Billet invité
REPEINDRE LES TRANSATS DU TITANIC
Deux angles étaient possibles pour apprécier la portée du nouveau plan de Barack Obama de restriction des activités financières des banques, dénommé la « réglementation Volcker » pour tenter de lui donner une légitimité dans les milieux financiers. Un angle politique américain, immédiatement adopté parce qu’il s’imposait dans le contexte électoral et qu’il confirmait que la dimension politique prenait le dessus dans la crise, et un angle plus purement financier et global, relégué dans un premier temps au second plan, car les intentions exprimées par le président n’étaient pas, comme à l’accoutumée, accompagnées des mesures qu’elles impliquaient. Et qu’il était anticipé que le rouleau compresseur des lobbies et du Congrès réunis allait couper aux mesures des banques le nouvel habit qui leur était proposé d’endosser, tandis que les uns après les autres les gouvernements européens saluaient ce plan tout en expliquant qu’il était parfait pour les Américains mais inadapté à la situation de leur pays (ou qu’il adoptait enfin leur vision des choses, pour le Français !).
Il apparaissait ainsi, pour que l’exercice soit complet et que l’analyse intègre toutes les facettes de cette nouvelle donne, qu’il était également nécessaire de la transposer au plan international, dimension obligatoire tant politique que financière de cette crise. L’ouverture du Forum de Davos, dès mercredi prochain, allant être au hasard du calendrier une caisse de résonance propice.
Enfin, il s’imposait que l’événement soit mis en perspective, intervenant peu de temps après une autre annonce américaine, celle du projet de taxation des banques selon la taille de leur bilan, pour une période estimée à dix ans et à concurrence de la perception d’environ 100 milliards de dollars. Le commentateur était sollicité de toutes parts dans le contexte confus du foisonnement des réflexions en cours. Enregistrant d’un côté les travaux du Comité de Bâle (et du Conseil de stabilisation financière, qui cherche à justifier son existence dans le monde très peuplé des régulateurs financiers), statuant sur le renforcement des fonds propres des banques et la définition de leur nature. D’un autre l’action des travaillistes britanniques poussant leurs pions en faveur d’une taxation des transactions financières, en attendant que le FMI s’exprime et tranche entre les diverses modalités possibles de celle-ci. D’un troisième encore, en s’interrogeant sur la vision encore à préciser des Allemands, qui viennent d’annoncer la tenue de leur propre conférence internationale (de « haut rang », avant le prochain G20 de juin de Toronto), pour ne pas être en reste.
Que penser de ce qui tourne à la cacophonie ? En premier lieu que les gouvernement occidentaux ont vite enterré cette nouvelle gouvernance mondiale qu’ils avaient bruyamment encensée en instaurant la tenue de G20 successifs de manière précipitée. Que chacun bricole un peu dans son coin, l’un devant la perspective de midterms catastrophiques (renouvellement de la totalité de la Chambre des représentants et d’un tiers du Sénat), l’autre d’élections législatives annoncées comme perdues (en mai prochain, selon une fuite ministérielle), les derniers peinant à gouverner la première puissance économique européenne après avoir gagné les élections et formé une coalition bancale. L’image qui en résulte étant celle d’actions de circonstance, destinées à contenir les opinions publiques plutôt qu’à répondre à leurs attentes, s’inscrivant dans une perspective à court terme très politique.
Les Américains, responsables en premier lieu de cette situation, champions d’un nouveau multilatéralisme qui n’est pas dans leurs moyens, aussi bien à propos de la régulation financière que de la lutte contre le réchauffement climatique, mettent systématiquement leurs alliés devant des faits accomplis. Par un curieux retournement de situation, ce sont eux qui apparaissent en pointe dans le domaine financier et les Européens qui traînent désormais les pieds, pris à contre-pied et ne pouvant plus justifier leurs prudences en arguant du désaccord des Américains et de la nécessité de rester compétitifs face à leur système financier dérégulé.
A l’arrivée, le spectacle offert par les gouvernements témoigne qu’ils sont sur la défensive vis à vis de leur opinion publique et qu’ils ne savent pas quel cheval enfourcher, après avoir fatigué celui des bonus des traders.
En second lieu, que la diversité des remèdes envisagés pour que cette crise soit – c’est juré – la dernière dont le coût exorbitant est financé sur fonds publics correspond à une pathétique réalité : aucun ne va au fond des problèmes, tous expriment une grande vacuité quant à l’analyse des causes de la crise et des remèdes qu’elle impliquerait, si l’on voulait éviter sa répétition. Comme si celle-ci était inévitable, expression d’une fatalité des temps modernes, rançon à payer au progrès et à la croissance, ces Dieux fatigués et devenus improbables.
Car, s’agissant de la « réglementation Volcker », les banques américaines ne s’y sont pas trompées. Le plan les dérange, il est susceptible de les atteindre et elles le combattent à ce titre, mais il ne touche pas leurs oeuvres vives, leur permettant d’esquiver toute confrontation publique qui serait sans cela inévitable. Evitant d’en donner le bénéfice à un président qui en tirerait profit, alors qu’il est amoindri. Elles n’en fourbissent pas moins leurs armes, s’étant donné comme objectif de limiter son application, se plaçant sur un terrain qu’elles connaissent bien pour l’arpenter déjà dans tous les sens, à l’occasion des discussions portant sur le renforcement de leurs fonds propres ou de la réglementation du trading des produits dérivés.
Elles font valoir que ce n’est pas la taille des établissements financiers qui est à l’origine de la crise (ce qui en l’occurrence n’est pas faux), et que le danger qu’il faut maîtriser provient de leur interconnectivité. Cherchant à replacer le débat sur le terrain du renforcement de leurs fonds propres, confiantes dans leur capacité à endiguer des mesures trop drastiques du Comité de Bâle, sachant que ce sont les banques européennes qui seront en première ligne et principalement à la tâche (en raison de la structure de leurs fonds propres, qui risque d’être douloureusement mise en cause), confiantes aussi dans leurs capacités créatives en termes d’ingénierie financière (et dans la pérennité de leurs dispositifs hors bilan).
Les banques s’opposent au plan Obama parce qu’il est susceptible de réduire non seulement leur taille, en leur interdisant de posséder des Hedge funds ou d’investir dans leur sein, mais aussi celui de leur business, en coupant dans le proprietary trading, leur très lucrative activité pour compte propre. Faisant valoir, non sans raison, qu’il va être très difficile de faire la distinction, quant à cette activité, entre la partie effectuée pour le compte de leur clientèle et celle qu’elles opèrent pour leur propre compte. Que le temps n’est plus où des desks dédiés, qui auraient pu être facilement démantelés, y étaient consacrés mais que ces activités sont étroitement imbriquées, et que ce serait un casse-tête que de prétendre les séparer.
Un autre argument plus pernicieux est également opposé au plan présidentiel, expliquant que limiter ce business pour les établissements financiers ayant pignon sur rue aurait pour conséquence de le déporter au sein du royaume des hedge funds, de l’expatrier dans les paradis fiscaux asiatiques, pour tout dire de renforcer la shadow finance, la finance de l’ombre.
Le paradoxe est que cette argumentation est fondée et exprime une incontournable réalité : toute régulation à une périphérie ou une autre du système est condamnée d’avance à l’inefficacité, il faut frapper au coeur du système ou se résigner a ce que, tel un culbuto (ces personnages qui reviennent à la verticale après avoir été bousculés), le système financier retrouve toujours son assise après avoir encaissé le choc initial. Enfin, façon de parler ! Ce qui faisait écrire à Simon Johnson, très en verve ces temps-ci, que l’on pouvait craindre que le dernier plan Obama puisse être comparé au fait de repeindre les transats sur le pont du Titanic.
Demain sera un autre jour.
48 réponses à “L’actualité de la crise: repeindre les transats du Titanic, par François Leclerc”
« Repeindre les transats sur le pont du Titanic »: excellente image.
Obama devrait également surveiller le cours du plomb car il risque sa santé, les présidents américains présentent
quelques fois des attaques de ‘saturnisme’ violentes………!
Obama devait être notre Roosevelt moderne, mais il se comporta comme Hoover avant de tenter de caresser à nouveau l’opinion dans le bon sens. Mais la réussite du new deal et la fin de la récession des années 30, n’était-ce pas surtout le résultat de l’essor de l’industrie de guerre nécessaire au réarmement et à la militarisation du pays, plutôt que les effets d’une régulation tardive de la finance. Une régulation tardive semble vaine, il faut une régulation qui tienne bon.
Et les prédictions boursières de Paul sont encore malmenées, il y a tellement de liquidités en action pour alimenter les bourses, qu’elles semblent affronter la réalité avec l’arrogance d’une exception qui confirme la règle.
ô mânes de Roosevelt !
D’après le fabuleux Jean-Pierre Chevallier sur son blogue:
Je cite: « Le seul point noir concerne l’importance des dettes de JP Morgan par rapport au PIB des Etats-Unis : 13 %, ce qui est un peu trop élevé (Bank Of America, JP Morgan et Citigroup sont too big to fail, mais ce n’est rien à côté de Deutsche Bank et de la BNP qui dépassent à elles seules le montant du PIB de leur pays respectif !). »
http://www.jpchevallier.com/article-jp-morgan-4-trimestre-2009-43187992.html
A rapporcher de l’incroyable désinvolture de Pébereau encore dernièrement quand il fut reçu aux « Matins de France Culture »
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/matins/fiche.php?diffusion_id=80554
« fabuleux » ? il s’agit d’humour par litote je suppose.
Bonjour,
je retiens tout spécialement dans votre analyse cette phrase:
« Faisant valoir, non sans raison, qu’il va être très difficile de faire la distinction, quand à cette activité, entre la partie effectué pour le compte de leur clientèle et celle qu’elles opèrent pour leur propre compte. »
De fait, cela explique, en grande partie, pourquoi ce ne sont pas les prêts à l’économie qui ont nouri le plus, entre 2004 et 2007, l’augmentation des différents agrégats monétaires (est-ce partiellement pour cela que l’agrégat M3 n’est plus utilisé aux USA). Mais, hors statistique, la véritable question que vous soulevez est la suivante.
Peut-on empêcher les banques d’agir pour leur compte propre sur les marchés ?
Y a t-il un lien entre cette éventuelle possibilité et ce que suggère Paul Jorion avec son « interdiction de paris »?
Peut-on exiger, et obtenir 😉 une transparence sur les mouvements bancaires d’importance, et/ou interdire les actions hors-bilan et la titrisation de presque n’importe quoi?
Cordialement, Bruno Lemaire.
Ce sont les instruments financiers eux-mêmes qui doivent être visés, et non les structures qui les actionnent. En interdisant ceux qui procèdent d’une spéculation sur les prix. Le reste en découlera, l’intermédiation y survivra, l’activité financière reprendra sa place, sa taille sera ramené à ce qu’il est nécessaire pour les besoins de l’économie.
A propos du Titanic, in Cl. Rosset : LOGIQUE DU PIRE, P.U.F. p. 171-172 :
« Les faits sont connus. Parti de Southampton à destination de New-York, le Titanic, dont c’était là le voyage inaugural, était à l’époque le plus grand et le plus luxueux des navires à avoir jamais pris la mer. Le cloisonnement de sa coque en seize compartiments étanches, qui mettait le navire à l’abri de toute voie d’eau, voire de tout torpillage, lui valait, au surplus, la réputation d’être incoulable. Mais il se passa que, le 14 avril vers 23 h 40, le Titanic heurta un iceberg qui, conséquence fâcheuse d’une tentative pour éviter l’obstacle au dernier moment en faisant donner la barre à bâbord toute, vint à déchirer la coque du bâtiment sur toute la longueur de son flanc droit, au lieu de n’en endommager que l’étrave : permettant ainsi à l’eau – la déchirure intervenant au-dessous du niveau de flottaison – de pénétrer dans chacun des seize compartiments étanches. Blessure mortelle, par conséquent, qui ne pouvait manquer de conduire à l’immersion complète du navire : ce qui fut chose faite deux heures et demie plus tard. La panique fut cependant assez longue à s’installer, compte tenu du sentiment de sécurité qui prévalait. Au fur et à mesure que l’eau pénétrait dans la coque, puis dans les cabines, une rumeur s’imposait de plus en plus tenace dans l’esprit des passagers : le Titanic ne coulera pas, le Titanic ne peut couler. Pourquoi cette assurance ? Parce que le Titanic possède seize compartiments étanches qui le rendent invulnérable, parce qu’il a été construit par les chantiers Harland & Wolff de Belfast, qui sont les meilleurs du monde. Incoulable aussi parce que c’est un navire anglais, et qu’il y a а bord le Révérend Carter, lequel, quelques heures plus tôt, a donné un petit concert spirituel а l’issue duquel il a invité son auditoire au recueillement et а une courte prière а l’intention de tous les voyageurs qui, n’ayant pas la chance de naviguer а bord du Titanic, sont constamment exposés aux périls de la mer. Aussi l’orchestre du bar fut-il requis de ne pas interrompre son programme, et continua-t-il, tandis que le vaisseau sombrait, à égrener gaiement valses, galops et polkas. D’où aussi une désaffection à l’égard des canots de sauvetage qu’en un premier temps on abandonna, plus qu’à moitié vides, aux quelques esprits inquiets que l’incident avait affolés. Canots vers lesquels on se pressa pourtant soudain, très en désordre et beaucoup trop tard, lorsqu’à la forte gîte du vaisseau déjà partiellement englouti sous les flots, il fut devenu évident que, malgré les seize compartiments étanches, quelque chose n’allait pas. Effet de ce brusque revirement de climat, on ordonna aux musiciens, dont les pieds baignaient а présent dans l’eau salée, d’interrompre leur concert pour entonner quelques cantiques : Plus près de Toi, mon Dieu, plus près de Toi. »
A votre avis ?
Dans l’actuel Titanic économicofinancier, l’orchestre joue-t-il toujours?
Même dans les camps il y avait place donnée à la musique, des personnes qui appréciaient Mozart, Schubert, Bach… et dans ces conditions ce goût, cette esthétique pouvaient-être un ersatz? ne le répétez pas, ce soir mise en scène en « prime time » sur le plateau de nos écrans, intitulée « Paroles de Français ». D’avance, pour vous calmer, tenez ce conseil, écoutez en même temps le ballet « Parade » d’Éric Sati – infréquentable aux camps (au cas où; http://www.youtube.com/watch?v=PJGRJDHnzFg ou si vous préférez avec clowns http://www.youtube.com/watch?v=E6-UMf8ug5E&feature=related): alors misérable miracle notre arlequin bavard à pâle figure se mettra à balbutier l’oral dans quelle triste love-parade…
Mais le moral est bon Tartar pour qui tient le refrain; « Jacques Séguéla, qui fut au service du président socialiste François Mitterrand, avant de rallier son successeur gaulliste Jacques Chirac, puis la candidate du PS à l’Élysée Ségolène Royal et, enfin, Nicolas Sarkozy, juge que « c’est une émission de notre temps » (Nouvel Obs) des accents Gaulliens chez ce petit bonhomme infiniment brillant au pied de sa Rolex.
Un detail:
« Mais il se passa que, le 14 avril vers 23 h 40, le Titanic heurta un iceberg qui, conséquence fâcheuse d’une tentative pour éviter l’obstacle au dernier moment en faisant donner la barre à bâbord toute, vint à déchirer la coque du bâtiment sur toute la longueur de son flanc droit, au lieu de n’en endommager que l’étrave : permettant ainsi à l’eau – la déchirure intervenant au-dessous du niveau de flottaison – de pénétrer dans chacun des seize compartiments étanches. »
J’avais toujours entendu que ce ne sont pas tous les compartiments etanches mais seulement plusieurs de la partie avant qui avaient des voies d’eau. Et qu’ensuite, le poids de l’eau dans ces compartiments aurait fait lentement giter le Titanic vers l’avant, permettant au premier compartiment etanche non perce de se faire lui aussi inonder *par le haut*, ce que les concepteurs du navire n’avaient pas prevu. Avec un compartiment rempli en plus, le phenomene se serait repete de proche en proche de maniere acceleree, menant a l’immersion complete.
Ca ne retire rien a la tragique fin de l’histoire ni la validite de l’analogie avec la situation. Peut-etre est-ce meme plus proche encore, puisque de nombreux specialistes auraient sans doute dit, apres le choc avec l’iceberg: « seulement n compartiments etanches sur 16 sont perces, donc pas de probleme on a la situation sous controle, quelques mesures vont tout arranger ».
Tout à fait d’accord, François. Mais le grand saut dans l’inconnu que représente le retrait prévu des aides fédérales au marché de l’immobilier résidentiel (valeur totale: 12.000 milliards de dollars) ne pourrait-il pas précipiter un nouvel effondrement du château de cartes? Selon le Washington Post — qui doute que le gouvernement US s’exécute de peur d’entraîner cet effondrement –, ce retrait devrait intervenir au printemps 2010…
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2010/01/24/AR2010012402996.html?hpid=topnews
[Ca rappelle un peu les décisions fiscales de Roosevelt qui ont mis un terme à la première reprise des années 30…]
Sur ce qu’elles sont devenues les banques (« Dans sa configuration actuelle, le système bancaire – de moins en moins productif et de plus en plus parasite – est un facteur majeur dans la destruction des richesses, la réduction des P.I.B. et dans l’appauvrissement de la classe moyenne… »)
http://www.gestionsuisse.com/default.asp
Aux Etats-Unis, les grands médias relaient la propagande des banques américaines.
En France, les grands médias nous répètent que les banques françaises sont « en bonne santé ». C’est un mensonge scandaleux. C’est de la propagande.
Les banques françaises sont comme les banques allemandes, comme les banques anglaises, comme les banques américaines : elles ont de soi-disants « actifs », mais en réalité la moitié de ces « actifs » ne valent rien.
Le 24 novembre 2009, dans un entretien au journal LE FIGARO, Dominique Strauss-Kahn expliquait que 50 % des « actifs » des banques de toute la planète étaient en réalité des actifs pourris.
La banque allemande Hypo Real Estate annonce qu’elle a 210 milliards d’euros d’actifs pourris. Ce sont de soi-disant « actifs », mais leur valeur réelle est égale à zéro.
Une autre banque allemande, WestLB, annonce qu’elle a 85 milliards d’euros d’actifs pourris.
Et les banques françaises ?
Combien de dizaines de milliards d’euros d’actifs pourris les banques françaises ont-elles ?
Jusqu’à quand les banques françaises vont-elles continuer à mentir sur leur soi-disant « bonne santé » ?
Jusqu’à quand les grands médias vont-ils continuer à mentir sur l’état réel des banques françaises ?
News-banques
Y’a qu’à inventer le vide-ordure pour actifs pourris ! 🙂
Le 20 janvier dernier, Moody’s dégradait les notes de BNP Paribas, en raison des risques qui continuent de peser sur ses actifs et du défi que représente l’intégration de Fortis. Le lendemain, Frédéric Ouvéa annonçait dans le Financial Times que la Société Générale risquait de passer de nouvelles dépréciations d’actifs, après avoir déjà dû passer une provision de 1,4 milliard d’euros fin 2000.
D’autres dépréciations suivront encore.
Et les français ne vont pas tarder à découvrir, aussi, que la dite Soc Gen fait partie des banques étrangères qui se sont faites rembourser sur la base 1€ = 1€ (ce qui n’existe quasiment jamais en assurance), sous prétexte de lois françaises les y obligeant (on attend de savoir lesquelles …). Bref, que la Soc Gen (mais aussi Crédit Agricole) ont bien pris des paris, paris qui n’ont pu être remboursés que grâce à l’infini ‘gentillesse’ du contribuable américain.
Bref, que contrairement à ce que l’on dit sur la place politique, on est loin d’avoir fait le ménage dans les placards (selon certains analystes, pour Soc Gén, les actifs ‘dépréciés’ ne représenteraient ‘que’ 12 à 15%, loin des 25% déjà déclarés par le Crédit Agricole) …
Excellent billet, de plus en plus à l’image des feuilletonistes du siècle dernier, bravo.
Deux remarques:
1) Simon Johnson, dans le ‘camp’de Volcker, s’interroge comme beaucoup d’autres puisque, face à ce plan il y a les 29 milliards de $ du lobbying bancaire, une armée pour repeindre les transats…bien entrainée après la ‘repeinte’de leurs bilans, et les très grandes difficultés de la voie législative, d’où sa suggestion d’un démontage par la voie de la législation anti-trust, et la détermination d’HBO, qui aurait déjà dès mardi dernier, le jour de son Titanic personnel, ré-incorporé son directeur de campagne, David Plouffe
« Is the Volcker Rule more than a marketing slogan ? »
» http://baselinescenario.com/2010/01/24/is-the-volcker-rule-more-than-a-marketing-slogan/#more-6164
2) « Sprengmeister der Wallstreet », ‘le maitre dynamiteur de Wall Streeet’
http://www.ftd.de/politik/international/:agenda-sprengmeister-der-wall-street/50064979.html
Selon le Financial Times Deutschland, Paul Volcker travaille sur le ‘plan’ depuis près d’un an, ce qui laisse à penser qu’incorporant la forte possibilité d’une relève logique de l’équipe économique de la Maison Blanche, les deux hommes se soient accordés sur un effet d’annonce, le Secrétaire au Trésor assigné à comparaitre au Congrès cette semaine, plus le futur incertain des deux autres ‘hommes de Wall Street’: le chef de la FED, et Larry ‘Citigroup’ Summers, Citigroup qui, curieusement, n’a pas encore été convoquée devant la FCIC..
« Un autre argument plus pernicieux est également opposé au plan présidentiel, expliquant que limiter ce business pour les établissements financiers ayant pignon sur rue aurait pour conséquence de le déporter au sein du royaume des hedge funds, de l’expatrier dans les paradis fiscaux asiatiques, pour tout dire de renforcer la shadow finance, la finance de l’ombre. »
Comme si cela n’était pas déjà le cas,
Bref laissez nous agir plus longtemps de la sortei sinon nous vous montrerons de quelle manière nous pouvons de nouveau rouler le monde dans la farine c’est-à-dire plus longtemps dans l’ombre et les magouilles, quelle éthique !
Titanic, ou Patna ?
Lord Jim, p 154:
Quand votre bateau vous lâche, vous avez l’impression que tout votre univers vous lâche; l’univers qui vous a fait, qui a réfréné vos instincts, qui a pris soin de vous. tout se passe comme si l’âme d’hommes qui flottent à la surface d’un abîme et touchent du doigt l’infini était libérée et capable de n’importe quel excès d’héroïsme, d’absurdité ou d’abomination.
(…)
Vous pouvez compter sur un cannot perdu en haute mer pour mettre en évidence l’Irrationnel tapis au fond de toute pensée, de tout sentiment, de toute sensation ou émotion. Que ces hommes n’en soient pas venus aux mains fut un élément de la bassesse burlesque qui imprégnait ce désastre maritime particulier. Tout ne fut que menaces, que feinte terriblement efficace, une comédie du début à la fin, monté par le formidable mépris des puissances des ténèbres…
==========
Le fait de quitter le navire en douce, abandonnant 800 personnes, (« pèlerins d’une foi exigeante »)… tout cela me rappelle parfaitement la situation politique actuelle. Ce que j’avais retenu de ce passage était l’élément burlesque, qui brise la résistance de Lord Jim… finir, oui, mais pas dans le comique, le ridicule…
Bonjour,
Merci à vous pour votre travail, mais une chose est sûre, le capitalisme à déjà gagné il ne reste plus qu’a attendre l’implosion de ce system.
Derrière les chiffres il y a des personnes de chaire, de sang, d’émotions, de ressenti…
Misérable homme iconomicuse que nous sommes.
Un demi-neurone de conscience plus un neurone économique.
Il ne reste qu’un adjectif qualificatif de la finance pathétique.
Bien à vous.
Je comprends ce que vous voulez dire, il y a parfois des moments ou les mots nous manquent pour pouvoir mieux décrire aux autres ce que nous pouvons subir de nouveau au fer rouge. Pire même en période de crise mondiale …
@FrancoisLeclerc
Rebonjour,
vous écrivez
Pour cela, voulez vous interdire tous les produits dérivés, tout ce qui fait la substance de tous les « instruments » inventés depuis 25 ans? Je ne suis pas contre, mais je voudrais être sûr d’avoir compris votre remarque.
Cordialement, Bruno Lemaire.
Si l’on prend l’exemple des futures (contrats à terme) sur les matières premières, il suffit de rendre obligatoire que leur utilisation repose sur un échange physique de celles-ci. Leur fonction purement prudentielle apportant à l’activité économique.
Le Forum de Davos démarre en pleine polémique
Si l’administration américaine n’est réprésentée que par Larry Summers, c’est que:
– elle prépare qqch d’envergure (projet Volcker) ?
– elle met un moment hors jeu Larry Summers, opposé à Volcker?
– elle laisse les autres discutailler et pinailler (c’est pas là que ça se passe)?
@Fujisan: Geithner,Summer eclipsed as White House changes posture
http://www.huffingtonpost.com/2010/01/21/geithner-summers-eclipsed_n_432129.html
En attendant, l’immo commercial commence sérieusement à morfler aux usa…
New York : Les promoteurs d’un ensemble immobilier valant 5,4 mlds USD en 2006 jettent l’éponge et transfèrent la propriété aux créanciers – le bien n’est plus aujourd’hui estimé qu’à 1,8 mlds (WSJ via FT Alphaville)
http://contreinfo.info/breve.php3?id_breve=8585
Le crédit à la consommation a chuté de 13,3 % en France en 2009.
La production de crédit à la consommation a chuté de 13,3 % en France en 2009, pour représenter 38.035 milliards d’euros, selon des chiffres publiés lundi 25 janvier par l’Association française des sociétés financières (ASF).
Après déjà un tassement de 2,8 % en 2008, la décrue de 2009 est d’une « ampleur sans précédent en 45 ans de suivi statistique », souligne dans un communiqué l’association qui regroupe les établissements de crédit spécialisés.
Investir.fr
Etats-Unis : ventes de logements existants – 16,7 % en décembre.
Investir.fr
En clair : aux Etats-Unis, l’achat de logement ne dépend plus des consommateurs, car les consommateurs sont fauchés et surendettés. En revanche, l’achat de logement dépend de l’Etat.
Quand l’Etat dit qu’il distribue 8 000 dollars de crédit d’impôt pour l’achat d’un logement, les consommateurs décident d’acheter un logement.
Mais quand l’Etat dit qu’il arrête de distribuer 8 000 dollars de crédit d’impôt pour l’achat d’un logement, les consommateurs n’achètent plus de logement.
C’est ce qui explique l’effondrement de décembre : – 16,7 % de ventes de logements anciens.
Conséquence : les dirigeants politiques ont finalement décidé de prolonger ce crédit d’impôt de 8 000 dollars ; l’Etat soutient le marché du logement à bout de bras.
Ce crédit d’impôt est surnommé « Cash for houses » ; il est comparable à l’aide de l’Etat pour l’achat de voitures.
Cette aide d’Etat pour l’achat de voitures est surnommée « Cash for clunckers ». Là-aussi, le mécanisme est le même : l’Etat soutient le marché automobile à bout de bras.
Et quand l’Etat a arrêté de distribuer l’aide « Cash for clunckers », le marché automobile s’est effondré aux Etats-Unis.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Dernier exemple : la Fed soutient les banques américaines à bout de bras. Le jour où la Fed cessera ses aides (aides officielles, et aussi aides cachées), les banques américaines s’effondreront.
Conclusion : dans la patrie du soi-disant « libéralisme économique », c’est l’Etat qui empêche toute l’économie de s’effondrer.
Sur les contraintes qu’il faudrait (?) ou que l’on pourrait (??) imposer au secteur financier, je recommande http://esprit-riche.com/frederic-lordon-un-autre-eclairage-sur-la-crise-financiere/ qui parle des thèses de Frederic Lordon sur la question (on peut avoir fait HEC, ou l’ISA, et être « révolutionnaire » 😉 )
Cordialement, B.L.
Juste pour rire…
« Vers une sortie de la récession en Grande-Bretagne »
« Je serais étonné si (l’économie du) Royaume-Uni n’a pas progressé au quatrième trimestre de 2009 et (si ce n’est pas le cas) je devrais sérieusement renoncer à faire des prévisions et de l’analyse économique », explique Howard Archer, chef économiste chez IHS Global Insight. »
On sent le type qui aime prendre des risques – alors même que les chiffres doivent déjà plus ou moins connus.
Je serais curieux de savoir s’il avait prévu la crise….
Encore un bouffon.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=d1eb0a569dd5c7218ef2c2a3f60d679a
U.K. Economy Resumes Growth by Less Than Forecast (0.1%)
M. Archer a eu chaud…
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601087&sid=aRN1aFHlD7YA&pos=1
A propos des banques qui jouent sur la base des fonds de leurs clients pour leur propre compte : pourquoi elles ne rémunèrent pas au moins les clients en exonérant des frais de tenue de compte qui sont pour les comptes créditeurs déjà de l’intérêt négatif…??? Non mais c’est vraiment tout pour leur gueule !!! désolée, je ne trouve pas d’autre expression qui mette l’accent où il faut …
Dettes pourries, garanties publiques : La FDIC envisage de titriser les actifs des banques faillies en garantissant la valeur de ces émissions (FT)
lundi 25 janvier
The US Federal Deposit Insurance Corporation is working on plans to package billions of dollars of assets from failed banks into securities, a move that will help restart the still dysfunctional markets for mortgage-backed bonds.
…
The FDIC has more than $36bn in assets on its books from failed institutions seized during the financial crisis.
…
One option being considered by the FDIC is selling bonds with a US government guarantee in order to ensure they have triple A credit ratings.
Sources FT
contre info
j’aime bien lire les textes François Leclerc ( et d’autres d’ailleurs ) car ils sont pour moi une « mine » d’informations.
Par contre je suis toujours attristé par les propositions de sortie de crise.
Le coeur du capitalisme , c’est la sucession de croissance et de crises. Ce système économique est mortifère en ce sens qu’il ne se sauve que dans l’abîme de guerres mondiales.
Anatole France : » On croit mourir pour la Patrie, on meurt pour des industriels »….
et Jean Jaures : » le capitalisme porte la guerre comme les nuées porte l’orage »
ont très bien résumé l’essence du capitalisme.
Encore plus fondamentalement , le capitalisme me semble n’être que la forme moderne de l’extorsion millénaire des richesses créées par les peuples pour l’enrichissement des dominants.
Nous avons les connaissances et les moyens d’un bien être pour une vie digne pour tous ; mais nous avons toujours le cerveau des Néandhertaliens ……..
Je voyais ce soir avec mon fils un documentaire animalier où un buffle, esseulé, attaqué par des lions était sauvé par le troupeau de buffles accourus à son secours : ne sommes nous pas même capable de nous mettre à la hauteur des buffles ?
l’entraide, la solidarité, le partage et l’égalité sont ils morts ?
Sommes nous seulement une multitude d’indivdus comme le pensent les idéologues libéraux ?
Socialisme ou barbarie
Le cerveau des hommes de Néanderthal était plus volumineux (1200 à 1400 cm²) que celui de Sapiens-Sapiens (1150 à 1350 cm²). Sans rire.
et encore je pense qu’heureusement que nos ancètres préhistoriques ont connu l’entraide et la solidarité …..
L’être humain surtout dans les gênes de type masculin a toujours mis la compétition en avant.
Peut être que ce que l’on croit pensée n’est qu’une projection hormonale. Au début, c’était la force physique, maintenant cela se manifeste dans une toute autre soif de puissance : l’argent a remplacé le muscle.
Et s’il y a en définitive une organisation animale qui ressemble le plus à l’homme, c’est la meute.
En fait ce qui manque le plus à l’être humain c’est la confiance en soi, à cause de cela il est prêt à suivre qui le rassure même si ce n’est que par des mots. C’est là à mon sens où la démocratie est une belle légende car pour que cette dernière vive il faudrait d’abord que ses composants ne doutent pas d’eux même au point de rejoindre n’importe qui sait bien causer sans en demander plus. Il faudrait aussi plus d’exigence envers soit même que le couvert et le toit.
Il faudrait qu’on en vienne à penser vraiment et que l’on sorte du matérialisme vers plus de spiritualité.
Que les religions arrêtent de nous vendre un paradis ailleurs alors que c’est ici bas que nous pourrions en bâtir un.
L’administration Obama a-t-elle la volonté de prendre le taureau de la crise par les cornes ?
Le signe de la fuite semble être donné. Gageons que de ce côté-ci de l’Atlantique, la leçon en sera vite apprise.
Obama devrait en effet annoncer dans son discours sur l’état de l’Union, mercredi prochain, une diminution pour un montant de 250 milliards dollars sur 10 ans des budgets touchant les administrations suivantes: « Environment and Protection Agency », « Commerce Department », « Health and Human Services » pour citer les plus touchées…
Ce qui, pour des raisons exceptionnelles devrait être attribué à une agence, serait mécaniquement retiré aux autres.
Aux Etats-Unis, la « réglementation Volcker » continue de susciter de nombreuses interrogations, tant du côté des mégabanques et de l’attitude qu’elles vont adopter – invitées à faire un choix entre deux statuts possibles et décrites comme étant à la croisée des chemins – que de l’administration, qui n’a exposé que dans les grandes lignes son projet de restriction des activités bancaires. Sans compter les spéculations sur le sort que le Sénat lui réservera.
Goldman Sachs et Morgan Stanley sont a priori les plus exposées et les regards se tournent vers elles. Il a déjà été relevé dans la presse financière internationale que la décision de quitter l’ombrelle protectrice du FDIC et de la Fed n’était pas exclue de la part de ces deux banques, qui pourraient préférer garder toutes leurs libertés d’action sur les marchés, quitte à faire le pari qu’elles seraient de toutes façon aidées en cas de besoin (cette solution serait privilégiée et à l’étude, selon Reuters). S’appuyant précisément sur ce qui est déjà intervenu, au plus fort de la crise, lorsqu’il leur a été octroyé dans l’urgence le statut leur permettant d’être sauvées. En effet, la « réglementation Volcker » ne va faire ni disparaître l’aléa moral d’un côté, ni les dangers de contagion systémique de l’autre.
Une décision ne devrait pas être prise avant que ne soient explorées plus avant les marges de manoeuvre disponibles. Les mégabanques pouvant décider, soit en négociant directement, soit en s’appuyant sur le Sénat, de tenter de faire adopter des modalités accommodantes, permettant par exemple de filialiser sous une forme ou sous une autre leurs activités de private equity (capital-investissement), qui sont notamment en cause et pèsent significativement dans leurs résultats.
Le diable est aux aguets, car il va à nouveau être appelé à intervenir !
France : consommation de produits manufacturés : + 1 % en 2009.
Cette hausse de la consommation s’explique par la prime à la casse. L’Etat a distribué une prime à la casse de 1 000 euros pour l’achat d’une voiture neuve.
Lisez cet article :
Tous les économistes s’attendent en effet à un « contrecoup », une fois dissipés les effets d’aubaine de la prime à la casse. Celle-ci est tombée de 1.000 euros en 2009 à 700 euros début 2010, puis devrait descendre à 500 euros au 1er juillet.
Sans la hausse des achats d’automobiles en 2009, « les dépenses de consommation en produits manufacturés auraient baissé de 0,3 % », a calculé Mathilde Lemoine, économiste chez HSBC.
Son arrêt progressif et la fin des mesures de relance du gouvernement lui font désormais prévoir « une baisse des dépenses des ménages au premier semestre 2010 ».
Boursorama
Autrement dit :
– en France, les ménages sont fauchés : ils ne peuvent plus consommer par eux-mêmes ;
– l’Etat a donc aidé les ménages : l’Etat a distribué aux ménages des dizaines de milliards d’euros pour qu’ils puissent consommer (crédits d’impôt pour l’achat de logements écologiques, prime à la casse, prime de rentrée scolaire, prime de Noël, prime à la cuve, etc.)
– conséquence : le déficit budgétaire a explosé ; l’Etat s’est surendetté à la place des ménages ;
– ce cercle vicieux est très dangereux : c’est l’Etat qui soutient la consommation à bout de bras. Quand l’Etat arrêtera de distribuer toutes ces aides et toutes ces primes, la consommation s’effondrera.
– Conclusion : dans les pays occidentaux, le libéralisme économique est mort. Les dirigeants politiques, même quand ils sont libéraux, sont contraints de faire intervenir l’Etat par dizaines de milliards pour empêcher l’effondrement de l’économie.
C’est l’Etat qui tient l’économie à bout de bras.
c’est pas nouveau, la fiscalité oriente le choix des contribuables depuis longtemps, notamment en matière d’épargne, d’investissements. Et si l’Etat régale, c’est dans sa fonction de redistribution qu’il faut l’entendre, pour maintenir une cohésion dans la société et éviter l’éclatement (il gère des soupapes).
au sein de la vieille Europe, nous sommes habitués à cet interventionnisme, la France est critiquée depuis des lustres pour sa politique sociale providentielle. Un grand lavage de cerveaux est à l’oeuvre pour faire porter le chapeau des déficits aux « profiteurs » sociaux, géniteurs de déficits. Mais le comique de l’histoire, pourtant tragique, c’est de se rendre compte que la France s’en sort mieux que les autres face à cette crise débutante.
Orienter la conso sur des choix écologiques pourrait développer des activités et des marchés porteurs de croissance saine. Nous reviendrons sur des formes de protectionnisme, gérées par l’Etat, car il doit réguler sans asphyxier ; d’où l’importance des gens qui sont aux commandes, que les peuples mettent aux commandes.
Alors prudence, Nietzsche disait (le grand homme) : l’Etat est le plus froid de tous les monstres froids, il ment froidement ; et voici le mensonge qui rampe de bouche: moi, l’Etat, je suis le peuple.
Le libéralisme est plus que « mort »; c’est une idéologie qui ne marche pas.
Les conditions théoriques qui permettraient son bon fonctionnement
ne sont jamais réunies. C’est une idéologie qui s’effondre devant la moindre
diificulté: résilience ou robustesse nulle; normale, c’est son application
qui crée ces difficultés. C’est une idéologie disqualifiée, comme le stalinisme…
bourrée de contradictions et aussi sanglante.
« Libéralisme » est simplement le mot par lequel les riches aimeraient justifier
leur prise au tas. C’est un mot de code pour dissimuler des actions vulgaires
et prédatrices.
Le libéralisme a besoin de l’Etat pour corriger ses dysfonctionnements.
Lorsque l’ Etat joue ce rôle, Bruxelles ( c’est juste un symbole)
regarde ailleurs pour ne pas devoir condamner des actes opposés
( car ils sont contraires) au traité de Lisbonne.
En revanche , lorsque l’Etat essaye d’assumer ses fonctions de garant de l’équité
sociale les commissaires à l’idéologie de Bruxelles ont les mots
les plus durs pour condamner. L’ Etat, les pouvoirs publics, c’est mal
sauf quand il vient au secours des intérêts privés les plus gros et les
plus irresponsables. Au détriment du plus grand nombre qui s’appauvrit
et qui devra payer les compressions sociales- Du moins c’est ce qui est prévu…
@daniel
Il y a toujours les gardiens du Temple et leurs inquisiteurs.
Destruction créatrice
Avant, c’était l’Irlande qui est montrée en exemple, maintenant le Danemark (taux d’endettement des ménages astronomique).
Questions d’un ouvrier qui lit
Qui a construit Thèbes aux sept portes ?
Dans les livres, on donne les noms des Rois.
Les Rois ont-ils traîné les blocs de pierre ?
Babylone, plusieurs fois détruite,
Qui tant de fois l’a reconstruite ? Dans quelles maisons
De Lima la dorée logèrent les ouvriers du bâtiment ?
Quand la Muraille de Chine fut terminée,
Où allèrent ce soir-là les maçons ? Rome la grande
Est pleine d’arcs de triomphe. Qui les érigea ? De qui
Les Césars ont-ils triomphé ? Byzance la tant chantée.
N’avait-elle que des palais
Pour les habitants ? Même en la légendaire Atlantide
Hurlant dans cette nuit où la mer l’engloutit,
Ceux qui se noyaient voulaient leurs esclaves.
Le jeune Alexandre conquit les Indes.
Tout seul ?
César vainquit les Gaulois.
N’avait-il pas à ses côtés au moins un cuisinier ?
Quand sa flotte fut coulée, Philippe d’Espagne
Pleura. Personne d’autre ne pleurait ?
Frédéric II gagna la Guerre de sept ans.
Qui, à part lui, était gagnant ?
A chaque page une victoire.
Qui cuisinait les festins ?
Tous les dix ans un grand homme.
Les frais, qui les payait ?
Autant de récits,
Autant de questions.
Bertolt Brecht (1898-1956)