Billet invité.
BANQUES ZOMBIES ET TRADING MUTANT
Une course de vitesse est engagée entre les grandes places boursières du monde entier ; c’est à celle qui aura le système informatique de traitement des ordres le plus rapide. Leurs performances sont désormais comparées en utilisant les millisecondes (millièmes de secondes), alors que la norme était de l’ordre des 2 à 3 secondes il y a encore à peine deux ans. Cette sévère compétition ne se déroule pas seulement entre les Bourses elles-mêmes, mais également entre celles-ci et tous ces nouveaux venus sur le marché que sont les plate-formes alternatives de négociations ultra-rapides, souvent créées et soutenues par les mégabanques elles-mêmes. En un temps lui aussi record, on a assisté à la montée en puissance du trading algorithmique (appelé High Frequency Trading), aux Etats-Unis en premier lieu, puis en Europe. L’Asie n’est encore que peu touchée, mais elle se prépare à suivre.
Les chiffres les plus divers circulent, mais il est permis de penser que ce trading à très haute vitesse représente 60% des volumes échangés sur le marché américain et 30 % sur le marché européen. L’amélioration très récente des performances des systèmes informatiques des grandes places boursières contribue grandement à cette fulgurante progression. Nyse-Euronext a ouvert le bal en 2009, suivie par le London Stock Exchange et Deutsche Börse. Le Tokyo Stock Exchange vient d’annoncer qu’il avait sauté le pas à son tour. L’objectif stratégique est d’attirer la clientèle des hedge funds et des arbitragistes et de faire ainsi face, à temps espèrent les Bourses, à la menace potentielle que représentent les plate-formes alternatives qui se sont multipliées en très peu de temps, mais qui sont encore à la recherche de leur rentabilité.
La mutation en cours ne s’arrête pas là. Toutes les ressources de l’informatique sont mises à profit, et l’on assiste à la mise en service de réseaux locaux destinés à optimiser le temps de transport des données, impliquant l’hébergement des serveurs des clients dans les emprises techniques mêmes des sociétés de bourse. On en arrive ainsi à garantir des temps de transaction de l’ordre de la milliseconde. Rapidité et volatilité sont les maîtres-mots dans ce nouvel univers boursier qui n’a strictement plus rien à voir avec la corbeille d’antan.
Un gigantesque pas de plus a été franchi dans le domaine de la dématérialisation de l’activité financière. Les traders concentrés devant leurs multiples écrans d’ordinateur, jonglant avec des logiciels graphiques ultra sophistiqués connectés à des flux de données délivrées en temps réel (ou presque), vont prochainement faire figure de grand pères bientôt désoeuvrés. Pour une partie de plus en plus importante de l’activité de trading, ce sont des algorithmes qui les remplacent, afin de prendre un nombre gigantesque de décisions en extrêmement peu de temps, dépassant et de loin les capacités du cerveau humain. Ce n’est pas de la science fiction, c’est aujourd’hui : des fortunes se font et se défont grâce à des dialogues entre des machines dans des chambres sécurisées et réfrigérées, sans intervention humaine. Le but du jeu est de gagner à chaque transaction un petit quelque chose, qui devient très grand vu le nombre de transactions opérées. Mais pour gagner à ce jeu, il faut être le plus rapide et disposer des meilleurs algorithmes.
Qu’est-ce que toute cette activité a à voir avec la fonction d’origine de l’activité boursière : mettre à disposition de l’économie des ressources et les faire ainsi fructifier ? Le High Frequency Trading est, sinon l’expression la plus achevée, la plus symbolique de l’autonomisation de l’activité financière et de sa déconnexion grandissante avec l’économie. Avec le HFT, elle se suffit à elle-même, elle s’exerce en vase clos, elle suit sa propre logique. Ce qui est parfaitement en phase avec ces nouveaux instruments dont la finance s’est dotée, qui mettent à profit des mathématiques complexes, et dont le rapport avec la réalité économique est également vite perdue, oubliée comme chose négligeable, jusqu’au jour où….
S’il fallait un signe que les acteurs de la finance n’ont comme seul projet que de recommencer leur activité comme avant, dans un contexte simplement un tout de peu moins souple, mais tout aussi contournable avec un peu d’adresse, l’impressionnante mue informatique des sociétés de bourse est là pour nous le confirmer. Ce monde-là, décidément, se nourrit de lui même et ne veut avoir à rendre des comptes qu’à lui-même. Il a ses juges de paix, ses lois, ses châtiments, et n’aime pas que l’on regarde par dessus son épaule. Il est convaincu de son excellence, de sa supériorité et d’être le seul à pouvoir comprendre la portée de ce qu’il fait. « Un travail de Dieu », a laissé, un jour à Londres, malencontreusement échapper Lloyd Blankfein, le Pdg de Goldman Sachs.
100 réponses à “L’actualité de la crise: banques zombies et trading mutant, par François Leclerc”
Les banques privées commerciales doivent être replacées sous les ordres du pouvoir politique.
De même, les banques centrales doivent être replacées sous les ordres du pouvoir politique.
Dernier exemple en date :
Argentine : bras de fer entre la présidente argentine et le gouverneur de la banque centrale, Martin Redrado.
En annonçant l’utilisation de 6,5 milliards de dollars de réserves pour régler la moitié de la dette arrivant à échéance en 2010, le gouvernement souhaitait rassurer les marchés sur sa capacité à faire face à ces paiements.
L’effet obtenu pourrait être l’inverse de celui recherché.
« Ce qui s’est passé illustre les risques auxquels continuent de faire face les investisseurs en Argentine et le fait que le retour annoncé aux marchés internationaux risque de ne pas se faire sans soubresauts », a estimé à Londres Neil Shearing, analyste chez Capital Economics.
Le prédécesseur de M. Redrado, Alfonso Prat Gay (2002-2004) a, lui, jugé que la Banque centrale « n’avait pas à recevoir des instructions du pouvoir exécutif ».
Plusieurs centaines de ses employés ont manifesté mercredi devant son siège et distribué des tracts sur lesquels on pouvait lire : « Redrado ne s’en ira pas ».
Le gouvernement pourrait être contraint de trouver d’autres sources de financement. Emprunter sur le marché international est pour l’Argentine très cher car une partie de sa dette est en défaut depuis décembre 2001.
Buenos Aires a été exclu des marchés des capitaux après avoir décidé, en pleine déconfiture économique, d’interrompre le paiement de la dette.
Vouloir puiser dans les réserves d’une institution autonome n’est pas dénué de risques. Des créanciers privés, qui ont refusé l’accord de renégociation de la dette de juin 2005 (« holdouts »), pourraient être tentés de saisir les réserves de la Banque centrale si elles étaient destinées à payer la dette.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=5a8eccbdb0058eab66e7b8359faea4b2
Est-ce que toutes les transactions de ce type seraient concernées par l’interdiction des paris sur les fluctuations des prix ?
Si oui, cela un argument supplémentaire plaidant en faveur de la proposition phare de Paul Jorion …. et qui en montrerait plus que jamais toute la pertinence.
Mais aussi « un argument supplémentaire plaidant en MA faveur », puisque cette fameuse interdiction, aussi souhaitable soit-elle, sera toujours détournée par des inventions. La cupidité, cause 1ère de la spéculation, c’est comme l’eau: ça passe toujours quelque part.
J’avoue qu’une mesure plus directe encore serait que les états refusent de payer les dettes accumulées. Quel risque prendraient-ils. L’argentine privée d’accès au marché des capitaux. La belle affaire, dans son cas, elle peut créer elle m^me ses propres ressources financières, elle a assez de poids pour cela.
Certes, la mesure proposée par PAul Jorion est alléchante, puisque l’on sait que les programmes informatiques – sophistiqués ou non, peu importe, c’est leur rapidité qui compte – jouent sur la volatilité instantanée des cours, en renforçant cette volatilité. Mais je ne vois pas bien comment on pourrait les interdire, si on ne fait pas cela à l’échelle de la planète entière: serait-ce l’Onu qui ferait appliquer cette proposition.
Bien cordialement,
Bruno Lemaire.
Une expression sonne étrangement à mes oreilles: « La finance déconnectée de l’économie ».
Elle ne l’est pas encore assez, manifestement, puisque ce sont bien de vrais gens, de vraies entreprises et de vrais pays qui subissent les conséquences des errements de cette finance de plus en plus synthétique…
On pourrait l’imaginer comme un bateau amarré à quai, tirant désespérément sur la corde qui le retient à terre et tentant d’emmener le port tout entier derrière lui. Une idée: Couper les amarres. Que la finance s’occupe donc de traiter des données virtuelles d’entreprises virtuelles, exploitant des ressources virtuelles par un travail virtuel…
Dommage que ça ne puisse pas marcher: Les animateurs humains de ce cirque, eux, ne peuvent se contenter d’une richesse virtuelle…
Pas mal cette idée de couper les amarres. Cela s’appelle reprendre en main la sphère banco-fiancière, pour qu’elle soit enfin au service de la collectivité. Aucun prêt accordé pour spéculer, remise des dettes – surtout lorsque l’intérêt correspondant est usuraire – faire tendre le taux de liquidité vers 100%, instaurer un Revenu Minimum de Dignité ou d’Existence, etc.
Les mesures possibles sont connues, la volonté politique n’y est pas.
Cordialement, Bruno Lemaire.
Sur le HFT, on retrouve effectivement un peu partout le chiffre de 60 % du volume d’actions échangées pour les USA. J’avais aussi tiqué sur le communiqué triomphal de la Bourse de Tokyo et sa « modernisation » , ça rappelle un peu le déménagement d’euronext à la City pour gagner quelques millisecondes et ainsi être plus compétitifs. Avec les black pools qui deviennent de plus en plus prégnantes sur les marchés, ça va nous faire une belle combinaison de connerie « BP + HFT » . Comme quoi, le détournement des black pools semble déjà très largement en cours, contrairement à ce qu’avait l’air de penser Paul Jorion sous votre article sur le sujet il y a quelques mois.
A lire sur le HFT dans le MIT technology review, cet article fort long sur un des fonds US qui le pratiquent aux côtés d’activités à la temporalité plus normale, avec un patron qui explique que le HFT influe maintenant également sur les méthodes appliqués pour les transactions plus longues (genre, quelques heures ou jours au lieu d’actions conservées moins d’une minute) . Le trading mathématique assisté par ordinateur pète la forme : http://www.technologyreview.com/computing/24167/page1/
Sinon, et plus en rapport avec votre précédent billet sur la situation européenne, je me fends d’un petit spam qui reprend largement les propos tenus par Edward Hugh, notamment sur les situations de l’Espagne, de la Grèce et de la Lettonie. On remarquera que l’Irlande est la seule en Europe a avoir crée une vraie bad bank publique, si on enlève l’Allemagne qui le fait un peu en douce et de manière régionale. Et on se demande quand l’Espagne va se réveiller, et prendre des mesures qui seront de toute manière terribles politiquement (on parle bcp en ce moment de dévaluation interne par la baisse des salaires publics notamment) , mais aussi si le gouvernement grec va réussir à se sortir de la partie de poker menteur géant dans laquelle elle est engagée avec FMI/UE/France & Allemagne : http://moktaramablog.over-blog.com/article-point-sur-l-avancee-de-la-crise-en-europe-et-ailleurs–41889010.html
Du côté positif, la croissance des pays du BRIC est repartie du feu de dieu, même si côté Asie y a beaucoup de spéculation, avec certainement des bulles déjà formées.
C’est bien le signe éminemment tangible qu’ils sont en train de perdre totalement le contrôle du « machin »
Cela pourrait être comique, mais au vu des conséquences, c’est tragique!
ps désolé pour le commentaire précédent, il est parti tout seul.
En plus ils vont faire des économies puisqu’ils n’ont pas de bonus à payer aux ordinateurs… 🙂
Bonsoir,
une solution simple, pourtant, est à notre portée : privons-les de ressources ! A tous ceux qui possèdent des actions, des fonds communs de placement, des SICAV et autres produits refourgués par les banques aux particuliers : vendez tout !
Moi ‘ai compris ça en 2001 et je me suis débarrassé de tout ce que j’avais. Il ne me reste plus qu’un PER qui sera fermé la semaine prochaine, comme mon dernier crédit à la fin du mois.
C’est certainement, pour beaucoup, plus facile à dire qu’à faire, mais imaginons que 10% des épargnants particuliers le fassent….
@Yves de Bressy,
Cela ne marche pas. La spéculation est réalisée avec de l’argent fictif (opérations à découvert) dont le montant est basé sur un ratio sur les fonds propres de la banque (vos dépots en compte courant !!!) dans une proportion qui permet selon les pays de disposer en argent fictif de 5 à 30 fois la valeur des depots !!!
Ce qui rapporte beaucoup avec les High Frequency Trading, c’est surtout le fait que les transactions se font majoritairement en dollars, il faut donc acheter du dollar avant d’acheter quoi que ce soit, puis revendre du dollar lorsque l’on a revendu.
Du coup toute transaction génère des profits aux marchands de dollars, qu’elle soit rentable ou non à celui qui l’a passée !!!
@ Paul…
Bien sur, mais pourquoi ne pas priver les banques de ressources? C’est tout autant plus intéressant qu’on multiplie automatiquement par 5 à 30 le montant total duquel on les prive 😉
La lenteur a été réinventée en cuisine avec le « slow food », comme en musique avec le « tempo giusto ». Il semble que les traders devraient eux aussi retirer les doigts de la prise et adopter la « slow finance » avant de finir électrocutés …
Le monde des horloges est un monde d’êtres pauvres en temps, qui n’ont le temps de rien.
ERNST JÜNGER, Essai sur l’homme et le temps, tome II. Traité du Sablier
Le temps se venge toujours de ce que l’on fait sans lui.
Le « slow food » n’a rien avoir avec la lenteur, heureusement que nous passons pas plus de temps à réaliser un repas pour nos clients :), il s’agit d’un mouvement qui s’oppose à la standadisation des formes et du goût.
@ Chef
« Le « slow food » n’a rien avoir avec la lenteur, heureusement que nous passons pas plus de temps à réaliser un repas pour nos clients , il s’agit d’un mouvement qui s’oppose à la standadisation des formes et du goût. »
Objection, Chef ! En 1986, le critique gastronomique italien Carlo Petrini créa le mouvement « slow food » en réaction à l’ouverture d’un McDonald’s à Rome « pour contrer l’obsession de gagner du temps et redonner du temps au goût ».
Si vous n’en passez pas plus aux fourneaux, les clients « slow food » en passent plus à table !
Mouais… Quand on voit qu’un vulgaire changement d’année fait planter les systèmes de transactions par carte bancaire, il y a quand même de quoi rire… Pour les marchés le facteur humain finit toujours tôt ou tard par s’imposer ; et je doute que les systèmes de trading soit disant ultra perfectionnés puissent y résister.
Bonjour Vince,
Ne négligez pas l’intelligence et la puissance qu’il y a dans ces machines. Le problème des cartes à puce en Allemagne n’est effectivement pas anodin, mais pour ce qui concerne la bourse, les établissements concernés vont y mettre les moyens, et je leur fais confiance, tout sera testé avant l’exploitation. Il y aura certainement des bugs, mais cela leur servira à encore se perfectionner. Il faut arrêter cette chose monstrueuse, mais comment ?
Solidarité avec le peuple islandais !
Solidarité avec le président de la République d’Islande Olafur Ragnar Grimsson !
Honte sur l’Etat britannique !
Lisez cet article :
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=e85e1c3a59783873926920a5f740fb9e
Voir ma réponse ici : http://www.pauljorion.com/blog/?p=6499#comment-48331
Résumé à la source du concept HFT dans Ars Technica :
HFT in Ars Technica
Afin de comprendre le dépassement des investisseurs face au HFT, il suffit de regarder un graphique rendant compte d’une enquête effectuée sur le sujet :
source : http://www.finalternatives.com/node/8583
D’accord avec vous, ce n’est pas le genre d’opérations financières qui vont contribuer a servir la cause de « l’économie réelle » mais personnellement je ne peux qu’admirer la force du « cerveau humain ». Les algorithmes, même s’lis fournissent la solution de certains problèmes, sont quand même une suite de raisonnements et d’opérations calculés par le génie de l’homme. Que ces probabilités se transforment quelques fois en opérations de casino, peut-être, mais encore une fois c’est le mauvais coté humain qui en est la faute. Qui avait demandé à Kerviel, en tant qu’arbitragiste de dépasser ses comptétences, la réponse serait peut-être intéressante a être connue.
Le hft est rendu possible grâce aux algorithmes pernicieux des mathématiciens et les spéculateurs donnent le change en y répondant de façon adaptative, ne cherchez pas de coupable chez les spéculateurs, eux ils ne font que suivrent un mouvement amorçé par des grosses têtes, après tout qui sont les véritables coupables, ceux qui se servent de la bombe ou ceux qui l’on développés, on parle de morale pour la finance mais les premiers à être moralisés devrait être les scientifiques.
Toto disciple de pyrrhon, les hommes sont semblables aux feuilles des arbres.
Comme l’écrivait déjà Guy Debord (qui avait quelques longueurs d’avance pour ce qui concerne la compréhension du fonctionnement de notre système, et pas seulement de son versant « financier »): « Tout ce qui n’est jamais sanctionné est véritablement permis. » (Commentaires sur la Société du spectacle, p.31)
ce ne sont pas les ordinateurs qui s’enrichissent, je pense. Ce sont des programmes qui jouent contre d’autres programmes, mais qui permet que les ordres de vente (ou d’achat) soient passés.
Si von veut vraiment une solution radicale, fermons les bourses. MAis qui a le pouvoir de le faire? L’Onu, ridicule, le FMI, pitoyable, la Banque Mondiale, pas vraiment.
Les seules solutions, s’il y en a, sont des solutions qui devraient pouvoir être applicables à l’échelle d’un pays, ou d’un groupe de pays. Pourquoi ne pas fermer Euronext?
Cordialement,
Bruno Lemaire
Et les frais ? Sait-on combien les grandes banques payent de frais de courtage ?
Je ne vois pas trop comment être gagnant sur des positions ultra-courtes… à moins que les frais soient à zéro… ou que les trains d’ordres couvrent, dans leur ensemble, des temps beaucoup plus long. Dans ce cas, les manips ne devraient fonctionner que sur des trends régulièrement orientés, non ?
Si ma supposition est bonne, il suffirait alors au petit boursicoteur d’attendre que les algos se retournent pour être, eux aussi, gagnants à tous les coups. Je n’y crois pas. Je crois plutôt qu’on tend à donner au HFT une importance qu’il n’a pas, sauf sur la manipulation des marchés, dans leur orientation. Les deux derniers mois montrent, soit que ce n’est pas le cas, soit qu’on est en attente du grand plongeon.
De toutes façons, parler d’un logiciel sans avoir accès au source…
Les opérateurs « HFT » sont récompensés financièrement par les Bourses en tant que « market makers » : pour offrir de la liquidité. Bien sûr ce sont essentiellement leurs collègues HFT qui utilisent cette liquidité.
Bonjour,
40 ans dans le développement informatique me permettent de dire, qu ce n’est pas le processeur des ordinateurs qui déterminent le temps global d’exploitation de l’information.
Ce sont les périphériques et nous en faisons partie qui grèvent le temps et qui sont les maillons faibles de la chaîne.
« Even if you have à 1000Mhz or a 10.000 Mhz, you are still waiting at the same time » disait un représentant de MS.
Pour les opérations boursières et ne pas se tromper, il est urgent de ne pas se presser, dirais-je.
Ce dont vous parlez, ce sont les programmes qui enclenchent les ventes et les achats en cascades en fonction de points de ruptures. Ce n’est pas récent. Cela date des premières bulles de 2001. L’autorégulation s’est poursuivie dans la dernière crise, malgré les « stop lost » alors qu’on disait les avoir court-circuités. Garder un pilote dans l’avion et pas uniquement à l’intérieur de la carlingue. Voilà le genre de contrôle qu’un audit externe pourrait faire utilement.
« Ce sont les périphériques et nous en faisons partie »
Que voulez vous dire ?
Je me permets de répondre à alfe : ce qu’il veut dire c’est que dans une chaîne de traitement de l’information dont l’homme fait partie, l’ordinateur perd beaucoup de temps à attendre que l’homme comprenne les informations et retourne un ordre que l’ordinateur va traiter. Et que donc, éjecter l’opérateur humain, comme dans le trading HFT, permet de gagner un temps fou dans ces opérations de trading.
Je me permets d’ajouter également que cette forme de trading se heurte toujours à la complexité des modèles mathématiques de la finance et à la toujours relativement faible puissance de calcul des ordinateurs actuels (pour ce type de problème en particulier).
Et que d’ailleurs, ce doit ê beaucoup plus facile pour les ordinateurs de faire du trading à la micro-seconde que sur du long-terme. Pour un oridnateur, au vu des modèles mathématiques utilisés, plus le temps de trading augmente, moins il est capable de prévoir ce qu’il faut faire pour ne pas perdre ses sousous.
Mais rien ne vous dit qu’il y a besoin d’intermédiaires humains ou de retour humain…
Par ailleurs, les ordinateurs reliés en « grid », en grille de calcul par internet, forment un réseau planétaire qui peut avoir de très grosses performances…
@alfe
Il est temp d’apprendre le chinois 🙂
L’évolution de la spéculation financière vers le développement du HFT ne doit pas étonner : elle est inscrite dans la rationalité utilisée en gestion des risques et la technologie est là pour fournir les moyens de sortir de la route. Quoi de plus « logique » en effet que de vouloir remplacer des gros gains associés à de gros risques mais de fréquence faible par des petits voire très petits gains donc associés à des petits risques à des fréquences très élevées.
Cette évolution peut sembler, avec du recul, absurde au regard de la finalité des opérations boursières de garantir la liquidité mais elle est intéressante dans la mesure où elle met crûment en évidence l’emballement crisique qui s’est emparé de l’Argent au travers de son accaparement par la sphère financière. Je ne peux m’empêcher de voir dans ce « jeu » du HFT un jeu de miroirs des désirs d’accaparement qui semble sortir de tout contrôle. Quel rayon (mortel ?) va sortir de ce « laser financier » ?
Mais où sont les oignons de tulipes passés ?
le découplage de la finance avec le reste peut être comparer au redshift ,et l’influence de tel ou tel produit financier sur tel ou tel aspect de la vie quotidiene pourrait être appeler intrication « quantique » :
le global influe sur le local ,le hft intéragit forcement sur l’économie domestique , la spéculation intéragira toujours avec le réel !
soit l’humanité renonce à ces joujoux financiers comme au nucléaire soit elle doit traverser le mur de la finance comme elle doit exploser -un jour qui sait ? le mur de la fusion (grace au lhc ,à la z-machine -qui n’est autre qu’une « allumette nucléiare géante » ,un accélerateur lineaire qui transforme une baguette de métal en plasma : il faut encore trouver du bois pour bruler ! ).
« rapidité, rapidité, comme en Amérique » hic ! …
Question:
Le HFT n’est-il pas hautement rentable que lorsque vous êtes parmi les premiers, et que les autres travaillent encore « à l’ancienne »..?
Si tout le monde s’aligne, la compétition risque de ressembler à une course de F1, dans laquelle aucune limitation ne serait imposée (des autos de 5000 cv pour 450 Kg, mieux vaut ne pas mettre un pilote à l’intérieur et protéger le public…).
Rappelons une forte pensée du vieux Karl:
« La Bourgeoisie n’existe qu’à la condition de révolutionner sans cesse les instruments de travail, ce qui veut dire le mode de production, ce qui veut dire tous les rapports sociaux. La conservation de l’ancien mode de production était, au contraire, la première condition d’existence de toutes les classes industrielles antérieures. Ce bouleversement continuel des modes de production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles, distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux traditionnels et figés, avec leur cortège de croyances et d’idées admises et vénérées, se dissolvent ; celles qui les remplacent deviennent surannées avant de se cristalliser. Tout ce qui était solide et stable est ébranlé, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés, enfin, d’envisager leurs conditions d’existence et leurs relations réciproques avec des yeux dégrisés. »
Le vieux Karl, qui vivait à l’époque des manufactures et des maîtres de forges, ne pouvait prévoir, bien sûr, l’existence de cette finance mathématique et informatisée. Mais on peut aujourd’hui compléter sa phrase. Tout ce qui était solide et stable… devient liquide. En effet, l’image la plus couramment invoquée par ces nouvelles plateformes transactionnelles, c’est un océan de liquidités, les algorithmes permettant de distinguer les remous inhabituels – correspondant notamment à une vente motivée par un besoin soudain de liquidité – des vagues et vaguelettes ordinaires.
Et comme nos existences sont de plus en plus façonnées par les impérieuses exigences de la finance devenue elle-même un grand océan de liquidité où guerroient des pirates d’un nouveau genre, comment ne pas s’étonner qu’elles deviennent, elles aussi, de plus en plus liquides, comme le décrit bien le sociologue Zygmunt Bauman dans son livre « La vie liquide ».
Excellente citation mon vieux copain Michel ! Tout va trop vite ! Je me rappelle que dans les années 90, tout le monde entonnait la même rengaine : « faut être sur Internet » ! L’humanité avait pourtant vécu quelques centaines de millénaires sans « aller sur Internet »…
Shootés à bloc les techno-financiers vont bientôt mettre au point ce qu’on pourrait figurer comme un « hologramme » financier. Tout dollar – déjà virtuel – sera flanqué de dizaines, voire de centaines d’autres holo-dollars qui chacun représentera un champ spéculatif multiplié à l’infini… La compétition devrait avoir lieu, en principe au niveau hyper-nano, très au delà des dimensions « classiques » auxquelles le vulgum pecus n’est même pas conscient.
Marche forcée au néant? Toute cette « imagination créatrice », jusqu’à devenir faustienne sur tous les plans de « puissance », dictée par les exigences du cerveau reptilien en nous. Le canibalisme ne serait pas loin…
Sorry!
Il n’est pas anodin que les banquiers d’affaires débauchent des X-Mines depuis 20 ans.
La stochastique.
Passionnant mais aride ce sujet fait le bonheur des assureurs depuis des lustres.
Cà devait tomber dans les unités de calcul monstrueusement parallèles de chez Cray.
J’ai lu quelque part que 70 à 90% des ordres HFT étaient annulés…
http://www.daily-bourse.fr/Le-Stochastique-vtptc-3383.php
Mentir!
Expédier des millions de faux ordres vérifier en qq µ-sec les réactions des concurrents.
En déduire leur intention en qq milli sec.
Annuler.
Leur piquer le marché.
La stochastique+le mensonge, çà marche!
On dit *LE* stochastique. Na ! 🙂
Qu’est-ce que ça vient faire dans l’histoire ?
Tant que je ne verrai pas, de mes yeux, l’invalidation des vagues d’Elliott, sur le tracé des courbes, j’aurai du mal à croire à l’automatisation complète du bidule. Au mieux (ou au pire…), le FHT ne peut être, à la base, qu’un outil d’aide à la décision. Rien de vraiment neuf depuis Fibonacci. Toujours le même émerveillement enfantin devant les maths et les programmes qui font des trucs et des machins, dans un monde où les banquiers seraient capables de nous refaire le coup de la nouvelle économie ou des avions renifleurs, s’ils n’avaient pas déjà été éventés.
Vi : LE!
Mais « scholastique » est bien féminin!
J’ai dû confondre.
Na!
Désolé c’était une réponse à Betov (11:32).
Pas grand intérêt…
Etats-Unis : plus de 4,6 millions d’emplois détruits en 2009.
Les Etats-Unis n’avaient pas connu pareille situation sur le marché de l’emploi depuis 1949.
Sur l’année 2009, l’emploi a chuté de 3 %.
Autre triste record, le nombre d’emplois détruits a atteint 4,6 millions, le chiffre le plus élevé depuis que le département du Travail tient des statistiques, c’est-à-dire depuis 1939.
Décembre n’a pas inversé la tendance. Les destructions d’emplois ont augmenté bien plus que prévu sur le dernier mois de 2009, avec 85.000 licenciements nets, selon les chiffres du département du Travail.
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/01/08/04016-20100108ARTFIG00536-etats-unis-plus-de-4-millions-d-emplois-detruits-en-2009-.php
Hello, Betov.
Je ne connais pas les vagues d’Elliot, ayant d’autres domaines de prédilection que la finance. (organisation industrielle, informatique, gestion de flux, terrorisme,…)
Mais le but d’un ingénieur n’est pas d’invalider. Mais de faire reproduire un comportement humain ou une loi de physique ou une stratégie par une machine.
Qu’est-ce qui ferait que les vagues d’Elliot permettraient à un humain de devoir garder un quelconque intérêt..??
Hhmm.. j’ai noté terrorisme dans mes compétences car une étude (anglaise, mais bon) vient de proposer des pistes intéressantes pour l’explication de la présence d’un tiers d’ingénieurs dans les groupes terroristes.
Bon, par contre, je n’ai pas encore exercé. Me manque un stage 😉
Payez-vous une Kalach ou un RPG7 et faites çà en amateur le dimanche…pas besoin de payer un stage!
Ou bien passez un ordre de bourse idiot sur vos comptes titres pour voir si l’effet papillon existe?
Je pense que c’est une histoire de surfer du côté d’Hawai ou Biarritz…
@Tartar
L’option finance de l’X faisait cette année plus de 60 candidats. Les écoles qui ont mis en place de telles options n’ont aucune difficulté pour trouver des volontaires . Alors que d’aucunes mettent des quotas pour forcer quelques étudiants à suivre les options techniques qui sont dans leur coeur de métier historique
amicalement
Mon Petit Robert dit *LA* stochastique, scrogneugneu !!! 🙂
@Betov: « j’aurai du mal à croire à l’automatisation complète du bidule. Au mieux (ou au pire…), le FHT ne peut être, à la base, qu’un outil d’aide à la décision. » : manifestement, vous n’avez pas compris en quoi ça consiste, peut-être parce que vous sous-estimez ce que l’on peut faire avec les ordinateurs.
Crapaud Rouge, quand j’ai eu fini de ruiner mes articulations dans la maçonnerie, j’ai donné dix ans de ma vie au mouvement GPL. Je suis l’auteur principal du plus gros logiciel jamais écrit en assembleur pur. Le genre de truc qui donne un certain regard sur « ce que l’on peut faire avec les ordinateurs et qui relativise beaucoup les illusions.
à Ton vieux copain Michel
Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom disait aussi que tout se passait et allait de plus en plus se passer comme si un « sujet automate » prenait la main du capitalisme. Il revient plusieurs fois sur cet automate qui agite le fétiche de la marchandise et derrière lui, celui de l’argent !
Nous y sommes.
Mais derrière tout cela, il y a la classe capitaliste qui « concentre en de moins en moins de mains, la richesse sociale des peuples ».
Ne nous trompons pas de cible. L’intérêt de tous les peuples aujourd’hui est de dépasser le mode de production capitaliste, car désormais il est question de la survie de « tous les peuples », l’ensemble de l’humanité et de la planète, c’est la planète-homme qui doit prendre la main, au service de tous les peuples.
Il n’y a plus de bricolage possible pour « améliorer » les divers systèmes que le capitalisme a créés. La difficulté du dépassement est de concevoir et de mettre en œuvre localement et partout en même temps les nouvelles formes économiques qui ne font pas appel à des capitaux financiers privés !
« Un article de la dernière livraison de l’hebdomadaire Le Canard enchaîné relève une situation pour le moins troublante. En pleine euphorie boursière, alors que l’année se termine sur une hausse de 22% du CAC 40 et qu’une nouvelle progression de 10 à 15 % est prévue par une majorité des analystes en 2010, la plupart des grands patrons se sont empressé de lever leurs stock-options afin de les revendre. Plusieurs fonds d’investissement, qui ont observé ces mouvements, ont fait de même. »
http://www.mecanopolis.org/?p=12309
Oui mais quelque chose ne colle pas : Pourquoi acheter et revendre LE JOUR MEME… ?
euh, ils pensaient sans doute faire du High Frequency Trading ?
Un regard sur la jauge pourtant est édifiant
Le monde a ce régime ne tiendra pas cent ans
Mais braqués sont leurs yeux sur leur petit écran
Qui leur dit « Vas-y donc, mon gars, t’es un géant ! »
Il me vient une analogie… comparaison n’est pas raison, d’accord.
Le système boursier est la machine à liquifier le capital-crédit et le transformer en capital-fictif.
Nous avons actuellement une grosse citerne pleine de ces liquidités embarquée sur un camion.
Comme il n’y a aucune cloison (liberté de circulation des capitaux) dans la citerne, toute variation de la vitesse du camion provoque des amplifications majeures des mouvements des liquidités.
Et comme dans la réalité, le camion ne peut plus freiner… ou la citerne explose.
Exactement la situation du « Salaire de la peur ».
J’entends parfois parler de « manipulation » du marché. Il n’y a aucune manipulation du marché : il n’y a que des vendeurs et des acheteurs. Tantôt l’euphorie domine, tantôt c’est la peur. Le reste n’est que blabla. Le marché monte actuellement parce que l’euphorie domine, point barre. Où est la manipulation ? Très simplement : dans un jour, une semaine, un mois, que sais-je, plusieurs gros porteurs – fond, banque – largueront une large part de leurs positions, ce qui fera baisser le marché. Puis les autres suivront. Et pourquoi ne le feraient-ils pas ? Puis ces mêmes gros porteurs décideront de rerentrer sur le marché, et les autres suivront. Etc, etc. Les nouveaux systèmes de trading ne servent qu’à exploiter au maximum les variations dites « intraday ».
Un trend est un trend.
L’état d’esprit des patrons du back office n’est rien comparé à la tendance moyenne détectée p
Pardon, il faut que je change de doigts!
Je voulais dire que l’ »optimisme » ou le pessimisme d’une équipe de traders ne joue pas comparé à la détection hypervéloce du « trend » par les machines…
Il y a un an j’ai contrôlé (je ne le suis plus) pour le compte de l’AMF une banque de la place parisienne sur le métier de market Maker (apporteur de liquidité sur les achats et ventes de titres d’une société cotées ou plusieurs). Ce qu’il faut savoir c’est que la banque peut acheter ou vendre jusqu’à 10% de la capitalisation boursière d’une société : c’est énorme. En plus la banque en question faisait du conseil en investissement pour des particuliers ou des banques : vous voyez le mélange des genres. Ils pouvaient vendre ou acheter des titres pour des particuliers ou des institutionnels les mêmes titres pour lesquels ils étaient market makers : on marche sur la tête : circulez il n’y a rien à voire.
Autre drame, pour les grosses capitalisations on peut penser que 10% max de la capitalisation est faible pour changer l’orientation d’un titre mais pour les petites capitalisations c’est le market maker qui était souvent le seul intervenant de la journée dans le cahier des ordres des achats et ventes : je vous laisse songeur de tous les passes droits possibles ou des éventuels délits d’initié possible. Mon associé, moi le manager et mes petits assistants n’avions rien eu à redire sur ce système peu glorieux pour nous attacher les faveurs des banquiers pour un éventuel futur contrat.
[…] Les robots prennent la main January 7th, 2010 at 11:29 am Create a free edublog to get your own comment avatar (and more!) […]