Billet invité.
D’abord permettez moi d’adresser mes chaleureuses salutations et congratulations au Blog de Paul Jorion sans qui l’analyse de la crise économique et financière serait restée le champ réservé et exclusif de quelques économistes prébendés par les grandes banques responsables de la faillite d’un modèle qu’elles se sont employées nolens volens à promouvoir contre vents et marées.
L’article sur la dette : La dette est-elle un boulet ou un prétexte ?, publié dans le supplément Économie du journal « Le Monde » daté du mardi 9 février, rompt incontestablement avec la peur panique que semblent s’employer à répandre tous les économistes de la doxa néolibérale qui ont fait montre jusqu’ici de la plus grande incompétence et d’une indubitable propension à nier l’échec d’un modèle qu’ils avaient pourtant porté au pinacle.
Pourquoi la dette aujourd’hui ?
D’abord un simple constat : l’origine de la crise mondiale n’est pas financière, mais réelle puisque c’est une crise de la dette privée qui visait à compenser trente ans de modération salariale et de transfert de plusieurs dizaines de points de la valeur ajoutée du travail vers le capital, la finance n’étant qu’une technique visant à produire de l’inflation dans la sphère financière là où l’on interdisait toute inflation des salaires en vertu du sacrosaint acronyme friedmanien NAIRU (Non Accelerating Inflation Rate of Unemployment : théorie de la modération salariale).
Pour résorber la dette privée, les gouvernements ont donc creusé la dette publique entérinant ainsi l’idée que le néolibéralisme est un modèle léonin puisqu’il privatise les gains et socialise les pertes.
Ensuite, la dette publique n’est pas un poids que l’on fera peser sur les générations futures.
Le modèle (à anticipations rationnelles comme celui de l’équivalence ricardienne) qui sous-tend cette assertion hâtive est erroné, mais l’argument qu’il faut pointer c’est que la dette publique est un problème de répartition de la charge de la dette et donc de répartion des richesses. En effet, pour financer la lente, durable et inéluctable, déperdition des recettes de l’Etat liée aux cadeaux fiscaux accordés aux ménages très riches, qui viennent ainsi subséquemment nourrir la demande de titre de la dette publique du fait de leur propension à épargner très forte, on met en place un système d’impôt proportionnel (rompant ainsi avec la progressivité de l’impôt) supporté par l’ensemble de la population (c’est la CSG de Rocard et la CRDS de Juppé).
C’est ainsi que les classes moyennes voient s’alourdir leur bulletin de salaire pour financer le manque à gagner de l’Etat. L’alourdissement de la fiscalité proportionnelle est en réalité un transfert de richesse des plus modestes vers les plus riches.
Enfin, ce discours alarmiste autour de la dette publique démontre clairement que l’on n’a pas rompu avec le néolibéralisme en tant qu’utopie (contrairement à ce que nous raconte Mr. Casanova – Hayek dans son article « The Intellectuals and Socialism » 1949) réaffirme la volonté d’élaborer une utopie libérale).
Nous sommes en effet passés du marché comme contrainte de la politique économique (c’est le tournant de la rigueur de 1983 et la « contrainte extérieure ») pour aboutir au marché qui oriente la politique économique de l’État (en témoigne les termes d’« État en faillite », etc.) ce qui pose la question cruciale de la Démocratie et de la souveraineté des États (l’expression de « courage politique » assénée, martelée, n’est de ce point de vue qu’un déni de démocratie).
En substance, le problème de la dette publique est l’expression du marché comme régime de véridiction (la réforme des retraites est réalisé à l’aune du marché du travail ; la politique sociale ou workfare par opposition au welfare, est construite pour assurer une meilleure flexibilité du marché du travail…, la politique urbaine voit s’affirmer la multiplication des petites unités au détriment des grands ensembles.
Ce sont les marchés financiers qui jugent (marché comme régime de vérité) les politiques économiques des États, lesquels sont réduits à la forme entreprise (le néolibéralisme c’est, d’une certaine manière, l’extension à l’ensemble de la société de la forme entreprise), d’ou le recours à l’expression « État en faillite ».
Plus largement, la dette publique est un problème de sociologie politique, les classes moyennes qui ont soutenu la contrerévolution libérale de ces trente dernières années, ont toujours considéré que l’alourdissement de leur fiscalité provenait des dérives de l’État-providence qu’il convenait de stigmatiser par la dénonciation de la figure du chômeur fainéant ou des immigrés fraudeurs (rhétorique qui fut au cœur de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy).
Or, force est de constater que les classes moyennes sont les premières victimes de cette politique menée depuis une trentaine d’année et leur lent mais sûr déclassement peut être l’une des clés de la fermeture de la parenthèse néolibérale.
Le néolibéralisme se fonde sur la double opposition au libéralisme du laissez faire et à la planification soviétique comme au keynésianisme.
Le néolibéralisme est donc une doctrine de la troisième voie, une doctrine de la « politique de dépolitisation » qui vise à étendre le marché par l’intervention active de l’État.
La crise marque donc l’échec patent du néolibéralisme mais aussi la fin de la séquence politique marquée par le social-libéralisme théorisé par Anthony Giddens, le conseiller de Mr. Blair (The Third Way).
41 réponses à “La fin de la contrerévolution libérale, par nadj popi”
Bonjour.
« D’abord un simple constat : l’origine de la crise mondiale n’est pas financière, mais réelle puisque c’est une crise de la dette privée qui visait à compenser trente ans de modération salariale et de transfert de plusieurs dizaines de points de la valeur ajoutée du travail vers le capital, la finance n’étant qu’une technique visant à produire de l’inflation dans la sphère financière là où l’on interdisait toute inflation des salaires en vertu du sacrosaint acronyme friedmanien NAIRU. »
Oui, mais il me semble que tout le monde oublie un autre element de la crise, celle de l’offre, qui fait que l’on recycle a l’infini des produits et services, recyclages qu’on nous presente comme des nouveaute mais qui ne sont que des horipaux marketing, la derniere grande inovation datant de 20 ans, internet et l’oridnateur individuel. Et cette crise de l’offre est due aussi a l’obcession du ROE a court terme, on ne cherche plus, on recycle a l’infini.
Enfin troisieme element de cette crise, la crise du politique, dont on se demande s’il croit lui meme a son action tant il a desarme depuis trente ans face au marché.
« Ensuite, la dette publique n’est pas un poids que l’on fera peser sur les générations futures. »
Que cela fait du bien de lire ceci tant on cherche a culpabiliser avec cette antienne qui ne repose sur rien de reel. Et quand bien meme ce serais vrai, de tous temps, c’est toujours les generations futures qui payent.
« En effet, pour financer la lente, durable et inéluctable, déperdition des recettes de l’Etat liée aux cadeaux fiscaux accordés aux ménages très riches, qui viennent ainsi subséquemment nourrir la demande de titre de la dette publique du fait de leur propension à épargner très forte, on met en place un système d’impôt proportionnel (rompant ainsi avec la progressivité de l’impôt) supporté par l’ensemble de la population (c’est la CSG de Rocard et la CRDS de Juppé). »
Il me semble que vous oubliez que l’objectif de la CSG fut de faire participer au financement de la protection sociale tous les revenus. D’ailleurs a l’origine, il y a eu reduction des cotisations securite sociale correspondant a la mise en place de la CSG. La rupture de progressivite s’est plutot realisee avec, dans un premier temps, la reduction du nombre de tranches, puis surtout le bouclier fiscal, qui, supreme delice, inclus la CSG. Autre probleme de l’IRPP, il inclus la politique familiale et surtout les niches fiscales proliferent pour le plus grand bonheur des fiscalistes de tous poils et du contribuable qui degage des liquidite suffisantes pour y investir.
« Or, force est de constater que les classes moyennes sont les premières victimes de cette politique menée depuis une trentaine d’année et leur lent mais sûr déclassement peut être l’une des clés de la fermeture de la parenthèse néolibérale. »
Logique, si le systeme vas a son terme, elles doivent disparaitre pour ne plus laisser subsister que deux classes, celles tres tres reduite des hyper possedants, appatrides de fait, et le reste de la population subsistant avec la tete tout juste hors de l’eau pour survivre. Mais il y a un mais que vous soulignez a la fin de la phrase, c’est toujours la bourgoisie eclairee qui a provoque les revolutions, et quand cette classe moyenne supperieure vas voir ses avantages diminuer, et c’est a mon sens le cas en ce moment, elle se defendras. Sous quelle forme, je l’ignore.
Bonjour, excellent article de synthèse de nos trente dernières années
Pourriez-vous expliciter cette phrase plus précisément, j’ai du mal à en saisir toute la substance.
« Le néolibéralisme se fonde sur la double opposition au libéralisme du laissez faire et à la planification soviétique comme au keynésianisme. »
Merci
Pour répondre à la question sur la signification de l’opposition du néo libéralisme tant à la planification de type soviétique qu’au libéralisme et au keynésianisme, je pense qu’il faut retenir ceci:
la caractéristique fondamentale du néo libéralisme est de viser à étendre le marché à tous types d’activité AVEC le concours de l’Etat qui doit être colonisé de l’intérieur pour être le bras armé (l’Etat ayant toujours le monopole de la violence légale puisque c’est lui qui définit la violence), autrement dit de gérer toute la société selon le mode de l’entreprise:rentabilité, gains à court terme, performance toujours mesurable, concurrence affichée ou réelle?Le modèle de l’auto entrepreneur lancé actuellement en est l’illustration.En revanche dans le libéralisme classique (Adam Smith, Ricardo etc), il s’agit du « laissez faire, laissez passer » (selon le mot célèbre de Guizot au XIX siècle), ie que l’Etat conserve ses fonctions régaliennes (défense, ordre intérieur, aide aux plus démunis:éh oui Adam Smith lui-même en parle dans la Richesse des Nations » (1776) mais demeure extérieur au marché ,autrement dit nombre d’activités échappent au marché (hôpitaux, aide sociale, prisons par ex):ce qui insupportable pour le néo libéralisme qui décide unilatéralement sans preuve que l’efficacité ne peut être que produite par le marché.En outre, dans le libéralisme classique, il n’existe pas d’intervention de l’Etat pour sauver les banques;alors que dans le néo libéralisme:la règle est:privatisation systématique des gains où qu’ils soient (par ex gestion privée de l’eau, de l’électricité, gaz etc) et socialisation des pertes:laquelle n’est possible que grâce à l’Etat car lui seul peut augmenter les impôts pour éponger les pertes du privé (ici en l’occurence celles des banques); l’opposition à la planification soviétique est simple puisque seul le marché « sait » comment « allouer de façon optimale les ressources »(formule ressassée à stiété par nombre d’économistes ventriloques sans jamais nous expliquer à l’aune de quel critère on peut parler d’optimum:quel retour sur investissement? à quel horizon temporel?; l’opposition au keynésianisme est aussi évidente puisque Keynes en son temps ,pour répondre à la crise de 1929, avait proposé une intervention de l’Etat directe dans l’Economie par le biais de dépenses publiques destinées à relancer l’investissement en période de récession, ce qui revenait à nier le rôle sacro saint du marché doté d’une magique capacité d’autorégulation:c’est d’ailleurs sur ce dernier point que se révèle une contradiction du néo libéralisme qui accepte la socialisation des pertes grâce à l’Etat tout en affirmant la capacité du marché à s’autoréguler.Dans le néo libéralisme qui repose sur une vision de l’homme totalement tronquée (ce n’est qu’un homo economicus assoiffé de concurrence et de richesses),il n’y a pas de place pour un système de protection sociale institutionnel car si un pauvre est pauvre il ne le doit qu’à son manque de travail, de compétence, d’intelligence etc..comme si il suffisait de beaucoup travailler pour être riche!
J’espère avoir été clair..
Très clair ! Merci !
On peut ajouter pour enfoncer le clou, qu’un plan « incitatif » à la français, décidé collectivement et démocratiquement, est une excellente solution pour être ni dans une économie dirigée/administrée d’en haut (avec toutes les aberrations inhérentes à un système pseudorationnel) ni dans un système darwinien sans tête.
La combinaison de lignes directrices élaborées collectivement (la tête) avec les réactions d’adaptation des acteurs à ces incitations (souplesse et créativité) me paraît une solution intelligente qui met justement l’intelligence là où il faut.
Ni abandonner le devenir de la société aux intérêts court-termistes privés et à buts lucratifs ni la corseter dans une allocation totalitaire des ressources. Entre les deux il y a une marge considérable que les néolibéraux ne veulent pas voir (ils n’y ont aucun intérêt !) ni que les rationalistes bureaucratiques ne veulent imaginer dans leur délire de maîtrise absolue.
c’est très simple la reconstruction du liberalisme dans l’entre deux guerre s’est faite sur les décombres du laissez faire décrédibilisé avec la crise de 1929, et sur la double menace sovietique et keynesienne .C’est pour cela que le néoliberalisme n’est ni le laissez faire ni l’interventionnisme visant à encadrer le marché, c’est un interventionnisme visant à étendre le marché.
D’ailleurs la conjoncture politique plaide pour le constat d’un double effondrement du néoliberalisme et des gouvernements d’inspirations « troisième voie »(ou social liberalisme).Le troisième voie n’est pas un compromis socialisme liberalisme , c’est purement et simplement du néoliberalisme.
Oui mais les néolibéraux ne lacheront pas l’affaire. Acculés ils sont même encore plus dangereux, la richesse et le pouvoir exorbitant qu’ils se sont arrogés, accepteront ils de le perdre ?
Entendez vous un parti de gouvernement en occident qui projete de donner un coup de pied au cul aux escrocs néo-libéraux qui asservissent financièrement la population mondiale ?
Et l’Europe ! Existe t’il un groupement politique européen capable de les dégager ?
Bonjour Monsieur Popi,
merci pour cette analyse particulièrement édifiante…
La fin de modèle ‘néolibéral’ ainsi que du »social libéralisme’ doit nous inviter à construire de nouveaux concepts pour les temps qui viennent…
Auriez-vous l’amabilité de nous faire part de vos réflexions à ce sujet ?
Merci infiniment
bjr laurence pour en savoir plus veuillez me contacter par mail.
Je vous donne mon numero de portable, par mail, vous pouvez me contacter en fin de journée.
Ce blog est aussi remarquable par la qualité des billets invités tels que celui de J-P Pagé récemment et le vôtre aujourd’hui. Une grande cohérence se dégage et ça devrait nous aider à agir en étant pédagogues.
Je voudrais évoquer un point que Paul a mentionné dans ‘deux questions simples sur la dette’ : augmenter les impôts – pour les plus riches.
Un détour par les USA permet de voir que cette idée est un chiffon rouge (bien trouvé non?) et elle permet encore de maintenir la pression contre toute réforme qui aiderait l’immense majorite du peuple. Mais ici en Europe cette idéologie anti-impôt a été bien intégrée par la social-démocratie… Elle agit comme un opium du peuple : payer des impôts c’est mal. Il est assez triste de penser que des personnes de qualité comme, par ex. I. Bergmann ou Coluche, ont estimé que leur impôts étaient confiscatoires – et pour Coluche dans la foulée de créer les Resto du Coeur.
Je ne suis pas capable d’en analyser le pourquoi (même si j’ai des hypothèses) mais actuellement comment forcer les ‘forces de gauches’ à avoir un discours courageux sur ce point? Il est assez désolant de voir que le Sauveur serait DSK, le patron du FMI…Mais les yeux s’ouvrent autour de nous grâce à la crise qui n’en finit pas; c’est là le paradoxe à exploiter.
PS – merci aux augmentations de 40% pour les banquiers en 2009 : c’est mieux qu’un long discours !
« Elle agit comme un opium du peuple : payer des impôts c’est mal. »
Le problème est la privatisation des gains et la collectivisation des pertes. Réfléchissez un moment, comment ce processus se produit-il? Par l’impôt!
Ce que je veux dire c’est que l’impôt n’est ni le problème, ni la solution. Il peut servir les riches si l’Etat leur donne son argent comme les pauvres si l’Etat leur donne son argent. Les augmenter ne servira à rien s’il finit dans la poche des plus riches.
Le problème c’est qui contrôle l’Etat et va décider de diriger les bénéfices de l’impôt vers telle ou telle catégorie de personnes.
à Moi
C’est vrai que l’impôt est décidé, et le résultat en est distribué, vers les catégories qui en ont la maîtrise !
C’est bien pourquoi, il est nécessaire que les classes sociales qui travaillent prennent le pouvoir et décident démocratiquement que les impôts seront progressifs, avec une tranche supérieure de 95 % et sans niches fiscales, donc portant sur l’ensemble des revenus quelle que soit leur origine !
Comme il a été dit plus haut, on ne devient pas riche en travaillant : la richesse ne peut s’accumuler que par la captation de rentes de situation, de survaleur et de trafics divers plus ou moins légaux, de trafics totalement illicites. C’est donc de la richesse produite par les autres, ceux qui travaillent réellement et qui ne sont jamais riches, qu’il est juste de redistribuer à ses vrais producteurs.
« la richesse ne peut s’accumuler que par la captation de rentes de situation, de survaleur et de trafics divers plus ou moins légaux, de trafics totalement illicites. »
Comme si c’etais si simple.
Cette simplification du penomene de l’enrichissement sent bon la rancoeur, qu’un createur authentiQUE DEVIENNE RICHE NE ME CHIU
« Comme il a été dit plus haut, on ne devient pas riche en travaillant : la richesse ne peut s’accumuler que par la captation de rentes de situation, de survaleur et de trafics divers plus ou moins légaux, de trafics totalement illicites. »
Ben voyons…
Je ne me fais pas l’apologue du riche, mais on peut devenir riche par son propre talent, ce qui choque c’est la predation type antoine zacharias ou stephane richard, mais un marcel dassault avis du genie, un bille gates aussi, et les exmeples abondent, il ne faut pas jeter le bebe avec l’eau du bain.
Vos propos sentent mauvais, la rancoeur transparais, et ce n’est pas bon signe.
Juste une ligne pour remercier d’un texte à destination des non initiés. Pas de vocabulaire ésotérique et une jolie démonstration structurée et illustrée de la prise, factuelle, du pouvoir par le monde de « l’économie ».
Et puis chapeau bas aussi (puisque j’en suis à enfoncer de portes ouvertes) à Môsieur Paul Jorion qui sait que pour une grande partie d’entre nous « tout ce qui n’est pas gratuit est trop cher ». Il a ainsi tenu à laisser accès à tous à ce blog indispensable. Je dis bien indispensable, car c’est à virer fou quand la majorité manipulée et dépecée s’obstine à révérer « ceux qui savent » et à pédaler en sous sol pour alimenter la machine à broyer.
Mon weekend commence bien : je me sens moins seule 😉
Merci beaucoup Nataly
Molière rejoué!
Mr Jourdain ou le bourgeois se faisant rouler par les aristocrates qu’il singe.
Pouvoir et signes du pouvoir, ces derniers étant ridicules s’il leur manque la maîtrise de la violence.
Lorsqu’on ne prend pas la peine de rédiger politiquement « correct » on comprend que quelques milliers de riches apatrides font
une guerre d’asservissement aux Etats et aux Peuples.
Les Etats disposent toujours de l’ensemble des moyens financiers qu’ils veulent bien mobiliser pour mettre exercer leur Impérium.
Il n’est pas une banque quelque fut sa taille, ou sa puissance qui puisse résister à la violence d’un Etat souverain. Reste que les financiers sont susceptibles de demander aide et assistance à d’autres Etats…
Les Etats pourraient cependant s’entendre pour accaparer le trésor des financiers, le reste sera une querelle de partage.
Vos propos sont d’une grande justesse, mais il me semble qu’en lieu d »actualiser’ le néo-libéralisme, il serait plus
juste d’évoquer les conséquences de l’ultra-libéralisme.
Je ne saurais que me répéter et recommander la lecture de Zygmunt Bauman ou du petit opus de John Berger: ‘Dans l’entre-temps : Réflexions sur le fascisme économique’, paru en France en 2009.
Présentation de l’éditeur: « La prison est à présent aussi vaste que la planète. Les zones qui lui sont allouées sont variables. Et peuvent être appelées chantiers, camps de réfugiés, galeries marchandes, périphéries urbaines, ghettos, immeubles de bureaux, bidonvilles, banlieues. Ce qui est essentiel, c’est que ceux qui sont incarcérés dans ces zones sont des camarades prisonniers. » John Berger nous propose un point de repère pour penser le monde : « A travers la planète, nous vivons dans une prison. » Cette démonstration où il démêle avec acuité les flux d’informations dont on nous abreuve, ou plutôt qui nous noient, est bien plus qu’un texte brillant. Elle nous mène à l’essentiel : des pistes de résistance pour recouvrer une liberté que les gouvernements, complices du capitalisme financier, tentent de nous subtiliser dans le dénuement de leur pensée sans horizon. »
Egalement le point de vue récent de S.Zijek:
le fossé s’accroit entre capitalisme et democratie
Faut-il parler de contre-révolution »libérale » ? Rien n’est moins sûr. Tout dépend en tous cas de la définition que l’on donne à cet adjectif pour le moins galvaudé. Faut-il rappeler que le mot « liberal » aux USA (cf. The Conscious of a Liberal de Krugman), prononcé par un néo-conservateur justement, devient quasiment synonyme de « gauchiste » chez nous ?
Contre-révolution d’accord, mais contre-révolution « conservatrice » plutôt que libérale. Mais surtout : parler de contre-révolution (à juste titre), c’est replacer les choses dans une perspective qui est celle de la lutte des classes. Car la révolution conservatrice, ainsi que les politiques de dérégulation avec la rhétorique qui les accompagne (sur l’Etat en faillite, le courage politique, etc.), sont bien des épisodes d’une lutte des classes qui n’a jamais cessé. Il faut le dire haut et fort. Les intéressés le savent bien d’ailleurs, tels que Warren Buffet déclarant : « There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning ».
Et c’est là qu’il ne faut pas se méprendre. La seule expression de lutte des classes fait le plus souvent penser à Marx. Or Marx ne fut pas le premier à parler de lutte des classes. On trouve le concept chez l’historien Guizot. Tocqueville aussi, dans L’ancien régime et la révolution, rappellera que l’historien doit d’abord s’intéresser aux classes et à leurs luttes (« Je parle des classes, elles seules doivent occuper l’histoire »). Marx ne fera que reprendre le concept (« L’histoire de toute société jusqu’à nous jours est l’histoire de la lutte des classes »), mais en commettant une erreur monumentale : en bon philosophe de l’histoire (hégélien ?), Marx a construit une téléologie et a cru qu’une fin de l’histoire était possible. Il fallait (suffisait ?) pour cela que le prolétariat prenne le pouvoir, abolissant les classes et leurs luttes. Il n’en a rien été bien entendu et une autre lutte s’est perpétuée dans les pays qui se réclamaient du marxisme, malgré l’oppression totalitaire.
Raymond Aron, penseur libéral et héritier de la sociologie allemande, ne commettait pas cette erreur. « Personne n’a jamais nié la lutte des classes » disait-il. « Si l’on appelle lutte des classes la lutte pour le partage des richesses, cette dernière est inhérente à toute société » (je cite de mémoire). « Par contre, si l’on croit que la lutte des classes est une marche nécessaire vers une société sans classe, on est dans le mythe » (toujours de mémoire, ce ne sont sans doute pas les termes exacts employés par Aron, mais l’idée est bien celle là).
La distinction est importante. Si on comprend que la lutte des classes est inhérente à toute société, on s’en accommode et on se donne les moyens de la réguler de façon civilisée. Les institutions démocratiques des démocraties libérales (séparation des pouvoirs, parlements, etc.) sont en principe faites pour cela. Si par contre on croit à une fin de l’histoire, on est mûr pour le totalitarisme et l’une des formes du fascisme (rouge ou brun) qui prétendent résoudre la question une bonne fois pour toutes ! (cf. sur ce point les analyses du sociologue/politologue américain malheureusement peu connu en France Seymour Martin Lipset).
Le problème actuel est justement celui d’une panne des démocraties libérales (une crise de la démocratie, comme le dit Marcel Gauchet) : la séparation des pouvoirs, notamment, est mise à mal, dans le même temps d’ailleurs on s’installe une forme d’hyperdémocratie (et le relativisme généralisé qui l’accompagne). Le néo-libéralisme d’une certaine manière fonctionne contre le libéralisme. Il est volontiers « illibéral » (s’accompagnant d’un tas de monopoles, d’absence de démocratie en même temps que de contrôles bureaucratiques de plus en plus tatillons). Finalement, c’est peut-être à Montesquieu qu’il faut revenir et à l’idée qu’il faut que « le pouvoir arrête le pouvoir » (Esprit des lois, XI, IV), nul n’étant assez vertueux pour être certain de ne jamais en abuser. Mais, bien sûr, il faut adapter cette maxime de Montesquieu à notre temps. On ne peut plus se contenter de séparer le législatif, l’exécutif et le judiciaire. Il existe d’autres pouvoirs encore : le médical, l’économique, le médiatique… Il faut donc poursuivre le travail démocratique de division du pouvoir, en même temps que de régulation des inévitables conflits autour de la répartition des richesses (et des dettes !). Le pouvoir financier tend à échapper à cette division/régulation démocratique. C’est là sans doute que je rejoins le projet d’une constitution pour l’économie…
à Jean Michel
Oui, il vaut mieux parler de contre-révolution conservatrice, je l’écris contre-Révolution, car pour l’essentiel elle remet en cause les principes même de la Révolution, celle de 1789 !
Vous dites : « Marx ne fera que reprendre le concept (« L’histoire de toute société jusqu’à nous jours est l’histoire de la lutte des classes »), mais en commettant une erreur monumentale : en bon philosophe de l’histoire (hégélien ?), Marx a construit une téléologie et a cru qu’une fin de l’histoire était possible. Il fallait (suffisait ?) pour cela que le prolétariat prenne le pouvoir, abolissant les classes et leurs luttes. Il n’en a rien été bien entendu et une autre lutte s’est perpétuée dans les pays qui se réclamaient du marxisme, malgré l’oppression totalitaire. »
Et là je ne peux pas être d’accord avec cette lecture de Marx qui confond l’oeuvre de Marx avec la vulgate stalinienne.
En effet c’est Staline qui a inventé les « étapes » dans la transformation de la société (socialisme puis communisme).
Marx n’a jamais parlé du socialisme positivement, il a toujours critiqué le terme comme étant empreint d’idéalisme et d’utopie…
En revanche il a parlé du communisme comme du mouvement réel de la société dans le dépassement du capitalisme, ce qui est considérablement différent ! Et dans la dernière partie de cette même phrase il prend soin de préciser que cela n’est ni un idéal, ni un état à atteindre : il est ainsi clair qu’à aucun moment il n’avait en vue ni une fin de l’histoire, ni une société idéale sans luttes des classes, même si la lutte actuelle du capital contre le salariat n’est qu’un moment historique qui peut durer encore (elle dure déjà depuis des siècles !).
Le capitalisme n’est pas un état naturel de la société, c’est un mode de production qui est apparu et qui disparaîtra, mais cela ne veut pas dire que l’histoire se finit avec le capitalisme ! Marx n’est pas Fukuyama, heureusement !
Pour moi la phrase la plus importante de votre texte est celle-ci :
« Le néolibéralisme est donc une doctrine de la troisième voie, une doctrine de la « politique de dépolitisation » qui vise à étendre le marché par l’intervention active de l’État. »
C’est le principe de subsidiarité, concept libéral qui a été mis en oeuvre par toute la classe politique depuis trente ans pour s’affranchir des anciennes normes juridiques que les politiciens jugeaient archaïques :
« Le principe de subsidiarité est une maxime politique et sociale selon laquelle la responsabilité d’une action publique, lorsqu’elle est nécessaire, doit être allouée à la plus petite entité capable de résoudre le problème d’elle-même »
L’Etat a été géré comme une entreprise qui avait une dette envers le marché, par principe.
Encore un papier ridicule. Je ne suis pas libéral, mais il est stupide de parler de libéralisme (ou néolibéralisme) pour qualifier la stratégie économique française des 40 dernières années. On est dans le keynésianisme : la relance par la dette.
Le problème est double : nous avons pris ce qu’il y a de pire du libéralisme, et ce qu’il y a de pire du socialisme.
D’un côté l’ouverture des frontières, la destruction des protections et de l’organisation de l’économie nationale au profit d’une mise en concurrence injuste avec le monde entier et d’une fuite des capitaux.
De l’autre le transfert du coût de l’emploi et des pertes de CA vers le contribuable.
Cette crise est celle du matérialisme à deux têtes : marxisme/libéralisme. Nous devons nous débarrasser de l’économisme, et retourner à la primauté de la morale, sans laquelle, on le voit, les pires vices font loi.
Cela faisait longtemps, et sur ce blog c’est la première fois que je le lis (mais je n’ai pas tout lu !), que je n’avais vu ressortir cette antienne sur Marx = matérialiste = immoral !
Quant à traiter les libéraux de matérialistes… alors qu’ils ont inventé de toutes pièces un « homo oeconomicus » qui n’existe qu’au Ciel platonicien, il faut le faire. Vous l’avez fait ! C’est parfois difficile d’échapper au ridicule.
@Christopher Johnson :
Vous parlez de « stratégie économique française » et le mot « stratégie » n’est pas anodin ! C’est juste un emprunt au vocabulaire militaire appliqué à la science économique comme une « fin en soi ». Le libéralisme dans sa forme achevée, soit notre civilisation, aura toujours besoin d’un législateur avec ce genre d’anathème pour légitimer une société régie par des contrats, c’est le contraire du socialisme originel. Remplacez « ultralibéral » par « civilisation libérale », et vous n’emploierez plus l’adjectif ridicule pour qualifier ce texte. L’amalgame que vous faites entre Keynes et le mot socialisme est parfait pour qui veut promulguer la pensée libérale comme bulldozer contre toute critique un tant soit peu morale, vous disqualifiez une réflexion morale en la traitant de socialiste. C’est petit !
cher M. Johnson vous n’êtes pas sans savoir que le libéralisme le marxisme vient du liberalisme et de l’école écossaise adam smith ferguson hume steuart etc…. Marx comme Hayek ont lu hume smith ferguson , Le concept d’exploitation vient de ferguson et on le retrouve chez marx Keynes a lu steuart tout comme hegel.
Dire que le keynesiannisme c’est la dette , c’est une falsification de l’histoire des faits économiques lorsqu’on observe la courbe de la dette totale on s’apercevoit d’une explosion de celle ci des la mise en ouevre d’une politique de moderation salariale et de reduction d’impot pour les plus riches financée par les plus modestes. Le keynesiasisme c’est la relance par la dépense publique pas par la dette publique, cette relance a été permise lorsque nous avions une augmentation régulière des salaires associé à une redistribution des revenus qui reduisait les inégalités.
La stratégie économique francaise de ces 30 dernières années n’est absolument pas keynésienne, l’Etat intervient mais pour réduire son champ d’intervention.
Rafraîssant ce billet.
Pour une analyse objective (je m’autorise un gros mot)sur la dette publique combien d’approximations ou de desinformation dans les médias(émissions à la radio en particulier); on mélange sans gêne déficit budgétaire, dette publique, dette privée mondiale, dette extérieure des états…
Attention aux vérités.. pas toujours vraies dans le détail;si Rocard, Delord ont été aussi à l’origine d’abandons dont les classes moyennes perçoivent les effets ,surtout à travers le déclassement social à venir de leurs enfants(mais on se compare toujours aux plus riches) je ne mettrai pas en avant la CSG comme exemple; elle frappe des revenus ayant déjà supporté l’impôt progressif ou le versement libératoire; or le taux actuel CSG +CRDS +prélèvement libératoire+ contribution sociale dépendance atteint actuellement 28%, soit plus que le taux marginal supérieur de l’impôt sur le revenu à taux progressif concernant les catégories moyennes , certes il s’agit d’une remarque qui ne met pas en cause le bien fondé du billet mais les libéraux médiatiques, quand ils en sont capables, adorent ce genre de point d’attaque;la prise en compte de ces contributions dans le socle du bouclier fiscal après la première année de son instauration me semble beaucoup plus choquante .
Ce matin sur France Culture Nicvolas Baverez, à midi Jean Claude Casanova avec BHL; ce matin je n’ai pas écouté ma radio..
@ Paul
La question posée par Buzz est pertinente !
Quel parti de gouvernement en Europe propose d’être le porte parole des classes moyennes ? Aucun.
Lequel propose de changer la donne actuelle ? Aucun.
Les néolibéraux ont corrompu (seulement moralement ?) les dirigeants pour qu’ils prennent une ribambelle de décisions allant contre l’intérêt général. En présentant leur théorie comme naturelle, ils ont mis fin à toute réflexion dans la sphère politique.
Pour moi la question centrale est politique. Comment nous débarrasser de la clique qui nous a amené là où nous en sommes ? Et la remplacer par des hommes pensant ?
J’ai quelques moyens, que je suis prêt à partager, et une idée : Paul Jorion 2012 !!!
Hélas pour vous, P.J n’a pas la nationalité française (peut-être je me trompe). Vous pensez à une autre élection peut-être ?
Sinon excellent article, remettant en perspective toute une partie de notre histoire…ça me rappelle l’époque (pas lointaine) où on disait que l’histoire était finie, qu’en dépit des événements, on allait inéluctablement vers un monde où le modèle occidental néo-libéral allait submerger la planète, et ce, sans se demander si ce système était bon, puisqu’on nous assurait qu’il était parfait en dépit de quelques soubresauts par ci par là bien contrôlés…
Alors que tout s’écroule, il y a quand même cette satisfaction, que l’Histoire a décidé de faire faux bond à cette théorie, qu’en fin de compte, les êtres humains peuvent encore influer le cours de l’histoire et que nous ne sommes pas (totalement) enchaînés à des idées et des postures…
Ce billet traite excellement de plusieurs points : transfert travail – capital, analyse en termes de classes sociales : la classe moyenne a été progressivement aliénée (les pages culture de Libé ont progressivement remplacé les pages « social »), Rocard est passé pour un honnête homme humaniste (« il faut affadir la politique ») avec sa CRDS et son crypto-libéralisme. Quel gâchis. Sur la Dette, je dirais quand même qu’un autre mouvement et site en traîte de manière très pertinente, CADTM. Mais j’approuve ô combien les félicitations au blog de Paul Jorion
Up ! +1 !
Les classes moyennes vont donc devoir choisir. Et assumer. C’est un bon début. Mais il vient bien tard, la paupérisation ayant fait son oeuvre, grâce justement à la politique de ‘modération salariale’.
C’était il y a 20 ans qu’il aurait fallu réagir. Maintenant, le néo-libéralisme tente de s’appuyer sur les nouvelles classes moyennes des pays émergeants, la Chine notamment. Si un tel consensus devait s’établir ainsi, ce sera la fin des pays ‘émergés’ : mutatis mutandis, changeons tout pour ne rien changer, changeons de domicile.
Monsieur Popi,
Vous avez un sens de la synthèse peu commun. J’ai retrouvé dans votre propos une partie de mes intuitions relativement à l’époque socio-économique actuelle.
La classe moyenne occidentale a besoin de concepts désenclavés du néolibéralisme pour comprendre sa croissante paupérisation et trouver les voies collectives pour établir un rapport de force efficace face à l’oligarchie mondiale.
Des pédagogies devront être trouvées pour rendre cette désaliénation du néolibéralisme effective. Ceci sous-entend en autre chose la pratique d’actions solidaires dans le milieu même de vie du citoyen et l’évaluation de ces actions à l’aune de ses prises de conscience : penser solidairement par rapport à des actions locales.
Je vois ce programme de l’agir local sur un horizon de dix ans.
À court terme, je pense plutôt à une investigation du champ médiatique par tous ceux qui ont cette distance par rapport à l’idéologie dominante. Des mots d’ordre du genre « interdiction de la fluctuation des prix » ou « non à la spéculation sur notre avenir » en passant par des explications « désenclavées » de l’actualité ou des propositions d’action qui tiennent compte des situations politiques particulières des peuples de la planète.
Et vous voulez que les hauts fonctionnaires de l’Europe changent le système, mais pourquoi le feraient-ils ? .. le système est si confortable … Le Monde aujourd’hui du 13/02/2010 ci-dessous
» En 2009, Barroso a dépensé 730 230 euros en missions et frais de représentation »
A quoi il faut ajouter: le montant de son SALAIRE de président de la commission européenne.
Le Monde publie un chiffre de 293 000 euros et donnent un traitement global de 350 000 euros (on suppose donc que son indemnité atteint les 57 000 euros).
http://www.politique.net/2009040103-les-salaires-de-barack-obama-et-de-jose-manuel-barroso.htm
Ou est le problème ? Un petit (grand) coup d’austérité pour les peuples ça n’a jamais fait de mal aux z’élites (ceux qui ne doivent leurs richesse fabuleuse qu’à leur travail, talent, intelligence, beauté, etc…) !
Merci Nadj Popi pour ce texte limpide.
quelqu’un aurait une ébauche de mesures, propositions, « programme », à proposer pour améliorer, à défaut de résoudre, la situation économique et pourquoi pas plus loin reprendre le pouvoir de décision que le peuple à laissé entre les mains de la poignée néolibérale qui gouverne nos vies actuellement ?
@JeanNimes
Ah ? Relire ou lire Misère de la philosophie (1847) : « Ce n’est que dans un autre où il n’y aura plus de classes et d’antagonisme de classes que les évolutions sociales cesseront d’être des révolutions politiques »,
ainsi que le Manifeste communiste (1848), le livre de Marx qui a eu le plus d’influence : « Ces formes de conscience ne disparaîtront complètement qu’avec la complète disparition de l’antagonisme des classes » et plus loin « si, par une révolution, il [le prolétariat] se constitue en classe dominante et, comme telle, abolit violemment les anciens rapports de production — c’est alors qu’il abolit en même temps que ce système de production les conditions d’existence de l’antagonisme des classes; c’est alors qu’il abolit les classes en général et, par là même, sa propre domination en tant que classe. L’ancienne société bourgeoise, avec ses classes et ses conflits de classe, fait place à une association où le libre épanouissement de chacun est la condition du libre épanouissement de tous ».
Cette « abolition violente » (on ne peut pas dire que Marx n’y avait appelé) aboutissant à la société idéale sans classe (« où le libre épanouissement de chacun est la condition du libre épanouissement de tous » ) c’est ce qu’on cru réaliser les bolchéviques dès 1917 (il n’y a que dans la chanson de Michel Sardou que l’ont croit que le totalitarisme et les erreurs ont commencé après, avec Staline : « Lénine, réveille-toi, ils sont devenus fous »).
Bonjour,
la fin du modéle libéral ?? en tout cas je ne pense pas qu’il soit encore mort car il est toujours à l’oeuvre, cf la poste privatisée.
Il n’y a pas de volonté politique, seulement une volonté économique, un état c’est que de l’économie et du sécuritaire depuis trop longtemps, les autres champs sont laissés en jachére.
Cordialement
Lumineux. Merci pour cet excellent résumé qui avec une grande simplicité de moyens explique en quelques phrases un grouillement complexe d’événements qui ont mis depuis trente ans le monde en ébulllition. Merci aussi aux commentaires qui ont relayé le propos de Nadj Popi.
Mais la bête bouge encore. La fin, pas si sûr.
Merci pour cet intelligent billet Nadj Popi. De plus en plus epate de la qualite des analyses de ce blog,merci: Paul,Francois, Corinne et tous les autres…..
Amities a tous
En contrepoint de vos propos cette analyse de D.Rodrik:
» I have an « impossibility theorem » for the global economy that is like that. It says that democracy, national sovereignty and global economic integration are mutually incompatible: we can combine any two of the three, but never have all three simultaneously and in full. »
The inescapable
g tenais aussi à te remercier pour la pertinence, la qualité de ton analyse … tu as su simplifier et clarifier en quelques phrases des théories économiques qui sont au coeur des passions … !!!
merci bcp !!!