Billet invité.
LA CONFUSION COMME UNIQUE STRATEGIE
On ne comptait plus, hier mercredi, les confidences, communiqués et déclarations ou bien les rencontres, déjeuners, téléconférences et appels téléphoniques, étourdi par la fébrilité dont ils témoignent et impressionné par le peu de résultat qui en ressort. Seuls les mails, les SMS et les tweets n’auront pas pu être comptabilisés, les spectateurs de cette cohue débordés. Cette journée aura été l’occasion d’une sorte de mouvement brownien de conciliabules, à propos de la crise de la zone euro ; ainsi que de la Grèce, par qui le malheur est arrivé pour y avoir été appelé avec légèreté, et du soutien qui va devoir lui être accordé, après avoir sur tous les tons juré que l’on ne s’y laisserait pas prendre.
Il faudra attendre le sommet informel de demain, et peut-être même au-delà, pour connaître les mesures de soutien qui seront finalement décidées, car il semble que l’accouchement soit difficile et que seule une déclaration politique européenne, ronflante mais symbolique, soit pour l’instant au programme, un recours au FMI n’étant même pas exclu. Pour le reste, les formules à l’étude sont connues (pour l’essentiel des aides bilatérales, sauf surprise), mais leur mise au point tarde, sans que l’on soit certain qu’elle va être obtenue au finish. On se croirait revenu au temps de ces sommets bruxellois portant sur la taille des mailles des filets de la pêche au maquereau.
Sans doute est-il trop tôt pour épiloguer, alors que le dernier acte n’est pas encore écrit. Mais comment ne pas s’interroger sur les raisons de cette précipitation brouillonne de dernière heure, venant après des jours et des jours de surplace, avant que n’intervienne un tournant à 180 degrés ? Sur les difficultés rencontrées à se mettre d’accord ? Sur l’image d’improvisation que donne cette situation ? Les gouvernements européens, décidément, ne vont pas sortir grandis de cette aventure. Pour s’y être engagés sans discernement et pour tenter de la conclure si confusément.
De premières constatations peuvent cependant être tirées, sans attendre. En premier lieu, les gouvernements de la zone euro ont été les jouets des marchés, fondés à se croire tout permis, seuls des seconds couteaux se risquant à les mettre en cause. Comme s’il était définitivement acquis que, tel une sorte de pouvoir surnaturel, ceux-ci ne pouvaient être dénoncés, ne pouvant être combattus. Exprimant une démission idéologique, politique et morale, ou bien une totale connivence, au choix. Les marchés, disent leurs adorateurs, ont toujours raison. A vaincre sans péril, ils viennent de triompher. Certes sans gloire, mais non sans plus-values.
En second, que ces mêmes marchés anonymes ne sont évidement pas guidés par des pulsions d’ordre psychologique, mais qu’ils sont tout au contraire de froids calculateurs et de vilains raisonneurs. La preuve en a été donnée par le soulagement subitement intervenu sur le marché de la dette souveraine grecque, anticipant des mesures européennes de soutien sifflant la fin de la récréation, dès lors qu’il est apparu vraisemblable qu’elles allaient intervenir. Car elles étaient susceptibles d’infliger des revers de fortune aux spéculateurs qui n’auraient pas sauté du train à temps.
En troisième lieu, cette crise dans la crise – qui n’est pas terminée – a permis de constater à quel point les systèmes bancaires étaient interconnectés entre eux et fragiles, comment le sort d’un pays pouvait rejaillir sur les autres. Que le sort de chaque pays, aussi, était lié à celui de ses banques et réciproquement. Celles-ci étant gavées de titres de la dette publique achetés avec les liquidités de la banque centrale et risquant gros si elles venaient à perdre leur valeur. On a parlé de l’offensive qui menaçait l’Espagne, mais l’on a peu entendu, dans le charivari d’aujourd’hui, Mervyn King, gouverneur de la Banque d’Angleterre, énumérer tout ce qui différencie le Royaume-Uni de ce pays, comme si cela n’allait pas strictement de soi, dans le but de stopper une dangereuse contagion. Quant aux Allemands, qui ont été à la manoeuvre pour enfoncer la Grèce, puis pour lui tendre une main intéressée, ils ont dû se rendre à l’évidence qu’ils allaient finir par se brûler les doigts à leur propre jeu.
Que va-t-il rester du test qui a été engagé avec la Grèce ? La journée de demain ne sera pas de trop pour tenter de lui redonner tout l’écho que l’on en attendait. De communiquer sur la rigueur qui s’abat sur la Grèce et, grâce à un audacieux raisonnement tordant le cou à ce qui s’est passé, de s’appesantir sur ce que l’on risque à ne pas vouloir s’y résoudre. Le tout enveloppé dans l’un de ces nouveaux plans européens, encore moins crédible aujourd’hui que le précédent ne l’a été (La stratégie de Lisbonne). Mais demain sera un autre jour. Il faudra aussi vérifier sur les écrans que les spéculateurs sont allés se coucher après avoir entendu une belle histoire.
Les gouvernements européens n’ont décidément pas la main heureuse ces derniers temps. Afin de disculper le gouvernement français, mis en cause par le rapport 2009 de la Cour des comptes qui lui attribuait une responsabilité dans l’augmentation du déficit public (passé en un an de 3,4 à 7,9% du PIB), le ministre du budget a lundi soir dernier répliqué que celle-ci était « en totalité » le résultat de la crise. Comment ne pas en tirer la conclusion qui s’impose dans ces conditions ? Que c’est aux responsables de la crise de payer en totalité pour les dégâts qu’ils ont commis, et qu’il n’est pas fondé de toucher à la santé, aux retraites et aux programmes sociaux. Quand on cherche à trop démontrer…
105 réponses à “L’actualité de la crise: la confusion comme unique stratégie, par François Leclerc”
Est-ce qu’une interdiction des paris sur les variations de prix, appliquée aux monnaies, se signifierait pas la fin de l’euro en lui enlevant sa première raison d’être ?
Monsieur Leclerc,
un jour, auriez-vous l’amabilité de revenir sur ‘les revenus-de-base-nécessaires-aux besoins-fondamenteaux » ?
Il a été fait allusion brièvement à ce concept précédemment…
Si les évènements -qui se bousculent- vous en laissent les temps bien sûr…
Merci
Volontiers, mais allez donc dans l’immédiat à la pêche dans l’inventaire de demain, qui figure dans le bandeau supérieur du blog, vous y trouverez des références à cette approche.
@Laurence: vous avez dit « besoins fondamentaux » ? Par opposition, je présume, à des besoins qui ne le seraient point. Je vois d’ici: disposer d’au moins 1Kcal/jour pour se nourrir: besoin fondamental. Coefficient 1. Consulter le blog de Paul Jorion: besoin pas du tout fondamental. Coefficient 0. Et nous voilà avec un nouveau coefficient sur les bras, le coefficient de « fondamentalité ». C’est pas comme ça qu’on s’en sortira. Nous sommes plongés à 100% dans un monde qui ne connaît que l’utilitarisme, variante lexicale des « besoins fondamentaux/pas fondamentaux », et, comme tout le monde constate, il ne marche pas. Navré.
Bonjour
J’aimerais savoir pourquoi les marchés rationnels et efficients découvrent que maintenant les problèmes de la Grèce & co? Depuis 10 jours ils sont enragés. Pourquoi les banques paient tous ces analystes financiers? On est déjà en crise depuis plus d’un an, si je ne me trompe, et on savait les déficits depuis l’annonce des plans de relance etc. Ou ça n’a rien avoir avec les marchés? Mais avec quoi?
Mais si ça a à voir avec les marchés! Et avec les analystes, qui élaborent un modèle du plus faible au plus fort, à commencer par le premier. La Grèce paraissant plus malade que le Portugal et l’Espagne, on commence par elle. Si (un très grand SI) les Européens produisent un moyen de défense de la Grèce un tant soit peu convaincant, on fichera la paix à la zone euro… jusqu’au prochain tour de piste. Jusqu’à maintenant les marchés se sont acharnés sur la zone euro, mais ils pourraient tout aussi facilement s’en prendre à la dette souveraine libellée en sterling ou en dollar US, même si cela paraît peu vraisemblable dans l’immédiat car il s’agit de devises qui ont historiquement fait la force du système libéral, et qu’il n’est jamais bon de scier la branche sur laquelle on est assis. Mais des scénarios de dominos chutant les uns après les autres, les analystes passent leur temps à travailler dessus.
Quelle tournure est en train de prendre ce que l’on appelle « la crise grecque », qui est en réalité une crise européenne ?
Un groupe restreint composé d’Angela Merkel, Nicolas Sarkozy, Jean-Claude Trichet, Herman Van Rompuy, José Manuel Barroso, Jean-Claude Junker, Luis Rodrigues Zapatero et George Papandréou vient de conclure un accord qui doit être communiqué aux autres chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Bruxelles.
Il en ressort pour le moment qu’il faudra attendre la réunion de l’Eurogroup (les ministres des finances de la zone euro) de mardi prochain pour connaître les mesures financières qui devraient être prises afin d’aider financièrement le gouvernement grec. Ce qui semblerait montrer que des désaccords sur leurs modalités subsistent, dont la teneur est masquée.
En attendant, place comme prévu à la politique ! Une pression maximum est exercée sur les grecs, afin qu’ils aillent au-delà du plan de rigueur qu’ils ont déjà présenté à la Commission, pour lequel ils ont reçu un satisfecit. Alors qu’il est déjà relevé que l’effort de réduction de leur déficit qui leur est demandé d’opérer est gigantesque et sans précédent. Cela montre bien qu’une démonstration est recherchée : celle qu’il faut accepter dans toute l’Europe des plans de rigueur drastiques. Une déclaration espagnole est venu, depuis Madrid, conforter cette perspective ; il est question de ne pas diminuer les salaires des fonctionnaires, « pour le moment ». Le sort peu enviable réservé aux Grecs donnera, selon ces calculs politiques, la possibilité aux autres gouvernements de tenir le langage suivant à leurs ouailles : « regardez à quoi vous échappez et soyez heureux que nous ne vous en demandions pas plus ! ».
La réaction des marchés, ce monstre tapis finalement bien commode, est-elle une véritable inconnue dans ces conditions ? Il n’est pas à exclure que de discrètes dispositions aient été prises pour les calmer, en leur demandant de se contenter des prises de bénéfice déjà effectuées. Cela risque, néanmoins, de n’être pour eux que partie remise. Car la crise grecque, c’est la crise de l’Europe.
Hhmm..
La tactique du « c’est pas moi, c’est l’autre ». Pourquoi pas.
Mais le peuple d’en bas qui est au chômage s’est bien rendu compte que les politiques (« dirigeants ») n’avaient strictement rien fait contre la finance.
Déjà que leur crédibilité a volé en éclat avec l’histoire de « la crise est finie »…
Un avis qui vaut ce qu’il vaut :
http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=8716
« Les USA vont connaitre leur crise grecque – la dette US est un refuge aussi « sûr » que l’était Pearl Harbor en 1941 (Nyall Ferguson, FT, reco du jour) »
Il a de l’humour, le monsieur. Et ça me conforte dans la théorie des dominos. L’Islande et Dubaï étaient des mises-en-bouche.
Comme on pouvait s’y attendre, et la droite suite de votre commentaire, « partie remise ». Poor Europe
Statement by Herman Van Rompuy, President of the European Council, who chaired the informal meeting with EU Heads of State and Government, in Solvay Library in Brussels on Thursday 11 February 2010 to discuss financial questions and the follow-up to the Copenhagen climate conference.
http://tvnewsroom.consilium.europa.eu/story/index/story_id/15348/media_id/31981 (111 secondes )
@ F. Leclerc : ce monstre bien tapis dans la commode ou ce monstre bien commode sous le tapis ?
A priori, pour couler les sous-marins nucléaires de la spéculation financière, on sort l’artillerie et la grosse : le premier ministre grec ‘réfléchit’ (à moins qu’on ne réfléchisse pour lui, on ne sait plus très bien qui est ou pas le premier ministre grec en ce moment, sarkel ou merkzy) à l’augmentation de la TVA …
« Il n’est pas à exclure que de discrètes dispositions aient été prises pour les calmer, en leur demandant de se contenter des prises de bénéfice déjà effectuées. » : lesquelles, de dispositions selon vous ?
Si on suit une récente ‘sortie’ d’un analyste de la Société Générale, complètement ‘neutre’, comme de bien entendu, il pourrait être opportun qu’afin de pallier à la fuite des capitaux que connaissent les banques grecques (du fait de la spéculation, engendrée éventuellement par ces mêmes banques), l’Etat grec ne ‘monte’ en capital de ces mêmes banques, afin de ‘consolider’ leurs actifs. Actifs, qui, je le rappelle, ont été très souvent et de manière importante dévalorisés ces derniers temps, aux grands dam des ‘propriétaires’ de ces mêmes banques …
J’en connais qui vont se frotter les mains : une hausse de la fiscalité indirecte en lieu et place d’une hausse de la fiscalité sur les plus values ou sur les revenus. C’est noël en février !!
Juste une petite précision, au cas où c’est la TVA qui augmenterait :
http://www.eic.ccip.fr/informations/tva/tva5.htm
Où l’on constate que les taux de TVA grecs sont égaux voir supérieurs (si réduits) aux taux français.
On sait ce qui nous attend en France si la Grèce choisit cette option et que la crise devrait (devra ?) continuer …
Et plus encore pour l’Espagne (!), le Luxembourg (?), le Royaume Uni et Chypre (?) : 15-16%.
idiosyncrasis. fractal geometry of debt.
oops …
J’ai transmis une info de bloomberg sur PIMCO et son avertissement sur la Grèce, disant, en substance : look to the west (california).
Le niveau d’endettement (hors états !!) des USA en dette publique est déjà supérieure à celui de la Grèce.
Quand les premières ‘vagues’ d’obligation arriveront à ‘maturité’, y que paso por la calle ?
Et si…
Et si certains gouvernements européens avaient perçu dans cette spéculation sur la dette grecque un moyen brutal, dangereux, et peu évident aux yeux de tous, de réduire rapidement la valeur de l’euro jusqu’à un seuil plus favorable aux échanges. En ne faisant rien dans un premier temps.
Idée farfelue d’un outsider… Mais à voir la fourberie des marchés, on oublie celle dont peuvent faire tout autant preuve nos gouvernements.
Hors sujet
Clin d’oeil François, pour tous ceux qui sont persuadés que Warren Buffet aurait tout compris
http://www.liveleak.com/view?i=3d6_1265819760
Piqué sur agoravox, si vous l’aviez manqué …
@liervol
La Grèce , et avec elle L’UE, serait-elle en train de glisser d’un monde à un autre? Soit de celui des pays développés à celui des « en développement ». Et les mesures qu’ON lui impose ne sont-elles pas celles qui attendent à plus ou moins brève échéance d’autres, sinon tous, membres du Club?
Et puisque me voici tombé sur ce sujet, ces quelques lignes de Chomsky:
« It’s rather striking to notice that the consensus on how to deal with the crisis in the rich countries is almost the opposite of the consensus on how the poor countries should deal with similar economic crises. So when so-called developing countries have a financial crisis, the IMF rules are: raise interest rates, cut down economic growth, tighten the belt, pay off your debts (to us), privatize, and so on. That’s the opposite of what’s prescribed here. What’s prescribed here is lower interest rates, pour government money into stimulating the economy, nationalize (but don’t use the word), and so on. So yes, there’s one set of rules for the weak and a different set of rules for the powerful. There’s nothing novel about that. »
in Understanding the crisis, Foreign Policy in Focus, 18 Feb. 2009.
Il serait peut-être temps de se mobiliser pour demander l’abolition de l’article 101 du traité de Lisbone (repris de l’article 104 du traité de Maastricht) interdisant la BCE de financer directement les Etats membres sous prétexte de préserver son indépendance.
Cette situation qui laisse la porte du poulailler ouverte au renard ne peut que finir dans le sang. Mais peut-être que l’on veut tester la résistance de la poule grecque, en attendant d’appliquer le remède de cheval du bon docteur DSK aux autres poules à plumer, coq gaulois compris!
J’arrête là la métaphore animale: elle est déjà trop de mise dans cette dramaturgie
@Ph de Saint N
@Tigue
‘Quand on voit tout ce qu’on entend et qu’on dit tout ce qui se lit ici’,
je ne cesse de m’étonner de vous voir me tomber sur le paletot quand mon désir de voir les choses changer (vos moyens seront les miens) -et prestement- se manifeste ici.
Il semble pourtant que je sois loin d’être la seule.
Petite remarque, à titre préventif cette fois ;D
Pauvres Grecs… Les 27 viennent de lui dire « morflez, on vous soutient ! »…
Ils vont adorer l’Europe-qui-protège !
La déclaration ‘politique » commune: édifiant
Brussels, 11 February 2010 Statement by the Heads of State or Government of the European Union
« All euro area members must conduct sound national policies in line with the agreed rules. They have a shared responsibility for the economic and financial stability in the area. In this context, we fully support the efforts of the Greek government and their commitment to do whatever is necessary, including adopting additional measures to ensure that the ambitious targets set in the stability programme for 2010 and the following years are met. We call on the Greek government to implement all these measures in a rigorous and determined manner to effectively
reduce the budgetary deficit by 4% in 2010.
We invite the Ecofin Council to adopt at its meeting of the 16th of February the recommendations to Greece based on the Commission’s proposal and the additional measures Greece has announced. The Commission will closely monitor the implementation of the recommendations in liaison with the ECB and will propose needed additional measures, drawing on the expertise of the IMF. A first assessment will be done in March. Euro area Member states will take determined and coordinated action, if needed, to safeguard financial stability in the euro area as a whole. The Greek government has not requested any financial support. »
je suis nul en anglais, mais je crois comprendre qu’on demande au gouvernement Grec d’aller plus loin…c’est bien ça?
@Crapounet La déclaration en francais, qui n’était pas encore disponible hier après-midi:
Déclaration par les Chefs d’Etat ou de Gouvernement de l’Union européenne
Tous les membres de la zone euro doivent mener des politiques nationales saines conformes aux
règles agréées. Ils ont une responsabilité partagée pour la stabilité économique et financière dans la
zone.
Dans ce contexte, nous soutenons pleinement les efforts du gouvernement grec et son engagement pris aujourd’hui de prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l’adoption de mesures additionnelles, pour garantir que les objectifs ambitieux définis dans le programme de stabilité pour 2010 et les années suivantes soient atteints. Nous appelons le gouvernement à mettre en oeuvre l’ensemble de ces mesures de façon rigoureuse et déterminée afin de réduire effectivement le déficit budgétaire de 4% en 2010.
Nous invitons le Conseil Ecofin à adopter lors de sa réunion du 16 février les recommandations à la
Grèce, sur la base de la proposition de la Commission et des mesures additionnelles annoncées par
la Grèce. La Commission surveillera étroitement la mise en oeuvre de ces recommandations en liaison avec la
BCE et proposera les mesures additionnelles nécessaires en s’appuyant sur l’expertise technique du FMI. Une première évaluation sera faite en mars.
Les Etats membres de la zone euro prendront des mesures déterminées et coordonnées, si nécessaire, pour préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble. Le gouvernement grec n’a demandé aucun soutien financier.
Talleyrand : »Vous savez ce que c’est qu’un mécontent Fouché ? C’est un pauvre qui réfléchit… »
Fouché : « Une bonne police est là pour l’empêcher de réfléchir. »
Talleyrand : « Sur ce point, je vous suis ».
« Le Souper. Edouard Molinaro .Décembre 92
l’ article du monde cité par Nico 9h01 se termine ainsi : Puisse la crise de l’euro provoquer le sursaut politique nécessaire pour mener à bien ce salutaire chantier.
Pas à attendre de sursaut des gouvernements en Europe! mais seulement des manoeuvres pour limiter la perspective de grognes sociales tout en changeant le moins possible le système financier qui a conduit à ce désastre car ils en sont les souteneurs.
Si nous attendons un mouvement qui ait du poids pour contraindre ces mêmes gouvernements, il faudrait commencer par le penser de façon radicalement efficace; ce qui veut dire : pragmatique.
Peut-on parier sur une mobilisation fondée sur un changement de société, de paradigme, aussi juste soit-il pour que qque chose remue 3 millions de personnes en France ? non, 100 fois non.
Faire preuve de pragmatisme signifie à mon sens : quels leviers seraient à activer, et comment, pour parvenir à un signal assez puissant adressés aux gouvernements et aux politiciens du CE, et ce, dans les meilleurs délais. Ceci suppose une stratégie, du temps, des intelligences en action concertée. Si on s’y met, ensemble, ça peut bouger.
On y parviendra d’autant plus que les messages seront à visée de court terme : énoncer 3 ou 4 exigences pour réduire la nuisance des spéculateurs et seigneurs de la finance (voir les propositions de Paul J), assorties d’exigence de contrôle de commissions parlementaires constituées pour ces objectifs.
Y parvenir comment : par exemple, en fédérant les grands acteurs de la société civile, des mouvements de l’économie solidaire, et d’ autres (WWF, CCFD, etc etc, ils sont nombreux) et en y associant des intellectuels, (tels que notre cher Paul, des économistes comme Alglietta, d’ autres encore, Edgard Morin etc ..). Un vrai travail d’approche est nécessaire pour constituer un ensemble en Coordination suffisamment large autour de la mise en perspective du Bien commun avec toutes ses facettes.
Et cette vaste coordination pourra avoir une audiance de poids dans les grands média, et pourrait donner un signal d’action démonstrative accessible au plus grand nombre, au moins 3 millions de gens.
J’espère vos commentaires, et aussi mieux m’expliquer sur cette approche.
Cette partie concerne l’espagne :
http://www.dailymotion.com/video/xazghc_let-s-make-money-part5_news
« Que le sort de chaque pays, aussi, était lié à celui de ses banques et réciproquement. Celles-ci étant gavées de titres de la dette publique achetés avec les liquidités de la banque centrale et risquant gros si elles venaient à perdre leur valeur. » : mais par ailleurs, d’après ce que j’ai compris, la banque centrale n’a plus le droit d’acheter de la dette publique. J’ai rien compris, là, où est-ce que ces deux phrases résument bien l’hypocrisie du clivage public/privé ? On devrait décréter qu’à partir d’un certain chiffre d’affaire, toute entreprise, financière ou non, (y compris les banques centrales et les « holdings »), doit être nationalisée. Ca limerait les dents de plus d’un spéculateur, et ça donnerait une définition claire et précise de ce qui est public/privé.
Qui peut expliquer au naif que je suis à quoi peut bien servir la »rigueur »??Si ce n’est à réduire salaires,pensions,allocations…augmenter les taxes etc..donc il ne peut s’en suivre qu’une autre plus importante chute de la consommation,donc une nouvelle récession,donc en conséquence une nouvelle hausse de la dette etc etc ..ou est la logique ?Empirer la situation ne sert à rien non ??Que vont bien pouvoir encore acheter les grecs alors qu’ils sont deja pas tous bien riches ??
La spécialité des grecs, c’est le sirtaki; ils dansent, boivent et ne font pas grand-chose. L’implosion de l’Europe est pour bientôt. Le retour du franc permettra la liquidation de la Vème, ainsi que d’une bonne partie de la classe politique qui gouverne; elle obligera à la fin du statut de la fonction publique française, dont le coût par rapport à une prestation normale de marché, est infiniment supérieure à la masse des dividendes distribués par le système capitaliste ; qu’est-ce donc qu’un travail « socialement » utile. Voilà une question quil faut poser à nos grecs français, c’est à dire à nos fonctionnaires.
Votre vision des grecs et des fonctionnaires est lourde de tout un racisme social dont l’irrationalité ne peut être discutée dans un débat. J’observe qu’il converge avec une vision enchantée de ce que sont « les prestations normales de marché « dont les effets de nuisance ne se limitent hélas pas à la distribution de dividendes comme on peut l’observer actuellement.
Un ‘truc’ qui devrait intéresser P. Jorion. C’est sur le ‘commercial real estate’, aux US.
On voit bien les vagues, de toutes les couleurs.
Surf in USA …
http://ftalphaville.ft.com/blog/2010/02/11/147481/the-most-serious-wave-of-commercial-real-estate-difficulties-is-just-now-beginning/
Sinon, sur les banques (en France), des médiations qui ‘progressent’ :
http://www.lesechos.fr/patrimoine/banque/300409373.htm?xtor=RSS-2066
Certainement : j’ai parlé pour la première fois de cette catastrophe à venir, le… 24 mars 2007. Et dans ma chronique du Monde en date du 29 juin de l’année dernière, j’écrivais :
Oui, j’avais lu quelque part, mais pas dans les articles que vous citez (car fainéant suis-je et point ai-je regardé dans la ‘malle’), dans un article plus récent, où vous citiez (encore, donc) ce phénomène. Ne me demandez pas où.
Ce qui me surprend, pour quelqu’un d’aussi béotien comme moi qui n’y comprend goute, c’est qu’effectivement tout y est, et ce dès 2007 : entre Q3 2006 et Q3 2007, presque un doublement du volume de ‘défauts’.
Pourtant, on a entendu :
– ‘la crise est finie’ de Mme Lagarde et consorts dès début 2009,
– ‘les prix immobiliers en France vont réaugmenter faiblement en 2010 et le secteur redémarrer’ de la FNAIM dès début 2010,
– ‘l’exposition des banques françaises en Grèce n’est pas un sujet particulier’ de M. Prot, PDG de la BNP et Président de la FBF aujourd’hui (Ce n’est pas un sujet particulier)
Et on a cependant des statistiques qui prédisent, non, pardon, qui calculent assez précisément les tendances qui seront à l’oeuvre pour Q2 2012, apogé de la vague des CMBS, presque 4 fois plus importante qu’aujourd’hui.
Soit, un peu plus de deux ans encore à attendre pour que l’on puisse entendre que ‘ça y est, on voit le bout du tunnel de la crise immobilière commerciale’ (par ‘X’, Ministre des finances, en fonction du résultat des élections de 2012).
Question M. Jorion : il n’y a rien à faire ou faire ne sert à rien ?
Histoire de ne pas trop commenter l’actualité puisque comme beaucoup de vos lecteurs , il y a un petit moment que nous étions au courant.
Résumons rapidement les solutions mises en oeuvre :
1 sommet pour sauver les banques de la faillite
1 sommet pour sauver la planète
1 sommet pour sauver les états de la faillite
Assommant non ?
La suite n’est pas très difficile à prévoir…
Commentaire n°4 posté par xox avant-hier à 16h27
Êtes vous bien conscient de ce que vous écrivez?
Réduire les budgets sociaux alors que le chômage explose…
Réponse de CHEVALLIER avant-hier à 19h19
Les Français ne comprendront jamais rien aux problèmes économiques…
Pour atteindre la croissance optimale, il faut passer à certains moments par des points bas…
Tout est dit sur la cuistrerie de cet individu!
« Comment ne pas en tirer la conclusion qui s’impose dans ces conditions ? (…) Quand on cherche à trop démontrer…» justement pour cela ils n’en tirerons pas, ce n’est jamais comme ça vous le savez mieux que moi. On préfère changer d’histoire et ses programmes, tourner le dos, voilà les responsabilités. Avec un esprit malin on pourrait croire que la Grèce devient leur dernier coup possible à jouer, et même si c’était vrai.
«Nous appelons le gouvernement grec à mettre en œuvre les mesures d’économies budgétaires promises «de façon rigoureuse et déterminée», j’adore, encore ! «Les États de la zone euro prendront des mesures déterminées et coordonnées si nécessaire pour préserver la stabilité financière»… les mots prennent une drôle de gueule à sonner creux. On contrôle le processus !…on étend les mailles du dispositif… A qui se destine le message ? moitié tradeur, moitié électeur ? l’Europe et sa diversité apparaît pourtant sans visage, on sort d’une histoire récente avec dictateurs et nombreux postulants encore, une image-message, un consommateur européen, un agité complexé d’Obama passe, rien, heureusement.
Rêvent t-ils que leur plan marche, la Grèce brevetée fondation revival ? ne serait-ce pas une sérieuse preuve morale qui apprenne à chacun le vivre Grec, le nouveau savoir vivre… pour la plupart c’est futile, que ça arrive ou pas, leur job est de gérer, d’assurer la maintenance, difficile déjà de s’entendre, et naturellement chacun ses intérêts. Il sont grandement responsables, mais en nombre nous le sommes tout autant. L’intérêt propre et l’intérêt commun voient se modifier leurs positions et c’est bien temps de penser le lien constitutif de l’un et de l’autre. La séparation serait fatale. Mettre un peu d’ordre et d’anarchie, partout, au travail. Financiers et politiques se retrouvent mi scène mi coulisse à quêter une visibilité toute d’image à trop avoir confondus carte et territoires. qui fait quoi et qui est qui, il faut rendre des comptes… on parle dans le « temps » de « l’ébauche d’un «gouvernement économique» de l’UE, pendant que Stiglitz, interrogé par le Guardian, déclare «la seule manière d’affronter les spéculateurs est de «combattre le feu par le feu». Dans le cas grec (et peut-être d’autres à venir), l’Europe devrait ainsi suivre l’exemple de Hongkong pendant la crise asiatique de 1997-1998: «Lorsque la monnaie et la Bourse avaient été attaquées, les autorités avaient cramé les spéculateurs en achetant massivement des actions.». Ce seul coup semble n’avoir pourtant rien de révolutionnaire, une simple fessée, un avertissement… on redoute on ne sait quel papillon.