« Ce n’est pas comme ça que ça se passe », par Jean-Pierre Voyer

Billet invité.

« Ce n’est pas comme ça que ça se passe »

Pas comme ca 1

Ce tableau est faux. Les choses ne se passent pas comme ça.

Comment « l’argent » passe-t-il d’une banque à l’autre, en combien de temps ? On n’en sait rien.

Voici comment les choses se passent :

USM 1

Ce qui apparaît, c’est qu’à chaque mouvement, le compte du client bénéficiaire du prêt est soldé, mais que la créance demeure, elle ! Donc plutôt que production de monnaie, il y a d’abord production de dettes. Une fois le prêt utilisé, c’est à dire viré dans une autre banque, sur un autre compte, la dette demeure. Et ça fait une sacrée dette au total, tandis que la somme prêtée est extrêmement modeste : au plus elle fait 90. Cette modeste somme n’est, évidemment, pas prêtée partout en même temps comme l’insinue frauduleusement ce stupide schéma, elle circule. Il court il court le furet. Si le dépôt d’origine est un vrai dépôt (par exemple le salaire d’un ajusteur-mécanicien P3 de la SNCF), le dépôt est effectivement prêté mais pas plus que pour 90 %, ce qui me paraît extrêmement raisonnable. Où est le scandale ? Il est dans la production de dettes. Et pourquoi tant de dettes ? Parce que les ajusteurs P3 ne gagnent pas assez pour vivre décemment. Que dire des autres ouvriers et employés ou même des comptables. Non seulement ils n’épargnent pas, mais ils doivent emprunter. J’entends parler ici ou là de politique keynésienne. Où est-elle cette politique ?

On note également que contrairement à l’idée reçue, la créance ne circule pas. Elle demeure et comment !

On voit aussi que c’est bien le dépôt qui permet le prêt et non l’inverse. Et le prêt ne produit pas des dépôts, mais des dettes. Quand même, s’il vous plaît. Un peu de sérieux.

Ce qui manque surtout dans le schéma faux, c’est l’évidence de la circulation (et non pas l’évidence de la création). Ce qui n’a rien d’étonnant. Or, puisque, à chaque mouvement le compte du client bénéficiaire du prêt est soldé, il n’y a pas du tout d’empilement vertigineux et créatif d’argent. Comment pourrions nous voir cela dans le tableau faux puisque l’avoir du client emprunteur ne paraît même pas. À quoi cela sert-il de présenter des bilans, qui sont des coupes synchroniques dans les comptes alors que l’on prétend examiner un mouvement à travers le temps, diachronique. N’auriez vous pas remarqué que dans le mot « Journal », il y a jour. À chaque jour, suffit sa peine. L’invention du Journal est ce qui donne son nom à la partie double et non pas le fait qu’il y ait contrepartie, débit et crédit, ce qui fut inventé un siècle plus tôt que le Journal. Quand je pense que l’on trouve ce schéma dans tous les manuels d’enseignement ! Heureusement, j’ai échappé à cela. Au contraire, dans mon schéma, on voit parfaitement qu’il n’y qu’un seul jeton qui circule et qui, de plus, va s’amenuisant. Ainsi, la somme prêtée est extrêmement modeste, un salaire d’ajusteur suffit. Il y a seulement empilement vertigineux de dettes. Ce qui est euphémiquement nommé, dans le schéma faux, « Crédit » est en fait de la reconnaissance de dette. Et cette reconnaissance de dette ne circule pas, contrairement à l’idée reçue, elle s’empile, sur place, dans chaque banque tandis que le jeton prêté ne fait que passer, comme dans le conte de La dame de Condé, mais à l’envers : plus le jeton passe, plus il laisse de dettes derrière lui. Et cette créance sur le client, c’est un actif, c’est une valeur. Voilà donc comment on crée de la valeur, avec un simple salaire d’ajusteur mécanicien ! Vous avez donc vu qu’il ne faut pas beaucoup d’argent pour créer beaucoup de « valeur ». Tout s’explique donc.

Les réserves, maintenant. Le soir du jour du mouvement, puisque le compte de l’emprunteur est soldé, la banque peut ajuster ses réserves et il lui revient un peu de trésorerie pour le lendemain. 10 pour banque A, 9 pour la banque B, 8 pour la banque C, etc. soit au total 55 quand nous arrivons à la banque J. Voilà autant de trésorerie qui va pouvoir repartir pour un tour et faire de nouvelles dettes, d’ordre 2, plus petites.

Conclusion : les crédits ne font pas les dépôts, ils font les dettes. Ça n’a rien de surprenant. Tout le monde sait ça. Donc les dépôts son bien une des trois ressources des banques, tandis que les dettes, elles, font… le bénef, il ne faut pas tout confondre.

Je pense avoir répondu à la question de Cyril at Jorion’s. Ce n’est pas l’argent qui manque, ça dépend pour qui, évidemment.

Mise à jour (10/2/10) :

Comme ce Journal-Bilan ci-dessous est peu orthodoxe, je dois donc expliquer comment le lire : première ligne à droite j’indique que le compte du client X (l’ajusteur mécanicien) est crédité par le débit du compte Compensation ; troisième ligne à gauche j’indique que le compte du client Y est débité par le crédit du compte Compensation. Si ça peut faciliter votre compréhension, vous pouvez remplacer Compensation par Trésorerie, comme je l’ai fait pour la banque C, qui ce jour là n’avait pas de candidat pour un prêt.

Ce qui apparaît, c’est qu’à chaque mouvement, le compte du client bénéficiaire du prêt est soldé, mais que la créance demeure, elle ! Donc plutôt que production de monnaie, il y a d’abord production de dettes. Une fois le prêt utilisé, c’est à dire viré dans une autre banque, sur un autre compte, la dette demeure. Et ça fait une sacrée dette au total, tandis que la somme prêtée est extrêmement modeste : au plus elle fait 90. Cette modeste somme n’est, évidemment, pas prêtée partout en même temps comme l’insinue frauduleusement ce stupide schéma, elle circule. Il court, il court le furet. Si le dépôt d’origine est un vrai dépôt (par exemple le salaire d’un ajusteur-mécanicien P3 de la SNCF), le dépôt est effectivement prêté mais pas plus que pour 90 %, ce qui me paraît extrêmement raisonnable. Où est le scandale ? Il est dans la production de dettes. Et pourquoi tant de dettes ? Parce que les ajusteurs P3 ne gagnent pas assez pour vivre décemment. Que dire des autres ouvriers et employés ou même des comptables. Non seulement ils n’épargnent pas, mais ils doivent emprunter. J’entends parler ici ou là de politique keynésienne. Où est-elle cette politique ?

On note également que contrairement à l’idée reçue, la créance ne circule pas. Elle demeure et comment !

On voit aussi que c’est bien le dépôt qui permet le prêt et non l’inverse. Et le prêt ne produit pas des dépôts, mais des dettes. Quand même, s’il vous plaît. Un peu de sérieux.

Ce qui manque surtout dans le schéma faux, c’est l’évidence de la circulation (et non pas l’évidence de la création). Ce qui n’a rien d’étonnant. Or, puisque, à chaque mouvement le compte du client bénéficiaire du prêt est soldé, il n’y a pas du tout d’empilement vertigineux et créatif d’argent. Comment pourrions nous voir cela dans le tableau faux puisque l’avoir du client emprunteur ne paraît même pas. À quoi cela sert-il de présenter des bilans, qui sont des coupes synchroniques dans les comptes alors que l’on prétend examiner un mouvement à travers le temps, diachronique. N’auriez vous pas remarqué que dans le mot « Journal », il y a jour. À chaque jour, suffit sa peine. L’invention du Journal est ce qui donne son nom à la partie double et non pas le fait qu’il y ait contrepartie, débit et crédit, ce qui fut inventé un siècle plus tôt que le Journal. Quand je pense que l’on trouve ce schéma dans tous les manuels d’enseignement ! Heureusement, j’ai échappé à cela. Au contraire, dans mon schéma, on voit parfaitement qu’il n’y qu’un seul jeton qui circule et qui, de plus, va s’amenuisant. Ainsi, la somme prêtée est extrêmement modeste, un salaire d’ajusteur suffit. Il y a seulement empilement vertigineux de dettes. Ce qui est euphémiquement nommé, dans le schéma faux, « Crédit » est en fait le redoutable mot de « Créance » ce mot terrible qui amène un beau jour l’huissier à votre porte muni d’une reconnaissance de dette signée de votre main. Et ça, ce n’est pas de l’argent. Et cette reconnaissance de dette ne circule pas, contrairement à l’idée reçue, elle s’empile, sur place, dans chaque banque tandis que le jeton prêté ne fait que passer, comme dans le conte de La dame de Condé, mais à l’envers : plus le jeton passe, plus il laisse de dettes derrière lui. Et cette créance sur le client, c’est un actif, c’est une valeur. Voilà donc comment on crée de la valeur, avec un simple salaire d’ajusteur mécanicien ! Vous avez donc vu qu’il ne faut pas beaucoup d’argent pour créer beaucoup de « valeur ». Tout s’explique donc.

Les réserves, maintenant. Le soir du jour du mouvement, puisque le compte de l’emprunteur est soldé, la banque peut ajuster ses réserves et il lui revient un peu de trésorerie pour le lendemain. 10 pour banque A, 9 pour la banque B, 8 pour la banque C, etc. soit au total 55 quand nous arrivons à la banque J. Voilà autant de trésorerie qui va pouvoir repartir pour un tour et faire de nouvelles dettes, d’ordre 2, plus petites.

Conclusion : les crédits ne font pas les dépôts, ils font les dettes. Ça n’a rien de surprenant. Tout le monde sait ça. Donc les dépôts sont bien une des trois ressources des banques, tandis que les dettes, elles, font… le bénef, il ne faut pas tout confondre.

Je pense avoir répondu à la question de Cyril at Jorion’s. Ce n’est pas l’argent qui manque, ça dépend pour qui, évidemment.

Encore un point. Creutz, en bas de la page qui précède celle où figure le mauvais schéma qu’il critique sévèrement, écrit ceci :
/169/ (…) La figure 31 ci-dessous reproduit le schéma d’un tel cycle, qui reprend l’exemple plus simple donné dans le livre de Bernhard Lietaer, « Das Geld der Zukunft » (L’argent de l’avenir)

(…)

2°) que l’enchaînement des octrois de crédits et des constitutions de réserves par les banques tel qu’il est décrit ne peut se faire qu’aussi longtemps qu’aucun des déposants ne dispose de son avoir en effectuant un retrait ou un virement ; /170/

Creutz est trop bon et commet de ce fait une petite erreur dont il n’est pas responsable, mais qu’il faut imputer au schéma que je qualifie de « stupide », c’est à dire sans doute écrit dans un état de stupeur. Cette erreur est d’affirmer que cet enchaînement « ne peut se faire aussi longtemps… ». C’est une petite erreur car c’est pire que cela. Cet enchaînement ne peut pas du tout se faire tant que le déposant ne dispose pas de son avoir, c’est à dire tant que son compte n’est pas soldé. Et cela n’apparaît pas du tout dans le bilan, et pour cause puisque le compte du déposant étant soldé, il ne peut plus apparaître au bilan, seul demeure le solde créditeur de l’ajusteur mécanicien. Donc le mauvais tableau n’est pas faux comptablement, mais méthodologiquement. C’est une erreur de méthode que de concevoir un tel tableau dans ce cas. Ce tableau n’est pas seulement stupide, il est vicieux puisqu’il induit en erreur un lecteur aussi averti et chevronné que Creutz.

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302 réponses à “« Ce n’est pas comme ça que ça se passe », par Jean-Pierre Voyer”

  1. Avatar de laurence
    laurence

    Merci pour cette clarification

    Il faut savoir comment ca marche.

    Mais comment faut-il faire pour que ca c e s s e ?? Puisque ca ne « marche pas ».
    Vous me comprenez?

    Merci de m’aider à entrevoir un système moins dysfonctionnel voire franchement efficace pour les g e n s .

  2. Avatar de Toute Neuve
    Toute Neuve

    Il y a logtemps que l’erreur de Creutz a été « dénoncée » … ici par exemple:
    http://ecce-home.wikispaces.com/message/view/Article+4/12472401

    Alors, bien sur que non, ça ne se passe pas comme cela !

    Mais merci Monsieur Voyer d’avoir démontré que Schumpeter s’est trompé http://monnaie.wikispaces.com/J.A.+Schumpeter

    1. Avatar de liervol
      liervol

      @toute neuve
      « Là aussi, on peut supposer que chaque commerçant met dix pourcent de sa recette de côté et qu’il dépense le reste directement ou indirectement dans un autre magasin pour faire des achats. Là encore, l’addition des opérations d’achat donnerait le même résultat que celles des opérations de crédit dans le cas de la « surmultiplication de la création monétaire ». Et pourtant personne n’irait prétendre que la masse monétaire a été multipliée par neuf ou que les commerçants ont créé 900 millions [ex nihilo »

      Je cite donc commerçant A 100, il garde 10 dépense 90, commerçant B il garde 9 dépense 81, commerçant c il dépense 73 garde 8. Ok il n’y a bien que 100 qui circulent.
      Mais dans le cas d’une banque c’est différent, une banque (exemple avec 10% d’intérêts) avec 90 elle va avoir 9 d’intérêt, avec avec 81, 8.1, avec 73 7.3 ect… et si on reprend l’ensemble des intérêts 9+8.1+7.3=24.4
      on voit bien qu’il faut considérer 244 et non pas 100.

    2. Avatar de liervol
      liervol

      J’ajoute que le raisonnement avec le commerçant qui garde 10 et dépense 90, puis l’autre commerçant qui dépense 81 et garde 9 puis l’autre encore dépense 73 et garde 8 , ne peut se comparer avec le schéma d’une banque.
      Car les commerçants n’ont plus à chaque fois que 10, 9, et 8 à la fin de l’opération.

      Ce qui n’est pas le cas d’une banque : la banque inscrit les 90 à l’actif et au passif, les 90 qu’elle a crée objet du prêt ne sont pas ceux du dépôt que le client peut lui dépenser. Il y a double écriture pour un même montant.

      Si on reprends l’exemple du commerçant ça reviendrait à dire, que le billet de 90 qu’il vient de donner à l’autre commerçant il le reprends aussitôt pour aller faire la même chose chez le suivant, au premier il achète une télé, au second il achète un frigo et il a toujours ses 100, il ne fait en fait que les faire voir et tout le monde croit être payé.

  3. Avatar de domini CB
    domini CB

    Montrez-vous comment ça marche, ou bien comment ça ne marche pas ?
    Désolé si la question vous semble bête…

  4. Avatar de Eomenos
    Eomenos

    Connaissez-vous la différence entre un jongleur et une banquier ?

    Lorsque le jongleur loupe son coup c’est lui qui reçoit sa quille (sa balle,etc…) sur la tronche

    Lorsque le banquier jongle, c’est nous qui le ramassons dans la gueule.

    Connaissez-vous la différence entre un pilote d’air France et un banquier ?

    Le pilote d’air France ne vole que quelques heures par semaine.

  5. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    Je ne comprends pas tout, mais en ce moment puisqu’on ne prête plus, l’argent ne doit plus circuler ? (mis à part celui de la spéculation)

    1. Avatar de Moi
      Moi

      Elle circule moins. D’où la chute des indicateurs de la masse monétaire.

  6. Avatar de L
    L

    Pardon, ce que je dis n’a rien à voir directement avec le sujet,
    mais à propos de la vidéo du 29 janvier 2010 sur Daylimotion,
    quelqu’un pourrait-il faire une réponse au seul commentaire qui s’y trouve?
    Je n’ai pas tout compris mais ça me ferait mal qu’il n’y ait pas de réponse faite.
    Merci!
    J’essaie de transmettre les vidéos.

  7. Avatar de Galien
    Galien

    Merci de l’explication.
    J’aurais encore une question:
    Si maintenant on boucle le processus (de C à A) par la tritrisation que se passe-t-il?
    D’autre part selon le schéma la création de dette est disons, pour faire court, logarithmique. Est ce en adéquation avec la réalité?

  8. Avatar de zepelin
    zepelin

    Bonsoir
    La BCE impose on taux de reserve oblgatoire de 2%, dans votre exemple sur le dépot client X de 100, la réserve devrait etre 2?, reprennez moi si c’est une confusion.

  9. Avatar de liervol
    liervol

    Ce qu’on voit surtout c’est que 100 engendre 244 de nouveaux moyen de paiement.
    A propos d’où viennent les 100 parce que si l’ajusteur est payé par son employeur via sa ligne de découvert bancaire
    (par exemple tout bête et tout simple ), c’est bien d’un crédit que provient le dépôt de l’ajusteur. Donc encore une fois le crédit fait le dépôt.

  10. Avatar de Crapaud Rouge

    Pour moi, ça s’obscurcise un peu, mais, intuitivement, c’est bien ainsi que je le comprends: « … tandis que le jeton prêté ne fait que passer, comme dans le conte de La dame de Condé, mais à l’envers : plus le jeton passe, plus il laisse de dettes derrière lui. » Et c’est vrai, je pense, même des « jetons » qui servent à rembourser les dettes. Cependant, le système devrait s’auto-limiter puisque, pour toute banque, le montant total des crédits est limité par celui des dépôts. Faut-il expliquer la non limitation apparente par le fait que : « Et cette créance sur le client, c’est un actif, c’est une valeur. » , c’est-à-dire que cet actif autorise son propriétaire à prêter plus ? Si la réponse est oui, j’en resterais fort perplexe.

  11. Avatar de jeannot14
    jeannot14

    Et j’en rajoute une couche:

    Maintenant, il reste à déterminer si l’apport initial du travailleur de la SNCF, provenait d’un travail créateur de richesse ou d’un travail non productif de richesse.(fonctionnaire de surcroit!!!!!!!!!)

    Comment faire pour différencier la monnaie à « valeur bien matériel » de la monnaie sans « valeur matérielle »?

    Quelle est la valeur d’une dette, assise sur une monnaie à valeur que l’on ne peut différencier d’une monnaie sans valeur.

    Une dette sans valeur c’est quoi?

    1. Avatar de liervol
      liervol

      Monsieur Voyer, vous ne devriez considérer que les intérêts et vous posez la question :
      est ce normal en définitive de rémunérer une banque parce qu’elle avance un pouvoir d’achat qu’elle ne possède pas plus que vous en réalité? Quelle est donc la légitimité de cet intermédiaire ?
      Car effectivement si les banques ne prêtaient que 100 euros au lieu de 244 euros on pourrait la concevoir mais ce n’est pas le cas. C’est donc un système qui si je ne peux nier son intérêt évident pour tous favorise aussi tous les abus car il n’y aucune limite à la prise d’intérêts si les emprunteurs sont solvables et quand ils ne le sont pas c’est tous les autres qui trinquent comme actuellement et pas la banque au nom du principe que le système risquerait de s’écrouler et faire plus encore de dégats. Vous voulez à tout prix qu’une banque soit une entreprise comme les autres, pourtant elle possède des avantages que les autres n’ont pas.

    2. Avatar de JeanNimes
      JeanNimes

      à jeannot14

      Je ne comprends pas bien votre allusion au fait que le fonctionnaire aurait un travail non productif de richesse…

      Si vous faites ainsi allusion au point de vue du capitaliste, vous avez entièrement raison ! C’est ce que Marx démontre tout au long du Capital : pour le capitaliste il n’y a qu’un travailleur productif, celui qui lui rapporte de la survaleur (plus-value, comme on disait autrefois). Tous les autres ne viennent que réduire cette part de survaleur qu’il s’octroie : il faut donc de son point de vue réduire les coûts d’entretien et de renouvellement de la force de travail (réduire les salaires, réduire les enseignants, les médecins et autres suceurs -malheureusement inévitables- de survaleur, mais aussi les routes, les canaux… sans compter les agents de police et du fisc !).

      Ainsi, si vous considérez qu’un enseignant ne produit rien par son activité parce que c’est un fonctionnaire, alors vous êtes un libéral complètement décomplexé ou qui s’ignore !

      En revanche si vous considérez que les travailleurs même non productifs de survaleur sont quand même utiles, créatifs, voire indispensables… alors c’est que vous avez envie d’une autre société qui ne se limite pas à la comptabilisation de la survaleur exploitée sur le dos des dits travailleurs, qu’ils soient fonctionnaires ou non d’ailleurs.

    3. Avatar de jeannot14
      jeannot14

      JeanNimes, c’était tout simplement un clin d’oeil, de l’humour potache, allusion illusoire.C’était facile, je milite pour le maintien des services publics, d’une république avec des principes républicains et laïques. Principes n’étant valeurs, valeur réunissant des groupes et non pas l’ensemble des individus de notre République.

    4. Avatar de cyril
      cyril

      à liervol
      je ne trouve absolument pas normal
      et ça ne l’est pas dans l’absolue (même pour faire fonctionner l’économie on peut trouver mieux)

  12. Avatar de Rumbo

    liervol dit :
    8 février 2010 à 23:20

    Tout à fait. Les banques ne peuvent être des entreprises comme les autres sous le régime actuel
    J’enchaine ainsi, si les entreprises de maçonnerie qui construisent des maisons travaillaient comme les banques actuellement, l’entreprise de maçonnerie qui construit une maison pour un de ses clients demanderait en paiement à son client que ce client lui construise, disons, une maisonnette par an pendant vingt cinq ans. Voici, imagé, l’absurdité d’ailleurs voleuse des banques par les intérêts qu’elles demandent sur de l’argent qu’elles s’approprient et qu’elles louent très cher quand elles font des prêts. Nous ne réfléchissons jamais à ce que cela représente, mais nous gémissons du coût ahurissant de la vie…

    Car le client qui demande un crédit est lui seul le porteur de garanties demandés par la banque pour l’argent qu’il demande. La banque, à ce stade, risque très peu. Car ce sont des garanties à lui, le client, puisqu’il met ses garanties dans la balance pour un argent qui n’a de la valeur – que – parce que – lui – apporte des garanties à la banque. Donc cet argent lui appartient de facto (et devrait lui appartenir de juré) et il n’a que la responsabilité juridique d’accomplir le remboursement. La banque n’a pas à s’approprier et louer (et à quel prix!) l’argent des crédits demandés. Un argent qui, premièrement, n’aurait aucune valeur s’il n’y avait pas les garanties du client qui emprunte, et, deuxièmement, l’argent des crédits octroyés n’a de valeur que parce qu’il y a des produits et des services fabriqués sur le marché qui donnent la valeur à l’argent – et non l’inverse -, argent dont on se sert pour acheter les produits et les services, sans lesquels l’argent ne servirait à rien, n’aurait pas de sens.

    Rappel de base (autrement on s’embarque dans des explications absconses): ce sont les produits et services fabriqués par la société productrice dans son ensemble qui authentifie l’argent et donnant la possibilité de monétiser la production des biens et des services ce qui forme concrètement ce qu’on appelle un pouvoir d’achat. Ce pouvoir d’achat se rapporte à la possibilité de se procurer des produits et des services. Donc rappel très éclairant: parmis les produits et les services qu’on trouve sur le marché, il y a parmis tous les services vendus, ceux de la banque, les services comptables de la banque qu’on doit payer comme on paie une autre entreprise (par ex. l’entreprise de maçonnerie qui vous construit une maison, etc.) et rien de plus, surtout pas d’intérêts. L’argent prêté ne doit pas appartenir à la banque, mais à celui qui emprunte et qui endosse alors seulement la responsabilité de restituer cet argent qui sera détruit lors du remboursement du crédit; c’est ce qui se passe quand on paie comptant l’achat d’un produit ou d’un service, donc sans crédit. Les prix ne comporteront plus cette addition d’intérêts qui, aujourd’hui, provient de l’accumulation de tous les intérêts bancaires de toutes les entreprisesl ayant besoin de financement par les banques et qui doivent grever leur prix à cause des inérêts bancaires et des frais financiers, tous ces frais énormes se retrouvent, bien lovés, dans les prix que nous payons au quotidien, comme à terme.

  13. Avatar de Toute Neuve
    Toute Neuve

    @Crapaud Rouge
    Non, le montant total des crédits – de l’ensemble des banques – n’est limité pas par celui des dépôts: il est limité par la demande des agents non bancaires et les besoins de monnaie centrale pour les établissements bancaires; ce qu’on appelle « fuites » (plus les règles de Bâle 2 qui limitent les crédits nouveaux en fonction des fonds propres)
    Le montant total des crédits accordables pour une enseigne bancaire donnée (BNP, SG, BRED, etc) est ne fonction de sa part de marché (tous autres paramètres restant constants) : autre explication qi vaut ben celle de Schumpeter : celle d’Henry Tulkiens http://monnaie.wikispaces.com/Henry+Tulkens

    @Tous
    « L’erreur de Creutz », si vous lisez bien le lien que j’ai donné, c’est que ce ne sont pas les dépôts à vue qui sont prêtés… la banque crée littéralement de nouveaux crédits, monnaie scripturale (« reconnaissances de dette » si l’on veut… je ne suis pas bloquée sur l’utilisation de cette dénomination: on pourrait aussi parler de « pseudo monnaie »:)).

    A partir d’une certitude d’obtenir 100 de la banque centrale ou d’un dépôt d’un client en monnaie centrale ( monnaie fiduciaire) dans une banque, l’ensemble du système bancaire peut créer X fois (de l’ordre de 6 à 7, suivant le taux de fuites de billets ou le taux de Réserve Obligatoire) ce montant en nouveaux crédits (nouvelle « monnaie » scripturale) sans toucher aux comptes bancaires (dépôts à vue) des client…

    L’erreur qui a été attribuée aux « créationnistes » est flagrante sur ce point, en leur faisant dire que les banques prêtaient une partie des dépôts à vue de leurs clients, du fait qu’il apparait que le montant des crédits est un rapport du montant des dépôts à vue (mais on peut toujours faire dire ce que l’on veut aux rapports): les banques ne prêtent pas les dépôts à vue de leur clients sans le leur dire, cet « argent » ou une partie de cet argent n’est pas à deux endroits à la fois. Ceci apparait bien dans cet article http://tinyurl.com/yguopo4

    1. Avatar de Toute Neuve
      Toute Neuve

      « n’est limité pas par celui des dépôts » … lire évidemment  » n’est pas limité par celui des dépôts » 🙂

  14. Avatar de Politique
    Politique

    Merci Mr Voyer de votre schéma qui permet une compréhension pour tous y compris pour moi-même.

  15. Avatar de nico_38
    nico_38

    Ce conflit sur la compréhension de la mécanique monétaire me gène quelque peu. Je me demande si on n’est pas en train de discuter du sexe des anges (©pj !…).

    Que deviennent ces 2 tableaux si on regroupe en 2 familles cumulées :
    Les banques d’un coté et les clients de l’autre ?

    >>tableau 1:
    Banques : réserves 27, credits 244
    … mais si on mettait le stop au tableau 1 au même niveau que le tableau 2 on aurait :
    Banques : réserves 27, credits 171, trésorerie 73
    Clients : depots 271

    >>tableau 2:
    Banques : réserves 27, credits 171, trésorerie 73
    Clients : depots 100, avoir 171

    La différence s’estompe déjà quelque peu… La compensation influence chaque banque prise individuellement mais au niveau global, elle s’annule par définition.

    L’écart se situe donc dans ce qui est appellé « avoir » au lieu de « dépot » et « trésorerie » au lieu de « crédit ».

    Il me semble que pour les clients (les non-banques), les dépots (espèces) et avoirs(monnaie scripturale) sont sommés/mélangé/mixées dans leurs comptes à vue : et comme l’usage courant d’échange entre clients se fait de plus en plus hors espèces, cela ne change pas grand chose. Les avoirs sont bien utilisés comme moyens de paiement et à l’usage, ils ressemblent à s’y méprendre à une dépot…

    Bref, l’écart entre les deux « concepts » se situe bien au niveau de la sémantique…

    1. Avatar de J-P Voyer

      Cher monsieur, j’ai modifié mes tableaux après la lecture de votre réponse.

      USM 3

      Notez qu’il ne s’agit pas de bilans mais de journaux très abrégés. J’ai allongé les libellés qui étaient trop succincts. J’ai ajouté également cet avertissement « Voici comment les choses se passent. Notez qu’à mon habitude, je reconstitue, à rebours, les écritures du journal qui ont conduit au bilan présenté dans le schéma faux. Il est question de généalogie, ici, et seulement de généalogie. N’y a-t-il qu’une monnaie de naissance noble, au château ; ou bien y a-t-il aussi une monnaie de naissance vile, dans les faubourgs ? Or vous ne pouvez traiter les questions d’origine dans un bilan où tout est compensé et consolidé, toutes trace du passé effacées, mais seulement dans le journal qui garde trace de toutes les opérations qui ont menée à cet état des choses »

      JPV

  16. Avatar de Toute Neuve
    Toute Neuve

    Monsieur Voyer
    Et pour l’ensemble des banques A,B,C,D, etc .. votre explication donne quoi, si vous consolidez les comptes ?

  17. Avatar de Bourdon
    Bourdon

    Que font les banques, créent elles ou non de la monnaie, je crois que ce qui diffère la banque des autres entreprises devraient nous amener à mieux appréhender la question.

    – dans un restau, pour prendre de nouveaux clients et faire des recettes supplémentaires, il faut libérer la table en 1er lieu, la banque fonctionne en temps réel et elle n’a pas à libérer la table pour servir de nouveaux clients, elle dresse virtuellement une nouvelle table au dessus de la première pour créer son nouveau prêt…

    – dans une entreprise de service, il faut libérer la personne pour lui permettre de s’occuper d’un nouveau client, dans l’industrie et même en cas de sous activité, il y aura besoin de matières 1ères ou de main d’oeuvre supplémentaire pour satisfaire un nouveau client ou produire une nouvel article.

    Il me semble donc que la banque est une activité à part, son rôle est lui aussi particulier, il sert l’intérêt collectif…

    En fait je pense que le problème des banques est vicié à la base, c’est une entreprise différente des autres, elle participe de l’intérêt général, CE QUI EXPLIQUE D’AILLEURS L’AIDE QU’ELLES ONT RECUES DES ETATS, ce faisant ce n’est pas tant ce qu’elles font en interne qui est dérangeant, c’est que d’une part, la totalité des bénéfices qu’elles font devrait revenir au collectif, ensuite qu’elles ne devraient pas avoir la possibilité de jouer pour elles en spéculant comme elles le font.

    Je ne suis pas de gauche, de coeur ni d’esprit, ce me semble ce que font les USA en monétisant la dette est tout simplement l’application de cette règle, elles font le banquier, la valeur de la monnaie est celle que l’on veut bien lui donner, disons le la monnaie est aujourd’hui fictive, elle est une écriture quelque part avant tout et dépend de la puissance de celui qui écrit ou de celui qui dit avoir l’argent, en ce sens la non converibilité en or est une séquence logique, la monnaie est avant tout fictive…

    Maintenant peut on laisser ce droit de jouer avec une monnaie fictive à une entreprise privée hors du champs de contrôle du collectif, c’est peut être cela la vraie question…

    Ce n’est pas de nouvelles règles de contrôles qu’il faut parler, c’est du rôle des banques dans la société, le capital des banques devrait obligatoirement appartenir aux états car elles disposent de la création monétaire qui est du domaine du collectif et donc de l’état et non du privé, reste alors à trouver un mode de fonctionnement des banques en accord avec leur rôle collectif…

    1. Avatar de enzobreizh
      enzobreizh

      @ Bourdon
      Je pense que vous tenez le point central de tout le probléme, la monnaie , à mon sens, est un bien public au même titre que l’eau, l’air, …….
      Nationalisons les banques pour y faire le ménage, et regagner les intérêts ponctionnés par la finance.

    2. Avatar de Paul
      Paul

      @ enzobreizh,

      vous concluez:

      « Nationalisons les banques pour y faire le ménage, et regagner les intérêts ponctionnés par la finance. »

      Et pensez vous donc, c’est bien connu que les fonctionnaires sont tous d’honnêtes gens, en plus ils sont très nombreux, alors la ponction sera faite pour payer leurs salaires. La morale est sauve !

      Il n’y a qu’a voir les fonctionnaires de Bruxelles, avec leur lobbies avenue …

    3. Avatar de enzobreizh
      enzobreizh

      @ paul
      je pars du principe que la banque nationalisé devienne une banque de credit et de dépot pas de spéculation, quand je parle de regagner les intérêts il s’agit de foutre en l’air cet intermédiaire entre la BCE et l’état qui greve notre dette.
      Parce que vous croyez qu’une banque d’état ponctionne plus à l’économie (eu égard à ses fonctionnaires trop nombreux et couteux: salaud de fonctionnaire) qu’une banque privée, pourriez vous me l’expliquer s’il vous plait .

  18. Avatar de Toute Neuve
    Toute Neuve

    Schumpeter explique ainsi « l’expansion du crédit  »

    Le processus de création des dépôts, souvent qualifié de « création de crédit », est fondamental pour comprendre la monnaie et la banque. Un examen complet de ce processus essentiel permet de percevoir la nature des dépôts à vue, des dépôts à terme ou d’épargne, la fonction des réserves et le rôle de la banque centrale.

    Le problème de la création de crédit est habituellement présenté au néophyte sous l’aspect du paradoxe du système totalement « prêté », dans lequel les dépôts sont un multiple des réserves – un multiple égal à l’inverse du ratio de réserves – et dans lequel la banque individuelle, dont les dépôts sont aussi un multiple des réserves, ne peut pas, sur la base d’une augmentation donnée de ses réserves, étendre ses dépôts plus que d’un montant égal aux réserves extra excédentaires. La banque individuelle est dépourvue du pouvoir de « multiplier » les dépôts, bien que d’une manière ou d’une autre le système ait ce pouvoir et en réalité la banque individuelle, dans l’équilibre final, semble avoir multiplié les dépôts.

    La succession des événements dans le système bancaire qui donne la clé du paradoxe est indiquée ci dessous :

    (1) Banque A

    Actif
    Réserves :1000$
    Passif
    Dépôts:1000$

    Si l’obligation de réserves est de 10%, la banque A possède des réserves excédentaires pour un montant de 900$ – cela signifie qu’elle peut faire face à un solde de compensation défavorable de 900$ et toujours satisfaire à l’obligation de réserves pour les 1000$ de dépôts avec lesquels elle a commencé.

    (2) Banque A

    Actif
    Réserves 1000$
    Inv., Prêts 900$
    Passif
    Dépôts 1900$

    Ici est indiqué le processus par lequel les prêts et les investissements sont réalisés – des prêts par crédit du compte de dépôts étant accordés aux emprunteurs. Si une obligation était achetée par une banque pour être ajoutée à son portefeuille, le bilan présenterait une variante par rapport au précédent :

    (2a)

    Actif
    Réserves: 1000$
    Inv., Prêts: 900$
    Passif
    Dépôts: 1000$
    Effets à payer 900$

    Les effets à payer font référence aux moyens de paiement remis aux vendeurs des obligations.

    Quand les effets sont présentés au paiement, ils sont annulés et remboursés par des réserves. Dans le cas (2), le dépôt issu du crédit de l’emprunteur est utilisé. Naturellement il n’a payé six pour cent sur son emprunt, qu’avec l’idée d’en utiliser le produit. Quand il établit des chèques sur son compte de dépôt, ces chèques sont remis à des individus ou des entreprises qui, en toute probabilité, sont dans une autre banque ou une autre ville. Ils déposent leurs chèques à leurs propres banques qui les présentent à la compensation pour paiement par la banque A. Si la banque A était en équilibre avant de faire ces prêts ou investissements – c’est-à-dire, avec un solde habituellement nul en moyenne auprès de la chambre de compensation -, les créances contre elle résultant de nouveaux prêts ou investissements généreraient un solde défavorable en chambre de compensation. Elle doit effectuer des paiements pour cet excès de créances contre elle par rapport à ses créances contre d’autres banques. Ses réserves sont réduites. Ainsi partant de la situation (2) comme de la situation (2a), nous en arrivons pour la banque A à ce qui suit :

    (3)
    Actif
    Réserves :100$
    Inv., Prêts: 900$
    Passif
    Dépôts :1000$

    En fait les 900$ de réserves sont allés dans le reste du système bancaire. Ils peuvent être allés dans une seule banque ou dans de nombreuses banques, cela dépend de facteurs aussi évidents que le nombre d’emprunteurs qui ont reçu les dépôts, leur manière de les dépenser et des pratiques bancaires de ceux qui reçoivent les dépenses des emprunteurs initiaux.
    Dans le cas le plus simple, les 900$ supplémentaires vont à une seule banque B:

    (4) Banque B

    Actif
    Réserves : 900$
    Passif
    Dépôts :900$

    Si la banque B considère le dépôt des 900$ supplémentaires comme une part normale et stable des moyens de circulation partagés avec la banque A, c’est-à-dire considère que sa part normale du marché bancaire a augmenté de 900$, elle reconnaît l’existence de réserves excédentaires pour un montant de 810$. Elle peut augmenter ses prêts et investissements et faire face à un solde de compensation défavorable qu’une telle augmentation entraîne. Ainsi l’étape suivante dans le processus est atteinte, lorsque la banque B réagit de la même manière, bien qu’à une échelle moindre, que la banque A en (2) à un excès de réserves.

    (5) Banque B

    Actif
    Réserves: 900$
    Invest.810$
    Passif
    Dépôts : 900$
    Effets à payer : 810$

    Au fur et à mesure que les effets, utilisés pour financer des investissements et tirés sur la banque elle même, sont présentés au paiement, les réserves se réduisent :

    (6)Banque B

    Actif
    Réserves : 90$
    Invest. : 810$
    Passif
    Dépôts :900$

    Les 810$ de réserves utilisés pour payer les effets sont répartis dans le système bancaire. Ils peuvent être répartis entre de nombreuses banques. Dans le cas le plus simple, ils vont à une seule banque. Dès que cette banque C considère ces dépôts qui sont à l’origine de ces réserves comme stables, c’est-à-dire comme constituant sa part normale des moyens de circulation, elle reconnaît l’existence de réserves excédentaires et se développe.

    (7) Banque C

    Actif
    Réserves : 810$
    Passif
    Dépôts : 810$
    (8)Banque C
    Actif
    Réserves: 810$
    Invest.: 729$
    Passif
    Dépôts :810$
    Effets à payer: 729$

    Après paiements des effets, la banque se trouve dans la situation suivante compte tenu de la séquence des opérations que nous suivons :

    (9) Banque C

    Actif
    Réserves: 81$
    Invest. : 729$
    Passif
    Dépôts : 810$

    Les réserves utilisées pour effectuer le paiement réapparaissent dans la banque D :

    (10) Banque D

    Actif
    Réserves : 729$
    Passif
    Dépôts: 729$

    Dans la mesure où ces dépôts sont considérés comme stables, une expansion se produit avec l’achat de titres d’investissement :

    (11) Banque D

    Actif
    Réserves : 729 $
    Invest. : 656.10$
    Passif
    Dépôts: 729 $
    Effets à payer : 656.10$

    (12) Banque D

    Actif
    Réserves : 72.90$
    Invest. : 656.10$

    Passif
    Dépôts: 729$

    Le processus se poursuit jusqu’à ce que la vague de croissance, en diminution progressive, avoisine zéro. Lorsqu’une situation de stabilité et d’équilibre est atteinte, le total des nouveaux dépôts est égal à 10000$, le total des prêts et investissements est augmenté de 9000$. Pour l’ensemble du système bancaire, la situation sera la suivante :

    Système bancaire

    Actif
    Réserves : 1000$
    Prêts, Inv. :9000$
    Passif
    Dépôts : 10000$

    La compréhension du mécanisme d’expansion présenté donne une idée du processus inverse de contraction, consécutif à une perte nette de réserves par le système bancaire, dans lequel chaque banque cède des placements pour combler son insuffisance de réserves. Une banque qui cède des titres de placement améliore sa propre position en réserves aux dépens des autres banques.

    Chaque transfert de réserves d’une banque à l’autre s’accompagne de la disparition de dépôts. Si une banque vend des titres à l’un de ses propres clients, les dépôts sont directement annulés ; si elle vend à une autre banque ou à un client d’une autre banque, il n’y a pas d’effet immédiat sur les dépôts de la banque vendeuse, mais la pression tenant à l’insuffisance de réserves est transférée de la banque vendeuse à l’autre banque.

    Ainsi, nous partons de la situation (1) de la banque A qui a un dépôt de 1000$ en contrepartie d’actifs normalement alloués – des réserves au minimum légal et des prêts et des investissements au maximum.

    (1) Banque A
    Actif
    Réserves : 100$
    Prêts, Invest.: 900$
    Passif
    Dépôts :1000$

    Si le déposant le transforme en liquide, la banque va enregistrer une insuffisance de réserves de 900$. Elle va s’efforcer de se réapprovisionner en réserves en cédant 900$ des ses titres de placement – cela signifie qu’elle peut vendre des obligations, des bons du Trésor ou des titres à l’open market.

    Fondamentalement la banque A, par la vente, convertit 900$ d’investissements en liquidités pour satisfaire la demande de ses clients. La succession des étapes présentée ci dessous ne sera pas forcément exactement celle qui sera suivie en pratique mais, en principe, le processus peut être décrit ainsi :

    (2) Banque A

    Actif
    Réserves : 1000$
    Passif
    Dépôts 1000$

    (3) Banque A

    Actif
    Réserves dépensées
    Passif
    Débit ou suppression de compte de dépôts

    Les titres liquidés par la banque A sont achetés par un client de la banque B. Avant son achat de titres vendus par la banque A, son dépôt était le suivant :

    Banque B

    Actif
    Prêts, Invest. : 810$
    Réserves: 90$
    Passif
    Dépôts : 900$

    Son dépôt étant versé à la banque A, la banque B est confrontée à un solde de compensation défavorable de 900$. Elle y fait face avec du liquide ou des réserves – 90$ de réserves contrepartie du dépôt versé, 810$ obtenus par liquidation, vente à l’open market, de titres d’investissements.

    Résultat net pour la banque B : 810$ par conversion de titres en liquide ou réserves, 90$ de réserves versées et 900$ de dépôts utilisés.

    Les titres vendus par la banque B sur le marché sont achetés par un client de la banque C. Celle-ci doit faire face à un solde de compensation défavorable de 810$. Elle utilise les 81$ de réserves, contrepartie des 810$ de dépôts dépensés par l’acheteur des titres vendus par la banque B et par les réserves additionnelles de 729$ obtenues par la liquidation de ses propres titres, 729$ étant en un certain sens alloués en contrepartie des dépôts dépensés. Résultat net pour la banque C : 729$ de titres convertis en réserves, perte de 81$ de réserves et disparition de 810$ de dépôts.

    La vente des titres par la banque C affecte la banque D. Une vague continue de liquidation d’investissements et de dépôts se propage dans le système bancaire :

    Système bancaire

    Actif (-10000$)
    Réserves en moins :1000$
    Invest. en moins : 9000$
    Passif (-10000$)
    Dépôts en moins : 10000$

    La contraction totale des dépôts est ainsi égale à un multiple des liquidités retirées – le multiple étant l’inverse du ratio de réserves.
    En relation avec cette présentation, il faut noter que si l’expansion des dépôts génère de nouveaux besoins en liquidités manuelles, la ponction résultante sur les réserves agit comme un frein au processus d’expansion, limitant la croissance des dépôts d’un montant égal à un multiple de la ponction. Inversement, si la contraction des dépôts sert à réduire le besoin de liquidités manuelles, le flux résultant de liquidités revenant dans les banques tend à amortir la contraction d’un multiple du flux de retour. L’évidence empirique, cependant, tend à montrer que les besoins de liquidités ne sont pas une fraction fixe du moyen de circulation, mais sont principalement déterminés par d’autres facteurs qui peuvent ou non être clairement liés à la quantité du moyen d’échange.
    Il faut attirer l’attention sur le phénomène du « flottant ». Quand un paiement par chèque est réalisé, le bénéficiaire le dépose d’habitude à sa banque qui, ensuite, le présente à la banque de l’émetteur. Jusqu’à la présentation, le compte de l’émetteur n’est pas affecté alors que le compte du bénéficiaire est crédité. Pendant ce délai – qui peut être appréciable dans le cas de banques séparées géographiquement par une distance considérable -la monnaie de dépôt existe à deux endroits. H en résulte une surestimation statistique du moyen de paiement en circulation – temporairement pour un élément donné mais de façon permanente avec le flux continu d’opérations de présentation. Cette exagération statistique des dépôts est qualifiée de « flottant ».

    Cas particuliers de création de dépôts par une banque en situation de monopole et par une banque appartenant à un système de banques en expansion simultanée.

    Résumé :

    À tout moment, la capacité d’une banque particulière à étendre ses prêts et investissements est une fonction de ses réserves excédentaires. Des exceptions techniques, d’importance non fondamentale, apparaissent dans les cas d’une banque bénéficiant plus ou moins d’une position de monopole et dans le cas d’une banque en croissance dans un système en croissance. Quand ils sont prêtés, ses dépôts sont un multiple des réserves ; ceci est vrai d’un système qui est la somme des positions individuelles des banques. Le multiplicateur est l’inverse du ratio de réserves.

    Ceci devrait clore le débat sans fin sur l’expansion du crédit (de monnaie scripturale = reconnaissances de dettes bancaires = « pseudo monnaie ») et bien sur non pas « argent » (dans le sens de monnaie fiduciaire = cash = espèces ) que seules les banques centrales émettent à la demande des agents non bancaires

    1. Avatar de Crapaud Rouge
      Crapaud Rouge

      « Ceci devrait clore le débat sans fin sur l’expansion du crédit » : sage précaution que de recourir au conditionnel. Bien malin qui mettra fin à ce débat…

    2. Avatar de Paul Jorion

      Je viens de lire le texte de Schumpeter. Il décrit le mécanisme des réserves fractionnaires, tel que je le rapporte de mon côté dans « L’argent, mode d’emploi » aux pages 137 à 146. Il n’y a pas de création monétaire « ex nihilo », ni dans son explication, ni dans la mienne. En toute modestie, j’ajouterai que mon explication est aisément compréhensible et la sienne, passablement embrouillée. Ceci dit, il faut souligner que la démonstration de Schumpeter ne vise en aucune manière à prouver qu’il y aurait création monétaire « ex nihilo ». J’espère que ma réponse vous convient.

  19. Avatar de modeledesaions

    Les banques ne devraient-elles pas pouvoir prêter au plus que ce qu’elles ont comme actifs ?
    Mais quid alors des règles de concurrence et de compétitivité sur le (les) secteur (s) national et internationale ?
    C’est donc impossible à gérer dans le système tel qu’il est théoriquement décrit et mis en pratique aujourd’hui.
    Vous me direz peut-être qu’aujourd’hui la compétitivité n’est pas réellement productive…

  20. Avatar de Jérémie Martin
    Jérémie Martin

    Ce blog est de moins en moins un simple blog et de plus en plus un véritable média citoyen.

    Inutile de chercher un job d’universitaire monsieur Jorion : vous êtes déjà directeur de rédaction à plein temps.
    Et pas directeur de n’importe quel canard : le directeur d’un des meilleurs média d’analyse et d’économie politique de la toile, une vraie référence.

    Si je puis me permettre, je vous suggérerai d’apporter quelques améliorations de forme, en vous inspirant des expériences de Rue89, d’Agoravox ou de Mediapart, afin de mettre à profit la marque « Paul Jorion » et développer une plateforme de travail collaborative d’un niveau supérieur.

    Vous avez fait le plus dur Monsieur Jorion : vous faire connaitre et reconnaitre. Dans le monde de l’information Internet, bien plus exigeant en réalité que le monde de l’information des media de masse, cela n’a pas de prix.

    Il est donc peut-être temps de changer de catégorie et de passer à l’étape suivante.

  21. Avatar de Paul Jorion

    Comme de nombreux participants à cette discussion (et ses précédents épisodes) ont manifestement la flemme de lire « L’argent, mode d’emploi » (Fayard 2009), je vous signale un article qui ne fait que neuf pages : It Is Now Mathematically Impossible To Pay Off The U.S. National Debt où l’auteur explique la circulation monétaire exactement de la même manière que moi dans mon livre. Nous sommes suffisamment peu nombreux pour que cela mérite d’être mentionné ! Par rapport à mon livre, ça a l’avantage d’être court et gratuit. Ça a l’inconvénient bien sûr d’être en anglais.

    Les « updates » (mises à jour) à la fin corrigent certaines erreurs dans le texte initial, comme l’affirmation que la Federal Reserve serait une banque privée, etc. Mon amie Ellen Brown est longuement citée.

    1. Avatar de Bruno LEMAIRE

      Bonjour Paul,

      sur le titre de l’article, nous sommes évidemment d’accord, « créationnistes » comme anti-créationnistes. Les US, sous le système actuel, ne pourront jamais rembourser leurs dettes. C’est impossible pour la Grèce, Holbecq l’a montré pour la France. Peut être que nos explications divergent, mais nous disons tous que, sans révolution monétaire, les dettes ne seront jamais rembousées.

      Sur le fait que cet artcile vous conforte dans votre thèse, les quelques lignes que j’ai lue me semblent aller plutôt dans le sens de ce qu’écrit M. Allais et ses « disciples ».

      La seule différence entre les US et l’Europe, sur ce point, et elle est de taille, c’est que la Féderal Reserve est possédée par un consortium de banques privées, et que la BCE ne l’est pas.

      Sinon M0, qui représente la monnaie centrale, c’est à dire les billets et pièces en circulation, plus la monnaie scripturale bancaire, a la même définition des deux côtés de l’atlantique.
      M1, qui reprèsente la somme « espèces en circulation » plus « monnaie fiduciaire » a aussi la même définition.

      C’est la Federal Reserve qui crée les espèces (currency) de même que c’est la Banque Centrale européenne qui crée les billets, les euros papier. Là dessus, tout le monde est d’accord.

      Quant à M1, c’est justement là qu’est la question: est-ce une variable « endogène » au système, ou est-elle exogène, est-ce que ce sont les banques privées qui ont leur mot à dire, en octroyant ce nouveaux prêts, ou non.

      Les banques privées ne créent pas l’argent, c’est sûr, mais est-ce qu’elles créent la monnaie?

      Cordialement, B.L.

    2. Avatar de Toute Neuve
      Toute Neuve

      Que dit Ellen Brown que par exemple Schumpeter (et les « créationnistes » également) ne disent pas ?

      The following chapters track the web of deceit that has engulfed us in debt, and present a simple solution that could make the country solvent once again. It is not a new solution but dates back to the Constitution: the power to create money needs to be returned to the government and the people it represents. The federal debt could be paid, income taxes could be eliminated, and social programs could be expanded; and this could all be done without imposing austerity measures on the people or sparking runaway inflation. Utopian as that may sound, it represents the thinking of some of America’s brightest and best, historical and contemporary, including Abraham Lincoln, Thomas Jefferson and Benjamin Franklin. Among other arresting facts explored in this book are that:

      * The « Federal » Reserve is not actually federal. It is a private corporation owned by a consortium of very large multinational banks. (Chapter 13)
      * Except for coins, the government does not create money. Dollar bills (Federal Reserve Notes) are created by the private Federal Reserve, which lends them to the government. (Chapter 2)
      * Tangible currency (coins and dollar bills) together make up less than 3 percent of the U.S. money supply. The other 97 percent exists only as data entries on computer screens, and all of this money was created by banks in the form of loans. (Chapters 2 and 17)
      * The money that banks lend is not recycled from pre-existing deposits. It is new money, which did not exist until it was lent. (Chapters 17 and 18)

      http://www.webofdebt.com/excerpts/introduction.php

    3. Avatar de Bruno LEMAIRE

      En fait un passage donne raison à Paul et l’autre, celui qui le suit peut être interprété comme pour donner raison aux créationnistes. Fort instructif:

      When you go over to your local bank and deposit $100, they do not keep your $100 in the bank. Instead, they keep only a small fraction of your money there at the bank and they lend out the rest to someone else. Then, if that person deposits the money that was just borrowed at the same bank, that bank can loan out most of that money once again. In this way, the amount of « money » quickly gets multiplied. But in reality, only $100 actually exists. The system works because we do not all run down to the bank and demand all of our money at the same time.
      According to the New York Federal Reserve Bank, fractional reserve banking can be explained this way….
      « If the reserve requirement is 10%, for example, a bank that receives a $100 deposit may lend out $90 of that deposit. If the borrower then writes a check to someone who deposits the $90, the bank receiving that deposit can lend out $81. As the process continues, the banking system can expand the initial deposit of $100 into a maximum of $1,000 of money ($100+$90+81+$72.90+…=$1,000). »
      So much of the « money » out there today is basically made up out of thin air.
      In fact, most banks have no reserve requirements at all on savings deposits, CDs and certain kinds of money market accounts. Primarily, reserve requirements apply only to « transactions deposits » – essentially checking accounts.
      The truth is that banks are freer today to dramatically « multiply » the amounts deposited with them than ever before. But all of this « multiplied » money is only on paper – it doesn’t actually exist.

    4. Avatar de Paul Jorion

      Sur cet article,

      … les quelques lignes que j’ai lues…

      Nous perdons beaucoup au fait que vous lisiez si peu sans que cela vous gêne pour exprimer une opinion : vous savez ce que dit cet article en n’en ayant lu que quelques lignes, de la même manière que vous rédigiez des pages entières d’objections à mon livre « L’argent, mode d’emploi » sans même l’avoir lu. Cette attitude cavalière vient renforcer le sentiment que d’autres que moi ont déjà exprimé ici : que vous êtes ici pour nous vendre quelque chose et que votre prétention d’engager un dialogue n’est rien de plus qu’un procédé rhétorique.

    5. Avatar de Paul Jorion

      Mon démontage de l’argumentation fallacieuse de Schumpeter se trouve aux pages 150 à 153 de « L’argent, mode d’emploi » (Fayard 2009).

  22. Avatar de Jean-Louis M
    Jean-Louis M

    Je comprends mieux l’excellent livre de Paul Jorion que votre billet. Je relis son livre avec la lenteur nécessaire à une bonne incorporation. Pourrais-je dire que le livre « l’Argent, mode d’emploi » peut trouver un résumé de la pensée de Paul dans les pages 50 et 51 ? Sans me tromper ?
    Petit rappel : http://www.nationspresse.info/?p=63489

    Quant à parler de l’ignorance de la vitesse de la circulation monétaire chez Helmut Creutz, c’est vouloir être plus royaliste que le roi. Croyez-vous que Creutz, fidèle de la pensée de Silvio Gesell, ignore cela ?
    Vous auriez pu signaler aux lecteurs de votre billet que vous avez extrait le graphique de Creutz à la page 170 de son livre « Le Syndrome de la monnaie », chapitre 12 : la « création monétaire » par les banques, question : comment fonctionne la « surmultiplication de la création monétaire » ?

    1. Avatar de Bruno LEMAIRE

      Rendons à César …
      Jean-Louis M. a eu raison d’insister.
      Les questions de définition, ou de sémantique, dont nous nous plaignons parfois (sur la différence entre monnaie et argent) ont effectivement été abordées fort précisément par Paul, entre les pages 48 et 51 de « argent, mode d’emploi ».

      Paul distingue trois concepts théoriques:
      « argent » (les espèces), les « reconnaissances de dette » (peut être la monnaie scripturale) et « la fortune ressentie ».
      Paul écrit, fort justement, qu’on utilise la monnaie sans toujours préciser ce qu’elle est, en la qualifiant de « notion pré-systématique ». Difficile d’être en désaccord sur ce point.

      Le point central est alors le suivant: si l’argent, concept à la fois théorique et concret [les espèces, billets ou pièces, sont bien concrètes, tangibles] a les trois caractéristiques d’une monnaie – au sens des thèses économiques habituelles [moyen de paiement universel – du moins à l’intérieur d’une certaine communauté – unité de compte et réserve de valeur) la monnaie scripturale a aussi- EN GENERAL, quand tout va bien – ces mêmes trois caractéristiques: c’est donc bien une « monnaie », au sens économiste et pratique du terme.

      En cas de panique bancaire, il peut se faire que la monnaie scripturale ne soit plus une « monnaie » parfaite, mais cela a aussi des répercussions sur l’argent au sens de Paul.

      En fait, la grande question est donc de faire en sorte qu’il n’y ait pas trop de reconnaissances de dettes – et donc de dettes – émises, par rapport à l’état général de l’économie,et que, de plus, ces dettes soient émises aux bonnes personnes pour de bons motifs.

      Chacun consent que la seule vraie richesse, c’est la capacité de production des hommes, capacité qui doit respecter les ressources limitées dont nous disposons, et qui doit être mise au service du bien commun, et en particulier des plus démunis. Une réforme, voire une révolution, monétaire est donc indispensable pour cela, nous le savons bien.

      Deux questions donc: quelle révolution faut-il faire, et comment la provoquer, voire l’imposer.

      C’est ce que nous propose Brieuc dans l’un de ses derniers commentaires, puisque, en dehors de l’interprétation de certains termes – ambigus comme Paul et d’autres l’ont écrit – il n’y a pas de réelles différences sur ce point entre Paul et les « créationnistes-destructionnistes », dès lors que l’on ne mélange pas « argent » et « autre chose ».

      B.L.

  23. Avatar de Jean-Louis M
    Jean-Louis M

    J’aurais du employer le mot « schéma » plutôt que « graphique » !

  24. Avatar de liervol
    liervol

    Je peux résumer Monsieur Jorion, s’il vous plait ?

    Notre système monétaire est fait de telle façon qu’il n’existe pas assez d’argent pour servir tout le monde tout simplement parce que nous sommes aujourd’hui et que les sommes en jeu reposent elles sur demain.

  25. Avatar de fujisan

    Voici un extrait du Crash Course de Chris Martenson que j’ai traduit en Français.

    Pour l’instant, laissons de côté la provenance de cet argent, supposons qu’une personne arrive avec 1 000 dollars et, par chance, une toute nouvelle banque sans dépôts vient d’ouvrir. Les 1 000 dollars sont déposés à la banque et maintenant la personne a une créance de 1 000 dollars (son compte bancaire) et la banque a une dette de 1 000 dollars (le même compte bancaire).

    Maintenant, une règle comptable, édictée par une loi nationale, permet aux banques de prêter à d’autres personnes une partie, une fraction de l’argent qu’elles ont en dépôt. En théorie, les banques sont autorisées à prêter jusqu’à 90% de ce que les gens leur ont déposé, même si, comme nous le verrons plus tard, la proportion est beaucoup plus proche de 100% que de 90%. Néanmoins, parce que les banques ne conservent qu’une fraction de leurs dépôts en réserve, ce procédé est appelé «système bancaire de réserve fractionnaire».

    Revenons à notre exemple; nous avons maintenant une banque avec un dépôt de 1 000 $ et les banques ne font pas de profits en gardant simplement les dépôts pour elles – mais elles gagnent leur vie en empruntant à un certain taux et en prêtant à un taux plus élevé.

    Comme toute banque peut prêter jusqu’à hauteur de 90% des dépôts de ses clients, la banque dans notre exemple trouve une autre personne qui souhaite emprunter 900 $.

    Cet emprunteur dépense alors cet argent en le passant à une autre personne, peut-être son comptable qui, à son tour, le dépose dans une banque. Que ce soit dans la même banque ou une autre banque ne change rien à cette histoire.

    Avec ce nouveau dépôt, la banque reçoit 900 $ tout neufs qu’elle peut utiliser et elle recherche activement quelqu’un qui veut emprunter 90% de ce montant, soit 810 $.

    Et voici un autre prêt, cette fois pour 810 $, qui est dépensé et redéposé à la banque et à nouveau, un dépôt de 810 $ tout frais est disponible pour des prêts. Ainsi, la banque prête 90% de 810 $ soit 729 $, et ainsi de suite jusqu’à ce que nous découvrons finalement que les 1 000 dollars déposés au départ ont proliféré en un total de 10 000 dollars.

    Toute cete monnaie est-elle réelle? Vous pariez qu’elle l’est, surtout si c’est sur votre compte bancaire. Mais si vous avez été attentif, vous vous rendrez compte qu’en fait nous avons ici trois choses. Tout d’abord, nous avons 1 000 dollars en réserve en banque, 10 000 dollars au total sur divers comptes bancaires et 9 000 dollars de nouvelle dette. Les 1 000 $ d’origine sont maintenant entièrement gardés en réserve par les diverses banques, mais chaque nouveau dollar, tous les autres 9 000 $, ont été prêtés et ne sont «garantis» que par un montant équivalent de dette. Comment va votre esprit? Est-il déjà dégoûté?

    Vous remarquerez également que si tout ceux qui ont déposé de l’argent à la banque voulaient reprendre tout leur argent en même temps, tous les 10 000 dollars, la banque ne serait pas en mesure de les payer parce que, bon, elle ne l’aurait pas. La banque n’a que 1 000 $ en réserve. Un point c’est tout. Vous remarquerez également que ce mécanisme de création de nouvelle monnaie à partir des nouveaux prêts et dépôts fonctionne très bien … tant que tous les empenteurs remboursent leurs dettes. Mais si un seul empenteur fait défaut, ne rembourse pas, alors les choses deviennent difficiles. Mais c’est une autre histoire pour plus tard.

    Je pense cela rejoint l’explication de Paul Jorion … du moins pour cet extrait-là, car Chris Martenson y parle de création (et destruction) monétaire et non de « multiplication » de crédit/dette.

  26. Avatar de Rumbo

    Bourdon dit :
    9 février 2010 à 12:11

    a écrit:

    «  »Il me semble donc que la banque est une activité à part, son rôle est lui aussi particulier, il sert l’intérêt collectif…

    (mon commentaire:
    oui sur le papier, mais pourquoi – offrir – aux banques et à leurs actionnaires, et sur un plateau d’argent, c’est le cas de le dire, tout l’actif d’un pays ou d’un espace économique considéré? Au nom de quoi? Alors que l’on voit bien que la banque ne peut fonctionner et faire des bénéfices QUE grâce à tout les ACTIFS du ou des pays où elle exerce. D’où l’urgence de confier la création de la monnaie à une entité monétaire (publique ou privé importe peu car il y a avec cette dialectique privé-public, ici déplacée, trop de risque d’égarer le débat comme d’habitude) et les banques avoir une couverture à 100%-monnaier)

    En fait je pense que le problème des banques est vicié à la base, c’est une entreprise différente des autres, elle participe de l’intérêt général, CE QUI EXPLIQUE D’AILLEURS L’AIDE QU’ELLES ONT RECUES DES ETATS, ce faisant ce n’est pas tant ce qu’elles font en interne qui est dérangeant, c’est que d’une part, la totalité des bénéfices qu’elles font devrait revenir au collectif, ensuite qu’elles ne devraient pas avoir la possibilité de jouer pour elles en spéculant comme elles le font. » »

    enzobreizh dit :
    9 février 2010 à 16:05

    a écrit:

    @ Bourdon
    «  »Je pense que vous tenez le point central de tout le probléme, la monnaie , à mon sens, est un bien public au même titre que l’eau, l’air, ……. » »

    Absolument!!

    La question de la nationalisation, ou non, de la banque est de peu d’importance à mon sens, ce qui compte est un fonctionnement avec un bon rendement et des objectifs constants.

    Je laisse une fois de plus la parole à Louis Even:

    – Les travailleurs du pays créent les richesses. Les banques font la comptabilité financière pour permettre aux citoyens d’échanger les richesses. Cette comptabilité financière, c’est l’argent.

    Les Français (et les citoyens des autres pays) sont, de droit, propriétaires des richesses qu’ils créent. Mais les banques volent aux Français (et aux autres) leurs richesses. Les banques se constituent elles-mêmes propriétaires de l’argent qu’elles fabriquent. Les banques inscrivent à leur propre actif ce qui devrait être l’actif de la société, l’actif du pays. En même temps, elles inscrivent au passif du pays toutes les richesses du pays. Cette dernière opération se fait quand les banques prêtent du crédit basé sur les richesses et qu’elles inscrivent ce crédit au passif des emprunteurs, qui sont les particuliers, les entreprises et les gouvernements.

    Les banques volent aux Français (et aux autres) l’actif du de la France (et des autres pays), en inscrivant cet actif à leur actif à elles et au passif du pays, dans leur comptabilité financière. Les banques volent le crédit de la société. Elles volent le crédit social.

    Les banques sont des faussaires. Elles pratiquent une fausse comptabilité de l’argent. Elles volent l’actif national, l’inscrivent au passif de la nation. Cela constitue la dette nationale, et cela fait naître des taxes voleuses.

    Les banques peuvent effectuer cette opération de vol, parce que tout l’argent qu’elles créent, elles le créent sous forme de prêts aux individus et aux gouvernements. Tout l’argent qui vient au monde dans le pays est créé par les banques et sous forme de dettes. C’est de l’argent-dette. Les banques devraient créer de l’argent libre de dettes, et le placer au crédit et non pas au débit de la nation.

    La dette nationale est la plus grande supercherie et la plus grande escroquerie de l’histoire. La dette nationale, c’est le capital national volé par la banque. La dette nationale devrait être convertie en capital national, en capital social, en crédit social.

    Et les intérêts sur la dette devraient être convertis en dividendes sociaux. De cette façon, les taxes disparaîtraient. Et les dividendes les remplaceraient. Les taxes qui sont imposées, quand on pourrait avoir un dividende. –

    1. Avatar de liervol
      liervol

      Voilà, une grande idée.

  27. Avatar de Brieuc Le Fèvre
    Brieuc Le Fèvre

    Monsieur Voyer,

    Vous enfoncez des portes ouvertes. Cela fait plus d’un an que des « créationnistes » essayent de vous dire que les banques ne créent pas de l’argent (nous sommes TOUS d’accord là-dessus), mais de la MONNAIE. Cette monnaie est éffectivement une dette, une dette qui passe de compte en compte, et est utilisées comme moyen de paiement.

    Franchement, j’en arrive à ne plus voir ce qui oppose « créationnistes » et « jorio-creutziens », à part des différences de sémantique, et le refus des « jorio-creutziens » de voir que les piles de dettes, garanties par une petite fraction de la « valeur » de ces dettes, titrisées et mises en pension à la BC, que cette pile de dette EST notre monnaie moderne! La pyramide de dettes que nous utilisons comme monnaie repose sur le pointe de la quantité d’argent qui est détenue par les banques comerciales auprès de la banque centrale. D’où les risques systémiques de bank run (tout le monde veut de l’argent à la place des dettes qu’il « possède » sur son compte en banque) et de credit crunch (les remboursements de dettes dépassent les créations de nouvelles dettes : le différentiel est une disparition nette de monnaie).

    Je ne perçois pas comment le monde « tout est argent » de MM. Jorion et Creutz peut expliquer ces deux risques systémiques, ni d’ailleurs les envolées des masses monétaires avec le temps.

    Mais peut-être est-il temps, en effet, de passer à la suite : qu’est-ce qui peut être proposé de concret et de fonctionnel pour l’avenir? Le crédit social, de Douglas? La monaie fondante de Gessel? Le crédit mutuel des SEL?

  28. Avatar de Bruno LEMAIRE

    cher Paul
    je pense que vous avez mal interprété ce que je dis.
    a) j’ai lu et relu votre livre – du moins les 100 pages centrales que vous m’avez indiquées
    b) je dis que l’article que vous citez, qui est excellent, peut être interprété de deux façons, et que c’est tout à fait instructif.
    Une interprétation de ce papier vous donne raison, une autre, en particulier du passage où il est dit que la monnaie scripturale peut grossir énormément (The truth is that banks are freer today to dramatically « multiply » the amounts deposited with them than ever before.) est ce que les créationnistes soutiennent.

    Puis, à nouveau une phrase que vous ne renierez pas:  » But all of this « multiplied » money is only on paper – it doesn’t actually exist. » C’est effectivement « sur le papier ». Les billets, les espèces correspondantes n’existent pas, nous en sommes d’accord.

    MAis LA question est: si cette monnaie scripturale n’avait aucun sens, pourquoi se préoccuper des dettes correspondantes.

    En ce qui concerne votre jugement à mon égard, je le regrette.

    Je ne cherche ni à vous attaquer, ni à vous ennuyer. Je dis que, au delà d’un problème d’interprétation sur le véritable impact de cette monnaie scripturale, qui se comporte « comme de l’argent » sans en être, il y a toute la question d’une véritable réforme du système monétaire.

    Je n’ai rien à vendre, ni à gagner, et je vois donc pas pourquoi je m’engagerais dans une discussion rhétorique avec quelqu’un comme vous, qui a l’immense mérite de vouloir faire bouger les choses dans un pays où les « élites » ne semblent rien vouloir entendre.
    Je pense que nous avons le même objectif, étant à peu près de la même génération: faire en sorte que le monde ne continue pas à courir droit à la catastrophe, et que nos enfants et nos petits enfants ne puissent pas se demander un jour pourquoi nous n’avons rien fait.

  29. Avatar de johannes finckh

    Si vos remarques sur les dettes et les créances en face sont évidemment justes, je ne comprends pas pourquoi vous accablez Helmut Creutz qui ne dit que ça! le schéma que vous reproduisez est pris hors contexte, le contexte disant justement ce que vous dites!
    Le créances et les dettes sont des grandeurs parfaitement égales et symétriques, leur somme est toujoures nulle!
    Quant au « jeton », à savoir la masse monétaire circulante, il est évident que ce jeton opère à chaque dépôt sur un compte une nouvelle créance et génère autant de « dette » de la part de la banque auprès du déposant. La banque prêtera évidemment à son tour, ce qui implique que le déposant prête, via la banque, à un tiers emprunteur, c’est tout.

    1. Avatar de Toute Neuve
      Toute Neuve

      Non, le contexte et le schéma de Creutz disent que les banques prêtent une partie des dépôts à vue pour créer de nouveaux crédit tout en disant au déposant que son dépôt est toujours intact. C’est évidemment faux.

      Les banques créent à chaque moment de nouveaux crédits sans toucher aux dépôts à vue (votre « compte courant »): La « même monnaie » (scripturale.. ou « pseudo monnaie si vous voulez) n’est pas comptabilisée 2 fois… relisez l’extrait de Schumpeter posté ci dessus (P.J. n’a évidemment rien démonté puisqu’il n’avait pas lu  » Théorie de la monnaie et de la Banque » mais seulement « l’histoire de l’analyse économique » dans lequel Schumpeter ne rentre pas dans ces détail de l’expansion du crédit )

      Par contre les banques peuvent prêter l’épargne déposée dans ce but, les dépôts à terme.

      Bon, j’avais dit que je n’intervenais plus … 🙁

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  1. ah la la……..si seulement nos sociétés pouvaient avoir la même organisation . je crois que c’est Lévi-Strauss qui disait que…

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