Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Capitalisme, économie de marché et libéralisme, voici trois termes qui sont devenus quasi synonymes aux yeux du public. Or il n’y a pas de rapport immédiat entre les trois. Le capitalisme est un système de répartition du surplus économique (la « croissance ») entre les trois grands groupes que constituent les salariés, les industriels et les investisseurs ou « capitalistes » parce qu’ils procurent le capital dont les deux autres groupes ont besoin pour assurer la production de leur industrie ou la consommation de leur ménage. L’économie de marché est elle le système qui assure la distribution des marchandises du producteur au consommateur, assurant au passage un profit au marchand. Le libéralisme est quant à lui une politique visant à optimiser le rapport entre les libertés individuelles et l’intervention de l’État dans les affaires humaines en vue de protéger ces libertés ; dans la pratique, partant d’une intervention de l’État a priori postulée comme excessive, l’atteinte de cet optimum consiste à réduire cette intervention autant que faire se peut.
Qu’est-ce qui explique alors que ces trois termes se soient trouvés rassemblés dans l’esprit du public comme trois manières équivalentes, chacune aussi bonne que les deux autres, pour décrire notre régime économique ? Ce qui l’explique, c’est le fait que ces trois ingrédients se sont trouvés combinés pour engendrer, dans une certaine configuration, la crise profonde qui débuta en 2007.
Premièrement, le capitalisme est un système de partage du surplus a priori déséquilibré : livré à lui-même, il débouche inéluctablement à terme sur la surproduction parce qu’il fait que, de manière tendancielle, des sommes de plus en plus grandes se libèrent qui peuvent servir d’avances dans le processus de production tandis que se restreignent en parallèle les sommes qui peuvent être consacrées elles à la consommation. En temps ordinaire, l’État est à même d’intervenir par une politique fiscale pour contenir cette tendance ; en temps de crise, quand la surproduction devient trop massive, l’État intervient d’une autre manière en combattant par des mesures de relance la récession qui en a découlé.
Deuxièmement, l’économie de marché est elle aussi a priori déséquilibrée : quand elle est livrée à elle-même, les marchands les plus talentueux – certains diront : « les plus chanceux » – éliminent les autres et ceux qui surnagent augmentent leur marge de profit jusqu’à ce que le prix des marchandises dépasse la capacité des consommateurs à les acheter. En réponse à ceci, l’État se voit forcé d’imposer un degré de concurrence entre marchands tel que le profit se stabilise à un niveau où le prix des marchandises n’est pas hors d’atteinte pour les consommateurs.
Troisièmement, le libéralisme visant à réduire l’intervention de l’État au niveau qui produira un optimum entre exercice des libertés et protection collective de celles-ci, il vient toujours un moment où la dérégulation – dont les effets liés n’apparaissent pas immédiatement en raison d’une certaine inertie dans le fonctionnement des institutions économiques – dépasse son objectif, permettant aux tendances au déséquilibre du capitalisme d’une part et de l’économie de marché d’autre part, de se manifester pleinement.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
53 réponses à “Capitalisme, économie de marché et libéralisme”
Merci à Paul de distinguer aussi simplement et explicitement trois termes bien trop souvent confondus.
Je mettrai simplement un bémol non sur ce que Paul dit à propos du système capitaliste (que l’on peut aussi appeler le système qui récompense les « revenus non gagnés ») – même si les crises de surproduction que Marx dénonçait en son temps ne lui sont pas nécessairement spécifiques – mais sur l’économie de marché en tant que telle.
En fait, d’après moi, l’économie de marché ne peut exister que « tendanciellement », tout chef d’entreprise cherchant, ou tendant, à obtenir un certain monopole, soit de positionnement, soit d’innovation, soit de technologie, soit d’image.
Un rôle possible de l’état serait donc, au moins pour les biens et services non régaliens, de tenter d’obtenir un marché plus fluide, plus concurrentiel, plus informatif: ce qu’il fait rarement pour des tas de raisons – impuissance, manque de volonté politique, méconnaissance des problèmes, lobbying …
Pour le libéralisme, puis-je ajouter, ou pdu moins préciser, que le rôle de l’individu vis à vis de la collectivité est nécessairement questionnable et à remettre en cause en fonction de l’évolution de la dite société. Il ne peut y avoir de libertés dans contraintes, encore faut-il que ces contraintes soient connues, acceptables socialement, et qu’on puisse les faire respecter. Vaste programme… De plus, le curseur entre individu et collectivité est toujours bien difficile à positionner
Cordialement,
Bruno Lemaire.
@ Paul :
Bravo Maestro !
J’aime votre billet parce que vous citez deux fois le mot « optimum » à propos de ce qu’est devenu l’Etat au début du XXIème siècle comme une autopsie.
La seule chose que j’ajouterais est que la recherche de cet « optimum » conduit les électeurs à voter par accoutumance pour une démocratie d’opérette quand les élites savent pertinemment que « l’Etat-Gestionnaire garant du capitalisme » ne pourra plus rien pour eux …
Je vous suis sur les 3 points d’appui, celui que vous appelez maintenant »industriel » le nom me semble bien choisi, est le moins bien »défini », »justifié », »motivé » , pour tout un chacun ; ou alors j’ai loupé quelquechose.
Bonne année Paul
Encore une fois, une analyse limpide.
Comment faire avec ce constat que ces trois termes, s’ils n’ont pas de rapport immédiat, se conjuguent pourtant admirablement pour nous conduire depuis plusieurs décennies vers cette crise totale que l’on en fini plus de décrire içi, et, spécialement sous la plume de François Leclerc, que je salue au passage, si bien mise en relief dans son « actualité de la crise »?
Est ce purement hors de nos moyens d’y apporter autre chose qu’un simple constat, si juste soit il, au vu de la puissance (nuisance) des forces en jeu?
Comment vaincre le libéralo-capitalisme de marché, quand on voit comment il s’y prend pour nous mener à la ruine générale tout en continuant, pour certains, d’en tirer profit, tant l’exploitation de l’homme (et de la nature) par l’homme parait indestructible sur cette terre.
Bon , j’arrive à suivre sur cette schématisation de l’ensemble ( quel nom donne-t-on à l’ensemble d’ailleurs? ) .
N’aurait-il pas été prudent de rappeler dès ces fondations que le système de répartition capitaliste peut aussi être dévoyé par le fait que les investisseurs et les industriels d’un certain niveau ont des enfants et des connivences communs ?
Va-t-on revenir sur la description ,voire les « causes » , de la « combinaison » de ces trois notions dans une « certaine configuration » ?
A votre toute première question, à savoir quel nom donner à l’ensemble « capitalisme – économie de marché – libéralisme », je proposerai :
ou bien
Je pense que Paul entend par « industriels » les cadres vraiment dirigeants (que Galbraith désignait par technostructure) auxquels il revient – de facto – de définir la politique de l’entreprise en matière d’arbitrage entre la masse salariale (notamment les hauts salaires …), la distribution des dividendes et le réinvestissement.
J’ai appelé aussi ces « industriels », « dirigeants d’entreprises » ou « entrepreneurs ». Entrepreneurs est un mot français bien entendu, mais il nous revient comme un anglicisme pour désigner ce qu’on appelait en général « industriels » en français.
@ Paul,
A l’origine, en France, un entrepreneur est un patron d’une entreprise du bâtiment.
Bien sûr, le terme est encore employé.
Ne pensez-vous pas que l’entrepreneur en France est un citoyen qui a démarré une activité marchande sinon systématiquement sur fonds propres, du moins en engageant fortement ses actifs.
Convaincu de la validité de ce qu’on appelle maontenant son « business plan », il se jette dans le métier.
Si une banque lui a accordé un crédit elle se garantit sur …le bien-être de sa famille.
Paul m’excusera de centrer mes commentaires sur ce qui me semble un peu discutable dans ses propos mais comme il dit dans on dernier « Le temps qui’il fait » qu’il ne peut avancer sans les critiques des intervenants, je m’exécute…
Quand il dit « le libéralisme visant à réduire l’intervention de l’État au niveau qui produira un optimum entre exercice des libertés et protection collective de celles-ci » je crois qu’il cite à tort le libéralisme. Ceux qui veulent réduire le rôle de l’Etat à son optimum (qui est trop souvent plutôt un minimum) sont ce que j’appellerais personnellement des néo-libéraux économicistes.
Le libéralisme n’est-il pas en vérité plutôt une doctrine politique ancienne et honorable (dont la gauche est héritière) et qui s’est opposée, notamment en France, à l’absolutisme monarchique dès le XVIIème siècle. Les priorités de ces vrais libéraux là étaient: 1) l’émancipation de tous les humains; 2) la libération du surplus des activités économiques (surtout agricoles en ce temps-là) de l’appropriation par une classe d’exploiteurs (aristocratie dans certains pays, détenteurs de charges publiques dans la France royale); 3) égalité des individus à l’accession des postes et emplois de l’Etat.
Le 3ème objectif fut atteint par la révolution française; le 2ème reste le seul objectif des néo-libéraux économicistes, pas pour le restituer aux producteurs (travailleurs et entrepreneurs) mais pour le diriger vers les détenteurs du capital); le troisième objectif est toujours à atteindre et les pistes explorées jusqu’ici se heurtent aux exigences des nouveaux dominants qui sont ceux qui réalisent, peu ou prou, le second objectif.
Je pense donc que c’est faire trop d’honneur aux néo-libéraux d’aujourd’hui que de leur laisser le monopole du qualificatif de libéraux. Comme on dit aux socialistes qu’ils n’ont pas le monopole du cœur (c’est-à-dire du sens social), il faut dénier aux néo-libéraux le droit de s’arroger le monopole du libéralisme. Tout humaniste de progrès est pour le libéralisme politique (versions plus ou moins réelles de la démocratie), pour le libéralisme en matière de mœurs ou d’éthique mais certainement pas pour le néo-libéralisme en matière économique et financière.
Ce sera pas facile de leur arracher ce qualificatif immérité mais il faut commencer le plus tôt possible. Le mieux serait de leur accoler un qualificatif un peu péjoratif qui s’accorde bien avec les objectifs réels de la droite économique. Qui a une idée ?
C’est la définition du libéral chez Foucault, je ne fais que la reprendre. Le discours libéral et le discours « néo-libéral » ou « anarcho-capitaliste » se recouvrent partiellement. La partie commune à mon sens, c’est ce que je définis comme « réduire l’intervention de l’État au niveau qui produira un optimum entre exercice des libertés et protection collective de celles-ci ».
Les ego-libéraux = La liberté pour moi seul de piquer dans la poche du voisin!
@ Paul,
Vous dites : » anarcho-capitalistes ». Ca n’existe pas. C’est antinomique. Les anarchistes s’opposent à l’autorité et à l’exploitation ce qui est loin d’être le cas des capitalistes. En fait il s’agit plutôt d’ultra-libéraux qui veulent un Etat minimal voire pas d’Etat du tout commes les libertariens américains. Les passerelles avec l’extrême droite ne sont pas loin.
C’est Murray Rothbard qui a introduit le terme anarcho-capitalisme. Je n’invente rien : je ne fais que le reprendre.
@Paul,
Vous n’inventez rien, mais ne répandez pas de fausses idées. « L’anarcho-capitalisme » c’est du capitalisme poussé à l’extrême. C’est de la manipulation sémantique. On essaie de récupérer des conceptes opposés. Rien ne le rapproche de l’anarchisme qui est pour l’émancipation de l’individu et contre tout ce qui peut l’asservir comme l’Etat, la religion, la domination, l’exploitation, etc.
@PJ
Vu la manière dont Foucault a traité les textes de la période, je ne pense pas qu’on puisse s’appuyer sur lui pour comprendre le libéralisme!
amicalement
« C’est Murray Rothbard qui a introduit le terme anarcho-capitalisme. Je n’invente rien : je ne fais que le reprendre. »
Le réformateur, l’homme moderne, l’homme économique, l’homme pressé pour mieux se différencier paraît-il de l’autre, de l’homme d’hier, a souvent voulu inventer plus de choses rasant même de plus en plus les arbres et les premières espèces, pour mieux mettre de nouvelles espèces animales à la place » plus productives d’argent, d’économie » les siennes par-dessus tout.
Il me semble que le problème réside dans le manque de compréhension du libéralisme, c’est mon opinion personnelle et c’est pourquoi je n’aime pas trop que au final, quand on regarde les déclarations politiques, on remette en cause le libéralisme et non le capitalisme ou l’économie de marché.
Vous dites que le libéralisme a pour objectif de protéger un certain nombre de libertés, que les moyens de son application ne sont pas discutés (« a priori », « postulée »… ça ne semble pas très scientifique), et qu’au final ces moyens aboutissent aux dérèglements des deux autres qui finissent par détruire les libertés en question… je me demande si je ne serais pas d’accord avec vous.
« Il me semble que le problème réside dans le manque de compréhension du libéralisme, c’est mon opinion personnelle et c’est pourquoi je n’aime pas trop que au final, quand on regarde les déclarations politiques, on remette en cause le libéralisme et non le capitalisme ou l’économie de marché. »
A vous lire, les gens qui comprennent beaucoup mieux que le libéralisme que d’autres seraient des gens à ne pas du tout blâmer, surtout au regard de certaines déclarations politiques venant de guignols de première je ne partage pas trop votre avis, je n’aime pas non plus suivre plus longtemps en société des gens qui se croient toujours plus malins que les autres en matière de liberté, de capitalisme ou alors d’économie de marché.
D’ailleurs ces gens là ne m’ont guère inviter souvent chez eux à déjeuner surtout en ce moment au regard de la crise
@Jérémie > Le manque de compréhension me semble général d’une part (je ne sais pas s’il y a des gens qui comprennent, je n’en suis pas en tous cas), et d’autre part si je parle de « mon opinion » c’est bien parce que ça reste du domaine de l’opinion, d’une sorte de pré-sentiment. J’ai du mal à considérer que la liberté est mauvaise parce qu’elle apporte le manque de liberté, parce que c’est illogique. La liberté est un processus dynamique qui peut s’effondrer et non un état statique qu’on pourrait atteindre. Le capitalisme et l’économie de marché aussi, mais par contre on en a clairement rien à faire (on ne dit pas au capitalisme que c’est mal parce qu’il aboutit à sa propre disparition par exemple).
Pourquoi cherchez-vous à être invité à manger chez les gens ?
Commentaire parfaitement clair sur ces trois « faux synonymes ».
Merci pour ces lumières, qui, si elles ne font pas du quidam que je suis un spécialiste es économie, m’aident à penser un peu « mieux » la réalité que nous subissons.
A part ça, vous connaissez sans doute le dénommé François Partant, économiste de son état (décédé en 1987), qui dès 1984 annonçait la crise que traverse le monde capitaliste. Et de manière très pertinente.
On trouve cette analyse ici:
http://www.lalignedhorizon.org/html/textes/partant/economie_monde.htm
En voici un extrait:
« Guerre nucléaire possible; krach financier international plus que probable; appauvrissement lent des pays industrialisés sans le moindre profit pour les autres; décomposition sociale avec progression inévitable du chômage et de la pauvreté dans tous les pays; renforcement inévitable des régimes politiques à mesure que les intérêts à préserver apparaissent plus minoritaires.., les perspectives d’avenir ne sont guère réjouissantes. Il est fort possible qu’on en arrive à un chaos social généralisé, sans qu’aucune réaction positive ne se dessine. Les victimes de « la crise » subiraient leur sort ou ne chercheraient qu’à améliorer leur condition individuelle, par exemple en optant pour la délinquance. Bien des raisons donnent à penser qu’il en ira ainsi. »
Tout à fait bien vu…
En ce qui concerne la prise de conscience (ou l’absence de prise de conscience) des victimes, rien n’est écrit d’avance. Nous en sommes aujourd’hui au niveau des jacqueries sporadiques (du moins en France, qui en est coutumière). Elles peuvent être réprimées une à une… jusqu’au moment où la plupart des gens se rendent compte que ce qui vaut pour l’un vaut pour l’autre. Il y aura lieu de se réjouir le jour où un programme concret d’inversion de la tendance sera mis en avant et compris par la population. La seule question est donc: quelle force politique s’emparera sérieusement d’un tel programme et sera prête à la défendre jusqu’au bout?
capitalisme et marché
La confusion règne quand, surtout les penseurs de « gauche », parlent de d’économie de marché et d’économie capitaliste! Ils disent que ces deux termes seraient identiques…
Or, j’insiste pour dire qu’il n’en est rien!
Je rappelle: le marché est le lieu ou biens et services sont vendus contre de la monnaie dans un jeu (plutôt de concurrence impure et imparfaite, évidemment) d’offre et de demande. Le résultat en est l’acheminement linéaire des biens et services du producteur vers le consommateur grâce à un mouvement circulaire de la monnaie qui reste indéfiniement sur le marché pour opérer un nombre idéfini et illimité de transactions. C’est la vie sociale comme telle essentiellement et principalement, en termes économiques, s’entend.
Le capitalisme, c’est autre chose: c’est une condition, une contrainte, et même un chantage qui s’exerce continuellement sur le dit marché, car l’échange est fait avec la monnaie telle qu’elle est actuellement, à savoir d’un objet hérité de l’or et fictivement non dégradé dans le temps.
Cette qualité de non-dégradation temporelle distingue la monnaie de tout ce qui s’échange avec elle. Cette qualité confère à la monnaie son attrait comme réserve de valeur et, ceci est parfaitement sensible en temps de crise systémique comme actuellement, mais cela agit tout le temps et lui confère son caractère de capital originel. Capital qui imprime ses qualités de capital à un certain nombre de biens durables comme les maisons, les terres, les usines par exemple. Mais tous ces biens bien plus matériels ne sont « capital » que par le fait que la monnaie lui confère cette qualité, et on voit à quel point leur « valeur » exprimée en monnaie fluctue violemment.
Or ce capital monnaie est précisément capital parce que son proprétaire (le « capitaliste » = l’homme qui a l’argent) peut avancer on non son dit capital, il peut le prêter ou non, le retenir ou non!
Pour qu’il le fasse, parce que c’est vital!, bien gentiment, les banques, chargées de collecter les fonds pour les remettre en circulation, proposent de ce fait un intérêt aux déposants -épargnants qui, sinon, ne verraient pas l’ »intérêt » de prêter leur bien.
Ainsi naît l’intérêt de la monnaie, fonction stricte du temps, la rente du temps! Le capitaliste fait ainsi payer aux autres le temps de vivre, le droit de vivre tout court!
Et quand les rendements des placements ne suivent pas, la monnaie fait grève, comme c’est le cas actuellement!
Ainsi, l’économie de marché, la philosophie libérale, se trouvent toujours, à un moment donné, subordonnées à l contrainte capitaliste.
je précise en core une chose: la surproduction, comme le signale Paul, est loin d’être le seul mécanisme imposé par le capitalisme.
De plus il n’y a de surproduction que parce que la concentration des revenus en peu de mains rend la consommation impossible pour les autres. De ce fait, il reste des biens, des services et des biens d’équipement sur le marché à prix cassés ou sans preneur.
Seule l’introduction de la monnaie fondante permettrait un bouclage satisfaisant du circuit monétaire. La monnaie ne serait plus jamais ce bien durable, capital éternel! Et le mrché serait toujours parfaitement « vidé », car le demande ne saurai faire défaut!
Et aucun autre bien (ni même l’or ni les diaments) ne pourra se substituer à cela, car ces objets ne se mangent pas et n’exercent guère de chantage sur le système économique dans son ensemble comme le fait la monnaie traditionnelle.
L’épargne et le souci de prévoyance des agents économiques (tout le monde, les « ex »-capitalistes riches comme les moins riches) devra viser la création d’objets et de biens le plus durables possibles (le développement durable!) pour se prémunir le mieux possible de l’incertitude de l’avenir, ce qui reste toujours limité du fait de notre mortalité.
En tout cas le système de la monnaie fondante est parfaitement compatible avec toute sorte d’épargne de précaution sauf une: la thésaurisation de la monnaie, en tant qu’institution publique d’organisation du marché, ne pourra plus jamais être soustrait à son usage pour exercer le chantage tel qu’il exerce actuellement!
De même, le régime de monnaie fondante est parfaitement et définivement libéral, mais nécessairement en équilibre, dès lors que la rente du capital aura disparu.
Si nous ne faisons pas cette réforme, je ne donne pas cher de la paix du monde!
Et il n’y aura aucune chance de sortir de la crise avant longtemps!
Merci Paul pour cet article.
Comme je l’ai écrit avant j’adhère au Libéralisme mais pas du tout au néolibéralisme (capitalisme sauvage).
Belle clarification qui montre que le « régime économique » que nous connaissons est par nature instable, génère du déséquilibre, car tous les ingrédients dont il est composé sont eux-mêmes instables, ce qui dans un type de configuration particulière constitue un cocktail véritablement explosif.
Vous y reviendrez sans doute dans vos prochains développements mais une question me vient tout de même : le capitalisme aurait-il pu connaître l’essor qu’il a connu s’il n’avait eu pour allié le libéralisme ? Et peut-on réellement dissocier une politique — le libéralisme — de ses fondements institutionnels ? De même le capitalisme n’a-t-il pas informé la nature de ces institutions, lesquelles si elles ont un degré d’autonomie n’en sont pas moins sous influence ?
La garantie des libertés individuelles a inclus notamment la liberté d’entreprendre et d’amasser argent et titres de propriété.
La politique libérale aussi rétive qu’elle soit à l’intervention étatique ne va jamais jusqu’à saper les fondements institutionnels au moyen desquels sont justifiés et garantis les titres de propriété, et si je dis fondements institutionnels c’est pour distinguer les titres — qui peuvent être temporairement nationalisés ou confisqués — et l’inculcation des principes « philosophiques », « juridiques », les systèmes éducatif, juridique, politique, indispensables au maintien de la logique d’expansion caractérisant le capitalisme.
D’un autre coté, je pressens une réponse possible de votre part qui consisterait à dire que tout comme les ingrédients sus mentionnés, les aspects institutionnels sont eux-mêmes bien distincts du libéralisme tout en jouant un rôle non négligeable au sein de « notre régime économique (dont le nom resterait à préciser ) ». C’est une approche très cartésienne qui consiste à résoudre un problème global — un monde en crise — en le décomposant en autant de sous- problèmes qu’il y a d’éléments, vous évertuant ensuite à recoller les morceaux dans une approche plus systémique, et, au fond d’abord philosophique.
Il découle finalement de cette approche une vision dé-naturalisante de l’économie dans le sens où chaque élément du puzzle résulte d’une construction sociale, laquelle n’apparaît plus alors comme un système unifié construit selon un modèle global s’apparentant à une mécanique ou même un processus biologique. D’où je comprends alors qu’il n’y a peut-être pas de nécessité de définir par un unique terme « notre régime économique » puisqu’il résulte d’un assemblage par nature composite, recomposable et donc évolutif. L’économie est bien entendu aussi faite de techniques, de mécanismes identifiables en termes purement physiques, quantitatifs, de processus s’apparentant aux rétroactions biologiques, mais elle est plus que cela car c’est l’humain qui conçoit et invente ses formes.
J’apprécie cette façon de procéder car elle ouvre le champ des possibles à l’action humaine. Bien entendu, honni soit qui mal y pense, cela ne signifie pas pour autant qu’il faille nier, sous-estimer les milieux biologiques, physiques, dans lesquels nous baignons, évoluons, tous sans exception, car sans eux nous n’aurions tout simplement ni existence ni avenir.
Il y a là quelque chose (un raccourci ?) que je ne comprends pas : comment lesdits marchands peuvent-ils survivre longtemps si le prix des marchandises est hors d’atteinte pour les consommateurs ? Ne sont-ils pas forcés de baisser eux-mêmes leurs prix (et ce d’autant plus en raison de la surproduction) jusqu’à ce qu’une quantité suffisante de consommateurs soit à nouveau en mesure d’acheter leurs produits ?
Vi
C’est la « main invisible » qui en principe autorégule les prix dans une fourchette efficace…
Cà marcherait peut-être si il n’y avait pas la loi du toujours plus…laquelle vient de la cupidité…qui telle le virus stupide tue le malade.
Une fois de plus on peut démontrer que le libéralisme n’est pas le fautif de la crise. Beaucoup de Gens confondent libéralisme avec néo-libéralisme et encore plus avec conservateurs et néoconservateurs. L’Homme économique qui découle de toutes ces dernières thèses c’est la confusion entre les avantages du libéralisme et la marchandisation de l’homme. Aux adeptes de l’économie dirigée et planifiée, j’affirme que je préfère l’économie de marché, celle qui fixe la valeur réelle des marchandises et qui régule d’elle même ce marché, qui oblige l’esprit de l’homme à faire face à la concurrence. Les règles sont en place et surtout elles sont faites pour être respectées. Comme le disait le maître à penser du libéralisme de l’école Autrichinne, Von Hayek » Trop d’Etat conduit automatiquement à la dictature ». C’est ce qui se passe actuellement en France.
« Comme le disait le maître à penser du libéralisme de l’école Autrichinne, Von Hayek » Trop d’Etat conduit automatiquement à la dictature ». »
Ce Maître à penser dit-il aussi dans ses livres que trop de liberté peut aussi paradoxalement amener la dictature, les excès n’entrainent d’ailleurs que les excès, pourquoi vouloir continuellement obliger l’esprit de l’homme à vivre davantage en concurrence ?
Les démons de la bourse adorent beaucoup la liberté, ça les permet ainsi de fonctionner plus longtemps sans meilleure discipline de vie … Trop de chaînes les priverait bien évidemment de se sentir bien, faire par exemple plus longtemps les malins en toute liberté quelle grande dictature quand même du seul monde de la finance au dessus de tous !
Évidemment lorsqu’on pousse continuellement les gens à se méfier des gens de l’état dans des livres, très bien écrits d’ailleurs on ne les pousse plus guère aussi à se méfier des gens bien dangereux du marché. Enfin le principal c’est de pouvoir encore s’identifier le plus longtemps à cette certaine meilleure doctrine de penser.
C’est ce qui passe également dans la plupart des esprits de nos jours.
« Une fois de plus on peut démontrer que le libéralisme n’est pas le fautif de la crise. »
Vous pourriez également faire croire à un autre que le libéralisme n’a jamais été aussi fautif de quoi que ce soit par le passé encore plus au regard du présent.
Seul l’autre je rends toujours responsable mais alors pas du tout moi le premier dans ma propre doctrine de penser.
C’est important de nos jours de s’identifier plus longtemps à une seule et même manière de voir les choses, celle par exemple si souvent mentionné et écrite dans des livres d’économie.
Où avez-vous pu constater jusqu’aujourd’hui la fixation de la valeur réelle des marchandisesdans une pure économie de marché? qui prenne spontanément en compte notamment:
– les risques et coûts environnementaux et de santé publique réels (la catastrophe de Bhopal est emblématique à cet égard)
– l’appauvrissement de la planète par épuisement progressif des ressources limitées (leur raréfaction n’entraîne qu’une correction tardive par augmentation des prix de ces matières mais ne peut engendrer un meilleur sens des responsabilités, surtout dans un contexte de compétition acharnée)
– le coût du recyclage (quand les produits sont réellement conçus en ce sens)
– les coûts réels de dépollution des sites (les marées noires, le démantellement des centrales nucléaires, le traitement des déchets dangereux)
– l’utilisation très large de coûteuses infrastructures mises à la disposition de ce marché par les gouvernements à l’aide des impôts que nous payons tous (routes, aéroports, ports)
– …
Dans quelle véritable économie de marché produit-on plus d’électricité solaire que de moteurs ou centrales à combustible fossile quand ou dans la mesure où c’est possible? Où le marché libre rencontre-t-il en priorité les besoins réels des populations ou les meilleurs choix pour une économie durable et un développement soutenable à long terme si le bénéfice maximal et la compétition sauvage sont les mains invisibles du marché libre?
Il faudrait pour cela que les gouvernements forcent la fixation des prix à leur réelle valeur en tenant compte de tous ces éléments: pratiquement avec une législation qui imposerait le mode de calcul du coût de production intégrant tous les aspects mentionnés ci-dessus et éviterait ainsi le mécanisme de formation des prix décrit par Paul Jorion, et une dose d’économie planifiée pour forcer les meilleurs choix en matière d’environnement et des besoins locaux.
La compétition sauvage engendrant aussi le dumping social et donc une spirale d’appauvrissement des plus pauvres avec une concentration inefficace de la richesse chez les plus riches, il conviendrait aussi d’inverser ce mouvement. Par exemple en taxant à l’importation les produits en provenance de pays n’appliquant pas ces règles de calcul du prix et pratiquant le dumping social, taxes qui pourraient être utilisées pour subventionner nos exportations. Je ne vois pas pour l’instant de meilleur moyen de sauver ce qui reste de nos systèmes de protection sociale et de favoriser ainsi leur émergence dans les pays qui en sont dépourvus.
Meilleurs voeux à toutes et tous.
Il y a une contradiction entre capitalisme et consommation. La progression des revenus du capital n’est pas toujours compatible avec celle des revenus du travail. C’est le serpent qui se mord par la queue : sans une progression de la consommation (liée aux revenus du travail), le capital plonge (crise)
C’est le degré extrème de concurrence qui a conduit à des pratiques commerciales et industrielles nocives : délocalisations, explosion des transports, recherche des prix de revient les plus bas, qualité importée discutable voire douteuse, agriculture intensive et subventionnée, mauvaise alimentation,etc….
Bonne remise à l’heure pour nos pendules déboussolées.
Je vais d’ailleurs relier cet article au mien qui paraitra demain.
J’aime beaucoup la description très claire en 3 composantes, distinctes, qui composent le système dans lequel nous vivons. A propos comment le nommer ? Pourquoi pas « la convergence intentionnelle des profits » comme proposé dans la discussion ci dessus.
Ce qui me parait important c’est la dynamique des liens entre ces 3 composantes. Dans le « meilleur des mondes possibles » l’existence d’un réel surplus capitaliste suppose que toute la production est effectivement vendue. Cela est rendu possible par l’économie de marché qui va définir un prix équilibré entre vendeurs et acheteurs. Les vendeurs ont ainsi une marge et les acheteurs sont solvables puisque l’état intervient à propos avec ses mécanismes de redistribution.
Alors qu’est ce qui cloche ? En fonction de la conscience que chacun a du monde dans lequel il vit, on peut stigmatiser l’une ou l’autre des 3 composantes (l’état, les industriels, le marché) pour expliquer les dysfonctionnements. Et pourtant le système en tant que tel existe et si j’ai bien compris les analogies quantiques de Paul Jorion, à très long terme il finira même par fonctionner très bien !
Bonjour,
capitalisme, economie de marché et libéralisme, et ont parle de cadre necessaire à tout ça, y en a t’il un et d’où viendrait il ? qui décide ? comment ont décide à ce nouveau monde ? par exemple, la monnaie flottante afin de bien déstabiliser la tour du capital qui peux le faire ?
Il me semble que c’est uniquement la volonté du peuple avec la clairvoyance, la probité et le courage de sa représentation.
Dans les propositions pour un nouveau monde, il faudrait faire en sorte que les activités de lobbying (un euphémisme pour cacher bien souvent d’autres business) soient carrément interdites et que tout contact avec les élus soit totalement ouvert et publique, enregistré, archivé, et tout contact non référencés entre élus et le monde économico-financier soient donc interdit et bien sur punit.
Pour que ainsi notre démocratie cesse d’être dévoyée.
Cordialement
Voici donc une grande Loi.
Je suis le PREMIER à la proposer.
Plus fort que l’interdiction des paris ….
L’interdiction du mensonge.
Reste à définir un droit pénal en fonction de la gravité dudit mensonge.
@Paul
Ce billet me rappelle vaguement une discussion récente 🙂
Nos approches ne sont finalement pas très éloignées l’une de l’autre: Vous employez le terme de déséquilibre là où j’évoquais l’inégalité (il s’agit ici essentiellement de nuances linguistiques, mais qu’impliquent-elles?)
Toutefois je note une différence remarquable: Vous définissez l’économie de marché comme intrinsèquement déséquilibrée et le libéralisme comme catalyseur de ce phénomène. Pour ma part j’envisageais le libéralisme comme intrinsèquement inégalitaire et l’économie de marché comme catalyseur… A ce stade de l’analyse je ne suis pas en mesure de dire si les conclusions à en tirer divergent pour autant…
P.S. j’hésite à évoquer ici la conclusion que je vous avais mentionné de Margareth Thatcher comme icône punk… Certains commentateurs n’ont visiblement pas l’air encore tout à fait disposés à admettre un tel chamboulement dans leur schéma de pensée. 🙂
Dans la troisième case ( libéralisme) est évoqué l’Etat qu’il soit « libéral » ou pas .
Son rôle existentiel semble être réduit à celui de « régulateur » d’un système autonome qui a la charge de produire et échanger des richesses .
De la même façon que réduire l’individu citoyen à …l’état de consommateur -accumulateur de choses ( concrètes ou plus immatérielles ) , plutôt que constructeur de sens , n’est-ce pas se faire une bien piètre idée de l’Etat ( de la puissance publique de façon plus générale ) que de le rabougrir , cantoner , dénaturer à un rôle de régulateur ?
N’est-ce pas cet abandon de sens « populaire » ( i.e. expression du désir d’un peuple ) qui a été lâchement acté par les partis au pouvoir depuis 35 ans en France ( et sans doute ailleurs en occident ) ?
Pour le coup Ségolène -Bernadette-Soubirous avait au moins « désir d’avenir » comme juste . Dommage qu’elle n’ait pas su susciter autre chose que des désirs de choses . A contrario je m’explique le relatif succès de Bayrou au premier tour par le fait qu’il avait perçu une attente de rassemblement , mais qu’il n’a pas su ou pu éclairer ou dynamiser . Le sens et les bonnes questions étaient chez les petits , » Verts et « anticapitalistes » , avec un projet encore trop inabouti pour les premiers et trop empreint d’affirmations dogmatiques pour les seconds .
Les élections européennes ont confirmé que la question du rapport de la cité à la nature commençait à devenir une préoccupation citoyenne partagée . Reste à débattre et éclairer le débat sur le capital et l’économie de marché , pour que les débuts de remise en avant de la primauté du sens et de la démocratie se traduise dans les urnes de façon prépondérante . Il y faut des Blogs et des hommes ( ou femmes) comme celui -ci …et des media qui jouent leur rôle .
On peut nourrir des craintes si , somme il est possible , les média sont « régulés » par l’Etat et le capital .
Ce qui rend synonymes ces trois mots, ce n’est pas ce qu’ils représentent, mais le fait que quelqu’un les utilise pour arriver au même but précis, et c’est dans cet usage qu’ils se mimétisent et sont finalement confondus. C’est comme si des assassins arrivèrent chez vous pour vous tuer… et qu’ils utilisèrent ce qui se trouvait sur votre table pour le faire. À la fin, on confondrait la fourchette, le couteau, et même la cuillère, tant on les verrait utilisés pour vous les enfoncer dans le corps.
Capitalisme, économie de marché, libéralisme, et il y en à d’autres, sont des instruments qui servent à accumuler en enlevant des entraves à ce but.
Qui est-ce qui accumule, et pourquoi? Voilà à quoi il faut trouver la réponse… avant de concevoir des nouveaux instruments qui seront détournés de leur propos et recyclés tant que ceux qui accumulent auront besoin de continuer à le faire…
Le gros défaut de ce billet est qu’il emploie le mot « optimum » sans guillemets. C’est dommage parce qu’il figure en bonne place dans mon panthéon des mots louches, ceux que l’on devrait littéralement crucifiés en place publique pour la facilité avec laquelle ils vous font prendre des vessies pour des lanternes.
Dans ma bouche et sous ma plume, optimum est TOUJOURS entre guillemets 😉
@Crapaud rouge :
Effectivement, comment font les économistes pour calculer « l’optimum » avec une science n’est pas reproductible en laboratoire ?
En fait c’est très simple : L’optimum est scientifiquement avéré quand dans le calcul du PIB la ménagère rachète chaque année une nouvelle paire de ski.
Paul,
Juan Nessy pose une bonne question restée, pour l’instant, sans réponse de votre part : « quel nom donne-t-on à l’ensemble d’ailleurs? « . C’est important car, dans ce blog, on n’arrête pas de parler de crise du capitalisme, de fin du capitalisme… Sauf erreur de ma part, je n’ai pas encore lu des expressions comme « crise ou fin de l’économie de marché, du libéralisme ».
Je reprends votre schéma tripartite, en lui donnant une coloration « aristotélicienne »:
1) derrière « capitalisme », je vois les relations entre individus, en tant qu’être sociaux;
2) derrière « économie de marché », je vois les relations entre individus, en tant qu’être économiques;
3) derrière « libéralisme », je vois les relations entre individus, en tant qu’être politiques;
Le capitalisme (appelons cet ensemble comme ça) serait le régime qui « mettrait le curseur » plutôt vers:
+ les industriels et les investisseurs, au détriment des salariés;
+ les positions oligopolistiques (si pas monopolistiques) dans le marché, au détriment d’une véritable concurrence;
+ l’intérêt individuel, au détriment de l’intérêt général ; ou, encore, la liberté au détriment de l’égalité.
Le socialisme (nouveau, bien entendu) serait le régime qui « mettrait le curseur » plutôt vers l’inverse de ce que fait le capitalisme.
Cordialement.
« Le socialisme (nouveau, bien entendu) serait le régime qui « mettrait le curseur » plutôt vers l’inverse de ce que fait le capitalisme. »
Le socialisme a souvent prétendu apporter du nouveau pour le monde comme les gens du libéralisme, malheureusement quand on lit et relit ces mêmes livres de « penser » c’est toujours la même chose, le même vocabulaire de penser et d’expression en société, continuellement adressé et bien entretenu dans l’esprit des hommes de l’autre, c’est pas moi c’est bien sur toujours l’autre le premier, sans guère plus de différence de conduite, l’imagination sans fin et sans limite des hommes à vouloir s’illusionner plus longtemps encore ensemble, pourvu que ça dure indéfiniment sans guère à chaque fois de réelle remise en cause.
Et oui la crise du capitalisme ce n’est peut-être pas que cela aujourd’hui …
Cordialement,
Au risque de paraitre caricatural, ne pourrait-on par résumer ainsi les interactions délétères entre les composantes de ce trio infernal :
1. Capitalisme = développement de la rémunération contre travail et de la classe salariale associée favorisant l’appropriation des profits par le Capital.
2. Economie de marché = développement d’un marché du travail par la mise en concurrence des salariés favorisant l’apparition d’un chômage chronique et structurel lié au travail « invendu » (parce que sous-payé).
3. Libéralisme = développement de la dérégulation par l’Etat favorisant la mise en concurrence des moyens de production mais aussi des individus sur le marché du travail
Le tout aboutissant à ce qu’on observe : surproduction, déflation salariale, accroissement des inégalités de revenus…
Le ibéralisme se trouve devenir pas libéral du tout, car le capitalisme lui imprime sa contrainte implacable!
Si, dans une situation de faible développement des richesses accumulées par quelques uns, comme en 1950 par exemple où les richesses étaient quand même moins concentrées qu’aujourd’hui (tout est relatif…), on instaure un laisser-faire libéral, nous assistons à quelques bonnes années de croissance et de partage.
Toutefois, l’accumulation capitaliste se met en même temps aussitôt en route, du fait de notre ordre monétaire, et ce système porte, comme le ver dans le fruit, en lui-même tous les ingrédients pour évoluer vers le capitalisme rentier tel que nous le vivons de plus en plus.
La concentration capitalistique du cpital que Marx a signalé opère d’abord de concert avec le libéralisme pour finalement s’y opposer et confisquer tout ce qui était libéral et concurrentiel en instaurant des oligopoles et des monopoles très antilibéraux. On « joue à la marchande » jusqu’à ce que le capitalsite siffle la fin de la récré!
De ce point de vue, la « solution » communiste est une grossière impasse, car elle onfisque les mécanisme du marché d’emblé, moyennant quoi, les momonoples (d’état) agissent d’emblé et produisent, avant même toute survenue possible d’une quelconque prospérité, des blocages à tout progrès possible comme nous avons pu l’observer.
La « solution » capitaliste aboutira à la même impasse, car sa fin naturelle est le retour à un ordre féodal tel qu’il est en train de se dessiner à nouveau.
Tout progrès sociétal risque d’être confisqué par les hyperpuissants si nous n’arrivons pas à renouveler la pensée économique.
Pour un renouveau de la pensée économique?
@Johannes
Tout d’abord, permettez moi deux bémols.
Tout d’abors, je ne suis pas vraiment sûr qu’il y ait UNE pensée économique, de même que je ne suis pas sûr qu’il y ait UNE science économique.
Quand on voit par exemple comment P. Krugman, prix Nobel respectable (non parce qu’il est Prix Nobel, mais parce qu’il essaye de regarder les faits d’un peu plus près que la majorité de ses collègues plus orthodoxes) peut avoir une position très discutable sur la taxe carbone, position très « néoclassique » (quantités/quotas ou prix, même combat indique t-il) on peut se dire que LA pensée n’est pas vraiment indiscutable, qu’elle soit plutôt « de gauche » ou plutôt « de droite »
Deuxième bémol: je pense qu’au delà d’une réflexion purement économique, il faut avoir une position socio-économique, je m’explique.
On peut, peut-être, démontrer que SI les marchés étaient parfaits, SI l’information était parfaite, S’IL n’y avait pas de rentes de situation d’aucune sorte, SI, SI, SI, l… il SUFFIRAIT de LAISSER-FAIRE.
Dans un monde réel, dans un monde où il y a des exclus, des accès aux richesses fossiles, éducatives, agricoles totalement inégal, nous devons penser différemment, sans partir d’un modèle NORMATIF, les marchés PARFAITS à la Arrow-Debreu.
Une pensée socio-économique renouvelée consisterait donc à partir de deux constations:
a) la misère humaine et l’exclusion de centaines de millions, voire de milliards d’individus sont scandaleuses, intolérables.
b) le libéralisme – sous contraintes à définir – est « efficace » – faut-il encore convenir de ses objectifs et de ses indicateurs d’efficacité, faut-il encore faire intervenir toutes les externalités négatives rejetées jusqu’à maintenant dans les ténèbres extérieures à LA pensée économique.
Bien entendu, et les lecteurs de ce blog en sont convaincus, tout cela ne se fera pas sans une réforme monétaire, voire sans une révolution monétaire. Mais, là encore, ne nous trompons pas d’objectifs:
il s’agit bien de mettre l’argent-monnaie au service du plus grand nombre, tout en maintenant comme pivot de la production – jamais optimale bien sûr – un libéralisme « surveillé », qui laisserait part à la fois au « mérite », aux « besoins de base »,et à la satisfaction de certains « besoins collectifs » (dont la protection de la planète).
Munis de ce cahier des charges, les économistes pourront travailler, et bien travailler, au service cette fois de l’humanité, et pas de modèles plus ou moins sophistiqués, mais pour certains proches de la débilité.
Bien entendu, je crois que nous sommes aussi nombreux à être d’accord sur ce point dans ce blog, les « revenus non gagnés » doivent être bannis à tout jamais, et le plus tôt sera le mieux.
Cordialement, B.L.
Recommander ce court texte de John Berger: Dans l’entre-temps: Réflexions sur le fascisme économique / Editeur: Indigène
Présentation de l’éditeur
« La prison est à présent aussi vaste que la planète. Les zones qui lui sont allouées sont variables. Et peuvent être appelées chantiers, camps de réfugiés, galeries marchandes, périphéries urbaines, ghettos, immeubles de bureaux, bidonvilles, banlieues. Ce qui est essentiel, c’est que ceux qui sont incarcérés dans ces zones sont des camarades prisonniers. » John Berger nous propose un point de repère pour penser le monde : « A travers la planète, nous vivons dans une prison. » Cette démonstration où il démêle avec acuité les flux d’informations dont on nous abreuve, ou plutôt qui nous noient, est bien plus qu’un texte brillant. Elle nous mène à l’essentiel : des pistes de résistance pour recouvrer une liberté que les gouvernements, complices du capitalisme financier, tentent de nous subtiliser dans le dénuement de leur pensée sans horizon.
A ces trois mot vous pouvez ajouter un quatrième « démocratie »; car ils sont tous quatre à la foi l’instrument et la justification de l’impérialisme économique et du contrôle des richesses et du pouvoir.
C’est vrai que le terme capitalisme en particulier couvre un grand nombre de sens commun, mais je ne partage pas vos définitions.
En fait, autant la définition du libéralisme est claire et reconnue unanimement (en Europe en tout cas), autant le mot capitalisme recouvre des sens assez différents (entre libéraux et adversaires du libéralisme, mais aussi entre libéraux).
Certains auteurs libéraux américains (Ayn Rand, Friedman) ont en effet utilisé le terme capitalisme en reprenant la définition du libéralisme. Le mot libéral ayant été littéralement vidé de son sens outre-atlantique jusqu’à devenir un synonyme de social-démocratie, voire de socialisme, les « vrais » libéraux américains se sont rabattus sur le terme capitalisme…
Cette source inutile de confusion n’est pas le meilleur des idées politiques made in USA.
Une définition plus rigoureuse du capitalisme, c’est : cadre institutionnel permettant l’accumulation de capital.
Dans ces conditions on peut distinguer :
– le capitalisme libéral
Le capital est détenu par les personnes privées qui l’ont acquis grâce à des échanges libres dans le cadre de l’économie de marché.
– le capitalisme de connivence.
Le capital est toujours détenu par des personnes privées, mais son acquisition s’est faite par des privilèges étatiques (réglementations, subventions, corruption, détournements, réserve fractionnaire des banques). Le capital est donc détenu par une oligarchie ayant mis directement ou indirectement la force de l’Etat à son service.
– Le capitalisme d’Etat.
Le capital n’appartient plus désormais à des personnes privées, mais à l’Etat lui-même.
Dans ce cadre, les libéraux défendent le capitalisme libéral (incroyable), et s’opposent au capitalisme de connivence comme au capitalisme d’Etat, enfants honteux ou légitimes de l’étatisme.
[…] Voir aussi article : Capitalisme, économie de marché et libéralisme […]