Billet invité.
LA CRISE DE SOCIETE AMERICAINE
Une bagarre à l’issue incertaine est en cours à Washington, là où on ne l’attendait pas. Elle a pour cadre le Sénat et pour objet la confirmation de la nomination à la présidence de la Fed, pour un second mandat, de Ben Bernanke. Un vote pourrait intervenir à partir de mercredi prochain, alors que le mandat en cours se termine le 31 janvier, le calendrier est donc serré. Ce qui est le plus significatif, dans cette situation que nul n’aurait prédit il y a quelques semaines, c’est que les votes qui pourraient manquer à Ben Bernanke viennent à la fois du camp démocrate et de celui des républicains. Prenant doublement à revers Barack Obama, qui a réaffirmé son soutien à son candidat et pourrait le voir défait, et qui peut constater que l’alliance bipartisane dont il n’a cessé de se revendiquer depuis qu’il a été élu, cherchant l’appui à la fois des démocrates et des républicains, se constitue bien, mais contre lui en l’occurrence !
Ce n’est pas non plus un des moindre paradoxes de la situation politique Américaine actuelle que de constater que le président assure de son soutien, pour diriger la Fed – principal artisan et bailleur de fonds du sauvetage du système financier – un homme qui était aux commandes durant toute la période de montée en puissance de la crise et n’a rien fait pour l’endiguer. Alors qu’il a entrepris depuis peu, en proposant une taxation des mégabanques, puis dans la foulée un projet de restriction de certaines de leurs activités (à la portée toutefois indécise), une véritable croisade contre ce que représente ce même candidat, qui était et reste l’homme de Wall Street.
Dans ces conditions, il est loisible de s’interroger sur la sincérité et l’ampleur du tournant que semble prendre Barack Obama, qui serait plus crédible s’il était assorti de modifications de son équipe économique, alors que les réserves au nouveau cours de certains de ses piliers, s’expriment en privé à défaut de le faire devant les micros. D’autant que le dernier plan de restriction des activités bancaires, qui à l’habitude du président n’a été exposé que dans ses grandes lignes, laisse beaucoup de grain à moudre dans tous ses tiroirs pour de futures négociations en vue de son passage devant le Congrès. A moins qu’une accélération n’intervienne, amenant Barack Obama a procéder par décrets présidentiels, ce qui serait alors un vrai tournant, que rien ne permet de pronostiquer dans l’état actuel des choses.
Considérée depuis Washington, la vie politique américaine est entrée dans une phase faite à la fois de grandes incertitudes et d’une inconnue majeure : jusqu’où est prêt à aller Barack Obama – qui s’est déclaré décidé à se battre – afin de reconquérir un électorat qui lui a fait brutalement défaut dans le Massachusetts ? Le sentiment dominant étant que la bagarre qui s’est engagée à l’initiative du président – qui a besoin de reprendre l’initiative pour négocier sur la base d’un meilleur rapport de force, ne semblant ainsi pas vouloir mettre en cause sa stratégie générale – est désormais porteuse de dérapages potentiels, car il faut être deux pour se marier et le prétendant républicain s’obstine à se dérober. Dix mois mouvementés sont en tout état de cause devant nous, jusqu’aux midterms de novembre prochain, pour que le paysage s’éclaircisse.
Les réactions des républicains enregistrées à ce jour, ainsi que celles peu nombreuses des représentants des mégabanques, sont prudentes et semblent montrer que les uns et les autres ne souhaitent pas d’affrontement au grand jour. Ils privilégient une autre tactique, qui a si bien réussi jusqu’à maintenant aux mégabanques. Pour ces dernières, il va s’agir de mener une nouvelle guerre d’usure, de toute la puissance de leur action de lobbying, s’appuyant sur leurs hommes au Congrès, ayant pour objectif de mener à bien un véritable travail de sape afin de bloquer ou d’édulcorer des projets qu’ils considèrent comme contraires à leurs intérêts, de leur retirer leur substance afin de n’en garder que l’enveloppe. Les républicains, quant à eux, pris dans un dilemme, ne pouvant s’afficher ouvertement en faveur des mégabanques, mais ne voulant pas davantage avaliser les plans d’Obama.
Ces jeux à venir, qui se voudraient la réplique de ceux qui ont déjà été couronnés de succès, à propos des projets de loi de régulation financière et de réforme de la santé, risquent toutefois d’être perturbés dans leur déroulement. Car si une leçon peut être tirée des difficultés rencontrées au Sénat par Ben Bernanke, c’est que celles-ci proviennent principalement de sénateurs – quel que soit leur bord – qui doivent se présenter prochainement devant leurs électeurs, dont ils redoutent le verdict. Washington ne peut pas ignorer ce qui se passe dans le pays, l’opinion de Main Street telle qu’on la dénomme, dont la traduction en terme politique est devenue une inconnue redoutée. Ni les membres du Congrès, ni le président lui-même ne peuvent le faire, comme ce dernier vient avec éloquence de le démontrer. Les acteurs de la vie politique jouent sur un plateau leur partie, mais ils doivent tenir compte des réactions de la salle, ne pouvant pas toujours tout régler en coulisses. Si une chose est certaine dans la situation actuelle, c’est bien que le poids de la société américaine en crise est en train de s’affirmer. Ce qui l’est moins, c’est ce qu’elle va susciter.
La crise, en effet, n’est pas seulement économique et sociale, faite de saisies immobilières qui se poursuivent et d’un chômage qui s’installe, de la poursuite des faillites des banques régionales et des difficultés rencontrées par les PME pour obtenir des crédits, ou bien de la situation financière très tendue de grands Etats et de grandes métropoles. Aboutissant à une situation inédite : le pouvoir d’achat des classes moyennes, pris globalement, est durablement menacé, son financement par le crédit n’étant plus assuré, les déséquilibrant sans rémission. La crise qui les atteint est aussi idéologique, mettant en cause ce qu’il était convenu de considérer être leurs valeurs, leur ciment, leur endoctrinement et croyance dans les vertus inégalables de la libre entreprise, de la concurrence et du libre exercice du marché, de la suprématie américaine. Une situation qui n’a eu comme précédent récent, mais moins dévastateur, que la contestation profonde de la guerre menée au Viet-Nam qui avait traversé la société toute entière, et qui pourrait même reléguer au second plan le grand traumatisme du 11 septembre, avec tout ce qu’il a déclenché et permis de changements profonds au sein de la société américaine.
D’autant que des contradictions se développent au sein de l’administration, qui vont également jouer leur rôle, aux luttes d’influence se succédant des luttes de succession. Celle de Ben Bernanke pourrait donc se révéler ouverte, de même que celle de Tim Geithner, secrétaire au Trésor, qui va avoir beaucoup de mal à sortir du piège dans lequel il est tombé à propos du sauvetage de mégabanques via le renflouement d’AIG. Elisabeth Warren a certes peu de chances de prendre la direction de la future agence de protection des consommateurs, la création de celle-ci risquant de faire les frais d’un accord global avec les ténors du Sénat. Mais Sheila Bair, présidente du FDIC continue de faire campagne et se verrait toujours bien prendre la succession de Tim Geithner.
Il est par ailleurs inévitable que des révélations sortent, à la faveur de telle ou telle audition devant les différentes commissions qui les multiplient, ou bien d’enquêtes journalistiques en cours, contribuant à déstabiliser les acteurs du sauvetage des mégabanques et de ses conditions scabreuses, alors que la situation économique et sociale pèse lourdement et que les mégabanques paradent, faisant preuve d’un étonnant manque de sens politique pour qui ne comprend pas le monde ferné dans lequel ses cadres vivent. Cette situation, à elle seule, est difficilement tenable si le sort des victimes de la crise ne s’améliore pas substantiellement, or cela n’en prend pas le chemin.
Tout ceci va créer des ouvertures pouvant déjouer les calculs des uns et des autres. Deux analyses sont à ce stade possibles, un choix entre elles deux encore impossible. On peut soit penser que Barack Obama va multiplier les déclarations fortes – comme il vient de les renouveler à propos de la décision de la Cour Suprême d’ouvrir en grand les vannes du soutien financier des entreprises au monde politique – tout en négociant de nouveaux reculs sur les réformes en cours, afin de leur faire passer le barrage du Sénat, aboutissant au final à des ersatz de réformes et prenant de ce point de vue un risque électoral majeur pour le renouvellement de son mandat. Soit, au contraire, qu’il va être amené, dans la logique de ses dernières prises de position, poussé par son électorat, harcelé par une opposition voulant le défaire et le laisser sans pouvoir à la faveur des midterms, a défendre ses propres projets et à les imposer. Ce qui supposera de changer d’équipe économique, de procéder par décret présidentiel ou de menacer clairement de le faire. De changer de stratégie, par la force des circonstances.
76 réponses à “L’actualité de la crise: la crise de société américaine, par François Leclerc”
Bonjour à toutes et à tous,
Y a-t-il quelqu’un, pendant que tout le monde croit en criant : « nous allons pendre la bête », qui se rend compte que lorsque on lâche et dénonce un procédé, c’est qu’un autre encore plus habile est mis en place ?
Il n’y a pas d’un côté le méchant et de l’autre le gentil.
Il y a des deux côtés deux êtres humains qui n’arrivent pas à s’entendre. Et si nous refusons de nous entendre et continuons à déplacer toute la faute (de falta le manque la dette) d’un côté, nous n’y arriverons pas.
La dette a une fonction symbolique que nos sociétés ne peuvent plus ignorer.
Il faut regarder du côté de Ferdinand de Saussure quel est le sens symbolique de la dette pour sortir du marasme dans lequel nous nous trouvons tous.
Je ne connais pas la fonction symbolique de la dette mais pratiquement, elle asservit aussi sûrement que des chaines bien que de façon beaucoup plus insideuse.
Symboliquement, je n’ai pas de dette et je ne me sens pas responsable de celle des autres.
Paul
Je ne comprends pas le sens de ces remarques mi-chèvre, mi-chou et je n’ai pas envie de me plonger dans les textes de Saussure, pourriez vous expliciter camarade….
Cordialement
@ Kéréma29,
J’avais publié juste après un article qui comprenais 6 ou 7 liens qui éclairait la question du signifiant, il a été coupé.
Un vieux dicton dit « On ne prête qu’aux riches ». J’imagine que c’est particulièrement vrai dans le monde de la finance.
Compte tenu de ce qu’a déja fait Obama, je ne mise pas un clou sur sa volonté de changer quelque chose tant il a déja prouvé qu’il mange dans la main de ses petits amis.
Ses promesse des réforme sont complètement bidons tant qu’il conserve la même clique de mafieux dans son équipe.
Alors il va continuer à aboyer et la caravane financière de passer, ma seule crainte est que les américains se laissent endormir par les effets de manche.
« La crise qui les atteint est aussi idéologique, mettant en cause ce qu’il était convenu de considérer être leurs valeurs, leur ciment, leur endoctrinement et croyance dans les vertus inégalables de la libre entreprise, de la concurrence et du libre exercice du marché, de la suprématie américaine. »
Pour moi la phrase essentielle de votre article. Propos a transposer en europe car nous vivons le meme efondrement, seul la manifestation en est differente, et pour le moment bien peu visible.
Mais je suis persuade que nous aurons largement le temps d’en parler dans les mois a venir.
Sur Obama, ses choix possibles me semblent simples, meme si la mise en oeuvre peut etre compliquee.
S’il persevere dans la voie suivie depuis son entree en fonction, il perdras les mid-term, seras, selon les resultats, dans l’impossibilite de reformer selon ses voeux et resteras dans l’histoire comme l’homme d’un immense espoir decu.
De fait, je pense qu’il ne lui reste plus d’alternative s’il souhaite sincerement changer les choses. Il vas lui faloir prendre d’enormes risques, peut etre echoueras t’il, mais au moins il auras tente quelque chose.
La présidence des Etats-Unis est du casse pipe, c’est évident.
Subtile mélange de décisions à prendre pour aller dans le bon sens et ne pas s’attirer les foudres des républicains.
Etre impartial, pas vraiment possible.
Un Maître du monde avec un Sénat qui l’attend au tournant.
Incertitudes? Absolument.
Difficile de cracher dans la bonne soupe des mégabanques, des acteurs de réussites et de chutes. Wall Street contre Main Street. Consommer ou con-sommer.
Vous avez raison de parler classes-moyennes qui dérapent, des cadres qui triment à s’en rendre malade pris entre le marteau et l’enclume.
Proposer des décrets présidentiels demandent un vote qui joue sur du 50-50.
Changer de stratégie, comme je connais les américains, ils en sont capables. Plus pragmatique qu’un européen, ce n’est pas la première foirsn ni la dernière.
Je reviens sur mon commentaire qui s’est avéré exact. On réajuste toujours les stratégies en fonction des circonstances. Trois projets sont devenus les goals d’Obama.
Rassurer les américains avec l’emploi au coeur de l’action avec une diminution du chômage.
http://www.lesoir.be/actualite/monde/2010-01-28/obama-met-l-emploi-au-coeur-de-l-action-de-son-gouvernement-750699.shtml
Maintenant, on commence à décompter.
Il faut savoir où se sera localisé, le décompte.
les americain ont besoin de radicalisme,d’une façon ou d’une autre
comme nous d’ailleurs!
on arrive à un stade de pourrissement (magouille des puissants,des riches,des élus(pas tous)) ou on coupe ou la gangrene nous emportera
c’est pas gait,et çà commence à sentir
Obama est au pied du mur
il va lui falloir choisir et se dévoiler
fini les faux semblants et sa seule voie (risquée à tout point de vue y compris sous l’angle « physique ») sera d’agir ( changement de personnes et actions par décrets présidentiels)
l’analyse proposée par Paul sur les tendances populistes aux US si elle se révèle fondée ( ce que je pense mais je ne connais pas suffisamment le peuple US pour le confirmer) est un levier de plus pour forcer Obama à l’action
comme il a été dit la dimension politique de la crise est en place
C’est tout de méme curieux que sur ce Blog l’état du monde soit suspendu à ce qui se passe aux U.S, sur le plan financier et politique; tout vient t’il encore des U.S ?
Ce n’est pas « sur ce Blog » que « l’état du monde est suspendu à ce qui se passe aux U.S » :
1) Si l’Europe n’était pas à la traîne comme elle l’est – en spectateur passif, on parlerait moins des États-Unis et davantage d’elle.
2) US : 30 % de la consommation mondiale (en baisse, mais quand même).
3) $ : encore toujours monnaie de référence.
Rappelez-vous, le Blog de Paul Jorion : « Dire les choses qui se passent comme elles se passent. ».
Mais rien de currieux a cela.
Les bourses sont suspendues chaque mois aux chiffres en provenance des USA, les fameux « indice de confiances du consomateur us » et « demande d’allocation chomage »; nos politiciens qui ont erige l’inaction au rang d’institution (cf lo poste occupe par katherine Ashton) attendent tout de l’hypothetique redemarage economique des USA, au niveau de la politique internationale c’est la meme chose, et la liste est longue.
Pourquoi sommes nous inactif en europe? La reponse est simple, elle reside dans la croyance du mythe federaliste a l’origine de la creation de l’UE.
En attendant des dirigeants a la hauteur de l’epoque, nous regardons le train de l’histoire passer, convaincu que nous sommes que la nouvelle ligne maginot du traite de Lisbonne nous protege et que la raison, la notre forcement, finiras bien par l’emporter.
On peut penser ce qu’on veus de la vie politique americaine, mais au fond, meme si leur modele constitutionel est imparfait, comme toute construction humaine, il me semble qu’il existe un debat d’une tout autre ampleur qu’en France.
Même remarque que bernard laget, Paul.
Combien de coup d’états en Amérique latine,
combien de conspirations en asie centrale,
combien de bombes sur Gaza,
combien de troubles en Europe centrale,
combien d’attentats sous faux pavillons,
combien de milliers de tueurs à gages en Afganistan
…
vous faudra-t-il pour que votre regard fasciné se détourne d’un empire militaire qui s’effondre, et enfin regarde ce qui pointe, de l’autre côté ?
J’ai plusieurs fois essayé de poster un message au sujet des signatures d’accords entre l’Asie centrale et la Chine, accords qui signent, en réalité, le basculement du monde. A chaque fois, pour une raison qui m’échappe, vous avez censuré. Hors sujet, je suppose… Et c’est bien là le problème: Le « reste du monde » est, semble-t-il, hors sujet.
Admettons que votre héros imaginaire « fasse quelque chose ». Quelque chose de … quoi ? Quelque chose de bien pour les USA ? Ou quelque chose de mauvais pour le monde ? 🙁
Sur vos objections.
1) L’Europe, n’existe pas. Supposons que vous vouliez dire « l’union Européenne ». Cette monstruosité, incluant la Grande Bretagne et excluant la Russie, a justement été crée par le Etats Unis pour que l’Europe ne puisse jamais se construire.
L’Europe véritable (celle qui n’existe pas), va de Brest à Vladivostok. Elle a toujours été la première puissance mondiale potentielle, et elle le sera encore pour longtemps, pour de simple raisons géographiques, éthniques, culturelles, et historiques.
2) Les 30% sont surévalués depuis 1945. Il est simplement normal que la prédation d’un empire finissant… baisse.
3) Dollar référence, si j’en crois les monnaies d’échanges internationaux alternatives, en création ou en projet… c’est la fin. Qu’une marionnette médiatique allège ou alourdisse le marteau pilon du réel, d’un millième de gramme.
Scruter ce qui se passe aux Etats-Unis, ce n’est pas faire preuve d’une fascination pour cet Empire dont le règne progressivement s’acheve, tout du moins sous la forme que nous lui avons connu. C’est essayer de comprendre comment cette crise va se poursuivre, en raison du rôle que continuent d’y jouer les Américains, après avoir en été le principal déclencheur.
Car ils continuent de largement décider de ce que va être ou pas le monde financier de demain. De la même manière que Barack Obama accumule les initiatives, prenant les Européens à contre-pied.
Mais il est exact que pour parler mieux du monde de demain, qui se prépare en ce moment, il faudrait également d’avantage évoquer celui des pays émergents, qui vont de plus en plus le façonner.
Les journées sont faites de 24 heures !
« Scrutons ce qu’il se passe aux Etats-Unis », pour « dire les choses qui se passent comme elles se passent »…
Pour le système financier et politique, peut-être, mais en ce qui concerne le système des élections , tout le monde, ici y compris, semble se satisfaire de l’apparence des choses.
Ce qui me frappe c’est qu’aucun grand quotidien français n’ait cru bon faire sa une sur les derniers évènements politiques aux USA,
alors qu’il s’agit d’un tournant politique. Craindraient-ils que ces évènements suscitent des remous « populistes » dans un hexagone où il n’est question de de burqa, d’immigration, d’ « Aubryréalisme » sur la question des retraites (édito du Monde, 22.01) ?
Dans un monde complexe et naissant, la France est aussi devenue une province dont les media sont la gazette !
À la clôture de la Bourse de New York vendredi, il était 23h00, heure de Paris. François Leclerc et moi étions en train de rédiger nos billets. Mais la une des journaux français du samedi est bouclée à l’avance.
@PJ
Ne voyez de désobligeance à ce « Sur ce Blog », c’était dans mon esprit un raccourci pour exprimer la non spécialisation et l’ouverture d’esprit que vous donnez au Blog. Ce n’est pas minimiser la place stratégique qu’occupe les états unis dans le capitalisme financier auquel nous sommes encore attélés, que d’évoquer d’autres continents; et non des moindres sur l’échiquier de la mondialisation. Le syndrome de 1929 affecte t’il encore nos mémoires, que nous ayons oublié que l’émergence ce soit produite chez ceux la mémes dont l’occident dégnait envoyer quelques canoniéres.
Les barycentre geopolitiques se déplacent plus lentement que les capitaux.
Tout cela n’est que de la gesticulation politicienne de plus,
Les Mégabanques ont surtout manqué de bon sens civique et de responsabilité, le Citoyen du monde attend un meilleur communiqué de reconnaissance de leur part quel manque de gratitude tout de même, c’est sur avec les Mégabonus supplémentaires le monde va être obligé de se mettre brutalement à la diète pour pouvoir mieux tenir spirituellement. La diète, le jeune est d’ailleurs le meilleur moyen de nettoyer l’organisme et le corps de ses toxines les plus tenaces voire de lutter plus efficacement contre les maladies, dans la privation partielle, progressive ou totale forcée ou non, de toute alimentation superflu pendant un certain temps, pour des raisons médicales et autres de plus. A condition de vouloir suivre de meilleures règles d’hygiène, finit alors le bon temps ou l’on pouvait encore se permettre certaines choses, d’ingurgiter plusieurs Mac Do à la suite, se remplir continuellement le ventre et gosier à ras bord, cette crise, la crise de l’Amérique, du monde moderne va profondément marquer nos modes de vie et de penser, apparemment nos élites actuelles ont encore un peu de mal à l’admettre au quotidien.
Faut plus rêver non plus de ces gens là voire même avec les plus opportunistes d’entre eux pour prendre la place.
Vous écrivez:
« Alors qu’il a entrepris depuis peu, en proposant une taxation des mégabanques, puis dans la foulée un projet de restriction de certaines de leurs activités (à la portée toutefois indécise), une véritable croisade contre ce que représente ce même candidat, qui était et reste l’homme de Wall Street. »
Je dirais:
1. Pour ce qui est de la taxation, c’est un moyen de faire fonctionner la planche à billets pour le compte de l’état et pas seulement pour les banques américaines. Les banques n’y perdent pas grand chose, un petit manque à gagner à la limite, mais si Ben reste à la FED (ou qu’un représentant des mégabanques prenne sa place) c’est tout bénef. pour elles.
2. La restriction n’est qu’un projet, à la portée indécise en plus comme vous dites, il s’agit pour l’instant d’un effet d’annonce donc (pour calmer un peu les électeurs à mon avis) dans les faits, il n’y a donc rien d’effectif…
Je vois donc pas comment on peu appeler ça une croisade alors que le pape lui même est un hérétique :s
S’engager dans une croisade n’implique pas de la mener à son terme.
Hum… cela m’avais échappé en effet.
La mener à son terme voudrais dire aussi que les acteurs ne servent plus à rien… et ce n’est pas dans leurs intérêts. 🙁
Je suis en train de lire « de bons présages » de Terry Pratchett et Neil Gaiman.
Dans cette histoire, un ange des enfer et un autre du paradis s’associent pour éviter le combat final, l’appocalypse. Car quel que soit le gagnant, ils perdront leur poste qu’ils aiment bien…
Hors sujet quoique…
Un commentaire québéquois sur les réformes que pourrait prendre le Président Obama et leurs conséquences.
Intéressant et mérite d’être écoutée à mon avis.
http://www.lesaffaires.com/videos/chroniques/c-est-la-fin-du-marche-bull-annonce-paul-dontigny/509125
Dites-moi, ce projet d’interdiction du proprietary trading dont parle cet autre Paul à l’accent savoureux, n’est-ce point une mesure un peu dans la même direction que cette chère interdiction des paris sur les prix?
Quel est le premier défenseur des banksters en Europe ?
Mr Darling le ministre de l’économie « travailliste » :))))) de GB
L’économie Britannique n’existe plus que par sa financiarisation. Un changement des règles financières et COMPTABLES enverraient ce pays aux oubliettes de l’histoire.
Un point pour vous : les britt se font du souci.
mais les oubliettes sont encore lointaines.
Brown et Darling ont fait des déclarations ambigues
sur les projets financiers.:
« Darling se montre sceptique au sujet du projet Obama pour les banques »
« Le ministre a précisé que le Royaume-Uni poursuivrait ses travaux
avec les Etats-Unis au sujet de la réforme financière
tout en soulignant que toute proposition devait être « exploitable et réalisable ».
Il est probable qu’ Obama apprécie de travailler avec les Britt.
il n’attendait qu’eux…
Brown dit que cele ne marchera pas sans harmonisation avec les US.
et , d’une façon plutôt drôle, qu’ Obama reprenait une idée britt.
( étudiée de ce coté-ci de l’atlantique).
Je crois que les Britt sont désemparés. Les relations spéciales
sont mises en veilleuses et le rôle des Britt, le phare du monde financier,
n’est plus ce qu’il était. Ils ont tout misé sur la City et pour ce faire détruit
leur l’industrie. Il y avait Barnier et l’islande, Obama new-look s’y rajoute.
Bilan Darling British bailout: 30,000 $ par personne
These figures come from the BBC. The UK and US spent the most, with the UK spending far more, 94% of its GDP compared to 25% in the US.That equates to £30,000 per person in the UK and $10,000 in the US.
http://www.truthdig.com/eartotheground/item/your_bailout_bill_10000_so_far_20100107
http://www.nakedcapitalism.com/2010/01/could-england-be-the-next-iceland.html
C’est hélas pas lundi matin après l’intervention de Paul Jorion sur BFM qu’une bourrasque sociale, politique et économique (peut-être, à moins que les sbires de GS et autres FEDboys préparent leur contre-attaque ce dimanche) va se lever, surtout lorsqu’on entend les revendications des salariés de KFC (de la merde en beignets…) à Paris.
Ils réclament les mêmes avantages que les salariés de Mcdo. BEURK
Votre propos laisse à penser que nous avons bien de la chance de vous compter parmi les intervenants de ce blog. Merci de votre contribution.
Après-midi brumeux dans le nord, bise piquante qui éveille les promeneurs solitaires… bonjour à tous.
Pourquoi les hommes sont-ils capables de tout détruire, d’inventer des mécanismes pour gagner beaucoup d’argent le plus rapidement possible, de mettre en péril leur biosphère même ?
Parce que leur besoin d’augmenter leurs possessions est insatiable.
Je n’ai pas l’impression qu’une réforme de la finance ou quoi que ce soit de ce genre changera la façon dont les hommes laissent volontiers dans la misère une grande partie de leurs semblables et saccagent tout depuis la nuit des temps.
Tant qu’il leur sera possible de gagner plus, d’agrandir leur espace vital au détriment des autres, rien ne changera fondamentalement.
Pour mettre un frein à la cupidité, la première mesure à instaurer devrait être le plafonnement des revenus, et donc d’une certaine manière la réduction de la capacité de nuisance.
Je sais: j’entends déjà les commentaires au sujet de la « liberté », etc
A propos de la faute (de « falta », voir plus haut, bonjour Paul):
« La faute, tragique, est de ne pas être conscient » (Jung)
Et de nos aspirations:
« Le besoin de tendresse, d’affection, de chaleur humaine, d’amour n’a d’égal que le besoin contraire » (Kostas Axelos)
Tentons d’éduquer le petit de l’homme afin qu’il soit un peu plus conscient de ses propres monstruosités – contradictions – , et le reste viendra (peut-être) tout seul…
Bonne journée à tous, couvercle nuageux sur la Belgique:
…un temps exquis comme tant d’autres, car comment apprécier le soleil si jamais il ne pleut?
le Tao n’est pas duel,
« un temps exquis comme tant d’autres, car comment apprécier le soleil si jamais il ne pleut? » est duel
– on apprécie le soleil pour sa chaleur
– on apprécie la pluie pour la fertilité qu’elle apporte à la terre
bonjour cher taotakin
Cher Paul,
vous avez parfaitement raison au sujet du tao.
Mais j’apprécie cette alternance de lumière et de température. La constance des choses me lasse assez vite, hélas.
Je suis encore loin du vieux chinois.
Certains jours me vient même l’idée saugrenue de donner mon avis en vue d’améliorer la société!
Car un monde idéal eut été insupportable, certes, mais tout de même…
celui-ci devient… quasiment invivable.
Et sans cesse me revient cette sentence: « Comment conscientiser ? »
Voilà selon moi une des clés de notre affaire.
Quoique… Nous croyons être libres mais le sommes-nous vraiment ?
Et nous est-il possible de conquérir cette liberté par l’approfondissement de la conscience ou (et?)…
…par le détachement (je n’ai pas écrit « l’indifférence » bien évidemment)
On me dira, comme chantait Marc Ogeret: « C’est reculer que d’être stationnaire, on le devient de trop philosopher »
Mais je répondrai qu’on ne philosophe jamais assez pour tenter de mettre sa vie en accord avec ses convictions.
En bref: revenu universel et plafonnement des revenus: article 1!
Je vous souhaite une excellente journée, Paul, ainsi qu’à tous
@ taotakin,
Votre sincérité dans l’expression vous permettra d’atteindre votre but, cela ne fait aucun doute. Votre capacité d’introspection c’est le début du vrai détachement.
Je vais créer un blog sur « Paroles dans le Tao », vous y serez invité ainsi que tout ceux qui le souhaiteront.
La petite astuce vient du vieux chinois … les pensées ne sont pas la conscience … regarde les passer comme les nuages dans le ciel … et tu atteindra celui que tu cherches
Sympathie
@ Paul:
Bonne idée ce blog sur les vieux chinois. Je vous y retrouverai avec plaisir.
Une question: si on suit lao-tseu, seule l’exemplarité d’une existence est efficace (et ce contrairement à Confucius qui prône l’enseignement des valeurs. Quant à vous, Paul, qui vous fréquentez ce blog, quelles sont vos pistes pour un monde « meilleur » ?
avec sympathie également
PS: j’aimerais qu’un économiste qui fréquente ce blog 🙂 me donne son avis sur l’instauration d’une sorte de « revenu universel de dignité » et sur l’idée d’une limitation des salaires dans une échelle à déterminer bien entendu.(Je persiste)
Le Yéti avait me semble-t-il à peu près la même approche ?
Merci d’avance et bonne soirée à tous.
Il est normal de s’intéresser à ce qui se passe aux USA tenant compte de leur poids encore important dans ce monde, cependant faut-il ignorer ce qui se passe ailleurs ? Je me souviens d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaître ( comme le chante Aznavour ) , un temps ou l’on ignorait superbement la « stagnation » voire la « décadence » brejnévienne d’une part , et d’autre part » l’évolution « chinoise ( Deng Tsiao Ping): le chemin pris par les deux grandes oligarchies « communistes » a de quoi faire réfléchir pourtant , mais non, il faut un seul méchant ( et il l’est certes), il est plus simple sans doute de ne voir , comme Bush , qu’un seul » empire du mal ». Bien sûr les journées ne sont faites que de 24 heures .
Conclusion provisoire: ce blog est passionnant, essentiel, mais pour en savoir plus sur les autres loups ( pardon à ces animaux fascinants ) qui écument ou écumeront la planète il faut chercher ailleurs . On ne s’ennuiera pas!
Tout-à-fait il n’y a pas que les gens de la finance qui peuvent parfois nuire au genre humain, il suffit de mieux étudier l’histoire des idéologies comme des systèmes de penser qui maintiennent continuellement l’esprit et l’attention des hommes à dormir et rêver encore d’un monde meilleur sans trop se remettre en cause aussi.
L’histoire de l’homme ne manquera certainement pas de nous décevoir de nouveau sous une autre forme.
Invitation,
A toutes celles et tous ceux qui lisent et écrivent sur ce blog, je vous invite à prendre un peu de recul sur l’actualité.
Nous sommes tous sur la même planète, il n’y a pas les méchants d’un côté et les gentils de l’autre.
Chaque être humain doit respecter son prochain et trouver ce qu’il peut apporter aux autres.
L’avenir commun dépendra de notre désir d’échanger ce qu’il y a de meilleur en nous.
Mais pour pouvoir réaliser cela il est nécessaire de sortir du système de domination et de culpabilité dans lequel nous vivons tous, et le pardon de soi et des autres seul nous permettra d’accepter l’autre dans sa différence et sa richesse.
Les richesses ne sont pas uniquement matérielles, il y a les vertus morales et spirituelles qui doivent être reconsidérées à leur juste place.
Chaque parole conflictuelle divise, parfois le silence est méritoire, mais chaque phrase qui engendre de l’union va vers le sens de la paix, à condition que l’union n’exclue personne sinon on retombe vite dans un contexte de clans.
Nous (tous sur cette terre) devons nous construire un avenir commun !!! Nous n’avons pas d’autre choix que de souhaiter la paix à tout prix …
Amen!
Desole, je n’ais pas pu m’en empecher.
@strorock
Et vous avez bien fait, amen est un mot sacré, qui est l’équivalent du son primordial Om de l’Indouisme, qui est à l’origine de la création de l’Univers, au dénut étatit le verbe.
Merci pour votre prière
@Betov,
Oui, il me semble que le propre de cette crise, et c’est en cela qu’elle est unique, est d’être historique et consacre la montée en puissance des pays émergents tels que les BRIC et le déclin de l’occident dont le capitalisme financier désordonné n’est que l’ultime avatar. Des sites comme « Dedefensa » ou « Questions critiques » montrent à quel point le destin de ce monde se situe déjà ailleurs. Bien sûr que les USA restent encore la première puissance « officielle », mais ses indécisions politiques et économiques, voir la politique d’Obama, et militaires, voir l’échec total en Afghanistan et son impuissance au Yémen ne sont que le constat de son déclin. Le vrai problème, c’est que nous n’arrivons pas à sortir de notre vision purement occidentale et que cela nous conduit à voir passivement passer les trains… Paradoxe surprenant à l’époque du village global et de la mondialisation glorifiée.
nous sommes prisonniers de notre myopie de gras occidental=
« Le groupe français Louis Dreyfus Commodities (LDC), propriétaire de
nombreuses exploitations de canne à sucre et d’éthanol au Brésil,
devra répondre des conditions de travail précaires de sa main-d’œuvre,
a indiqué mercredi 25 novembre dernier la police brésilienne.
Une opération spéciale de la police fédérale de Belo Horizonte, la
capitale de l’Etat du Minas Gerais (Sud-Est), menée du 9 au 23
novembre en collaboration avec l’inspection du travail pour lutter
contre le travail forcé dans les plantations de canne à sucre, a
révélé que 286 travailleurs de LCD vivaient dans des conditions
proches de l’esclavage, a-t-on précisé de même source. Ils n’avaient
ni eau potable, ni toilettes, ni lieux de restauration, ni équipements
de protection adéquats, selon la police fédérale. Les ouvriers, qui
travaillaient majoritairement dans la récolte, n’avaient pas droit non
plus à des pauses et leurs heures supplémentaires n’étaient pas prises
en compte. »
Ach, un peu de patience, ça viendra. La situation personnelle de la plupart des gens, ici en Europe, n’est dans l’ensemble pas encore bouleversée. L’effondrement du système n’est pas encore évident pour tous, pour ce que j’en puis observer autour de moi, ici aux Pays-Bas.
Faut dire que le chômage n’est encore qu’à 6% ici et que le systême social n’a point encore été complètement bousillé par les adorateurs du marché… Aberrant que, comme en Allemagne, les libéraux aient le vent en poupe dans les sondages!
Les « BRIC » utilisent les mêmes lois que nous. Ils ne sont pas en avance, ils ont juste 30 ans de retard, ce qui leur permet de connaître leurs années de gloire. Ils connaîtront aussi le crash, mais ils n’auront pas le temps de connaître leurs 30 glorieuses, car maintenant, le monde est un. Si l’occident chute, ils chuteront.
En quoi des émergents qui agissent selon les modalités économiques archaïques nous ayant conduites à l’impasse actuelle, seraient-ils plus intéressants à suivre que des « déclinants » qui commenceraient à entrevoir quelques-unes de leurs erreurs fondamentales ?
A moins évidemment de croire que grâce à la croissance économique de l’Inde ou de la Chine le monde ira miraculeusement mieux demain – le cercle vicieux de la spéculation financière outrancière étant rompu d’autorité par Pékin, les salaires partout revalorisés et les ressources mieux et moins exploitées –, je ne vois pas l’intérêt de s’accrocher à une montée en puissance tellement peu synonyme de changement majeur.
« En quoi des émergents qui agissent selon les modalités économiques archaïques nous ayant conduites à l’impasse actuelle, seraient-ils plus intéressants à suivre que des « déclinants » qui commenceraient à entrevoir quelques-unes de leurs erreurs fondamentales ? »
Excellente question!
Je fais le meme constat que vous, quoiqu’on nous informe que la chine creerais des villes ecolos ex nihilo.
J’avoue que je ne sais plus trop quoi en penser.
@ Martine,
Non seulement les émergents ne suivent pas du tout le modèle occidental, mais en plus ils sont en avance sur celui-ci et savent éviter les erreurs et faux pas.
Avoir l’air idiot, c’est parfois aussi une façon de ne pas se laisser fourvoyer par celui qui croit tout savoir.
L’inde et la Chine ont 8000 ans d’histoire, l’amérique du sud 9000 ans, l’europe 2000 ans, les usa 250 ans ? Lequel a le plus d’expérience à votre avis ?
Paul,
« les pays émergents … savent éviter les erreurs et faux pas ».
J’en doute. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais une bulle s’est formée dans l’empire du Milieu. On souligne souvent que la Chine dispose d’une épargne très importante, mais du fait que les prix grimpent dans l’immobilier, beaucoup de Chinois acquéreurs doivent s’endetter. A la différence des US les créanciers ne pourront saisir les biens des accédants à la propriété mais les banques elles seront pareillement dans la panade. Le développement est très inégalitaire, l’argent va donc à l’argent, ce qui rend difficile une saine relance de la consommation fondée sur autre chose que la dette.
Comme il a souvent été dit ici ce qui distingue la Chine de nous, c’est son régime politique, qui lui permet de réagir plus vite et plus fort, mais cela l’empêche-t-elle pour autant de commettre des erreurs, des erreurs qui prennent la dimension du pays considéré. Le plan de relance chinois a été grandiose, mais a-t-il été bien pensé ? Pas certain que l’argent soit allé là où il aurait été préférable qu’il allât. Le gouvernement chinois cherche d’abord à éviter les tensions sociales, car une petite baisse de la croissance s’y traduit par des millions d’emplois en moins. Même quand l’économie est au mieux, il y a déjà des tensions, alors en temps de crise … Le gouvernement chinois saisit toutes les opportunités pour avancer ses pions, mais si le terrain (mondial) sur lequel elle évolue est mouvant, faute de règles appropriées pour domestiquer l’économie, son mode actuel de développement sera compromis.
Quant à la question de l’expérience, tout dépend de quoi on parle. Expérience de la continuité ? L’histoire chinoise est longue en effet, mais n’oublions pas qu’elle est une succession de périodes dynastiques entrecoupées de périodes de morcellement. La culture chinoise a perduré à travers les siècles, mais du point de vue politique c’est une autre affaire. Or l’économie est liée au politique. Difficile dans ces conditions de faire des pronostics sur la durabilité et le degré d’ascendance que prendront les pays émergents. Les ressources énergétiques et minières propres à la CHine ne lui suffisent plus, elle doit donc importer. Il lui faut donc un environnement mondial stable si elle veut continuer sur sa lancée, sans compter les problèmes environnementaux et la question du peak oil.
Je connais moins le cas du Brésil et de l’Inde mais ce sont aussi des pays très inégalitaires.
Bref, l’inégalité est un problème général dont tous les gouvernants devraient se saisir avant toute chose.
@ Paul
« L’inde et la Chine ont 8000 ans d’histoire, l’amérique du sud 9000 ans, l’europe 2000 ans, les usa 250 ans ? Lequel a le plus d’expérience à votre avis? »
chronologie très discutable, pour ne pas dire fantaisiste. Il y a 2000 ans, la Grèce avait déjà 1000 ans d’histoire, et les Celtes existaient aussi etc etc; pourquoi prendre en compte la préhistoire de l’Inde ou de l’Amérique du Sud, mais point celle de l’Europe, ou celle de l’Amérique du Nord? Et quid de la rupture induite par les Conquistadores?
Pour ne rien dire de la supposition que la durée apporterait la clairvoyance d’une mémoire cumulative, alors que l’histoire est d’abord l’énumération de multiples naufrages, disparitions, répétitions et recommencements.
@ Amsterdamois
@ Pierre Yves
L’avenir nous dira rapidement si la Chine et le Brésil et l’Inde sont des économies archaïques … n’oublions pas l’Afrique et le Brésil …
En fait nous suivons tous le même modèle, et celui-ci est encore bien plus ancien que l’occident actuel, aussi ancien que le lien entre travail et salaire, au moins 3000 ans avant JC. Que ce soit BRIC ou les autres….
@Paul
Le développement d’un capitalisme financier qui sévit d’Est en Ouest sur toutes les places boursières du monde est relativement récent, je pense que vous serez d’accord avec moi sur ce point. Partant de ce constat très simple, il ne s’agit pas ici de comparer la beauté ou l’ancienneté des cultures, mais au contraire, de voir comment ce modèle économique précis s’est imposé partout, y compris par-delà des héritages culturels ou religieux ancestraux.
Dans cette cartographie très particulière de la finance mondialisée, il existe une place forte. Et cette place forte, au moins pour l’heure, c’est encore Wall Street. C’est pourquoi, il me parait-il toujours aussi judicieux, dans la mesure où notre préoccupation est de chercher à modifier une donne économique supranationale, de regarder bien attentivement ce qui pourrait réussir à infiltrer le château fort de sa Majesté la Spéculation financière.
Pour réfléchir à la politique de Bernanke, il faut peut être prendre l’exemple du soutien de la FED à l’immobilier américain.
Le bilan de la politique de la FED dans ce domaine pourrait être le précurseur des difficultés de l’année 2010. Et si les « pouvoirs publics » s’endettaient sans contrepartie économique réelle ? Ne serait-ce pas alors l’annonce des difficultés à venir pour une Amérique cherchant dans l’endettement public un remède désespéré à la crise de l’endettement privé ?
Tous les pays occidentaux, à des degrés divers, sont frappés du même mal.
Ils prétendent s’engager dans la voie de la résorption de leurs déficits publics, mais ne savent pas comment y parvenir sans le bénéfice du retour de la croissance économique, et donc de l’accroissement leurs recettes fiscales. Ils n’ont comme alternative que de pratiquer des coupes claires dans les budgets, mais il y a une limite à ce qui est socialement et politiquement soutenable.
D’autant que la hausse des taux des obligations d’Etat est inévitable et ne va pas toucher que les pays les plus vulnérables. Il y a une limite, aussi, au soutien qui peut être attendu des banques centrales afin de la contenir. Tandis que la relance économique ne survivra pas nécessairement au non renouvellement des plans de soutien publics.
Chaque gouvernement essaye de résoudre cette même équation dans son coin, aucun n’a la garantie d’y parvenir, encore moins de formule magique le permettant. Le pilotage reste à vue, et selon toute vraisemblance pour une longue période.
» Ils n’ont comme alternative que de pratiquer des coupes claires dans les budgets, mais il y a une limite à ce qui est socialement et politiquement soutenable. »
A moins bien évidemment de faire continuellement subir cela aux autres qu’à soi même, oui la coupe est presque pleine …
La crise est finie, les anglais ne manquent pas d’idées, eux !
Bouillottes humaines pour touristes frileux
Quoi de plus désagréable que de pénétrer dans un lit glacial ? Outre les battements de jambes durant une dizaine de minutes, la bouillotte s’impose comme la meilleure solution pour trouver le sommeil rapidement. Mais en vacances, on ne pense pas toujours à l’accessoire chauffant source de vos nuits douillettes. En Angleterre, la chaîne hôtelière Holiday Inn pense à tous les frileux. Mieux qu’une bouillotte en caoutchouc qui risque de s’ouvrir et de vous ébouillanter, c’est le personnel de l’hôtel qui se transforme en chauffeuse pour vos draps.
Entre 20° et 24°, voilà la température idéale, selon des études scientifiques, pour s’endormir le plus paisiblement du monde. Il est en effet prouvé que le corps doit atteindre une certaine chaleur pour tomber dans les bras de Morphée. Problème : votre lit et celui des hôtels dans le cas présent sont souvent refroidis par une climatisation abusive, et souvent l’hiver et son cortège d’intempéries refroidit votre corps, comme par exemple après un trajet à pied sous la neige ! Plutôt que de recourir à une bouillotte ou une couverture chauffante, la chaîne Holiday Inn a décidé d’expérimenter, à partir de la fin du mois de janvier, dans certains de ces établissements, la bouillotte humaine.
etc etc etc
Vous plaisantez j’espère avec le femme de ménage ou la gouvernante de maison ? avec ou sans supplément ?
Is Deregulation to Blame?
Facing imminent downgrade, and realizing it would not be able to post sufficient collateral to satisfy its contractual obligations, AIG found an equity partner in the U.S. taxpayer. (…)
Many seem to believe there are vast exposures lurking undetected by regulators. This view is nonsense. The Office of the Comptroller of the Currency (OCC) publishes a Quarterly Report on Bank Trading and Derivatives Activities that lists this information for the nation’s largest banks, the top five of which represent 96% of the total amount. Want to know the volume of credit derivative contracts entered into by the Regions bank of Alabama? It’s in Table 12. (…)
The Taylor Rule (named after him) is a simple monetary policy rule that prescribes how a central bank should adjust its interest rate policy in response to inflation and macroeconomic activity. If the Fed had followed such an algorithm, it would have started raising rates at the start of 2002, over two years before Greenspan actually began to hike them. Taylor demonstrates concretely what others have suggested with less evidence. The decision to leave rates below 2% between 2002 and 2005 was a direct contributor to the contemporaneous overinvestment in residential housing. He argues that this excessively cheap money was a chief cause of the housing bubble. His graph showing that across Europe deviations from the Taylor Rule are highly correlated with excessive investment in housing stock is particularly convincing. (…)
By advocating a new framework, Taylor implicitly supports incumbent regulators who claim they lacked the tools and the authority to deal with these faltering financial behemoths. But do we need a new framework? Current regulations require that such institutions be put into receivership. That was the framework; in the panic of last fall it was abandoned. (…)
(conclusion)
It was, and is, the primary responsibility of regulators to know which banks have insufficient capital to weather expected and unexpected economic upheavals. As the unexpected becomes likely, regulators have a duty to protect the system by shuttering the weakest players and, if necessary, fortifying the strongest so that systemic collapse is not a realistic threat. We don’t need new regulations or a new framework to accomplish that.
The Obama Administration’s latest proposals for financial reform seem to envision a superhuman regulator who will catch excesses before they occur. This is naïve. Regulators need not be heroes if creditors have an interest in being vigilant; and creditors will have such an interest if recklessness faces the penalty of real loss. Unfortunately, we have just assured all creditors that their interests will be protected, no matter how reckless they are.
A review of A Failure of Capitalism: The Crisis of ’08 and the Descent into Depression, by Richard A. Posner
and
Getting Off Track: How Government Actions and Interventions Caused, Prolonged, and Worsened the Financial Crisis, by John B. Taylor
http://www.claremont.org/publications/crb/id.1662/article_detail.asp
Le déclin peut être temporaire.
Bonsoir,
oui pleurons l’effondrement de notre monde et surtout de notre niveau de vie, les financiers sont le haut de l’iceberg c’est entendu et c’est à cause d’eux que la glace va se retourner c’est entendu, mais ce que l’ont pleure en criant injustice ! voleur ! cupide ! c’est simplement parce que bientôt nous allons avoir la « mouille dans le pantalon », à des degrés divers c’est entendu aussi, en tout cas la mondialisation dans ce retournement aura profité aussi aux pays émergents actuels, c’est quand même une bonne chose; là, cette crise.
Va falloir se retrousser les manches messieurs les politiques, « je compte sur vous » avec vos beau discours à nous mener à bon port ! Voyons bientôt voir la discuss sur les retraites, voyons bientôt voir la discuss sur l’endettement (les banquiers et nos créanciers en seront absent…ont va la leurs rediscuter ? ), voyons bientôt voir la discuss sur la réindustrialisation, quand à l’europe sociale et démocratique … pfffuut et attendons voir, …pour l’instant, surtout regardons,humons, ramons et attendons une nouvelle terre.
En tout cas pour ce soir attendons demain lundi le réveil de wallstreet, et l’oracle du sieur de ce blog !
Cordialement
« je compte sur vous »
Il y a bien longtemps que ces gens là pensent d’abord à eux il n’y a qu’à mieux constater leur propre train de vie.
@Martine
Quelques données en vrac de tête sur la Chine:
Il faut 8% de croissance annuelle pour son développement sans creuser le nombre de chômeurs
100 millions le nombre de chômeurs assez fluctuant comme les statistiques chinoises qui sentent bon l’URSS
L’investissement en énergie renouvelable dépasse celui des USA
30% des nouveaux diplomés de l’université ne trouvent pas d’emploi dans les 8 1er mois (2008)
Le plus gros pollueur de la planète après les USA
1er exportateur mondial devant l’Allemagne
La chine ne fait pas rêver et les pays du Bric pas plus
«Fins de droits», qui doit les prendre en charge ?
«C’est irresponsable de se renvoyer ainsi la balle car il y a des gens derrière les chiffres», déplore Maurad Rabhi, le «M. Emploi» de la CGT. «On a mobilisé 40 milliards pour sauver les banques et on est infichu d’en débloquer un ou deux pour aider les chômeurs qui vont se retrouver sur le carreau.»
Le Figaro
En clair :
– un million de chômeurs arriveront en fin de droits cette année
– 170 000 obtiendront l’Allocation spécifique de solidarité (ASS)
– 230 000 obtiendront le Revenu de solidarité active (RSA)
– 600 000 se retrouveront sans rien.
@ BA
Ce que vous dites est exact, la machine à exclusion continue … à fonctionner … mais qui la commande ?
Si nous sommes tous fonctionnaires, le déficit de la France sera de 100 %
Si nous importons tous nos produits, le déficit commercial sera de 100%
Si nous recherchons des coupables pour tous nos problèmes, nous aurons 100% d’innocents et 1 coupable ?
Sur la crise de la société américaine (et du ‘pouvoir’ d’Obama), à la croisée des chemins, un excellent article de Serge Halimi, du Diplo :
« D’emblée, M. Obama espéra donc que la fraction la plus raisonnable des républicains s’accorderait avec lui pour extraire le pays de l’ornière. Et il lui tendit la main. En vain. »
http://www.monde-diplomatique.fr/2010/01/HALIMI/18699
Résume très bien l’origine (l’ontologie, presque) de l’impasse d’Obama et plus largement de la société américaine. En dehors des périodes de forts traumatismes comme la crise de 1929, Pearl Harbor ou le 9/11, le ‘consensus’ prime souvent, dans les nombreuses institutions américaines. « L’aveuglemen » d’Obama est ne n’avoir sans doute pas compris combien ce moment actuel appartenait bien à ces moments de crise vitale pour la société américaine et qu’une réponse ‘consensuelle’ n’était non pas seulement inopportune mais surtout inefficace.
Obama vient de se réveiller. La société américaine aussi. Le moment des choix est venu, semble-t-il. Le ‘pas de deux’ est fini : http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-01-20-Etats-Unis
Précision sur mes propos précédents : le ‘consensus’ prime souvent entre les deux bords politiques hors périodes de crise, les ‘ajustements’ se réalisant souvent à la marge, les valeurs fondamentales restants inchangées.
Ce sont précisément les périodes de crise qui modifient ces bases culturelles, d’un point de vue anthropologique, mais j’ajoute de suite qu’une fois que la société américaine relève le ‘défi’ qui surgit, un ‘nouveau consensus’ est créé, une nouvelle base culturelle.
Ce fut le cas bien évidemment avec le ‘new deal’ (rupture / capitalisme classique), Pearl Harbor (non interventionnisme) et 9/11 (‘choc des civilisations’). La société américaine qui ressort ensuite de ces crises est refondée avec de nouvelles bases culturelles, pour plusieurs décennies.
J’ai hésité à intégrer dans cette liste la crise des missiles de Cuba (fin de la ‘peur du communisme’ et recul politique) et la fin des années 60 avec la guerre du Vietnam.
A priori, la crise actuelle est une crise anthropologique pour la société américaine. Reste à savoir si elle s’en sortira ‘par le haut’ ou si elle continuera son plongeon, en prolongeant coûte que coûte ses bases culturelles actuelles qui l’ont plongé dans les affres qu’elle connaît actuellement.
Les pays émergents n’émergeront pas: pas assez de ressources.
Ils dilapident leurs richesses naturelles pour que quelques chefs viennent skier dans les Alpes ou se payer un yacht écologique au salon de Monaco.
Les pays émergents, le pire est qu’ils y croient, et continuent de jouer au monopoly avec des tricheurs qui se sont inventé des règles sur mesure.
Les banques américaines en guerre contre la taxe Obama
Très intéressant, merci pour l’article.
Si le secteur financier part dans cette direction, il ne fera que faciliter la tâche d’Obama (ou le pousser dans es choix politiques) quant à sa réforme financière, en renforçant l’aversion grandissante du peuple américain contre ce même secteur, ce qui favorisera ainsi une plus grande pression électorale (midterms) sur les républicains (et certains démocrates) pour voter la proposition de loi.
En dernier recours, Obama a toujours le choix, incontestable, y compris par le Cour Suprême (sauf si le décret ne s’intègre pas dans le cadre d’une loi), de recourir à un Executive Order, pour appliquer le projet de taxation.
Ce choix de la Cou Suprême n’est évidemment pas innocent car elle est majoritairement composé de conservateurs, qui ont d’ailleurs très récemment (loi électorale et financements des entreprises) donné de la voix.
Mais à priori, si le lobby financier en appelle à la Cour Suprême, c’est qu’ils sont politiquement suffisamment faibles pour n’avoir QUE cette option.
C’est donc le moment ou jamais : qu’ils y aillent, en justice !!
La Cour Suprême, c’était envisagé à l’épisode précédent, celui de la taxation des banques. Une initiative dont l’opportunité n’était pas partagée par toutes les mégabanques et qui semble avoir fait long feu.
Tout à fait. D’où mon analyse de leur faiblesse politique actuellement car les megas banques savent qu’elles ne peuvent plus (officiellement) compter sur le soutien des républicains. Pour Obama, c’est maintenant ou jamais. Et 3 ans sans pouvoir, c’est une éternité !