Billet invité.
Personne n’a été étonné d’apprendre que, parmi les créditeurs étrangers, les banques britanniques étaient les plus exposées à Dubaï World, le conglomérat d’Etat qui s’est avéré incapable de payer ses dettes, tant la folie des grandeurs de l’émirat du Golfe et la mégalomanie des banquiers anglais et écossais semblaient parfaitement correspondre, outre évidemment leurs intérêts communs bien compris. En revanche, on a pu apprendre avec intérêt qu’environ 100 000 britanniques vivaient à Dubaï – la communauté occidentale la plus importante –, et que toute une armada de professionnels utiles (banquiers, traders, avocats, comptables, consultants, négociants, etc.) exerceraient là-bas ses talents, en conformité donc avec le profil économique de ce minuscule territoire. D’ailleurs, le voyage à Dubaï était presque devenu une étape obligée du cursus honorum des financiers, une expérience fructueuse dans l’apprentissage des Wilhelm Meister de la banque.
Cette relation spéciale entre Dubaï et le Royaume-Uni n’a rien d’étonnant, elle est emblématique d’une homologie de fond entre les deux pays : car, finalement, la société féodale de Dubaï – avec sa minorité de millionnaires (les nationaux), sa majorité de quasi-esclaves (les immigrés indiens, pakistanais, bangladais, etc.), et les expatriés occidentaux en adjuvants des premiers – représente l’idéal type de la société britannique, structurée entre l’élite des « méritants » (fortunés), la masse des « non-méritants » (responsables de leur pauvreté) et le groupe social éduqué dédié à l’encadrement. D’ailleurs, comment ne pas voir dans Dubaï le fantasme de la City, son rêve secret – le rêve d’un centre d’affaires à l’état pur, débarrassé des contraintes de la démocratie et de l’Etat social ?
On ne sait trop comment Dubaï – un pays qui par son histoire et sa culture diffère tant du Royaume-Uni – justifie idéologiquement son régime hiérarchique et inégalitaire, mais cela ne semble pas émouvoir outre mesure les nombreux Occidentaux qui se rendent chaque année dans l’émirat (expatriés, voyageurs d’affaires, touristes, etc.), tant eux-mêmes sont déjà parfaitement accoutumés dans leur propre pays à un ordre hiérarchique et font preuve d’une tolérance remarquable (et stupéfiante à bien des égards) envers les inégalités sociales. Mais il faut dire que nous disposons chez nous d’un fétiche tout-puissant pour expliquer les différences de revenus, un concept magique capable de justifier à la fois la richesse et la pauvreté : le « mérite ». Grâce à lui en effet, s’opère cette transsubstantiation étonnante par laquelle le riche est recyclé en « méritant » et le pauvre en « non-méritant ».
Le grand problème des riches a toujours été de légitimer leur fortune – et de se légitimer eux-mêmes par la même occasion. Il y a bien eu une époque où la richesse était signe de l’élection divine, mais malheureusement entre-temps Dieu est mort. L’idéal serait que les riches et le reste de l’humanité n’appartiennent pas à la même espèce, car ainsi la différence sociale serait inscrite dans l’ordre de la nature. Dans son roman publié en 1895, The Time Machine, H. G. Wells imaginait que dans un futur très lointain l’humanité se séparait en deux types humains distincts, avec d’un côté la classe dominante engendrant les Elois, un peuple paisible et harmonieux, et, de l’autre, les classes prolétaires donnant naissance aux Morlocks, des êtres dégénérés vivant sous terre. Nous n’en sommes pas encore là, il est vrai, mais notons tout de même que, du point de vue physique, les riches et les pauvres se ressemblent de moins en moins : l’accès privilégié à une alimentation de qualité, à l’information diététique et médicale, à la chirurgie esthétique, réparatrice (greffes d’organe, prothèses de toute sorte, etc.) et bientôt bionique, à un environnement écologiquement sain, aux infrastructures sportives et de loisirs, etc., permet aux personnes fortunées d’entretenir au mieux leur organisme, de repousser leurs limites physiologiques et biologiques, et en définitive d’exhiber un corps différent de celui des hordes de Morlocks obèses et souffreteux qui hantent les bas-fonds urbains.
Du point de vue moral, l’idéologie du mérite apporte quant à elle une justification aux inégalités de revenu avec une économie de moyens (si l’on peut dire) exceptionnelle : le riche est riche parce qu’il le mérite (par son talent, ses qualités remarquables), le pauvre est pauvre parce qu’il ne mérite pas d’être riche (symétriquement : à cause de son manque de talent, de qualité remarquable). D’ailleurs, le mot « riche » lui-même tombe peu à peu en désuétude : celui qui l’emploie est immédiatement soupçonné d’être un odieux marxiste qui n’a rien compris à l’évolution de la société. On lui préfère le doux vocable de « talent », plaisante synecdoque par laquelle l’upper class a pris l’habitude de se désigner : à chaque fois par exemple qu’on évoque une hausse des impôts pour les haut revenus, quelle est la réaction outragée et unanime de tout ce que le pays compte de gros portefeuilles ? « Les talents vont fuir le pays. »
C’est ainsi que la porte-parole des l’Association des banquiers britanniques (British Bankers’ Association) commentait récemment l’une des mesures fiscales envisagées dans le pré-budget 2010 du gouvernement Brown (en l’occurrence, la création d’une nouvelle tranche de l’impôt sur le revenu – 60 % au-delà de 500 000 £ par an) : « Our concern has been and will remain around the competitiveness and attractiveness of the City, and whether tax moves or other action on remuneration or employment would be something that would chase talent out of the City, and whether it would discourage businesses and talent from locating here. » On remarquera en passant que la conjonction business-talent est particulièrement présente dans le discours d’autolégitimation des financiers, banquiers, traders, etc., à croire que le génie humain a déserté toutes les autres professions. D’ailleurs, tant qu’on y est, pourquoi ne pas créer – sur le modèle des « sans-emploi », des « sans-abri », des « sans-papiers », etc. – une catégorie spéciale pour désigner ces inadaptés sociaux d’un genre nouveau : les « sans-talent » ?
Cette insistance à mettre en avant son prétendu mérite par la classe dominante est bien sûr indispensable pour donner une apparence de raison aux inégalités sociales dans un système démocratique. Accumulation primitive, structure du capital, classe de loisir, reproduction sociale, etc., toutes ces choses-là sont bien ardues et bien désagréables pour des oreilles sensibles, surtout quand on a en réserve de beaux spécimens de self-made-man à présenter à l’opinion. De plus, le mérite, c’est une qualité personnelle beaucoup plus gratifiante à faire valoir que, par exemple, la cupidité, le cynisme ou l’absence de scrupules. En ce qui nous concerne, cependant, on préférerait quand même qu’on nous explicite les présupposés philosophiques, sociologiques, anthropologiques, etc., de cette filiation talent-richesse – et autrement qu’en pontifiant imperturbablement sur la « nature humaine ». Après tout, pourquoi le talent ne se suffit-il pas à lui-même ? Pourquoi faut-il le récompenser ? Et s’il faut le récompenser, pourquoi par de l’argent ? Et s’il faut le récompenser par de l’argent, pourquoi par des sommes dix fois, cent fois, mille fois supérieures au revenu commun ?
Le mérite est aujourd’hui ce qui fonde – au Royaume-Uni, en France et ailleurs – la légitimité des régimes d’apartheid social dans lesquelles nous vivons. L’idéal de justice en a été transformé : une société juste n’est plus une société où les besoins de tous sont satisfaits, mais une société où les mérites de chacun sont reconnus. Il en découle que la lutte collective pour la justice n’est plus une lutte pour que tous aient accès aux mêmes biens et services, mais une lutte pour que les mérites de chacun soient universellement reconnus et rémunérés comme tels, et peu importe alors que l’un n’ait (quasiment) rien et l’autre (presque) tout – ce qui rend problématique, on en conviendra, l’aspect « collectif » de ladite lutte. A tous les étages de la société, chacun en vient donc à défendre son petit bout de mérite contre ceux incapables de le reconnaître ou de le reconnaître à sa juste valeur (financière), c’est-à-dire finalement contre tout le monde – combat âpre, acharné, frustrant, surtout quand on a autour de soi tant d’exemples de réussites imméritées ! Il faut jour après jour prouver son talent, impitoyablement, prouver qu’il est supérieur à celui de son voisin, de son collègue, de son confrère, etc. –, la concurrence étant bien sûr le corrélat fonctionnel de l’idéologie du mérite.
Parfois, ainsi, on arrive à un revenu conséquent – ou même pas conséquent, d’ailleurs, juste à quelques encablures du Smic. Que faire, alors, avec cet argent péniblement gagné ? Partir en vacances, en voyage – à Dubaï par exemple, pour vivre quelques jours comme un millionnaire. You’re worth it ! Vous le valez bien ! Surtout maintenant que les prix sont cassés, avec la crise : 1000 £ la semaine, ce n’est pas si cher pour un hôtel quatre étoiles avec restaurants, piscines, spa, fitness center, etc. Pourquoi aurait-on mauvaise conscience de se faire servir par des domestiques philippins dont on a confisqué le passeport ? N’ont-ils pas la chance de travailler ? Ne font-ils pas vivre dix personnes à Manille avec leur salaire ? Ne sont-ils pas des privilégiés, eux aussi, n’ont-ils pas ce qu’ils méritent ?
120 réponses à “Dubaï et la City : considérations inopportunes sur la richesse et le mérite, par Emmanuel Quilgars”
Le travail fait-il partie du mérite? Parce qu’il est bien connu que les riches travaillent aussi beaucoup plus que les pauvres. 🙂
Oh mais on a fait bien pire ! Vous oubliez de citer cette dénomination (*) qui me fait bondir et hurler intérieurement chaque fois que l’un de ces imbéciles de journaleux le prononce : les « anonymes » ! Pour désigner, bien sûr, la masse informe, abjecte et fangeuse des citoyens qui n’ont pas accès à la merveilleuse lumière des projecteurs médiatiques et ne sont donc pas dignes d’avoir un nom !
* Je ne me suis aperçu que plusieurs secondes après avoir écrit ce mot combien il était horriblement approprié.
Candide, vous oubliez la notion de » haut de gamme » et » bas de gamme « .
Quand nous cherchions à ouvrir notre compte entreprise, à la fin de l’année 1990, mon mari avait rencontré, entre autres banques, la bque Paribas (à l’époque, elle n’était pas encore mariée à la Bnp), son interlocuteur lui avait dit qu’à Paribas, il n’avait qu’une clientèle » haut de gamme « . Traduisez que pour elle, nous n’étions que des pas grands choses …
Raffarin avait trouvé aussi une jolie formule à la hauteur du mépris de la classe dominante envers les « anonymes », les « sans talents » ou les « sans grade »… La France d’en bas !
Bientôt le retour des « sans culottes » ?
Le mérite a un avantage ainsi que le talent ce qu’il n’y a pas d’échelle de mesure et que la graduation du thermomètre n’est supposée connue que par ceux qui en aurait. Evidemment ce mérite et ce talent est le plus souvent apparent et pistonné à coup d’armée de travailleurs fabricant le produit final. Le chanteur ne conçoit plus la musique encore moins l’arrangement musical, même pas les paroles ou bien si peu mais est présenté comme tel, le propriétaire d’une entreprise n’a le plus souvent eu que les moyens d’exploiter une bonne idée pêchée ici ou là chez d’autres qui n’ont pas les moyens d’investir. Evidemment quand papa est le plus gros avocat de Boston faisant partie de la grosse bourgeoisie américaine et que les copains de papa sont prêt à investir 200.000 dollars dans le dada du fiston dont l’idée est de copier le travail d’une équipe de huit ingénieurs disposant des gros moyens de recherche d’une multinationale et que par un passe droit on a en plus eu le privilège de visiter et d’être mis au parfum des dernières découvertes, ou bien de créer des entreprises que l’on vend des milliard (ceux qui achètent entretiennent le mythe mais ont payés une fortune des boites qui ne valaient rien si on les estimaient réellement) alors qu’elles ne rapportent toujours pas un rond au bout de cinq ans (allez présenter ce modèle économique à votre banquier il vous rira au nez) et là on crie au génie et au mérite… Le mérite aujourd’hui c’est de gagner au loto ! chacun justifie l’injustifiable juste pour se garder un droit de jouer même si la chance de gagner est infinitésimale et on créera de toute pièce des contre exemples que l’on fera passer pour des exemples : L’exemple est reproductible, le contre exemple ne l’est pas mais peut être fabriqué.
Bonjour, je lis fréquemment vos articles, et me permet d’ajouter mon grain de sable à celui-ci, qui m’intéresse tout particulièrement.
Sur les rapports entre la classe sociale, l’argent et le mérite, un mot me revient à l’esprit, un mot français : gueux. Le mot gueux est l’expression même de cette hypocrisie – ou de ce mensonge, comme on voudra dire – qui consiste à associer la dégradation sociale, la dégradation financière et la dégradation morale, et ce dernier point importe entre tous. En effet, un gueux est tout autant un indigent incapable d’assumer ses besoins essentiels, un homme du peuple, peu élevé socialement, et un homme malhonnête. On dira aussi de la putain qu’elle est une gueuse, une femme de mauvaise vie, on évoquera pareillement une gueuserie, c’est-à-dire un acte vil et sournois.
Je voudrais évoquer ici un fait qu’il est important de prendre en compte en ce temps troublés : l’utilité du mot n’est pas seulement de justifier l’indigence par la médiocrité du mérite et de permettre aux talentueux d’avoir bonne conscience, mais aussi de justifier la répression. En effet, on peut user de violence sur le gueux, car il est dégradé moralement, car il est homme de mauvaise vie et même mauvais au fond, et c’est à ce moment que le glissement sémantique prend toute son importance. La répression nécessaire pour juguler les troubles sociaux, les « jacqueries » entre autres si l’on veut prendre cet exemple, trouve sa justification dans ce mot et permet d’envoyer les troupes sur les mendiants, les affamés, les pauvres.
Ce mot, gueux, est un peu le miroir du « talent » dont vous parlez, sauf qu’avec le talent on discrimine positivement les talentueux, alors qu’avec le gueux on discriminait « négativement » (si l’expression fait sens) le pauvre, mais le fond reste identique : il s’agit de justifier moralement le sort qu’on attribue à chacun, et s’il y a aujourd’hui dans notre société des talentueux fortunés, alors il existe aussi des gueux en filigrane. Et s’il y a des gueux, on pourra
Un texte admirable… C’est beau comme du Swift. Chaque mot compte. Je vais le faire circuler, je vais le méditer, je vais le citer.
Monsieur Jorion, comment à votre age n’avez vous pas encore eu le temps, l’ouverture d’esprit ou l’intelligence de comprendre que c’est l’égalité sociale qui est une arnaque finie et fumeuse. où dans la nature ou dans l’histoire de l’humanité y a t il eu égalité ? JAMAIS. pourquoi ne regardez vous pas le monde tel qu’il est, plutot que de le rever tel qu’il devrait l’etre ?
Ça doit être une question de temps parce qu’on m’accorde en général l’ouverture d’esprit.
Mais vous êtes fatigué, vous le dites vous-même : reposez-vous et revenez-nous quand vous vous sentirez frais et dispos.
Il y a du vrai dans ce que dit ce « Mr.fatigué »…
Mais il oublie que chaque fois qu’un progrès social a été accompli, il l’a été par des gens qui se battaient pour faire reculer cette « inégalité-naturelle-qui-vient-du-fond-des-âges »…
Et ils vont devoir se remettre au travail, ces gens-là; si c’est encore possible…
Dans une société policée, il ne saurait y avoir d’excuse pour le seul crime vraiment inexpiable de l’homme qui consiste à se croire durablement ou temporairement supérieur et à traiter des hommes comme des objets : que ce soit au nom de la race, de la culture, de la conquête, de la mission ou simplement de l’expédient.
Lettre de Rousseau au président Malesherbes
Monsieur Jorion, votre réponse à ce Monsieur fatigué est…un peu courte.
Il n’a pas tort lorsqu’il affirme que « Jamais » dans l’histoire de l’humanité il y a eu égalité. (Sauf peu être quelques structures humaines
très primitives, en effet jamais une civilisation (au sens de Flaubert) n’a été égalitaire).
Le merveilleux royaume de France moins que tout autre en particulier juste quand il se transmuta en République et afficha sur ses frotons la célébre formule.
L’Egalité, trop souvent n’est que l’appartement témoin de la cage à lapins que l’on veut vous faire intégrer. L’égalité juridique oui mais l’égalité sociale: non (parce que c’est une horreur de dictature).
Il n’est pas intellectuellement honnête de présenter dans un texte le juste comme l’égal, d’écrire qu’une société juste est celle où les besoins de tous sont satisfaits sans tenir compte du mérite de chacun.
Une société juste – au contraire- est celle qui garanti à chacun ses besoins de base (c’est à dire la survie dans la dignité) et pour le surplus confie au talent et au mérite le soin de faire la différence.
Nous savons tous qu’un grand penseur sera rarement autant récompensé (en termes numéraires) qu’un chanteur à la mode, on peut s’en trouver désolé mais c’est le choix des gueux. Cela s’appelle démocratie.
« Jamais dans l’histoire on n’avait inventé le téléphone portable ». Cette phrase a-t-elle un sens ?
Je pense qu’il ya une faute de syntaxe mais je n’en suis pas sur.
En revanche : « Jamais dans l’histoire on n’avait inventé un téléphone portable » est valide il me semble.
La sentence de maitre Jorion ?
@ family Business:
Je crois en fait que Paul Jorion pense ( comme moi ) que Monsieur fatigué n’a pas inventé , n’invente pas et n’inventera jamais ( quoique , après un petit stage ici ?) le téléphone portable .
Certes, l’égalité stricte en termes sociaux n’a probablement jamais été atteinte et sans doute n’est elle même pas souhaitable ni réalisable, si l’on considère la dimension naturelle de l’espèce humaine. Pour autant, faut-il justement s’abriter derrière la naturalité de l’homme pour justifier toutes les atteintes aux droits sociaux (n’oublions pas que l’homme est un animal social (et politique)) ? N’y a t’il pas une certaine forme de noblesse à rechercher la justice sociale en tendant vers l’égalité ? Des études ont montré que les sociétés les moins inégalitaires étaient aussi les moins violentes et les moins anxiogènes (Cf le Danemark, bien que lui aussi aux prises avec les affres du néolibéralisme) ?
Il faut je crois, simplement poser une nuance : l’égalitarisme non, tendre vers l’égalité, oui. On pourrait ensuite corréler cet objectif avec les notions de solidarité et d’Etat…
« « Jamais dans l’histoire on n’avait inventé le téléphone portable ». Cette phrase a-t-elle un sens ? » Il me semble que oui, mais tautologique, car le téléphone portable ne pouvait pas être inventé avant d’avoir été inventé… Mais peut-être bien qu’avec la physique quantique cette évidence n’en soit pas une.. Avec le darwinisme aussi, du reste, parce qu’il serait facile de montrer que le « téléphone portable » avait un ancêtre, le téléphone cellulaire, donc qu’il avait été inventé avant qu’il ne le soit en tant que tel…
monsieur fatigué n’a pas, non plus, inventé l’eau tiède;
Le téléhone portable à travers l’histoire : un simple anachronisme, mais l’humanité qui semble un concept solide peu être vu sous un angle nouveau suite à la découverte de notre ancêtre Ardi, l’homme actuel sapiens-sapiens n’est pas le seul à prétendre à l’humanité. Peut on imaginer l’égalité sous un angle nouveau à partir de là ? Y donner un sens plus spirituel ?
Le drame chez beaucoup de français est de confondre l’égalité (de droit et de devoir telle que définie dans notre devise avec un E) avec l’égalitarisme et comme je dis le seul moyen de rendre égal des choses différentes ce qui est la réalité est de tout multiplier par 0 et donc de tout rendre nul ! Beau résultat ! L’égalité oui devant la loi , faire croire ou rendre artificiellement tout égal c’est nier la valeur des choses et tout rendre médiocre. Nier les différences est aussi une forme de dictature que beaucoup de médiocres ont toujours été prêt à imposer sous prétexte d’égalité dont tout sens philosophique a été expurgé !
(Suite au message précédent)
… également justifier l’emploi de la force. Renforcer l’équivalence entre la classe sociale, la possession et le mérite, que la révolution avait temporairement ébranlée, nous renvoie au féodalisme. Je pense et crains qu’au fond ce soit cela, le mouvement de fond auquel nous assistons, un retour revanchard et féroce de la féodalité et de ses concepts sociaux, économiques… et sémantiques.
Un article qui commence par le mot « personne » ne peut qu’être excellent. Une intuition…
Je voudrais faire une toute petite remarque, désabusée toute fois car les mots ne servent à rien, on en fait l’expérience en écrivant des lettres d’amour. A quoi bon ?
A quoi sert l’économie ? Cette question est-elle analogue à « à quoi sert la médecine » ? La médecine sert à guérir le plus grand nombre de personnes possible, ses buts paraissent clairs : Faire reculer la maladie. L’économie en tant que science s’est elle posée comme but primordial de réduire la pauvreté ? Il semble qu’à cette question si simple, les réponses ne soient que contournées, hasardeuses, ambiguës, inopportunes…
La médecine = apporter la santé à tous
L’économie, apporter la prospérité à tous ? Ce n’est même pas le but de l’économie, qu’il devrait être cependant.
Derrière courent des pensées du genre malthusiennes : la concurrence est nécessaire comme stimulation de l’économie. Tient donc, voilà que l’économie devient une fin, et non l’homme.
Si le but était clairement défini, les moyens le seraient également. Faute de quoi l’on raisonne sur des systèmes qui n’ont aucune chance de survie à 5 ans. On accroît la confusion comme dirait Kirkegaard qui déplorait le grand nombre de publications, inversément proportionnel à ce qu’il appelle la « probité » de son époque, la naiveté.
La bifurcation est entre le complexe et le naif. Il ne faillait pas faire d’économie, surtout pas l’économie libérale. Il fallait se boucher les oreilles dès le premier sophisme, et se garder une liberté de pensée et d’action. De l’économie, tout le monde en sait assez, la sent la subie; Le monde est celui que je vois, et ce qui est au delà ne m’importe. C’est par crainte de se tromper que personne n’agit, ni ne pense par lui même. Il faut se tromper pourvu qu’on agissent. L’amour pour y revenir, est compliqué mais également simple, raffiné mais non empêtré. Un libéral qui peaufine un article sur le micro-crédit ne peut qu’avoir des micro-aventures… Certains actes dans la vie sont simples, sans quoi ils ne seraient pas faits. Certains actes sont à contrario inhibés, et le discours économique académique n’a qu’un seul rôle qui est d’ordre dictatorial, à savoir empêcher quiconque d’agir en monopolisant le champs du savoir dans ce domaine. Voilà le rôle *politique* d’un discours économique, de la plupart de ce qu’on entend ici et là.
L’économie est entre toutes les sciences celle qui manque radicalement de probité, n’ayant même pas le courage de se définir un but ! et là, tout est dit ! le but est, à la rigueur défini comme étant le système lui même ! A quoi bon, c’est comme si le but étaient les murs d’une prison, dont on s’interdit de penser l’extérieur.
La médecine comporte plusieurs différences avec l’économie d’abord c’est un art non une science. (Rien que ce distinguo permet d’extraordinaires développements)
Ecrire que médecine = apporter la santé à tous est ambigu, c’est une expression qui porte en son sein le germe de Knock.
Réduire la pauvreté n’a à ma connaissance jamais été l’objet de la moindre science, moins encore d’un art. Il serait pourtant un Grand Maître celui (celle) qui ferai reculer significativement le phénomène. Au mieux le monde est parsemé de gens (parfois braves) qui prétendent à endiguer le processus. Mais trop souvent les organisations caritatives n’ont pour effet que de soigner l’égo de leurs animateurs.
Au fond (sans jeu de mots svp) qu’est ce que la pauvreté ? Quelle différence avec la misère ?
@ Liszt
A maximiser le PIB.
C’est vrai aussi au niveau des ménages, grosso modo l’agent économique est rationnel (postulat de base) veut dire qu’il cherche à maximiser son PIB, même si il doit y perdre sa chemise, femme(s?), enfants, veaux, vaches …
Le PIb, c’est ce qui va permettre à Mr Jorion de parler de reprise sans emplois (je mets un billet la dessus ..o)
@ Eomenos :
He non ! Comme déjà dit , l’économie est un art ! » l’art d’aménager sa maison » .
Et c’est bien pour l’avoir oublié qu’on est scientifiquement dans la panade .
Je dirais que l’économie est « l’art et la manière » qu’ont les humains d’organiser entre eux les échanges de leurs productions. Avant qu’elle ne se présente peu ou prou comme une « science », on en fit beaucoup comme monsieur Jourdain avec sa prose.
@ Juan Messy,
Je crains que vous confondiez avec les arts ménagers qui tinrent longtemps salon assidûment fréquenté par des régentes (es arts ménagers, il s’entend).
Le cinéma, c’est le septième art, l’écnomie…. ? Le septième ciel ?
@Eomenos :
Votre perception de l’art et votre à-peu-près me désolent .
L’art est le domaine du sensible et du « hors temps » , un créateur et traducteur d »‘états d’âme » . Comme Oscar Wilde , je crois que l’art , c’est le beau , et que la vie imite l’art bien plus que l’art n’imite la vie . ( ça c’est pour Paul Jorion afin de rajouter un paragraphe à « Comment la vérité et la réalité furent inventées » !).
Si vous me suivez dans mon cheminement selon lequel l’art c’est le beau , le beau c’est la vie , la vie passe par la collectivité , la collectivité passe par le politique , le politique c’est au sens éthymologique l’économie , alors oui , forcément pour servir à quelqiue chose qui soit de l’ordre de la vie et du beau , l’économie est un art , doit être un art .
On cherche simplement des artistes ( ou des artisans , ce sera déjà pas mal ) .
Une constitution est une oeuvre d’art .
Bonsoir,
C’est vache comme billet invité, je dis cela en pensant à JDUCAC le méritant, commentateur comme d’autres de ce blog. Vache mais bigrement bien envoyé. Il est temps de tirer la chasse devant ces idées putrides, je vous remercie paul d’avoir publié ce salutaire billet !
+1000, Emmanuel. Enfin un article qui traite du problème réel. Non que les convolutions de plus en plus complexes de la finance soient sans intérêt, à fur et à mesure qu’on scrute les détails, soient dénuées d’intérêt. Mais à parler, comme on le fait ici, habituellement, des conséquences et non des causes, je désespérait de jamais voir un tel article.
« … ainsi la différence sociale serait inscrite dans l’ordre de la nature… »
Elle l’est réellement, au départ. C’est la dominance naturelle. Elle ne l’est plus du tout à l’arrivée. C’est la dominance sociale.
« … l’idéologie du mérite… »
Ou mythologie américaine. Bravo, et j’espère que ce texte parviendra, mieux que je n’ai su le faire, à ouvrir les esprits sur le danger mortel qui nous guette derrière la revendication d’un revenu universel inconditionnel, qui serait mis en oeuvre *AVANT* le musellement de la dominance sociale.
Je suppose qu’au néolithique, le musellement de la violence physique devait également passer loin au dessus de tête des gens…
On a le sentiment que nous évoluons mondialement d’une société de classes à une société de castes, la rupture du continuum social relatif que nous connaissions.
Ca fait peur…
Superbe texte de base qui va engendrer de nombreux développements.La remise en cause de notre système de valeurs et de production si il va à son terme débouchera sur une période révolutionnaire.
Aucun besoin d’une période révolutionnaire JBA. Je ne partage absolument pas l’idée de Paul Jorion, selon laquelle jouer sur des points de détails de la finance, pourrait changer les choses, mais, effectivement, une simple loi pourrait tout changer. Edicter une loi n’a jamais été révolutionnaire. Tout le monde a en tête de multiples exemples de lois consensuelles qui ne seront jamais édictées, allant du référendum d’initiative populaire à l’interdiction des corridas. Rien de tout cela ne pourra bouger tant qu’une loi de limitation de la dominance sociale ne sera pas édictée.
Le démantèlement du système de propagande lui-même serait de peu d’effet, si personne ne songeait à supprimer « les riches ». La guillotine étant passée de mode, reste la raison, … qui hurle qu’il ne peut pas y avoir de pauvres, s’il n’y a pas de riches.
Dites à un banquier qu’une interdiction des paris sur les fluctuations des prix, c’est « jouer sur des points de détails de la finance ». Juste pour voir sa tête.
Nous en avons déjà parlé. A de multiples reprises, je vous ai demandé (et je n’étais pas le seul…), ce que vous entendiez par « interdiction des paris sur les fluctuations des prix », sans aucune réponse de votre part, à part le sempiternel exemple sur la fluctuation des prix du pétrole, qui, selon vous, devrait être réservé à ceux qui sont réellement concernés par cette matière première. La proposition complète devient alors une simple validation du fascisme et j’ose espérer que ce n’est pas ce que vous voulez dire.
Désolé, mais, pour moi – tête de bois -, « interdiction des paris sur les fluctuations des prix », cela signifie « fermeture de bourse », ce qui serait parfaitement absurde. D’autre part, le fait que les banquiers ne soient disposés à céder sur aucune de leurs positions prédatrices, n’a jamais constitué un argument à prendre en compte.
Peut-être JBA et moi (et vous), entendons l’expression « période révolutionnaire », dans des acceptions très différentes. Je ne sais pas ce que JBA entend par là, mais pour moi qui rêve de sang qui coule dans les caniveaux, cela est associé à des foules sachant parfaitement contre quoi elles luttent, mais pas du tout *pour* quoi elles luttent. Peut-être, pour vous, comme, bien sûr, pour les banquiers, « interdire des paris sur les fluctuations des prix, est une proposition violemment révolutionnaire…
Il est sans doute naturel, que vous (intello) et moi (ouvrier maçon), ayons des notions très différentes de la vigueur…
Une révolution est, au sens politique ou social, un mouvement politique amenant, ou tentant d’amener, un changement brusque et en profondeur dans la structure politique et sociale d’un État, et qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend ou tente de prendre le pouvoir. Le terme de révolution peut être utilisé par un gouvernement se présentant comme révolutionnaire pour qualifier l’ensemble de ses politiques, alors même que sa prise du pouvoir est effective et achevée.
Par extension, on appelle révolution (renversement, étymologiquement) tout changement ou innovation qui bouleverse l’ordre établi de façon radicale dans un domaine quelconque (la théorie héliocentrique est ainsi considérée comme étant une révolution scientifique).
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution
@ Betov
L’interdiction des paris sur les fluctuations de prix n’est pas une mesure en l’air.
Ex. n1:Goldman Sachs vend à ses clients des SIV ( vehicules d’investissement spéciaux) bourrés de subprimes entre autres, puis prend des paris sur la baisse de ces SIV qu’il sait pourris.Le client lésé deux fois en pense quoi à votre avis de l’interdiction?
Ex. n2:Vous etes macon et vous faites un devis pour la construction d’une maison (matériaux + salaire ).Entre-temps, les spéculateurs font des paris sur l’augmentation du prix des matériaux et font monter les cours de ces matériaux.Le devis n’augmente pas mais votre salaire a disparu.Vous en pensez quoi de l’interdiction ?
Une grande majorité des placements d’épargne de M Tout le monde inclut désormais des paris sur les prix, même dans les assurances-vie ( ainsi les produits dits garantis incluent une clause sur une éventuelle dégradation du cours d’une action : ( si BT perd 30 % alors la clause de garantie ne marche pas. C’est déjà un pari sur les prix ). Et si vous mettez la chose en perspective vous verrez qu’on met très souvent les épargnants en position de spéculer ou d’y perdre. Le risque étant – si on n’augmente pas l’âge de la retraite – qu’on entraîne le futur retraité dans ce mécanisme mortifère . Cf ce qui se passe en Angleterre et aux USA.
Ceci dit, je ne crois pas que ce soit la panacée universelle. En effet le Banquier que PJ interrogera ne répondra pas « au fou » !, mais « tout à fait d’accord …. à condition que les autres fassent de même » .
Ce qui est une manière de renvoyer PJ ( et nous par la même occasion ) à la globalité des systèmes politiques et économiques . Autrement dit : ce qui nous oblige à étendre nos réflexions aux autres dimensions de la vie économique.
amicalement
Claude Roche a raison, à mon avis. Le paris sur les prix est général et je suppose qu’il l’a toujours été, depuis l’invention de l’agriculture.
Jacques fausse son propre exemple en ajoutant « …font monter les cours de ces matériaux », ce qui est un autre problème… de détail.
Très beau texte! A lire aussi : « Le stade Dubaï du capitalisme » de Mike Davis.
Voici la quatrième de couverture : « Village de pêcheurs devenu métropole mondiale en moins de vingt ans, lieu de tous les superlatifs (plus haut gratte-ciel, plus vaste centre commercial, plus grandes îles artificielles, hôtel le plus étoilé…), Dubaï pourrait bien signaler l’émergence d’un stade nouveau du capitalisme, encore inconnu sous nos cieux : un système à la fois plus ludique, par la généralisation du loisir touristique et de la jouissance
commerciale, et plus violent, entre chantiers esclavagistes et politique de la peur, grâce aux guerres qui font rage de l’autre côté du Golfe persique – soit une société sans vie sociale ni classe moyenne, pur mirage de gadgets sans nombre et de projets pharaoniques. L’analyse de Mike Davis pointe les rapports de force à l’œuvre derrière le phénomène Dubaï ; elle est complétée par une réflexion de François Cusset sur les défis posés aux » démocraties » occidentales par l’insolente réussite de Dubaï, Inc. «
« la concurrence étant bien sûr le corrélat fonctionnel de l’idéologie du mérite. » : c’est un point à discuter car je suis persuadé que c’est plutôt l’idéologie du mérite qui est la conséquence de cette concurrence qu’on n’a de cesse d’organiser dans tous les domaines.
Il faut dire aussi que cette idéologie avilit la valeur morale qui en est à l’origine. Le vrai mérite existe mais se trouve récompensé principalement par d’autres valeurs symboliques, (la reconnaissance sociale, des titres ou médailles honorifiques dépourvus de valeur marchande), ou par la nomination à un poste rémunéré, mais modérément.
REPRISE SANS EMPLOI !!!!
Chomeurs fin de droit en Europe en 2010 :
Espagne 80%
France 1 million
RFA ?
Italie ?
Grece ?
Portugal ?
Ex pays de l’Est ???
Aucune perspective ni des partis ni des syndicats ?
REVENU GARANTI INCONDITIONNEL POUR LES “GUEUX”….
Voila une colère raisonnée qui m’enchante comme un joli rayon de soleil.
Une proposition de lecture aux lecteurs du blog, de Mike Davis « Le stade Dubaï du capitalisme »
Pardon André, je n’avais pas lu votre commentaire.
Paul,
j’interviens ici sur votre remarque concernant la baisse de fréquentation pendant les congés; je prends votre remarque sur le lieu de travail comme un clin d’oeil;(même si ce n’est pas totalement faux);
n’oublions pays l’origine rurale des Français; bien souvent, les enfants, et leurs parents, passent des moments de repos auprès de leurs proches qui sont restés à la campagne; dans ces coins, parfois un peu à l’écart, c’est l’occasion de se purger les méninges, dont le blog fait partie; c’est aussi une façon de « recharger ses batteries » ; ces coins reculés sont parfois faiblement équipés en internet;
et n’oublions pas les » sports d’hiver »; quand on a fait 3 descentes de piste noire, est-ce une distraction que de se connecter pour voir ce que dit Paul ? à la limite, pour faire des jeux; par contre , après une dure journée de labeur, le blog est une vraie détente, un vrai plaisir;
je préfère mon explication à la vôtre;
Beaucoup de choses sont dites sur la classe sociale la plus efficace en france dans la lutte pour le maintient de ses prérogatives dans
« Les ghettos du gotha » de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot.
Où l’on apprend comment la haute bourgeoisie figurant au Bottin-Mondain sait tirer sur pas mal de ficelles publiques assez facilement
Comment l’héritage social, culturel et symbolique est aussi important sinon plus, que l’héritage du capital, dans la reproduction des élites. Même en taxant a 100% les droits de succession, les réseaux et l’entraide dans ces milieux la vous mèneraient a des fonctions élevées, talent exceptionel ou non.
Et cela sans avoir besoin de parler de complot
Que fait le Ministre de l’égalité des chances à part de la communication.
L’idéologie du mérite n’est en fait qu’une idéologie consistant continuellement à glorifier l’orgueil et la vanité de l’homme en société, par exemple si je suis devenu immensément riche et tout puissant c’est uniquement grâce à moi, incitant même peu à peu les dirigeants de la terre à se croire l’égal des Dieux de l’Égypte comme autrefois.
Toi mon Frère tu ne mérites vraiment plus que l’on t’adresse la parole autrement de nos jours, d’être mieux vu et considéré encore comme un homme dans notre société, comme dans un parti sais-tu pourquoi ? Et bien parce que tu n’en est plus digne à travers ta modeste condition de vie.
Pourquoi travaillez plus ? Si c’est pour gagner aussi de moins en moins comme l’autre ? Courez, courez, plus vous serez riches plus gagnerez le monde et plus St Pierre vous ouvrira systématiquement les portes du paradis, faite bien attention quand même à la dernière marche on ne sait jamais.
Il faudrait toujours rappeler que nos élus gens bien habillés, de très haute vertu ne fréquentent jamais aussi les gens les moins méritants, les plus éprouvés par les vaines mesures mises en place tradition politique oblige, quelle grande hypocrisie sociale tout de même …
l’analyse sur le mérite est très juste;
celui dont le mérite est réel recevra une reconnaissance sociale; il n’aura pas besoin de se cacher derrière une montagne de richesse;
et la réponse concernant les gueux est très pertinente;
Développement remarquable auquel j’adhère en tous points.
Ajoutons y une petit réflexion supplémentaire. Considérons dans un premier temps l’étymologie du mot travail: Tripalium, instrument de torture antique. La dimension douloureuse du travail est ainsi inscrite dans l’origine même du mot. Or, quelle idée évoque la notion de « souffrance méritoire » – puisqu’il est question d’accoler travail et mérite – , si ce n’est celle du sacrifice? Une notion intimement religieuse – étymologie: « sacer facere », « fait de rendre sacré ».
Ainsi, voici le mode d’organisation des activités humaines pourvu d’armes conceptuelles suffisamment lourdes – car profondément inscrites dans « l’inconscient culturel » de chacun, même du plus anti-clérical qui soit – pour que toute remise en question de son bien-fondé devienne d’emblée extrêmement ardue.
Mais par ailleurs, le travail s’inscrit dans une autre problématique, celle de la nécessité. Reprenant les éléments précédemment établis, le travail peut alors être évoqué comme la douloureuse nécessité conditionnant l’existence des êtres vivants. Sous ce nouvel aspect en revanche, la notion de mérite n’apparait pas. En effet, des activités telles que la médecine mettent également en scène – sous une autre forme – cette conception de « douloureuse nécessité », dans l’administration de certains soins par exemple. Or, on se garde bien d’évoquer le mérite du patient qui vient de se faire arracher une molaire gâtée, tout simplement parce qu’il n’y a pas lieu de le faire, la qualité morale du patient n’étant absolument mise en question ici.
C’est précisément cet aspect qu’introduit la notion de mérite dans les discussions sur le travail. On voudrait pouvoir déterminer la qualité morale de l’individu en fonction de ses actes, et le travail en est un parmi les plus récurrents. Cependant, celui-ci remplit fort mal son objectif: Le travail est fondamentalement amoral, revêtant tour à tour des aspects « à haute morale ajoutée » ou au contraire parfaitement immoraux – Citons deux exemples antagonistes pour illustrer le propos: Y-a-t-il un socle moral commun entre un marchand d’armes et une infirmière?
L’activité humaine sur laquelle repose essentiellement les sociétés modernes ainsi dépossédée de son caractère moral, la tentation de lui en attribuer une nouvelle est grande pour maintenir la stabilité de l’édifice. C’est alors qu’apparaît la notion de mérite, sensée parer à l’insuffisance précédemment décrite. En d’autres termes, le mérite est la caution morale du travail.
He bien Mr Jorion vous ne mâchez pas vos mots !
Et encore je me doute que vous vous restreignez : vous avez quand même une image de marque à défendre…
Personnellement il me faut encore apprendre à dire sans aller trop loin.
Hier j’ai envoyé deux commentaires assez longs (j’y prends goût) que le modérateur a laissé passer (merci, il est gentil) mais finalement ça m’a tracassé car je frise toujours le hors-sujet : because j’ignore ce qu’est l’économie (surtout ce qu’elle est devenue).
Mais aujourd’hui le billet est plus anthropologique qu’économique il me semble : n’y démonte-t-on pas les rouages d’un certain comportement humain ?
C’est drôle à force de lire les billets de notre hôte je finis par me faire à l’idée que je le connais bien.
Et mon intuition de ces jours derniers était qu’il faudrait bien amener le sujet sur ces différences que l’on fait entre les hommes.
Et paf ! Voilà que ça sort aujourd’hui.
Ma façon d’envisager ce dilemme :
La solution se trouve au fond du coeur de chacun d’entre nous.
Là où il y a un coeur généreux il n’y a plus de problèmes ( càd les problèmes seront complètement différents ).
Mais le coeur depuis bien longtemps est un sujet tabou.
On va vous parler de raisons, de connaissances, de capacités (talents), de sciences
mais pas de coeur : ça fait cucu la praline.
Et pourtant ça on devrait l’apprendre aux enfants dans les écoles !
On vous note au mérite ?
Mais lequel de mérite ?
En fonction de quoi les grandes écoles accordent-elles leurs diplômes ?
Jamais, jamais on envisagera de noter quelqu’un en fonction de son coeur… toujours en fonction de sa cervelle !
Rabelais – « science sans conscience n’est que ruine de l’âme »
Vous voyez bien que le problème n’est pas nouveau.
Et quel progrès a-t-on fait depuis ?
Je vous écoute : je suis « toutouïe ».
A plus
Quels que soient les antécédents de la séparation (du gouffre?) séparant riches et pauvres, ce qu’il y a de nouveau dans la conception anglo-saxonne servant à la justifier, c’est le darwinisme social, qui découle de ce que Darwin a dénommé « sélection naturelle », et qu’il circonscrivait au règne non humain. L’inégalité régissant les rapports entre prédateurs et proies serait un donné incontestable: l’un élimine nécessairement l’autre (tant que « l’autre » n’en arrive pas au stade de l’extinction, ce qui priverait le prédateur de ses moyens de subsistance). Au sein d’une même espèce, la compétition s’exprime également par une mise à l’écart du concurrent. Cette exclusion serait ainsi une conséquence de l’état naturel des choses. Depuis que le darwinisme s’est imposé dans les consciences de l’intelligentsia anglo-saxonne, on fait des pieds et des mains pour en étendre le champ d’application à l’ordonnancement des sociétés humaines. On va jusqu’à dire aujourd’hui que c’est une question de génétique: le riche possède des gènes de la survie qui le distinguent du pauvre. La « science » validerait ainsi ce qui, depuis la nuit des temps, régit les rapports sociaux: une meilleure faculté d’adaptation, de transmission du patrimoine (de génétique chez les animaux, on est passé au social chez l’homme). Le pauvre se retrouve donc relégué au statut d’inadapté, de rebut de la société, dont il faut contenir le nombre afin qu’il se contente d’alimenter le rang du prolétariat ou du sous-prolétariat. L’exploitant a besoin de l’exploité, mais ce dernier doit continuer à exister par définition, car, en son absence, il y a extinction de son espèce, et par là-même, de l’espèce « exploitant ».
Regardez la plupart des documentaires télévisés (le plus souvent d’origine américaine) traitant de la reproduction des bêtes sauvages. Par une savante analyse récursive, on présente le lion ou le cerf dominant comme ayant la conscience diffuse que ce sont des gènes qu’il transmet, non pas un désir d’augmenter simplement la « part » de sa progéniture dans le concert de l’espèce lion ou cerf. C’est ainsi que se justifie « scientifiquement » l’exclusion du concurrent.
Dans le cas de la structure de l’Etat britannique, ce glissement vers le « scientifiquement (= génétiquement) démontré » s’est substitué à la transmission historique des titres nobiliaires, ou, à l’ère moderne, de la propriété. Aux Etats-Unis, on n’en est pas loin. En Europe continentale, la démocratie formelle dissimule de plus en plus mal un glissement du même ordre.
Votre commentaire me rappelle quelque chose…
C’est par ici: http://www.pauljorion.com/blog/?p=2625
Hélas, Dissonance, les darwinistes sociaux en sont restés à l’ADN du noyau! La « symbiose », ils n’en ont que faire… Il est évident que chez eux, ce n’est pas l’argumentation (ou les données) scientifiques qui priment, mais bien l’opportunisme politique, avec la morgue par dessus le marché.
Ce que vous relevez est très juste.
A l’état nature l’Humain est un animal, et il agit/réagi comme tel. Ce patrimoine génétique, cet instinct est depuis très longtemps bridé par les religions et les dispositions des états visant à harmoniser la vie en socicété.
Il n’est sans doute pas tout à fait anodin que votre observation se fasse en Occident en Europe en particulier, là où d’aucun annoncent que Dieu est mort et les Etats faibles, attaqués tout à la fois par le haut (Europe) et le bas (communautarismes).
Affirmer en revanche que les documentaires animaliers (américains e.a) sont produits avec en arrière plan l’illustration de cette idéologie me semble pousser un peu loin le bouchon.
Il ne faut pas exagerer, l’eugenisme, les anglo-saxons (et les pays nordiques!) en sont quand meme revenus, et le darwinisme social ca n’a rien de nouveau ca fait presque 150 ans que ca existe.
Je n’ai jamais remarque une quelconque invocation de la genetique par les conservateurs americains pour justifier les inégalités sociales. Au contraire, ils évitent cela car cela reviendrai a dire que le comportement est en partie prédestiné, et que l’individu est irresponsable. Cela va a l’encontre de tout le discours conservateur (vous imaginez, en plus, si on incluait la sexualite a tout ca… brrr). Tous les individus ont leur chance, seuls les paresseux non-meritant (et les esclaves philippins, n’est ce pas Mr. Fatigue?) ne savent pas la saisir.
A part ca tres bon texte. Boosant dans la recherche en genetique, le merite, on en entend parler depuis quelques annees et quand on voit le resultat il y a de quoi pleurer… cela genere des comportements exactement semblables a ceux decrits. Et c’est completement contre-productif.
@Jaycib
Je ne suis pas loin de penser comme vous sur l’autisme dont peuvent faire preuve certains interlocuteurs. Mais alors quelle solution? Si le discours raisonnable n’a pas de prise, que reste-t-il?
Sur le « mérite », les « talents » et la « justice » d’une société
L’auteur du billet, E. Quilgars, nous rappelle avec un grand talent, et en partant de l’exemple de Dubai, tout ce qu’une société – ici un microcosme – fondamentalement inégalitaire peut avoir de scandaleux, voire de répugnant.
Il pose par ailleurs une question sur laquelle philosophes, économistes, sociologues et, plus généralement, tout « honnête homme » (donc, a priori, nous tous) se sont penchés au cours des âges, m^me s’il est vrai, hélas, que ce type de questions n’est plus aussi souvent posé qu’avant.
Cette question, c’est celle de la « juste » rémunération, liée à un objectif que, là encore, tout « honnête hommes » ne peut que se poser: comment faire évoluer notre société vers une société plus « juste », plus « fraternelle », plus « solidaire ».
Partant de là, il peut paraître évident, et il est évident, que de nombreuses fortunes, de nombreux « revenus non gagnés » sont scandaleux. Faut-il pour autant, comme semble le suggérer notre auteur, condamner toute « rémunération au mérite ». Chacun sacahnt que tout ce qui est excessif est dérisoire, une telle position excessive est sans doute contre-productive.
Bien entendu, le « mérite » est très souvent subjectif, et ceux qui défendent la « rémunération au mérite » sont à peu près toujours du côté des privilégiés. Laisser faire le sacro-saint marché pour en juger est évidemment aussi fallacieux, car le marché « parfait », non monopolistique, sans rente de situation, sans barrières à l’entrée, n’existe pas.
Que faire alors?
Plusieurs pistes peuvent être, et ont été évoquées, ici et là.
Je vais pour ma part en évoquer trois:
a) Limiter les écarts de rémunération, d’un facteur à décider démocratiquement au niveau d’une communauté donnée (celle de Dubai, celle de la France ou celle de la Catalogne, la question peut là aussi être débattue).
Un facteur de 1 à 10, ou de 1 à 20 peut être envisagé. Je le dis d’autant plus facilement que ce n’état pas une de mes idées, mais, à la réflexion, pourquoi pas?
Je ne sais pas si nos auteurs à succès, comme Attali ou d’Ormesson, ou l’auteur du Da Vinci Code, accepteraient volontiers de ne gagner que 10 ou 20 fois ce que gagne Paul, mais bien entendu cela devrait s’appliquer à tous les métiers, industriels comme artisanaux. Quant aux revenus d’un Loeb, d’un Tiger Woods ou d’un Ribery, …
b) Accorder à tout individu d’une communauté donné un Revenu Minimum de Dignité (ou Revenu d’Existence). Je défends pour ma part depuis une douzaine d’années ce concept, (cf en particulier http://www.blemaire.com/PDF), en fixant son niveau pour la France au 1/4 du PIB moyen, à savoir 625 à 630 euros mensuels. J’avoue que j’aime bien cette solution – pas uniquement parce que c’est la mienne (d’autres y ont pensé depuis 40 ans, bien sûr) – mais parce que, en dehors de cette sphère fraternelle, une certaine concurrence pourrrait continuer à exister (c’est mon coôté libéral-social)
c) Limiter le taux d’intérêt, comme je l’ai déjà écrit plusieurs fois, au taux d’intérêt de l’âge d’or, à savoir le taux de croissance + le taux d’inflation.
Je pense en effet que l’on peut discuter à perte de vue sur le mérite ou le talent de tel ou tel. Et je crois vraiment qu’il est plus efficace, plus sain, plus rapide et plus opérationnel, de mettre une économie qui se veut libérale, sous contraintes précises et simples, plutôt que d’envisager qu’une société plus juste puisse survenir grâce à la seule action de philosophes humanistes, m^me si leur indignation est tout à fait justifiée. Il est en effet scandaleux de voir des gens mourir de faim à notre époque, il est scandaleux, voire obscène, de voir parfois de tels étalages de richesses.
Cordialement,
Bruno Lemaire.
@Paul et à tous,
rebonjour.
Je viens de parcourir un passage du dernier livre de Paul:
« Il existe, selon moi, une place juste pour l’argent, qui est d’en revenir à ceux qui créent la richesse dont il est le reflet. Est-ce là une vue idéologique ? Si l’on prend « idéologique » non pas au sens propre que je viens de rappeler, mais selon la définition du mot dans la langue de tous les jours où il signifie « qui remet les choses radicalement en question », alors oui : la réponse est bien idéologique, parce que l’on s’est habitué, au fil des siècles, à l’idée que l’argent aille par priorité à ceux qui en possèdent déjà, les investisseurs ou « capitalistes », qui prêtent l’argent qu’ils ont en trop en échange d’intérêts ou de dividendes (qui sont l’équivalent des intérêts) … »
En espérant ne pas trop le sortir de son contexte – en un tel cas, que Paul veuille bien me pardonner – il me semble qu’il va un peu dans le sens de mon commentaire précédent (ou, comme il l’a écrit avant moi, que je vais un peu dan,s le m^me sens).
Faisons en sorte (mais c’est presque impossible) que l’argent aille à ceux qui créent de la richesse (là aussi, il peut, et il doit, y avoir débat), pas à ceux qui dorment ou s’ébrouent, sur leur tapis d’or.
Rajoutons des contraintes « simples et compréhensibles de tous » pour diminuer le nombre d’abus, réduire les scandales, empêcher les fraudes massives (un Madoff ou un « initié » devraient être beaucoup plus pénalisés qu’un petit « voleur à la tire » – du moins quand ce vol s’est effectué sans violence: désolé pour le commentateur qui souhaite voir couler le sang dans le caniveau, ce n’est pas ma façon de voir).
Encadrons « objectivement » la subjectivité du « mérite », de l’inventeur du téléphone mobile. Mais il me semble à la fois impossible, voire peu souhaitable, de réduire totalement la « rémunération au mérite », m^me s’il est impossible de définir « objectivement » le mérite. Encadrons le marché, luttons contre toute rente. Ce sera déjà pas mal.
Cordialement,
Bruno Lemaire
PS. Que je sois un privilégié, je le sais déjà. Que j’ai un mérite particulier: je ne le pense pas. Que j’ai eu de la chance, je le crois aisément. Mais cela ne change pas (trop) la validité de mon argumentation.
Bruno Lemaire,
vous êtes vraiment un gars très gentil et très sympathique; j’ai lu vos textes sur votre blog;
je ne suis pas un « gardien de la révolution »; jouer les mauvais camarades ne me dérange pas, du fait que je ne suis pas terriblement dérangé par ce que l’on peut penser de moi; de ce fait, je ne m’exprime pas pour « plaire »à tout le monde;
mais il faut tout de même je dise que vous avez une grande facilité pour commenter des textes que vous n’avez pas lu, mais dont vous avez juste entendu parler; et que vous avez une certaine tendance à voir, dans les textes que vous lisez, des choses qui n’y sont plutôt pas;
ce texte qui me révèle que le mérite est la nouvelle stratégie pour justifier les inégalités sociales, ne contient pas la négation de toute gratification;
c’est ma lecture; je me trompe peut-être;
Aïe, Aïe, je me suis trompé !
Pardon Mr Jorion, c’était un billet de Mr Quilgars !
Mais quand même si on l’a choisi ce n’est pas pour rien.
De là a conclure que l’on fait dire par d’autres ce que l’on pense !…
Est-ce que je suis méchant ?
Carré blanc
Je ne pense pas que Mr. Jorion ait besoin de faire dire par d’autres ce qu’il a envie de dire. Si ces choses là sont dites par quelqu’un d’autre que lui, c’est peut-être simplement le signe qu’il ne soit pas le seul à penser de cette manière (sous réserve encore qu’il adhère à ce propos de manière inconditionnelle, ce qui n’est pas prouvé).
C’est sans doute le plus effrayant pour les tenants de la pensée dominante d’ailleurs, car chaque pensée qui diverge du dogme établi lui fait perdre un peu de son caractère dominant, par définition.
Je place, ici, hors sujet, un billet d’humeur au sujet d’une série d’articles parus dans le Figaro, concernant les pays d’Europe Centrale, rédigés par un migraineux ;
La bouteille est souvent remplie à moitié, et bien sûr, on n’en a vu que ce qui en manquait , pour cause de migraine, probablement ;
Les pays sont classés en bons, moyens et mauvais, en fonction de leur capacité à ressembler à la France, base de mesure absolue ;
Combien de temps a-t-il fallu à la France pour se stabiliser après la révolution de 1789 ; 1 siècle ?
Ces pays ont connu, il y a 20 ans, une révolution semblable, à l’envers : réintroduction de la propriété privée des moyens de production ; réintroduction de la concurrence généralisée et du profit ; dislocation du lien social ; réapparition de la misère individuelle et presque de groupe ; après de tels chamboulements qui impactent les individus, que demandent-on 20 ans après ? qu’exige-t-on d’eux 20 ans après ?
Les propos rapportés sont des faits, non pas constatés par le journaliste lui-même, mais indiqués par des personnes « dignes de confiance » ;
Moi je sais, que les retraités, en Hongrie, bénéficient de la gratuité dans tous les transports ; ils bénéficient , pour un prix dérisoire, de l’entrée dans tous les lieux de culture et de loisir ; je dis ça, alors qu’aucun retraité n’a jamais cotisé à aucune caisse de retraite ; c’est donc l’Etat qui verse les pensions ;
Les sommes reçues du FMI sont utilisées pour protéger la population des effets de la crise ; parmi les mesures, un bien immobilier saisi ne peut être revendu par la banque à moins de 70% du prix du marché ; ce qui a un sens en Hongrie, où les prix n’ont pas baissé (pour le moment) ; ce qui a un sens dans la mesure où le gouvernement se préoccupe, concrètement, des conséquences de la crise sur la population ;
Je ne m’en prends pas à ce pauvre journaliste, qui doit bien travailler pour gagner sa vie ; mais si ce journal présente une telle vision de cette partie de l’Europe, peuplée de gens qui , à l’évidence, ne sont pas vraiment des Européens, ou seulement marginalement, c’est qu’on nous met en condition pour accepter quelque chose qui se prépare ;
Quoi ?
Grande absente de ce débat : la religion …
Et particulierement pour la vision anglo -saxonne de la richesse : le Protestantisme , qui a jeté aux oubliettes la vieille malediction catholique sur l’argent et le riche ..
Pour résumer, pour le catholique tout le monde est appelé au salut , meme et surtout le pauvre …qui en a « bavé » sur terre ( comme le Philippin à Dubai …qui est souvent catholique d’ailleurs ,mais avec l’interdiction de pratiquer sa religion)
Pour le protestant ,la prédestination suppose que certains sont sauvés et les autres non …(par la simple grace divine)
Comment s’aperçoit on que l’on fait partie des élus ? : par la réussite materielle , parce qu’ ici bas le barometre de la félicité c’est la richesse !
Donc etre riche n’est plus une honte mais un signe de la predestination divine , on peut donc consacrer sa vie à s’enrichir , sans complexe vis à vis des « gueux » ou des pauvres puisque, quelque part ils sont un peu responsables de leur état ….puisqu’ils sont pauvres !
Alain Peyrefite en avait d’ailleurs tiré la conclusion (au moment de Reagan et Thatcher triomphants) que les pays catholiques ( France, Espagne ,Italie) étaient des catastrophes économiques …. alors que les pays protestants ( Angleterre, USA, Allemagne ,) tiraient le monde vers le haut !
Dans ce systeme d’inegalité assumée les systemes d’ »Apartheid » plus ou moins voyants apparaissent vite et gagnent meme le domaine racial (on peut remarquer incidemment que c’est le systeme mis en place dans les colonies anglaises en Afrique du sud, en Amerique du nord jusqu’à Mandela et Luther King ) . Par comparaison dans les colonies des pays catholiques (Amerique du sud , Antilles,) le melange des races a mieux fonctionné .
Comme l’avait remarqué Robert Beauvais dans son livre humoristique « Nous serons tous des Protestants » cette idéologie de l’argent triomphant a gagné maintenant tous les pays (meme les catholiques )…avec comme seul justificatif « tout pour moi ,rien pour les autres « !
Vous avez du manquer celui ci: http://www.pauljorion.com/blog/?p=6388#comment-47535
Monsieur Jorion, votre réponse à ce Monsieur fatigué est…un peu courte.
Il n’a pas tort lorsqu’il affirme que « Jamais » dans l’histoire de l’humanité il y a eu égalité. (Sauf peu être quelques structures humaines très primitives, en effet jamais une civilisation (au sens de Flaubert) n’a été égalitaire).
Paul Jorion dit :
3 janvier 2010 à 12:17
« Jamais dans l’histoire on n’avait inventé le téléphone portable ». Cette phrase a-t-elle un sens ?
Reponse Eomenos: Il y a beaucoup de sens à votre réponse.
Ce sens, c’est le gouffre qui existe en la recherche fondamentale et la recherche appliquée.
S’il suffisait de conceptualiser l’égalité pour qu’elle soit mise en oeuvre cela se saurait.
L’égalité n’est pas une prophétie auto réalisable.
Vue d’une autre sphère
les Sans ou Avec talent :
Degas s’adressant à un peintre qui se plaignait de ne pas « arriver » lui disait simplement : »de mon temps on arrivait pas…. » A un de ses « collectionneurs » qui l’informait du prix important que commençait à faire ses toiles a Drouot, il rétorquait : »je suis un pur-sang, ma ration d’avoine me suffit ».
Georges Rouault disait « la récompense c’est le tableau »…..etc
Pour quelques jours encore exposition au Musée du Petit Palais (Paris)de Fernand Pelez « le peintre de la pitié et de la parade des humbles « qui illustre pile-poil un des aspect du débat .Le fait qu’une exposition de cette ampleur sur cet artiste existe dans le timing actuel est révélateur ,et préterait à un débat complèmentaire.