Ce qu’il advient de l’argent qu’on gagne

Ce texte est un « article presslib’ » (*)

Celui qui dispose d’argent le dépense ou ne le dépense pas. S’il le dépense, il achète avec son aide des marchandises qui ont été produites, autrement dit il retire du marché des marchandises. S’il ne le dépense pas, il peut le garder sous son matelas, le thésauriser, et rien ne se passera. S’il le place, il le met à la disposition des marchés de capitaux. Là aussi, il ne se passera rien s’il n’y a pas de demande pour ces capitaux, et le résultat est le même que s’il l’avait placé sous son matelas. Ou bien il trouve emprunteur pour son argent et il y a ici deux cas de figure : il s’agit d’un prêt à la production ou d’un prêt à la consommation.

Premier cas : prêt à la production. Les sommes prêtées sont utilisées comme avances et permettent, combinées au travail, de créer des marchandises et un surplus financier – une « rente » (qui sera partagée comme intérêts revenant au prêteur, profit allant à l’industriel et salaire revenant au travailleur). Une fois consenties les dépenses associées à sa survie, chacun de ceux-ci aura alors – s’il lui en reste – le choix de dépenser cet argent en biens de luxe, le thésauriser ou le « placer ». Quoi qu’il en soit, des marchandises auront été produites. Le placement dans des prêts à la production génère donc des marchandises qui se retrouvent sur le marché.

Dans le second cas, celui d’un prêt à la consommation, la somme est prêtée et celui qui en dispose l’utilise pour acheter un objet de consommation, c’est-à-dire cette fois-ci pour retirer une marchandise du marché. Il remboursera la somme empruntée à partir de son salaire, et c’est donc comme si ce salaire avait été dépensé de manière anticipée. Une partie de son salaire sera consacrée à rembourser le prêt et une autre, supplémentaire, au paiement des intérêts. Ceux-ci reviennent au prêteur, qui pourra alors (une fois consenties les dépenses associées à sa survie) à nouveau placer ces sommes, soit comme un prêt à la production, soit comme un prêt à la consommation.

Il s’agit, on le voit, d’une mécanique subtile. Certains économistes considèrent que le système a tendance à s’équilibrer, d’autres soulignent que seules des simplifications excessives dans la modélisation conduisent à cette conclusion et qu’il s’agit en réalité d’une machine infernale où de multiples tendances en sens contraires déboucheront nécessairement à terme sur une catastrophe. On devine en particulier qu’une trop grande concentration du capital (qu’engendre nécessairement le versement d’intérêts) débouche automatiquement sur une production de marchandises en quantité trop grande, puisqu’elle génère des quantités énormes d’argent qui ne pourront pas être dépensées (ni en biens de première nécessité ni en biens de luxe). On devine aussi que le développement du crédit à la consommation débouche lui aussi sur une production de marchandises en quantités trop grandes, puisqu’une partie des salaires sera versée comme intérêts, augmentant chez celui qui les obtient, les capitaux susceptibles d’être prêtés, une fois de plus soit comme prêt à la production, soit comme prêt à la consommation.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.

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106 réponses à “Ce qu’il advient de l’argent qu’on gagne”

  1. Avatar de Hervey

    Il faudrait donc prendre aux riches pour donner aux pauvres, puis encadrer les prêts.
    Dans les sociétés démocratiques, c’est le Droit qui en décide. Il revient donc au Politique de proposer des solutions, et aux électeurs de choisir.
    Le résultat n’est pas évident.

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Non parce qu’on atteint le « mur de l’inflation », euthanasie du capital: On ne peut alléger les souffrances de la majorité sans euthanasier le capital par l’inflation, ce que refusent nos dirigeants. On ne peut pas non plus se décréter président du pouvoir d’achat par cette même occasion, car l’on met le doigt dans l’inflation. C’était donc un pur mensonge, non discuté, non analysé quand aux conditions de possibilités, du Pdt actuel de la république.

      Il ne pouvait pas promettre d’augmentation du pouvoir d’achat, parce que ceci allait lancer une inflation. Pour a-t-il promis ce qu’un enfant de 6 ans sait impossible, et pourquoi personne en france ne s’est interrogé sur cette promesse, avant l’élection ?

      Dans l’inflation se mirent toutes les contradictions, les conditions et les paradoxes du capitalisme.

  2. Avatar de André
    André

    «  » »On devine aussi que le développement du crédit à la consommation débouche lui aussi sur une production de marchandises en quantités trop grandes, puisqu’une partie des salaires sera versée comme intérêts, augmentant chez celui qui l’obtient, les capitaux susceptibles d’être prêtés, une fois de plus soit comme prêt à la production, soit comme prêt à la consommation. » » »

    N’y a-t-il pas un lapsus calami : « augmentant chez celui qui le consent (le prêt) » en lieu et place de « augmentant chez celui qui l’obtient (le prêt) » ?

    1. Avatar de Paul Jorion

      J’aurais dû mettre « qui les obtient… ». J’ai rectifié, merci !

    2. Avatar de Alexander
      Alexander

      Excusez-moi Paul mais André dit en d’autres mots:
      « Les intérêts (en déduction des salaires) perçus par celui qui consent (la banque) le prêt augmentent les capitaux susceptibles d’être prêtés (par la banque) », c’est justement ce que vous vouliez dire n’est ce pas aussi votre avis ?

  3. Avatar de bruno
    bruno

    c bien ce que je pense depuis longtemps,le probleme est le profit versus interet (comme le profit de la spéculaton)
    c’est cela qu’il faut changer
    les sa à but non lucatrif,les mutuelles,les cooperatives sont une voie de transformation douce
    Propositions majeurs
    instauration d’une éco-socio-taxe dans le monde par pays
    réstauration de la préférence communautaire à 80%
    salaire maximun égale à 25 fois le moins disant de l’allocation adulte handicapé(aah),du minimun vieillesse,du smic et des salaires de l’entreprise en integrant les sous-traitants jusqu’au dernier rang avec non cumul des mandats et des fonctions (jusqu’à atteindre le salaire maximun pour les fonctions)
    salaire minimun égale à 1500E : se loger(500E),se nourir(200E),se vetir(100E),s’assurer(100E),s’équiper(100E),se cultiver(100E),se socialiser(100E),se transporter(200E),économiser(100E)
    suppression de la spéculation
    suppression de l’intéret (banque public)
    suppression du profit (société anonyme à but non lucratif,mutuelle,coopérative,etc)
    suppression de la publicité par de l’informacité (faite par les associations de consommateurs)
    suppression du « marketing » (marché) par du « needing » (besoin)
    bon,j’arrete là
    j’ai écrit un programme avec plus de 350 mesures,si çà interresse quelqu’un pour l’amender ,le completer,je peux l’envoyer à mr jorion qui le passera à sa reflexion et peut lui servir comme échaffaudage à ses solutions et s’en servira comme bon lui semble ou m’envoyer un mail
    bonne année à tous
    bruno

    1. Avatar de Mianne
      Mianne

      Très rationnel, votre programme . Une idée à poursuivre . Bonne année, Bruno !

  4. Avatar de Bruno Lemaire

    @Paul, et à tous

    Paul pose, une fois de plus, une vraie question, que l’on peut ranger sous la grande rubrique de l’équilibre, ou du déséquilibre, de l’Offre et de la Demande, pas uniquement de l’argent, bien sûr.

    Des générations d’étudiants, plus ou moins crédules, ont essayé de faire la part des choses, entre modèle d’équilibre, équilibre ex ante (= anticipé), et équilibre ex post (= réalisé). Bien entendu, m^me les économistes les plus théoriciens savent que l’équilibre n’existe pas, ils se contentent de dire que tout se passe comme si.

    Et bien, justement, tout ne se passe pas comme si.

    L’argent que l’on gagne (comment, il faudrait sans doute y revenir) ne retourne pas nécessairement à la sphère économique, la sphère productive comme la sphère de consommation.

    Paul Jorion a soulevé la question de la thésaurisation (pour faire simple, l’argent que l’on cache sous son matelas: c’est plus facile avec des billets de banque qu’avec des bons du trésor 😉 ).

    Dit autrement, l’épargne – au sens de ce que l’on ne consomme pas – ne va pas nécessairement à l’investissement (au sens de l’achat de machines ou d’équipements). Donc l’Epargne volontaire ne suffit pas nécessairement pour équilibrer l’Investissement souhaité.

    Après, on peut ranger dans les investissements le gonflement des stocks (quand il est involontaire, cela ne plait pas vraiment aux entreprises concernées), pour restaurer la sacro-sainte équation I=S, Investissement = Epargne. Mais c’est évidemment complètement « pipeau ».

    En allant plus loin encore, toujours au niveau de l’argent qui ne retourne pas dans la sphère productive, il y a la spéculation dont parle aussi Paul Jorion. Au lieu de s’investir dans des entreprises, elle va vers la bourse: là encore, de nobles âmes vont dire que c’est la m^me chose: que nenni bien sûr, mais après avoir incité le bon peuple à « investir » en bourse, quel homme politique oserait dire maintenant que ce n’est pas nécessairement une bonne idée.

    Enfin, bien sûr, il y a tout le circuit des banques commerciales, qui vont prêter de l’argent contre reconnaissances de dettes, et qui vont parfois, quand tout va bien (mais c’est de moins en moins le cas) contribuer à compléter le gap entre épargne et investissement (quand cet argent nouvellement émis ne va pas directement grossir la spéculation boursière ou les matelas – en principe cela arrive moins pour les matelas que pour la spéculation. Cela me semble actuellement le plus gros morceau à avaler, et encore plus à digérer.

    Cordialement,

    Bruno

    1. Avatar de Jean-Louis M
      Jean-Louis M

      @ Bruno Lemaire,
      Dommage que le lien à partir de votre nom ne fonctionne plus !

  5. Avatar de jonas
    jonas

    Pour que l’on puisse envisager des modeles et des equilibres, il faudrait deja que le systeme en question ait une quelconque rationalite… Alors que ce n’est pas du tout le cas. La valeurs des biens produits/consommes est completement imaginaire, et fluctue sans cesse sans raisons valables.

    Comment apprehender par exemple le cas d’un T-Shirt portant le Logo X. Il est produit pour 0.5 euro mais est vendu a 10… Puis, un beau jour, son prix passe a 100 parceque la marque devient populaire. Et quelques mois plus tard, la mode change et sa valeur devient nulle.

    Ou alors, qu’en est-il de l’envoi de SMS dont le cout de production est nul, dont la valeur pour consommateur est nulle, mais qui permettent pourtant a des millions d’euros de changer de main chaque jour?

    1. Avatar de Bruno Lemaire

      je n’ai évidemment pas envisagé des modèles et des équilibres, bien au contraire.

      J’ai simplement signalé l’abêtissement, volontaire ou non, des étudiants en sciences économiques, que l’on habitue à voir le modèle plutôt que la réalité, la carte plutôt que le territoire.

      Pour le reste, je pense que s’intéresser à la thésaurisation n’est sans doute pas suffisant.

      Cordialement,

      Bruno Lemaire.

  6. Avatar de fbosque

    Bonjour,

    Il manque, me semble-t-il une destination à mon epargne ….

    Si plutot que d’investir dans un apareil de production ou un bien de consommation, Je place mon argent sur le marché financier par l’achat d’un titre pour me couvrir d’un risque à la hausse ou à la baisse voire pour spéculer sur elles, cet argent est « retiré » en quelque sorte du circuit économique réel et ne circule plus que sur le circuit financier venant ainsi alimenter l’inflation des actifs financiers …

    N’y a t il pas une dérive, qu’observe tres bien, il me semble François Morin, dans son livre « le nouveau mur de l’argent » où il annonce que 85 % environ des transactions monetaires en 2003 ont été faites sur de la couverture à la hausse ou a la baisse d’un prix … et 8% environ sur de l’échange de devises… ???

    Dans ce cas là, n’y a t il pas spoliation de la masse monétaire au service seulement des produits financiers et quasiment plus rien ( 5%) pour les transactions réelles ?

    Cela ne vient-il pas aussi obstruer les politiques monétaires des zones économiques puisque si elle augmente la masse monétaire, 95 % de cette augmentation se retrouvera capturer par les actifs financiers selon le même principes ?

    Comment en sortir ?

    Bien à vous,
    Frédéric

    1. Avatar de Bruno Lemaire

      @Frederic,

      Je pense que vous mettez l’accent sur quelque chose de fondamental.
      Comment orienter l’épargne, et éviter les fuites de toute sorte, en dehors de la sphère économique.

      C’est un peu la m^me question que les fuites bancaires des reconnaissances de dettes, en plus grave puisque cela touche directement la sphère économique.

      Cordialement,

      Bruno Lemaire.

  7. Avatar de pierrot123
    pierrot123

    « Ou alors, qu’en est-il de l’envoi de SMS dont le cout de production est nul, dont la valeur pour consommateur est nulle, mais qui permettent pourtant a des millions d’euros de changer de main chaque jour? »

    Bon, d’accord, c’est quand même des voleurs…
    Mais est-on si sûr que le coût de production d’un sms soit nul?
    ça coûte combien, et ça s’amortit sur combien de temps, de couvrir un territoire avec des antennes, (à installer, puis à entretenir, par exemple?).

    1. Avatar de jonas
      jonas

      C’est une facon de simplifer… Ce que je veux dire c’est que l’economie repose sur la vente et l’achat de biens immateriels qui n’ont de valeur que celle que l’on veut bien donner au temps T et qu’il me semble illusoire de vouloir mettre ca en equations.

      Sinon, pour l’anecdote, dans beaucoup de pays le SMS a disparu au profit de l’email gratuit et illimite, du fait de la concurrence. En France, il faudra sans doute attendre Free pour que cesse l’entente entre les operateurs.

    2. Avatar de scaringella
      scaringella

      Le SMS tient sa valeur bien réelle du désir de l’émetteur d’envoyer une information. Les couts/prix dont vous parlez n’ont rien a voir avec la valeur du SMS. Comment quantifier en argent le prix/cout de l’info contenue dans le SMS? Impossible sauf pour l’émetteur et le recepteur. La valeur de quoi que ce soit ne tient pas au cout/prix, seulement au désir.

    3. Avatar de yvan
      yvan

      Hé hé hé…

      Dans la même « veine » financière, les possesseurs de fibres optiques qui relient les continents pour les échanges sur internet se font des fortunes colossales.

  8. Avatar de yvan
    yvan

    Excellent petit article de rappel.

    Me revient toujours en mémoire la réflexion de mon meilleur prof d’éco : « lorsqu’une entreprise doit emprunter pour des dépenses courantes, on est pas loin d’en faire l’autopsie. »

    Soit, dès que l’on vit au-dessus de ses moyens pour autre chose qu’un investissement, on va forcément dans le mur.

    1. Avatar de Bruno Lemaire

      @Yvan

      autre façon de dire que « emprunter sur le long terme » (avec une charge d’intérêts exponentielle …) pour payer « le court terme » n’est pas « optimal ».

      Bien à vous,

      Bruno Lemaire.

    2. Avatar de cdanslair2010
      cdanslair2010

      Un Etat n’est pas une entreprise

    3. Avatar de yvan
      yvan

      En parlant d’états, celui de la Californie ne versent plus d’argent aux écoles publiques.
      Tout comme le dernier rempart des Démocraties est la Justice (détestés par le capitalisme),
      le premier moyen de créer la violence est de supprimer l’Education.

      Notez, ça va donner du boulot aux fabricants de prisons, c’est déjà ça.

    4. Avatar de Moi
      Moi

      « Notez, ça va donner du boulot aux fabricants de prisons, c’est déjà ça. »

      Même pas. En Californie ils vident aussi les prisons par manque de moyens. Il va bientôt être très risqué de se promener à LA.

  9. Avatar de Nico 38
    Nico 38

    « S’il ne le dépense pas, il peut le garder sous son matelas, le thésauriser, et rien ne se passera. »

    Si il le garde en billet sous son matelas, il ne se passera rien. Mais si il le laisse sur son compte courant bancaire ce qui peut sembler assez similaire, il permettra à la banque d’avoir dans ses comptes des fonds supplémentaires pour prêter davantage non ? Ce n’est pas tout à fait rien il me semble

    1. Avatar de Paul Jorion

      Je vois que vous avez lu mon livre.

    2. Avatar de Bruno Lemaire

      toujours le problème des fuites, qui se complique lorsque ces fuites sont inconnues (sous le matelas 😉 )

      Bruno Lemaire.

    3. Avatar de Marlowe
      Marlowe

      Un exemple concret et personnel : j’ai placé une somme que je nomme 8 x S, dans une banque commerciale, pour une durée de 5 ans (dépot à terme sur 5 ans) à un taux moyen de 3,7 %.
      La même banque me propose un prêt de 1 x S à un taux de 3 % sur une durée de 3 ans.
      Cela veut nécessairement dire qu’elle utilise mon dépôt de 8 x S pour préter à un taux bien supérieur, jusqu’à
      20 % dans le cadre d’un crédit « révolving », ce qui veut dire qu’il suffit que je dispose d’une certaine somme pour devenir un agent actif de ce qui nous rapproche tous les jours un peu plus de la fin de notre civilisation.

      Comme le disait le chef de la police, ou le juge (?), dans le film de Melville « Le Cercle Rouge », les hommes sont tous coupables, ou du moins ils le sont tous devenus à notre époque.

  10. Avatar de Onubre

    Je viens de faire
    un post sur la dette totale des USA.

    Ce post examine les évolutions de la dette de marché. C’est une infographie brièvement commentée.

    Ce type de post a une vocation pédagogique. Ces posts sont renouvelés tous les trois mois à mesure que les données sont mises en ligne. Leur renouvellement peut être mensuel comme pour les évolutions de la dette fédérale.

    1. Avatar de jc Werrebrouck

      A onubre;
      Bonjour;
      Vous dites à propos de l’endettement us et son report sur l’Etat:  » la crise attendra le pendu qui aura simplement pris le temps de tresser sa corde ».
      Historiquement on ne voit pas des Etats se pendre. La réalité des Etats est beaucoup plus complexe. Ce qui nous gène c’est qu’on avait pris l’habitude depuis plus d’un siècle de voir les Etats adopter la méthode douce pour répudier la dette: l’inflation. Méthode qui à priori ne fonctionne pas aujourd’hui. Les Etats retrouveront donc bientôt les méthodes de naguère, lesquelles étaient souvent violentes. Par exemple on « faisait de l’inflation » par dilution de métal précieux dans les monnaies métalliques , méthode déjà moins douce. mais il y en eu de plus redoutables comme la répudiation des deux tiers en 1797. Parce qu’il sera bientôt impératif de répudier la dette nous verrons dans peu de temps la contestation de l’indépendance des banques centrales.
      C’est le scénario que je propose pour cette année.

  11. Avatar de NingúnOtro

    Ce qu’il advient de l’argent qu’on gagne?

    Dans l’état actuel des choses… l’argent qu’on gagne (chaque fois moins d’argent pour plus de travail) sert fondamentalement à justifier et donner de la valeur à l’argent qu’ils impriment ou vont encore imprimer ( http://tinyurl.com/y9bh6fn ). Comme le résultat du travail partage présentation (billets et monnaies) avec les signes qu’on imprime joyeusement sans qu’ils correspondent à de la richesse réelle crée… le résultat final est que 3.000€ de richesse crée se trouvent sur le marché… avec l’ouvrier qui dispose de 3.000€ de salaire (je sais, je simplifie), mais aussi les banques qui ont reçu une injection d’imprimerie de 1.000.000€. C’est à dire, 1.003.000€ de signes monétaires se disputent 3.000€ de marchandises réelles, comme quoi, inflation induite médiante, le total de 1.003.000€ va servir à acheter tout ce qui existe… 3.000/1.003.000 ième partie (0,003%) va vers le travailleur, 99,997% s’échangera contre les 1.000.000€ qui n’ont couté que du papier et de l’encre à produire.

    On ne s’en sortira pas si on ne laisse pas qu’ils échangent ces papiers monopoly entre eux tant qu’ils veulent, mais qu’on refuse d’échanger les richesses réelles que nous produisons contre des papiers.

    Retrouver NOTRE rationalité, quoi. Comme quoi je crois qu’en vue du mécanisme énorme… il ne faut pas trop perdre de temps avec des détails comme les intérêts. Ces intérêts seraient un objet d’étude interessant si le système était sain. Soigner les maux de tête d’un malade de cancer en fase terminale aigue ne repoussera pas la date du déces.

  12. Avatar de François Leclerc
    François Leclerc

    Paul évoque une trop grande concentration du capital, mais il faut sans doute prendre aussi en compte la masse que celui-ci représente désormais, à force d’être accumulé. Les deux aspects vont de pair, générant une situation dont nous connaissons aujourd’hui un premier résultat.

    Donc, ce capital peut être investi dans la production ou dans la consommation. A cette nuance paradoxale près qu’il faut prioritairement développer la consommation pour ensuite justifier et absorber l’augmentation de la production. Aboutissant à une conséquence implacable : si cette consommation vient à faire défaut (le gisement des emprunteurs et les filons qu’ils représentent ne sont pas inépuisables), il ne reste alors que deux issues possibles au capital, non compte-tenu de l’expansion de nouveaux marchés de consommateurs, sur laquelle nous reviendrons. Soit on se dirige tout droit vers une crise de surproduction, les produits ne trouvant plus acheteurs, ce qui aboutit à un affaiblissement du rendement du capital, puis des pertes. Soit on en vient à investir dans une production et des produits d’un type particulier – financiers – ne pouvant plus le faire dans une production de biens et de services qui n’a plus de débouchés potentiels ou auprès de consommateurs qui ne sont plus assez solvables .

    Il est classique d’expliquer ce phénomène de transhumance vers de nouveaux alpages ensoleillés par la recherche de meilleurs rendements (la recherche du profit maximum). Ce qui n’est pas faux, mais néglige une autre raison : il y a beaucoup trop de capitaux disponibles pour la quantité d’investissements rentables à faire dans le secteur productif. Il faut donc trouver de nouveaux débouchés pour les capitaux. Car ceux-ci se battent les flancs et cherchent où aller, courant frénétiquement dans tous les sens (c’est le phénomène de la liquidité des marchés, indispensable à leur maintien en vie). C’est dans ces conditions que s’opère, et tente de se pérenniser, une décorélation entre les activités économiques et financières.

    Une autre tendance lourde aboutit à cette errance. De la même manière que le gisement des consommateurs n’est pas extensible à l’infini, celui des matières premières de la planète ne l’est pas davantage (l’activité de production procède à la fois d’une transformation et d’une destruction). Certes, il y a encore de la marge dans les deux domaines : les pays émergents offrent de gigantesques marchés de consommateurs potentiels et les ressources de la planète Terre sont loin d’être épuisées. Mais un autre phénomène est venu restreindre par anticipation cette marge de manoeuvre : la masse des capitaux disponible croit plus rapidement que ne le font l’appareil productif et le nombre des consommateurs solvables. Car la nature même du développement induit au sein de ce processus tend à laisser beaucoup de consommateurs sur le carreau. Les pays émergents étant une des plus efficaces machines à fabriquer de l’inégalité sociale à grande échelle que l’humanité n’ait jamais connue. Il y a en effet une forte corrélation entre le nombre de consommateurs et celui de travailleurs, or le nombre des derniers est limité par le volume de la production. Présenté comme vertueux, ce cercle donne dans la pratique toutes les apparences d’être vicieux, ou tout du moins grippé par une raison exogène, la répartition très inégalitaire de la richesse.

    Ces quelques remarques illustrent l’impasse dans laquelle se trouvent placés la rente et les rentiers (ces dénominations ne rendant pas bien compte, en raison de leur caractère suranné, de ce qu’ils sont devenus). Le capitalisme financier a cru trouver une issue en devenant une sorte de machine à fabriquer de la dette, dont il tirait profit de deux manières : directement, par les intérêts qui en résultaient, et indirectement, par le développement artificiel d’un niveau de consommation ne correspondant pas aux revenus disponibles des consommateurs. Mais, en dépit de leur grande sophistication, les instruments de levage auxquels cette mission était assignée n’ont pas résisté.

    Devant faire face à une situation qui va aboutir, à terme, à une baisse de la consommation dans les pays occidentaux, le capitalisme financier va mettre les bouchées doubles pour se reposer sur le développement de nouveaux marchés de consommateurs dans les pays émergents, accélérant le basculement de l’axe économique du monde. Poursuivant au sein de celui-ci son travail destructeur, comme le montre notamment la situation financière chinoise. Il va également poursuivre sa tentative d’autonomisation financière vis à vis de la sphère de l’activité économique et humaine, se condamnant ainsi par cela même qu’il désigne être son salut : la recherche à tout prix du profit.

    1. Avatar de Jérémie
      Jérémie

      Quelle folle logique humaine,

      C’est troublant, c’est effectivement ce qui a été prédit autrefois dans les écritures, mais dit autrement et sous une autre forme de langage.

      Pourvu que toute cette production de marchandises ne s’accumule pas trop quand même jusqu’au ciel, pour la seule recherche du profit en quantité trop grande jusqu’à la prochaine Bulle de plus ? Qui donc achètera encore leur cargaison demain ?

      Monde moderne en pleine décomposition morale sens-tu la très mauvaise odeur qui règne follement sur les marchés sans scrupules, mais maintenant c’est bien car plus personne n’est dupe …

    2. Avatar de johannes finckh

      Merci, François lLeclerc pour votre subtile analyse qui rejoint la mienne parfaitement.
      Je cains, cependant, que le projetde « bascule » des axes économiques échouera du fait des inégalités sociales trop importantes dans les pays émergeants.
      Il y a là, effectivement, des consommateurs potentiels ou hypothétiques, mais leurs revenus sont si faibles et la corruption dans ces pays est si énorme que je ne vois pas, actuellement, comment une meilleure redistribution des revenus pourrait s’opérer dans ces pays, et comment s’opérerait sans cela un relais pour une consommation en baisse dans les pays dits riches…
      à suivre.
      Je joins à Paul un commentaire circonstancié à son texte qui, à mon sens, a besoin de précisions comme la vôtre, ou la mienne.
      Bonne année à tous

    3. Avatar de Bruno Généré

      Article intéressant et synthétique bien complété par François Leclerc, mais je voudrais revenir sur la première phrase :

      « Celui qui dispose d’argent le dépense ou ne le dépense pas. »

      Ceci est un présupposé qui ne concerne pas tant d’habitants de notre planète, il suppose que l’individu dispose toujours d’assez d’argent pour avoir le choix. Ils y a ceux qui n’ont rien ou juste assez pour survivre et aussi ceux qui vivent au dessus de leur moyens, ceux ci dépensent tout ce qu’il gagnent.

      La monnaie est instrument d’échange social nécessaire dans une société ou chacun est spécialisé. Il permet à chacun d’obtenir les biens nécessaire à sa vie sans les produire directement.

      Celui qui peut vivre avec moins que ce qu’il gagne est un capitaliste à partir du moment ou il investit son argent dans l’optique de gagner de l’argent à partir de l’argent placé.

      Or à qui cet argent est le plus utile, à celui qui n’en à pas ou pas assez pour vivre. (vivre étant à prendre non pas seulement au sens des besoins vital d’un humain isolé mais au sens sociétal c’est à dire d’un homme dans son groupe sociétal).

      Le capitaliste est donc celui qui prête son surplus pour obtenir plus de surplus à celui ou ceux qui n’ont pas ce surplus, il y a donc un risque mais aussi un engrenage mortel car l’intérêt est d’abord une charge supplémentaire pour l’emprunteur.

      Si l’emprunteur emprunte pour consommer cela renchérit le cout de cette consommation et donc diminue le potentiel global de consommation.
      Si l’emprunteur emprunte pour produire, il faudra qu’il trouve dégage une marge suffisante hors le cout de l’emprunt enchérira les couts de production ( et oui il n’y a pas que les charges salariales il y a aussi les frais financiers ) et le remboursement de la dette reste une épée de Damoclès sur tout aléas de vente et de règlement.

      Dans tous les cas l’emprunteur à peu de chance de s’en sortir par le haut. Ce qui diminue à la longue les emprunteurs potentiels et rend les capitalistes de plus en plus féroces entre eux (on ne prête qu’aux riches), accroissant la concentration du capital.

      La question est donc bien politique et doit être posé en terme d’utilisation de l’argent.

      – Jusqu’à quel niveau doit on autoriser l’accumulation de capital par quelques uns au détriment du plus grand nombre ?
      – Quels doivent être les mécanismes qui permettent de garantir et de limiter les revenus par tête et d’assurer une répartition non pas égale mais équitable de la richesse produite par l’humanité ?

      Le capitalisme actuel est en train de s’auto-détruire par absence de limites dans un monde limité. Il reste à inventer la société de l’auto-limitation, cela passe sans aucun doute par l’action de chacun de nous.

    4. Avatar de Paul Jorion

      « Celui qui dispose d’argent le dépense ou ne le dépense pas. »
      Ceci est un présupposé qui ne concerne pas tant d’habitants de notre planète, il suppose que l’individu dispose toujours d’assez d’argent pour avoir le choix. Ils y a ceux qui n’ont rien ou juste assez pour survivre et aussi ceux qui vivent au dessus de leur moyens, ceux ci dépensent tout ce qu’il gagnent.

      Il n’est pas question de choix : je ne dis pas « décide de le dépenser ou non… », c’est purement descriptif : « le dépense ou non ».

  13. Avatar de Bertrand
    Bertrand

    « On devine en particulier qu’une trop grande concentration du capital (qu’engendre nécessairement le versement d’intérêts) débouche automatiquement sur une production de marchandises en quantité trop grande […] »

    Pour un capitaliste (après lui le déluge), ce n’est pas un problème car les marchandises que nous produisons ont un cycle court sur le marché :

    1/ Un budget publicité est nécessaire à la création du besoin (ou l’envie) chez le consommateur, ce budget est renouvelé chaque année. Marcel n’avait pas nécessairement besoin d’un Iphone, la publicité lui a dicté cette envie résolue dans un achat compulsif. Le budget de 500 milliards dollars / an alloué à la publicité racoleuse et envahissante des marchandises que nous produisons a pour fonction de prendre Marcel dans ses filets. Opération réussie ! Marcel a eu l’impression de faire une affaire …

    2/ L’obsolescence programmée de l’Iphone signifie que Marcel est potentiellement captif de la marque à pomme. D’ailleurs Marcel est devenue une bonne « pomme » accroc à de nouveaux achats compulsifs pour nourrir son Iphone.

    3/ Marcel est devenu captif : il achètera son prochain smartphone à crédit, les gadgets ont un prix. Il décide ainsi d’allouer une partie de son salaire à sa maladie, ainsi il peut paraitre aussi riche que son voisin payé plus que lui ! La marque à Pommes de son côté pour assurer sa croissance ouvre une nouvelle ligne de crédit à la banque pour l’allouer au budget publicité de son prochain modèle : La boucle est bouclée et un tas d’Iphone « obsolète » gisent dans les décharges à ordures.

    Conclusion :
    Publicité, obsolescence programmée des marchandises, et crédit à la consommation sont les trois mamelles de la « croissance capitaliste » programmée dans une boucle infinie. Croissance capitaliste qui a été théorisée dans des livres savants, or croire en une croissance infinie dans un monde fini, est bien la preuve que cette « théorie » ne pouvait être l’oeuvre que d’un fou ou d’un économiste.

    1. Avatar de Bruno Lemaire

      @Bertrand,

      m^me si je partage pour une bonne part vos vues sur l’influence néfaste du marketing qui cherche à rendre captif le consommateur, je crois qu’il faut séparer deux espèces de « profiteurs ».

      1) Les profiteurs « purs », les capitalistes « vrais », les « hommes aux écus » de Marx, qui ont pour seul « mérite » d’avoir des écus, ou des euros, à placer (Et comme on ne prête qu’aux riches, quand ils n’en ont pas assez, ils en empruntent aux banques, ravies de leur rendre ce « petit » service)

      2) les « marketeurs » qui utilisent trop souvent les études de marché pour susciter des besoins tendant à rendre captifs leurs clients. Ils créent peut être, parfois, de la valeur, mais ne le font évidemment pas pour le « bien » de leurs clients. Cela n’empêche pas que certaines inventions ‘je ne suis pas pro-Apple ou pro Microfoft ou pro Google ou pro …) aient apporté un véritable mieux à leurs clients.

      Il est sûr que dans le cas de Nike, d’Adidas ou d’autres firmes de ce genre, vendre un produit 100 euros alors qu’il coûte à produire 10 euros pose problème.

      Mais, dans ce deuxième contexte, ce n’est pas tant le capitalisme qu’il faut condamner (ce serait le cas dans le premier contexte) que l’avidité de certains entrepreneurs, et le manque de jugeotte de certains clients.

      DEs campagnes d’éducation « anti-pub » pourraient peut être changer cet état de chose, mais quand on voit la folie de consommation autour de la fête de plus en plus paienne de Noël, on peut en douter.

      Cordialement,

      Bruno Lemaire

  14. Avatar de Petit-Boutien
    Petit-Boutien

    L’Accumulation, est l’expression du deuxième principe de la thermodynamlique, l’entropie: Dans le temps, tout système se dégrade (par aggrégation, cf la rouille produite par l’oxydo-réduction).

    1. Avatar de lemar
      lemar

      @Petit-Boutien
      Quel rapport voyez vous entre entropie et accumulation ? Pourriez vous développer votre idée s’il vous plait ?

    2. Avatar de Petit-Boutien
      Petit-Boutien

      Oui.
      Le propre d’un système thermodynamique, c’est à dire d’une portion d’espace séparée du milieu extérieur par une paroi, est qu’il est ouvert, fermé, ou figé (adiabatique). Dans ce dernier cas, le système doit être indéformable (bouteille thermos) et ne devient thermodynamique qu’après avoir procédé à une accumulation d’énergie.

  15. Avatar de Marlowe
    Marlowe

    Bonjour et bonne année à tous,

    Le texte de Paul Jorion qui dans la lignée de son ouvrage sur l’ argent et le commentaire de Francois Leclerc me persuadent que la croissance, aujourd’hui qualifiée de « durable » (ce qualificatif traduisant bien les « mauvais » rêves de ceus qui l’emploient), n’est là que pour le remboursement de la dette.
    Comme cette croissance est devenue impossible pour les raisons qui sont dans vos textes bien dépeintes, le reboursement de la dette devient chaque jour plus impossible.

    1. Avatar de Bruno Lemaire

      @Marlowe

      Dés lors que les intérêts des emprunts dépassent le supplément de croissance (à l’inflation près), il est évidemment impossible de rembourser la dette.

      Harrod et Domar l’avaient déjà écrit dans les années 1979, cela reste vrai de nos jours.

      D’où mon « amendement constitutionnel » : le taux d’usure (donc interdit) commencera à partir du moment où il dépassera le taux de croissance, corrigé du taux d’inflation.

      Les banquiers, qui se régalent en prêtant à 5% ce qui leur revient à 1% (si on laisse de côté le fameux problème de « création monétaire »), devront alors se contenter de faire payer leurs services comme tout apporteur de service.

      On comprend que cela ne les enchante pas.

      Cordialement,

      Bruno Lemaire.

    2. Avatar de cdanslair2010
      cdanslair2010

      Il n’y a qu’une augmentation de la masse d’argent initiale (correspondant au capital) qui permette de rembourser capital + intérêts..

  16. Avatar de Crapaud Rouge

    @Paul: vous êtes le premier, à ma connaissance, à aborder les intérêts sous l’angle systémique, indépendamment de la vieille question de leur justification. C’est un point de vue nouveau car, pour le consommateur ordinaire, ils sont généralement « supportables » et semblent ne jouer qu’un rôle très subalterne. Ce serait intéressant de savoir ce qu’ils représentent en volume puisqu’il y a un effet de cascade derrière eux. Le capital, à l’embonpoint duquel ils contribuent, ne se trouve pas seulement enclin à s’investir davantage dans le crédit, mais aussi à fuir n’importe où dans le monde, ou dans n’importe quel titre financier, contribuant ainsi à appauvrir le système dans lequel les intérêts ont été payés.

    1. Avatar de Bruno Lemaire

      @CRapaud rouge, et à Paul,

      en fait la question des intérêts a été soulevé il y a une quarantaine d’années par des économistes de renom:

      dans la querelle des 2 Cambridge, Joan Robinson a prouvé à Samuelson qu’il n’y avait aucune justification théorique pour que le taux d’intérêt soit à tel niveau plutôt qu’à tel autre. Cela n’a pas empêché P. Samuelson d’avoir le Prix Nobel.

      Sur le niveau « optimal » des taux d’intérêt, comme je l’ai rappelé dans un commentaire un peu plus haut, et comme je l’avais écrit dans la Revue Financière en 1977 je crois, le niveau de la « croissance de l’âge d’or » (ou « croissance équilibrée ») relie le taux d’intérêt au taux de croissance et au taux d’inflation. En résumé, si on anticipe une inflation de 3%, et une croissance de 0,5%, le taux d’intérêt optimal devrait être de 3,5%

      Cordialement,

      Bruno Lemaire.

  17. Avatar de gélaf
    gélaf

    Vraiment j’aime bien lire les billets de MMr Jorion et Leclerc , histoire de me tenir au courant , mais franchement l’économie ça me dépasse. Cela se résume pour moi à examiner de temps en temps le fond de mon porte-monnaie pour voir si je vais pouvoir atteindre la fin du mois sans encombres.
    La répétition dans ce billet de la formule « les dépenses associées à sa survie » me donne envie de faire quelques commentaires.
    Je remplacerai d’abord la formule par « les dépenses associées à son bien-être ».
    En fait quand je me désole du sort de si nombreux humains je voudrai qu’ils aient tous le niveau de vie que moi. Bon je sais bien que comme le dit J-M Jancovici j’ai, en permanence, en tant que français moyen 150 esclaves humains à mon service via les énergies fossiles.
    Mais ça c’est un autre problème dont je ne parle pas pour le moment.

    Voici donc où je veux en venir : le bien-être une fois atteint est-il normal de vouloir aller plus loin ?
    Et quand je dis aller plus loin je pense à bien-être « matériel ».
    Si les hommes sont vraiment des humains à partir du moment où leur besoins matériels sont suffisamment pourvus ils doivent absolument se tourner vers autre chose sinon on ne s’en sortira pas même avec une super constitution pour l’économie qui de toute façon sera toujours détournée par les adeptes du toujours plus. Et cette habitude (du toujours plus sur le plan matériel) si constante chez les hommes devrait être considérer comme un DELIT.
    Car les occasions de se livrer à autre chose qu’à la poursuite du gain ne manquent pas : prendre plaisir à s’instruire , les arts, la musique, les voyages, les relations humaines variées, les sciences, etc…
    Mais notre monde n’est pas organiser comme ça : dommage.
    Plusieurs de ces activités ne demandent pas beaucoup de moyens : il y faut simplement – du temps- et du temps on en aurait quand on pense aux formidables gains de productivité et d’organisation dont on est maintenant capable. Et tout cet excés de temps dont on nous prive ne sert qu’à accentuer l’emprise d’un petit nombre sur un grand nombre !

    Vous voulez faire une croisière sur un de ces somptueux yachts dont vous ne voyez que les photos ?
    Pas de problème : ce yacht n’appartient à personne car il a été construit petit à petit par un groupe de personnes motivées pour ce projet et maintenant ils le prètent à tous ceux qui se font inscrire sur la liste d’attente.
    Et ce groupe de personnes motivées se verra bientôt offrir un voyage pour découvrir tous les cols de l’Himalaya.
    Bien sûr entre temps ils auront aussi participés aux activités « productrices » soit dans les champs, soit dans les usines, soit dans les services et tout aura été judicieusement réparti.

    Nous sommes une engeance foncièrement prédatrice ? Non, non ,ce n’est pas vrai, je ne veux pas en rester là, ça doit changer : presque tout est à revoir dans notre façon de vivre, d’accord. Mais puisqu’on est capable de penser à autre chose (en mieux) on doit aussi être capable d’y arriver (ensemble).
    Mais comme l’a écrit Michel Clouscard le capitalisme de la séduction a vraiment bien réussi sur la majorité de nos contemporains.
    Qui nous sortira de cette ornière ?
    J’en sais rien.
    A plus

    1. Avatar de Jérémie
      Jérémie

      > Gélaf
      « Qui nous sortira de cette ornière ? »

      Peut-être bien plus un grand nombre d’hommes ?

      Ce n’est pas non plus le nombre d’Egos et de grandes marques qui manque de nos jours.

      Je me demande même si en mettant plus d’Egos nous y arriverons à sortir de l’ornière de cette grande séduction.

  18. Avatar de merlin
    merlin

    La distinction entre prêts à la consommation et prêts à la production est pertinente, mais je ne suis pas sûr que les prêts à la production soient pour autant toujours vertueux. Si les prêts à la production permettent en effet de créer de nouveaux biens, on peut aussi avoir parallèlement contraction d’une production antérieure. En effet, l’argent qui provient de la vente des nouveaux biens – créés grâce au prêt consenti – vient lui aussi de quelque part, et est donc retiré du reste de l’économie. Si la quantité d’argent banque centrale et la vitesse de circulation de l’argent est inchangée, il y aura donc un autre bien, quelque part, qui aurait pu être acheté et qui ne l’est plus. On a donc simplement eu un nouvel acteur à arriver sur le marché, qui a pris des parts de marché au détriment d’un autre, et qui en plus va verser des intérêts pour son emprunt, ce qui n’aurait pas forcément eu lieu autrement.
    Tout dépend donc de la provenance du nouvel argent: a-t-il été créé ou a-t-il simplement été ponctionné sur l’économie restée en dehors de cela inchangée? Dans un cas, le crédit à la production aura eu un effet positif. Dans l’autre cas, il aura eu un effet neutre voire négatif.

    J’ai lu le livre de Paul Jorion, « l’argent, mode d’emploi »: je sais donc à quel point la réponse classique des économistes: « tout prêt correspond à une création monétaire » est fausse.

    J’ajouterais d’ailleurs que j’ai vraiment apprécié ce livre, qui permet de clarifier un grand nombre de questions qui restent très vagues dans d’autres ouvrages. Cependant, j’aurais une question sur un point du livre qui m’est resté obscur:

    le livre montre que les prêts bancaires ne correspondent pas à une création monétaire, mais simplement à un transfert d’argent plus une création de créance et donc de promesse de remboursement – qui ne vaut pas argent, surtout si le prêt n’est jamais remboursé! les créanciers de Dubaï sont en train de s’en apercevoir… – en revanche on sait que de la monnaie arrive à être créée réellement, par l’intermédiaire des banques centrales. Mais par quel mécanisme? Le livre est moins disert sur l’aspect « banque centrale », qui ne fonctionnent pas de la même façon dans tous les pays. En Europe en effet, les interventions de la banque centrale (BCE) (opérations d’open market) sont apparemment uniquement sous forme de prêts, jamais sous forme d’achats de titres – ce qui aurait permis de libérer de la monnaie banque centrale à titre définitif. (voir ici: http://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9rations_d%27open_market ). Mais les prêts ont vocation à être remboursés – avec intérêt. Si la BCE n’accepte que de l’argent banque centrale, et n’endosse pas pour elle-même des prêts bancaires classiques, comment donc de la monnaie peut-elle être créée à titre définitif? (les autres types d’actions de la banque centrale, fixation des taux directeurs, fixation des niveaux de réserves obligatoires, et interventions sur le marché des changes n’ayant là encore aucun effet). Sauf à considérer justement que la banque centrale ne crée jamais de monnaie à titre définitif, et que le tout fonctionne en mode pyramidal, avec accélération exponentielle du montant des prêts…

    Si Paul Jorion pouvait me répondre, d’avance merci…

  19. Avatar de jc Werrebrouck

    Pour un point de vue plus précis concernant le remboursement de la dette on peut voir l’article « la crise : scénario pour 2010 » sur le site « lacrisedesannes2010.com »

    1. Avatar de cdanslair2010
      cdanslair2010

      Excellent article. Merci

    2. Avatar de yvan
      yvan

      Très bonne synthèse de ce que nous pouvons voir se dessiner tout doucement, Monsieur Werrebrouck.

      ‘tite touche perso :
      – les Chinois vont accélérer le mouvement concernant le Yuan mais dans leur zone. (les US étaient coincés en ne pouvant leur donner plus de droits de vote et les Chinois vont les détruire grâce à leurs alliés)
      – les Pays du Golfe n’ayant pas pu lancer leur monnaie commune ce 1er janvier, le jour où elle sera créée, nous verrons alors quel bloc ils choisiront. Et ce sera le très probable vainqueur.)

      Et comme vous l’écrivez à la fin de votre article : Meilleurs vœux à tous pour une excellente année.

    3. Avatar de Paul Jorion

      Je viens de finir la lecture de l’article de jc Werrebrouck. Si vous avez lu « La sortie de la crise », mon article publié en décembre dans le No 157 de Le Débat, vous aurez noté la similarité de nos analyses… ce qui ne me retiendra pas de dire que son texte est excellent !

  20. Avatar de ervita
    ervita

    De toute évidence l’équilibre (dynamique )n’est pas la situation observée. Il suffit de considérer les échanges US/Europe avec Chine .L’équilibre est il envisageable dans le contexte actuel? Cela ne vaudrait que si l’économie était une science cad soumise aux lois nautrelles.
    Hors l’économie est avant tout le résultat de choix et de décisions humaines et de leurs interactions. D’ailleurs l’éconiomie chinoises n’est que le produit du déséquilibre (accumulations de capitaux ) des économies occidentales.

    Les économies occidentales se sont développées lentement par leur marchés intérieurs signifiant ainsi la part croissante de la population ayant un rôle dans le fonctionnement de l’économie. Le point crucial étant que ce rôle est double: producteur et consommateur. Dès lors que ce critére n’est plus vérifié, pour les participants d’un périmètre donné, alors on peut dire que l’économie dérive, c »est à dire qu’elle produit une accumulation de capital et/ou dettes. Mais il me semble que l’un est le corollaire de l’autre, car il n’y a pas création de richesse ( au sens macro ). Et comme le dit justement Paul cela conduit à la surproduction. L’exportation, tant vantée par nos politiques n’est rien d’autre que le besoin qu’a une economie de consommateurs non producteurs.
    Ce qui revient à dire qu’une économie optimisée pour l’accumulation de capital (intérêts+bénéfices) a forcément besoin d’une qui ne l’est pas. Ce qui ne peut marcher durablement. Tout comme le producteur non consommateur qu’est la chine. Je pense que la ‘science’ économique est inopérante dans la recherche de cet équiibre car elle ne sait pas conserver dans ses représentations l’impératif de la non séparation des rôles producteur/consommateur. Cela est du ressort de la politique de le poser comme grandeur élémentaire de la pérénité economique.
    La première evidence dans ce sens est un seul corpus de règles pour tous (constitution économique de Paul). Pour patienter jusqu’a son avènement, la réflexion de Paul permet de dégager quelques principes de pilotages de bon sens:
    – suppression des intérêts et/ou des privilèges de prêteurs: permet de limiter l’accumulation de capital + restreints l’offre de crédits et par voie de conséquence la surproduction (on diminue ainsi les risques et donc la raison d’être objective de l’intérêt )
    – taxe consigne sur toutes les matières 1ére et énergie non renouvelables appliquée dès l’extraction pour les usages industriels
    – reports des taxes sur les outils de production au lieu du travail.
    – pilotage de l’économie en indexant sur la masse salariale distribué les investissements, le capital, l’endettement ( ce qui se fait peut être déjà mais selon des règles différentes et inapropriées)
    – instauration d’un revenu universel afin de simplifier l’administration et de sortir du champ politique les questions qui servent surtout à ces derniers pour faire leur commerce de voies éléctorales

    1. Avatar de yvan
      yvan

      Très bonnes résolutions, Ervita.

      Mais pour cela, il faudra que l’Humanité soit suffisamment adulte pour limiter les trop grandes prédations.
      Et c’est pas demain la veille…

  21. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    Indépendamment du vecteur argent ( mais j’ai bien compris que c’est au parcours de ce dernier que l’on s’intéresse dans ce billet ) , est ce qu’une société comme tout organisme vivant n’est pas condamnée à mort quand elle consomme plus de richesse-s- ( énérgie-s-?) qu’elle n’en produit ?

    Quand la » croissance » est aussitôt confisquée , que ce soit pour des causes de malversations humaines , ou des causes naturelles ( ça coûte plus cher de rétablir le minimum de ressource nécessaire à la survie , que de transformer et consommer cette ressource ).

    Qui a -t-il de plus économiquement stupide qu’une station d’épuration ?

    Mais pardon de sortir de l’objet strict du billet .

  22. Avatar de Paul Jorion

    Un compte-rendu du numéro 157, sorti en décembre, de Le Débat, dans Le Monde, intitulé Capitalisme, suite et, peut-être, fin.

    L’auteur de l’article, Frédéric Lemaître, s’étonne de la virulence des articles – dont le mien : « La sortie du capitalisme ».

    1. Avatar de Bruno Lemaire

      Bonjour Paul,

      je viens d’aller voir l’article dont vous indiquiez le lien.

      Tout en partageant l’anlyse de M. Allais, je m’étonne que l’auteur de l’article indique que vous auriez pris la position suivante:


      Les deux auteurs estiment que le système bancaire ne doit sa survie qu’à l’intervention publique et qu’il est donc, de fait, nationalisé. Mais là où Johnson y voit un choix politique, Jorion estime qu’il n’y avait pas d’alternative.

      Il me semblait au contraire que vous (= Paul Jorion) regrettiez la position d’Obama, ce qui laisserait entendre qu’une autre solution était possible.

      Qu’en pensez vous?

      Cordialement

      Bruno Lemaire.

    2. Avatar de Pierre-Yves D.
      Pierre-Yves D.

      Je n’ai pas lu le Débat (pas encore) mais si l’on se réfère aux écrits déjà connus de Paul on peut supputer les raisons pour lesquelles Lemaître a écrit ce qu’il a écrit.

      Il n’y avait pas d’alternative dans le sens où le non renflouement des banques après la faillite de Lehman Brothers aurait provoqué l’effondrement pur et simple du système financier au niveau mondial. C’est à cause de l’urgence d’une situation qu’il y avait absence d’alternative. Cela n’a rien à voir avec un problème politique, à ce stade.
      La critique de Lemaître peut facilement induire une lecture à contre-sens chez tout lecteur qui ne connaîtrait rien des thèses de Paul. Bref, c’est un article sans grand intérêt si ce n’est celui de citer quelques auteurs et de les catégoriser en fonction de critères très flous.

      Le sort réservé à Paul frise la désinformation car le lecteur non averti pourra croire que Paul Jorion se caractériserait par l’adoption d’une posture — virulente — alors qu’en réalité ce sont ses analyses qui sont radicales et originales ce dont il n’est fait nullement mention dans l’article, laissant au contraire penser que Paul serait moins pertinent que Simon Johnson ou Gréau, car moins politique, un comble quand on sait comment Paul en anthropologue fort d’une connaissance intime des rouages de la finance décortique, déconstruit minutieusement et méthodiquement le système capitaliste. Autrement dit quand on sait que Paul fait de l’économie politique. Ce qu’il fait sans prôner le renversement du système ni son remplacement ex nihilo par un autre système clé en main ; les solutions viendront d’abord s’appliquer en certains des points névralgiques et cruciaux du système existant avec des conséquences pourtant non dénuées de radicalité !

  23. Avatar de Bruno Lemaire

    De la valeur réelle d’un SMS…

    @Scaringella en particulier, et à tous en général.

    Tous ceux qui se sont efforçés au cours des âges de définir la véritable « valeur » d’un bien ou service ont échoué, que ce soit les tenants de la valeur travail, du coût de production ou de toute autre valeur intrinsèque.

    Aucun bien ou service n’a une « valeur » intrinsèque, plus ou moins stable.

    Si un bien est proposé sur un marché, parfait ou imparfait, et qu’il rencontre un acheteur, il continuera à être produit, dès lors que son coût de production est inférieur à son prix de vente, prix de vente qui dépend de l’état du marché.

    Pour le SMS, si vous acceptez de payer 10 centimes pour un service qui revient 3 centimes à l’opérateur, tant mieux pour l’opérateur. Dans un tel contexte, nous sommes dans un monde olipolistique, ou aucun opérateur n’a vraiment intérêt à baisser ses prix de vente, jusqu’à ce qu’un nouvel entrant, Free au hasard, essaye de s’y risquer. Lorsque les cablo-opérateurs ne gagneront plus d’argent sur ce marché, ils lanceront autre chose: la télé sur mobile par exemple …

    Cordialement,

    Bruno Lemaire.

    PS. Aucun marché n’est « parfait », aucun marché n’est « en équilibre », et les livres de micro-économie qui racontent que les entreprises produisent jusqu’à ce que leur coût marginal égale le prix de marché n’ont sans doute jamais travaillé dans une entreprise. Mais, cela, les lecteurs de ce blog le savent sûrement depuis longtemps.

  24. Avatar de cdanslair2010
    cdanslair2010

    L’article de Jean-Luc Gréau est (également) tout à fait passionnant car il est aussi l’un des rares a avoir prévu la crise du crédit, dès 2005 . Pour ceux qui ne le connaissent pas, cherchez ses articles sur Google …

  25. Avatar de jacques
    jacques

    Si on le garde sous le matelas et que la déflation est la , apparait un interet passif de pouvoir d’achat qui ne résulte d’aucun pret . Si on supprime l’interet sur le pret, on ne supprime pas l’interet sur le pouvoir d’achat à moins d’envisager quelque chose comme une monnaie fondante, chère à Mr Finch.

    1. Avatar de Bruno LEMAIRE

      La monnaie fondante de S. Gesell est une piste de monnaie complémentaire qu’il faut sans doute creuser, elle a le grand mérite de lutter contre la thésaurisation. La question, bien sûr, est de savoir si ses inconvénients l’emportent sur cet énome qualité.

      Cordialement

      Bruno Lemaire

    2. Avatar de johannes finckh

      Patience, j’arrive!
      Je prépare un comentaire pour distinguer mieux épargne et thésaurisation!
      Quant aux prérendus « inconvénients » de la monnaie fondante, l’inconvévient est surtout celui que les économistes n’arrivent pas à analyser convenablement ce qui se passe, hormis François Leclerc et les geselliens.
      Le fonctionnement de la monnaie est trop « simple », mais la plupart des auteurs cherchent midi à 14 heures!

  26. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    1-correction : « Qu’y a-t-il… »

    2- Paul Jorion : je n’ai pas lu où Lemaître parlait de virulence . C’est une critique reçue en off?

  27. Avatar de gélaf
    gélaf

    Bien sûr je sais que Mr Jorion est favorable à de petites avancées qui pourraient produire de grands résultats.
    Je suis prêt à abandonner mon goût pour les utopies radicales en faveur d’améliorations mineures. D’accord.
    Mais s’il-vous-plaît donnez-moi un exemple récent qui confirme cette possibilité.
    Toutes les modifications mineures de ces temps derniers vont vers un peu moins de solidarité et un peu plus de barbarie.

    La démocratie ? La belle affaire : pour qu’elle fonctionne il y faut d’abord de véritables hommes d’état.
    Je sais qu’après la guerre on en a eu un : il avait quand même le souci de l’ensemble du peuple.
    Hors voici le gros problème de la démocratie : c’est que vous ne pouvez voter que pour ceux qui se présentent…
    Et ceux qu’on nous a proposé récemment ils avaient le souci de qui ? Ils nous étaient présentés par qui ?
    Alors si la démocratie n’en est plus une, sur quel levier allons-nous nous appuyer pour faire passer les (bonnes) petites transformations mineures ?

    Il y a des réponses connues à cette question mais aucunes ne me plaisent: les guerres, les révoltes, les révolutions, etc…
    Ce n’est pas les gentils blogs sur Internet qui vont nous mener en douceur vers le nouvel ordre mondial que nous souhaitons.

    Tiens ,à propos, j’ai bien entendu quelqu’un parler, en 2009, de son intention d’imposer « un » nouvel ordre mondial.
    Et de ce côté là on a : le temps, l’argent, la police, l’armée, la finance, les médias, la pub, les faux économistes, les faux anthropologues, la baraka quoi !
    Je me trompe ?
    A plus

  28. Avatar de Rumbo

    Tout ce billet de Paul relève des investigations pointues de Clifford Hugh DOUGLAS (1879-1952), grand – praticien – de l’économie industrielle et analyste pointu de la composition des prix dans les processus de production. J’en ai parlé d’assez nombreuses fois ici et ailleurs. Et je vois ici que je fais très mal mon travail, car aucune allusion, ou presque rien, n’est faite aux découvertes expérimentales de Douglas. Il est vrai, et pour cause! que ses découvertes mettent à mal la dominance bancaire dasn le monde. Tous les prétextes, y compris les plus fallacieux, ont été avancés dans le passé pour écarter les propositions salubres de Douglas. Pourtant, Douglas est au cœur du sujet bancaire, monétaire et financier. Au lieu de cela l’on continue à faire des « exégèses » sur Keynes et consorts et d’assez nombreux autres « pontes économiques », des « génies » auquels on doit, au final, les crises qui nous terrassent.

    Nous espérons des traductions de Clifford Hugh Douglas en français. On peut lire ceci, ci-dessous, en français, très accéssible, et en tirer tout le parti possible. L’auteur, J. Crate Larkin, était un américain de Buffalo qui avait complètement intégré l’investigation et la technique élaborée proposée par Douglas du vivant de ce dernier. J’ai déjà transmis ce lien ici, mieux vaut je pense plusieurs fois que jamais, quelque soit le lectorat, y compris, bien sûr (et surtout?) celui du blog de Paul Jorion: (il y a des références religieuses qui, selon les exigences des lecteurs, peuvent être sautées; ainsi l’on peut lire 94 pages en continu sur les 112 pages de cet opuscule en ligne, soit de la page 13 à la page 106)

    http://www.michaeljournal.org/Larkin_fr.pdf

    Ainsi, les prêts à la production, relèvent de la partie B de la formation et la composition des prix chez Douglas, cette partie B se rapporte aux revenus des actionnaires de par les prêts à la production effectués par les actionnaires. Même si des actionnaires vivent dans le grand luxe, ils ne peuvent pas faire 10 banquets par jour, ne logent pas dans 10 maisons à la fois (même de grand luxe), ne s’habillent pas avec 25 costumes à la fois (même de chez les plus grands couturiers), s’ils ont un yatch(s) et un avion privé(s) cela non plus ne suffit pas nécessairement à « achever » (et de loin) leurs « dépenses », etc. Les prêts à la production représentent un circuit financier lent et long par rapport à l’autre catégorie financière qui constitue la partie A dans la composition des prix.

    Les prêts à la consommation, donc, relèvent pour l’essentiel de la partie A dans la formation et de la composition des prix chez Douglas. Ces prêts à la consomation, eux, dépendent d’abord des revenus salariaux dont Douglas souligne qu’ils participent par leurs achats (y compris les achats les plus courants et indispensables) à la rémunération des capitaux engagés dans le processus de production (partie B). Douglas prouve que cette rémunération des capitaux ampute d’autant le pouvoir d’achat des salariés et d’autres catégories de producteurs, donc de la catégorie A.

    Douglas a trouvé qu’un prix de vente d’un objet de consommation contient un gros 1/3 qui est formé uniquement par l’accumulation des dettes toutes catégories de toutes les entreprises ayant participé à la fabrication (énergie, matières premières, transports, sous-traitances, à nouveau transport, etc, etc) de l’objet ou du service mis en vente. L’architecte et économiste en activité, très avancée en économie, Madame Magrit Kennedy trouve, 80 ans après Douglas, des résultats tout à fait similaires et même un peu supérieurs (et je crois qu’elle ne connaissait pas Douglas, à vérifier si elle le connaissait ou pas).

    Donc les acteurs économiques se trouvant dans la catégorie A des prix de vente ne peuvent – AUCUNMENT – acheter toute la production. Il s’agit de leur production, car c’est eux qui la font, bras et matière grise, c’est un comble! C’est l’occasion de l’entrée en lice du crédit. Celui-ci est rémunérateur mais pas pour les producteurs… pour les actionnaires seulement. Ainsi, pour assayer, et à grands frais, d’écouler la production, tous les artifices du marketing massif si nocif et empoisonnant l’environement (et dans les têtes!), faussant les perceptions, etc, sont mis en œuvre avec les dégâts à terme qu’on perçoit de partout à présent. « Il faut », par tous les moyens que le marketing fasse « éponger » la production par les « achats » presque forcés des producteurs (ces futurs prisonniers définitifs du crédit) soumis à la « férule » du marketing intensif. C’est le début de la spirale infernale des crédits sans fin et la perdition qui s’en suit.

    On voit ce qui suit: la catégorie A est frustrée de son pouvoir d’achat (ne parlons même pas des impôts qui constituent le coup de grâce…). Un exemple très rapidement rappelé: à 5% d’intérêt on paie – deux – fois sa maison en 20 ans. Pourquoi payer 2 fois? À quel titre? EST-CE NORMAL?? Tandis que la catégorie B, même si elle nage dans le luxe inouï sous une pluie de dollars ou d’euros ou autres, ne pourra – jamais – absorber toute la production.

    Ces deux catégories relevant de A et de B existant dans les prix ne peuvent donc JAMAIS acheter A + B. Quelque soit les directives et les partis politiques qui triomphent temporairement. Il faudra donc que A + B puisse acheter A + B. C’est très possible et réaliste à faire. Car ces 2 circuits, le court-A et le long-B qui existent déjà, mais leur intrication fait que ces 2 circuits ne marchent JAMAIS, sauf, c’est tristement banal et permanent, pour les déjà plus riches…

    Les acheteurs « A » paient à eux seuls la plus grande proportion de la rémunération des capitaux. Incroyable mis vrai.

    Je le rappelle encore une fois. Il y a environ ~300 millions d’actionnaires dans le monde, (dont 50% sont de nationnamité étatsunienne) ce sont ceux qui sont classés B chez Douglas; bien sûr parmis eux seuls les actionnaires fortunés font la moyenne du pouvoir d’achat de tous les concernés dans cette catégorie B. On voit que 300 millions de personne, ce sont environ 1 personne sur 22 par rapport aux 6,75 milliards d’habitants actuels de la Terre.

    Il y a donc 1/22 habitans de la Terre qui est un actionnaire, 1 actionnaire sur 22 non actionnaires. Si l’on soustrait les enfants, les écoliers, les étudiants, les malades, les handicapés, etc., toute personne empêchée de travailler pour d’autres raisons qu’économiques, etc., cette proportion: actionnaires/non actionnaires dans le monde peut, sans trop de risques d’erreur, être estimée globalement à 1/13 ou 1/14. Soit 1 actionnaire pour 13 ou 14 actifs (y compris bien entendu les chômeurs). Ainsi, en résumé, 14 hommes et femmes ne peuvent pas acheter complètement les produits qu’ils fabriquent et dont ils ont besoin. Certains d’entre eux seulement sont solvables pour qu’on leur accorde un prêt à la consommation et ces derniers, outre le remboursement du capital, devront payer des intérêts bancaires écrasants des décenies durant. Dans d’innombrables pays pauvres seulement 4 ou 5% des gens ont « accès aux marché des capitaux », pour les autres, il n’en est même pas question.

    La réforme financière trouvée expérimentalement par Douglas, connue sous le nom de Crédit-Social (1) qui n’a pas pu être démontrée fausse (ou alors l’arithmétique serait elle-même fausse) déplait énormément aux milieux bancaires et financiers, eux-mêmes commanditaires des milieux politiques, car cette réforme financière transférerait la « sacro-sainte » – politique monétaires – des banquiers aux instances sociales, tandis que les banques commerciales, ayant alors une couverture à 100%-monnaie, ne prêteraient plus que l’argent de leurs déposants, faisant ainsi leur seul vrai métier. Des dispositions pourraient faire en sorte que tout l’argent de l’épargne ne finisse pas, à la longue, dans de moins en moins de poches qui ne manqueraient pas de dominer le marché mnétaire en siphonant régulièrement l’argent disponble de la masse monétaire dans leurs seules esarcelles. Mais c’est là un autre débat, certes incontournable, mais l’on ne peut pas tout faire de front.

    J’ai bien l’impression que toutes les discussions, les réflexions, pour géniales qu’elles soient, passent, on dirait que c’est un fait exprès, à côté de ces éléments de base de l’économie industrielle (et agricole), chassis de toutes les autres types d’économie dont la réforme en faveur légitime de la société n’est – presque – rien dans son apparence. Cette féforme ne toucherait rien à l’organigramme social existant et pouvant alors se perfectionner, elle couperait salubrement de l’herbe sous les pieds de la politique en installant en amont de la politique un organe technique sain et efficace.

    (1) on peut dire aussi Argent-Social, c’est la même chose

    1. Avatar de Bruno LEMAIRE

      @Rumbo,

      je ne connais pas assez les oeuvres de douglas pur pouvoir en discuter ici, mais ce que vous en dites est assez alléchant.

      Je vais donc essayer de creuser les points que vous soulevez, en parcourant les oeuvres indiquées.

      Quoiqu’il en soit, et dans l’état actuel de mes connaissances 😉 ,je pense que des gens comme Douglas, Gesell ou Even ont été mis sous le boisseau par la pensée dominante, et m^me par Keynes, qui les avait sans doute lu (pour Even, je ne sais, pour Douglas et Gesell il l’écrit lui-m^me je ne sais plus où).

      Keynes a eu pour mérite, m^me si c’est en terme alambiqués, de remettre en cause la loi de Say (l’Offre crée sa propre demande, au moins ex ante) et de parler de thésaurisation intempestive.

      Il a aussi parlé des « travaux bidons » (du type des chantiers nationaux) qui consistent, au lieu de donner directement de l’argent (mon fameux Revenu Minimum de Dignité, appelé par d’autres Revenu d’Existence) aux chômeurs et/ou aux plus démunis, de leur faire creuser des trous et de les reboucher, en les payant pour cela.

      Cela lui évitait de réfléchir plus avant sur les problèmes d’adéquation entre la Production et la Consommation, et surtout sur l’argent gagné et l’argent dépassé.

      D’où la question qu’il a refusé d’aborder: d’où vient l’argent…

      Cordialement,

      Bruno Lemaire.

    2. Avatar de Paul Jorion

      Keynes associe dans « le royaume des morts » (in the underworlds) de la pensée économique Karl Marx, Silvio Gesell et le Major Douglas [page 32 de Keynes, The General Theory of Employment, Interest and Money, Londres : MacMillan [1936] 1974] La traduction française de Jean de Largentaye – qui n’y comprend rien – dit : « dans la pénombre de Karl Marx, de Silvio Gesell et du Major Douglas » (page 44).

  29. Avatar de Paul Jorion

    Lemaître :

    ‘il fallait une preuve de l’impopularité de la finance, Le Débat (novembre-décembre) la fournit au-delà de toute attente. Cette revue que dirige Marcel Gauchet, intellectuel habituellement pondéré, publie cinq articles sur « l’après-crise » que d’aucuns pourraient considérer comme autant de brûlots davantage à leur place dans Alternatives économiques que chez Gallimard.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Effectivement . Connotation partisane ou facilité de journaliste ?

      Mais après tout , « brûlot » ne m’avait pas heurté comme un jugement péjoratif . En tous cas en se référant au sens originel , vous voilà définitivement repéré comme marin breton . Vous êtes donc bien intégré sur la côte atlantique .

  30. Avatar de Bruno LEMAIRE

    Sur l’endettement massif des états (ou de certains d’entre eux) et des ménages (ou de certains d’entre eux).

    J’ai écrit un peu plus haut (et c’est que je disais à mes étudiants quand ils avaient la gentillesse de m’écouter- pas très souvent) que je ne croyais pas aux situations d’équilibre, et que je me méfiais des modèles « la carte n’étant pas le territoire », m^me si je les ai enseignés pendant des décennies.

    C’est pour cela que je me permets de reprendre une question qui me semble apparaître en filigrane dans nombre de commentaires ou de billets récents, sur ce blog et sur d’autres.

    Autant il est évident « comptablement » que le montant d’argent prêté est égal au montant de l’argent emprunté (lapalissade ?) autant je m’interroge sur la qualité de l’argent emprunté vis à vis de l’argent prêté.

    Je m’explique: quand j’emprunte à un ami 10000 euros (oui, j’ai de très bons amis), mon ami va avoir 10000 euros de moins.
    Pour simplifier, je vais supposer que c’est en liquide, et que ces 10000 euros passent du matelas de mon ami au mien (non, je ne vous donnerai pas mon adresse).

    Supposons maintenant que, par un coup de baguette magique, tous les emprunteurs rendent instantanément aux prêteurs la totalité de leurs prêts. Qu’est ce qui va changer?

    Si les prêts/emprunts ne concernaient que des particuliers, vous pourriez me dire: pas grand chose au niveau monétaire, la quantité de monnaie n’ayant évidemment pas changé, quelle que soit la définition que chacun donne à la monnaie. Au niveau psychologique, il en irait sans doute différemment.

    Maintenant, si l’on généralise, et si l’on range parmi les prêteurs nets (c’est à dire ceux qui, globalement, sont plutôt prêteurs qu’emprunteurs) les banques, est-ce que cela va être différent?

    Je laisse cette question ouverte à la sagacité des lecteurs de ce blog, même si j’ai évidemment une petite idée sur la question.

    Mais pourquoi cette question? En fait, on dit que les dettes abyssales vont finir par emporter le système actuel (ce que je crois tout à fait). Mais, pourquoi, si la totalité des dettes est égale à la totalité des prêts, et si c’est seulement une question de vases communicants, on devrait trouver une solution, n’est ce pas? Le problème serait-il mal posé, ou insuffisamment cerné? Là encore, je laisse, en ce début d’année, cette question ouverte.

    Bon week end à tous, cordialement,

    Bruno Lemaire

    1. Avatar de Paul Jorion

      Réponse à cette question dans « L’argent, mode d’emploi » (Fayard 2009) : Appendice : Un outil analytique pour la monnaie : pages 371 -392.

      Dans toutes les bonnes librairies !

    2. Avatar de Crapaud Rouge

      Piqué au vif par cet échange, j’ai sorti mon (précieux) exemplaire de L’argent mode d’emploi, onéreusement acquis dans une bonne librairie, et relu vite fait l’appendice sus-mentionné où il est raconté qu’un billet de 100 euros permet d’annuler des dettes pour 600, simplement parce que X doit 100 euros à Y qui en doit lui-même 100 à Z, etc. Donc, si à l’inverse l’on ne vous rembourse pas 100 euros que l’on voit doit, alors vous ne pouvez pas rembourser les 100 que vous devez à Tartampion, et lui-même ne peut pas rembourser les 100 qu’il doit à Untel, etc. Les défauts de paiement ne peuvent que s’enchaîner en cascade, provoquant un effet d’avalanche à partir d’un certain seuil. Ce seuil est largement atteint lorsque, selon la formule de Paul, « tout l’argent qu’on a doit servir à payer la dette ».

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  1. @ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?

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