Durant l’été 68, ma petite amie était partie chez des parents au Canada. Puis elle est rentrée. Elle est restée silencieuse un jour ou deux. Puis on s’est revus, elle m’a tendu le 33 tours, « Songs of Leonard Cohen », et elle m’a dit : « Tiens : c’est très populaire au Canada ». Puis elle a ajouté : « Je suis tombée amoureuse d’un type là-bas. Il ne faut plus qu’on se voie ».
C’est comme ça que j’ai découvert Leonard Cohen. Il tient toujours la rampe. Je viens de voir cette vidéo sur le site du Monde. Ce serait dommage que vous la ratiez.
29 réponses à “L’été 68”
Est-ce en rapport avec des envies de barricades ?
J’ai eu le bonheur de le voir l’an dernier à l’Olympia à Paris pour ce même tour et je ne peux qu’abonder dans votre sens. Il fait plus que tenir la rampe et si l’on écoute attentivement ses textes il dame le pion à nombre de littérateurs estampillés. J’ai aussi le souvenir d’avoir lu, il y a une trentaine d’années, un roman de lui, traduit en français aux éditions 10/18 « Les perdants magnifiques » qui valait bien Henry Miller.
pas en forme le Léonard:
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jTCa_P8KIH8aUSiR5NDTpAAzWQ_A
« Je suis tombée amoureuse d’un type là-bas. Il ne faut plus qu’on se voie ».
C’est terrible lorsque vous êtes avec quelqu’un de voir votre petite amie tomber amoureuse de quelqu’un d’autre,
surtout lorsque tout le monde ne traverse pas au même moment les mêmes circonstances favorables ou pas de vie.
Vous demandez alors pourquoi ? Difficile en effet de rester plus longtemps ami après cela, certains y arrivent tous les jours d’autres pas du tout, cela demande beaucoup d’efforts sur soi, mais le mieux quand même c’est peut-bien de suivre ce conseil, il ne faut plus qu’on se voie ma puce.
Puis j’ajouterais que sans sa rencontre, vous n’auriez peut-être pas pu rencontré une autre personne ensuite,
comme quoi la vie nous réserve bien des surprises.
L’ironie suprême étant que la relation longue distance de ladite petite amie n’a sans doute pas duré longtemps, sauf à ce qu’elle ait pu s’expatrier au Canada. Dans ces cas-là, il en reste, pour ceux qui subissent la décision, un terrible sentiment d’incompréhension et de gâchis…
@ candide
Je vous le fait pas dire ce qui n’est pas bien vu dans une première relation, et qui provoque parfois une séparation, se reproduit tôt ou tard dans une autre relation, quand bien même cela serait très merveilleux au début et dans l’esprit de ladite petite amie, un terrible et nouveau sentiment de répétition, l’amour est aveugle mais sans l’amour qui oserait encore aimer quiconque de nouveau.
« I’ve seen the future, brother :
it is murder. »
Version pessimiste – nous allons dans le mur
Version optimiste – nos dirigeants prennent enfin les mesures qui s’imposent
« Democracy », « The Future » et « Waiting For The Miracle » se trouvent sur l’album « The Future » (1992)
Democracy is coming (which means it is not there yet….) to the USA …(let’s hope in Europe to….)
Dans ce monde où se perpétuent les crimes en tous genres
et de toutes sortes de manières, et que les regards se détournent
tandis que certains – toujours les mêmes ? – se remplissent les poches,
il n’existe plus que des lambeaux de ce qui ressemblait déjà
à l’ombre de la démocratie.
Alors là, de la part d’une nana, donner un disque de léonard Cohen lors d’une rupture, c’est de la cruauté.
Même quand on rentrait de bateau à cette époque là, que le ciel était bleu et que l’on buvait un coup, quand on mettait Léonard, on évoluait doucement vers la tristesse et la nostalgie. Ecouter ça lors d’une rupture, vous êtes fort Paul.
http://www.youtube.com/watch?v=KqtOZG4iL3s
Monsieur Jorion, si vous n’existiez pas, il faudrait -d’urgence- vous inventer !
Merci de partager avec nous votre univers…
En 68, avec mes 13 ans, je ne savais pas qui était Léonard Cohen
En mars 68, je passais en boucle, le prémonitoire, Il est cinq heures Paris s’éveille de notre Dutronc national et en bonne midinette, tous les tubes de l’année de la variété frenchie :
• Le Temps des Fleurs – Dalida
• Comme d’habitude – Claude François
• Bonnie and Clyde – Serge Gainsbourg
• Siffler sur la colline – Joe Dassin
• A tout casser – Johnny Hallyday
• Alouette – Gilles Dreu
• La cavalerie – Julien Clerc
• Adieu monsieur le professeur – Hugues Aufray
• Comment te dire adieu ? – Françoise Hardy
• Etc…
Et pour Noel 68, Gainsbourg sort son improbable « 69, année érotique » et là du haut de mes 13 ans, j’ai rien compris :=)
C’est bien, car avec le site de Paul, je comble mes carences d’adolescence en culture musicale anglo-saxonne.
L’été 68…
Léo ferré – l'été 68
envoyé par bisonravi1987
Tandis qu’au plus gris de l’été 94 :
http://www.youtube.com/watch?v=KXZSF13pM-I&feature=related
1968, l’année manipulée contre De Gaulle et non le fantasme qu’on en fait .
« Dès 1958, il a ordonné à la Banque de France d’accélérer le rythme auquel elle transformait ses réserves de nouveaux dollars en or physique. Rien qu’en 1965, il a envoyé la Marine française de l’autre côté de l’Atlantique pour emporter 150 millions de dollars en or; en 1967, les proportions des réserves nationales françaises détenues en or étaient passées de 71,4% à 91,9%. La moyenne européenne n’était qu’à 78,1% à l’époque.
En 1968, De Gaulle s’était retiré du Gold Pool de Londres — un cartel gouvernemental qui travaillait activement à contrôler le prix de l’or, pour le maintenir en ligne avec les 35 $/once ordonnés par le gouvernement US. Trois ans plus tard, alors que l’or était transporté par voie aérienne depuis Fort Knox vers New York pour répondre à la demande étrangère de paiement en or, Richard Nixon mit fin au petit jeu de De Gaulle. Il cessa purement et simplement de payer en or.
De Gaulle appela le dollar « le privilège exorbitant de l’Amérique », reprenant une phrase de son économiste préféré, Jacques Rueff. Ce privilège donnait aux Etats-Unis le droit exclusif d’imprimer le dollar, la « devise de réserve » de la planète, et de l’imposer au reste du monde en paiement de leurs dettes. Selon les accords d’après-guerre de Bretton Woods, en 1946, le dollar ne pouvait pas être refusé.
En fait, aux côtés de l’or — contre lequel le dollar était parfaitement interchangeable jusqu’en 1971 — la devise US était du véritable argent, quelque chose de solide. Tout le reste pâlissait, à côté du dollar impérial. Tout, sauf l’or. »
Adrian E. Ash, 04 déc. ’07
Aaaah… C’est bon de venir ici……..
D’être avec vous tous
Bonjour Clémence 😀
Avant l’année 68 il y avait peut-être aussi de belles choses à voir et à entendre en l’année 1967 ou 1969, si ça se trouve les réels changements de mentalité ou de valeurs dans une société ne se produisent pas toujours dans les périodes les plus violentes et les plus révolutionnaires véhiculés par des images, passant en boucles, pourquoi aurions nous toujours besoin de voir ou d’entendre le changement se faire d’abord à l’image ou à la télévision pour nous en rassurer.
Tiens, moi aussi, ma dulcinée s’était fait la paire en tombant raide dingue d’un canadien qui lui promettait le Pérou, et me l’a annoncé de retour du séjour canadien.
Ils sont forts ces canadiens !
Apparemment ça n’a pas duré, de ce que j’ai appris. Mais elle ne m’a pas présenté Léonard Cohen, je le connaissais avant, joli mais pas gai.
Elle a craqué pour une secte depuis :-s
Ma foi…la vie est garce parfois.
Oui, le Canada, c’était loin et on s’est plus ou moins remis ensemble. Un jour, nous sommes allés rendre visite à l’une de ses amies. Laquelle avait une jeune sœur… une jeune sœur belle comme le jour…
« Democracy »
It’s coming through a hole in the air,
from those nights in Tiananmen Square.
It’s coming from the feel
that this ain’t exactly real,
or it’s real, but it ain’t exactly there.
From the wars against disorder,
from the sirens night and day,
from the fires of the homeless,
from the ashes of the gay:
Democracy is coming to the U.S.A.
It’s coming through a crack in the wall;
on a visionary flood of alcohol;
from the staggering account
of the Sermon on the Mount
which I don’t pretend to understand at all.
It’s coming from the silence
on the dock of the bay,
from the brave, the bold, the battered
heart of Chevrolet:
Democracy is coming to the U.S.A.
It’s coming from the sorrow in the street,
the holy places where the races meet;
from the homicidal bitchin’
that goes down in every kitchen
to determine who will serve and who will eat.
From the wells of disappointment
where the women kneel to pray
for the grace of God in the desert here
and the desert far away:
Democracy is coming to the U.S.A.
Sail on, sail on
O mighty Ship of State!
To the Shores of Need
Past the Reefs of Greed
Through the Squalls of Hate
Sail on, sail on, sail on, sail on.
It’s coming to America first,
the cradle of the best and of the worst.
It’s here they got the range
and the machinery for change
and it’s here they got the spiritual thirst.
It’s here the family’s broken
and it’s here the lonely say
that the heart has got to open
in a fundamental way:
Democracy is coming to the U.S.A.
It’s coming from the women and the men.
O baby, we’ll be making love again.
We’ll be going down so deep
the river’s going to weep,
and the mountain’s going to shout Amen!
It’s coming like the tidal flood
beneath the lunar sway,
imperial, mysterious,
in amorous array:
Democracy is coming to the U.S.A.
Sail on, sail on …
I’m sentimental, if you know what I mean
I love the country but I can’t stand the scene.
And I’m neither left or right
I’m just staying home tonight,
getting lost in that hopeless little screen.
But I’m stubborn as those garbage bags
that Time cannot decay,
I’m junk but I’m still holding up
this little wild bouquet:
Democracy is coming to the U.S.A.
Démocratie
Elle arrive par un trou dans l’air,
depuis les nuits de Tiananmen Square.
Elle naît du sentiment
qu’elle ne peut être vraiment réelle,
ou qu’elle est réelle mais pas ici.
Elle vient des guerres contre le désordre,
des sirènes qui hurlent jour et nuit;
des feux des sans-abri,
des cendres des homos :
la démocratie arrive aux USA.
Elle arrive par une brèche du mur,
sur un flot d’alcool visionnaire;
du récit renversant
du Sermon sur la Montagne
que je ne prétends pas comprendre entièrement.
Elle arrive dans le silence
sur les quais de la baie,
du coeur courageux, hardi et délabré
de la Chevrolet :
la démocratie arrive aux USA.
Elle vient de la tristesse de la rue,
des lieux saints où les races se rencontrent;
des vacheries homicides
qui ont lieu dans chaque cuisine
pour savoir qui va servir et qui va manger.
Des puits de déceptions
où les femmes s’agenouillent pour prier
la grâce de D–u dans le désert ici
et dans le désert très loin :
la démocratie arrive aux USA.
Vogue, vogue
O puissant vaisseau de l’Etat
Aux rivages de nécessité
entre les écueils des rats
et les grains d’adversité
vogue, vogue
Elle arrive d’abord en Amérique
berceau du meilleur et du pire.
Ici se trouve l’étendue
et la machine du changement
et ici la soif spirituelle.
Ici se trouve la famille éclatée
et le solitaire dit
que le coeur doit s’ouvrir
de façon fondamentale :
la démocratie arrive aux USA.
Elle vient par les hommes et les femmes.
O ma chérie, nous allons faire de nouveau l’amour.
Nous descendrons si profondément
que la rivière en pleurera,
et les montagnes crieront Amen !
Elle arrive comme le flot de la marée
sous le balancement de la lune,
impériale et mystérieuse,
en amoureux appareil :
la démocratie arrive aux USA.
Vogue, vogue
O puissant vaisseau de l’Etat
Aux rivages de nécessité
entre les écueils des rats
et les grains d’adversité
vogue, vogue
Je suis sentimental, si vous voyez ce que je veux dire :
j’aime ce pays mais je ne supporte pas le décor.
Je ne suis ni de gauche ni de droite
je suis simplement chez moi ce soir,
et je me perds dans ce petit écran impuissant.
Mais je suis têtu comme ces sacs de légumes
que le temps ne peut faire pourrir,
je ne vaux rien mais je tiens bien haut
ce petit bouquet sauvage :
la démocratie arrive aux USA.
Traduction de Jean Guiloineau dans Léonard Cohen « Musique d’ailleurs » (Christian Bougois Editeur, 1994, p. 305)
« The Future »
Give me back my broken night
my mirrored room, my secret life
it’s lonely here,
there’s no one left to torture
Give me absolute control
over every living soul
And lie beside me, baby,
that’s an order!
Give me crack and anal sex
Take the only tree that’s left
and stuff it up the hole
in your culture
Give me back the Berlin wall
give me Stalin and St Paul
I’ve seen the future, brother:
it is murder.
Things are going to slide, slide in all directions
Won’t be nothing
Nothing you can measure anymore
The blizzard, the blizzard of the world
has crossed the threshold
and it has overturned
the order of the soul
When they said REPENT REPENT
I wonder what they meant
When they said REPENT REPENT
I wonder what they meant
When they said REPENT REPENT
I wonder what they meant
You don’t know me from the wind
you never will, you never did
I’m the little jew
who wrote the Bible
I’ve seen the nations rise and fall
I’ve heard their stories, heard them all
but love’s the only engine of survival
Your servant here, he has been told
to say it clear, to say it cold:
It’s over, it ain’t going
any further
And now the wheels of heaven stop
you feel the devil’s riding crop
Get ready for the future:
it is murder
Things are going to slide …
There’ll be the breaking of the ancient
western code
Your private life will suddenly explode
There’ll be phantoms
There’ll be fires on the road
and the white man dancing
You’ll see a woman
hanging upside down
her features covered by her fallen gown
and all the lousy little poets
coming round
tryin’ to sound like Charlie Manson
and the white man dancin’
Give me back the Berlin wall
Give me Stalin and St Paul
Give me Christ
or give me Hiroshima
Destroy another fetus now
We don’t like children anyhow
I’ve seen the future, baby:
it is murder
Things are going to slide …
When they said REPENT REPENT …
L’avenir
Rendez-moi ma nuit brisée
ma chambre aux miroirs, ma vie secrète
On est seul ici,
il ne reste personne pour torturer
Donnez-moi un contrôle absolu
sur chaque âme vivante
Et couche-toi près de moi, mon amour,
C’est un ordre !
Donnez-moi du crack et baisons par-derrière,
Prenez l’unique arbre qui reste
et enfoncez-le dans le trou
de votre culture
Rendez-moi le Mur de Berlin
rendez-moi Staline et Saint Paul
J’ai vu l’avenir, mon frère :
ce n’est que meurtre.
Les choses vont partir dans toutes les directions
Il n’y aura plus rien
Plus rien que vous pourrez mesurer
Le blizzard du monde
a franchi le seuil
et il a renversé
l’ordre de l’âme
Quand ils disaient REPENTANCE
Je me demande ce qu’ils voulaient dire
Vous ne me connaissez pas vraiment
Vous ne me connaîtrez jamais
Vous ne m’avez jamais connu
Je suis le petit juif
qui a écrit la bible
J’ai vu les nations dominer et sombrer
J’ai entendu leurs histoires, toutes leurs histoires
mais l’amour est le seul moteur de survie
A votre serviteur ici présent, on a conseillé
de le dire clairement, froidement :
c’est fini, ça n’ira pas
plus loin
Et maintenant les rouages du ciel s’arrêtent
vous sentez l’arrivée de Satan
Tenez-vous prêts pour l’avenir :
ce n’est que meurtre.
Les choses vont partir dans toutes les directions
Il y aura l’effondrement
de l’ancien code occidental
Votre vie privée explosera soudain
Il y aura des fantômes
il y aura des feux sur la route
et l’homme blanc qui danse
Vous verrez votre femme
pendue la tête en bas
le visage caché par sa robe renversée
et tous les petits poètes pouilleux
arriveront
en essayant de ressembler à Charlie Manson
Rendez-moi le Mur de Berlin
rendez-moi Staline et Saint Paul
Donnez-moi le Christ
ou donnez-moi Hiroshima
Détruisez un autre foetus
Nous n’aimons plus les enfants
J’ai vu l’avenir, mon amour :
ce n’est que meurtre.
Les choses vont partir dans toutes les directions
Il n’y aura plus rien
Plus rien que vous pourrez mesurer
Le blizzard du monde
a franchi le seuil
et il a renversé
l’ordre de l’âme
Quand ils disaient REPENTANCE
Je me demande ce qu’ils voulaient dire
Traduction de Jean Guiloineau dans Léonard Cohen « Musique d’ailleurs » (Christian Bougois Editeur, 1994, p. 311)
« Waiting For The Miracle »
Baby, I’ve been waiting,
I’ve been waiting night and day.
I didn’t see the time,
I waited half my life away.
There were lots of invitations
and I know you sent me some,
but I was waiting
for the miracle, for the miracle to come.
I know you really loved me.
but, you see, my hands were tied.
I know it must have hurt you,
it must have hurt your pride
to have to stand beneath my window
with your bugle and your drum,
and me I’m up there waiting
for the miracle, for the miracle to come.
Ah I don’t believe you’d like it,
You wouldn’t like it here.
There ain’t no entertainment
and the judgements are severe.
The Maestro says it’s Mozart
but it sounds like bubble gum
when you’re waiting
for the miracle, for the miracle to come.
Waiting for the miracle
There’s nothing left to do.
I haven’t been this happy
since the end of World War II.
Nothing left to do
when you know that you’ve been taken.
Nothing left to do
when you’re begging for a crumb
Nothing left to do
when you’ve got to go on waiting
waiting for the miracle to come.
I dreamed about you, baby.
It was just the other night.
Most of you was naked
Ah but some of you was light.
The sands of time were falling
from your fingers and your thumb,
and you were waiting
for the miracle, for the miracle to come
Ah baby, let’s get married,
we’ve been alone too long.
Let’s be alone together.
Let’s see if we’re that strong.
Yeah let’s do something crazy,
something absolutely wrong
while we’re waiting
for the miracle, for the miracle to come.
Nothing left to do …
When you’ve fallen on the highway
and you’re lying in the rain,
and they ask you how you’re doing
of course you’ll say you can’t complain —
If you’re squeezed for information,
that’s when you’ve got to play it dumb:
You just say you’re out there waiting
for the miracle, for the miracle to come.
J’attendais un miracle
Mon amour, j’ai attendu,
j’ai attendu jour et nuit
je n’ai pas vu le temps passer,
j’ai perdu la moitié de ma vie à attendre.
Il y avait des tas d’invitations
et je sais que tu en as envoyé
mais j’attendais
qu’un miracle arrive.
Je sais que tu m’aimais vraiment
mais, tu vois, j’ai les mains liées.
Je sais que cela a dû te blesser
cela a dû blesser ta fierté
de rester devant ma fenêtre
avec ton clairon et ton tambour
pendant que j’attendais
qu’un miracle arrive.
Tu n’aurais pas aimé ça, mon amour.
Tu n’aurais pas aimé être ici.
Il n’y a pas de distractions
et les jugements sont sévères.
Le maestro dit que c’est du Mozart
mais ça ressemble a de la bouillie
quand on attend
qu’un miracle arrive.
Quand on attend un miracle
il ne reste rien à faire.
Je n’ai pas été plus heureux
depuis la fin de la guerre.
Il ne reste rien à faire
quand on sait qu’on a été pris.
Il ne reste rien à faire
quand on mendie pour les miettes.
Il ne reste rien à faire
quand on a pris l’habitude d’attendre
d’attendre qu’un miracle arrive.
J’ai rêvé de toi, mon amour,
c’était l’autre nuit.
Tu étais presque nue
mais le reste était lumière.
Le sable du temps tombait
entre tes doigts et ton pouce
et tu attendais
qu’un miracle arrive.
Mon amour, marions-nous,
nous sommes restés seuls trop longtemps.
Soyons seuls ensemble,
voyons si nous sommes assez forts.
Faisons quelque chose de dingue,
quelque chose de complètement faux
en attendant
qu’un miracle arrive.
Il ne reste rien à faire
quand on sait qu’on a été pris.
Il ne reste rien à faire
quand on mendie pour les miettes.
Il ne reste rien à faire
quand on a pris l’habitude d’attendre
d’attendre qu’un miracle arrive.
Quand tu es tombé sur l’autoroute,
que tu es allongé sous la pluie,
et qu’ils te demandent comment ça va,
tu dis bien sûr que tu ne peux pas te plaindre –
si on te presse pour avoir des renseignements
tu as intérêt à faire l’imbécile :
Tu n’as qu’à dire que tu attends
qu’un miracle arrive.
Traduction de Jean Guiloineau dans Léonard Cohen « Musique d’ailleurs » (Christian Bougois Editeur, 1994, p. 331)
Léonard Cohen, bien plus un poète qui chante qu’un chanteur qui écrit:
A deep happiness
A deep happiness
has sized me
My Christian friends say
that I have received
the Holy Spirit
It is only truth of solitude
It is only the torn anemone
fastened to the rock
its root exposed
to the off-shore wind
O friend of my scribbled life
your heart is like mine
your loneliness
will bring you home.
Hydra, 1981
Un bonheur profond
Un bonheur profond
m’a saisi
Mes amis chrétiens disent
que j’ai reçu
le Saint-Esprit
C’est simplement la vérité de la solitude
C’est simplement l’anémone arrachée
attachée au rocher
les racines exposées
au vent du large
O ami de ma vie griffonnée
ton coeur est comme le mien –
ta solitude
te ramènera chez toi
Traduction de Jean Guiloineau dans Léonard Cohen « Musique d’ailleurs » (Christian Bougois Editeur, 1994, p. 365)
Bonheur profond de l’arrachement à ses amours, à son pays, à ses amis.