Libération, lundi 18 janvier 2010

La bombe à retardement, c’est l’immobilier

Bien avant la crise des subprimes, Paul Jorion, anthropologue, sociologue, économiste et spécialiste des sciences cognitives, a été l’un des rares observateurs à prévoir précisément les causes et les effets des déséquilibres financiers des Etats-Unis et du reste du monde.

Etes-vous de ceux qui estiment que la spéculation est repartie comme si rien ne s’était produit il y a un peu plus d’un an ?

Très peu de mesures dignes de ce nom ont été prises depuis la crise des subprimes et les faillites en cascade des banques de Wall Street et d’AIG, la plus grande compagnie d’assurance. La spéculation reste l’activité dominante dans toutes les salles de marché du monde. Bien sûr, elle ne porte plus nécessairement sur les mêmes produits qu’hier : beaucoup ont disparu, en particulier les produits financiers ultra-sophistiqués pour lesquels il n’existe plus de marché. Les chiffres mirobolants que les établissements de Wall Street nous présentent résultent en grande partie du fait que la part de marché des rares survivants a été multipliée par trois ou quatre. Ils se retrouvent avec de l’argent liquide dont ils ne savent pas trop quoi faire : ils se ruent sur les marchés actions, sur les matières premières… sans que ces achats soient justifiés par une embellie de l’économie réelle.

Vous dites rien n’a changé, n’est-ce pas provocateur ?

Je dis simplement que ceux qui dirigent le monde ont dit au lendemain de l’explosion financière : « Plus jamais ça ». Et pourtant, leur première décision a été de tenter de relancer l’économie en relançant le crédit, alors que le monde s’écroulait justement à cause d’un surendettement. Cette situation perdure depuis trente ans, depuis que ne cesse de se creuser l’écart entre la part de la richesse qui va aux salaires et celle qui va au capital et à la spéculation. On essaie de soigner le mal en reprenant la même thérapie : compenser les revenus insuffisants par du crédit, alors que c’est ce crédit excessif qui a provoqué l’effondrement auquel on a assisté.

Comment voyez-vous les prochaines années ?

Il ne faut pas se raconter d’histoires, nous sommes en train de fabriquer d’autres bulles spéculatives : sur les marchés actions et sur les marchés des matières premières. Dubaï est un symptôme de ce qui nous attend.

C’est-à-dire ?

La bombe à retardement de 2012, c’est l’immobilier commercial : les centres commerciaux, les stations touristiques, les bureaux, un peu partout dans le monde. Leur situation est financièrement dramatique. Tous ces actifs immobiliers ont été achetés à crédit et leur niveau actuel de recettes ne suffit pas à couvrir les échéances de crédits. Aux Etats-Unis, les actifs immobiliers commerciaux et industriels se sont déjà dépréciés de 30%. Leur financement, c’est du crédit revolving, qui vient à échéance en 2011 ou 2012. Qui acceptera de leur prêter des sommes supérieures à la valeur marchande de ces immeubles aujourd’hui ? Personne bien entendu ! Le pire est devant nous. Les deux prochaines années seront des années redoutables.

Le risque ?

C’est qu’à la prochaine explosion financière, les opinions publiques aient perdu patience et disent « Maintenant ça suffit ! » D’autant plus qu’elles n’auront pas oublié les paroles de ceux qui nous disaient : « Nous allons tout réparer ». Entre 1929 et 2008, on a eu le temps d’oublier. Entre 2008 et 2012, ce sera trop court pour qu’on ait eu le temps d’oublier. Or, c’est tout le système qui est porteur des dérives spéculatives, et ce depuis trente ans. Les bonus des traders ou les taxes sur les opérations financières, c’est la partie visible de l’iceberg. Ça montre surtout qu’on n’a pas pris conscience de la gravité du problème : ce n’est pas une question de détails, tout le système est à terre.

Propos recueillis par Vittorio de Filippis

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34 réponses à “Libération, lundi 18 janvier 2010”

  1. Avatar de Verywell
    Verywell

    Cité dans la revue de presse de France Inter ce jour.

  2. Avatar de Jaycib
    Jaycib

    Impossible de consulter le papier de De Filippis: il est réservé aux abonnés. Etes-vous en mesure de le mettre en lien, Paul? Merci.

    1. Avatar de Paul Jorion

      Je ne l’ai pas vu non plus. J’afficherai à minuit le texte de l’entretien en ma possession.

  3. Avatar de H A
    H A

    Le début de l’article dans Libé.

    Paul Jorion, sociologue et économiste avait prévu la crise des subprimes

    « La bombe à retardement, c’est l’immobilier »

    Bien avant la crise des subprimes, Paul Jorion, anthropologue, sociologue, économiste et spécialiste des sciences cognitives, a été l’un des rares observateurs à prévoir précisément les causes et les effets des déséquilibres financiers des Etats-Unis et du reste du monde.

    Etes-vous de ceux qui estiment que la spéculation est repartie comme si rien ne s’était produit il y a un peu plus d’un an ?

    Très peu de mesures dignes de ce nom ont été prises depuis la crise des subprimes et les faillites en cascade des banques de Wall Street et d’AIG, la plus grande compagnie d’assurance. La spéculation reste l’activité dominante dans toutes les salles de marché du monde. Bien sûr, elle ne porte plus nécessairement sur les mêmes produits qu’hier : beaucoup ont disparu, en particulier les produits financiers ultra-sophistiqués pour lesquels il n’existe plus de marché. Les chiffres mirobolants que les établissements de Wall Street nous présentent résultent en grande partie du fait que la part de marché des rares survivants a été multipliée par trois ou quatre. Ils se retrouvent avec de l’argent liquide dont ils ne savent pas trop quoi faire : ils se ruent sur les marchés actions, sur les matières premières… sans que ces achats soient justifiés par une embellie de l’économie réelle.

    Vous dites rien n’a changé, n’est-ce pas provocateur ?

    Je dis simplement que ceux qui dirigent le monde ont dit au lendemain de l’explosion financière : «Plus jamais ça.» Et pourtant, leur première décision a été de tenter de relancer l’économie en relançant le crédit, alors que le monde s’écroulait justement à cause d’un surendettement. Cette situation perdure depuis trente ans, depuis que ne cesse de se creuser l’écart entre la part de la richesse qui va aux salaires et celle qui va au capital et à la spéculation. On essaie de soigner le mal en reprenant la même thérapie : compenser les revenus insuffisants par du crédit, alors que c’est ce crédit excessif qui a provoqué l’effondrement auquel on a assisté.

    […]

    Recueilli par Vittorio de Filippis

  4. Avatar de pierrot123
    pierrot123

    Vous dénoncez, à juste titre, semble-t-il, le mécanisme de base de cette crise : « l’écart entre la part de la richesse qui va aux salaires et celle qui va au capital et à la spéculation. »

    Cela est bien, et facile à comprendre, une fois expliqué.
    Alors… pourquoi « ceux qui nous gouvernent » n’en tirent-ils pas toutes les conclusions qui s’imposent? Ce serait facile…

    Peut-être parce que ceux-là, qui nous gouvernent, ne sont pas ceux que nous croyons, tout simplement…
    La vraie capacité de diriger le Monde semble être passée, en quelques dizaines d’années, des mains des politiques à celles des financiers.

    Et les financiers n’ont pas d’échéances électorales…Ils peuvent donc continuer à mener le Monde…Fût-ce à sa perte.
    Et contre ça, nous restons, vous (spécialistes) comme nous (spectateurs) les bras ballants

    J’en arrive même à penser que la « Mondialisation » est justement le mécanisme imparable qui a permis ce dessaisissement du politique au profit du financier…Qui pourrait être, en effet, capable de mener une révolte (ô combien nécessaire) à l’échelon de la Planète?`

    Hé oui…une révolte locale, genre Chavez, on la décrébilise illico au niveau mondial, et on la fait avorter aisément, puisque les médias, ainsi que les moyens (soldats ou policiers) sont tous ou presque entre les mains des financiers..

    La révolte…Y a pas de logiciel pour ça, à l’inverse de ceux dont disposent les Traders…Tout juste nos liaisons internet, guère plus qu’une sorte de Tam-Tam des temps actuels…
    .

    1. Avatar de coucou
      coucou

      On critique beaucoup Chavez, mais c’est le seul qui résiste aux coorp. US et globalistes qui nous ont mené à notre perte. Sachez qu’il fera école dans bien des pays qui ne voudront pas plier sous le dictate néo-libéraliste. Parions à cet effet et en tout premier lieu à la Grèce et autres qui refusent de tomber sous la malice du FMI, tête de ponts des Intérêts et maîtres-chanteur US.

    2. Avatar de Politique
      Politique

      « La révolte…Y a pas de logiciel pour ça… »
      Les hackers…

    3. Avatar de J.Gorban
      J.Gorban

      à Pierrot 123,

      je ne pense pas que les gouvernants actuels soient différents des précedents : ils ont été et sont toujours les représentants des intérêts des dominants.

      Ils n’agissent qu’en fonction des interêts de leurs mandants qui ne sont nullement leurs électeurs.

      Ils n’obligeront à augmentation des salaires que sous la contrainte ; certains peuvent penser que c’est regrettable mais c’est un enseignement essentiel de l’histoire : les dominants et leurs affidés ne lâchent le morceau ( et encore qu’un petit bout ) que quand ils ont peur.

      Bon dieu , relisez ce que disaient les patrons quand on a interdit le travail des enfants ou lorsque l’on a arraché des congés payés ………
      De tout temps leur discour a été : ce n’est pas possible , vous allez détruire l’économie .

      L’amélioration de niveau de vie des peuples occidentaux ( sans oublié qu’il découle aussi d’une exploitation forcenée des pays du sud ) après la seconde guerre mondiale vient d’abord de la peur des rouges.

      Tant que le rapport de force ne s’inversera pas , les peuples paieront de plus en plus cher les crises.

      les trupitudes staliniennes ne doivent pas occultées la réalité de la lutte des classe ( la guerre sociale existe ; nous sommes en train de la gagner, Warren Buffet )

  5. Avatar de Thierry
    Thierry

    Paul écrit : « Cette situation perdure depuis trente ans, depuis que ne cesse de se creuser l’écart entre la part de la richesse qui va aux salaires et celle qui va au capital et à la spéculation. » Effectivement, il semble que la part de la richesse qui va aux salaires a commencé à diminuer dans les années ’70, dans la foulée du choc pétrolier. La hausse du chômage, à l’époque a permis de faire pression sur les salaires. C’est également comme ça que Michel Husson voit les choses sans son texte « L’insoutenable logique du capital » : http://hussonet.free.fr/postyco.pdf

    La question que je me pose est la suivante : comment pouvons-nous comprendre le fait que non seulement les salariés et leurs syndicats aient été incapables à l’époque de s’opposer à cette baisse de la part relative des salaires, mais que de plus, ils n’aient pas été en mesure de s’y opposer par la suite ? Quels sont les facteurs (sociologiques, politiques ou autres) qui pourraient expliquer que le rapport de forces soit devenu, depuis trente ans, si défavorable aux salariés ? J’imagine que la mondialisation permettant notamment les délocalisations mettant en concurrence les salariés de différents pays peut expliquer une partie de ce phénomène, mais suffit-elle à l’expliquer entièrement ?

    1. Avatar de Un chomeur
      Un chomeur

      Il faut protéger le travail contre les délocalisations, par Maurice Allais, prix Nobel d’économie

      « Tout libéraliser amène les pires désordres », constate le prix Nobel d’économie Maurice Allais, qui se définit comme « libéral et socialiste », préoccupé à la fois par « l’efficacité de la production » et de « l’équité de la redistribution des richesses ». Il est « fou d’avoir supprimé les protections douanières aux frontières », tonne-t-il, car le commerce international est un moyen et non une fin en soi : le « chômage résulte des délocalisations, elles-mêmes dues aux trop grandes différences de salaires… À partir de ce constat, ce qu’il faut entreprendre en devient tellement évident ! Il est indispensable de rétablir une légitime protection. » Déplorant la quasi unanimité en faveur de la mondialisation qui prévalait avant la crise, Maurice Allais dénonce « un pourrissement du débat et de l’intelligence, par le fait d’intérêts particuliers souvent liés à l’argent », et rappelle que malgré ses demandes répétées, les médias ont toujours refusé de donner la parole au seul Nobel d’économie français.

      La suite sur Contreinfo

      http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2956

      L’explication du problème,et les solutions existent: LE PROTECTIONNISME face aux pays low cost.

      Un cadre qui a du liquider son entreprise et aujourd’hui au chômage.

    2. Avatar de Paul Jorion

      Est-ce vraiment trop demander à quelqu’un qui a obtenu un « Prix Nobel » en économie que d’offrir un raisonnement relatif au mécanisme économique qui produit la délocalisation ? et de tirer ses conclusions à partir de là ?

    3. Avatar de Verywell
      Verywell

      Maurice Allais ne propose que pansements en aval ; même si la chose est louable – quoique peu originale -, il se pose en un sens en sauveteur d’un système agonisant. Paul Jorion propose en amont des mesures qui impliquent changement de système et donc disparition des dérives structurelles que nous combattons tous ici. Le choix est vite fait.

    4. Avatar de J.Gorban
      J.Gorban

      à Thierry,

      voilà bien la vraie et bonne question : pourquoi en sommes nous arrivés là ? pourquoi n’arrivons nous plus à nous opposer victorieusement à la folie des idéologues libéraux ?

      il y a certainement beaucoup de facteurs ; je souhaiterai juste en donner 2 :

      1 – l’aventure stalinienne a vidé de sa substance l’idée qu’un autre monde est possible : l’imposture stalinienne n’a pas fait exploser simplement les partis communistes; elle a touché toutes les composantes des gauches radicales mais aussi de gouvernement ( il suffit de voir l’errance politique des socialistes européens )

      Personnellement , je ne pense plus que l’on pourra changer le monde comme on l’envisageait auparavant; la fin ne justifie pas les moyens ( merci aux anarchistes) et nous avons besoin d’expérimentation concrète. C’est par l’exemple des alternatives concrètes dans la vie quotidienne que l’espoir peut renaître. Alternatives qui rencontreront tot ou tard la violence étatique et que nous devrons défendre : mais là au moins nous serons pour quoi nous luttons.

      2 – les dominants et leurs affidés ont beaucoup appris de l’histoire des luttes sociales; la tentative de maitrise des peuples n’a jamais été aussi grande et étendue ( médias , sociologues, psychologues, _ ogues …, consultants en tous genres ) ; toutes les découvertes en sciences humaines sont « détournées » pour assoir la domination.
      Si cela n’est pas suffisant, ou en paralèlle l’utilisation de la violence brute vient en suppléance ( loin de nous l’allemagne bouillante d’avant guerre mise au pas par le nazisme, plus pres de nous le Chili martyrisé et ultra libéralisée pour ne citer que deux exemples tres connus )

      nous avons tous droit de vivre dignement : c’est l’idéal profond de tout progressiste

      seules les élites, endernière analyse, méritent une vie pleine et entière : c’est la pensée profonde de nos maitres

      Socialisme ou barbarie

  6. Avatar de Depretz Alain
    Depretz Alain

    En attendant de pouvoir lire les propos de Paul Jorion, voila une analyse de chez Natixis de ce jour avec un titre quasiment
    identique:
     » Immobilier commercial aux Etats-Unis: le risque d’une nouvelle Chute.  »
    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=51303

  7. Avatar de JeanNimes
    JeanNimes

    Très bonnes questions, Thierry !

    Tout d’abord, il faudrait regarder de plus près le rapport entre le premier choc pétrolier de 1971 et la décision de Nixon de désindexer le dollar sur l’or. Il me semble que les producteurs de pétrole, devant la baisse du dollar de facto aient décidé de monter les cours du pétrole et que les pays occidentaux en réaction ont tenté de conserver les prix antérieurs…
    Je me sers assez fréquemment de l’épisode oublié maintenant de la négociation franco-algérienne du début des années 1970 sous Pompidou : il était question de signer un contrat matériel (camions, tracteurs,…) contre pétrole et gaz. L’Algérie voulait fixer un prix du baril à 10 dollars pour les 5 ans à venir. Refus de Pompidou qui voulait le signer au prix mondial de 8 dollars le baril… L’Algérie n’a pas cédé. Un an après, le baril valait 3 fois plus après s’être stabilisé !
    Cet épisode s’est télescopé avec la décision US et les réponses des pays pétroliers.

    Ensuite, pourquoi les salariés ne sont pas parvenus à maintenir leur acquis face aux actionnaires ? Le levier de l’endettement public a été utilisé à partir de 1973 (Giscard oblige l’Etat à emprunter aux banques privées, comme Maastricht va le confirmer grâce à Jacques Delors, entre autres) pour réduire les financements des investissements dans le secteur public (tendance lourde qui a perduré même pendant l’épisode des nationalisations du début des années 1980).
    L’affaiblissement du secteur public a permis la réduction des salaires du public et le privé, peu syndiqué, n’a plus pu se servir de la référence des salaires publics pour maintenir un semblant de parité. Les salaires ont été désindexés de l’inflation par Jacques Delors (toujours lui) en 1983 : les salaires privés se sont effondrés rapidement, au point de passer en dessous de ceux du public qui apparaissaient comme privilégiés !
    D’où la campagne contre les fonctionnaires « privilégiés payés grassement à ne rien foutre alors qu’ils avaient la sécurité de l’emploi »… Une fois le coin placé entre les salariés du privé et du public, le reste était facile d’autant que la dette publique explosait et que le secteur public était privatisé et perdait ses syndicalistes…
    (Ne pas oublier que pendant des décennies des dizaines de milliers de syndicalistes ont été licenciés avec l’autorisation du ministère du travail et que les plans sociaux continuent de liquider ceux qui restent.)
    L’idéologie dominante reste une force qui ne peut être combattue que lorsque l’évidence de la réalité vient l’affronter dans l’esprit de chacun… Tant que les chômeurs seront des fainéants et non des gens privés d’emploi par le capitalisme, les luttes ne peuvent pas se développer puissamment… Voir la difficulté pour faire reconnaître les privés d’emploi comme des salariés (ils vivent aux frais des salariés par le biais des cotisations : trop fort le capital de faire payer ses victimes par ceux qu’il exploite) ou les sans-papiers comme des salariés privés de droits… Diviser permet de régner.

    L’importance de ce qui se débat sur blog est bien de prendre conscience de cette réalité économique et sociale, historique, et de ne pas la défigurer en utilisant les concepts-fourre-tout de l’idéologie dominante.

    1. Avatar de zelectron
      zelectron

      Pompidou ? celui qui courrait après le futur antérieur ?

    2. Avatar de Claude Animo
      Claude Animo

      @JeanNimes

      Très bonnes réponses Thierry

    3. Avatar de liervol
      liervol

      Je vous résume

      15 août 1971, Nixon décide qu’il peut imprimer à tout va des dollars. 1973 choc pétrolier non pas que l’Opep avait à ce moment les moyens d’imposer ses désiratas aux USA, mais plutôt que les USA imprimant le dollar qui ne leur coutait rien avait intérêt à ce que le prix monte pour qu’il y ait plus de pétrodollars en circulation et bien évidement un impôt plus important du reste du monde obligé de convertir sa monnaie en Dollars.
      De plus ces pétrodollars étaient si important que les pays du golfe ne pouvaient pas les dépenser chez eux, d’où l’achat de bons du trésor en priorité et donc circuit pratiquement fermer du dollar gratuit pour les états unis mais impôt mondial pour les autres.
      Pendant ce temps en France, on passe d’un système où l’état peut s’endetter auprès de la banque de France, à un système où il ne peut plus. On transfert donc les richesses vers les plus riches qui peuvent acheter la dette des états.
      Pourquoi dans ce cas créer des entreprises puisqu’il est si simple d’être rentier ?
      Remarquer que les principales grandes entreprises françaises ne sont pas le fruit de ces dernières années.
      le scénario est en place : la banque centrale en France est limité, elle ne peut imprimer à tout va.
      Le dollar n’a aucune limite et va s’exporter en asie où il va venir se saisir du dumping
      C’est le début des piteuses après les glorieuses, le nerf de la guerre c’est l’argent, c’est le dollar.

      Ensuite c’est le début du chômage qui commence là, comme c’est la fin de projet d’envergure en définitive, qu’avant nous fait depuis de puissance en France ???
      Avec les années Mitterand, les 39 heures d’abord, le 5 ème semaine de congés payés, c’est l’excuse à ne pas augmenter les salaires,
      ensuite c’est l’excuse des 35 heures, et parallèlement pour que le peuple ne remarque pas le mal qui le ronge on lui a vendu la carte bleue, puis toutes sortes de crédits…

      Et le cercle se referme moins il est payé le peuple plus il cherchera à acheter bon marché plus il perdra d’emplois par le dumping, la déflation salariale en place jusqu’au bout, jusqu’à ce qu’il ne reste plus de clients…

      Jusqu’à ce que le niveau de vie de l’asie rattrape le niveau de vie de l’occident….

      Deshabiller Paul pour Habiller Jacques, vous connaissez, ….

  8. Avatar de charles
    charles

    Immobilier commercial aux Etats-Unis: un article qui devrait vous intéresser, sur les problèmes de Tischman-Speyer:
    http://www.nytimes.com/2010/01/17/business/17tish.html?scp=1&sq=tischman-speyer%20&st=cse

  9. Avatar de fnur
    fnur

     » Est-ce vraiment trop demander à quelqu’un qui a obtenu un « Prix Nobel » en économie que d’offrir un raisonnement relatif au mécanisme économique qui produit la délocalisation ? et de tirer ses conclusions à partir de là ?  »

    Pourriez vous me dire ou trouver votre raisonnement sur les délocalisations ?

    Sinon une bulle chinoise possible, non pas le crédit immobilier, mais l’investissement dit productif :
    http://www.marianne2.fr/L-Europe-muette-face-aux-exces-de-Pekin_a183518.html

    1. Avatar de Paul Jorion

      Pourriez vous me dire ou trouver votre raisonnement sur les délocalisations ?

      Volontiers : « L’argent, mode d’emploi » (Fayard 2009 : 329-331), mais j’y reviendrai plus longuement dans les jours qui viennent.

  10. Avatar de cedric7693
    cedric7693

    « Le risque ?

    C’est qu’à la prochaine explosion financière, les opinions publiques aient perdu patience et disent « Maintenant ça suffit ! »

    Et que feront-elles ces opinions publiques ? elles sortiront dans la rue et demanderont des comptes ? elles guillotineront « les responsables » ?
    Vu les réactions que suscitent les réformes de la justice, de la santé et de l’éducation, permettez-moi d’avoir quelques doutes…

    Vous savez, il n’ y a pas tant de monde que ça qui s’intéresse au pourquoi du comment des choses en général, et de la crise en particulier ! En même temps il faut reconnaitre que d’énormes moyens sont débloqués pour financer chaque jours des armes de distraction massive de plus en plus sophistiquées : la grippe A, Johnny, le débat sur l’identité nationale, Haïti etc…

    1. Avatar de Dissonance
      Dissonance

      Haïti comme « arme de distraction massive »…

      On en lit des âneries sur le net, mais celle là est tout de même gratinée… La tectonique des plaques n’est pas un phénomène médiatique, que je sache.

    2. Avatar de pablo75
      pablo75

      « Vu les réactions que suscitent les réformes de la justice, de la santé et de l’éducation, permettez-moi d’avoir quelques doutes… »

      Ces reformes-là ne touchent pas au portefeuille. Les explosions financières creusent des déficits abyssaux qu’il va falloir payer. La différence est de taille…

      « En même temps il faut reconnaitre que d’énormes moyens sont débloqués pour financer chaque jours des armes de distraction massive de plus en plus sophistiquées […] Haïti »

      Les tremblements de terre sont déclenchés pour distraire de la crise les populations du monde entier?

    3. Avatar de bernard laget
      bernard laget

      Si l’on admet l’hypothese que les dirigeants politiques, tels des girouettes indiquent plus, un consensus mou de leurs électeurs qu’un role d’anticipation (gouverner c’est prévoir); alors une prise de conscience « citoyenne » de l’état du monde peut etre une clé pour secouer le cocotier de la représentation, de la délégation des pouvoirs.
      On a tous bien perçus sur le Blog le piége qu’Obama s’est tendu à lui méme pour contenter ou rassurer les gens de la finance qui ne votaient pas pour lui.
      Rendre des comptes »Au Peuple »ne passe pas inéluctblement par La guillotine, ou par le génocide de Mao des citadins. Les idéologies et clivages politiques ont fait leur temps en « occident », on voit bien le scepticisme qu’elles suscitent un peu partout; ne serait t’il pas venu le temps que germe des idées; et qu’en démocraties adultes elles poussent à la base de la pyramide; est ce utopique de croire avec Coluche que le peuple ne soit pas qu’une masse de crétins ?

  11. Avatar de Bruno Lemaire

    La crise et le surendettement.

    Qu’il y ait surendettement, c’est sûr. Que la crise soit liée à ce phénomène, sans doute. Qu’elle soit liée prioritairement à ce surendettement, là, j’en doute.

    Comme j’ai tenté de l’expliquer depuis une quinzaine de mois dans divers billets de « contre-feux », c’est bien plus parce que les crédits, sans doute trop généreusement distribués, ont été mal utilisés, et mal orientés, en allant beaucoup plus vers la « sphère financière » que vers le « monde réel », le monde économique.

    Un indice peut-être, pour soutenir cette thèse: le fait que les échanges et transactions financières aient cru, au cours des 15 dernières années, beaucoup lus vite que les transactions commerciales, les courtiers en tout genre ayant rapidement compris qu’il y avait plus d’argent, et moins de risques, à prendre en servant de simples intermédiaires dans les transactions financières qu’en financement des investissements industriels. Tobin et bien d’autres l’ont évidemment dit avant moi.

    La crise actuelle durera tant qu’une profonde réforme ne s’opposera pas sérieusement, concrètement, autrement que par des déclarations d’intention plus ou moins « pipeau » à la situation actuelle, qui privilégie la sphère financière, les revenus non gagnés, les délocalisations. Pour cela une profonde réforme du système banco-financier, l’instauration d’un Revenu Minimum, le développement d’une TVA sociale et d’autres mesures de ce genre me semblent indispensables.

    Pour Betov, et d’autres 😉 : l’utopie ne se décrète pas, elle se construit et s’organise (il est vrai que P.J. appellerait cela un projet, mais qu’importe)

    Cordialement, Bruno L.

  12. Avatar de Bruno LEMAIRE

    Sur ce que dit M.Allais sur la crise en général et les délocalisations:

    Lettre aux Français

    Le cri d’alarme du seul prix Nobel d’économie français : CONTRE LES TABOUS INDISCUTÉS

    par Maurice allais

    Marianne n°659, 5 décembre 2009.

    Cordialement, B.L.

    D’autres blogs, moins connus que celui de Paul, ont fait passer un lien vers cet article. Je peux en retrouver quelques uns, si nécessaire.

    M. Allais a aussi émis une série de propositions pour sortir de cette crise, qu’il annonce depuis la fin des années 1990 (aux subprimes près, il est vrai: mais la titrisation et les opérations hors-bilan des banques peuvent prendre des formes bien variées). On peut être Prix Nobel et dire aussi des choses intéressantes 😉

  13. Avatar de Bruno LEMAIRE

    @VeryWell, @Paul et à tous ceux qui pensent que l’analyse de Maurice Allais est insuffisante et que ses solutions sont des mesurettes.

    Bonjour,

    je ne suis pas spécialement supporter de M. Allais, même si je pense que son livre « l’impôt sur le capital », un peu gros à parcourir d’une traite, est un monument difficile à ignorer.

    Je pense cependant que ce qu’il dit sur l’inflation, les revenus non gagnés, l’émission trop importante de monnaie scripturale, la frénésie des spéculateurs est tout à fait compréhensible.

    Certains lui reprochent de n’être « que » libéral et social, ou libéral et socialiste, et de ne pas vouloir abattre le système actuel. Je pense que les solutions proposées par Paul Jorion sont différentes, mais je n’ai pas vu en quoi les solutions de Paul allaient détruire le système actuel.

    Si c’est le seul critère, celui de la destruction du système actuel, pourquoi pas: il faut alors l’annonvcer haut et clair. Nous ne voulons plus du système actuel, nous pensons qu’il n’est pas réformable, et nous allons tous nous inscrire au NPA, s’il n’est pas jugé trop tiède.

    Je préfèrerai, pour ma part, défendre une position plus « mesurée ». Pour me convaincre d’aller encore plus loin, il faudrait démontrer en quoi les réformes proposées, soit par M. Allais, soit par Paul, soit par votre serviteur, n’ont pas pour but essentiel d’améliorer la situation des plus humbles, des plus défavorisés, des oubliés, des exclus.

    Limiter l’éventail de rémunérations, instaurer un Revenu Minimum, lutter contre les délocalisations, s’en prendre à la spéculation et aux « revenus non gagnés », ce n’est pas si mal.

    Quant à l’analyse que l’on peut faire sur les délocalisations, elle est malheureusement très simple: la recherche de la rentabilité fait que les entreprises s’efforcent d’aller dans les pays à faible coût de main d’œuvre. Elles oublient que la « loi de Say » est une fausse loi, à savoir que produire à bas coûts, c’est peut être bien, mais s’il n’y a plus personne pour acheter, cela pose problème. En fait, si on ne fait rien, non seulement les entreprises françaises produiront en Asie, mais elles vendront en Asie, car le pouvoir d’achat aura déserté la France. « Vendre au pays » impose d’une certaine façon de « produire au pays »: ce n’est pas de la philanthropie ou du « moralisme » (« défauts » que l’on m’attribue parfois) c’est une simple évidence.

    A moins bien sûr qu’on ne produise que des biens de luxe, pour lesquels, pendant un certain temps du moins, il y aura suffisamment de « riches » en France pour les acheter.

    Bien cordialement, B.L.

  14. Avatar de fujisan

    The Lost Decade – Chris Martenson

    En résumé:
    La décennie perdue.
    Doublement de la dette totale US (tous secteurs confondus).
    Auncune création d’emploi aux US, alors que depuis la décennie 1940, c’était min. 20%.
    Revenus médians des ménages US en baisse (ajustés pour l’inflation), une première depuis qu’on les comptabilise en 1960.
    Comment rembourser 2 fois plus de dettes avec des revenues en baisse ? (pas besoin de répondre, c’est évident)
    Surcapacité d’immobilier commercial.
    Un graphique intéressant comparant la superficie d’immobilier commercial par personne. US: 20 sq ft (1,85 m2) et Suède: 3 sq ft (0,28 m2).

    Les efforts héroïques pour soutenir ce mode de vie pourrait bien avoir quelque chose à voir avec le fait que tant de gens ont un sentiment de noeud dans l’estomac, que nous sommes sur la mauvaise voie.

    Le défi à chaque grand tournant de l’histoire est de reconnaître que le paysage a radicalement changé. Pour ma part, je suis certain que la décennie de ‘Fin de siècle’ ne peut pas être recréée dans la lettre ou l’esprit que je ne suis pas du tout intéressé à jouer en bourse ou des fonds obligataires, lesquels se négocient à des niveaux qui assument explicitement que la décennie de ‘Fin de siècle’ va revenir.

    Elle ne reviendra pas.

    Un autre avenir surviendra. Pas forcément plus mauvais, mais impliquant certainement beaucoup moins de choses achetées à crédit. Certains l’interprètent comme une baisse du niveau de vie pénible, mais pour ceux qui peuvent modifier leur perception, ce sera un moment passionnant de la transformation d’une culture de consommation vers quelque chose de beaucoup plus satisfaisant et durable.

    1. Avatar de EventuallyCalm
      EventuallyCalm

      Enfin quelqu’un d’un peu lucide, la période de murge est effectivement derrière les américains ils vont devoir se mettre au pain sec et à l’eau. lls vont morfler plus que n’importe quel autre pays j’en ai fait l’expérience à ma façon.
      Par opposition, ce crétin obscurantiste de Krugman a peur qu’une « lost decade » soit devant eux, Krugman n’a vraisemblablement pas lu S.Fitzgerald.

  15. Avatar de pineda
    pineda

    Dette US = Reagan = RAMBO = stéroïdes = cancer

  16. Avatar de Alain Monod-Broca
    Alain Monod-Broca

    Faut-il vraiment un raisonnement pour se convaincre que les industriels préfèrent produire là où les salaires sont 4 ou 10 fois plus faibles et les lois beaucoup plus accomodantes ? Cela parait évident et la réalité nous le confirme depuis 10 ou 20 ans.

    Allais n’est pas seul à le dire. Il y a plus de 30 ans que Jean Marcel Jeanneney, professeur d’économie et ancien ministre de l’industrie a écrit « Pour un nouveau protectionnisme » qui défend la nécessité de barrières (douanières ou autres) à l’entrée d’un marché pour le protéger des acteurs extérieurs qui n’ont pas les même règles.

    Bien sur c’est une solution « à posteriori » ou « de rattrapage ». La bonne solution serait que la Chine respecte les règles du Jeu, ne manipule pas sa monnaie, passe des lois sociales et environnementales comparables aux nôtres. Peut-on l’espérer ? Ne vaut-il pas mieux vivre dans la réalité, constater les ravages des délocalisations et prendre les mesures qui sont à notre portée ? ce « nous » étant l’Europe ou la France.

  17. […] by xartiel on fév.09, 2010 Une interview interressantes de Paul Jorion, a lire sur son blog […]

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