Billet invité.
LA GRANDE CRISE S’AUTO-ALIMENTE
Une constatation s’est déjà imposée : la Grande Crise est sortie de son état aigu, au moins provisoirement, pour entrer dans une phase chronique. Ce que l’on peut traduire par durable et installée. A poursuivre son observation – prenant un peu de recul face à la succession à cadence rapprochée de ses épisodes – on peut désormais également comprendre qu’elle s’auto-alimente. En d’autres termes qu’elle ne se poursuit pas uniquement parce qu’il n’a pas été fait face aux causes initiales de son déclenchement, mais aussi parce que les tentatives d’y remédier sont en elles-mêmes porteuses de sa poursuite et de son approfondissement. En ce sens, elle se reproduit.
Une conclusion s’impose alors : faute d’une reconfiguration en profondeur du capitalisme financier, pouvant aboutir à sa remise en question car il s’y oppose, la Grande Crise est devenue endémique. Pour s’en débarrasser, il n’y a d’autre issue que d’en faire autant d’un système financier parasitaire qui continue de s’accrocher à un corps social de moins en moins sain. Dont il est ressentit qu’il est vital de le préserver par un nombre grandissant de ses acteurs.
Afin de mettre en évidence ce phénomène de pérennisation désormais bien enclenché, tout peut partir d’une autre constatation, qui ne souffre pas discussion. Trois bulles financières distinctes coexistent actuellement, les deux dernières étant les produits d’une tentative inachevée et inopérante de faire face à la première. La bulle-mère est celle des actifs toxiques, qui est fort loin d’être résorbée. Les actifs y sont parqués dans ces bad banks de fait que sont les banques centrales, dans de discrets Special Purpose Vehicles, ou bien au fin fond des bilans mêmes des établissements financiers zombies, où ils sont très progressivement dépréciés.
Cette bulle-mère a été depuis rejointe par celle des actifs publiques – produit, dans une large mesure, du sauvetage du système bancaire et des mesures de soutien à l’économie – puis par celle des actifs privés, créée à force d’injections massives de liquidités des banques centrales, afin que le système financier puisse rééquilibrer son bilan. Mais ces trois bulles qui coexistent ne sont pas indépendantes l’une de l’autre : dans la pratique, elles interagissent entre elles, se contaminant réciproquement.
La nécessité de résorber la bulle des actifs publics fait ainsi obstacle à la relance de l’économie, qui réduit à néant l’espoir de revalorisation des actifs toxiques, qui permettait à leur bulle de se dégonfler sans douleur. Ce qui rend d’autant moins possible de retirer du marché les liquidités qui y ont été injectées, qui soutiennent le système financer et contribuent au gonflement de la bulle des actifs privés. Et qui rend également impossible toute stricte régulation financière des instruments spéculatifs et hautement pathogènes pourtant répertoriés, mais qui sont paradoxalement considérés comme étant indispensables au sauvetage de ce qu’ils ont coulé. On décrit là un enchaînement de phénomènes appelés à durer pendant probablement de très longues années, si rien ne vient briser leurs interactions qui ont tout du cercle vicieux.
Ce mécanisme diabolique observé, on s’interrogera alors sur la raison impérative pour laquelle il est aujourd’hui nécessaire de résorber de toute urgence la bulle des actifs publics, tout en laissant simultanément prospérer celle des actifs privés. Une étonnante asymétrie de traitement (pour parler comme les économistes distingués), les Etats devant financer sur les marchés privés leur dette, tandis que les établissements privés sont financés à taux presque nul par les banques centrales, elles-mêmes émanations des Etats (sauf aux Etats-Unis, où leur fonction a été privatisée).
On entre là dans les dédales d’un système qui ne trouve pas d’issue à sa propre crise, emprisonné dans sa logique même. La machine s’alimente – c’est dorénavant largement établi – avec comme combustible de la dette. Dette des entreprises, des particuliers, des Etats ou même des acteurs financiers eux-mêmes. Toutes les occasions sont suscitées et prétextes pour prêter du capital et percevoir des intérêts, à la recherche permanente des meilleurs rendements, dans une sorte de course sans fin qui s’emballe… jusqu’à ce qu’elle s’enraye. Là où nous en sommes arrivés.
La Grande Crise a créé de gigantesques besoins de financement, principalement des Etats et des établissements financiers. Dans la logique de ce qui précède, une telle situation devrait en soi satisfaire au fonctionnement de la machine, sauf qu’une demande d’une telle ampleur va avoir pour inévitable conséquence une hausse des taux du marché, et que les financiers – qui doivent renforcer les fonds propres de leurs établissements – craignent cette hausse qui viendrait encore plus limiter leurs performances, déjà atteintes en raison de la crise (et qui le sera encore davantage par des mesures de régulation, mêmes limitées). Ne sont-ils pas eux-mêmes soumis aux lois du marché et à l’optimisation de leurs rendements ?
Les Etats doivent donc, du point de vue du système financier qui a quelques raisons de les considérer comme de simples rouages, réduire leurs propres besoins, afin que la pression sur les taux obligataires diminue, en raison d’une contagion qui veut que le marché obligataire public détermine le barème des obligations privées.
A cette raison, que l’on pourrait appeler de circonstance, viennent se rajouter d’autres blocages. On a vu comment les instruments monétaires aux mains des banques centrales (leurs différentes taux) avaient permis à ces dernières d’arrêter la chute libre du système financier, pour ensuite constater que ces mêmes instruments étaient devenus inopérants lorsqu’il s’agissait de le réparer. Laissant les banques centrales dans une situation inédite, plantées aux milieu du gué, incapables de prendre de nouvelles initiatives comme de revenir sur celles qu’elles ont prises (et amusant la galerie pour donner le change). On remarque aujourd’hui qu’elles prétendent toujours appuyer leurs analyses et fonder leurs décisions sur le même corps de doctrine monétariste qui a permis de forger leurs outils d’intervention dépassés.
Au bout du compte, on ne peut que constater que les institutions financières qui sont supposées constituer la clé de voûte du système – lui-même censé se réguler au mieux – ne remplissent plus leur fonction suprême face à la furie financière. Les masses de capitaux flottants étant telles que les instruments dont disposent les banques centrales en deviennent dérisoires. On savait déjà qu’elles étaient devenues – les rapports de force l’imposant – très humbles dans leur approche des marchés des devises ; on comprend qu’elles le sont tout autant face à la masse en croissance exponentielle des produits dérivés financiers dérégulés qui les surplombent.
Si leurs instruments sont inopérants, que dire alors de leur sacro-sainte mission ? Que pèse en effet, dans ces conditions, la barrière des 2% d’inflation érigée en règle intangible, alors que l’Europe connaît une quasi-stagnation économique ? D’autant que celle-ci est doublement mise en question. Comme mesure uniquement appliquée aux prix des biens et des services, et non pas aussi à ceux des actifs financiers (dont l’inflation galopante est saluée) ; ou bien comme stricte norme faisant obstacle au financement du déficit public par une politique de création monétaire dont les bienfaits sont réservés aux établissement financiers ? Somme toute, il y aurait selon cette science économique en déroute et cramponnée à ses derniers bastions une bonne inflation et une mauvaise, de bons destinataires des liquidités-cadeaux et de mauvais (comme le cholestérol !).
Une même équation est posée, sans solution affichée, qui voudrait que la relance économique puisse intervenir en même temps que la diminution des déficits publics. Alors que l’investissement privé n’y contribue pas comme espéré, et la consommation non plus. Car ceux-ci subissent les effets de la crise économique et ne peuvent plus bénéficier de la manne du crédit issu de la titrisation, en panne sèche. Cette équation ne trouve pas de solution parce qu’elle n’en a prétendument pas. Celle qu’elle a en réalité n’est pas considérée comme acceptable puisqu’elle suppose une redistribution de la richesse.
Cette option rejetée, il va falloir d’une manière ou d’une autre faire sauter les verrous. Ou bien accepter un financement partiel des déficits publics grâce à une politique de création monétaire, ou bien aussi, prendre le risque que les Etats les plus faibles fassent défaut, ou bien encore, mutualiser les risques, ou bien enfin, faute d’un relai de financement, s’engager dans la rigueur et prendre le risque de fortes confrontations sociales. On en est pour l’instant, dans tous les pays occidentaux, à jouer au jeu du chat et de la souris, mais cela ne pourra pas durer, il va bien falloir entrer dans le vif du sujet si une relance miraculeuse n’intervient pas. Une relance porteuse d’une substantielle amélioration de l’emploi, est-il besoin de le préciser.
La crise de la dette publique porte en elle les germes d’une crise sociale et politique profonde, à moins que n’interviennent des remises en question qui ne sont aujourd’hui préconisées que par des voix isolées. En Europe, la création d’un FMI européen ou le lancement d’émissions d’euro-obligations seraient parmi les solutions les plus à portée. Le lancement d’un programme d’investissement communautaire avec comme objectif de créer de l’emploi pourrait être étudié. Mais toutes ces options paraissent bien lointaines.
La question est alors de savoir qui va parler au nom du destin et comment celui-ci va savoir se faire entendre, ou mieux encore s’il va être prié de rester à sa place.
135 réponses à “L’actualité de la crise: la Grande Crise s’auto-alimente, par François Leclerc”
Je suis un béotien en économie, c’est donc un message de « candide » que je poste.
Si je crois comprendre, les spéculateurs sont à l’affut de proies nouvelles pour se remplir les poches (et maintenant, en utilisant NOTRE argent que les états leurs prêtent pour quasi rien).
Une fois que la proie est dépecée, qu’il ne reste plus de gras, ils lancent une nouvelle rumeur pour en créer une autre.
Ca a été le pétrole, il n’y a pas de pénurie, on le voit maintenant
puis le blé-le riz (pas grave si des populations du tiers monde ont souffert de la faim à cause de ça), il n’y avait pas de pénurie de blé non plus, les cours se sont d’ailleurs effondrés depuis.
les subprimes,
et maintenant l’euro.
Mon questionnement de Candide, c’est pourquoi l’euro alors que les USA ne semblent pas en bien meilleure position que la Grèce ou le Portugal !
Les spéculateurs vont-ils se tourner vers le dollar maintenant que tout le monde doit vouloir se débarasser de ses euros?
Et si l’euro et le dollar chutent, ça ne provoquerait pas une réévaluaton automatique de la monnaie chinoise, ce que les chinois refusent de faire ?????
J’ai dû énoncer plein d’aneries, éclairez ma lanterne svp
merci
@ Paul * 21 février 2010 à 06:10
Très bien vu. Il faudrait poursuivre en disant combien il est dommage que le financier ne soit pas l’Etat. Pour que cela soit acceptable par tous les peuples, il faudrait que ce soit l’ « Etat Monde ». Rien, dans ce que nous observons, ne s’oppose à ce que cela ne soit pas le cas à terme.
Dans cette hypothèse, nous irions vers un inévitable alignement des niveaux de vie sur la planète entière. Ce serait très douloureux pour les pays développés, mais moralement et au regard de ce qu’ils ont puisés dans les richesses non renouvelables de notre terre à tous, ce ne serait pas totalement injuste. On peut entrevoir le jugement dernier.
A François Leclerc,
Oui, la crise s’auto-alimente et s’auto-alimentera encore pour de longues années si les banques centrales continuent à émettre des signes monétaires qui ne circulent pas.
En dernier recours, et après avoir pris le plus possible, via des aller-retours spéculatifs, les plus fortunés refuseront de s’engager dans une relance dont ils sont les seuls à en avoir les moyens. Car, ces dettes que vous signalez impliquent bien que des fortunes financières sont d’un montant total identique à toutes les dettes qui se sont constituées. Et ces fortunes cherchent toujours le meilleur rendement, même si elles ne le trouvent pas. Ne le trouvant pas, elles exercent la pression ultime, c’est la véritable arme d’autodestruction massive dont le capitalisme est toujours porteur, à savoir le repli liquide (les thésaurisations) dans une logique de chantage et d’attente. Le capitalisme est un système intenable fonctionnant selon une logique fétichiste et perverse.
Or, il n’est pas possible, comme vous le pointez, aux banques centrales de contrer cette mécanique efficacement actuellement.
Le signe monétaire durable (SMD) des banques centrales est une émission de liquidités qui, à court et à moyen terme ne circulent pas et ne servent quasiment à plus rien. Vous le pointez, les banques centrales sont devenus incapables d’organiser une circulation monétaire convenable, et il est devenu dès lors impossible de « bouger les lignes ». Nous le voyons d’une façon spécialement flagrante au Japon, où, après chaque très brève relance, la déflation repointe son nez depuis déjà vingt ans bientôt. Cette même déflation est effectivement la conséquence de thésaurisations massives, les « inflations d’actifs » dans le secteur spéculatif ne sont guère que des « boucles d’attente » qui ne font que différer encore le retour des investissements dans les secteurs de l’économie dite « réelle ». Car les entreprises, les ménages et les états restent, en fait, largement ionsolvables car surendettés.
La question se pose:
Comment « contraindre » intelligemment que les liquidités reviennent dans l’économie sans aggraver la charge de sa dette? Cela sousentend, évidemment, que les prêteurs doivent être amenés à renoncer aux rendements élevés auxquels ils sont addicts. Et se contenter de taux proches de zéro. Ce qui ne me semble pas très grave pur un milliardaire, et cela impliquerait qu’il cesserait de s’enrichir toujours davantage grâce à la rente du capital (déjà 40% du PIB).
Or, cela vire à la farce, car le remède, simple et immédiatement applicable, serait l’émission par les banques centrales d’un signe monétaire marqué par le temps (ou SMT), qui ne pourra plus, sans risque pour les investisseurs, se contenter de rester dans les boucles d’attente de la spéculation et qui devra, même à rendement faible ou nul, obligatoirement circuler et « redescendre » dans l’économie réelle, seule source de revenus nouveux possible grâce au travail productif réel.
La façon de procéder, je l’ai rédigée souvent, et dernièrement, j’ai écrit un petit livre dont j’attends une réponse d’un éditeur pour publication. J’ai envoyé le texte à Paul, mais j’aimerais vous l’envoyer également.
Vous remarquerez que je renonce au mot trompeur de « monnaie fondante », car il ne saurait s’agir de cela, car Silvio Gesell lui-même ne proposait aucunement une « fonte » de la masse, il proposait simplement la prise en compte de l’action du temps sur toute chose, y comris sur le signe monétaire. Mais son projet maintient parfaitement le pouvoir d’achat du signe monétaire à tout moment, car il indique que la « fonte » serait toujours compensée par la BC.
Il me semble que l’urgence du moment peut parfaitement justifier que les banques centrales agissent par l’émission d’un SMT, car elles n’ont plus les moyens d’une politique monétaire efficace dès lors qu’elles émettent les SMD destinés à NE PAS CIRCULER.
La solution par l’inflation généralisée, susceptible aussi de faire revenir l’argent vers la circulation dans l’économie, comporte pour les épargnants bien davantage de risques que le SMT. De plus, une fois déclenchée, elle va s’auto-alimenter vigoureusement, et les banques centrales auront du mal à la contenir, en raison de l’énorme quanité de liquidités présentes et revenir comme une avalanche dans léconomie, l’inflation s’auto-alimentant dès lors aussi par une vigoureuse accélération de la circulation monétaire et virant vers une hyperinflation qui balayerait tout sur son passage. Les coups de freinpar les banques centrales étouffraient cependant la reprise ou alors seraient insuffisants. Les détenteurs de fortunes montaires n’aimeraient pas l’inflation, c’est certain, les débiteurs davantage, mais une telle surchauffe en rapport avec un signe monétaire se dépréciant violemment par l’inflation deviendrait incontrôlable et ruinerait en premer lieu les petits épargnants et ceux qui reçoivent des revenus fixes.
Alors qu’un SMT pourrait être émis sans aucun risque inflationniste dès lors que l’on prendrait soin de laisser dormir, autant que possible, les masses liquides dormantes émises en SMD.
Alors, si mon texte vous branche, qui propose de vraies solutions, je vous l’enverrai par mail – si vous m’indiquez votre adresse.
Bien cordialement, jf
Votre solution est plaisante. Sauf pour les capitalistes, soit, ceux qui, justement, capitalisent.
Elle ne sera donc jamais mise en place.
Pour l’hyper-inflation, là, cela semble tomber sous le sens à cause aussi d’un esprit capitaliste.
Ainsi, il se détruit lui-même.
Entrainant tout le monde dans sa chute.
Pour une fois qu’il pense aux autres…
Je comprends le mécanisme que vous proposez d’adopter, dans la lignée de Silvio Gesell. Il est intellectuellement séduisant mais a pour moi le défaut d’inscrire dans l’ordre monétaire le remède à un problème qui à la base n’y appartient pas (pour faire vite !)
Je vous envoie un mail par ailleurs, je lirai avec intérêt votre texte.
C’est accessoire, mais vous avez par ailleurs raison de ne plus utiliser le terme « monnaie fondante », qui n’aide pas à la compréhension.
à Yvan:
Je ne partage pas totalement votre pessmisme. En fait, je ne cherche pas à « convaincre » les plus riches, très peu nombreux, mais j’espère que l’opinion des économistes et des politiques se réveille pour abandonner toute cette débilité universitaire qui fait desanalyses fausses et éloignées de la réalité, et cette attitude arrogante et ignorante est la meilleure caution des milliardaires.
Si les opinions à l’université pouvaient évoluer (ce n’est pas fait, hélas), il y aurait une chance. Par ailleurs, il y a dans les banques centrales non seulement le « grand capital », mas de temps en tems aussi des techniciens qui ont un sincère souci de leur mission, à savoir obtenir une stabilité monétaire. Et cela n’est possible que si on adopte le SMT.
Bien à vous, jf
Comment s’assurer que les SMT ne feront pas de cavalerie ?
Un des plus grands fonds obligataire mondiaux, PIMCO qui déconseille l’Euroland estime à 80% les chances d’une dégradation de la note du Royaume-Uni qui devrait mettre un terme en mars à ses rachats d’actifs.
En janvier : Déficit du budget britannique avec une chute des recettes fiscales couplée à des dépenses publiques en hausse.
CIT USA, spécialisé dans le financement des PME s’était mise sous la protection de la loi le 01.11.09, dans l’incapacité de financer 1 Md de dollars d’obligations.
CNBC a confirmé le 8 janvier l’achat par la FED en 2009 de 80% des T-Bonds.
D’après le Sénat, les créances liées à l’immobilier commercial seraient de 1,4 trillion de dollars
http://cop.senate.gov/reports/library/report-021110-cop.cfm
Le 11.02.10, CNBC après avoir titré :
‘ Failed 30-Year Auction Closes Rough Week; Treasurys Fall ’
a titré :
‘Long-Dated Treasurys Slide on Weak Auction, Greece Help ’
Le Trésor ayant éprouvé les pires difficultés de placement de ses T-Bonds. http://www.cnbc.com/id/35348388
Puis annonce par Ben Bernanke de la possibilité d’une remontée rapide du relèvement du taux d’escompte, annonce suivie jeudi dernier par son relèvement de 0,50% à 0,75%.
Pour valider la thèse défendue par Francois Leclerc et comprendre le système de dominos, déjà vu
lors de la phase Bear Stearn-Lehman Brothers-TARP en 2008, et rappeler qu’ici il s’agit ici
d’Etats-nations ou de leur « restes »:
Sovereign debt theories
@ johannes finckh,
merci pour cette analyse, avec ses pistes dont on parle peut-être trop peu…
à laurence: merci pour vos encouragements, jf
En tant qu’individu unique et précaire je ne comprends pas. Je ne comprends pas, en effet avec nos capacités techniques et le socle de connaissances accumulées :
Pour quelles raisons n’arrive-t-on pas à faire de cette planète une oasis d’étonnement devant la simple réalité qui nous entoure ?
Pour quelles raisons n’arrive-t-on pas à ce passer de cet écran de fumée qu’est l’argent ?
Pour quelles raisons perdons nous notre énergie et nos vies dans ce système débile et absurde ?
Toutes les solutions sont là sous la main, prêtes à l’emploi pour sortir définitivement de ce cauchemar multi-millénaire, mais non on reste tous enfoncés dans ce délire. Nous sommes tous fous selon mon opinion, fous et dangereux, de quoi diable avons-nous peur, qu’est-ce qui nous rend dingue ?
La croissance économique telle que présentée tous les jours par les dirigeants est une chimère mortelle, la liberté individuelle vantée est une parodie macabre, nous sommes tous entrain de nous suicider à petit feu, c’est l’île de Pâques planétaire qui se déroule sous nos yeux, et les nouvelles idoles financières viennent se rajouter aux anciennes qui n’ont pas disparue. Et encore et toujours le même blabla infernale sur une usine à gaz stérile.
Personne n’y comprend rien, et les débats sur l’inflation, le système financier et tout le tralala ne sont que des discours de sots pour les sots, de dingues pour les dingues, de fous pour les fous.
Nous sommes capables de construire, de réaliser, une société mondiale qui au delà des différences culturelles sera en mesure d’assurer à tous partout et pour des générations un accès garantie à l’eau, à la nourriture, aux vêtements, au logement, à l’éducation, à la connaissance, à la communication, au transport et à l’énergie. Et cela en consommant moins et en pompant moins la nature. Et sans utiliser aucune monnaie mais simplement une société de droits et devoirs. Uniquement des droits et des devoirs entre les Hommes sans aucun artifice et artefact. Mes amis se meurent et se désespèrent, leurs enfants aussi.
Bon dieu n’y aura-t-il donc personne pour tendre la main ? Tendre simplement la main et faire de cet acte l’élément fondateur d’une constitution planétaire. Allez c’était mon délire du dimanche on est tous des crétins, on en sortira jamais. L’enfer disait une petite histoire c’est une grande salle avec des hommes qui ont des baguettes très grandes et qui ne peuvent pas porter le riz qui est dans le bol devant eux à leur bouche, alors ils souffrent éternellement de faim. Le paradis c’est la même la salle, les mêmes baguettes mais les hommes se nourrissent l’un l’autre en portant à la bouche de leur voisin d’en face le riz qu’il puisent dans leur propre bol, ils sont éternellement rassasiés. Les mêmes données, deux états différents. Et puis zut !
Très beau texte, il méritait la première page de tous les quotidiens mondiaux, mais moi aussi je rêve,
Vivement dimanche prochain 🙂
Et non ce n’est pas un délire, c’est le paradis perdu de l’enfance. On se prend au sérieux à un moment donné, par l’habitude que nous donne la société, notre environnement donc et par facilité. Oui par facilité : en refusant de regarder la réalité de la vie en face, en refusant de l’affronter, on préfère largement choisir le modèle « occupatoire », qui s’occupe de tout, de tous les détails de notre vie, qui répond pratiquement à nos questions existentielles, enfin qui répond comment l’on peut pratiquement s’occuper pour éviter de se retrouver seul avec ses questions existentielles.
Alors non ce n’est pas un délire, ou alors des milliards de gens délirent…En Inde par exemple, beaucoup de gens ont un quotidien beaucoup plus spirituel que le nôtre…mais il faut qu’ils gèrent en même temps la place qu’occupe le pays « sur l’échiquier international » comme on dit dans les milieux qui s’autorisent plein de choses.
C’est à vous de faire…hein ? bon d’accord…c’est à nous de faire bouger les choses !
Facile non ? 🙂
Il y a un truc qui me chiffonne.
Si les Etats décident d’aider la Grèce, il leur faudra trouver l’argent pour çà.
Donc l’emprunter quelque part !
Même en étant très discrets, façon « oui, j’ai besoin de quelques milliards pour refaire la façade de l’Elysée » les financiers les verront venir de loin avec leurs gros sabots !
Sachant que c’est pour repréter à la Grèce, les financiers ne vont pas leur faire de cadeau sur les taux!
Non ? Me trompe-je ?
L’argent ? Le voici Louise, lisez Jane : attention l’unité est le tera; (mille fois le Giga ou milliard)
David Jane, head of equity investment at M&G – which controls more than £170bn on behalf of small investors – said it now costs just £1 a day to speculate in £1m worth of currency.
Every day, global dealing in foreign exchange totals around $4tn, 90% of it purely speculative, and London traders dominate the market.
M&G’s concern is the fall in what is known as the « cost of carry », which is allowing speculators to place currency bets worth billions of euros at historically low cost. « You can currently short the euro for almost no cost at all. It’s one of the unintended consequences of quantitative easing and action by central banks across the world to keep interest rates low, » said Jane.
According to Euromoney, the top five traders in currencies in 2009 were Deutsche Bank, UBS, Barclays Capital, RBS and Citi.
http://www.guardian.co.uk/business/2010/feb/19/currency-speculating-euro-investor-risk#history-link-box
Louise écrit : « Si les Etats décident d’aider la Grèce, il leur faudra trouver l’argent pour çà.
Donc l’emprunter quelque part ! »
Tout le drame grec est résumé dans ce message de Louise.
Si nous étions pendant la période des Trente Glorieuses, les 15 Etats membres de la zone euro pourraient emprunter 50 milliards d’euros sur les marchés, et ensuite les re-prêter à la Grèce.
La monnaie unique, l’euro, est une monnaie qui ne peut vivre que pendant les périodes fastes, comme par exemple pendant les Trente Glorieuses.
Mais aujourd’hui, en février 2010 ?
Aujourd’hui, tous les Etats membres de la zone euro viennent d’entrer dans une crise économique, financière et sociale terrible.
Aujourd’hui, la situation économique, financière et sociale des Etats européens est la pire crise depuis 1929.
Autrement dit, deux problèmes semblent insolubles :
1- Premier problème : plusieurs Etats membres de la zone euro ne veulent absolument pas aider la Grèce.
2- Second problème : tous les Etats membres de la zone euro sont INCAPABLES de verser à la Grèce les 50 milliards d’euros qui pourraient la sauver, même si ils le voulaient.
Où les 15 Etats membres de la zone euro vont-ils trouver les 50 milliards d’euros pour sauver la Grèce ?
Où ?
Ils vont les emprunter sur les marchés ? Mais ils sont déjà surendettés eux-mêmes.
Alors ?
Qui va payer ?
Et avec quel argent ?
Crack obligataire puis déflation ….
C’est la question que je me pose aussi. A part l’Allemagne, quelles autres nations ont la capacité d’aider la Grèce à hauteur de 25 milliards ?
Ce ne sont sans doute pas les autres pays dits « PIGS », ni la France avec son grand emprunt de 35 milliards d’Euros en route !
Le projet de plan dévoilé dans le Spiegel, comme je l’ai déjà évoqué, prévoit:
1/ Que le montant de 20 à 25 milliards d’euros serait partiellement couvert par des garanties.
2/ Que l’effort serait réparti au prorata des participations au capital de la BCE
.
@ François Leclerc
Merci pour ces informations précises.
Si l’aide est au prorata de la participation au capital de la BCE, cela veut dire que l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne seront les plus gros contributeurs et comme ces derniers sont déjà endettés plus que de raison… Cela ne va pas arranger les choses pour la crédibilité de la solidité de la zone euro. Tout ceci devient inquiétant.
http://www.chine-informations.com/actualite/des-mannequins-chinoises-nues-face-a-la-crise_12611.html
Un intéressant article en provenance d’Allemagne:
« Trade in the risk of Greek insolvency in the past five months has enabled fantastic earnings. That is made clear by the price-development for credit-default insurance on that financially-weak Euroland. On 16 October 2009 a Credit Default Swap (CDS), which investors use to insure themselves against insolvency from Athens, still cost 123 basis points (1.23 percentage points). This meant a yearly premium of 12,300 euros in order to insure a claim on 1 million euros. On 4 February the insured had to pay 42,820 euros for that, a fee three times as high. Greece’s risk-premium – in market jargon the CDS spread – is the fever-curve of the debt crisis.
For the growth in the expense of the insurance against non-payment reflects the reduced creditworthiness of the country. Speculation in the CDS market began after 4 October 2009, as the Greek Socialists celebrated their election victory…London investment bankers name AIG as a further CDS-seller. That company had to be nationalized during the financial crisis due to its having written insolvency insurance on American mortgages. This debt-load would have led to the collapse of the world’s biggest insurer. Prior to the financial crisis AIG is said to have widely held State credit-risk. If yet-larger insurance positions on Greece exist, then the American government would have a strong interest in preventing that country’s insolvency. »
CDS Just another evanescent bubble ?
CQFD
@ Lambert Francis
traduction please !!!
@ Louise : traduction rapide de l’extrait proposé par Lambert Francis ==>
« David Jane, responsable du placement en actions chez M & G – qui contrôle plus de 170 milliards de £ au nom de petits investisseurs – a dit qu’il en coûte désormais seulement 1 £ par jour pour spéculer sur 1 million £ de devises.
Chaque jour, le montant global échangé sur les marchés des changes (ndlr :Forex en anglais, contraction de Foreign Exchange) oscille autour de 4 Trillion de $, 90% étant de la spéculation pure, et les traders de Londres dominent le marché.
La principale préoccupation de M & G est la chute du «cost of carry» (ndlr : le coût prélevé sur les positions maintenues ouvertes d’un jour à l’autre, exprimé habituellement en $ ou pips), qui permet aux spéculateurs de faire des paris valant plusieurs milliards d’euros à un coût historiquement bas. «Vous pouvez actuellement vendre à découvert des euros pour un coût quasi nul. C’est l’une des conséquences inattendues de l’assouplissement quantitatif (ndlr : en anglais, quantitative easing) et de l’action des banques centrales à travers le monde visant à maintenir les taux d’intérêt bas, » d’après Jane.
Selon Euromoney, les cinq premiers acteurs du marché des devises en 2009 ont été la Deutsche Bank, UBS, Barclays Capital, RBS et Citibank. »
L’original : http://www.guardian.co.uk/business/2010/feb/19/currency-speculating-euro-investor-risk#history-link-box
Julien Alexandre recevez, je vous prie, les remerciements mortifiés d’une quasi inculte en langue anglaise.
oui, mais çà c’est de la finance, on le sait qu’il y a des sous là dedans.
Ce que je dis c’est que ladite finance, bien qu’ayant les dents du fond qui baignent dans l’argent, ne va pas le préter gratis aux états !
J’en profite : « Interdiction des paris sur les fluctuations de prix ! »
Louise : les états « roulent leurs dettes » vers l’avenir. Les banquiers ne bouchent aucun trou … mais ils agrandissent le trou par les intérêts.
1. Les banquier « reprêtent » aux états les montants remboursés à chaque échéances. Une dette n’est pas un gros bateau chargé d’un coup mais un train d’emprunts qui s’allonge infiniment de nouveaux wagons, surchargés d’intérêts qui s’accroissent aussi …
En « roulant notre train de dettes » nos états roulent surtout les générations suivantes (pour la part « dépenses courantes » des dettes, les investissements devraient leur bénéficier … quoique le Japon nous démontre que les dépenses pharaoniques en infrastructures aboutissent souvent au gaspillage).
2. Non seulement nos états lèguent nos dettes mais actuellement ils vont jusqu’à prélèver anticipativement les impôts sur les revenus de nos enfants grâce aux produits dérivés.
Cela fait de chouettes wagons en plus qui roulent et roulent toujours plus vite dans le brouillard de notre ignorance … pour être gentil.
Notre génération est « trop cool »: après cinquante ans de prospérité nous lèguerons bientôt plus de dettes que la génération précédente ne nous en a laissé après deux guerres mondiales. Beaucoup d’économistes et de politiciens nous disent que la dette n’est pas un problème pour l’état. Ils nous le disent car ils ont plein de diplômes, un air sérieux et souvent avantageux. Pour l’état effectivement. Pour d’autres c’est tout bénéfice. Il n’y a plus de problème donc?
3. Ce qui est ravissant c’est la convergence de nos legs sur la génération suivante: pollution, déplétion, surpopulation …
1+2+3 Nos enfants n’arrêteront donc pas d’encenser notre mémoire, tant d’amour en héritage.
Mr Jorion.
L’interdiction de la spéculation sur les variations de prix, c’est très bien. On rajoute moins de wagons. Moins …
Cela reste un dur combat tout à votre mérite.
Mais que faire du reste du train qui s’allongera moins vite, d’accord ?
Et puis ce détail nr 3? Je n’ose vous le demander …
SVP dites moi que j’ai tout faux.
Au fait à propos de Otmar Issing, outre sa position actuelle de conseiller de Goldman Sachs, donc. Je viens d’apprendre qu’il a également fait partie récemment de la commission de Larosière sensée réformer le système financier européen.
Bonjour
A mon sens ce n’est pas tellement le système financier qu’il qu’il faudrait réformer, mais le système monétaire dans son ensemble, dans le sens proposé par les tenants du « 100% money » (de nombreux économistes) ou de celui proposé par James Robertson http://www.jamesrobertson.com/about-james-robertson.htm qui propose en gros de « nationaliser » la monnaie, c’est à dire de décider simplement que toute la monnaie de dette existente devient « monnaie centrale ».
Au seul niveau purement financier l’avantage évident serait que les banques seraient limitées dans leur capacité de spéculation puisque la quantités de monnaie (ou de monnaie de crédit) serait gelée au bon vouloir des Banques Centrales
Au niveau de la dette publique: la Banque Centrale toucherait les intérêts sur la dette, lesquels aboutiraient au budget de l’Etat sous forme de dividendes.
Il n’y a aucun argument sérieux qui tienne face à cette possible réforme.
Merci pour la densité de cette analyse complète et juste. Il ne vous aura pas échappé que le FMI vient de réviser son objectif d’inflation en le portant à 4%, ce qui accrédite votre hypothèse de « financement partiel des déficit publics par la création monétaire » qui est aussi par ailleurs un moyen de résorber une partie de la dette et donc, a priori, d’éviter les politiques de rigueur qui casseraient la reprise de la croissance.
Cela étant, nous allons devoir nous habituer à vivre avec un taux de croissance de la masse monétaire supérieur et je crains que la crise sociale que vous évoquez ne se nourrisse de surenchères sur le thème du pouvoir d’achat puisque, si les prix devraient augmenter (y compris pour certains biens actuellement en baisse constante comme les biens électroniques en général), les salaires devront rester modérés.
Cordialement.
Si, il y a des arguments très sérieux contre cela!
Notamment le fait que la dette n’est pas monnaie. La monnaie centrale est une dotation régalienne, pas une dette, les dettes sont le pendant d’avoirs monétaires détenus par les épargnants. Et avoir mnétaire n’est pas monnaie, vous vous en apercevrez quand vous recevrez un chèque en bois.
La monnaie centrale est déjà émise par la banque centrale exclusivement.
Par contre, les signes monétaires de la BC ne fonctionnent pas toujours comme monnaie circulante, car ils sont très largement soustraits à leur sage via la thésaurisation et la spéculation. Autrement dit, la BC émet de la mnnaie qui largement NE CIRCULE PAS. C’est comme construire des routes interdites à la circulation. Pour que les signes monétaires circulent à « 100% », il n’y a qu’une chose possible d’être faite: Il faut qu’ils soient marqués par le temps. Il faudrait que la BC émette exclusivement des SMT (signes monétaires marqués par le temps). A cemoment-là, nous aurions votre « monnaie 100% ».
« Geler le crédit au bon vouloir des banques centrales » ne fait absolument pas sens, car l’épargnant qui n’utilse pas tous ses revenus doit prêter ces sommes à d’autres sans recours à une instance centrale, l’agence bancaire du quatier est à même d’être l’instance qui convient, en tant qu’institution chargée de collecter l’épargne et d’affecter des crédit de préférence à des emprunteurs solvables. La BC ne peut pas faire ce travail, car nous aurions, sinon, une interruption massive des échanges économiques qui s’arrêterait tout simplement, et nous aurions aussi une bureaucratisation de l’économie où tout dépendrait du « bon vouloir » de la banque centrale. Une soviétisation de ce genre me semble absolument régressif et un retour à l’âge de pierre. L’écec est prévisible, et il me semble que le communisme, ça suffit!
Sauver la Grèce coûterait un prix exorbitant aux 15 autres Etats memebres de la zone euro : ils devraient prêter à la Grèce 50 milliards d’euros.
Sauver la Grèce impliquerait un prêt à 50 milliards d’euros, à 35 milliards d’euros pour l’Irlande, et à 30 milliards d’euros pour le Portugal.
Le sauvetage le plus cher concernerait l’Espagne, avec une enveloppe de 200 milliards d’euros.
Le Figaro
Comme les autres Etats de la zone euro sont eux-mêmes surendettés, le problème est réglé de ce côté-là : les autres Etats de la zone euro NE PEUVENT PAS sauver la Grèce.
Je rappelle la situation de quelques Etats européens, en citant les calculs du Fonds Monétaire International :
D’après le Fonds Monétaire International, en 2014, quelle sera la dette publique par rapport au PIB ?
La dette publique de l’Allemagne sera de 91,4 % du PIB.
La dette publique de la France sera de 95,5 % du PIB.
La dette publique du Royaume-Uni sera de 99,7 % du PIB.
La dette publique de la Belgique sera de 111,1 % du PIB.
La dette publique de l’Italie sera de 132,2 % du PIB.
La dette publique de la Grèce sera de 133,7 % du PIB.
Conclusion : les Etats ne prêteront pas à la Grèce les 50 milliards d’euros qui pourraient lui éviter le défaut de paiement.
Nous en sommes toujours à la même question :
Qui va prêter à la Grèce ces 50 milliards d’euros ?
Et avec quel argent ?
» Sauver la Grèce coûterait un prix exorbitant aux 15 autres Etats memebres de la zone euro : ils devraient prêter à la Grèce 50 milliards d’euros. »
Ce peut être une bonne affaire: La France emprunte à 3,5% sur les marchés d’OAT donc si elle emprunte et prête 50 Md€ à la Grèce à 6% nous gagnons 2,5% par an soit 1,25 milliard par an: pas à dédaigner. Qui plus est le risque est évidemment très faible, on pourra toujours leur envoyer l’armée 🙂
Analyse ‘globalisante’ de la séquence: Prise de risques, immobilisation des régulateurs et sauvetages: le cycle vers le jour dernier, toujours par les memes, Simon Johnson et Peter Boone, les ‘vigilantes’ 22.02 The Doomsday cycle
Bonjour, vous écrivez :
« Cette bulle-mère a été depuis rejointe par celle des actifs publiques – produit, dans une large mesure, du sauvetage du système bancaire et des mesures de soutien à l’économie – puis par celle des actifs privés, créée à force d’injections massives de liquidités des banques centrales, afin que le système financier puisse rééquilibrer son bilan. »
Est ce que la bulle des actifs privés correspond bien aux aides d’urgence accordées par les banques centrales aux différentes banques et qui sont en partie en cours de remboursement pour « empécher » les états de mettre trop leur nez dans les comptes de banques ou est ce qu’il y a autre chose dedans ?
La dette publique a augmenté à la faveur des aides directes aux banques (partiellement remboursées), et surtout de l’ensemble des mesures prises pour faire face à la crise économique qui a résulté de la crise financière.
Le coût de la Grande Crise, c’est l’addition des deux, et non seulement la première, comme les banques voudraient le faire croire pour s’exonérer de la responsabilité du remboursement de la seconde.
La bulle des actifs privées a comme origine – le marchés de la titrisation qui y contribuait précédemment en panne – le déversement des liquidités par les banques centrales au profit exclusif (ou presque) des établissements financiers et assimilés.
« La bulle des actifs privées a comme origine (…) le déversement des liquidités par les banques centrales au profit exclusif (ou presque) des établissements financiers et assimilés. »
Pour préciser les choses, je ne suis pas économiste, je cherche juste à comprendre, l’argent qui est déversé est de la création monétaire ou de la dette souscrite par les états sous la forme de bonds d’états ?
Si c’est comme j’en ai l’impression de l’argent provenant de bonds d’états qui sont pour partie achetés par les chinois (pour les bons d’état US) et pour partie achetés par les banques avec une partie de l’argent que les états eux mêmes leurs ont prétés/donnés dans le cadre du comblement de la bulle mère, quel est le sens de tout cela ? est ce que le chat n’est pas en train de se mordre la queue ?
Les chinois ont un intéret par la dépendance de leur économie pour le moment encore basée sur l’exportation (phénomène « usine du monde ») à financer la dette pour que leur activité économique se poursuive.
Les banques ont besoin de placer de l’argent dans des placements sûrs tout en ayant un bon rendement dans un contexte incertain (fin de crise économique en cours ? il semble que non), donc elles ont de l’argent, du moins leurs clients en ont.
Au final, et c’est bien ce qui transparet dans vos billets et dans les autres messages du blog pour le moment, ce sont les états qui sont les dindons de la farce…
@ François Leclerc
« Le coût de la Grande Crise, c’est l’addition des deux, et non seulement la première, comme les banques voudraient le faire croire pour s’exonérer de la responsabilité du remboursement de la seconde. »
Ces gens sont vraiment formidables, même mon petit banquier l’autre jour il n’a même pas voulu se donner la peine de me recevoir autrement pour le petit client que je suis, je ne sais pas pourquoi, je crois même l’avoir mis de fort mauvaise humeur pourtant je n’avais rien du tout à me reprocher ce jour là, il n’y avait même personne derrière moi ce matin là, je crois même que je lui aurais mis beaucoup plus de petits rouleaux de pièces jaunes sur le comptoir le pauvre bougre il n’y aurait vu que du feu, bref il n’est vraiment plus sympa le Jérémie avec les petits banquiers de Province.
Hum la confiance est perdue et ils sont pas prêts de la retrouver de sitôt avec moi, je n’ai d’ailleurs jamais beaucoup aimé les banquiers, car ces gens là jugent souvent les autres à travers ce que vous possédez sur votre compte en banque, quand bien même d’ailleurs vous seriez rarement dans le rouge enfin ils ne sont pas tous comme ça non plus. A quand principalement des mesures d’austérité et de contrôle supplémentaire pour les banquiers et pas seulement toujours sur les pauvres petites gens bien sur, on contrôle bien les restaurants de nos jours afin de pouvoir mieux faire respecter certaines règles de base et d’hygiène alimentaire alors pourquoi pas le faire subir aussi ces gens là ? Là déjà ça ricanerait un peu moins entre eux bandes d’hypocrites …
Ce sont les liquidités distribuées par les banques centrales, sous forme de prêts à taux réduit gagés par des actifs mis en dépôt par ceux qui en bénéficient. Cela résulte d’une création monétaire des banques centrales.
@ Vincent,
il y a des gens comme vous… et dans les moments où j’ai envie de tout lâcher
vous me ramenez à la vie, la vraie.
Les contribuables-plutot que les Etats-dindons de la farce:
Debt deals haunt Europe
[…] dans lequel il prolonge sa réflexion. On y trouve par exemple un billet de François Leclerc: la Grande Crise s’auto-alimente, Si vous trouvez que votre sommeil est trop paisible, cette lecture s’impose… nous […]
« La Grèce demeure fermement ancrée au coeur des préoccupations du marché », notait Michael Hart, analyste chez Citibank.
Les investisseurs espèrent toujours voir émerger des mesures concrètes d’une aide financière de l’UE à la Grèce surendettée, avant même la prochaine évaluation, à la mi-mars, des comptes grecs par la Commission européenne.
En quête de solutions pour combler le déficit colossal du pays, la ministre grecque de l’Economie et de la Concurrence Luka Katsélis s’est pour sa part rendue ce week-end à Abou Dhabi pour demander la participation financière de l’émirat à un fonds grec de développement.
Cependant, même si les dirigeants grecs se veulent rassurants sur l’avancée de leur plan de réduction des dépenses, « les problèmes d’endettement d’autres pays de la zone euro vont continuer à peser sur la monnaie unique », commentait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.
L’inquiétude continue en effet de monter en Europe à propos, entre autres, du Portugal, de l’Italie et de l’Espagne, dont les finances publiques sont également fragiles.
« Les investisseurs européens sont clairement toujours nerveux sur ce qui attend l’euro », notait pour sa part Jane Foley, analyste du cabinet Forex.com.
« Au-delà des problèmes immédiats d’endettement de la Grèce, le marché s’inquiète de la capacité de la zone euro à maintenir son unité sans renforcer sa coordination budgétaire », ajoutait l’analyste.
« Et même si les difficultés budgétaires de la Grèce pourront éventuellement être atténuées par un coup de pouce de l’UE, cela ne permettra pas de résoudre les problèmes structurels de la zone euro qui ont été révélés par la récession », poursuivait Mme Foley.
Dans ce contexte, un porte-parole du ministère des Finances allemand a indiqué lundi que les pays de l’Union européenne vont devoir « réfléchir » à « de nouvelles règles et mécanismes de sanction » européens à l’égard des pays membres dont les finances publiques dérapent.
Le Point
Cette information est intéressante :
« Luka Katsélis s’est pour sa part rendue ce week-end à Abou Dhabi pour demander la participation financière de l’émirat à un fonds grec de développement ».
Abou Dhabi prêtera-t-il 50 milliards d’euros à la Grèce ?
Ou alors le FMI sauvera-t-il la Grèce ?
@ françois leclerc
question:
pourquoi les états ont-ils perdu leur droit régalien à créer et à gérer la monnaie
cette situation est-elle irréversible et pourquoi?
cela résoudrait pas mal de problèmes , notamment les intérêts versés au secteur privé, qui dans ce cas reviendrait au secteur public
C’est le résultat de tout un processus, qui a pris des formes diverses suivant les pays (ou les régions, pour l’Europe). Pourquoi, en effet, ne pourrait-il pas être défait ?
Ce processus historique a eu pour objectif le désengagement de l’Etat de la gestion de sa propre dette, largement acquis.
Pourtant, le besoin de mieux maîtriser cette gestion l’avait au départ engagé à créer la toute première banque centrale : la Banque d’Angleterre (en 1694). Elle était alors sous le contrôle du Parlement.
Cela a paradoxalement été le coup d’envoi du développement impétueux du système financier mondial, dont nous voyons aujourd’hui, en crise profonde, l’aboutissement. Avec parmi les conséquences la dépossession du contrôle de sa dette par l’Etat.
L’indépendance des banques centrales – un des dogmes de la religion économique contemporaine – est toute relative dans la pratique. En réalité, elle symbolise la forte dépendance de celles-ci, et des Etats eux-mêmes, vis à vis des marchés financiers, au prétexte de la protéger des errements des gouvernements. Elle prétend substituer à des corps issus d’élections (pour le meilleur et pour le pire) des institutions dont la principale caractéristique est l’opacité, à l’image de l’ensemble du système financier dont elles sont l’un des rouages.
Les banques centrales ont aujourd’hui pour principale mission officielle de lutter contre l’inflation, un démon dont elles sont les exorcistes et qu’elles combattent donc par des rituels, afin que le corps de l’économie soit délivré du malin.
Sans se soucier d’analyser les nouvelles conditions dans lesquelles celle-ci se développe. L’inflation des actifs financiers, qu’elles favorisent, ayant pris le pas sur celle des prix des produits et des services, qu’elles combattent. Sans laisser apparaître au grand jour leurs interventions, entre elles ainsi que sur les marchés financiers.
Elles illustrent, vis à vis des marchés financiers, la dialectique du maître et de l’esclave, qui veut que les rôles ne sont pas aussi clairs qu’attribués !
@ François Leclerc
Une autre perle, dommage que je ne trouve pas toujours le temps de vous lire et de vous citer à quand un fil sur le blog sur le meilleures citations trouvés sur la crise.
» Les banques centrales ont aujourd’hui pour principale mission officielle de lutter contre l’inflation, un démon dont elles sont les exorcistes et qu’elles combattent donc par des rituels, afin que le corps de l’économie soit délivré du malin.
Sans se soucier d’analyser les nouvelles conditions dans lesquelles celle-ci se développe. L’inflation des actifs financiers, qu’elles favorisent, ayant pris le pas sur celle des prix des produits et des services, qu’elles combattent. Sans laisser apparaître au grand jour leurs interventions, entre elles ainsi que sur les marchés financiers. »
Oui ces gens là sont vraiment plein de contradictions et de bonne volonté je trouve.
Une course contre la montre est engagée entre les Islandais d’une part, les Britanniques et les Hollandais de l’autre.
Le 6 mars prochain doit se tenir le référendum à propos du projet de loi portant sur le remboursement des gouvernements de ces derniers, qui n’avait pas été promulgué sous la pression populaire.
S’il se tient, il est fort probable que la loi sera repoussée. Afin de l’éviter, le gouvernement islandais s’efforce de faire aboutir des négociations qu’il a déjà eu beaucoup de mal à engager. Une proposition de sa part – visant à diminuer au maximum le coût de l’opération – n’a pas été acceptée et a donné lieu à une contre-proposition des Britanniques et des Hollandais, qu’il vient de repousser.
Au vu de ces nouveaux épisodes, il est clair qu’il est recherché de faire plier les Islandais. De les obliger à honorer des dettes contractées par des banques privées, en s’appuyant sur un dossier juridiquement contestable qui plus est. Pour faire l’exemple.
Cela conforme bien qu’en Islande et en Grèce le même objectif est poursuivi: démontrer au vu et au su de tous les Européens qu’il n’y a pas d’échappatoire et qu’il faut accepter, bon gré mal gré, de régler l’addition de la crise.
Nous sommes tous des « islandais »
Dans un vrai système libéral : on laisse les banques faire faillite.
Et on repart avec une situation saine.
@françois leclerc
deux remarques à votre réponse.
1°c’est en effet Guillaume II D’Orange en 1694 qui, pour financer ses guerres à fait appel à des banquiers privés. Ceux-ci l’ont en effet financé à une condition, pouvoir créer dans le pays une banque que appelera « BANQUE d’ANGLETERRE ». c’est en effet sous ce nom « PUBLIC » qu’a eu lieu la première privatisation d’une économie nationale.
2°Vous ne développez pas l’irréversibilité de la situation actuelle ni les avantages qui en découleraient pour le secteur public.
Il me semble nécessaire d’aborder le problème de la dette publique en amont de la crise actuelle, qui appellera inévitablement des solutions batardes dans un premier temps.
Ainsi, Barack Obama vient de signer un « executive order » afin de créer une commission parlementaire bipartisane chargée d’étudier la réduction du déficit, et il propose en même temps une réforme du système de santé dont le coût estimé est de 900 milliards de dollars sur 10 ans.
Pendant ce temps les bouches s’ouvrent à propos de la crise européenne. Il apparaît que les swaps monétaires et la titrisation n’ont décidément pas été l’apanage des Grecs.
Les milieux bancaires, excédés d’être mis en accusation par des politiques qui ont bien su les trouver quand cela les arrangeaient, commencent à « balancer ». Ils ont sorti le nom de KFW, la banque allemande contrôlée à 80% par l’Etat et 20% par les Länder, qui avait déjà fait parler d’elle au moment de la chute de Lehman Brothers.
Il en ressort que le Traité de Maastricht et ses règles budgétaires deviennent à force une douce plaisanterie, bafoués par tous ceux qui en ont fait une statue du Commandeur.
Le cas test de la Grèce va finir par démontrer – il n’était pas conçu dans ces intentions – que les données de la comptabilité publique collectées par Eurostat ont été souvent arrangées pour la circonstance, les yeux des gouvernements plongés dans leurs missels.
Le débat sur les déficits publics pourra reprendre sur de nouvelles bases, si cela éclate comme cela en prend le chemin.
Comment cela ne pourrait il pas éclater ?
Il n’y aura pas de reprise, donc cela va devenir ingérable.
Ils ont voulu sauver la finance au détriment des peuples, ils vont avoir la faillite de la finance et la colère des peuples.
Athènes aurait pourtant bien besoin de donner des gages à Bruxelles. Ne serait-ce que pour tenter de rassurer les marchés : alors que selon certaines estimations, le simple renchérissement du coût de sa dette pourrait coûter plus d’un demi-point de PIB à l’Etat grec en 2010, il pourrait chercher à lever, dès cette semaine, 5 milliards d’euros sur le marché obligataire. Contraint d’emprunter 54 milliards d’euros cette année, il devra en effet en avoir récolté une vingtaine d’ici avril ou mai. Or, il craint de devoir proposer des taux très élevés pour trouver preneur. Selon les estimations d’UniCredit, le taux pourrait ainsi s’élever à 7,3 % pour des emprunts à 10 ans.
Les Echos
La Grèce devra emprunter sur les marchés 20 milliards d’euros d’ici mai. La Grèce devra verser 7,3 % d’intérêt aux investisseurs.
Ensuite, elle devra emprunter sur les marchés 34 milliards d’euros d’ici décembre.
« selon certaines estimations, le simple renchérissement du coût de sa dette pourrait coûter plus d’un demi-point de PIB à l’Etat grec en 2010 »
Je me demande qui croit encore que le déficit public de la Grèce sera ramené à 2,8 % en 2012.
Qui croit encore à ces balivernes ?
Une analyse très pertinente !