouvent que la vaisselle est jolie.

      Va comprendre, Charles! (pardon Frédéric, j’ai décidé, une fois, de vous appelez Charles)
      Je parle de « bêtise » des deux côtés, publicitaires et consommateurs, et en vous écrivant maintenant, je ne suis plus aussi sûr.
      Finalement on aime tous le spectacle. Et avoir un petit rôle dans la distribution ça fait bien plaisir à tout le monde.

    9. Avatar de mianne
      mianne

      Ils n’ont pas fait venir Sean Connery de très loin : toujours aussi discret sur sa vie privée, il réside dans le sud de la France depuis des décennies avec sa femme qui est française !!!

    10. Avatar de Papimam
      Papimam

      Entendu avec le nez sur la TV.
      « Les publicitaires sont des gens extrêmement sérieux et très pro, inventifs, socio/psychologues, gestionnaires et tout et tout » très intelligents sans doute ou hélas souvent trop ils ont plusieurs longueurs d’avance sur le public qu’ils orientent, manipulent. Et pour les gamins c’est d’une simplicité enfantine.

      Ils nous/les manipulent ou nous/les conditionnent efficacement sauf erreur et avec la technique du billard à 5 bandes ou le « je sais que tu sais que je sais ….. ».
      Les techniques évoluent sans cesse comme le IBood. On paye même des particuliers pour diffuser des buzz anodins ou alors on effectue de la pub « subliminale » (on pose des produits à promouvoir dans le décor).
      Leur créativité est illimitée, ils sont grassement rétribués pour ça.

      J’ai souvenir d’un article du Monde qui décortiquait les techniques hyper sophistiquées comme le storytelling, rumeurs montées en mayonnaise et d’autres encore plus insidieuses.
      A l’image des entreprises, tout parti politique possède également son équipe publicitaire et l’exécutif dans ce domaine a une force de frappe incomparable, il n’y a qu’à suivre précisément les sujets traités dans les médias, ils sortent tout naturellement d’un soft de gestion de projets avec chemins critiques, Pert & profits aussi, rétroplanning par rapport à l’objectif. Et comme il ont toutes les manettes ou presque en main, il n’y a plus qu’à envoyer la sauce.
      Résultat : tu ne sais plus si c’est de l’info basique ou du téléphoné, eux même en perdent parfois leur latin ou s’emmêlent les pieds.

      La mode actuellement est de charger son adversaire sytématiquement de ses propres défauts ou tares.
      Comment contrer ceci : juger sur les faits, les résultats, les actions effectives et surtout diversifier ses sources, ne pas hésiter à être à l’écoute des médias étrangères.

    11. Avatar de frédéric
      frédéric

      @ Jean Luc

      Merci de votre réponse. Lucidité, autodérision, pas mal de pédagogie aussi. Oui, en 81 on nous a emballé (comme un steak?) un drôle de mec dans un costard sur fond d’église et de bocage. Emballé : vous suggérez vendu? c’est drôle, même si c’est un peu vrai, ça fait mal à lire. Surtout quand, 30 ans plus tard le chef du rayon prêt-à-penser est venu nous expliquer que si on n’avait pas une rolex à 50 ans on avait raté sa vie. La boucle est bouclée, je laisse la parole au chef de rayon : « salut les blaireaux, alors, contents de la crise? Tout baigne? Allez soyez pas fâchés quoi! On s’est quand même bien marrés ces trente dernières années. Ah bon, vous êtes dans la m….? 20 ans que vous ramez? Et ça s’aggrave? Pas de panique! Nos équipes travaillent d’arrache-pied à vous formater le cerveau pour que vous votiez pour le nouveau rebelle de demain. Celui qui va vous sauver. Parce que oui, on l’a trouvé. Il est encore un peu jeune, mais vous allez aimer sa petite gueule d’ange. Vous l’aimez déjà, je le sens. Il vous fascine, n’est-ce-pas? Hé hé…Et puis vous verrez, pour vendre des services de vaisselle, c’est le meilleur. D’ailleurs, c’est simple, malgré son jeune âge, il sait tout faire. Et comptez sur nous, on va vous apprendre à ne pas pouvoir vous en passer ; tiens à l’heure qu’il est, je sais que son image est déjà imprimée dans vos cortex de débiles mentaux. Oui, LUI. Allez, avouez, c’est pas du travail de pro ça? Bon, c’est pas tout ça mais on m’attend pour un golf à Saint Nom. Je vous donne rendez-vous en 2012 et puis en 2017. Je SAIS que je peux compter sur vous, votre connerie ne m’a jamais déçu. »

      Puisque vous avez déserté leurs rangs et que vous êtes ici, on appréciera votre coup de main, Jean Luc.

      Amicalement,

      Frédéric

    12. Avatar de Claude L
      Claude L

      @ jean Luc
      J’apporte mon grain de sel sur un point de détail.
      Je n’aime pas la formule : l’humour est la politesse du désespoir. Le désespoir ne nous entraine pas vers un repli grincheux ; il nous pousse par la fenêtre. Dans le désespoir, il n’y a plus de place pour l’humour. Je préfère de loin cette autre formule : l’humour est la sublimation du désillusionnement. A méditer. Vous savez faire.

    13. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ frédéric
      Yep!
      (et il n’y a pas que LUI qui nous est emballé-vendu, y a aussi L’AUTRE, puis L’AUTRE, puis encore cet AUTRE,…)
      Pour la dernière suggestion, je viens de voir que vous avez déjà lu plus loin ma réponse à Laurence.

      @Claude L
      D’accord aussi Claude. Le désespoir est quelque chose qui peut faire perdre totalement le sens de l’humour. Mais Boris Vian voulait aussi nous rappeler que, de se jeter par la fenêtre …c’est pas très poli.

    14. Avatar de Claude L
      Claude L

      @ Jean-Luc

      Se jeter par la fenêtre, c’est incontestablement un manque de savoir vivre.

    15. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ Claude L

      … (pas mieux)

    16. Avatar de trimar
      trimar

      Hi
      est ce qu ‘une saine réaction de votre part ne serait pas , tout simplement , de fermer votre compte au C Agri ?

    17. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      Hi trimar!
      (je vois que, question couleur d’avatar, on boxe dans la même catégorie -le truc carré, à droite)

      Me tirer de la « banque-patate »? J’y ai pensé, mais je le mets où mon pognon? Y a pas de quoi relever mon matelas d’un centimètre, mais bon, faut bien mettre l’oseille quelque part.
      Il paraît que plusieurs textes de loi qui se recoupent font comme une obligation, en France, d’avoir un compte bancaire (j’ai entendu un journaliste l’autre jour à la radio dire que depuis 197? tout citoyen français avait l’obligation d’avoir un compte en banque. A vérifier).

      On est cuit trimar. Il faudra passer sous les fourches.

    18. Avatar de frédéric
      frédéric

      @Jean Luc, toujours aussi matinal, en réponse à ton message du 27

      PM : Me tirer de la « banque-patate »? J’y ai pensé, mais je le mets où mon pognon? Y a pas de quoi relever mon matelas d’un centimètre, mais bon, faut bien mettre l’oseille quelque part.
      Il paraît que plusieurs textes de loi qui se recoupent font comme une obligation, en France, d’avoir un compte bancaire (j’ai entendu un journaliste l’autre jour à la radio dire que depuis 197? tout citoyen français avait l’obligation d’avoir un compte en banque. A vérifier).
      On est cuit trimar. Il faudra passer sous les fourches.

      A vérifier, en effet. Ceci dit ça ne te met pas les nerfs en pelote d’entendre que des banques, peut être même la tienne, foutent des clients dehors parce que leur dépôt est trop faible, ou qu’ils ne font pas assez d’opérations dans un même mois? Ben moi si, et je soupçonne, à te lire avec un peu d’attention, que la colère n’est pas complètement éteinte chez toi non plus. Alors, est-ce qu’on est cuits? Ben là non plus j’en sais rien bordel, soyons créatifs, inventifs, comme tu as su l’être pendant ta carrière chez les pubards. Je ne vais pas te dorer la pilule, le talent tu l’as, ça se sent et tu le sais. Alors comment ça se fait (cette remarque ne se limite pas à toi, elle me concerne aussi en partie, toi moi et d’autres ici) qu’on en arrive à écrire des trucs comme « on est cuits »? Autant écrire « on est morts », ça sera plus clair…Ben non, je regrette, on n’est pas morts, on n’est pas des estomacs sur pattes, et rien ne nous autorise à agir en enfants gâtés.
      Ce qui me fait ch…, c’est de voir que les posts de quelqu’un comme Laurence finissent par susciter de l’atendrissement ou de l’amusement. Encore une fois on n’en est pas à faire la révolution, ce qu’on demande ce sont des réponses à nos questions, l’arrêt de la duplicité et la prise en compte de NOS préoccupations.
      Tiens, pour finir, un souvenir publicitaire des années 90 je crois (j’ai vraiment jeté la rancune à la rivière 😉 : Des mecs en fauteuil roulant, des athlètes, en train de rouler comme des furieux dans une montée. La sueur, la chaleur, l’essoufflement, et puis l’arrivée en haut du col, le relâchement, la descente, enfin… « ta vie est à toi » ‘(Nike, of course). Oublions Nike, puisqu’ontologiquement ceci est un message déguisé. Ne retenons que les mots : « Ta vie est à toi ». Ce mots, ils me rappellent ceux d’Eric Escoffier, un alpiniste mort en montagne. Si j’ai bonne mémoire il disait « notre vie, elle est ce qu’on en fait ». Et c’était pas pour une pub.
      Si nous en sommes rendus au constat que notre vie ne nous appartient plus à ce point, alors nous ne sommes plus des citoyens, mais plutôt des esclaves.

      Amicalement,

      Frédéric

    19. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ frédéric

      Matinal? Disons plutôt que je crois toujours pouvoir rajouter une vingt-cinquième heure aux vingt-quatre qu’on me refile chaque jour. J’essaierai encore la nuit prochaine, on ne sait jamais.
      Je te retrouve ici avec plaisir. Depuis la dernière fois, je t’ai lu plus loin (la « trame » de pétition/manifeste. Chapeau. A part l’UMP tu cites à « gauche » -hein? quoi le « MoDem?- et il y a à droite aussi de l’intelligence, et des gens qu’on doit entendre sur le sujet, pour ne pas passer à côté du truc. On s’est compris.).
      (A part ça, j’aime bien la traîne que nous sommes en train de laisser derrière mes trois pauvres réflexions sur la pub avec Sean. La prochaine fois je demande à Jorion d’en faire un « billet invité »!)

      Une idée me viens après t’avoir bien lu. Il y a quelque temps, quelqu’un (roma si j’ai bon souvenir) nous avait donné une citation d’un philosophe inconnu de moi: Clément Rosset. J’étais allé me renseigner sur le bonhomme, et j’avais découvert (heu… si j’ai bien tout compris -c’est du lourd) qu’il appuyait sa pensée sur le fait que, seule la prise en compte du pire, du tragique, pouvait amener ce qu’il nomme la « joie ». Pour caricaturer: toute action qui retarderait la prise en compte du réel (qui créerait comme un « double » à la réalité des choses) éloignerait d’autant l’apparition de cette joie (pas de mysticisme à deux euros derrière, tu me comprends, ce n’est pas tout à fait la « joie » du curé à la guitare).
      En gros, il nous faudrait apprendre à dire « on est cuits », ou comme tu le traduis « on est mort », pour avoir des chances d’approcher la solution (chercher à toucher le fond de la piscine, pour donner l’impulsion …et remonter).
      Cette idée me plaît. D’où ma réponse à Trimar.

      Ce que tu dis de l’amie Laurence est vrai, je ressent la même chose, et je l’ai dis ailleurs. Et je comprends maintenant pourquoi ce que tu prenais chez moi pour du cynisme, au début, t’a fait bondir. Laurence est ici un réservoir de joie (tant pis si elle écoute, on est pas là pour faire de la thérapie de groupe, mais pour essayer de comprendre). Parfois, c’est vrai, certains (et je ne serais pas le dernier d’entre eux) lui demandent de descendre plus bas au fond de la piscine …mais qui sait? peut-être qu’en remontant on va la croiser qui nous attendait. Elle sera là pour permettre à tous ceux qui, comme moi, aime l’ivresse des profondeurs de reprendre l’oxygène qui, à ce moment-là, manquera. Chacun fonctionne à sa manière, et bien stupide celui qui aurait des leçons à donner. Une seule chose est sûr: à la fin on est tous morts (mon sens du tragique frédéric, pardon).

      Agnostique moi-même, j’ai raconté ailleurs aussi ce que m’avait appris la fréquentation de deux de mes tantes religieuses. L’une était carmélite, et ce retrait du monde des hommes me paraissait douteux. L’autre, soeur de la congrégation de Saint Vincent de Paul, s’est confronté toute sa vie à la réalité, à toutes les souffrances humaines. Un souvenir que je garde encore, ce sont trois semaines passé auprès d’elle dans un centre pour enfants myopathes, en 1974. Le Téléthon n’existait pas pour eux encore. Il mourraient par centaines, les uns après les autres, vidés de toute énergie. C’était un centre qui se situait tout au bout de la presqu’île du Croisic, près des marais de Guérande. Loin de tout. Seuls quelques parents venaient accompagner ces gosses vers la mort. Ces mômes qui pour la plupart n’atteindraient jamais leur majorité, et elle, ma tante, qui avait décidé de se coltiner le réel, connaissaient très précisément cette joie dont parle Clément Rosset.

      On dit souvent que seul l’esclave connaît la valeur réelle de la liberté, et que seul celui qui va mourir connaît la valeur réelle de la vie. C’est oublier que nous autres humains avons ce don incroyable de sympathie pour autrui. Sympathie au sens étymologique pour l’autrui de Verlaines: « des lointains dans des brouillards ». Dans des lieux comme ici, certains brouillards se dissipent, et le paquet des humains remonte, un tout petit peu, en surface.
      A côté de ces choses très importantes pour moi, ça ne me dérange pas de continuer à laisser croire pour l’instant au Crédit Agricole que je suis son obligé. Et si le dépôt est trop faible, et que la banque me jette, il me restera la solution du matelas.

      « Notre vie, elle est ce qu’on en fait » disait Escoffier? Je signe avec toi frédéric.

    20. Avatar de frédéric
      frédéric

      @ Jean Luc

      Il paraît qu’on aurait une prédisposition au bonheur ou à la dépression. En petit curieux que tu es (tu lis ceci, c’est donc que tu es curieux), tu n’as pas manqué de lire des trucs sur le travail de chimiste auquel la médecine se livre : un petit chouia de cette molécule et vous retrouverez le moral, un petit peu de celle-ci et votre sommeil sera régulé, etc etc
      On pense ce qu’on veut de cette approche, qui envisage notre organisme comme une usine chimique dont il suffit de réguler la production pour atteindre le bonheur. En tout cas, c’est la direction qui est prise. Loin, très loin de tout ça, on m’a raconté que dans certaines régions de l’Inde, les médecins chantaient pour guérir les patients…au début cette idée m’avait fait marrer, et puis en y réfléchissant je l’avais bien aimée, cette idée. Romantique à souhait.

      Je suppose que les mômes dont tu parles avaient au moins autant besoin de chansons que de cachetons, et à te lire j’aime penser qu’ils sont partis baignés d’affection et pas seulement entourés de blouses blanches avec des moniteurs et des seringues partout. On ne devrait pas laisser les gens mourir tout seuls dans une ambiance de science fiction. J’espère que quand je mourrai quelqu’un me tiendra la main. Et qu’il y aura du soleil.

      Approcher l’extrême limite, le fond de la piscine, pour trouver la volonté et l’énergie? Un peu mystique sur les bords, comme expérience, non?

      L’été dernier, j’ai acheté une honda 650 africa twin, pour 800 euros. Je suis parti seul de Paris début août, avec le projet de rallier Dakar et de revenir. Un voyage de 11400 kilomètres, que j’ai réussi à boucler au prix de grosses souffrances.

      Faut dire que dans le sahara en août, dès que tu es à plus de 10 kilomètres de la côte atlantique, il fait dans les 60 degrés. Et bien sûr, ce qui devait arriver est arrivé : un mauvais calcul d’horaire dans la partie la plus longue et la plus isolée (entre Nouadhibou et Nouakchott, en Mauritanie), et un coup de chaleur m’a littéralement mis à genoux. J’avais déjà vécu quelques situations complexes, mais jamais à ce point là. Mektoub? Deux mecs sortis de nulle part m’ont recueilli. Des tronches de truands, avec leurs turbans autour de la tête qui ne laissait entrevoir que leurs yeux. J’avais 900 € en billets dans les poches, j’étais incapable de tenir debout, la moto était sur la béquille avec la clé sur le contact.

      Ils m’ont ramassé, amené dans un cabanon paumé entre deux dunes. Ils m’ont donné de l’eau, d’autres mecs sont arrivés. Ils sont tous restés là à me surveiller du coin de l’oeil, sans dire un mot. Ca a duré 4 bonnes heures avant que je puisse me remettre debout. Quand j’ai pu tenir sur mes jambes, ils se sont préparés pour partir. L’un d’eux, le seul qui parlait un peu français, s’est planté devant moi et m’a demandé s’il pouvait prendre le paquet de gâteaux secs accroché à mon sac. J’ai dit oui. Il l’a pris, a fait la distribution, et ils sont partis.

      Sans doute la dureté du climat y est-elle pour quelque chose, mais jamais je n’avais connu avant un tel respect pour la souffrance et pour la vie -en l’occurence il s’agissait de la mienne-.

      Ce n’est pas moi qui vais te contredire quand tu évoques l’idée qu’il nous faut parfois toucher le fond pour mieux remonter. Maintenant on n’est pas non plus obligés de compter sur des Laurence ou sur des Oussama (le nom d’un de mes sauveurs ;-)…on peut aussi compter sur nous mêmes. Peut être même que d’autres Laurence ou d’autres Oussama, sans le savoir, comptent sur nous.
      En tout cas, les furieux du désert m’ont appris à ne pas désespérer du genre humain. J’espère être assez sage pour m’en souvenir quelques temps.

      Alors c’est vrai, comparé à ces expériences en eaux profondes, le Crédit Agricole, toute cette crise et cette agitation, ont quelque chose de comique. Mais va savoir pourquoi, je n’arrive pas à chasser de mon esprit les petites tentes rouges plantées sur le trottoir pas loin de chez moi, les vieux qui n’ont plus les moyens de se payer un dentier ou des lunettes, ou les mômes de 10 ans qui traînent dans nos rues, abandonnés par des parents à la dérive.

      Sur ce, j’arrête, ça commence à dégouliner de sentimentalisme poisseux et je vais encore m’énerver tout seul… Mort aux cons! Merde, ça y est, ça me reprend 😉 Ou c’est que j’ai mis mes gouttes, bordel?

      A+ Jean Luc

      « La liberté, c’est l’empire que nous avons sur nous mêmes » (Grotius)

    21. Avatar de Jean-Luc
      Jean-Luc

      @ frédéric

      Belle histoire. Merci à toi.

  21. Avatar de Varnoux Jean-René
    Varnoux Jean-René

    Oui, FUJISAN, je voudrais y croire.

    Pour lancer un vrai « buzz » et enclencher une large prise de conscience (au moins pour commencer dans la blogosphère) sans laquelle RIEN ne se fera, l’excellent post de P. Jorion devrait etre lu par des gens très connus, des artistes, des sportifs, de ceux-qui-passent-à-la-télé, etc. Ceux qui en sont proches devraient les contacter, filmer et balancer ça sur la toile.

    Allons z’enfants de l’APATHIE !

  22. Avatar de PAD

    Un enfant qui n’écoute rien est un enfant dont la « parole » des parents -au sens générationnel-est absente.

  23. Avatar de Ton vieux copain Michel
    Ton vieux copain Michel

    Il y a un mot pas très propre qu’on hésite à utiliser, c’est le mot « guerre ». En général, la guerre est cette chose dégoûtante qui se déroule aux marges de l’Empire. Mais il est permis de se demander : les attaques contre des devises ou contre la stabilité de pays entiers, ne sont-elles pas des formes de guerre à bas bruit ? Elles entraînent sans doute des dommages moins visibles, plus immatériels que la conquête d’une portion de territoire, l’affrontement de troupes ou le massacre de populations, mais les conséquences n’en sont pas moins funestes. Qui dit qu’une guerre doit nécessairement s’accompagner du fracas des armes à feu et que le malheur doit avoir la couleur du sang?

    On sait que les fameux Credit Default Swaps sont des armes à double tranchant : d’un côté, ce sont des assurances et de l’autre, des instruments spéculatifs. Mais pourquoi ne pas ajouter que ces instruments spéculatifs sont des armes tout court et que la finance, pour paraphraser Clausewitz, n’est que la poursuite de la guerre par d’autres moyens? Une guerre de quelques-uns contre les autres qui dégénèrera peut-être un jour en guerre de tous contre tous. Employer le mot « guerre » pour décrire les menées de la haute finance comporte par conséquent un avantage indéniable : celui de réinjecter une part de vérité dans un monde virtuel et aseptisé qui ne veut à aucun prix affronter la réalité et les conséquences de ses actions. Je n’irai pas jusqu’à dire que la Grèce peut se sentir justifiée d’envoyer ses avions bombarder un paradis fiscal, un peu comme les Britanniques ont envoyé naguère leur Navy récupérer aux Argentins quelques arpents de terre dans les Falklands, mais le simple fait d’évoquer cette éventualité (ubuesque, bien entendu), nous ramène à un certain poids de réalité. On croit qu’on vit en paix alors que sans le savoir, on est en guerre.

    1. Avatar de pineda
      pineda

      Ubuesque ? Ah bon…Il faut peut-être ajouter que nous avons nos propres paradis fiscaux, non ? D’autre part rien n’empêche d’aller mettre à la raison un nid de pirates…Tout cela dégénérant en conflit généralisé.

    2. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Je suis de ceux qui pensent que l’économie est en guerre contre le monde.

    3. Avatar de Crapaud Rouge

      Malheureux ! En employant le mot guerre vous faites le jeu de la finance. Pourquoi est-ce que l’on ratiboise les salaires depuis trente ans ? Parce que nous sommes en guerre, on n’y peut rien ! C’est eux ou nous…

  24. Avatar de Lambert Francis
    Lambert Francis

    Robert Orwell Gates attaquera-t-il l’Europe pour l’emporter en Afghanistan?

    Extrait de http://www.dedefensa.org/article-robert_orwell_gates_attaquera-t-il_l_europe_pour_l_emporter_en_afghanistan_24_02_2010.html

    « Les experts les plus huppés du continent (européen) sont stupéfaits par la violence de l’attaque de Robert Gates, le secrétaire US à la défense, contre les pays européens, pour leur manque de zèle démocratique et américaniste à participer au combat pour la liberté en Afghanistan, éventuellement en faisant exploser épisodiquement l’un ou l’autre bus chargé de civils afghans. Shoking, dit Dana Allin, un distingué senior fellow à l’IISS de Londres, si prêt à comprendre la colère américaniste, qualifiant de «very striking» les remarques de Gates et observant, le cœur débordant de compréhension pour les affres des âmes diverses et camouflées de McChrystal & compagnie: «Whether this is a conscious statement to sound a real sharp warning, there’s no question that the frustration among the American military establishment is palpable regarding coalition operations in Afghanistan.»

    La citation est empruntée au respectable et vertueux New York Times de ce 24 février 2010, qui nous fait rapport de la colère de Gates… En fait, nommons-le Robert Orwell Gates, puisque son argument, très churchillien selon la nomenclature neocon, est que le goût pour la paix des Européens est une menace pour la paix. Qui pense à Munich le fait bien, car il montre qu’il sait bien que la machine de guerre talibane vaut bien celle de Hitler et est absolument décidée, avec tous les moyens pour cela, à conquérir le monde. La solution pour Robert Orwell Gates? Acheter du matériel de guerre US et dépenser autant que le Pentagone, dont on connaît le stupéfiant rapport intelligence-efficacité dans la gestion de son budget pharaonique. « 

  25. Avatar de vmigeat
    vmigeat

    J’en profite pour signaler et conseiller la lecture à tous les lecteurs/contributeurs de cet excellent blog, d’un non moins excellent article publié dans le dernier numéro de Télérama et qui s’intitule « Le système financier peut-il vivre sans la fraude » (page41).

    On commence heureusement à lire ça et là des articles bien informés sur les pratiques douteuses de la finance (doux euphémisme).

    Est-ce que cela sera suffisant pour provoquer une réaction (en chaîne) susceptible de changer les choses? il est malheureusement permis d’en douter vu l’état d’anesthésie dans lequel nos concitoyens sont plongés (à leur insu le plus souvent). Sans jouer les Cassandre, il me semble que ce sont les événements eux-mêmes, en un mot la marche de l’histoire , qui se chargera de réveiller les consciences et de provoquer la nécessaire rupture.

    « Tu enfantera dans la douleur… »

    Mais cette vision un peu pessimiste ne doit bien entendu pas obérer toutes démarches pour tenter d’éviter le pire… après tout sait-on jamais…

    « Peu de gens sont aveugles, seulement personne n’ose élever la voix et dénoncer les carences avant qu’elles ne soient révélées par le conflit et, dés lors, on n’ose remettre en cause les idées reçues »

    Marc Bloch.

    VM

    1. Avatar de Papimam
      Papimam

      La parole est aux intéressés, les vrais chiffres du chomage, loin de la préparation/manip :
      http://www.chomiste-land.com/lesvraischiffreschomage.htm
      On approche des 6 millons de chômeurs soit près de 12 millions d’individus concernés car derrière chaque chômeur il y a souvent une famille.
      Ce serait plus simple de diffuser le nombre d’actifs par catégorie (CCD, CDI 1 an, CDI < 1 an et autres précarités).
      Pourquoi faire simple si on peut faire compliqué.

  26. Avatar de Nayko
    Nayko

    @tous
    Dans notre société du spectacle, du buzz, du sensationnel, quelle portée pour une pétition? Il y en a déjà tellement qui circulent. Le seul moyen de susciter l’attention de la sphère médiatique, c’est l’action choc, c’est le poids de l’image. Je pense qu’il faut se servir des failles du système actuel pour générer une attention sur un problème. Sans ça, une pétition restera sans aucun effet.
    Pourquoi ne pas envisager des actions fortes, qui attireront forcément les hyènes télévisuelles?
    On pourrait peut-être envisager un sitting devant la bourse de Paris. Bien entendu, il faudrait réussir à réunir un nombre conséquent de personnes. Ou tenter de bloquer l’entrée de la bourse un matin afin de retarder le début de séance. Les caméras afflueraient et le message pourrait passer. Mieux, le mouvement pourrait faire tâche d’huile.
    Je ressens de plus en plus autour de moi un « ras le bol » qui monte, qui se concrétise, même de la part de personnes pas forcément politisée à la base. Il manque un mouvement fédérateur. Il manque les mots sur les maux que les partis politiques traditionnels n’arrivent pas à formuler.
    Réfléchissons ensemble et agissons. Amis lecteurs, j’attends vos propositions et vos critiques. Mais je crois que l’heure des actes a sonné.

  27. Avatar de domini CB
    domini CB

    Il y a péril en la demeure et ça donne à certains le feu aux calculs.

  28. Avatar de Parpalhol
    Parpalhol

    Aujourd’hui, les citoyens européens doivent-ils se rebeller pour ne pas être balayer et asservis ?
    Le fameux test du psychosociologue Milgram a été utilisé pour un documentaire de téléréalité. C’est effroyable. A peine 3 personnes sur 80 ont refusé de participer et seulement 17% se sont rebellées, mais en ayant infligées une torture (ficitive). http://www.lepoint.fr/actualites-medias/2010-02-24/experience-scientifique-quand-la-tele-vous-manipule/1253/0/427607

    C’est pas gagné ! 🙂

    1. Avatar de Jean.BE
      Jean.BE

      Non… c’est vraiment pas gagné !

      Nous croyons tous que nos « évidences » seront évidentes à tous si elles sont accessibles.
      Avec Internet nous pouvons accéder individuellement à plus d’informations que Churchill durant la guerre 40-45!
      Qui d’entre vous ne connait pas les tests de Milgram et le film « I comme Icare ». Assurément personne me direz-vous
      Et bien… hommes de bonne volonté (et porteurs de valeurs humaines) lisez ceci …
      Je suis toujours atterré de « l’ignorance moyenne » de nos sociétés « avancées »

      http://www.lexpress.fr/actualite/societe/comment-la-tele-nous-manipule_851242.html

      Rien n’a changé … nada, rien, que dalle

    2. Avatar de Papimam
      Papimam

      La télé et aussi la radio comme celle tristement célèbre des collines du Rwanda.

  29. Avatar de Jean-Emmanuel
    Jean-Emmanuel

    Bonjour,
    qu’en pense notamment Corinne Lepage, présente sur votre blog et qui est, entre autres, vice-présidente d’un parti politique, députée européenne, etc. ?
    Partage-t-elle votre analyse et vous a-t-elle donné son point de vue sur d’une part la perception de la situation par nos élus (locaux, nationaux, européens) et d’autre part sur les modes d’actions qui pourraient être un tant soit peu efficace auprès d’eux ?
    Je ne suis vraiment pas très optimiste sur ce que cela pourrait donner, mais si on doit faire quelque chose autant le faire bien…
    Autre point : si on doit agir au niveau de nos représentants politiques, quid des prochaines régionales comme caisse de résonance ?

    1. Avatar de Jaycib
      Jaycib

      Corinne Lepage n’est plus que membre virtuelle du Modem. Elle critique les méthodes anti-démocratiques de F. Bayrou, notamment, et s’est considérablement rapprochée d’Europe Ecologie, dans les rangs duquel elle siège au parlement européen.

    2. Avatar de Jean-Emmanuel
      Jean-Emmanuel

      à Jaycib (25 février 2010 à 14:28)

      pour C. Lepage, qu’elle soit au Modem ou ailleurs ne change rien à ma question. l’intérêt c’est qu’elle peut donner son avis sur ce qui se passe à l’intérieur du système politique.

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  3. @Hervey Addiction ! Vous y allez peut-être un peu fort, non ? 😉 En fait, dans un premier temps, je…

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