Les optimistes.
Pour chacun d’entre nous la crise a éclaté à une date différente, qui dépend de la familiarité que nous avons avec la machinerie interne des marchés financiers : pour certains, ça a été en février 2007 : quand le prix des CDS qui assuraient les titres subprimes a bondi d’un seul coup ; pour d’autres, ça a été août de la même année : quand le flux des capitaux sur le marché interbancaire s’est soudain asséché ; ou encore, pour le grand public, un an plus tard : en septembre 2008, quand la chute de Lehman Brothers et la panique qui s’ensuivit sur les marchés monétaires a obligé la Federal Reserve, et à sa suite, les autres banques centrales, à injecter d’urgence sur les marchés, des centaines de milliards de dollars – pour tenter de stopper l’hémorragie. Quoi qu’il en soit, lorsque la crise a éclaté, il était évident pour tout le monde – des professionnels à l’homme de la rue – que l’on avait affaire à une crise d’une dimension cataclysmique et telle qu’elle remettait en question, non seulement notre système financier dans son ensemble mais aussi le système économique qui va avec.
La nature humaine est optimiste – c’est probablement la principale qualité qui a permis à l’homme de survivre dans le passé à des situations véritablement abominables mais cet optimisme inébranlable est aussi sa principale vulnérabilité – et aussitôt qu’une apparence de rétablissement est devenue visible à l’horizon, l’idée s’est imposée que les choses n’avaient peut-être pas été aussi graves qu’il avait semblé au moment-même et qu’il ne s’agissait peut-être après tout avec cette crise, que d’un incident de parcours finalement assez banal.
On l’a vu il y a quelques semaines, quand ceux qui avaient le destin de la finance internationale entre leurs mains à l’automne 2008 – parmi lesquels on trouve Hank Paulson, le Secrétaire au Trésor américain, le Ministre des Finances sous George Bush, et Timothy Geithner, qui est le Secrétaire au Trésor actuel – étaient convoqués pour témoigner devant une Commission parlementaire américaine et qu’ils furent obligés de confirmer que « Oui : on avait été à deux doigts d’un effondrement catastrophique du système capitaliste » et que ceux qui les interrogeaient faisaient la moue – puisqu’en fin de compte la situation avait pu être sauvée de justesse – en disant : « Ouais, bon, peut-être … êtes-vous vraiment sûr ? »
On aurait pu penser que ce serait l’homme de la rue qui se montrerait le plus sceptique quand on irait suggérer qu’il ne s’agissait après tout que d’un incident de parcours qui ne se répétera plus – « croix de bois, croix de fer… » – , puisque c’est lui, au bout du compte, qui a payé et continuera de payer les pots cassés. Or, ce n’est pas ce qu’on constate : alors que l’année dernière, 76 % des Américains pensaient qu’il était indispensable de mettre en place une réglementation plus sévère pour les institutions financières, il ne sont déjà plus que 62 % cette année.
Est-ce qu’il y a de quoi être surpris ? Quand on a la chance de faire partie des nantis, on peut se permettre d’être réaliste. L’homme de la rue lui, est condamné à être un optimiste. Au grand soulagement certainement de ceux qui nous ont mis dans ce pétrin !
116 réponses à “BFM Radio, lundi 15 février à 10h46”
Pour certains la crise à éclaté le 23 mars 2006 quand les USA ont cessé de publier le M3.
Pour ma part, je constate « les gens de la rue » sont très sceptique vis à vis de la crise. Pour eux, souvent, c’est juste un coup médiatique, comme le Bug de l’an 2000. Ils n’y croient pas vraiment. Je parle pour la France, classe moyenne / haute. D’ailleurs, ils ne la voient même pas … du moment qu’ils gardent leur travail, pour eux, le reste n’a pas vraiment de « consistance », ils ne voient pas de vrais changements dans leur vie. Ils continue a vouloir acheter des maisons parce qu’on leur a inculqué que c’était la meilleure chose à faire, sans se poser de questions plus loin que ça puisque, comme il n’y a pas vraiment de crise, l’immobilier ne peut pas vraiment baisser, etc…
En France, les gens ne sont pas optimiste, selon moi, ils planent, c’est tout !
On est optimiste quand on a pris de la Ganja ! lol oui c’est vrai, mais est-ce vraiment le même optimisme dont vous parlez, je ne crois pas ! Shooté au consumérisme qu’ils sont.
Heureusement qu’il y a des gens qui achètent des maisons en les considérant d’abord et avant tout comme un foyer, un lieu de vie, un endroit pour construire et abriter leur avenir, et non pas comme juste un investissement ou un placement dont il convient de surveiller la liquidabilité…
La question n’est pas la. La question est de savoir si on a les moyens de se la payer, et comment la payer.
Le jeux de chiffres font que les gens troquent un loyer de maison contre un loyer de crédit bancaire et se croient propriétaires. Ce qui est totalement faux. C’est une dangereuse illusion qui a permis de tromper tous les « subprimes » et qui montre ou en arrive. C’est bien sur ce genre de fausses idées que se basent les tromperies qui nous mènent au bord du gouffre.
Même si vouloir « construire » un avenir est un but louable, on ne construit plus sa propre maison, a l’achète a crédit. Grosse différence.
Hors, objectivement, des masses entières de gens n’ont plus les moyens de leurs ambitions. C’est tout.
Cela n’a rien a voir avec « liquidité » ou « investissement »… encore que … la mobilité demandée actuellement par notre société est synonyme de liquidité… etc…
Je partage assez votre point de sur le niveau de conscience de la crise par la grande majorité de nos concitoyens, il faut dire aussi qu’on fait tout pour les endormir, ou alors serait-ce nous qui sommes complètement parano ???
76% ou 62% ou même 95%, ça change quoi?
Rien puisque ce ne sont que des valeurs absolues et que ce qui compte c’est les valeurs relatives.
Les vraies mesures sont l’OR et l’HEURE.
Combien d’heures allez vous devoir travailler pour vous payer ceci ou cela. C’est ça qui compte.
Et pour savoir si quelque chose augmente ou diminue par rapport au monde réel, il faut le comparer a l’OR. En 2009 le dow jones compté en OR diminue. Il n’augmente pas. En fait, il chutte moins vite que le reste, ce qui donne l’illusion qu’il monte.
Bien venu dans le monde merveilleux des économistes. lol
Monsieur Jorion, comme vous le sugérez, si la nature humaine était pessimiste, l’espèce n’aurait probablement pas survécu.
Partant de cette constatation comment l’homme de la rue n’écouterait-il pas sa nature?
Ses moyens d’information sont limités par le groupe qui contrôle sa vie (pour faire vite les financiers et les parties des gouvernements qui sont leurs alliées). Les systèmes d’éducation faisant appel à la culture humaniste ayant été sabotés par les mêmes, (je pense à dessein), l’esprit critique normal n’a pu se développer chez la plupart des gens. Il ne s’est évidemment pas non plus développé d’ailleurs chez les suppôts du marché, sans quoi ceux-ci ne pourraient plus se regarder dans une glace sans pleurer à chaudes larmes.
Que reste t’il à notre concitoyen de base: l’optimisme pendant un temps, mais aussi, à terme, la colère. Il ne serait surement pas enchanté d’apprendre la duplicité de Goldman Sachs vis à vis de la Grèce. Il ne sera pas non plus très joyeux de constater que sa protection sociale diminue et que ses prélèvements augmente, tandis qu’une partie de sa famille se retrouve au chômage.
Quoiqu’il en soit, l’homme de la rue n’apporte plus grand crédit à l’information et ne pense plus jamais qu’un personnage politique (voire public) dit la vérité (mais où sont donc les Vaclav Havel). Certains, qui l’ont déjà fait par le passé, pourraient donc, dans un temps pas si éloigné, recommencer avec succès le petit couplet « les élites vous mentent » pour réussir à le mener une nouvelle fois à l’abattoir. Irait-il cette fois-ci la fleur au fusil?
Bien vu, De Saint Naz. Vous pourriez avoir une place de choix dans un de mes ministères qui contribuent à la force de mon état.
Assurément, vous mîtes le doigt sur la quadrature du cercle qui veut que la manipulation des foules ait des limites.
Et, ceci dit, l’époque va très vite devenir idéale pour le premier populiste venu qui clamera : « Je vous ai compriiiis. Il nous faut tuer ceux qui nous en veulent si nous voulons recommencer à vivre heureux… »
Bref, en gros, on se dirige vers un bordel innommable qui, cette fois-ci, donnera forcément quelque chose de mieux construit grâce à deux phénomènes subséquemment systémiquement paradigmique :
– L’accélération du temps : l’évolution des modes de vie fait qu’il faut maintenant moins d’une génération entre deux boxons mondiaux d’où une mémoire qui a du mal à être complètement tronquée et/ou faussée. (pour être mieux exploitée)
– une communication générale d’information grandement facilitée par les machines numériques préhistoriques que nous utilisons et qui ne sont pas encore trop bridées.
Lorsque je disais plus haut « mieux construit », si les machines sont bridées…cela fait aussi parti d’une « certaine construction », bien sûr.
Bonjour chez vous.
@ Phil de Saint Naz… optimisme ou plutôt affirmation de la vie, de l’éveil ; « Ce sont les larmes qui permettent de voir » Montedidio, Erri De Lucca.
Belle analyse du comportement humain, peut être qu’aussi l’homme chasse de son esprit les mauvaises pensées et finalement semble y arriver.
Lorsque je vois les économistes, hommes politiques, nos ministres des finances et du budget, dire simplement qu’il suffit de …., que la reprise est là, qu’Airbus vient de lancer un avion de 700 places, que des projets sont toujours en cours, que nos politiques parlent de demain comme si c’était la suite d’hier, proposer de réduire les cotisations chômage pour compenser les cotisations retraite comme semble le proposer les conseillers de Fillon, démontre que même les plus intelligents et hauts placés n’ont pas saisi le sens profond de cette crise, alors le simple spectateur se dit tout simplement que la vie continuera… comme avant.
Notre croyance en la technologie, comme si une règle de la nature était que la technologie et l’être humain découvrirait toujours quelque chose pour remplacer ce qui ne marche plus…et permettre à la croissance de continuer aeternam.
Je crois que c’est la nature humaine qui est ainsi, nous ne pouvons penser 24H sur 24 à la même chose, alors l’esprit virevolte et finit par ne plus focaliser sur la mauvaise nouvelle, nous faisons ainsi des mauvaises nouvelles, comme un deuil en quelque sorte.
Est ce pour autant que l’homme est convaincu que la crise est terminée, je ne le pense pas, maintenant dire que c’est la fin du monde, c’est entrevoir le pire et l’homme n’aime pas les mauvaise nouvelles, vivre c’est déjà être à demain, à tout à l’heure, l’arrêt de la croissance c’est comme une petit mort, ne plus concevoir l’avenir.
Alors nous faisons comme l’Autruche, nous regardons ailleurs…
Je ne souscris pas à l’intégralité du billet.
La sphère financière s’autocensure terriblement quand il s’agit de communication publique, parfois elle ment même délibérément pour que la base continue à alimenter la pyramide de Ponzzi que le sommet déserte.
Les institutionnels avaient tous déserté les marché actions en juin 2008 alors que la Pravda parlait encore de solde sur le CAC 40. Et la campagne de desinformtion a encore très largement continué début 2010 ou toute la presse voyait la reprise et le CAC entre 4400 et 4800 (pour ne parler que de la France).
Les financiers ne se servent pas de « l’optimisme naturel » des gens, l’optimisme ils le dictent.
L’auto-réalisation de la main invisible du hussard dans la culotte de masseur, peut-être…
Comme l’avait écrit un autre commentateur, le cerveau humain est naturellement optimiste, sinon, on se serait déjà tous flinguer. (l’humain est le seul animal capable de suicide)
Réflexe d’auto-protection naturel. Tout simplement. Et d’auto-centrage exploité par beaucoup.
En parlant d’auto, êtes-vous germanique un peu sur les bords ou est-ce par un ami de la famille…???
Le scorpion aussi, me semble-t-il, quand il n’a plus d’issues de secours face au danger. Sauf que lui serait un des rares à subsister après une explosion nucléaire …
Non, l’histoire du scorpion encerclé par le feu qui se suicide, c’est un mythe : il est immunisé contre son propre venin. Ce qui se passe, tout simplement, c’est que la chaleur du feu en question dessèche l’animal et le fait se recroqueviller sur lui-même; d’ou cette impression qu’il se pique lui-même.
« Les gens heureux n’ont pas le droit d’être optimistes, c’est une insulte au malheur. » (Jules Renard)
Faut-il s’étonner de ce fatalisme? Le pont va s’effondrer…à votre avis faut-il le renforcer ? Le pont ne s’est pas effondré faudrait-il toujours le renforcer? Aurions nous du laisser le pont s’effondrer? Devrions nous le laisser s’effondrer?
Vous pouvez essayer ce genre de questions avec n’importe quel sujet les réponses obtenues seront très probablement les mêmes. Avant et Après….Je situe la permanence mémorielle des évènements économiques vécus par mes concitoyens autour de 5 ans, au delà on entre dans la préhistoire…
Pour rajouter une couche à l’optimisme ambiant, on peut toujours se référer à la dernière mouture du LEAP : GEAB n°42
Un article cité par le GEAB qui évoque une rechute : New Ceridian-UCLA Pulse of Commerce Index sees gloom
Et, dans le même sens, la lente descente du BDI depuis la mi-novembre – déjà à un niveau très bas : BALTIC DRY INDEX
La fin est savoureuse: « En conclusion, notre équipe propose un jeu édifiant à ceux qui veulent savoir où se trouve la prochaine crise de dette souveraine : cherchez quel état a eu recours à Goldman Sachs ces dernières années, et vous aurez une piste sérieuse »
Oui, Toi.
Mais il y a même mieux.
Demandes-Toi quel pays qui a demandé l’aide du FMI n’a pas centré TOUTE son économie dans la finance…???
Aucun.
Mieux qu’une contagion.
J’affine. (vu ma région, surtout le beurre)
Sauf les US. Car ils sont à l’origine de la contagion et ça les arrange.
Voilà, par exemple, du baume revigorant : de quoi se désenfumer sérieusement les neurones :
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/fabriquenew/
L’espoir fait vivre et les médias sont souverains pour nous embrouiller….
Merci pour vos articles.
L’optimisme est l’opium du peuple ?
@Maitre Dong
La communication de nos experts est publicitaire, et par définition la publicité est l’opium du peuple.
Vous supprimez la télévision et la communication des puissants de ce monde, soit les sourires ultra-bright donnés aux sémillants journalistes qui servent une soupe réchauffée à longueur d’antenne et on verrait que l’optimisme ne tient qu’à un fil, celui du sophisme publicitaire. Ces sophismes d’experts noient toutes informations pertinentes sur la nature catastrophique de la crise, l’homme de la rue s’en abreuve, parce qu’il n’a pas d’autres choix : « Bis repetita placent ! »
L’optimisme est l’opium de l’électeur !
Bonjour à tous
Selon le dernier billet de Michel Santi, les prémices de la crise ont été posés en 1999 par l’OMC: les accords prévoyaient pour les pays signataires l’interdiction de toute régulation de la finance.
Dans ce cas, que devient l’espoir d’une constitution économique? Déjà interdite!
Il y avait dans les bazars ( drugstores en français) des années 70 un couple de statuettes représentant l’optimiste et le pessimiste: le premier avait les mains tendues en avant, paumes ouvertes, les cheveux tout blancs; le pessimiste avait les mains derrière le dos et les cheveux tout noirs…! Utinam si…! ( Virgile)
La nature humaine, si l’on s’en tient strictement au topos scientifique d’aujourd’hui, est semblable à celle du chimpanzé à plus de 99% ( génome) : l’humain est un projet, un work in progress ( par reptations lentes et chaotiques semblerait il par les temps qui courent!)
Cordialement.
L’humain, lui aussi… reste prisonnier du trou dans le mur, parce-que il refuse de laisser tomber la banane.
pour cette raison, laissez François Leclerc afficher parfois son pessimisme sur ce blog, c’est un pessimisme salutaire contre une béatitude parfois influencée par des évènements positifs risquant de biaiser subrepticement la vision d’un réel. L’aveuglement de la réussite peut parfois nuire, enfin, un peu, juste un peu…
Le pessimiste est un optimiste bien informé.
@Paul, Phil de St Naz
Pas d’accord du tout. D’une part la « nature humaine » n’est pas nécessairement optimiste, puisque le pessimisme existe. Si l’attitude pessimiste n’avait jamais rien apporté à l’humanité, elle aurait été abandonné – principe de l’évolution – et sa simple évocation ne ferait même plus sens aujourd’hui. Si elle subsiste dans l’esprit de certains, c’est qu’elle a son utilité.
D’autre part, l’argument qui consiste à partir du principe que « comme les choses se sont déroulées de telle façon et qu’elles ont eu une issue plutôt positive, alors si les choses s’étaient passées différemment le résultat aurait été moins heureux » procède de la pure spéculation, par essence invérifiable. En l’occurrence être pessimiste dans une situation abominable n’implique pas nécessairement une issue funeste.
@Dissonance :
Notre société ne nous donne pas le droit d’être pessimiste ! Comment traite-t-on les gens qui ne sourient plus en regardant les publicités ? où les gens un peu las des discours de leur RH ? avec l’impression d’être déclassé ? On les catalogue de « dépressifs ». C’est à se demander si les gens ont le choix entre le cynisme assumé ou d’être pris pour des « malades » juste parce que l’économie érigée comme science a oublié leur morale et leur style de vie. Il sera très difficile pour nos élites d’admettre que l’économie n’a rien d’un ordre naturel mais qu’au contraire elle a légitimé le businness des « méchants », pour rendre malheureux toute une population qui se fout des grands principes des agences de notations et des règles de justice immanentes qu’elles imposent de manière non-démocratique. Dans ce cas le pessimisme ne trouvera sa solution que dans une forme de violence légitime contre l’Etat …
je ne suis ni optimiste ni pessimiste
mais en COLÈRE
j’ai attrapé cette maladie depuis mon adolescence en même temps que la rougeole
et depuis, elle est toujours attisée
ça commence à aller mieux -un peu- depuis l’enlisement du Centre Hégémonique enIrak, lequel Irak pour assurer la gratuité du pétrole à ce Centre et empêcher l’Empire du Milieu d’y parvenir, a connu deux guerres et un embargo, et ma compréhension que le recours aux armes est déjà une perte d’hégémonie, et un affaissement de la puissance
trois millions de morts sur 27, qui dit mieux?
au Kosovo, le petit État chéri de Kouchner et de Clinton-Bush, 70% de chômage, en Palestine pas loin de 90%, il nous faut faire des efforts pour les atteindre
Vos lignes m’inspirent plutôt cette question-ci:
Comment notre société pourrait-elle encore susciter le moindre optimisme chez quiconque?
Contrairement à vous, je ne pense pas qu’il y ait chez les « élites » l’intention de nuire à autrui, mais avant tout celle de ne pas se nuire à eux-même, ce qui est considéré pour une personne « saine d’esprit » comme une attitude a priori on-ne-peut-plus cohérente.
C’est pourtant cette attitude qui au moins dans certains cas détériore la vie en société, et c’est précisément cette absence d’intention qui est en soi désespérante, car elle témoigne chez ces élites d’une absence de contrôle sur le cours des choses au moins aussi grande que chez n’importe qui d’autre, rendant leur position sociale illégitime.
Par ailleurs cette absence d’intention rend également toute prise de position manichéenne absurde: On ne juge pas une mauvaise action de la même manière si elle est volontaire ou si elle ne l’est pas.
Bonjour,
On peut lire ci-dessus : « …a obligé la Federal Reserve, et à sa suite, les autres banques centrales, à injecter d’urgence sur les marchés, des centaines de milliards de dollars – pour tenter de stopper l’hémorragie. »
Ne fallait-il pas plutôt que de distribuer de l’argent unilatéralement aux banques aussi arroser les clients de ces même banquiers qui eux se retrouvent alors avec des dettes alors que les banques sont renflouées ?
Vous me direz peut-être que le système financier est complètement opaque.(à cause des paradis fiscaux)
L’urgence ne serait-elle pas alors de reconsidérer la transparence ? (pour préserver les libertés et l’égalité etc…)
Soyons réalistes et optimistes, et magnanimes aussi ; l’année 2010 est encore toute jeune …
Être optimiste, avoir de l’espoir, c’est aussi chercher les solutions de s’en sortir
Je pense être un homme de bonne composition, un citoyen raisonnablement informé, et, comme beaucoup ici, un lecteur assez régulier des articles forts intéressants présentés dans ce blog.
Néanmoins, sans être véritablement ignare des choses de la finance mondiale, je me considère passablement dépassé par les théories économiques présentées (disons pour simplifier que je n’ai ni le temps, ni le loisir d’approfondir l’ensemble des théories économiques, ni même d’étudier le fonctionnement des marchés financier et des produits dérivés complexes …). Même si je ressens bien « qu’il se passe des choses » actuellement, sans forcément invoquer la théorie du complot, mais simplement parce que les règles que nos sociétés économiques ont mis en place ne semblent pas favoriser, à terme tout au moins, le développement des individus, et qu’elles ont été mises en place de toute évidence avec une logique à court terme.
Par ailleurs, je considère également Paul Jorion comme un citoyen informé, je lui prête bien volontiers l’envie d’améliorer, à sa façon, le bien être de l’humanité (ou tout au moins la mise en place d’actions correctives, autant que possible, à notre échelle de temps).
Cependant :
Pour être potentiellement porteuses d’espoir, les idées développées ici n’échappent pas aux règles habituelles de la communication, et de la réflexion. Modestement, en tant que citoyen lambda, voici si vous me le permettez, quelques questions qui me semblent fondamentales pour adhérer à vos idées :
1-La préconisation de l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix peut-elle permettre de sauver le système, de diminuer les inégalités ? La question sous-jacente est évidemment de savoir si, cette règle ayant été préventivement mise en place, elle aurait pu éviter cette crise financière déclenchée initialement sur des problèmes immobiliers.
2-Je serais également intéressé de savoir de façon qualitative, le pourcentage des transactions concernées sur les marchés. Il est clair que si ce type de transactions concerne 10% ou de 90% sur l’ensemble des transactions réalisées, cela change passablement la donne. Cela permet également d’imaginer le degré d’intensité des forces opposées à cette mesure qu’il faudrait alors contrer.
3-« La suppression de ces paris favoriserait un fonctionnement plus « sain » de l’économie ». Même si les mécanismes sous-jacents de cette affirmation semblent rapidement hors de portée, il pourrait être intéressant d’en faire ressortir un niveau de compréhension intermédiaire, entre le niveau à l’emporte pièce : « pour assainir l’économie », et le niveau de détail le plus fin (livré en plusieurs tomes). Cela pourrait se traduire par exemple la présentation des principales lignes directives :
a.Ce type de pari est plus efficace pour soustraire les premiers fruits lorsque la croissance redémarre (car processus optimisés en nano-secondes)
b.Ce type de pari nuit au fonctionnement de l’économie car il favorise la plus grande opacité des produits associés (est-ce vrai ?)
c.Ce type de pari n’est en réalité réellement profitable que pour les grandes banques (principalement américaines) (mais est-ce vrai ?)
d.Ce type de pari aurait pu empêcher la crise que nous connaissons aujourd’hui (est-ce vrai également ?)
…
Merci à vous
Pour le point 2
1) si on prend l’ensemble des investissements dans le monde durant un an et qu’on le divise par 365 pour obtenir un investissement moyen par jour
2) et si on différencie deux types d’investissements – les investissements productifs de tous les genres (construction, recherche et même enseignement et santé) d’un côté et de l’autre tous les types d’investissements spéculatifs (ne produisant ni bien – ni service – ni connaissance -ni information)
3) alors l’ensemble des investissements productifs représente +/- 9 jours de l’année et le reste (356 jours) représente des investissements spéculatifs.
Rapport OMC de 2004 (je manque d’un lien pertinent à indiquer et me base sur ma mémoire)
« Être optimiste, avoir de l’espoir, c’est aussi chercher les solutions de s’en sortir »
Je crois, de mon point de vue (assez négatif je l’accorde…) qu’être optimiste, c’est plutôt _croire_ qu’il existe des solutions de s’en sortir. Après, chacun se donne les moyens de ces solutions : agir ou rester passif pour peut être agir plus tard.
Je crois que les gens, on va dire « petite bourgeoisie » comme les gens plus pauvres (en gros une grande partie de la population), se trouve dans cette position d’attente. On attend que le pire arrive et une fois qu’on y est, on fera quelque chose.
Pour ces « optimistes », le moyen d’agir est politique. Ainsi, les élections présidentielles correspondent à la seule forme d’action forte dont ils disposent. Les prévisions pessimistes n’intéressent pas les gens. Un traité sur l’économie comme le propose M. Jorion n’intéresse pas. « Mieux vaut prévenir que guérir » ne fait pas encore parti de nos habitudes de vie, de nos réflexes car ce n’est pas l’éducation que nous avons reçu.
C’est en tout cas mon point de vue actuel…
1. Tel que je le comprends, l’interdiction des paris sur les fluctuations de prix, vise avant tout à interdire de nuire encore plus à la société jusqu’à finir par sa destruction. Sur les autres questions, voir: Les mesures que je préconise de Paul Jorion.
2. « Moins de 5 % des échanges quotidiens sur les marchés financiers correspondent à des biens et services réels : chiffres donnés par Bernard Lietaer, l’un des anciens directeurs de la banque centrale de Belgique ». Autrement dit 95% des échanges quotidiens sur les marchés financiers correspondent à de la spéculation. Source : Préface de Reconsidérer La Richesse – Patrick Viveret
Mais c’est quoi être optimiste ?
Pour moi, je suis optimiste quand je pense que tout va s’effondrer, péter, sauter, exploser, imploser…….au choix, à court terme.
Je suis pessimiste quand je pense que la situation actuelle va durer longtemps !
Louise,
Le soucis, c’est que l’histoire nous apprend que ça se termine généralement mal quand ça s’effondre, pête, saute, explose, implose… On a pas de solution de rechange toute prête.
Quelles que soient les mesures prises pour édulcorer le système capitaliste, qui est fondalement, par définition prédateur, inique, guerrier, destructeur, c’est finalement le légitimer et assurer sa perrénité jusqu’à ce qu’il fasse sauter à nouveau les « entraves » qu’on lui aurait donné, et à nouveau détruire. Je crains malheureusement que c’est ce qui risque d’arriver, les chefs d’orchestre feront tout pour se maintenir en place et dieu sait que leur pouvoir de nuisance est grand. Une nuit du 4 août? La belle affaire!
Louise quand vous dites « situation actuelle » n’oubliez pas que vous etes en France en 2010 au sommet absolu dans l’histoire de l’humanité en terme, ne serait-ce que d’alimentation, santé, espérance de vie, période sans guerre et deux ou trois autres détails….
@thomas
Bien vu !
Mais rassurez vous , Louise va devoir attendre plus longtemps qu’elle ne croit
amicalement
Louise, j’espère que vous comprenez l’anglais 🙂
Lost Generation (Génération Perdue)
http://www.youtube.com/watch?v=42E2fAWM6rA
Simplesanstete
Bien vu, notre monde n’est pas rose, rond et doux, je crois le savoir.
Mais à l’heure de tout foutre en l’air pour repartir sur de bonnes bases, comme on dit, ne pas perdre de vue que l’eau chaude, les pack de lait, ou un toubib avec les bon médicaments pour soigner ton enfant ne sont pas des choses qui poussent spontanément dans la nature. Ces trucs là s’arrêtent très facilement, d’un jour à l’autre.
Nos sommes au milieu d’une infrastructure colossale (réseau routier, elec, santé, alimentation, etc etc ) et tout cela est plus facile à bousiller qu’à reconstruire. Parmis toutes ces infrastructures, certaines sont futiles, d’autres tout à fait précieuses.
En gros 70 % des flux économiques concernent du superflu, et 30 % le nécessaire (bouffe, santé, chauffage, energie) et le grand risque d’évènement brutaux, c’est de ne pas distinguer ce qui est superfu du reste : Dans ce cas, comme d’habitude, ce sont ceux qui ont des soucis de santé, les enfants, les personnes agées, les personnes qui ont de faibles revenus etc etc qui dégustent en premier.
revoir la tirade de Rod Steiger dans « il était une fois la révolution » :
Ils parlent et ils mangent et ils parlent et ils mangent, et qu’est-ce qu’ils font pendant ce temps ceux qui font la révolution ? : Ils sont morts.
Ou croire Mao :
« La révolution n’est pas un dîner social, un évènement littéraire, un dessin ou une broderie, elle ne peut se faire avec élégance et courtoisie. La révolution est un acte de violence. »
Jean-Marc Sylvestre est optimiste aujourd’hui sur LCI: Il espère l’ouverture d’un audit concernant le camouflage des (mauvais) comptes Grecs par Goldman Sachs.
Autre info: Thibault pense à demi-mots que l’empressement à traiter le « problème » des retraites viendrait de la peur d’être rétrogradé par les agences de notation. Ce serait donc pour envoyer un « signal » au marché.
« Autre info: Thibault pense à demi-mots que l’empressement à traiter le « problème » des retraites viendrait de la peur d’être rétrogradé par les agences de notation. Ce serait donc pour envoyer un « signal » au marché. »
Je suis quant à moi persuadé que des rumeurs de dégradations vont rapidement arriver pour justement justifier auprès des citoyens mal informés la nécessité d’augmenter la durée du travail.
Je prends les paris
Quoi qu’il en soit cela ne veut dire qu’une seule chose. Il faudra attendre et avoir vraiment « les deux pieds dedans » pour espérer une réaction de la masse, seul moyen à mes yeux (puisque les lobbys tiennent l’ensemble des rouages politiques) pour que le systéme puisse réellement évoluer.
Quand la petite bourgeoisie (à la base de chaque grande révolution de l’histoire moderne) ne pourra plus se payer ses vacances ou ses soins de santé alors il est probable que les choses se précipiteront avec (malheureusement) beaucoup de violence.
Si j’ai bien compris les pronostiques de Mr Jorion, « la grande prise de conscience » est prévue pour 2012. En tout cas le plus vite sera le mieux, car toute attente amplifiera la chute.
Et c’est bien là notre seule certitude à tous (et la raison de notre présence sur ce blog), il y aura bientôt chute du capitalisme.
Oui.
Et, en cela, je suis un « anti-Paul-Jorion » qui veut sauver le capitalisme de lui-même.
Mais j’écoute ceux qui ont de l’expérience et de la pertinence.
Hhmm…
J’écris ça pour des raisons précises. Je suis ingénieur et contrôleur de gestion. Soit, deux raisons fondamentales pour me moquer d’une « science » comme la psychologie.
« A quoi servent les économistes… surtout s’ils pensent tous la même chose ? par André Orléan »
« En effet, l’économie n’est pas évaluée principalement au travers de son aptitude à rendre intelligible la réalité telle qu’elle est, à la manière des sciences de la nature, mais dans sa prétention à dire ce qui doit être et à fournir les outils de sa construction. Ce sont ses capacités performatives qui sont les plus sensibles socialement. La financiarisation de l’économie mondiale aura été de ce point de vue une expérience exemplaire en ce qu’elle s’est fortement appuyée sur la théorie de l’efficience des marchés financiers, à la fois pour ce qui est de sa légitimation comme de ses techniques. »
La frite sur le cassoulet :
« Les sciences sociales forment une entité structurée qui doit grandir de manière équilibrée dans ses diverses composantes pour insérer l’économie dans le réel, pour comprendre les faits économiques en tant que faits sociaux. »
Nous écrivons depuis longtemps ici qu’il n’est pas possible de « quantifier » ou « qualifier » l’humain.
Ainsi, l’économie est-elle anti-sociale et anti-naturelle…
Nous reste le rire. Le propre de l’Homme.
Le sytème financier et économique a tellement besoin de « perdurer », qu’il devient « impensable » qu’il s’effondre. C’est ça la composante majeure de la réalité. Toutes les actions à entreprendre, quelles qu’elles soient du reste, lorsqu’on est passé (vrai ou faux) à « deux doigts » de la « catastrophe », sont nécéssaiorement celles qui ont « sauvé »(?) la situation. Nous sommes beaucoup trop réactifs au « spectaculaire » des événements. Car le spectaculaire et le spécifique d’une situation « exceptionnelle » nous empêche de discerner ce qui peut avoir un portée déterminante. En balayant très vite le « paysage » occidental du siècle dernier, tout le monde a en tête (ou à peu près) les déclarations des deux guerres mondiales, de la bombe atomique sur d’Hiroshima, le pied sur la Lune, etc, etc. Mais qui a fait vraiment attention au vote du Congrès américain fin décembre 1913 presqu’à sa fermeture pour vacances de Noël ? Un Congrès presque près vide ce jour là, fixant les statuts la Federal Reserve FED hors de la sphère publique? Les conséquences en sont absolument déterminantes quant à la vempirisation du vrai crédit de la société toute entière pour toutes les époques qui ont suivi. Et cette situation n’est pas, à ce jour « épurée »…
En général un événement « spectaculaire » survient quand les « ingrédients » du dit événement ont déjà réagi les uns vis à vis des autres. Les vraies conséquences en sont la dégradation très progressive t inéxorables des conditions de vie des sociétés vers une vie de plus en plus végétative. Dans un monde (au moins jusqu’à maintenant) se « technologisant » tous azimuts à marche forcée. Toutes choses égales par ailleurs, le « boom » chinois devrait nous faire réfléchir davantage (même si c’est une estocade majeure contre l’environnement et l’écosystème et qui coûtera le plus cher à terme sur tous les plans). Les humains sont ainsi: tant qu’ils ne sont pas atteints corps et biens, donc physiquement, rien, absolument rien, ne les fera changer globalement. Et comme on a entendu dans la sphère médiatique un ouf de soulagement, on ne sait pas trop ce que c’est, mais on retombe en léthargie, dont on ne sort pas vraiment, jusqu’à ce qu’on grogne un peu lors de la prochaine rafale d’impôts à payer, et tutti quanti. D’ailleurs, entre autres choses, il n’y avait qu’à entendre le ministre du budget Monsieur Éric Woerth entendu le 4 février passé sur un plateau de TV (bien rare que je regarde la TV) pour avoir un échantillon de la langue de bois misérabiliste d’insipidité et de chlorophorme définitif. Pourtant, nous avons tellement de choses créatives et grandioses à faire. Je m’y efforce.
Et là, je ne peux m’empêcher de donner la parole à Salvador Dali, car la vérité m’y pousse, c’est l’un des meilleurs remonte-pente:
« L’homme, lui, est intelligent et il s’apprête à découvrir ce à quoi Dieu n’a jamais pensé; il s’apprête à expliquer à Dieu sa propre création; à mettre au clair le système. Même très médiocres, les hommes groupés donnent à la Terre un cerveau plus subtil que celui de Dieu, et peut-être, par l’intelligence, trouverons-nous une meilleure manière d’équilibrer le poids des Anges. Mais nous devrons sans doute le payer très cher. Il faudra passer par un moment tragique. Il faudra traverser un tumulte sanglant. On y va. Ce qui l’annonce, c’est que la plupart des hommes modernes ne tiennent pas à vivre. L’humanié traverse la phase de nuit obscure. Vivre n’émerveille plus les êtres. Dites-leur que la science pourrait les prolonger de trente ou cinquante ans, ils prenennt, c’est le cas de l’observer, une tête d’enterrement. « Non, non, merci, ce que nous avons vécu nous suffit ». À la façon dont ils conduisent leurs voitures, on voit bien que l’abîme les attire. Je les rergarde ici à Cadaquès. Le loisir les angoisse. Ils viennent, en vacance, souffrir comme des chiens. Ils se croient obligés de crever d’efforts physiques. Ils remettent leur existence entre les mains des gardiens d’un modeste camp de concentration. Sans ardeur érotique, ils traînent une famille au teint brouillé qui geint. Alors après cinquante ans de cette vie damnée, ils demandent grâce. Non, la vie terrestre ne les passionne pas. Ils s’en vont l’oublier dans les fonds sous-marins, dans le cosmos ou dans des caves bombardées. Ils cherchent frénétiquement du dépaysement, n’habitant ni la terre ni eux-mêmes, comme on se saoule en exil. Il faudra de la douleur et du sang pour retrouver la densité spirituelle et aider la création. Le Moyen Age tentait de dialoguer avec les Anges. Nous aurons un nouveau Moyen Age coloré par la science et l’intelligence moderne, après avoir jeté au tout-à-l’égout d’un cataclysme la fatigue de vivre et d’aimer »
Merci pour ce texte de Dali, c’est percutant, en effet, dans le sens coup de pied aux fesses et attaque la pente, banane !!!
On aime leurs mensonges
http://www.youtube.com/watch?v=Im_peS9VdOs
62% des citoyens US ? Vu le fonds de culture anti-étatiste de ce pays, ce n’est quand même pas mal.
@ jef , paul jorion
62 ce n’est pas « pas mal » , c’est énorme.
Maintenant je voudrais répondre à PJ ainsi qu’à nombre de mails qui se plaignent de l’attitude de l’homme de la rue, et que sa (prétendue ) passivité désole. Moi, actuellement je suis de plus en plus optimiste, et je voudrais expliquer pourquoi
J’ai une expérience de 20 de consultant en management. C’est un travail difficile car il faut sans arrêt « montrer sa valeur ajouteé » comme on dit : en clair toujours comprendre les vrais ressorts de son entreprise. On dit que j’y ai pas mal réussi, je pense, parce que j’avais deux secrets.
1 / le terrain : toujours parler aux gens de la base, écouter ce qu’ils disaient
2/ Et surtout prendre ce que me disent les gens pour VRAI à quelque poste qu’il soient (plus VRAI en tout cas que ce que disaient les gens des directions fonctionnelles). : la base , les gens de la moyenne sont beaucoup plus intelligents et lucides que ce que l’on croit.
Et souvent si l’on pense que les gens de la base se trompent dans des cas importants : c’est sans doute NOUS qui ne comprenons pas . Il n’y a dans nos sociétés aucune manipulation organisée, aucune intoxication de la part d’un pouvoir occulte
Posons donc par principe que les américains qui ont changé d’avis sur la régulation financière disent aussi le VRAI, et demandons nous POURQUOI, plutôt que de les traiter d’optimistes invétérés
En l’occurrence ce POURQUOI est d’une simplicité archangélique : régulation de la finance pour celui qui regarde les choses de façon instantanée, cela veut dire : l les taux zéro , la spéculatiion organisée par Obama , alors qu’il dit le contraire , l’incapacité de faire bouger les banques sur le refinancement du crédit..
et vous voudriez qu’ils soient pour ?
Logiquement ils sont contre et réagissent en fonction de l’histoire américaine : la libre concurrence c’est mieux.
Il faut quand même prendre garde à une illusion : nous regardons Obama comme s’il était « de gauche » dans un monde hostile, david contre Gollliath .. et bien sûr nous nous affligeons que les gens ne le suivent pas . Mais c’est NOUS qui nous trompons. OBAMA s’est planté comme rarement un homme politique s’est planté avant lui. Contre sa volonté ? c’est pire ! Vouloir que les américains le suivent désormais les yeux fermés , c’est les prendre pour des c..
amicalement
selon un article à paraitre ce jour dans le quotidien suisse « Le temps » à propos de la crise en Grèce, Mrs Jean-Claude Juncker , patron de l’Eurogroupe et ancien directeur de la Banque Mondiale, admet avoir utilisé les marchés pour contriaindre la Grèce à faire les réformes qu’elle refusait de faire..!
on a beau être optimiste, mais si les européens mettent de batons dans les roues à d’autres européens surtout en temps de crise, et probablement avec l’aide des banques US, où va-t-on ?
L’optimiste est un pessimiste qui s’ignore… ou l’inverse. Quand on a pris un coup de massue sur la tête et qu’on croit avoir récupéré, il y a des raisons de rester optimiste. Mais après deux, trois ou quatre autres coups de massue, on se pose des questions. Les Américains sont habitués aux crises cycliques du capitalisme et certains d’entre eux croient encore que les épreuves qu’ils traversent aujourd’hui ne sont qu’un ‘glitch’ cyclique parmi d’autres: c’est sans doute ce qui explique la baisse du nombre de ceux qui se préoccupent d’une réglementation des institutions financières. La répétition des spasmes de la crise les convaincra peut-être que le modèle économico-financier passé ne vaut rien, mais les Américains n’ont jamais connu que le capitalisme: pour eux, c’est un DONNÉ pratiquement indépassable. Les Européens sont différents, ils ont une certaine connaissance de l’histoire, doutent de tout, et se sont habitués à une évolution linéaire de l’économie; ils sont donc beaucoup plus sceptiques quant à un rétablissement éventuel de leur situation.
Si, par extraordinaire, les Européens prenaient conscience — comme leur ‘supériorité’ culturelle passée devrait l’augurer — de la nécessité de la constitution pour l’économie que Paul appelle de ses voeux, qui, parmi eux, croira avoir les moyens de cette ambition? Sans des alliés de poids entièrement nouveaux, ils traîneront leurs alliances politiques passées comme un boulet. On peut, à ce sujet, se demander si les Européens, et les Français parmi eux, ne sont pas, intellectuellement parlant, « américano-dépendants ». La constitution pour l’économie suppose un renversement des alliances et donc un réalignement culturel en direction de l’Amérique latine (c’est le plus facile) et de la Russie, à la traîne de tout le monde et présentant aujourd’hui peu d’attraits. Mais, la crise ayant réduit considérablement le poids relatif de l’Europe dans le concert mondial, il est également permis de se demander si une révolution intellectuelle en son sein est possible sans l’aide immédiate d’éventuelles puissances convaincues du besoin de dépasser le capitalisme. A ce jour, il n’en existe POTENTIELLEMENT qu’une seule: la Chine.
On disait, à l’époque de l’URSS et de Mao, que les optimistes apprenaient le russe, et les optimistes, le chinois. Aujourd’hui, étant donné la suprématie de l’idéologie libérale et de l’anglais comme langue de la mondialisation, cette question semble dépassée. Il n’en reste pas moins que, du fait de leur faiblesse économique relative, les optimistes parmi les Européens doivent se faire à l’idée d’une réorientation radicale de leurs espérances. En sont-ils capables?
Correction: Cf. dernier paragraphe de mon post précédent [désolé de l’erreur!]:
On disait, à l’époque de l’URSS et de Mao, que les optimistes apprenaient le russe, et les pessimistes, le chinois…
Sont-ils plus optimistes ou plus désillusionnés ?
Comme si à mesure que le temps passe, et que rien ne se passe, rien de vraiment significatif, à part un chômage en hausse – mais en même temps, depuis le temps, c’est un refrain connu, presque une fatalité… A mesure que tout semble revenir à la normale de la Bourse qui va qui vient, du commerce international qui va qui vient, du capitalisme comme seul système philosophique depuis que Marx est un minus pour notre immense philosophe à chemise blanche nationale… A mesure où même un appel à la société civile donne le sentiment d’un retour en arrière, comme du temps où Bernard Kouchner était encore médecin du monde, lorsque Band Aid et Bob Geldof voulaient encore sauver l’Afrique… A mesure où tout semble revenir à la normale, y compris le retour prochain à plus de rigueur budgétaire – tu parles d’une révolution, Cosette ! ; comment ne pas comprendre qu’une majorité finisse par penser : okay-okay, faisons comme avant.
J’aime beaucoup l’appellation « immense philosophe en chemise blanche national » 😉
La métamorphose de M. Edgard Morin devient le concept opérationnel pour affronter les lendemains qui déchanteront en Occident.
Au colloque de la défense l’incantation émouvante de notre philosophe défenseur de la mère patrie pour se métamorphoser tous ensemble, main dans la main en chantant l’hymne à l’espérance a toutes les couleurs d’un joli conte à lire pour que les petits enfants du monde encore riche s’endorment encore le soir sans trop de soucis.
Mais ce qui n ‘est pas dit ou que l’on n’ose pas dire , c’est que cette métamorphose n’empruntera pas un chemin bordé de roses, et de sources de lait au miel.
Bien au contraire, il y a des larmes et du sang de prévu au menu si nous n’y prenons garde..
Du courage, du courage et encore du courage pour affronter cette phase kaléidoscopique incontournable ! Voilà ce dont nous avons besoin .
Le niveau de la revanche à prendre sur l’ogre occidental est au plus haut dans les pays qui accèdent au rôle de maîtres du monde à la fois par leur innombrable population , leurs réserves de matières premières, et leur toute puissance financière et militaire d’ici 5 ans au maximum…
La compassion avec un occident vieillissant n ‘est pas de leur côté, et même l’hypothèse d’un conflit lourd en pertes humaines ne les effraie pas vu la réserve dont ils disposent .
*Pourquoi phase kaléidoscopique ?
Je me souviens du kaléidoscope de mon enfance dont j’admirais la beauté multicolore des images proposées et surtout les inépuisables combinaisons qui s’affichaient qu’après l’avoir secoué copieusement pendant un instant plus ou moins long.
Adulte, j ‘ai pris conscience du nécessaire désordre que devait provoquer mes secousses inévitables si je voulais contempler une autre image qui m’émerveillait par son improbabilité .
Nous en sommes là aujourd’hui, l’urgence à se « secouer collectivement » est devenue incontournable .
La seule question est de savoir si nous allons enfin provoquer et maîtriser tous ensemble ces secousses ou si nous allons les subir, provenant d’autres « secoueurs » pour qui les dommages collatéraux seront sans importance .
Ce n’est pas la planète qu il faut sauver mais l’humanité, quand je suis venu au monde il y 65 ans la population atteignait à peine 2 milliards .
Aujourd’hui nous allons vers les 9 milliards selon les dires de certains. D’en voir 3 ou 4 milliards disparaître dans une apocalypse nucléaire ne posera aucun problème à la planète j’oserai même dire que pour certains cyniques, cela solutionnerait beaucoup de choses .
Loin de moi d ‘envisager de favoriser une telle issue mais de préférer utiliser le kaléidoscope pour vivre ces bouleversements inévitables avec l ‘espoir que la nouvelle image sera plus belle que la précédent .
Oui à la métamorphose mais pas sans un kaléidoscope commun.
Leogreco, il est évident que cela va se presque terminer comme cela.
Que vouliez-vous comme autre issue…???
J’avais déjà eu l’occasion de citer Mona Chollet et cet article sur ce blog. Je réitère :
http://www.monde-diplomatique.fr/2009/09/CHOLLET/18118
L’optimisme et le pessimisme sont des états psychologiques. La lucidité se trouve quelque part entre les deux…
Merci de ce lien.
Je me rappelle d’une vidéo sur le peintre anglais Francis Bacon.
A la question du journaliste s’il était un optimiste ou un pessimiste, Bacon répond » je suis un optimiste »
Etonné de cette réponse d’un artiste plutôt dépressif, le journaliste lui demande » vous êtes optimiste sur quoi?
Et Bacon de répondre : « sur rien »
Cette réponse va bien avec votre conclusion.