Sur le site du Monde : Keynes aujourd’hui, par Paul Jorion.
Transposer Keynes aujourd’hui
On a parlé de révolution keynésienne au sein de la science économique mais encore davantage à propos de la politique des États et des banques centrales et certains continuent d’en parler en termes techniques, évoquant par exemple l’accent mis sur la demande macroéconomique plutôt que sur l’offre. La question en réalité n’est pas là.
Le capitalisme des années trente était en train d’échouer et la quasi-totalité des membres de l’entourage immédiat de Keynes s’étaient convertis au marxisme et citaient désormais l’Union Soviétique en exemple. Il n’avait cependant lui que du dégoût pour le communisme et il entreprit de sauver le capitalisme pour ce qu’il avait de bon à ses yeux : un attachement jusque-là indéfectible aux libertés individuelles.
Alors que fut la révolution keynésienne ? La pensée de Keynes était loin d’être aussi originale au sein de la science économique de son époque qu’on ne le dit aujourd’hui. Ce qui était neuf, ce n’était pas le remplacement de quelques courbes économiques par d’autres, c’était de placer au centre de son édifice théorique un impératif : ce fut de faire du plein emploi un principe intangible autour duquel redéfinir l’économie.
Pourquoi le plein emploi ? Keynes n’était pas d’avis que les travailleurs font les révolutions : pour lui – il l’écrivit à propos de l’Union Soviétique – les intellectuels entraînent les travailleurs à leur suite et si ses amis se ralliaient à la cause du communisme, c’était par écœurement devant la misère, un fléau qui rendait vain tout accent mis sur les libertés individuelles. Les intellectuels brandiraient bientôt l’étendard de la révolution et la Grande-Bretagne déjà secouée par les mouvements sociaux serait déchirée par la guerre civile. Son souci était de sauver le capitalisme mais en éliminant la cause principale du dégoût qu’il suscitait chez lui et chez ses amis.
Keynes mit le plein emploi au centre de la réflexion économique, il convainquit et, comme il en avait fait le vœu, il sauva le capitalisme.
Les choses sont bien différentes aujourd’hui : le communisme est mort et le capitalisme est en très petite forme. Seules constantes entre l’époque de Keynes et la nôtre : les libertés individuelles doivent être respectées et sur certains points, restaurées. et la misère qui prive celles-ci de tout objet doit être éradiquée.
Le plein emploi signifiait minimiser l’impact de la pauvreté mais constituait aussi une façon de maximiser la demande : une manière d’exorciser le spectre de la surproduction. On pouvait encore légitimement espérer alors que le travail générerait des revenus suffisants sous forme de salaires pour que la totalité de la production puisse être absorbée par la demande. Or l’informatisation et l’automatisation ont dopé à ce point la productivité, dans les services aussi bien que dans l’industrie, qu’il est devenu chimérique d’envisager que les salaires suffiront à l’avenir à absorber l’offre entière de marchandises.
Par ailleurs, la fuite en avant consistant à produire autant qu’il est matériellement possible pour générer ensuite à l’aide du marketing une demande équivalente, a trouvé ses limites dans l’épuisement des ressources et la dégradation de l’environnement. Consommer mieux et à meilleur escient s’est transformé en une nécessité si l’espèce humaine entend sauvegarder son habitat.
Le projet de Keynes doit donc être revu et réactualisé de manière à intégrer la nouvelle donne. Un impératif demeure sous sa forme la plus générale : maintenir – et le cas échéant, restaurer – ce qui du système mérite d’être sauvé, et au premier plan, les libertés individuelles, mais aussi faire en sorte que soit éliminée la source du dégoût qui se répand dans la population, comme dans les années 1930, envers un système qui, chaque jour davantage, punit les bons pour récompenser les méchants.
162 réponses à “Le Monde – Économie, lundi 11 – mardi 12 janvier”
« qu’il est devenu chimérique d’envisager que les salaires suffiront à l’avenir à absorber l’offre entière de marchandises. »
(Ici pour le besoin de cette discussion je suppose que les produits sont toujours désirables et que l’on a pas une situation où on produit des biens que plus personne n’a besoin dans un marché saturé – je suppose comme vous dite que la seule raison de vendre est l’insuffisance de la masse salariale, PAS le manque de demande/désir d’achat)
Dans ce cas, vous faites la même erreur que tous les Keynesiens avec leur « paradox of thrift » qui n’est pas un paradoxe!
OUI, on peut absorber l’offre entière de marchandises avec une masse salariale réduite: il SUFFIT de laisser les prix baisser.
Et c’est le problème avec la situation actuelle: on ne permet pas aux prix de baisser:
a) soit pour des raisons structurelles (convention collectives/syndicats) et psychologiques (mauvaise compréhension de la question par tous et panique de voir son salaire diminué mais si son pouvoir d’achat est inchangé ou même amélioré)
b) soit délibéremment en essayant de « restimuler » l’économie en « infusant » de nouveaux fonds.
La solution b) pourrait être adéquate SI on DONNAIT l’argent aux gens (il y a mille façon de faire cela) (ce serait presque le même effect que de laisser les prix tombés, en plus d’être (probablement) beaucoup plus politiquement facile de faire que a) ), mais au lieu de ça on utilise un pire aller qui est réellement dangereux, voire désastreux: on PRETE cet argent Or cet argent ne pourra pas être remboursé (dans les conditions où il est prêté) comme tenu du processus naturel d’accroissement du pouvoir d’achat par une production accrue et une tendance à la baisse des prix — et qui nécessitera encore une fois une AUTRE stimulation par prêt encore plus forte dans une spirale infernale que nous sommes en train de goûter aujourd’hui.
@Marquis de Laplace
Bravo pour votre solution de relance de l’économie en « infusant » de nouveaux fonds.
Pour cela la meilleure solution serait effectivement : « SI on DONNAIT l’argent aux gens (il y a mille façon de faire cela) (ce serait presque le même effet que de laisser les prix tomber »,
Parmi les mille façons de faire, je rappelle deux pistes concrètes:
1) instaurer un Revenu Minimum de Dignité, ou d’existence (cf http://blemaire.com/PDF ou sur « contre-feux »)
2) remplacer un petit grand emprunt de 25 milliards par une émission monétaire de 8 milliards par mois sur 2 ans, cet argent allant d’un côté aux investissements collectifs, de l’autre à l’aide à la consommation (ce peut être par le biais du RMI, bien sûr).
Cordialement, Bruno Lemaire
Et tout ceci avec des frontières béantes?
Monsieur le Marquis,
Votre idée a plusieurs faiblesses. Pour commencer votre hypothèse de base est contredite par le fait que je porte un seul pantalon. Quelques soient mes moyens financiers, il y a un moment où les pantalons cesseront de m’apparaître comme désirables. Cette observation à mon sujet me semble généralisable à tous les hommes de la planète. Le marché des pantalons est donc limité même si tous les hommes auraient les moyens financiers nécessaires pour s’en offrir un nombre infini. Ensuite, vous supposez possible qu’un salaire peut être baissé sans diminution voire même avec une amélioration du pouvoir d’achat. Mon expérience de tous les jours vous contredit. Je me demande sur quelle planète vous vivez. Quant à parler des blocages structurels à cause des conventions collectives et des syndicats, les premières sautent ou sont contournées et les blocages dûs aux seconds m’échappent totalement. Finalement, écrire qu’il est possible de donner de l’argent aux gens sans que les économistes néolibéraux hurlent à la menace inflationniste me laisse simplement rêveur. J’ai encore oublié que la solution de prêter aux gens a les faveurs de toute la finance. Elle est si rentable. Elle reflète l’activité des « entrepreneurs ». Elle est le produit des libéralisations, des éliminations d’entraves à la libre circulation des capitaux, de la prise d’indépendance des banques centrales, de la mise sur le marché d’emprunts d’état. Elle est le produit de la politique éliminant l’obstacle que vous notez « a) pour des raisons structurelles ».
Je néglige votre hypothèse de processus naturel d’accroissement du pouvoir d’achat. Il m’apparaît comme une soucoupe volante dans le ciel. Quoique la soucoupe, je pourrais plus facilement l’accepter que votre processus naturel. Il y a augmentation de la production et une baisse (éventuelle) des prix. Ces deux processus permettent de vendre plus, avec une marge bénéficiaire plus grande. Le résultat est une baisse du pouvoir d’achat par baisse de la masse salariale plus grande que la baisse des prix. La différence va se placer en bourse ou sert à payer les financiers qui pratiquent les fusions, acquisitions, LBO, etc… C’est tellement plus rentable que la bête production de biens et de services.
Je considère que votre argumentaire souffre de quelques faiblesses.
et ben ça alors !!!
Je suis tout à fait d’accord avec ce que vous dites de la situation actuelle où la révolution numérique a tellement dopé la productivité qu’il est vain d’espérer que les salaires suffisent à absorber l’offre; c’est exactement ce qu’écrivait A.Gorz dans son dernier texte. C’est là justement où le protectionisme qui fait (un beau) débat pourrait atteindre ses limites et ne constituer qu’une solution temporaire; inéluctablement et en raison même du développement irrésistible de l’économie numérique, la production requiert de moins en moins de travail et distribue de moins en moins de salaires.
Le plein emploi, cher à Keynes, est devenu tout bonnement impossible aujourd’hui et c’est bien la différence majeure avec les années 30: il n’y a plus assez de travail dans le monde pour rémunérer chacun avec un minimum décent. Cela semble une mauvaise nouvelle à première vue mais est ce si catastrophique?
Bonjour,
Le plein emploi est il seulement possible ?! Y a t’il deja eu dans l’histoire suffisamment de travail dans le monde pour remunerer chacun avec un minimum decent qui permette a l’offre d’etre absorbee integralement ?
Le plein emploi cree une trop forte tension sur le marche du travail, les salaires montent. Si le monde est ouvert et inhomogene les entreprises s’en vont produire ailleurs. Si le monde est clos et homogene, que pourrait il se passer ? Quelqu’un a til une idee la dessus ? …. Malheureusement le monde n’est pas un systeme ferme et il n’est pas homogene.
.
Peut-on raisonnablement songer à sauver tout à la fois les « libertés individuelles » dans le contexte global écologiquement ingouvernable qu’est devenu le nôtre et le « goût de vivre » des populations en très grand maltraitance, sans tester et instaurer les différentes formes envisageables « d’écosubsistance MINIMALE universelle » (l’ESMU en langage économique simplificateur) dont beaucoup « d’éco-consom-acteurs » sont peut-être prêts à se satisfaire pour réaliser leurs projets de vie toujours plus constitués d’activités et d’autoaccomplissements de nature immatérielle ?
Mais voilà ! Pour y parvenir, il nous faut instaurer des modes de fonctionnement démocratiques bien plus évolués qui nous permettent toutes sortes d’auto-régulations populaires avancées, et INITIER une remise en cause radicale des « DOMINANTS », de leur raison d’être et de leurs « MODES DE DOMINANCE » qu’il leur faudra pourtant bien finir par admettre tôt ou tard !
Jack Evols, les participants de ce blog n’accrochent bizarrement pas sur le concept (pourtant central) de dominance. Avec ma plume maladroite, j’ai tenté d’expliquer la différence entre dominance naturelle (celle du troupeau de chèvres qui m’a tout appris de l’humanité…) et la dominance sociale. J’ai tenté d’expliquer la contradiction entre la courbe des compétences et la courbe des positions sociales. Tenté d’expliquer la relation quantitative entre la taille du groupe et les adaptations qualitatives de la dominance…
En vain. Aucune réaction. On préfère disserter avec art et culture sur des digressions…
Ma conclusion: Les gens VEULENT de la dominance sociale (« les gens » ne sont pas totalement idiots, je suppose…), pour la simple raison qu’ils espèrent tous être dominants, un jour. Etrange folie. A partir de là, les « autoaccomplissements de nature immatérielle », comme vous dites, seront sûrement la voie… pas pour tous, malheureusement.
Mais la dominance c’est la vie.
Elle est aussi forte que la mort.
On a pu rêver qu’un jour le progrès « social » supplanterait la nature grâce au génie humain.
Il y aura toujours des différences c’est comme çà que la nature fonctionne.
On peut tenter de lisser les courbes de bonheur entre dominants (méchants) et dominés (gentils) à coup de RSA,RMI et autres lubrifiants de semi écosubsistance minimale, mais çà ne changera pas le monde et le principe de Carnot règnera toujours.
L’être humain sans « mode dominance »? Cela ne s’est jamais vu.Cela ne se verra sans doute(?) jamais.
Betov,
1. Peut-être faudrait-il introduire une distinction entre ceux qui se risquent à s’exprimer ici et ceux qui, tout en lisant très attentivement ce qui se dit et se pense sur ce blog, NE S’EXPRIMENT PAS et tiennent notamment à ne surtout pas s’exposer à des échanges qui, entre autres, risqueraient de devenir inutilement POLEMIQUES
2.S’extraire du cadre de réflexion existant, relève de la créativité : et quand nous nous livrons à du brainstorming de recherche-action « créatif » pour identifier les différentes idées nouvelles, représentations nouvelles ou paradigmes nouveaux porteurs de solutions possibles, nous tenons incontestablement des propos qui dérangent les tenants de l’immobilisme et paraissent un peu trop « innovants » ou « audacieux » pour l’immensité passive et dangereusement attentiste de ceux qui n’osent plus se donner comme seule perspective d’avenir que de « SUBIR » l’insoutenable dans un « sauve-qui-peut » permanent et en « SOUFFRANT LE MOINS POSSIBLE »
3. Faire émerger et coexister pacifiquement les différentes façons envisageables de construire des « futurs viables » qui soient à la fois, hautement libérateurs, fédéralisateurs, éco-préservateurs et hominisateurs, donc très au delà de l’économisme borné qui nous consume, suppose de conquérir la liberté fondamentale de LES EXPERIMENTER très concrètement pour en évaluer l’efficience et de s’engager résolument dans des DESENFERMEMENTS, dans des DESALIENATIONS et dans des ECOREDEPLOIEMENTS qui ne relèvent peut-être pas des champs de réflexion et des intentions affichées de ce blog
@J Evols
Je n’accroche pas à votre notion de dominance ; et j’ai même l’impression que vous fonctionnez sur de sacrés a priori.
1.Que les gens qui sont en situations défavorisée le sont parce qu’ils sont dominés.. Posez la question a n’importe quel enseignant ..
2. Que les gens qui sont dominés seraient spontanément plus favorables aux idées générales de justice et de tempérance que les dominants .
Je vous propose une chose pour avancer . Et si vous testiez d’autres hypothèses ?
amicalement
à Jack,
Une petite lecture très éclairante sur les mécanises de la domination si vous réussissez à trouver ce bouquin: « Questions de sociologie » de Pierre Bourdieu. Livre très accessible contrairement à la plupart des écrits spécialisés du même auteur.
En complément, si elle peut se révéler illégitime et arbitraire, ce qui je combats, elle possède néanmoins quelques sources de légitimité: à quoi sert la domination? Pourquoi est-elle inévitable?
TARTAR, quand on procède à la traite d’un troupeau de chèvres, on leur donne un peu de grain, pour qu’elles se mettent en places (technique de la traite en ligne…). Elles respectent alors un ordre identique à leur statuts dans l’ordre de leur dominance naturelle, ce qui évite des bagarres incessantes. Cette dominance là n’est ni bonne ni mauvaise. Elle est. Point.
La dominance sociale est une tout autre affaire. Les dominants humains, pour ne pas constamment s’entre-tuer, ont inventé toutes sortes d’artifices, qui sont de l’ordre de la convention sociale. La résultante en est la divergence considérable entre la courbe des compétences et la courbe des positions, parfaitement illustrée par les écarts obscènes de salaires: Pour un écart de compétence infime, en supposant que la compétence soit réelle -ce qu’elle n’est généralement pas-, la différence de salaire est considérable. Courbe exponentielle contre courbe qui se tasse.
Non, la dominance sociale n’a pas de commune mesure avec la dominance naturelle.
Quant aux objections de claude roche, non, « les gens qui sont en situations défavorisée le ne le sont pas parce qu’ils sont dominés », mais à l’inverse les gens sont dominé parce qu’ils sont en situations défavorisée. Renverser l’évidence ne sert à rien.
Non, on ne peut pas « Posez la question a n’importe quel enseignant », pour la simple raison que le terme d’enseignant suppose déjà une position de dominant mineur. Admettons que l’enseignant soit un alternatif de Montessori, je ne vois pas pourquoi son avis sur la question aurait plus de valeur que le mien ou celui de Jack.
Non, « les gens qui sont dominés ne sont pas spontanément plus favorables aux idées générales de justice et de tempérance que les dominants ». Pourquoi le seraient-ils ? Où est la logique ? A nouveau, un renversement de l’évidence ? Si c’était le cas, il n’y aurait pas de fortunes à 15 milliards d’euros.
Merci Michel de votre suggestion …
Pour s’en tenir à de simples observations basiques qui relèvent du « sens commun », l’histoire humaine regorge d’exemples de personnes de toutes sortes d’origines qui, la plupart du temps sans bruit ni tapage vaniteux, ont déjà spectaculairement réussi à s’entendre, à s’estimer mutuellement, à se promouvoir mutuellement, à grandir ensemble, à s’épanouir ensemble et à construire du viable ensemble SANS DERAPER DANS LA DOMINATION ou L’ASSUJETISSEMENT de l’un par l’autre, des uns par les autres : pourquoi voudriez-vous que dans ce nouveau contexte de complexités de plus en plus imbriquées dans lesquelles nos interactions n’en finissent pas de s’amplifier, ou en prenant appui sur des « affirmations » sociologiques (vous employez le terme INEVITABLE) qui ne vaudraient que pour les milieux observés dans le passé, cela devienne subitement et desespérément impossible ailleurs, maintenant et dans nos futurs immédiats ?
N’est-ce pas contribuer de plus en plus au BIEN COMMUN que de tenter de vouloir développer toujours mieux dans toutes sortes de champs d’action, des relations exemptes de perversions dominatrices ?
Dominants dominés.
Je pensais il y a quelques années que tout le monde préférait dominer qu’être dominé, mais c’était probablement parce que je me situe moi même parmi les dominants (sauf lorsque j’en rencontre un meilleur mais la je m’égare)
Puis dans le monde du travail, je me suis rendu compte de l’inverse, la plupart préfèrent être dominé car cela retire toute responsabilité ou presque. Ça permet de vivre comme un enfant toute sa vie. Rare sont ceux qui le reconnaissent car être dominé est vu comme péjoratif.
« Les gens » ne veulent pas dominer, ils veulent la paix et la tranquillité. Je pense que les êtres vivant son fainéants par nature.
Reste ce qui est « admiré » socialement (ou est insupportable individuellement). Par exemple pour la politique. Le fait d’aller voter est une sorte de dominance sur les hommes politique (qui nous gouvernent, donc qui nous dominent) Mais il faut que la société vois le fait que ne pas voter est mal vu pour que « Les gens » aillent voter. Peu importe la façon dont on vote, IL FAUT VOTER dans notre société. En revanche, vous en connaissez beaucoup « Des gens » qui s’intéressent toute l’année à la politique afin d’assumer pleinement le rôle de votant?
Betov dit « Les dominants humains, pour ne pas constamment s’entre-tuer, ont inventé toutes sortes d’artifices, qui sont de l’ordre de la convention sociale. » Cette façon très pessimiste de voir l’espèce humaine n’est pas très orgininale. Elle est celle de Hobbes et de son « L’homme est un loup pour l’homme ». Et sa proposition de convention sociale pour empêcher le carnage était le tyran qui ferait régner la peur du gendarme. Cette vision anthropologique a influencé durablement l’Occident durant 3 siècles et Betov la reproduit assez fidèlement.
Une vision anthropologique alternative n’est pas de considérer l’humain comme un angelot mais comme un être social très adaptable et qui peut se montrer méchant et bon et préférera l’un à l’autre en fonction des circonstances sociétales qui l’entourent.
La hiérarchie naturelle dont parle Betov chez les chèvres existe aussi chez les loups (qui ne se dévorent pas entre eux). Ceci pour dire que les inspirations qui prennent les animaux comme exemple de société humaine sont toujours erronés et le plus souvent réactionnaires voire passablement fascisants. Depuis la Fable des Abeilles de jusqu’à la socio-biologie, il y a là un pendant à la régression fort dommageable.
L’espèce humaine partage bien des choses aves ces frères animaux mais (hélas et heureusement pour elle) le développement de son intellect la condamne à inventer des modes de « vivre ensemble » autrement plus complexes que ceux d’une quelconque société animale.
Ici, on cherche mais il me semble que les propositions de Jack Evols et de Claude Roche vont plus vers l’avant que celles de Betov.
r l’informatisation et l’automatisation ont dopé à ce point la productivité, dans les services aussi bien que dans l’industrie, qu’il est devenu chimérique d’envisager que les salaires suffiront à l’avenir à absorber l’offre entière de marchandises.???
notre marquis de laplace a lui aussi réagi à cette affirmation bien défaitiste
il propose de laisser baisser les prix
on peut aussi diminuer le temps de travail tout en maintenant le salaire
c’est tellement évident que plus personne ne le voit ?
productivité en hausse c’est produire autant avec moins de travail, la solution saute aux yeux
la racine du mal c’est que les détenteurs de capitaux ont voulu accaparer le surplus de profit né de la hausse de la productivité.
ce surplus de profit au lieu d’être surtout consommé s’il est distribué aux travailleurs sert surtout à alimenter la spéculation sur les actifs financiers s’il est confisqué par les détenteurs de capitaux
d’où demande insuffisante
Il me paraît à moi aussi assez évident qu’il faut encore baisser le temps de travail, sans perte de salaire, ce qui équivaut donc à redistribuer la richesse vers les travailleurs au détriment des rentiers.
Sur la « productivité » en hausse et l’emploi en baisse.
Les gains de productivité vont effectivement assez rarement aux « travailleurs », m^me s’il y aurait beaucoup à dire sur la « productivité apparente du travail ». Plus vous mécanisez ou automatisez, plus la productivité des salariés qui restent employés paraît s’élever.
Pour ce ttype de travaux, très quantitatifs, on pourrait penser que diminuer le temps de travail serait une bonne chose.
Mais pour tout ce qui concerne un travail qualitatif, celui dont on parlait il y a 10 ans dans la conférence de Lisbonne sur « l’économie de la connaissance », ce serait plus discutable.
Par ailleurs, autant je pense qu’il faut faire la chasse aux « revenus non gagnés » (donc aux « capitalistes ») autant je pense qu’il faut aussi éviter à tout prix les délocalisations vers les pays à bas coût et au faible respect de l’environnement.
C’est donc plutôt vers une TVA sociale qu’il faudrait s’orienter, pour taxer fortement les biens et services en provenance d’une liste grise ou noire de tels pays, plutôt que d’augmenter les salaires de ceux qui n’ont pas encore perdu leur travail. Je pense d’ailleurs que l’instauration d’une TVA sociale permettrait de créer des emplois en France, puisque les entreprises concernées pourraient à nouveau produire de façon « rentable » en France, sans être soumis,pour tenter de vendre en France, à une concurrence impossible à maîtriser de la part des pays « gris » ou « noirs ».
Bruno Lemaire.
Après la constitution économique, la monnaie, l’interdiction des paris, voici maintenant… le plein emploi ! Vous avez l’art d’avancer des pions inattendus, monsieur Jorion, vous feriez un malheur en marketing ! Le plein emploi, il y a longtemps qu’on n’en parle que sur le ton de la nostalgie et de l’impossible retour. Mais à revisiter Keynes dans cette perspective, et sans oublier la productivité pharamineuse des pays développés, vous en parlez comme si c’était possible. J’ai envie de dire : et pourquoi pas ? Car même si ce but est inatteignable, ce devrait être celui de l’économie. La guerre économique actuelle est un vaste champ de bataille où on laisse les blessés sur le terrain. Pas cool. Bon, c’est vrai, certains sont mis sous perfusion, mais quand même, c’est emplâtre sur jambe de bois.
J’ai dû très mal m’exprimer, je parle de transposer : j’évoque quelque chose qui viendrait à la place où se trouve le plein emploi chez Keynes.
Je ne prône pas non plus un retour à Keynes, pour ceux qui croiraient lire ça.
Si l’on se base sur cette phrase, (qui arrive à la fin) : « Le projet de Keynes doit donc être revu et réactualisé de manière à intégrer la nouvelle donne. » , « la nouvelle donne », en l’occurence la productivité, constitue ce qu’il faut intégrer dans le projet de Keynes, qui est celui du plein emploi. L’idée de « transposition » n’apparaît que dans le titre, qu’on peut avoir déjà oublié au moment de lire la conclusion.
Ainsi comprise, cette idée me déçoit car elle ne dit pas qu’elle pivot pourrait prendre la place du plein emploi de Keynes.
Ce qui prendrait la place du plein emploi pourrait-il s’appeler pleine activité? Emploi se rapportant plus exclusivement au domaine productif faisant écho à l’homo oeconomicus et actvité étant beaucoup plus large?
Puisque le plein emploi est impossible à retrouver et que ce plein emploi n’était que la manière de donner aux exploités les moyens à la fois de vivre pas trop mal et de faire tourner la machine économique, je serais curieux d’entendre Paul et d’autres sur le principe de l’allocation universelle ou autres revenus inconditionnels.
« Pleine activité durable » pourrait peut-être venir à la place de « plein emploi », à la fois pour tenir compte des extraordianaires gains de productivité réalisés et pour tenir compte de l’environnement et des ressources.
Outre quelques bonnes lectures acquises récemment (l’argent mode d’emploi…), je suis en train de me replonger dans le livre de Jeremy Rifkin : La fin du travail.
Edifiant au vu de la réalité actuelle.
Qu’en pensez-vous ?
http://www.cnam.fr/lipsor/dso/articles/fiche/rifkin.html
Qu’en est- il de l’appétence pour les biens de consommation ? Le seul véritable frein, c’est le pouvoir d’achat.Nous ne sommes pas arrivés à un stade de remise en cause tel que tout à chacun renoncerait à consommer pour la sauvegarde de la planète ou la gloire de Dieu.On se pare de vertu ,au prétexte d’une faillite du système.C’est oublier un peu vite et c’est là le véritable scandale que beaucoup de gens rament pour un minimum vital et que d’autres ont définitivement renoncer à ramer.Cela dit je ne suis p
@Piotr,
grande lucidité, effectivement. Nous pratiquons tous, plus ou moins, l’idée du bouc émissaire – c’est pas moi, c’est l’autre – tout en n’ayant aucune envie de remettre personnellement en cause notre mode de consommation. Je parle évidemment pour moi, privilégié, tout en étant quelque peu inquiet pour mes enfants: là encore, c’est de l’égoïsme.
J’essaye de me consoler en émettant des idées qui se veulent généreuses, en espérant que ce n’est pas essentiellement pour me dédouaner de faire justement partie des « privilégiés », et pas des « damnés de la terre ».
B.L.
En effet, pas évident d’être « responsable »…
Monsieur Lemaire, vous avez mis le doigt sur le problème crucial, je pense.
Dans une société dans laquelle il faut être beau, riche, intelligent et irréprochable, la moindre faute ou le plus petit défaut est rarement pardonné.
Tous parfaits, tous parfaits, tous, tous.
D’ailleurs l’attrait pour le jeu et les magazines pipole est révélateur. Il faut rêver…
« tout en n’ayant aucune envie de remettre personnellement en cause notre mode de consommation » : on aime se flageller sur ce blog ! Ce n’est pourtant pas monsieur tout le monde qui a fabriqué des télés et des bagnoles par milliards, seulement un petit nombre d’entrepreneurs qui ne pensaient qu’à se faire du fric sous prétextede nous rendre la vie plus facile et plus agréable. Ce n’est pas monsieur tout le monde qui était président des US dans les années 80 ni premier ministre de Sa Majesté. Ce n’est pas monsieur tout le monde qui a engagé la France et l’Europe à la suite des US. Ce n’est pas monsieur tout le monde qui a pondu la théorie économique débile dite « des marchés efficients » qui justifiait tout et n’importe quoi.
Monsieur tout le monde changera « personnellement » son mode de consommation quand on lui proposera autre chose. En attendant, il fait comme tout le monde et comme les animaux dans la nature : il prend ce qu’il trouve. Et ce n’est pas parce qu’une petite minorité peut faire autrement, par nécessité ou par conviction, que le monde tel qu’il est s’arrêtera de tourner.
Cela dit je suis pas dupe de mes larmoiements…
Proposez-vous de sauver la capitalisme par des moyens équivalents à ceux de Keynes dans les années 1930 ? Il resterait simplement à définir ces moyens ce qui n’est pas une mince affaire. Pourtant dans les années 193à, il y a eu d’autres voies que le capitalisme ou le communisme. La Révolution espagnole qui a eu lieu en pleine guerre civile (1936-1939) en fut l’illustration. Les intellectuels n’en furent pas les instigateurs mais les travailleurs eux-mêmes. Ce fut l’application des principes de l’anarchisme dans sa version communiste libertaire. A part Noam Chomsky, je ne connais pas d’intellectuel d’envergure mondiale qui le reconnaisse autant. A votre avis pourquoi ?
Le niveau de naïveté de Paul Jorion me laisse souvent les bras ballants. Il utilise le mot anarchisme comme équivalent du mot « désordre », comme si l’expérience anarchiste n’avait jamais existé. Il utilise le mot « communisme » comme équivalent du mot « soviétique », comme si d’autres communismes n’existaient pas (comme l’actuelle expérience bolivarienne).
Merci de rappeler que « Les intellectuels n’en furent pas les instigateurs mais les travailleurs eux-mêmes ». Les intellectuels… on les connaît. Ce sont ceux qui, ne sachant rien faire de leurs mains, gagnent leur vie sur la posture. Ce sont ceux qui, à l’instar de Cohn Bendit, agitent leur têtes devant les caméras complaisantes pour prendre la tête d’une petite révolte et faire métier de médiâtre.
Vous demandez pourquoi « les intellectuels font semblant d’ignorer le communiste libertaire » ? Simple: L’anarchie étant la seule expérience sociale dont on soit certain qu’elle fonctionne (au moins quelques mois…), cette expérience devient celle après laquelle tout est dit… et reste à… FAIRE.
Quand je dis « anarchisme de base » ou « anarchisme primaire », il faut lire les deux mots, comme dans « matérialisme vulgaire », par exemple.
Je suppose que le matérialisme est vulgaire pour ceux qui disposent du nécessaire et qu’il l’est beaucoup moins pour ceux qui manquent de tout. Je crois comprendre ce que vous voulez dire. Par contre, j’ai le plus grand mal à imaginer en quoi l’anarchisme pourrait être primaire.
Ce que je reprocherait à la Féfération Anarchiste, serait plutôt d’avoir oublié la vigueur, par exemple, dans sur mode « bobo-bio ». Même dans cette configuration allégée, je ne voit pas ce que je pourrait qualifier de primaire.
Vous avez, par exemple, utilisé l’expression « anarchie capitaliste », comme si vous ignoriez, la puissance des mots et leur torsion tragique dans les ré-interprétations volapukiennes dont les systèmes de propagandes sont coutumiers. Elles seraient « comiques » et non « tragiques » si elles n’étaient validées par l’usage. Les héros de la résistance deviennent des terroristes, les tueurs gagés deviennent des défenseurs de la liberté, la dictature mondiale devient le monde libre, les hyper-racistes deviennent les offusqués des tribunaux du peuple, le criminel contre l’humanité devient président d’une démocratie où le vote citoyen n’a plus ni sens ni effet, …
Les mots sont actif. Radio-actifs.
« Anarchie capitaliste » ? J’aurais écrit ça ? Ce n’est pas mon style. Vous voulez peut-être dire que j’ai repris à Murray Rothbard l’expression d’« anarcho-capitalisme » pour désigner le « libertarianisme » ou « ultralibéralisme », mais ce n’est pas une invention à moi ça : c’est une expression que certaines ultralibéraux utilisent pour se désigner eux-mêmes. Vous pensez peut-être qu’ils n’auraient pas dû le faire mais ça, je n’y suis pour rien.
[« anarcho-capitalisme « ] « Vous pensez peut-être qu’ils n’auraient pas dû le faire mais ça, je n’y suis pour rien ». Alors ne leur faite pas de la pub en employant leur vocabulaire de propagande qui sème le trouble chez ceux qui ne sont pas assez informés.
Oui, je fais sans doute « de la pub » aux ultralibéraux en en parlant mais voyez où ça nous a conduits de vouloir les ignorer.
Vous ne changerez pas le monde en changeant les mots, c’est le principe de la novlangue.
@betov and alii
Permettez moi d’être toujours surpris par la manière dont beaucoup parlent ici de l’anarchisme. Comme si le terme était un progrès et l’anarchie souhaitable et l’Etat toujours à combattre ?. Est-ce cela que vous pensez vraiement ?
Mon point de vue est que l’anarchisme a toujours rimé avec de grand sourires béats au début et la violence gratuite à la fin .Non pas par hasard mais parce que c’est la LOI qui civilise l’humanité. Alors oui : l’anarcho-capitalisme est une réalité ( idéologique) qui a structuré toute notre génération et oui, les cousinages avec nos « anarchistes à nous » français sont évidents . Jusque dans la caricature ( les français parlent , les américains font)
Oui ce qu’il faut d’abord voir dans l’anarcho – capitalsime c’est sa volonté d’éliminer toute loi qui encadreriat l’activité économique .
amicalement
@ Paul,
Je ne cherche pas à chnager le monde en changeant les mots. Encore moins un quelconque intérêt pour le novlangue. Je n’ignore pas les ultra-libéraux, il faut en parler mais pas en utilisant leur vocabulaire. Il faut, au contraire, le démysthifier. Par exemple, savez-vous que ce sont les milieux intégristes musulmans qui ont inventé le mot « islamphobie » ? Maintenant, tout le monde le reprend. Dès qu’on est en désaccord avec l’islam on est taxé d’islamophobe. Je vous ai peut-être titillé ces derniers temps avec certains mots, mais c’est pour plus de clarté. Quant au monde, il change tout les jours. C’est l’impermance des choses dont parlent les bouddhistes.
Sachez que je vous considère comme quelqu’un d’honnête, je fais même de la propagnade pour votre blog. On vient de m’offrir deux de vos livres « La fin du capitalisme américain » et « L’argent mode d’emploi » et je compte moi-même en offrir aussi.
@ claude roche
Vous avez le droit de ne pas être d’accord, mais là vous dites n’importe quoi. L’anarchisme n’ a rien à voir avec l’anarcho-capitalisme. Ceci est vrai même aux Etats-Unis. Savez-vous que c’est la mort de quatre militants anarchistes à Chicago en 1886, lors d’une manifestation réclamant la journée de huit heures, qui est à l’origine du 1er mai ? Ce n’est pas la fête du travail. D’où venait la violence à ce moment là ?
Eliminer toute loi ne vous transforme pas en anarchiste. La loi du plus fort, elle, est alors glorifiée.
Je tiens à réagir sur ce débat sur l’anarchie.
J’ai écrit moi-même sur ce blog que je n’étais pas anarchiste. Je me suis ensuite dit, tiens, au fait, c’est quoi l’anarchie. Je suis donc allé me documenter et je dois dire que cela n’a rien à voir avec l’idée vague que j’en avais.
C’est même une source d’inspiration et le système de fonctionnement déjà appliqué en grandeur réelle qui ressemble le plus à mes aspirations.
J’invite donc les personnes qui pensent « Je ne suis pas anarchiste » à vérifier s’ils savent vraiment de quoi il s’agit et s’ils ne sont pas victimes d’une forme de propagande où l’anarchie est toujours associée à la chienlit, le désordre, la violence…
Aujourd’hui, je ne dis pas que « je suis anarchiste », je n’ai pas fini d’étudier la question, mais je ne dis plus « je ne suis pas anarchiste ».
@ Vincent Wallon
Merci pour votre honnêteté et votre curiosité.
à la fin de l’article publié par lemonde.fr, on peut lire :
« …envers un système qui, chaque jour davantage, appauvrit encore les plus pauvres et enrichit
davantage les plus riches. »
… appauvrit d’autant plus les pauvres qu’il enrichit davantage les plus riches …?…
Pas un tocard ce Keynes !
@Marquis de Laplace:
Je ne vois pas comment une baisse des prix pourrait se faire sans conséquence (à la baisse) sur les salaires et donc sans entrer dans une spirale déflationiste.
@Shuniata:
Par ailleurs, travailler moins pour gagner autant, c’est pousser au risque inverse,i-e inflationiste et il faudra marcher sur le corps des rentiers actuels et des gardiens du temple des BC pour le faire mondialement accepter…
Alors , entre Charribe et Scylla, reste la question pivot: par quoi remplace t’on l’emploi pour rémunerer les gens ?
je lis ce matin dans la Tribune un article qui a pour titre :
Polémique sur la dette : les Islandais approuvent leur président
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20100111trib000460682/polemique-sur-la-dette-les-islandais-approuvent-leur-president.html
la fin de l’article m’intéresse particulièrement :
« Le Parlement a donc accepté, vendredi soir, que le référendum ait lieu le 6 mars. Mais la date officielle n’a pas encore été fixée. Selon un sondage publié par le même quotidien, 60,1% des Islandais pensent voter non lors du référendum. »
j’ai lu sur le blog quelques réactions tendant à tempérer notre enthousiasme face à ce qui se passe en Islande; personnellement, je maintiens tout ce que j’ai pu en dire; il faut prendre conscience de ce que les islandais nous ouvrent la voie; et apportent la démonstration, en vraie grandeur, de l’idéal que beaucoup partagent ici;
Je suis bien d’accord avec cela !
Combien d’habitants, en Islande?
Il suffit ainsi qu’un homme se lève pour recevoir le soutien d’une majorité sur une proposition de bons sens…
Le travail n’a jamais sauvé personne, ce n’est pas de plein emploi qu’il faut parler mais de partage des richesses.
Il me semble tout à fait légitime que chaque citoyen reçoive dés sa naissance et durant toute sa vie une allocation minimale.
Toujours dans le cadre du partage des richesses, les matières premières font parties du bien commun de l’humanité, il est tout à fait anormale qu’elles soient la propriété d’un état, d’un individu ou d’une compagnie privée.
Bonjour,
Je suis bien d’accord avec ca. Mais il faut aussi produre les richesses en question.
Apres, quelque soient les regles du jeu, il y en aura pour les detourner et maximiser leur profit personnel.
L’allocation minimale ne peut donc pas etre fixee en numeraire, ni en nature. Il faudrait un genre de pourcentage du PIB par exemple. Mais en moins d’une decennie, une telle regle pourrait facilement etre videe de son contenue en changeant le mode de calcul du PIB par exemple.
Il ne peut pas y avoir d’acquis dans les constructions humaines. Les contre pouvoirs et la lutte permanente sont les seuls gages d’un partage equitable. Les » faibles majoritaires » doivent jouer collectif au lieu de se laisser berner par les theories individualistes des « forts minoritaires » qui savent fort bien jouer collectif quand cela les arrange.
Sur le « plein emploi »
Je ne sais pas si c’est vraiment possible, mais ce qui devrait l’être, c’est au moins la pleine satisfaction des besoins élémentaires (nourriture, logement, éducation) de la population française.
Donc, tant que cet objectif socio-économique ne sera pas réalisé, je considère que les politiques, de droite ou de gauche, n’auront pas accompli leur mission.
Si, bien que libéral (qui se soigne) je suggère nombre de solutions « dirigistes », c’est bien parce que ce véritable scandale des temps modernes : capacités de production inutilisées, technologie suffisante, sans logis et miséreux pourrait et devrait être combattu, même dans un contexte où les entrepreneurs ne sont pas philanthropes.
Cela passe par une volonté politique – quitte à faire des accrocs au traité de Lisbonne – et des solutions économiques relativement bien ciblées: réforme monétaire (la monnaie au service du « peuple »), Revenu Minimum universel, chasse aux revenus « non gagnés », TVA sociale, etc.
Bruno Lemaire.
PS. Sur Keynes, je partage le point de vue de Paul Jorion. Keynes a imaginé une solution boiteuse pour restaurer le plein emploi sans vouloir, ou pouvoir, s’attaquer au capitalisme. Keynes a préféré relancer le principe des « Ateliers Nationaux » de 1848 (période où, d’après le manifeste communiste de KArl MArx, le spectre du communisme hantait l’Europe) en proposant des fuax emplois pour pouvoir payer avec du « vrai argent » les ex-chômeurs, plutôt que d’inverser le processus. LEur donner de l’argent, pour qu’ils puissent acheter, et donc relancer par là même la production et donc les emplois.
« Les choses sont bien différentes aujourd’hui : le communisme est mort et le capitalisme est en très petite forme. »
Je m’avancerais pas à dire que le communisme est mort, je crois en effet que Karl Marx est encore beaucoup présent de nos jours dans l’esprit des gens, il semblerait même que l’on reparle beaucoup de lui en ce moment surtout au regard de la crise du capitalisme qui n’est hélas pas que cela sur le fond. Contrairement aux belles apparences de façades et de démocratie en quoi donc avons nous vraiment évolué depuis hier je me le demande bien .
En période de crise ce n’est pas toujours de la question des plus éprouvés que l’on parle le plus entre intellectuels que ce soit d’ailleurs dans un bord de penser ou d’un autre qui se soucie d’ailleurs le plus aujourd’hui des gens les plus durement frappés et bien oubliés par la crise, les intellectuels de renom pensez donc ils préfèrent surtout davantage parler entre-eux que d’aller d’abord rencontrer réellement l’autre dans la vie et au quotidien, là bien sur c’est une autre paire de manches .
Est-ce vraiment à travers ce monde actuel que le monde pourra s’en sortir quelle grande illusion moderne de plus …
Qui seront les gagnants et les perdants de cette crise ?
Quand la bourse s’est effondrée, la plupart des petits investisseurs ont quitté la bourse avec d’énormes pertes. Les banques d’investissement ont, dans certains cas (rares), été nationalisées.
Par exemple, Fortis Banque en Belgique a d’abord été nationalisée à 100% (aux dépens des petits actionnaires).Ensuite, l’état belge a échangé les actions de la banque Fortis contre des actions BNP : en d’autres termes, une partie de la banque européenne BNP à été nationalisée par la Belgique (BNP était déjà nationalisée en partie par la France (premier actionnaire de BNP). Ce qui fait que les deux actionnaires principales de BNP sont des états, la France et la Belgique. Dans le cas où la bourse se comportait bien, les deux états seraient gagnants….
Par contre, dans la majorité des cas, les états ont prêté de l’argent aux banques. Cet argent « frais » a été utilisé par les banques pour soutenir leurs actifs (les grandes entreprises), ce qui explique l’augmentation de la bourse. Les petits investisseurs privés n’ont pas profité de cette augmentation puisqu’ils avaient quitté le marché après le premier krach.
Conséquences : ce sont les banques qui ont profité de la hausse soudaine de la bourse en 2009. Les banques ont renforcé leur position d’actionnaire à moindres frais aux dépens des petits actionnaires, il ne faut pas oublier qu’avant le krach de 2008, pratiquement toute l’épargne aux USA était investie en bourse. A cause de ce krach boursier, la destruction de capital des petits investisseurs privés est bien plus importante que la création de capital par les banques en raison de l’augmentation rapide de la bourse en 2009. Actuellement, il est trop tard pour les petits investisseurs de profiter d’une éventuelle hausse boursière puisque les bourses sont presque au même niveau qu’avant le krach. Inutile de dire qu’une telle destruction de capital dans l’économie réelle fait diminuer la consommation (les petits investisseurs sont souvent aussi des consommateurs). Un avantage, par contre, c’est qu’à cause de la relativement bonne santé des grandes banques, la majorité des états vont être remboursés de leurs prêts avec intérêt s ; par contre, leurs dettes vont augmenter très vite à cause de la crise dans l’économie réelle (chômage…).
On peut donc conclure que la grande perdante sera l’économie réelle, CAD nous, les consommateurs, travailleurs, petits investisseurs, états… et la grande gagnante, ce sera l’économie virtuelle, CAD les grands actionnaires des grandes banques. A moins que l’économie réelle ne s’effondre totalement, et les actions des entreprises dans les portefeuilles de ces grandes banques ne vaudront plus rien….
« Qui seront les gagnants et les perdants de cette crise ? »
J’ai bien peur contrairement à la propagande que cela ne soit pas qu’une toute petite crise passagère, c’est hélas bien plus grave sur le fond, mais ça bien sur il ne faut surtout pas en parler alors on s’amuse beaucoup.
Ce n’est que le commencement de la FIN des hommes en multitude seront peu à peu exclus de la vie humaine,
ils n’auront plus alors ni droits, ni toit, ni pain, ni eau, ni même meilleure dignité humaine, ils seront nus et n’auront plus alors que leurs corps à vendre …………………………. pourtant la tête de l’homme moderne fier et arrogant sera de plus en plus pleine de savoir, de pouvoir et de suffisance hélas les hommes bêtes et sans mémoire recommenceront encore et encore comme si rien de bien grave ne s’était produit d’abord chez eux, n’était survenu. L’enfant sera lui aussi vendu, pire même en période de crise certains se serviront de lui comme d’une quintaine, pour mieux jouir encore le premier de sa neuve peau, de son jeune corps, d’autres encore à l’étranger le traiteront plus encore à distance comme un animal servile, pour mieux oublier se moquer et faire du mal à la faiblesse de l’homme, comme de l’homme complétement abattu, écœuré et dégouté par tout ce beau monde moderne. De plus en plus d’hommes malheureux alors, errants, complétement démunis humiliés et désespérés, plus guère personne n’est d’ailleurs épargné cela touche bien sur brutalement de plus en plus le monde,, les plus jeunes comme les plus vieux souvent sans dans des lieux guère mieux salubres aussi. L’homme moderne n’est qu’un fou, il s’obstinera encore et encore à la télévision par orgueil de subsister médiatiquement et virtuellement le premier mais qui seront alors les plus grands gagnants de ce monde à ce moment là ? Plus personne bien sur. Mais à quoi bon l’homme bête fera encore marchandise de tout sur terre.
@Betov sur l’anarchisme
Quitte à me rallier à des slogans – ce que j’ai toujours rejeté – ou à des idées simples, je dois dire que je préfèreraisl’autogestion à la Proudhon (voir aussi le défunt PSU, 150 ans plus tard) à l’anarchie à la Babeuf.
En ce qui concerne la liberté individuelle, je pense qu’il ne peut y avoir de libertés sans contraintes, aussi minimes soient-elles. Imaginer qu’une somme ou une interaction de libertés individuelles puisse conduire à un mieux-être collectif est peut être une noble idée, mais qui me semble démentie par toute l’histoire, que ce soit la main invisible de Smith, la conspiration des égaux, le « socialisme » à la Bakounine.
Par contre, et enfin, je n’ai aucune idée de ce que peut être l’anarcho-capitalisme, expression qui me semble stupide, un véritable oxymore.
Bruno Lemaire.
Renseignez-vous : Anarcho-capitalisme.
En fait, ce concept d’anarcho-capitalisme a plus pour moi d’un « pléonasme » (tant le capitaliste pur et dur est pétri d’individualisme forcené) que d’un « oxymore »…C’est même tout l’inverse.
@Bruno: Il y a environ 50 ans que je n’ai pas relu Proudhon, mais j’ai souvenir d’une grande naïveté de type « Phalanstère » (Fourier, etc…). J’ai pratiqué ça en tant que jeune rigolo, à la belle époque des communautés d’artistes pré-soixante-huitardes (fin 1966, si j’ai bonne mémoire). Comme disait grand’mère…
Les « interactions de libertés individuelles » ont des limites connues par l’expérience. C’est le stade « sadique-anal » de la société. Ce que j’appelais, à l’époque, « des problèmes de balayeur » (« c’est ki, ki n’a pas passé le balai ? »).
Non, l’anarchie c’est quelque chose de beaucoup plus sérieux que ça. C’est l’ordre moins le pouvoir. Traduit dans mon langage actuel, je dirais, « c’est l’organisation sociale, sans la dominance sociale ». Le retour à la dominance naturelle, quoi ! Et ça, ce n’est certainement pas « démenti par toute l’histoire », bien au contraire. On peut (on doit) regarder toute la période historique de l’humanité, comme la résultante directe de l’évolution de la dominance sociale vers le fascisme généralisé. Le terme de cette tendance en est également connu.
Anarchisme=sans contrainte? C’est une très grossière caricature!
Disons que c’est la gestion personnelle de sa propre autonomie par rapport au groupe: la gestion de nos propres inter-dépendances. Il n’y a pas d’anarchisme possible sans solidarité.
Un exemple vivant d’anarchisme selon moi? les luttes zapatistes.
Homo homini lupus. Hélas pour les rêveries anarchiques.
Bonjour,
Vous écrivez : « la source du dégoût qui se répand dans la population, comme dans les années 1930, envers un système qui, chaque jour davantage, punit les bons pour récompenser les méchants. ».
Ce dégoût est-il réel ? Car il me semble que beaucoup de gens critique le système, ceux qui ont de l’argent et qui ne partagent pas,… Mais il me semble que ces critiques sont plutôt de l’envie et que le vrai sentiment est : « Si nous pouvions être à leur place ».
L’individualisme me semble trop ancré dans nos sociétés.
» Si nous pouvions être à leur place »
Oui c’est vrai on pourrait les envier,
Mais la place de tous ces coquins est-elle vraiment si enviable lorsque la plupart se sentent de plus en plus pressés et obligés de se conformer à l’esprit du monde celui du beau monde moderne bien sur, pire même en période de crise mener davantage leur monde encore à l’abime ( quelle vitesse ) afin paraît-il de pouvoir toujours entretenir le luxueux train de vie de nos élites gouvernementales ou privé, de Madame Proupoute promenant encore son petit caniche à la main, pour mieux paraît-il renfluer les caisses ? Quel beau monde à ne pas fréquenter je trouve; c’est surtout le superficiel et le clinquant qui me semble encore beaucoup ancré et marqué de nos jours, il n’y a qu’à ouvrir les yeux, allumer la télévision.
Un Prix Nobel de la sagesse économique ?
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/matins/
la relativité de la situation, la productivité est sans doute responsable de cette apparente incapacité à faire correspondre une production à un marché…
En fait nos sociétés, et par rapport à Keynes, ont atteint un stade de développement où il ne faut plus une voiture et un appart pour chaque être humain, la demande est donc désormais restreinte par le non besoin et aussi par la capacité d’achat…
Sans doute à travers la crise de l’immobilier aux USA une tentative de créer un nouveau marché immobilier, non plus basé sur le besoin mais sur l’idée d’utiliser le produit comme un vecteur de richesse, on change de maison pour la revendre et trouver une plus value et donc une nouvelle consommation et de nouveaux moyens de consommation…
En fait Keynes a raisonné industrie et économie, ce qui lui manquait c’est la réflexion sociale que le politique aurait dû conserver et je m’explique…
En 73 Valérie Giscard D’Estaing pensant que le chômage était provisoire décida de payer les chômeurs, ce faisant mettant en attente des travailleurs pour l’industrie le jour où elle réembaucherait, mais contre ces sommes aucune contre partie ne fut demandée…
Voilà l’équation à résoudre pour les politiques, la contre partie qui doit être demandée en échange des sommes données ou allouées pour vivre, un peu la manière utilisée à la crise de 1929, la politique des grands travaux, casser du cailloux pour gagner son pain, une contrepartie à l’argent donné pour vivre…
Ce n’est pas le capitalisme qui a fait défaut, c’est son contre pouvoir, actuellement dans la crise actuelle les politiques auraient dû imposer aux grandes entreprises un rôle social, ne pas licencier dans l’attente de la reprise si elle doit se produire et non laisser la rentabilité prendre le dessus…
En fait il faudra prendre conscience qu’il s’agit désormais d’un problème global, je me rappelle l’époque où la sidérurgie s’est installée à Dunkerque, les hommes politiques du Nord ont donné de l’argent pour permettre cette installation et pendant ce temps dans d’autres département français, le déménagement de cette usine imposait à d’autres hommes politiques de donner de l’argent aux nouveaux chômeurs de l’usine déménagée…une hérésie économique, un manque flagrant d’esprit collectif français, une vision du nombril gravement catastrophique pour le futur et donc pour aujourd’hui…
Voilà le déficit et l’absurdité de notre système actuel, la société de demain devra dire j’ai 1 €uro ou 1 litre de pétrole à dépenser, où est ce le plus intelligent de le faire…
Nous allons devoir passer d’une société de cigale à une société de Fourmi, voilà la vraie évolution que l’économie va devoir réaliser, tout en faisant comprendre à tous que rien n’est dû et que dans chaque action chacun doit recevoir c’est vrai mais aussi chacun doit donner….bref tout le contraire du chacun pour soi actuel…
In finé et ce que ressort de votre avis sur l’incapacité du marché à faire concilier production et consommation, la prise de conscience que la croissance telle que nous la concevons n’est plus le concept de demain, ce faisant voilà la difficulté de se mettre en ordre de route, Keynes pensait évolution et croissance, nous devons réfléchir à autre chose que cela, est ce décroissance, est ce non-croissance….c’est quoi demain en fait et la réflexion ne doit elle pas être mondiale et non individuelle….
Bref notre monde peut-il permettre la croissance aux 9 milliards que nous serons demain, pouvons nous conserver nos modes de consommation en Europe face aux pays émergeants compte tenu de la finitude des matières 1ères disponible !!!!
Je pense qu’avant de penser à l’après capitalisme, la question est de déterminer vers quoi nous nous dirigeons, actuellement et fondamentalement tout est fait comme si nous nous dirigions vers la suite d’hier…. n’est ce pas cela qui crée problème actuellement et qui fait que personne ne sait que faire réellement…..
Dois je construire ma maison au bord d’un champs pour cultiver mes légumes demain, dois je construire ma maison près de la gare car plus de voiture demain, dois je construire ma maison sur une colline pour me protéger des meutes d’assoiffés qui parcoureront peut être les plaines demain…
Voilà la capitalisme il a bon dos, il nous évite de nous regarder en face, pas facile de regarder l’avenir et de se dire qu’est ce qui m’attend et que dois je faire demain… l’homme ne sait pas faire cela surtout lorsque la société actuelle est si fabuleuse, car mine de rien et malgré la crise actuelle, on vit encore vachement bien actuellement…
…actuellement.
Excellente réflexion et commentaire pertinent, Bourdon.
Et c’est aussi ce qui fait l’intérêt de la vie.. l’incertitude.
Bon, par contre, j’ose à peine vous conseiller de ne pas tourner le dos à l’avenir. Pour ma part, je n’apprécierais pas trop de l’avoir dans le « dos ».. 🙂
« Dois je construire ma maison au bord d’un champs pour cultiver mes légumes demain, dois je construire ma maison près de la gare car plus de voiture demain, dois je construire ma maison sur une colline pour me protéger des meutes d’assoiffés qui parcoureront peut être les plaines demain… »
Mon dieu, mon dieu …. Ce sont exactement les questions que je me pose en ce moment, et j’ai vraiment l’impression d’être un rat dans un labyrinthe … je tourne en rond … incapable de trouver un plan d’action satisfaisant.
🙁
Bourdon
Vous semblez trouver positif de « casser du cailloux pour gagner son pain ». Mais cela c’est justement la société travailliste et la culpabilité judéo-chrétienne qui nous étouffent depuis des siècles: « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front! ». Les développements techno-scientifiques font qu’il n’est plus nécessaire de suer pour faire du pain: les moissonneuses-batteuses infomatisées et climatisées récoltent des centaines d’hectares en quelques heures. La difficulté est donc de s’adapter et de ne plus lier le revenu (la survie + la dignité qu’il permet) et le travail. On ne va pas réduire tous les calloux de la Terre en poudre à cause d’idéologie dépassées. La vraie question est peut-être: tout le monde travaille un petit peu ou quelques-uns travaillent beaucoup et les autres sont payés à ne rien faire… Ou alors, on détruit tout et on recommence à suer…
A propos des libertariens et de l’Ecole autrichienne, je trouve qu’on ne discute pas assez ici de leurs positions, fut-ce pour les critiquer, bien sûr. N’oublions pas qu’ils s’opposent à l’existence de la Fed (comme Ron Paul, qui veut dissoudre cette institution). Eux aussi ont prédit globalement la crise, qui est due de leur point de vue à l’endettement massif de l’Etat et des ménages. Et, contrairement à certaines préconceptions, ils ne se considèrent pas comme des conservateurs mais presque comme des révolutionnaires (lire la conférence de Hayek à ce sujet).
Comme ce monsieur Pierre Lecomte … C’est exactement ce que vous décrivez.
Voir son scenario global 2010
http://www.forum-monetaire.com/?p=791
@Paul sur l’anarcho-syndicalisme
Merci pour le lien: j’ai aussi accès à Google.
Mais comme je n’apprécie aucun des deux mots, je ne pense pas que le sandwich ou la mixture m’intéressent: j’utilise donc, peut être à mauvais escient, ma liberté individuelle pour ne pas creuser le « concept » et ainsi rester ignorant. Mais ce n’est pas une critique, je suis sûr que vous avez utilisé la locution « anarcho-syndicalisme » de façon idoine.
B.L.
Ah ! Quand vous dites : « je n’ai aucune idée de ce que peut être l’anarcho-capitalisme », vous voulez en réalité dire : « je désapprouve l’anarcho-capitalisme ». Ce n’est peut-être pas clair pour tout le monde.
Bonjour,
J’ai une question pour M. Jorion. Je ne sais pas si elle est a du sens, mais je me lance tout de meme. Cette question m’est venue en lisant une affiche syndicale : »Des augmentations pour tous !!! « . Ca fait reflechir un slogan pareil !
Admettons un system ferme/clos. Laissons de cote la question de la repartition du patrimoine, si possible. Ma question est la suivante concerne la repartition des revenus – par exemple annuels – au sein d’une population. Quelle serait la repartition a meme de maximiser la valeur de l’argent ? Clairement, une repartition uniforme n’est pas optimale. Si tout les individus ont la meme quantite d’argent a depenser, l’argent ne vaut pas grand chose. A l’inverse une distribution dans laquelle une poignee d’individus recoit tout n’est pas optimale non plus. L’argent n’a plus de valeur : ce qui n’en ont pas trouveront naturellement les moyens de vivre sans.
Dans un systeme humain ferme – ie pas de delocalisation possible, uniformite des lois et la fiscalite, etc. – y a t-il une distribution d’equilibre statique ? Si on ajoute le possibilite d’epargner d’une annee sur l’autre, cette distribution est-elle inevitablement periodique dans le temps, evoluant entre les deux cas limites ci-dessus ?
Merci d’avance pour vos reponses.
Oui, c’est une excellente question et elle est au premier rang des choses sur lesquelles je travaille en ce moment. Je ne peux pas y répondre en un paragraphe ou deux mais je le ferai dans une suite de billets. Je ne dis pas ça pour décourager quiconque de tenter de vous répondre tout de suite de son côté.
Je vais ajouter une question subsidiaire à celle que vous posez : « Peut-on imaginer un éventail de marchandises – allant des produits de premières nécessité aux produits de luxe les plus extravagants – tel que chacun voudrait dépenser la totalité des sommes qu’il gagne ? »
Bachibouzouk
Je vous remercie de formuler une question que je me posait aussi sans arriver à en trouver les mots.
Mais le fait qu’il y ait des riches et des « moins riches » ne pose pas de problème, chacun voyant sa richesse de différentes façons.
Ce qui serait bien c’est d’éviter que certains soient obligés de faire les fonds de tiroir pour trouver trois pièces afin d’acheter leur baguette quotienne, alors que d’autres ne savent même plus quoi faire pour dépenser leur argent.
@Paul
« tel que chacun voudrait dépenser la totalité des sommes qu’il gagne ? »
Il y a d’autres contraintes essentielles qui pèsent lourd sur l’envie ou la pertinence de dépenser la totalité des sommes qu’on gagne… même que le marketing s’efforce tout particulièrement de les faire oublier à certains pour accroitre les réserves qui pour les mêmes raisons sont si appréciées par ceux qui font usage du marketing.
J’ai été délégué syndical au sein d’une entreprise contrôlée par des capitaux U.S.,- mais l’attitude du patronat est certainement identique dans beaucoup d’autres entreprises-, à savoir que en vertu du dogme actuel de la dés-indexation des salaires sur les prix, lors de la négociation annuelle des salaires, la partie patronale refusait systématiquement ma proposition d’allouer une part du budget à une augmentation générale et l’autre part à l’augmentation personnalisée.
Le résultat était toujours l’augmentation personnalisée ce qui créait des tensions entres salariés eux-même.
Le but de cette direction était de procéder à un recrutement « dynamique », c’est à dire obtenir le maximun de ses salariés, par le biais de ces augmentations « à la tête du client », et les jeter ensuite lorsqu’ils avaient atteints leurs limites pour en embaucher d’autres et ainsi de suite.
Je reste persuadé que dans l’absolu, le système d’augmentation généralisé + une augmentation au mérite est le meilleur possible.
J’ai pu observer par ailleurs ce qui se passe à Cuba où l’éventail des salaires est très resserré, la conséquence est une grande inefficacité dans de nombreux domaines. Les slogans ne suffisent plus à motiver (Stakhanov ne fait plus recette!) et les autorités du pays songent sérieusement à donner un plus à ceux qui seront plus efficaces dans leur travail.
@Paul Jorion
Vous parlez d’un éventail propre à chacun ou du même éventail pour tous ? Et quand vous dites : « (…) tel que chacun voudrait dépenser la totalité des sommes qu’il gagne », est-ce que nous devons comprendre au fur et à mesure qu’il les gagne ? Votre curieuse question, à défaut d’une explication ci-après, mériterait bien un billet.
@ Paul Jorion
Bourdieu, « La distinction », la violence symbolique, …
L’urgence de sauver le système doit-elle faire l’impasse sur cela? (en amont disiez-vous)
@Igor, bachibouzouk sur le travail et le partage des richesses, accumulées ou produites.
Je pense qu’Igor a raison d’insister plus sur le partage des richesses que sur le partage du travail (vu mes réserves sur la possibilité du plein emploi: mais je crois toujours et encore aux « pleines activités », à savoir que l’inactivité ne doit pas être imposée, mais éventuellement choisie).
Sur les richesses « naturelles » ou accumulées, là encore, Igor me semble avoir raison, elles devraient appartenir à l’humanité toute entière.
En revanche, pour les richesses en train d’être produites, il me semble à la fois impossible et contre-productif d’être complètement égalitaire sur ce point: il faut s’assurer que la production ne s’arrête pas faute de combattants, et donc, faute de motivations « raisonnables ».
Je partage donc le point de vue de Bachibouzouk à ce niveau, d’où ma suggestion d’un Revenu Minimum de Dignité par communauté, fixé par exemple au ¼ du PIB de la communauté en question (pour la France, cela ferait 630 euros mensuels, voir : http://www.contre-feux.com/economie/monnaie-complementaire-et-revenu-minimum-de-dignite.php)
Enfin, qu’il n’y ait pas d’acquis dans les constructions humaines, certes, mais on peut tenter de surveiller son évolution. Entre anges ou démons, il y a parfois de la place pour le dialogue.
Cordialement, B.L.
On peut conjointement être pour un revenu minimum de dignité et aussi pour un accès minimum à l’activité « de dignité ». La redistribution d’activité est une friche intellectuelle et politique et je déplore profondément. Le modèle politique qui m’inspire trouve une image dans celle de l’auberge espagnole plutôt que dans celle des resto du coeur (qui me semblent pourtant indispensables aujourd’hui).
« C’est bien la lutte contre tout pouvoir officiel qui nous distingue essentiellement : chaque individualité
nous paraît être le centre de l’univers, et chacune a les mêmes droits à son développement intégral,
sans intervention d’un pouvoir qui la dirige, la morigène ou la châtie. » (Elisée Reclus, dans : L’anarchie – Mille et une nuits.)
Libertariens, anarcho-capitalistes, où êtes-vous ?
@Bachibouzouk sur les systèmes en équilibre
Après Marx, et ses schémas de reproduction simple (livre II du capital, publiés de façon posthume), Joan Robinson, jeune collègue de Keynes à Cambridge, a repris la question, en étudiant ce qu’elle a appelé une économie de camps de prisonniers: comment répartir une production donnée – sans prendre en compte l’avenir, très incertain dans ce contexte.
Joan Robinson a ensuite élargi le problème, en s’intéressant au taux de profit « optimum », et en s’opposant à un certain Paul Samuelson, de Cambridge, lui aussi, mais du Cambrige du Massachussets, de l’autre côté de l’Atlantique: on a appelé cela le débat des deux Cambridge, au début des années 1970.
Donc, cher Bachibouzouk, je vous rassure, la question a un sens.
Mais je vous inquiète aussi: il n’y a pas de réponse (au moins dans un cadre statique).
La répartition optimale est « exogène », au sens où cela va dépendre des rapports de force, il n’y a pas une « meilleure » répartition qu’une autre. Le prix nobel Samuelson fut obligé de le reconnaître (ceci, encore une fois, est valide dans une situation de « reproduction simple », c’est à dire de croissance zéro – pour la production comme pour la population)
B.L.
@Bachibouzouk
La querelle des « deux Cambridge » n’a à mon sens pas grand rapport avec la question que vous posez : elle porte sur la manière de calculer la valeur des biens d’équipement dans une perspective marginaliste et en tenant compte des taux de profit. Je suis sûr que ce n’est pas à ça que vous pensiez.
@ Bachibouzouk.
Que voulez-vous dire par maximiser la valeur de l’argent ? Assurer une redistribution qui induit une consommation maximale (i.e. maximiser le PIB) ?
Je ne manipule pas tres bien les concepts, a l’evidence. Ce qui me vient a l’esprit pour « valeur de l’argent » ce serait la somme des echanges d’argent sur une annee par exemple.
Si tout le monde recoit chaque annee la meme quantite d’argent (a depenser dans l’annee), pourquoi le faire circuler ?
Si seulement quelques personnes recoivent cette quantite d’argent (a depenser dans l’annee), il ne circulera pas beaucoup non plus,
Je simplifie radicalement, c’est clair. C’est probablement inutile comme exercice.
Neanmoins, certaines personnes se sont battues pour influencer cette repartition en ntroduisant avec un salaire / revenu minimum. On a egalement entendu parler de salaire maximum, de majorer les bonus, etc. Quel sens profond y a til a jouer avec la distribution des revenus. Quelles seraient les consequences. Y a til un « ideal » (au sens physique) possible ?
Le PIB est un bon indicateur des échanges même si il est loin d’être parfait (grosso modo le pib est une fonction croissante des échanges mais pas uniquement).
C’était bien le sens de ma question mais je me méfie des « idéals ».
Bonjour,
L’anarcho-capitalisme est le monde des libertariens ou de l’ultra-libéralisme.
Cela signifie la généralisation du marché à toutes les composantes de la vie humaine et la destruction de l’Etat comme empêcheur de faire fonctionner le marché , mais surtout comme prédateur fondamental. Un bon représentant fût sans doute Richard Nozick, philosophe américain mort il y a quelques années.
L’Etat est une machine prédatrice utilisée par ceux qui ne peuvent obtenir ce qu’ils veulent par le libre marché. En ce sens il déplace du bien être de façon artificielle, mais plus encore violente. Il s’agit d’une pensée très riche et sans doute très puissante. Bien la connaitre ne veut pas dire se l’approprier. Par contre elle est une grille de lecture du monde empirique qui me semble très puissante. Grille de lecture globale comme l’était celle de Marx. Il existe d’ailleurs, curieusement, baucoup de liens entre ces deux paradigmes.
@jc Werrebrouck
Si l’anarcho-capitalisme est cela, j’ai bien fait de ne pas mordre dans ce sandwich, à la fois anarchisme et capitalisme.
Pour moi un « vrai » libéralisme, c’est à dire un libéralisme « humain », raisonnable, ne peut être ultra. Il doit y avoir des contraintes.
La vraie question est de savoir comment sont fixées ces contraintes, et comment on les fait respecter. Prétendre que l’on peut instaurer un « ordre nouveau », anarchique ou non, sans « autorité », par exemple celle de l’état, me semble confiner au déni de réalité.
Par ailleurs, si Betov, tenant de l’anarchisme, pense qu’il a tout appris de la société humaine en étudiant un troupeau de chèvres – pour Rabelais, c’était plutôt en étudiant des moutons – j’en suis navré pour lui, mais cela explique peut être ses prises de position affirmées, qui ne semblent pas souffrir de discussion: heureusement qu’il défend encore et toujours la liberté individuelle.
Pour ma part, je me contente de critiquer de plus en plus – et de combattre à la mesure de mes faibles moyens, en proposant quelques pistes de solution – les « revenus non gagnés », les « rentes de situation », les lobbyings de toute sorte: en somme, le capitalisme, quels que soient ses oripeaux.
Bruno Lemaire.
Mais, mais, mais… 🙂 Se « contenter de critiquer de plus en plus » ne sert à rien. Il y a plein de gens qui le font très bien, aux guignols de canal plus.
l’anarcho-capitalisme comme généralisation du marché à toutes les composantes de la vie humaine, c’est peut-être aussi abdiquer de tout effort de civilisation. C’est ne voir dans tous les liens et échanges qu’une histoire d’accès aux resssources. Les libertariens font référence à l’évolution avec comme moteur la sélection naturelle darwinnienne pour justifier le système qu’ils préconisent. Ils ont sans doute raison de s’en servir pour analyser les relations et échanges entre humains, mais ont tort de systématiser et de l’ériger en objectif à atteindre: l’évolution a bien montré que la sélection naturelle ne fait pas de choix , ne vise pas à un « bien », et nombre d’espèces en difficulté sur le plan des ressources , ou sur leurs capacités d’adaptation, ont tout simplement disparu . Pas de raison d’ailleurs qu’on soit exclu de ce destin. « Grille de lecture du monde empirique », certainement, mais pas encore assez « globale » ?
Bonjour Paul, bonjour à tous.
Sur les bons et les méchants: vous pouvez aller consulter un des derniers articles de jean Claude Werrebroucke sur la violence ontologique des états, et leur comportement consécutif.
Pour la relation capital- travail- revenu: lire Augustin Berque, Ecoumène sur les modèles économiques différents (importance du capital social surtout ) mis en place par la rizière en Asie et le champ de céréales en Occident.
Voir aussi la récente contribution de Michel Serres sur la fin des fondements du modèle de société, dominé par l’agriculture mis en place au néolithique que nous vivons – Début de la fin: extermination des paysans à partir de 1914.
Cordialement.