Le fossé qui se creuse
Un fossé inquiétant est en train de se creuser. J’ai vu la semaine dernière des chiffres très alarmants. Des chiffres économiques effrayants, on en voit tous les jours, mais là, il s’agissait d’autre chose : il s’agissait des chiffres d’un sondage américain de l’Agence Rasmussen. Les chiffres les plus récents confirment une tendance de plus en plus marquée au fil des mois : une défiance de la population envers ceux qui la représentent et la gouvernent. À peine un peu plus d’un Américain sur cinq (21 %) considère aujourd’hui que la classe politique représente les citoyens ordinaires. Plus inquiétant encore – si l’on peut dire – est le fait que la classe politique n’en est absolument pas consciente : quand on interroge ses membres, près des deux tiers d’entre eux (63 %) considèrent qu’ils représentent le peuple de manière satisfaisante.
Plus intéressant encore est le fait que les anciens clivages politiques ont cessé de jouer : les électeurs qui se sont enregistrés comme démocrate ou républicain (c’est la manière dont on procède aux États-Unis) sont très proches les uns des autres sous ce rapport. Le « populisme » dirigé contre les politiciens est devenu en Amérique le courant massivement majoritaire, regroupant entre les deux tiers et les trois quarts de la population. Au point que l’institut de sondage Rasmussen l’a débaptisé de « populiste » pour l’appeler désormais : « mainstream », autrement dit : « courant dominant ».
Quelles sont les causes de cette perte de confiance massive ? Le sentiment qu’il existe une collusion entre la classe politique et le monde financier. La crise a été perçue par le public comme une faillite retentissante de l’establishment financier, qui en sort décrédibilisé. Or la classe politique semble avoir pris fait et cause pour le monde de la finance. Quand on demande aux Américains si la classe politique constitue un groupe d’intérêt poursuivant ses propres objectifs, 71 % répondent désormais que oui.
Observe-t-on quelque chose de similaire en Europe ? C’est difficile à dire : je n’ai pas vu d’enquête d’opinion à ce sujet. Un sondage IFOP – Le Monde publié le 19 janvier, mené en parallèle en France et en Grande-Bretagne, faisait apparaître, comme aux Etats-Unis, une désaffection massive – et du même ordre de grandeur dans les deux pays – envers le monde de la finance et de la politique aujourd’hui confondus.
Quels enseignements peut-on en tirer ? Ils sont de deux types. Il faut tout d’abord constater que la désaffection de la population envers la classe politique a atteint la cote d’alerte. On a connu des périodes où le fossé s’était creusé de cette manière et ce furent des périodes de très grande instabilité. Scott Rasmussen, le directeur de l’agence, observe à propos de ce sondage que le rejet de leurs gouvernants par les Américains atteint sans doute le niveau qu’il avait lors de leur guerre d’indépendance au XVIIIe siècle. La deuxième remarque est plus positive : les majorités qui sont en train d’émerger dans des pays occidentaux très différents les uns des autres, comme les Etats-Unis, la France ou la Grande-Bretagne, exigent que la finance – et peut-être même l’argent – joue dans notre monde un rôle plus limité que celui qu’on lui a vu jouer dans les années récentes. Ce sont des majorités de l’ordre de 70 %, voire même de 80 %, et qui frôlent donc maintenant l’unanimité.
153 réponses à “BFM Radio, lundi 22 février 2010 à 10h46”
Je n’ecoute jamais BFM, mais j’avoue que je vais peut-etre jouer avec le tuner de ma radio a 10h46 pour entendre des phrases comme « … que la finance – et peut-être même l’argent – joue dans notre monde un rôle plus limité ».
J’aimerai voir la tete des auditeurs, s’ils arrivent a sortir de l’hypnose qu’ils trouvent en suivant l’evolution de leurs graphiques, sans vraiement se soucier de ce qui se passe en arriere plan …
PS: Desole pour les accents, j’ai un clavier QWERTY.
Le risque quand on essaie de bâtir une gestion technocratique de la société, en reléguant la politique à la marge, c’est à dire essentiellement à la comm’, c’est de créer un goulet par lequel cette même politique, qui est constitutive de toute société, va s’engouffrer sous des formes le plus souvent violente et populiste dans le mauvais sens du terme. Je crois malheureusement que le personnel politique actuel soit n’en soit pas conscient, soit et c’est plus grave, n’agisse qu’avec une vision de court-terme pour préserver des intérêts très catégoriels. Après moi le déluge…
Le problème vient en partie du fait que la classe politique vit dans une tour d’ivoire, sans aucun véritable contact avec les citoyens et leurs difficultés quotidiennes.
Il y a dans mon entourage familial un haut fonctionnaire européen, très bien payé, avec une maison de fonction luxueuse, des domestiques, un chauffeur, etc., qui se considère plutôt comme un « progressiste ». Lorsque sa sœur s’est retrouvée du jour au lendemain sans mari, sans travail, avec un enfant à charge et des traites non payées, sa première réaction a été de lui demander le plus naturellement du monde : « Mais pourquoi tu ne prends pas une carte Visa ? »
Instructif.
« Une rupture coupe les classes supérieures du reste de la société, provoquant l’apparition simultanée d’une dérive oligarchique et du populisme »
E.TODD
En France nous sommes à 36% de satisfait …
Bonne journée
Dans le même ordre d’idées :
Toyota se vante d’avoir limité l’impact de rappels avec du lobbying.
Dans la même veine, un sondage international paru en novembre 2009 montrant une désaffection généralisée envers le capitalisme:
http://www.globescan.com/news_archives/bbc2009_berlin_wall/
Le fossé se creuse davantage à mesure de la déliquescence de la société capitaliste. L’avenir est bien incertain, je n’ose dire sombre!
Pour ceux que le coté sombre de la force agace voici une petite caricature audio de notre chère ministre de l’économie :
http://www.liberation.fr/politiques/06011697-lagarde-rit-la-crise-est-finie
En fait, je ne suis pas bien sûr de percevoir une différence notable… C’est bien là que le bât blesse!
La différence est pourtant notable: La « Lagarde caricaturée » tient un discours bien plus proche de la réalité que celui de l’originale, qui pour sa part s’emploie aux plus scabreuses circonvolutions langagières pour noyer le poisson, faire passer des vessies pour des lanternes, etc.
Je n’ai toujours pas fini de rire de son concept de « croissance négative », par exemple…
La carrière d’un ministre allant de quelques mois à quelques années, le passage par les cabinets ministériels est (de plus en plus), le moyen de se constituer un bon carnet d’adresses et de se vendre par la suite aux intérêts privés que l’on a su ménager précédemment.
Ce risque de dévoiement est valable pour des députés, des hauts fonctionnaires…il s’en suit que l’intérêt public est le grand oublié dans la grande valse des profits entre amis.
Ce n’est plus un fossé qui se creuse, c’est un gouffre qui existe désormais.
Cf. notamment Christine Albanel chez France Télécom…
La collusion n’est pas seulement entre la classe politique et le monde financier, mais aussi avec certains industriels (Monsanto entre autres). La façon dont la nourriture est produite aux Etats-Unis avec des subvensions massives pour la production de maïs, la facilité avec laquelle les OGM se sont répandus sont du même type. Voir le film documentaire de Robert Kenner : Foods,Inc. On achète les politiciens aux Etats-Unis pour faire passer les lois qui sont favorables aux groupes de pressions (lobbies). De la démocratie en Amérique avez-vous dit ?
http://www.foodinc-lefilm.com/
N’en est-il pas de même à Bruxelles, où les lobbys alimentent les Commissaires en textes qui deviennent tout naturellement des ‘Directives’ que l’on impose aux parlements nationaux.
C’est, semble-t-il, plus pernicieux qu’aux Etats-Unis.
Balayons devant chez nous et construisons une autre Europe, un autre monde.
@Alain V
Ce qui ce passe aux Etats-Unis n’annule ce qui se passe en Europe. Comment pourrait-il y avoir démocratie avec des inégalités, de l’exploitation, des rapports de domination ? Aux Etats-Unis c’est encore plus criant. Le documentaire Food,Inc. vient en illustrer un autre aspect. Je crois que malgré tout les Etats-Unis ont de l’avance sur nous. Mais vous avez raison un autre monde est à construire. Un autre monde est possible. A nous de l’inventer ensemble.
Il serait en effet intéressant d’avoir un sondage équivalent en France.
Je croise de plus en plus de personnes, qui sans m’être proches (un assureur la semaine dernière, un parent d’élève à la sortie d’un cours de musique et d’autres encore inconnus jusque là…), qui, sans connaître mes opinions et en prenant à minima la distance de rigueur, s’épanchent sur leurs doutes, leurs craintes et très vite leur raz le bol, leur colère et même plus vis à vis de la classe politique, plus particulièrement de celle qui nous dirige actuellement et de son incontournable représentant…
Je n’en suis pas choqué mais surpris.
Le point de rupture serait-il proche ?
Le déficit démocratique que nous constatons en France actuellement (cumul des mandats, faible représentativité, non reconnaissance de l’abstention, collusion des médias, du pouvoir économique et du pouvoir politique…) ne fait rien à l’affaire.
Il y a eu un sondage équivalent en France mesurant le Baromètre de la confiance politique,
résultat : 2 FRANÇAIS SUR 3 N’ONT PLUS CONFIANCE NI EN LA DROITE NI EN LA GAUCHE POUR GOUVERNER
Source :
http://www.cevipof.msh-paris.fr/dossiersCev/BarConf/divers/CEVIPOF_Baro_principal.pdf
@sheeple
Assez édifiant en effet, je n’ai pas vu beaucoup d’info sur ce sondage, merci pour ce lien.
Je me demande si 70 à 80 % de la population est une majorité suffisante.
Avec le truc des groupes de pression, des élections vendues comme des savonnettes et surtout TINA, j’ai un doute.
Mon impression est que c’est plutôt un Euro = un vote, qu’un Européen = un vote. Dans ce cas, si mon impression est correcte, 70 à 80 % de la population ne suffit pas.
Le monde politico-financier peut-il se réformer ?
La démocratie tel que nous la vivons peut-elle imposer de vrais changements ?
Personnellement j’en doute. Et pourtant les changements auront lieu. Je crains que ce soit d’une manière qui ne soit pas très agréable, surtout pour les plus faibles.
J’aimerai voir la tête des auditeurs, s’ils arrivent a sortir de l’hypnose qu’ils trouvent en suivant l’évolution de leurs graphiques, sans vraiment se soucier de ce qui se passe en arrière plan …
Moi aussi!Mais Paul Jorion a choisi de civiliser des gens qui ne connaissent que les forces brutes de la nature,et pour cela il instille le doute dans leurs esprits par des chroniques banderilles qui j’espère feront effet.
Paul en matador-banderillero…
Ole!
Il ne faut pas désespérer, la France et les autres pays européens ont seulement quelques longueurs de retard sur les USA.
Tout arrive pour qui sait attendre.
Même le pire…
Les politiques n’ayant pas agi à temps, nous aurons une révolution à la place d’une modernisation pacifique.
Bonjour,
Christopher Lasch a consacré un chapitre de son livre « La révolte des élites » à ce sujet. Le crash financier actuel n’a fait qu’accélérer le mécanisme qu’il y décrit.
De manière simpliste et sans vouloir dévoyer ce qu’il écrit, le représentant du peuple se méfie de l’intelligence de ses « con-citoyens ». Il préfère s’entourer d’experts et ne pas demander l’avis de ceux qu’il représente. Il n’y a plus de débat de fonds non-plus « parce qu’il faut objectiver le débat »… Faute de débat, le lien entre la base et le sommet tend à disparaître.
Pour ceux qui connaissent quelques élus, il est assez rare qu’ils aient une « haute opinion » des compétences du peuple… Ils s’en méfient et autant que possible préfèrent se passer de son avis. Même lorsque le pouvoir se lance dans un processus participative (niveau communal), ces commissions ne sont consultatives. Les élus gardent toujours le derniers mots.
Par ailleurs, s’il me semble possible que ce phénomène soit moins fort ici qu’aux USA, il ne faut négliger la progression de ce rejet en Europe. Elle est réelle. Il y a peu de temps, cela faisait l’objet d’une émission de radio.
Je cite les chiffres qui suivent de mémoire (Je vais essayer de retrouver les valeurs sur le site du CRISP). Actuellement on considère qu’en Belgique (ou le vote est obligatoire) que +/- 10 % des électeurs ne vont plus voter, mais aussi que +/- 15 % annule leur vote et qu’une partie encore émettent des votes de protestation… Tout ensemble, j’ai cru comprendre que ça représentait déjà près d’un électeur sur 3 !
BAV
C’est quand même normal, dans une démocratie représentative, que les élus aient le derniers mots, non? Par ailleurs, pour avoir assisté à des réunions et débats publics au niveau local, il y a en général, peu de gens qui se déplacent, si ce n’est les « lobbyistes » de tous bords (ce n’est pas du mépris que de le constater, ce sont ceux qui se sentent le plus concernés qui se déplacent et viennent défendre leur point de vue), et surtout, les débats sont soit très techniques finalement, donc une grande part échappe à la population comme aux élus du reste (les conseillers municipaux sont des citoyens lambda), soit ne concernent pas de grands enjeux de société (les conseils de quartiers planchent souvent sur des questions de trottoirs, de circulation des voitures…certes importants mais rien de crucial en ce qui concerne la société tout entière!). Ce qui ne veut pas dire que ces enjeux n’existent pas au niveau local (bien que), mais qu’ils sont formulés de telle sorte que la portée générale disparait derrière des pseudo problématiques locales comme la vidéo surveillance par exemple. Toujours est il que les choix de société, eux, se font par l’intermédiaire de lois, au niveau national presque qu’exclusivement, et surtout avec de l’argent, le nerf de la guerre. Or les collectivités locales sont financièrement asphyxiées actuellement: au nom de la démocratie de proximité, on a décentralisé, mais suivant l’idéologie néo libérale, on a vidé l’État, en reportant sur le niveau local, la charge sans la compensation financière. La disparition de la taxe professionnelle a rendu encore plus fragile les finances locales. Sarko souhaite maintenant recentraliser le pouvoir (réformes territoriales) mais tout en continuant à réduire l’État social au maximum.
Par ailleurs, j’ai vu le film de Mickael Moore capitalism love story, dans lequel il est question d’une opération initiée par le voisinage d’une famille expulsée de sa maison pour non paiement. Ils finissent par l’emporter. Des actes de résistance et d’entraide comme ça, de la part d’un voisinage, d’un quartier, est ce possible en France? Peut il y avoir des « jacqueries » dans la France d’aujourd’hui? La Chine connait des révoltes locales très dures. La défiance envers l’État ou les pouvoirs publics locaux se traduit par des actions de personnes qui se prennent en main, comme les associations qui luttent pour faire fermer les usines polluantes ou dénoncer la pollution de l’air et de l’eau qui tuent à petit feu avec des cancers la population des campagnes. Bref, la démocratie participative, en France: sous quelle forme, sommes nous vraiment prêts à ça? La démocratie représentative n’est pas à jeter définitivement aux orties je crois, mais elle est souvent dévoyée. Peut être que si on instaurait un seul mandat électif quel qu’il soit (exceptés les conseillers municipaux peut-être): on est maire une fois, rien d’autre.
Les problèmatiques liées à ce rejet massif de la « démocratie représentative » dans les pays de l’OCDE sont bien connues : émergence d’un populisme qui conduit aux pires dérives totalitaires, anarchie incontrôlable, émergence de politicien « neufs » qui tiennent un discours pseudo-révolutionnaire…
La gestion de la société de manière démocratique exige une représentation. Les appelés n’ont pas tous (loin s’en faut) le sens du bien commun. Le bi-partisme américain est une caricature de démocratie totalement noyautée par les lobbys. Ca ne date pas d’hiers, ni de la crise. Les peuples ont les politiques qu’ils méritent et ces derniers ont les pouvoirs que la constitution qu’ils ont votés veut bien leur accorder. Le quasi-échec d’Obama sur ses plans Santé et dans le contrôle de la finance est exemplaire.
Les gouvernements européens ne sont guère plus performants.
Cependant c’est bien à partir d’une représentation « politique » que les choses peuvent changer. Ne pas se tromper devient de ce fait essentiel…
L’euro est aussi notre problème pour passer sur les sacro-saints critères de convergence et sur la politique d’inflation maîtrisé de la BCE, on a fait porté le poids sur les salaires les comprimant pour juguler l’inflation tout en laissant celle ci exploser sur les actifs de toute nature.
Comment voulez vous ensuite que l’on puisse encore faire confiance à ces mêmes pseudo élites ?
Bonjour,
Le peuple est rarerment consulte. Les elections regionales profondes sont la prochaine consultation.
Comment faire le meilleur usage de cette consultation ? S’abstenir ? Voter blanc ? … Quelle consigne de vote pour consolider un mouvement de groupe et induire un choc dans notre democratie ?
Devons nous attendre un choc violent ou bien peut on essayer de provoquer quelque chose par les urnes ?
« Devons nous attendre un choc violent ou bien peut on essayer de provoquer quelque chose par les urnes ? »
Il faut essayer le « Front de Gauche ». Si ça ne marche pas, il sera toujours temps d’improviser…
Pour consolider un mouvement de groupe… quoi de plus normal… il faut qu’il présente ses candidats à toutes les élections.
Mais comment l’établir, ce mouvement et ce groupe? Chacun dans son coin (non!, ceS coinS) idéologiques ça fait beaucoup de groupes. Divide et Impera.
Trop de gens trop aveugles ne savent que tourner en rond comme une poule sans tête. Combien de chômeurs ne savent rien faire? Ne veulent pas s’investir dans quelque chose de socialement utile comme ce mouvement? Pourtant, si les gens investissaient ce temps dont ils ne savent plus quoi faire… tout l’argent des autres ne suffirait pas à acheter les moyens pour faire une contre-campagne électorale compétitive.
A chacun de se réveiller et de prendre son courage dans ces mains au lieu de s’assoir dessus toute la journée.
Si on voit que l’adversaire est énorme, ce n’est pas parce-que il est grand… c’est parce-que nous avons comme réflexe conditionné de nous mettre à genou.
Comme vous j’ai été choqué et inquiet par les chiffres des USA que j’ai lu hier et bien entendu j’ai rapproché d’une enquête récente effectuée en Fance, toute aussi alarmante.
Aux hommes politiques de parler VRAI et de ne pas nous prendre tous pour des téléspectateurs endoctrinés.
La POLITIQUE c’est utile, essentiel, noble, au service de tous. Ce matin dans le Monde un titre « La société française est fatiguée psychiquement », je n’ai pas encore pris connaissance mais ça ne me surprend pas, à force de faire tourner la girouette et de jeter de l’huile sur le feu puis d’appeler les pompiers, c’est stressant, usant, ajoutons à ça cette immédiateté qui empêche de réfléchir avant d’agir et la non prise en compte des gens du terrain qui ont les mains dans le cambuis.
Ce matin j’ai été atterré à l’écoute de France Inter, sujet « la violence à l’école ».
L’écoute active c’est incontournable.
La vie quotidienne des français avant et après la crise.
Le rapport Delevoye « Je suis inquiet, le chacun pour soi a remplacé l’envie de vivre ensemble » dresse un portrait réaliste de la France : « une société qui se fragmente, en 1995 c’était la lutte contre la fracture sociale, en 2002 le thème dominant est la sécurité dans une société fragmentée, inquiète et sans espérance collective »
« Politiquement cela peut mal tourner …. populisme »
Ce matin F. Aubenas était l’invitée de F. Culture pour son « travail » et son bouquin remarquable & juste « Moi Florence Aubenas Femme de ménage ». Ca c’est du journalisme du réel de tous et qui s’intéresse aux 20% de travailleurs précaires. On en faisait à une époque dans les années 50 et maintenant dit elle les médias doivent nous faire voir la vie en rose, pour vendre il faut du ciel bleu.
Mais la réalité est que la vie est compliquée, dure.
La France d’en bas, pas la France des bas de laine.
On en cause chez RUE89 et bien entendu le Nouvel Obs y consacre plusieurs pages.
http://www.rue89.com/cabinet-de-lecture/2010/02/21/florence-aubenas-pratique-de-limmersion-en-temps-de-crise-139696
Et, cerise sur le gâteau, encore dans le Monde lundi « le sentiment de déclassement monte chez les cadres »
Témoignages :
« On est le 1er maillon à trinquer : licencié ou contraint à la démission »
« les cadres sont de moins en moins associés aux décisions stratégiques »
Bravo Florence et chapeau bas de soie & malgré ton prénom tu n’as pas été séjourner en Toscane.
Et on veut causer participation, c’est plus une société, c’est un far-west.
http://www.lemonde.fr/economie/article/2010/02/20/le-sentiment-de-declassement-monte-chez-les-cadres_1309023_3234.html
Le fossé qui se creuse, dont vous parlez, se traduit politiquement aussi par l‘augmentation progressive (sauf exceptions) de l’abstention.
A noter : on a déjà dépasser depuis 1989 le ‘seuil’ majoritaire (de non retour ?) pour les élections européennes. Pour les élections législatives, on s’en approche rapidement (33% d’augmentation entre 1993 et 2007, en 14 ans et 3 mandatures donc).
Idem pour les régionales. Ce qui me fait dire, sans trop de risque, que l’on devrait allègrement passer la barre des 40% pour les élections de mars 2010 des régionales …
Seules les élections présidentielles et municipales ‘résistent’ mais pour combien de temps ?
On observe donc un véritable ‘décrochage’ entre les citoyens et les outils démocratiques de sanction et de décision collective que sont les élections, en France et plus largement en Europe (cf. comparatif, parfois d’ailleurs en faveur de la France).
J’observe aussi que l’on n’intègre pas dans ces ‘calculs’ les citoyens suivants :
– les non inscrits sur les listes électorales, parfois par choix ;
– les bulletins blancs et les bulletins nuls.
La France (et l’Europe) sont ainsi en train de « ‘s’américaniser » politiquement. Est-ce à dire que là aussi il y aura une possibilité d’émergence pour un ‘mainstream’ politique ?
Car si l’on posait la même question que celle posée aux membres de la ‘classe politique’ française et européenne, nous aurions certainement le même pourcentage sur la même réponse : « près des deux tiers d’entre eux (63 %) considèrent qu’ils représentent le peuple de manière satisfaisante. »
Et pourtant …
Si l’on posait la question en Suisse, je ne suis pas sûr qu’un tel pourcentage puisse se retrouver quant à l’impression des citoyens de ne pas être bien représenté par leurs élus. Car en Suisse existe une tradition multi-séculaire sur la démocratie directe ou semi-directe, qui n’existe guère en France et en Europe. La conception de la légitimité politique a toujours été fondé sur la démocratie représentative, par peur de ‘l’irruption du peuple’ : c’est le prototype même de la démocratie ‘bourgeoise’ de 1789, celle d’avant 1793. Celle aussi d’Athènes.
Politiquement, le fossé continuera à se creuser tant que nous aurons le même modèle et que ceux qui nous représentent reproduisent à l’extrême la reproduction sociale du pouvoir … au pouvoir (cf. CSP des membres du parlement).
Intéressante analyse, sur l’origine et la professionnalisation des ‘représentants du peuple’
Une proposition ‘radicale’ : le tirage au sort des députés.
Comme pour les jurés des assises. Ils n’ont pas le droit de se défiler (obligation), sauf exceptions. A ce que je sache, les jurés ne sont ni plus ni moins mauvais que d’autres qui en auraient fait profession (qui siègent d’ailleurs lors des procès : ce sont les magistrats, qui conduisent les débats).
D’ailleurs, les jurés prononcent leurs sentences ‘AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS’, comme les membres du parlement (représentants). Le principe est que tout français peut représenter le peuple français, quelque soit sa condition et ses origines, sa profession.
Les assises avec des jury populaires sont réservés aux crimes, ce qui indique bien le niveau de responsabilité et le niveau hiérarchique que la justice réserve à ce type de fonctionnement. Des incompatibilités sont aussi prévus : membres du gouvernements et du parlement, fonctionnaires, militaires, … Seuls les pourvois en cassation étaient admissibles, le jury populaire s’exprimant au nom du peuple français. Actuellement, un appel est possible mais uniquement avec en assise.
C’est un droit, sauf incompatibilité de fonctions (cf. plus haut) : sauf incapacités momentanée, nul ne peut interdire à un citoyen son droit de sièger au nom du peuple français dans un jury d’assise. Mais c’est aussi une obligation : nul ne peut y déroger.
Héritage direct de la Révolution Française.
Le principe du tirage au sort permettrait de résoudre pas mal de problèmes, dont l’absence de représentativité sociale et la professionnalisation de la ‘classe politique’. Avec une bonne formation par la dessus et un mandat unique, roulez jeunesse !
Très bonne idée Zébu, fort bien argumentée. Voilà une réponse à mon intervention suite à votre billet invité de la semaine dernière.
Trouvera-t-on une personnalité politique pour proposer cela ?
Que la problématique paraît « simple »…
Tirer au sort évite de nombreux écueils, comme celui de l’intérêt financier de devenir élu, mais est-ce pour autant la « bonne » solution ou la moins pire. Il serait peut-être souhaitable qu’il y est une « pré-sélection », contrairement aux jurés d’assises, non?
En parlant de complexité, je vais te citer du vécu car je n’ai découvert que par la suite que j’avais peut-être fait un peu quelque part une bétise.
J’ai en effet obligé un groupe assez important d’ingénieurs-chercheurs à prendre des décisions de groupe à la majorité des deux tiers…
Et, évidemment, j’ai été obligé de devenir fashiste face à la minorité de blocage.
Rien n’est simple en démocratie. Et c’est peut-être ce qui fait son intérêt, notes. (je ne suis pas forcément une référence en étant un peu mazo intellectuellement.)
Je plusse aussi le buffle.
Les politiques actuellement en place et qui postulent aux prochains scrutins sont CO-RESPONSABLES de la situation actuelle.
D’autre part la « tolérance » envers les « lobbies » correspond à de la compromission-corruption rampante.
Un nouveau « personnel »politique doit être recruté.
Qu’à l’avenir
Le Peuple soit son DRH…
« Il serait peut-être souhaitable qu’il y est une « pré-sélection », contrairement aux jurés d’assises, non? »
Pour quelle raison, yvan? Les hommes ne sont pas égaux en droits?
les hommes sont égaux en droit, certes, mais allez lire les délibérations prises dans votre commune, votre département ou votre région! Telle qu’elle est et fonctionne, la politique locale demande aux citoyens d’être plus qu’éclairés, et surtout, du courage, de la persévérance pour supporter la lecture de rapports sur les déchets, la voirie, l’urbanisme, les EPCI, scot, les fisac…les multiples et divers diagnostics territoriaux, les études…L’expertise a su se rendre indispensable. En même temps, il est indéniable que le plus terre à terre des problèmes locaux demande une technicité qui n’est pas forcément à la portée de tout un chacun, et surtout, c’est sans vouloir être vulgaire super « chiant », tout en demeurant important. En outre, c’est dévoreur de temps, peu de gens accepteraient d’assumer les fonctions d’adjoints municipaux par exemple quand on voit ce que ça implique. bien sûr, lorsque les adjoints assument réellement et pleinement cette charge.
Mais pourquoi pas des collèges de citoyens convoqués sur des questions importantes. Ce qui pose la question de comment ils seront formés/informés pour débattre en connaissance de cause. Ou de vrais (pas des simulacres) débats nationaux. Là encore, comment sera formulé la question même du débat et son cadre? Qu’est ce qui doit faire débat? si on est opposé au débat, doit on le boycotter ou y participer pour y apporter la controverse?
@ Alexis : La Française des jeux !! Des millions de votants, qui voteraient pour elle … 🙂
@ Yvan : fashiste, c’est fashion 😉
De toute façon, avec les ingénieurs, pas d’autre solution 🙂 (je vais encore me faire flinguer).
Il me semble que les jurés d’assise ne sont pas AUTOMATIQUEMENT acceptés. S’ils sont effectivement tirés au sort, ils sont ensuite sélectionnés par les deux côtés, qui peuvent les accepter ou les rejeter, selon un certain nombre de questions-réponses ou tout simplement par simple choix d’une des deux parties (sans aucune explication si nécessaire). On pourrait tout aussi bien faire de même et préserver aussi l’égalité en droits et devoirs de chaque citoyen, avec un processus adapté.
Je pense en particulier à la séparation des pouvoirs, avec une Assemblée Nationale tirée au sort (pouvoir législatif) mais avec un fonctionnement bicaméral (Sénat des territoires, avec élection indirecte par les élus), qui permettrait de freiner d’éventuels effet de balanciers politiques ou de modification constitutionnelle délirante (3/5ème des membres du parlement), l’exécutif, avec le Président de la République, qui nomme le gouvernement, élu au suffrage direct, avec droit de dissolution de l’AN et enfin, de véritables initiatives populaires (droit de référendum) sur la base d’un million de signatures, examinées par l’AN puis mise au référendum.
Un mandat unique (sauf pour l’exécutif, 2), une formation accélérée pour les ‘tirés au sort’ et une éducation civique obligatoire à l’école pour préparer les futurs ‘tirés’ à leurs éventuels droits et devoirs. What else ?
@ T-Bone : Le peuple soit son DRH. En référence à quelqu’un, je présume … 🙂
Non, Toi.
Simplement, les hommes sont différents.
Ainsi, je n’embaucherai jamais un scientifique pour faire du commercial. Et, par extension, jamais un ou une personne qui ne va pas avoir cette grandeur de penser à son peuple avant elle.
Zébu, il est clair que cette expérience m’a renvoyé à la considération de ma petite personne.
Si je n’avais qu’un conseil à donner ici serait qu’il est infernal de devoir supporter des personnes identiques à vous.
Néanmoins, Zébu, je n’ai pas du tout envie de te flinguer. Surtout si on voit que les ingénieurs ont une proportion qui dépasse le quart parmi les terroristes.
Dans un procès d’Assise ce sont effectivement les magistrats qui mènent les débats; mais dans une chambre de députés tirés au sort qui mènera les débats ? Le gouvernement ? issu comment ? Faudrait creuser un peu plus la question…Mais un seul mandat par élu et pas plus de deux fois , là je suis d’accord.
Le 1er parti politique en Suisse, c’est le Parti du Peuple Suisse plus connu sous son pseudo UDC. Il rassemble à lui seul une bonne partie du mainstream local. Un parti qui ici ou là, à Genève par exemple, arrive à se faire dépasser par la droite encore un peu plus « populiste »…
Par ailleurs l’interdiction des minarets a bien montré qu’une partie non négligeable « du peuple » ne se sent pas trop raccord avec l’élite politique. La Suisse et ses traditions… Quelles traditions? Celles d’une soumission (qui fut peut-être heureuse un temps, faudrait demander à d’autres que moi) à l’oligarchie, ou plutôt aux oligarchies, mais alors là au sens assez propre. Paternalisme, syndicats corporatistes (sans mauvais jeu de mots de traduction)…
Au fond je suis assez partagé: le néolibéralisme risque bien d’être fatal à la Suisse, et dans un sens ce n’est pas pour me déplaire. Mais que dis-je: un des personnage qui a fait beaucoup dans l’ascension du Parti du Peuple Suisse est Christophe Blocher, un drôle de néolibéral pourfendeur des assurances sociales menant les troupes du mainstream.
Mais bien sûr que les élites politiques nous représentent: ce n’est pas en notre nom qu’elles sécurisent un peu près tout, enferment par milliers des personnes n’ayant jamais commis de crimes dans de véritables camp, expulsent, reconduisent à la frontière, font la chasse à l’abus, etc, etc, etc…? Non?
Bon, je m’égare. Je voulais juste dire que je pense qu’en Suisse aussi il y a une certaine défiance de l’élite politico-financière. Peut-être bien que la Suisse d’en bas (…) regrette le bon vieux temps où on pouvait faire confiance à 2-3 bonnes familles sérieuses pour diriger le pays et se concentrer sur la dure tâche de « voter juste ».
– T’as voté quoi?
– Ben, j’ai voté juste!
Puisque vous évoquez le tirage au sort, on trouve des choses déjà assez élaboré sur le site d’etienne Chouard. Je le trouve très convaincant. C’est assurément la bonne piste pour réconcilier les français et la politique: qu’ils deviennent eux-même des politiques: http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/HCD_deputestiresausort.pdf
bonne lecture
Surtout, pas de président de la République élu au suffrage universel! Plutôt un président cérémoniel à l’Allemande. c’est à cause de cela que la République Française a une saveur tellement « monarchique », quand le Royaume-Uni ou les Pays-Bas sous leurs oripaux royaux sont des systèmes de pouvoir partagé et collegial. On vient de le voir avec la chute du gouvernement Néerlandais à propos du prolongement ou non de la participation du pays à la guerre d’Afghanistan : le chef de l’exécutif n’est pas comme en France un monarque absolu, qui passe outre les objections des valets qui lui tiennent lieu de ministres ou de députés.
Il vaut bien mieux, à mon sens, que le chef de l’Etat coupe des rubans et inaugure les chrysanthèmes, pendant que le premier ministre, responsable devant le parlement et révoquable par lui, exerce le pouvoir exécutif!
Bonjour tout le monde, bonjour Zébu,
Au delà des sondages évoqués par Paul, la façon la plus pertinente de mesurer la défiance du peuple envers les élus me semble également être l’abstention. J’ai trouvé peu de documents intéressants ou d’analyses pertinentes sur ce phénomène. Il est en général considéré comme un désintérêt pour la chose publique. Personnellement, il me semble pourtant constituer une forme de résistance au moins aussi grande que de voter pour les bleus ou pour les roses, dans un système politique où la bipolarisation amènera immanquablement l’un ou l’autre au pouvoir… Vaste débat.
Je voulais prolonger le post de Zébu dans la direction suivante. Sur le site « L’Observatoire des inégalités », j’ai trouvé ceci, que je repique in extenso :
Les hommes, les jeunes et les moins diplômés ont moins voté que les autres catégories aux européennes.
L’abstention* a atteint un niveau record aux élections du 7 juin 2009 : 59,5 %. Cette situation peut traduire plusieurs facteurs : un désintérêt pour la construction européenne, le peu d’enjeu compte-tenu des faibles pouvoirs des parlementaires européens, mais aussi l’incapacité des partis à convaincre les électeurs de se déplacer. Il faut dire que leurs propositions de fond ont été peu relayées et peu expliquées par les médias grand public.
Les hommes, les jeunes, les peu diplômés, les non-salariés et les catégories sociales modestes ont beaucoup moins voté que les autres. De nombreux scrutins font apparaître une moindre participation des groupes les moins favorisés, insuffisamment mobilisés par l’offre politique en présence, qui n’en comprennent pas toujours l’intérêt. L’abstention atteint 63 % chez les non-diplômés, 69 % chez les ouvriers et 72 % chez les 25-34 ans. A l’opposé, elle s’est élevée à 42 % chez les plus de 65 ans, 52 % chez les cadres et 55 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur. Coïncidence ou non, l’abstention a atteint son maximum chez les catégories les plus victimes de la récession économique. On notera que l’écart entre les différentes catégories de population est beaucoup plus faible dans les élections – comme ce fut le cas lors du premier tour de la présidentielle de 2007 – dont l’enjeu politique est clairement marqué.
* L’abstention rapporte le nombre de personnes qui n’ont pas voté au nombre total d’électeurs inscrits sur les listes.
Si nous organisions un sondage entre nous, ici, je suppose que les abstentionnistes seraient minoritaires. Probablement en raison du niveau d’éducation ambiant, si l’on fait siennes les conclusions de cette étude.
En remplissant notre devoir civique, nous honorons certes la démocratie. Mais, ce faisant, jusqu’à quel point ne sommes nous pas en train de légitimer un système de délégation de pouvoir usé jusqu’à la corde? Et cette contradiction-là n’est-elle pas ce qui permet la continuation de cette passivité du pouvoir politique face au pouvoir économique?
Sans vouloir être exagérément polémique, je pense qu’il serait bon de s’interroger sans préjugé sur l’obligation morale que nombre d’entre nous se font de continuer à honorer un système qui se prétend démocratique mais qui ne l’est plus vraiment…
Amicalement,
Frédéric
@ Igor :
Excellent : ‘ben, j’ai voté juste’ …
ça marche avec tout : mangé, sombré, étiré, dormi, chié, lavé les dents, rêvé (?), …
zébu,
C’est vous Etienne ?
Petit rappel : tous les hommes naissent libres et égaux en droit, mais certains sont plus différents que d’autres.
Va comprendre…
Herueux de lire quelqu’un d’autre mentionner ce genre d’idee !
J’avais fait, pour motiver la chose un rapprochement avec les assises ou les jures sont tires au sort.
Malheureusement je crains que cela ne conduise a une professionalisation encore plus forte a un autre niveau : au niveau de l’appareil technique et des conseillers. On verra toutes sortes de vautour venir prodiguer de bons conseils a la boulangere qui se trouve la par hasard et qui manquera de confiance en elle et se laissera berner par la soi disant technicite du pouvoir …
Peut on vraiment concevoir un system ideal ?
Peut etre qu’un tiers de la chambre basse pourrait etre designee au hasard ?
Peut etre que le non cumul des mandats et le non renouvellement des mandats sont plus faciles a mettre en oeuvre et egalement source de renouvellement des dirigeants ?
Dans le meme genre d’idee, j’avais reussi a me convaincre que la monarchie hereditaire avait cela de bien que le roi etait tantot nerveux, tantot mou, parfois saint, parfois terrible, etc. Tandis que l’election au suffrage universel est une machine a selectionner toutjours le meme genre d’ambitieux.
Mais la encore, la cour et l’entourage du prince on un effet de lissage qui fait qu’en fin de compte il n’y a pas tant de renouvellement que cela.
Ce n’est pas facile de concevoir un system qui soit human-proof.
A mediter !
Le fossé grandit ! OUI en effet.
Mais il y a même plusieurs fossés.
Qui sait ce qui se passe en banlieue ? Qui sait ce qui se passe sur les quais de OUISTREHAM et dans le domaine de l’hôtellerie en général ?
Une partie de la population est complètement en dehors de la société et des statistiques.
en 2002 personne ne s’attendait à voir le pen au 2eme tour. c’est un signe évident de la dérive de la société, et d’ailleurs chirac n’avait été élu qu’avec 18 % des voix au 1er tour, c’est le 2eme tour qui a fait illusion.
Il y a même un fossé (une fracture sociale qui avait pourtant été repérée depuis 15 ans) mais le fossé bouge, la population passe du bon au mauvais côté lentement mais surement.
l’expression fracture sociale démontre bien que le pouvoir n’est pas si aveugle que cela, mais personne n’est dupe, le pouvoir joue son jeu dans son unique intérêt.
Bonsoir !
Votre réflexion sur Le PEN en 2002, me fait penser à la video ( 2 eme partie) de Jacques SAPIR, sur le site de » j’ai du louper un épisode »….
Il fait référence à une montée du nationalisme, et un score …un résultat possible très significatif du FN.
A moins que Mr SARKOZY , et ses sbires, soit déjà dans l’application de leur propre plan de nationalisme…..
Je trouve que l’idée des panels citoyens est très bonne:
http://base.d-p-h.info/fr/fiches/premierdph/fiche-premierdph-6324.html
On confie bien à un jury de quidams la (lourde) décision de déclarer coupable (et donc d’envoyer en prison pour de longues années) les accusés. Les mêmes raisons devraient aboutir à confier à un jury de quidams les décisions sur les grandes orientations des lois que peuvent/doivent voter les parlements.
J’aurais en tous cas plus confiance en 12 personnes tirées au hasard dans la population, disposant de temps et d’un budget qui leur permet de s’informer elles-mêmes ( et donc d’inviter les personnes de leur choix à leur exposer leur vision de la problématique donnée) que de (12? 1? 750?) personnes issues du sérail politique. Ca serait, entre autres choses, la mort du lobbying tel qu’on le connait actuellement.
Qu’en pensez-vous?
Il me semble que l’un des problèmes d’un jury serait le niveau de compréhension de celui-ci et m’enpècherait pas les groupes de pression d’agir.
Xavier…
Même si les mafias ont inventé le slogan : « toute personne a un prix.. », ce n’est pas une raison pour penser que tout le monde peut encore se faire acheter.
Il reste quelques individus sur terre qui ne pensent pas qu’à l’argent. La preuve : ils se font tuer.
@ xavier, croyez vous que le recours systématique » a des experts » expert de quoi d’ailleurs, coopté par qui, dans l’intérêt de…… je me le demande tous les jours en me rasant………………..
Il n’y a pas de problème, dans un cadre consultatif, a demander l’avis du citoyen dans on collectif tiré au sort, a huis clos, sur des grands enjeux de société.
C’est forcément dérangeant, la synthèse n’est que compromis, le dogmatisme n’a plus sa place. C’est
forcément enrichissant, comme le démontre ce cas Belge.
Que j’aimerai faire parti un jour d’un collectif tiré au sort.
@ Xavier
C’est évidemment la critique qui vient à l’esprit en premier. Quelques réflexions:
– la compréhension/connaissance du politicien moyen semble à peu prés égale à celle du citoyen moyen. C’est en tout cas clairement cas pour la problématique de l’énergie et du changement climatique que je connais bien. En pratique, il semble que les politiciens s’informent…comme tout le monde, en regardant la télé, en lisant les journaux, et en lisant un bouquin quand ils ont un peu de temps. Bref, votre critique, si elle est valable, s’applique au système actuel.
– Pour être efficace, les conclusions/recommandations du panel citoyen doivent être *juridiquement contraignantes*. Aussi non cela ne sert à rien.
Lorsqu’on recherche continuellement à franchir les limites du bon sens à dépasser les bornes au nom même d’un plus grand idéal du tout commerce sur terre il est bien évidemment normal que
le fossé se creuse davantage entre les gens de la ville haute et les gens de la ville basse comme dans Métropolis un film datant de 1927.
Quel dommage que tous les nombreux V.I.P du monde moderne et qui excellent parfois si brillamment à réussir personnellement dans leur vie ne sachent pas toujours mieux en faire profiter d’autres personnes. Tout n’est pas bon à jeter dans le capitalisme tout n’est pas bon non plus à voir dans les écrits du socialisme.
C’est clair le politique actuel trop bien nourri et entretenu, dévoyé, acheté, vendu, ne fait plus
du tout correctement leur travail pour la société, pourtant il suffirait de pas grand chose pour améliorer ne serait-ce qu’un peu l’ordinaire des gens, un jour on finira bien quand même par choisir des personnes un peu plus intelligentes pour moins nuire au moral et au bon esprit civique d’une société.
Je suis sur que dans les grands ou petits partis Politiques d’aujourd’hui il y a certainement des gens bien plus capables de mieux servir la société autrement, bien évidemment ces gens là ne recherchent pas du tout les premières places, et pourtant comme notre société en aurait tellement besoin, ha si seulement nos médias ne laissaient pas toujours parler les mêmes, le citoyen pourrait reprendre davantage confiance en le politique et aux premières valeurs de la démocratie, égalité, liberté fraternité … Même si d’ailleurs je n’ai jamais trop aimé la démocratie après la grande révolution sanglante et les massacres de 1792.
Oui dans une société on ne devrait pas toujours choisir le même genre de conduite.
« Quelles sont les causes de cette perte de confiance massive ? »
« Collusion entre la classe politique et le monde financier. » —> « 71 % (d’américains) répondent désormais que oui » .
Je ne sais pas trop quoi en penser concernant la France. Non, mon député (que je connais depuis le collège), ne pourrait être suspecté par personne d’être au service de la finance. Au contraire, la seule chose qu’on pourrait éventuellement lui reprocher, c’est d’avoir une morale un tantinet « rigide ».
Ce qui pose problème pour la majorité des gens que je fréquente, et ce qui les écoeure de la politique, ce n’est pas une quelconque collusion (tout le monde sait à quoi sert la politique de droite -comment reprocher à un requin de mordre-), mais en une absence totale d’alternative politique à gauche. Même le minuscule Parti de Gauche (Mélenchon), pour qui je voterai aux prochaines régionales en me bouchant le nez, n’entre en aucune façon dans la rubrique « Confiance »:
Quand le public voit un numéro d’illusionniste, il n’est pas dupe. ce qui ne l’empêche pas d’applaudir la performance. Pourquoi n’y a-t-il rien d’autre que des illusionnistes ? C’est la question à cent balles qui ne trouvera de toutes évidences pas de réponse dans les sondages.
La corruption s’appelle aussi « petite tentation » et elle commence dans le conseil municipal de village.
Comment dissuader un villageois jusqu’à présent honnête d’acquérir un terrain si il découvre que le TGV va y passer dans 10 ans?
Il considère ne lèser personne dans la mesure où il l’acquiert au vrai prix.
Si cet acte est malhonnête comment voulez-vous que les politiciens professionnels soient honnêtes?
@ Betov
Tout à fait d’accord avec vous, on ne peut faire confiance qu’aux hommes politiques qui viennent rendre des compte à leurs électeurs. Je comprends pourquoi vous vous bouchez le nez en parlant du PG.
Au Parti de Gauche, on place des Parisiens ici et là dans les régions aux Européennes comme aux Régionales. On ne peut pas dire qu’ils nous représenteront, ils seront élus pour leur parti et non pour les habitants d’une région. J’avais espéré que le Front de Gauche aurait une autre gestion de la politique, c’est ce qu’ils avaient annoncé fin 2008.
J’ai donc quitté ce parti.
Cependant, en attendant mieux, en attendant la démocratie directe sous des formes à inventer, je voterai pour le Front de Gauche (PG+PC+ …) qui est bien seul à proposer une rupture avec ce capitalisme.
Ne pas voter serait donner raison aux gens en place et à leur détricotage social.
Ce qui est inquiétant, ce n’est pas tellement le fossé qui se creuse entre le « peuple » et les « élites politiques » : c’est le contraire qui eût été inquiétant – et qui aurait révélé une absence totale de jugement pour le coup vraiment désespérante.
Ce qui est inquiétant, c’est les stratégies de sortie qui vont être mis en oeuvre par les élites politiques pour reconquérir l’opinion – étant entendu qu’on ne change pas de modèle économique.
Le contraire eut été inquiétant en effet.
Ce que nous constatons n’est donc qu’un « retour sur investissement » comme on dit ; prenez les gens pour des imbéciles et ils finiront pas vous le rendre !
Par vous le rendre AU CENTUPLE, la petite différence qui change tout, la déculottée sera sévère.
Effectivement, cette désaffection est plutôt bon signe. La démocratie est très malade, mail elle est encore capable de créer des anticorps. Espérons que la poussée de fièvre qui en résultera ne sera pas trop délirante…
C’est surtout la « gauche » de gouvernement (ou non) qui est totalement décrédibilisée, car elle ne peut plus proposer d’alternatives à une gestion procapitaliste qui est plutôt naturelle à droite. La droite ne s’embarasse pas d’idéologie ou de « bienpensance », elle est plus ou moins ouvertement u service des milliardaires avec, hélas, une caution du peuple manipulé.
En fait, depuis la déroute intellectuelle du marxisme, la gauche n’a rien trouvé de mieux que de se former dans les doctrines économiques universitaires qui croient au père Noël et qui ne décrivent aucunement la réalité, elles sont fausses sur quasiment tous les points, aussi bien les monétairistes que les keynesiennes.
Le drame de la gauche, c’est que ce sont de bons élèves qui se sont laissés totalement écerveler par ce système universitair à la pensée zéro. Ces agrégés premiers de la classe dirigent a gauche caviar.
Aussi, ce sont souvent eux les défenseurs les plus zélés et donc les plus « compétents en incompétence » du régime capitaliste. Sarkozy l’a bien compris.
Si la gauche ne prend pas au sérieux que l’impact de la rente du capital dépasse désormais 40% du PIB et qu’il faut repenser la façon dont le signe monétaire est émis, il n’y a guère d’espoir. La gauche caviar peut bien revenir aux affaires, mais comme ils sont encore davantage soumis aux doctrines fausses qui cautionnent le capitalisme sans critique, on doit craindre le pire et surtout un désespoir croissant. Un populiste de droite ose parfois encore faire le contraire de ce que dit la doctrine, et cela peut parfois donner un peu d’air, très peu, tout de même.
Les héritiers du marxisme sont habitués à une pensée doctrinaire et acritique, c’est pourquoi ils peuvent devenir des capitalistes sans scrupules.
Penser la monnaie comme l’impensé de l’économie politique, voilà un peu de nouveau, et on y trouverait assez rapidement les bonnes réponses. Au fond, il faudrit que les ENArques et autres économistes oublient un peu leurs connaissances obsolètes et s’intéressent à des auteurs extrauniversitaires, afin de renouveler une doctrine pour en trouver une qui tienne compte davantage de la réalité.
Je suis parfaitement incapable d’avoir une opinion sur vos propositions concernant la monnaie.Incompétent.
Ce que j’aime ici c’est le débat sans dogmatisme auquel vous participez avec obstination et conviction.
J’apprécie tout particulièrement votre remarque sur les héritiers du Marxisme, héritiers de « celui dont on prononce le nom tout le temps ».
Devenir défenseurs sans scrupules du capitalisme c’est ce qu’il advint aux Bolchéviks en URSS dès les premiers temps du « communisme de guerre » qui fut une guerre à la classe ouvrière et à ses représentants politiques et syndicaux.
Mais eux n’ont jamais avoué contrairement aux Sociaux Démocrates d’Europe qui ont préféré la réalité des luttes syndicales et politiques « intégrantes » de la classe ouvrière réelle au dogmatisme idéaliste de la classe ouvrière rêvée.
@J finck
Votre chiffre de 40 % est totalement fantaisiste; il ne sert à rien d’accumuler des nombres en croyant que plus ils sont gros, plus ils frapperont les esprits . C’est le contraire qui se produit : si vous aviez une discussion avec n’importe quelle personne du « peuple » – puisqu’il est beaucoup question de cela ici – ils vous demonterait ces chiffres acvec le meilleur bon sens . Ma concièrge, pae exemple, vous direz que ce chiffre de 40 % cela était vrai, elle elle le saurait ( en général une concierge voit beaucoup de choses et j’habite un immeuble assez représentatif de la population de Pars)
amicalement
@ horreur de l’orthographe ( est-il possible de supprimer le précédent post, en m’excusant, ma souris n’en fait qu’à sa tête)
Votre chiffre de 40 % est totalement fantaisiste; il ne sert à rien d’accumuler des nombres en croyant que plus ils sont gros, plus ils frapperont les esprits . C’est le contraire qui se produit : si vous aviez une discussion sur ce sujet avec n’importe quelle personne du « peuple » – puisqu’il est beaucoup question de cela ici – ils vous les demonterait facilement grâce à son bon sens . Ma concièrge, par exemple, vous dirait que si ce chiffre de 40 % était vrai, cela se verrait et elle, elle le saurait ( en général une concierge voit beaucoup de choses et j’habite un immeuble assez représentatif de la population de Pars)
amicalement
Bonsoir !
« ….renouveler une doctrine….. »:
Excellent !!!!! Vraiment excelllent !!!
Poursuivez , je vous prie !!!!
« … ce système universitaire à la pensée zéro ».
Pensez-vous vraiment ce que vous écrivez là ? Ou alors dites clairement qui vous visez. Beaucoup d’universitaires « qui pensent » lisent ce blog et y écrivent …
@
Ce que vous dites est juste. Il est vrai notamment que l’apprentissage de l’économie a toujours aidé à penser la réalitré sociale .
Mais force est de constater le profond blocage de la pensée académique depuis une vingtaine d’années. Ayant eu un pied dedans et un pied dans l’entreprise sur ma carrière , je peux vous dire que je suis tombé de très haut en comparant les deux univers
amitiés
Trés bien, Monsieur Jorion, votre petite phrase « Des chiffres économiques effrayants, on en voit tous les jours »
Ceux qui ont encore l’esprit bien capturé par la propagande vont être incités à fouiller un peu plus loin que le bout de leur nez. (qui laisse des marques sur l’écran de la télé)
Ceci dit, j’ai noté l’absence totale de réaction du présentateur… Mais bon, ça ne faisait pas partie de son job, non plus…
La bourse est plus importante.
Bonjour,
Voilà une chronique intéressante qui rejoint pas mal d’interventions ces derniers temps, mais sans effets manifestement.
S’il y a peu de sondages en France, la désaffection en Europe atteint des sommets (de mémoire 97 % des sondés pensent que le gouvernement de leur pays ne reflète pas leurs attentes en matière européenne, – dernier GlobalEurmetre de février 2010 GEAB).
Mais avant de dramatiser et de courir aux abris, il me semble que les sociétés peuvent encore survivre à cela, surtout avec les moyens technologiques actuels. De mémoire, sous le règne de Louis XV, surtout à la fin, on devait déjà être à de tels sommets, voir pire, sans effets, puisque la révolution ne survint que plus tard, et dans un autre contexte…
Et c’est là tout le piquant de l’histoire : alors que les gouvernements et les élites sont en train de divorcer des populations (et du suffrage universel), les investissements sécuritaires de type « dur » (technologie de surveillance, de répression, arsenal législatif, etc…) s’accélèrent, avec l’argent des contribuables !
Par l’impôt, nous finançons donc les moyens de contrôle et de répression de notre volonté…
Et ces moyens sont tellement efficaces et développés aujourd’hui, qu’ils peuvent permettre à ces élites d’espérer tenir d’ici à 2012-14 (période des prochaines grandes élections : France – Allemagne, USA, Europe…), le temps que peut-être Godot…
Pour finir, le problème du populisme, c’est que justement, il n’est pas contrôlable, et peu habilement servir de repoussoir et de légitimation d’élites ayant échoué. D’ailleurs aux USA, il ne m’étonnerait pas que de poussées d’antisémitisme voient le jour dans les prochaines années…
Cordialement,
CM
J’avais vu ce sondage concernant les Etats-Unis, il est effectivement inquiétant parce que la confiance des Américains envers leur état était traditionnel très fort, environ 60/70% dans les année 50/60 peut-être bien plus encore.
En Europe et dans les pays latins surtout la confiance est traditionnellement plus faible, la nouveauté est le manque de confiance du peuple Américains ainsi que des pays d’Europe du Nord (GB, Scandinavie) envers leurs dirigeants.
Je pense qu’il n’est pas impossible qu’il y ait une recrudescence d’actes terroristes comme celui ayant eu lieu récemment au Texas à Ausitin, en effet dans les états du Sud ainsi que dans les grandes plaines, les « red states » (états républicains), la haine envers Washington est énorme, cela pourrais débouché envers une insurrection armée.
En fait cela devrait mal finir, le seul frein est l’absence d’organisation du peuple, ainsi que l’absence d’idéologie cohérente.
Oui vous avez raison sur le manque d’organisation du peuple américain, qui est bien analysé par Noam Chomsky
http://www.noam-chomsky.fr/interviews/20090818.html
Le fossé se creuse en effet entre les élus nationaux et la population, car ce qui se passe au niveau national échappe de plus en plus au contrôle populaire. Dans les parlements, on ne voit que « les coudes de l’action », les mains s’agitant dans les coulisses (pour reprendre par analogie ce que disait Hugo dans la préface de sa pièce Cromwell), lesquelles, par définition, sont dissimulées aux regards. En ce qui concerne le sauvetage des banques et les « conditions » qui y sont assorties, il est évident que les décisions ont été (et continuent d’être) prises après divers conciliabules entre financiers et élus compromis. Il en résulte, de la part des exécutifs, une combinaison de dissimulation et de communication, cette dernière étant évidemment faussée, puisque l’image qu’elle présente diffère de plus en plus profondément de la réalité.
Le tapage récent autour de la collusion entre le gouvernement grec et Goldman Sachs illustre parfaitement ce qu’a été l’interaction entre la finance et le pouvoir politique. On crie haro sur la Grèce, mais il apparaît clairement aux citoyens que cette collusion a affecté pratiquement tous les pays européens « qui comptent », et au bout du compte, fuite après fuite dans la presse aidant, plus personne n’est dupe.
La situation américaine est particulière. Il y a belle lurette que les élus n’ont pas la faveur du peuple (il suffit d’examiner les taux historiques d’abstention aux élections pour s’en rendre compte), mais ce dernier n’a pas d’alternative à proposer, le carcan démocrate et républicain ayant pratiquement exclu les tentatives de stratégie « de la troisième voie ». La levée de boucliers exprimée par l’émergence rapide du mouvement Tea Party est inconsistante, et ce serait une erreur de croire que la clameur populiste émanant de sa branche la plus réactionnaire révèle un basculement de la population vers le n’importe quoi. Les sondages ne font pas la distinction entre les indépendants et les démocrates déçus, d’une part, et les idéologues néo-conservateurs, d’autre part. Ces derniers me paraissent très minoritaires. Mais le ‘moment’ politique que connaissent les Etats-Unis est néanmoins sans précédent: on a, à la base, une population de ‘patriotes’ divers, et, au sommet, une élite politique perçue comme profondément corrompue. D’où la tentation de faire la comparaison avec l’opposition radicale au roi George des colons américains à la fin du XVIIIème siécle.
Dans tous les cas (USA et Europe), aucune alternative aux pouvoirs en place ne semble pour l’heure se dessiner. En bref, il n’existe pas de leadership populaire, et il faut le construire. Faute d’une telle construction de novo, le risque est évidemment celui d’un glissement vers des situations de quasi-fascisme, ou en tout cas l’établissement de régimes dictatoriaux appliquant des mesures d’ultra-austérité. Une telle évolution est notable en France, car c’est ce que Sarkozy prépare depuis son premier passage au ministère de l’Intérieur. En Italie, étonnamment, Berlusconi a toujours la cote malgré les casseroles qu’il trimballe depuis des années, mais ses conseillers sont de plus en plus souvent traînés devant la justice. La différence d’avec la France est que les Italiens ont une approche dilettante de la politique: contrairement à ce qui se passerait sans doute en France, un régime néo-fasciste semble pouvoir s’établir en Italie graduellement et « sans douleur ». La situation d’autres pays est plus compliquée. On imagine mal, notamment, comment une opposition nationale belge pourrait émerger du fait de la tension constante en Flamands et Wallons. Je glisse sur les autres pays, où les contingences locales modifient la donne de façon similaire (Espagne, où les tendances autonomistes de la Catalogne et du Pays Basque risquent de dissimuler les enjeux véritables; Pays-Bas, dont le gouvernement Balkenende vient de tomber en rapport avec la participation du pays à l’effort de guerre de l’OTAN en Afghanistan, mais où on assiste à un délitement apparemment inéluctable de la puissance publique depuis des années, discréditant l’image progressiste du pays; d’autres exemples pourraient être cités.)
Il s’agit donc pour NOUS de participer à l’émergence d’une élite populaire susceptible d’apporter une contradiction politique forte aux pouvoirs en place. C’est plus facile à dire qu’à faire, essentiellement parce que les 30 années qui viennent de s’écouler ont accompagné le triomphe mortifère de l’hyper-libéralisme d’une hégémonie libérale individualiste dans les consciences. Comment faire renaître une tendance politique avant tout soucieuse du bien-être COLLECTIF? Telle est la question aujourd’hui posée. Mais il existe un phénomène nouveau sur le territoire français qui pourrait à terme déboucher sur un bouleversement de la carte politique: l’ascension encore balbutiante d’Europe Ecologie. Ce n’est pas un hasard si la remise en cause des conclusions du GIEC sur le réchauffement climatique intervient aujourd’hui. La finance (et ses divers relais politiques) souhaite étouffer dans l’oeuf les tendances à la radicalité politique qu’Europe Ecologie semble recéler en son sein, et pas seulement sur la question environnementale. (C’est, soi dit en passant, ce que confirme à sa façon le billet de Corinne Lepage sur « Tout est lié ».) A mon sens, sans exclure les contributions que pourront faire d’autres courants, là se situe actuellement notre espoir. On verra bien après les élections régionales si les « nouveaux Verts » confirment leur évolution récente, ou s’il ne s’agit que d’un objet politique mal identifié.
Comme avec les régionales en France, aux Etats-Unis il va falloir attendre l’échéance des mid-terms pour voir si s’ébauche un nouveau mouvement progressiste autre que le salmigondis Tea Party + Indépendants actuel. Les diverses élections sont l’arbre qui cache la forêt, mais, au bout du compte, je fonde davantage d’espoirs sur l’émergence d’une éventuelle alternative politique en France. Aux USA, la naïveté politique du peuple, qui n’a jamais connu que le capitalisme depuis les années 30 (il ne faut pas oublier que les communistes et le syndicat radical CIO ont alors constitué une menace pour le pouvoir en place), est, par contre, insondable.
Beau plaidoyer pour Europe Ecologie !
Ont-ils seulement publié un seul texte qui indiquerait leur volonté de rupture avec le capitalisme, comme vous semblez le souhaiter à la fin de votre article ?
A Europe Ecologie, ils ont annoncé récemment leur accord pour la modification du système de retraite. Est-il bien nécessaire de le modifier ? Alors que pour sortir du déficit, il suffirait d’exiger que tous ceux qui ont des dettes envers les caisses de retraite finissent par les payer, au lieu d’obtempérer. Et qui parle de la solution 3 du COR (Conseil d’Orientation des Retraites) ?
En Allemagne, il est prévu de reculer à 67 ans l’âge de la retraite … en 2029 !!! Pas en 2012. Et leur population est plus âgée, le pourcentage d’actifs est moindre. Ne nous laissons pas berner par la propagande UMP, PS et …
Pourquoi cette précipitation en France et en Grèce ?
Sur la Grèce : http://www.latribune.fr/actualites/20100209trib000473534/grece-vers-une-retraite-a-63-ans-une-greve-lancee-contre-la-reforme-.html
Si vous lisez l’allemand : http://www.spiegel.de/politik/deutschland/0,1518,470794,00.html
Il y aura des manifestations en France.
Manifester ne suffit pas, mais rester chez soi n’apporte pas davantage. La rue est le seul moyen d’action qui soit encore possible en Europe. Lors de la manifestation anti-OTAN à Strasbourg au printemps 2009, nous avons senti dans notre chair (gaz sur une foule pacifique, lâchés par des hélicoptères français et allemands) que cette liberté ne survivra plus très longtemps. Et avec le contrôle étatique de l’Internet et des portables qu’une loi française vient d’autoriser, tout manifestant étant catalogué de terroriste, comment s’organiser ?
Bloguer, c’est bien, mais il faudra songer à quitter son ordinateur avant qu’une autorité le bloque.
Une bonne lecture en attendant : « Le plan grec de Sarkozy »
http://www.lepartidegauche.fr/editos/1929-le-plan-grec-de-sarkozy
Je n’épouse pas telle ou telle thèse d’Europe Ecologie en particulier; je sais seulement qu’il existe en son sein des pôles de radicalité, à savoir des groupes de gens qui pensent que le dépassement du système actuel est indispensable. Reste à savoir si des idées idoines émergeront en pratique. D’ici les régionales, qui encouragent des tractations sans fin entre minorités, je ne pense pas qu’il faille s’attendre à grand chose. Au fur et à mesure que la crise s’aggravera, en revanche, des transformations auront lieu dans toutes les formations politiques, y compris au sein de la majorité parlementaire UMP. Il faudra simplement voir sur pièces ce vers quoi elles nous amènent. Certains oseront, d’autres pas, mais il ne fait pas de doute que la base poussera à la radicalisation. C’est pourquoi nous avons le devoir « d’ensemencer » ce mouvement avec les idées de Paul (et les nôtres). Ainsi que je l’ai dit, je n’exclus pas que des forces nouvelles se fassent jour au sein d’autres formations que les écolos. Je pense notamment au Front de Gauche (soit dit en passant, JL Mélenchon m’est personnellement sympathique, mais il y a encore en lui une rigidité institutionnelle héritée de son long passage au PS; je le crois capable d’évoluer, mais peut-être que je me trompe); le NPA, par contre, n’a qu’un seul projet: son propre triomphe en cas de mouvement social massif, les idées neuves ne l’intéressant pas. Rien de nouveau chez les trotskystes… J’ai comme l’impression que la population ne s’y trompe pas.
@Paul
Est-ce que le rejet de la population envers l’élite politico-financière n’est pas le ressort de tout gouvernement capitaliste qui se respecte ?
Jefferson disait :
« Les peuples ne devraient pas craindre leur gouvernement, c’est le gouvernement qui devrait craindre le peuple … »
Les experts qui gravitent autour des puissants ont pour fonction de traiter les rapports entre les citoyens et leurs élus comme des « agents économiques » et leurs « managers », sans ce prisme le politique ne comprend plus son peuple. C’est parce que les politiciens ont peur des foules et de la masse que l’expertise économique a donné une grille de lecture censurée de la réalité vécue par les gens. Ainsi grâce à la réalité déformée vue par les experts, le législateur a organisé sa survie.
Le contrôle social insidieux des sociétés capitalistes a pour déclencheur ce sentiment de peur qu’inspire une multitude de gens amassés devant le parlement, qui crie son désarroi devant l’obscénité des classes dirigeantes. Le divorce consommé entre les élites politiciennes et le peuple montre que les citoyens savent, sans forcément le formuler, que les puissants ont peur, qu’ils sont juste mort de trouille, que leur survie ne tient qu’à un fil. Il reste que « Il n’y a qu’un pas du Capitole à la roche Tarpéienne », et qu’en haut lieu, ceux-ci savent qu’il n’y aura pas d’airbag pour tout le monde !