Billet invité.
Cher Monsieur Jorion,
Votre question « Pourquoi les économistes n’ont-ils pas prévu la crise ? » est très pertinente. La réponse pourquoi vous l’avez prévue : « parce que j’étais employé au cœur-même de l’industrie où cette crise avait son origine : c’est-à-dire dans l’immobilier résidentiel américain » n’est bien sûr pas une réponse complète à la question posée.
Pour ma part, je répondrais à cette question de la façon suivante : les économistes n’ont pas prévu la crise parce qu’ils ne connaissaient pas la réalité économique du fait qu’ils se plongent soit dans les modèles abstraits mathématiques (orthodoxie), soit dans les raisonnements également abstraits (hétérodoxie). Comme Paul Krugman le faisait remarquer, « la profession de la discipline économique s’est égarée parce que les économistes, en tant que groupe, ont pris faussement pour vérité la beauté habillée dans des impressionnantes apparences mathématiques » (New York Times, le 6 septembre 2009, ma traduction). Pour prévoir la crise, il fallait connaitre – comme c’était votre cas – les détails du fonctionnement du système, mais la tradition établie de la discipline économique déteste les détails, parce qu’elle se fonde sur des simplifications. La vérité dans le domaine socio-économico-politique ne peut se révéler qu’à partir des études des détails que vous maitrisez parfaitement. Une partie importante des textes de vos ouvrages sont des descriptions. Les analyses que vous faites partent de ces descriptions assez détaillées des pratiques, c’est-à-dire des règles qui sont suivies par les acteurs et leurs croyances appuyant ces règles. Les économistes sont obsédés par l’utilisation des notions/concepts créés à l’intérieur de leur communauté. La plupart de ces notions sont des notions a priori dont la création n’était basée sur aucune recherche basée sur les faits. Par exemple, Schumpeter indiquait que les notions fondamentales introduites par Keynes « n’étaient établies sur aucune antécédent de recherche factuelle » (History of Economic Analysis, 1954, p.42). Dans votre analyse vous n’étiez pas gêné par la nécessité de vous baser sur des notions/concepts a priori ; votre analyse était ancrée dans vos descriptions. On peut dire que dans vos textes l’analyse accompagne les descriptions. Les économistes sont convaincus que, sans ce type de notions, aucune recherche n’est possible car ces notions servent de « lunettes » pour voir la réalité économique, mais en vérité elles créent des obstacles pour la compréhension de cette réalité. Les économistes détestent les descriptions, surtout lorsqu’elles sont détaillées, et ils les considèrent comme absolument inadmissibles dans les textes dits « scientifiques ». C’est pour cela que les économistes sont impuissants à comprendre et prévoir quoi que ce soit.
Marx a partagé avec ses adversaires idéologiques (l’école classique de l’économie politique) l’approche de recherche basée sur les simplifications et abstractions. De cette façon il a contribué à l’établissement de la néfaste tradition mentionnée ci-dessus de la discipline économique. La méthodologie qu’il a utilisée en rédigeant Le Capital se résume dans sa célèbre phrase : « L’analyse des formes économiques ne peut, en outre, s’aider ni du microscope, ni d’aucun réactif chimique. Il faut les remplacer par la force d’abstraction » (Le Capital, Livre I, PUF, 1993, p. 4). Marx était pris dans les visions scholastiques de son temps en partageant avec John Stuart Mill la conviction de l’impossibilité de l’approche expérimentale dans le domaine économique (Idem). Comme les autres représentants de l’école classique, il croyait profondément dans l’existence des « lois naturelles » dans le domaine économique. Le Capital de Marx est une œuvre dans une grande mesure scholastique visant à « prouver » l’existence de l’exploitation de la classe ouvrière par la bourgeoisie et non pas à chercher les rouages du fonctionnement du système pour les changer de façon constructive et non pas destructive. Comme Schmoller le soulignait à plusieurs reprises, les « lois naturelles » de la vie économique n’existent pas. En croyant aux lois naturelles, Marx ne comprenait pas les sources des régularités dans la vie sociale : les règles (les institutions) et les croyances derrière ces règles. Gustav Schmoller était apparemment le premier à avoir compris que les économistes doivent étudier les règles et les croyances des acteurs pour comprendre le système économique et prévoir les résultats de son fonctionnement (comme par exemple la crise actuelle).
Les divergences entre Schmoller et Marx, comme d’ailleurs entre Schmoller et d’autres représentants de l’école classique et plus tard néo-classique, peuvent être actuellement résumées dans le tableau suivant (repris dans mon article en anglais p. 48).
Le matérialisme dialectique qu’utilisait Marx ainsi que le positivisme utilisé par l’école néo-classique rentrent tous les deux dans le paradigme moderniste/positiviste. Par contre, Schmoller et Commons étaient les premiers à proposer le paradigme pragmatiste/compréhensif. Dans le cadre de ce dernier paradigme, le changement social peut être présenté de la façon suivante.
Les transformations des institutions se déroulent suivant des cycles. Le fonctionnement des institutions provoque les réactions des différents acteurs qui s’expriment dans les idéologies ; les idéologies se font une concurrence d’influence, et pour une raison ou une autre, une de ces idéologies détermine le contenu d’une législation qui est créée pour résoudre les problèmes du fonctionnement des institutions ; la nouvelle législation influence (et non pas détermine) le fonctionnement des institutions avec les anciens et/ou nouveaux problèmes, et on revient au point initial du cycle. Une législation ne détermine pas le fonctionnement des institutions car les règles à la base des institutions peuvent être formelles et informelles. Pour comprendre les complémentarités des règles formelles et informelles ou les rejets des règles formelles par les règles informelles, il faut analyser la dynamique de ces liaisons car les réalités socio-économiques ont une grande force d’inertie. Ce sont les générations précédentes qui déterminent dans une grande mesure les règles du fonctionnement des institutions pour les générations futures. Schmoller et Commons étaient profondément impliqués dans les changements socio-économiques de leur temps en influençant les législations nationales de leurs pays respectifs.
Dans le paradigme moderniste/positiviste les résultats attendus sont la détermination des liaisons quantitatives, la confirmation ou le rejet des théories ou des hypothèses. Par contre, dans le cadre du paradigme pragmatiste/compréhensif, les résultats sont interprétatifs, holistiques, descriptifs (descriptions riches, « thick descriptions » suivant Clifford Geertz), et la théorisation est ancrée dans les données. C’est vraiment votre façon de travailler. Mais Schmoller et Commons sont accusés de se concentrer sur les descriptions et de négliger les théories. Effectivement, les deux négligeaient la création de théories a priori qui ne sont pas basées sur l’étude détaillée de la réalité économique.
Pour revenir à Marx, celui-ci n’avait pas compris le rôle de la bourgeoisie dans la société industrielle, d’où sa position en faveur de la liquidation de la bourgeoisie. Si on peut se poser la question de l’utilité sociale de la bourgeoisie financière, on ne peut dénier l’utilité de la bourgeoisie industrielle et dans une certaine mesure de la bourgeoisie marchande. Le changement social chez Schmoller and Commons est un changement institutionnel dans tous les détails, et non pas un changement dichotomique : propriété privée ou collective des moyens de production. Marx et Schmoller-Commons donnent deux réponses différentes à « la question sociale » (on a appelé de cette façon à l’époque la nécessité de l’amélioration de la situation de la classe ouvrière). Marx prônait la révolution orientée vers la disparition de la bourgeoisie, et Schmoller-Commons qui se rendaient compte de l’utilité sociale de la bourgeoisie, étaient en faveur de la réforme, c’est-à-dire du changement partiel et graduel qui pouvait aboutir à des résultats radicaux. Les réformes qu’ils ont influencées avaient comme résultat la création de vastes systèmes de sécurité sociale qui existent toujours en Allemagne, mais qui ont été presque complètement supprimés aux Etats-Unis durant les dernières décennies. En écoutant attentivement votre discussion avec Jean-Claude Casanova, j’avais l’impression que vous partagez l’idée de la nécessité du changement ciblé et graduel.
A mon grand regret, vous avez raison en disant que « Un spectre hante la science économique et c’est le spectre de Karl Marx ». La crise a effectivement provoqué la hausse des ventes de ses œuvres, mais elles sont pratiquement inutiles. Marx a bien rendu compte de l’existence de l’élément prédateur dans la nature de la bourgeoisie, mais il n’a pas compris son potentiel créatif, et qu’au lieu de la supprimer, il conviendrait de la brider et de l’encadrer pour qu’elle ne conserve que ses capacités créatrices.
Très souvent, la science est définie comme l’ensemble des connaissances. Cette définition n’est pas correcte pour les sciences naturelles car la science n’est pas statique, mais c’est un processus, une activité d’obtention des connaissances sur la réalité. La réalité socio-économique est tellement changeante que la définition de la science comme ensemble des connaissances mène à son autisme. Pour Schmoller et Commons, la science économique était une activité visant à la compréhension contextuelle de la réalité socio-économique, c’est-à-dire dans le contexte national et historique. Dans la réalité économique, il est vain de chercher des régularités universelles (pas trop abstraites pour être utilisées par les pratiques réformatrices) ; ces régularités sont toujours contextuelles. Pour évaluer la contribution de Schmoller et Commons à la science économique, il ne faut pas s’adresser à leurs textes théoriques qui sont dépassés, mais à leur méthodologie de recherche qui a donné des résultats pratiques très importants et qui est toujours très actuelle. L’opinion unanime de tous ceux qui étudiaient sérieusement l’héritage de Commons indique qu’il n’y avait pas à l’époque d’autre économiste qui ait autant influencé positivement la vie socio-économique américaine. Schmoller et Commons s’exprimaient ouvertement contre la science économique qui a la prétention de découvrir des lois universelles valables partout et toujours. L’autre science économique que je prône dans mon article est également orientée non pas vers la création de nouveaux projets sociaux (utopies – j’utilise ce terme dans le sens que vous avez utilisé dans votre discussion avec J.-C. Casanova), mais vers la compréhension profonde de la réalité économique (en mouvement) et vers l’accompagnement scientifique des réformes. A ce sujet, Michel Callon et Bruno Latour disaient : « Pour parodier un mot de Marx, on pourrait dire que « les philosophes (ou les économistes) n’ont fait jusqu’ici que transformer le monde, il s’agit maintenant de le comprendre » » (Le capitalisme aujourd’hui, La Découverte, MAUSS n°9 : 45).
À l’heure actuelle, la recherche économique est considérée comme la création de théories a priori et l’enseignement économique comme l’acquisition de la connaissance de ces théories. Mon article oriente la réforme de la recherche et l’enseignement économique vers l’application de la méthodologie de Schmoller-Commons. La réforme doit favoriser les économistes « investigateurs altruistes » qui travaillent comme « anthropologues/historiens ». Dans mon article, ces qualifications font partie de la classification bidimensionnelle des économistes académiques du point de vue de leur méthodologie et de leurs valeurs professionnelles. Du point de vue méthodologique, les « philosophes/mathématiciens » appliquent les méthodes a priori ; les « économétriciens/statisticiens » sont liés aux premiers en utilisant leurs modèles pour donner des explications et faire des prévisions sur la base des données purement quantitatives ; les « anthropologues/historiens » utilisent les interviews, l’observation participante, la recherche action et différents types d’analyses des données qualitatives et quantitatives contemporaines et historiques. Du point de vue de leurs valeurs professionnelles, on peut distinguer : les « artistes » qui apprécient beaucoup la beauté de leurs produits académiques et qui pensent que la profession d’économiste académique est une profession comme toutes les autres, et que faire leur travail comme il le faut signifie répondre aux attentes de leurs employeurs, clients et collègues ; les « marchands » qui pensent que l’économiste universitaire doit suivre attentivement les directions de la production académique à la mode, qui permettent d’obtenir des financements, d’être bienvenus dans les revues professionnelles, les conférences et séminaires, et qui doivent orienter leur production académique afin de mieux la « vendre » ; et enfin les « investigateurs altruistes » pour qui l’étude des réalités économiques afin de les comprendre représente la valeur suprême, et les récompenses matérielles pour cette activité sont secondaires.
John Commons travaillait comme « anthropologue/historien » : « Il était en contact, d’une part avec les ouvriers, et d’autre part avec les dirigeants d’industrie. Il frayait avec toutes classes de personnes. Il présentait dans le cadre de ses cours à ses étudiants des personnes […], qui étaient considérées comme de très dangereux extrémistes. Pour lui, ces personnes n’étaient simplement que des types humains, avec qui ses étudiants devaient faire connaissance face à face. D’autre part, il était tout simplement soucieux de faire connaître à ses étudiants des capitalistes et des capitaines d’industrie. Il pouvait admirer un leader syndicaliste ; il pouvait comprendre le simple travailleur et il avait une grande admiration pour les grands capitaines d’industrie. Afin de comprendre leur point de vue, il est devenu membre de la Commission Industrielle de l’état du Wisconsin en se mettant en congé de l’Université » (Richard T. Ely, professeur de Commons qui a importé aux Etats-Unis la façon de « faire la science économique » lancée par Schmoller et ses prédécesseurs de l’école historique allemande). Pour apprécier son travail comme historien, on peut notamment se référer à son livre « Legal Foundation of Capitalism » et à ses quatre volumes intitulés « History of Labor in the United States ». Commons était également un « investigateur altruiste » : « Il invitait ses étudiants à consacrer leur vie à l’amélioration de notre mode de vie démocratique et de notre économie de la libre entreprise, pour lesquels il développait en eux non seulement une profonde admiration, mais aussi le sentiment que l’idée américaine est celle du progrès continu. Comme cela est fréquent chez les jeunes gens, de nombreux étudiants de Commons étaient insatisfaits de l’état de fait. Mais à l’issue de son enseignement ils devenaient des hommes cherchant à améliorer ce qu’ils pensaient fautif, mais sans pour autant détruire notre structure politique, économique et sociale. Commons leur enseignait qu’ils doivent connaître à fond les faits et faire des propositions réalisables visant des améliorations. Il leur disait non seulement d’étudier tout ce qui était écrit sur un sujet donné, et de raisonner logiquement sur cela, mais de faire leurs propres observations, et de penser plutôt en terme de remèdes qu’en terme de critiques, et d’apprendre à partir des personnes directement concernées ». (Edwin E. Witte, élève de Commons, qu’on appelle souvent « le père du système de la sécurité sociale américaine »).
Les « investigateurs altruistes » ne pourront pas « s’arranger entre eux » pour ignorer la réalité économique, et pour eux il n’y aura pas de danger de « refoulement ». Je pense que nous pourrions contribuer d’une façon ou d’une autre à l’apparition d’une autre communauté d’économistes, pour qui ce type de refoulement n’est pas possible.
Amicalement,
Vladimir Yefimov
Le 29.12.2009
64 réponses à “« Pourquoi les économistes n’ont-ils pas prévu la crise ? », par Vladimir Yefimov”
@ jeannïmes
Autant la position de M Yefimov est légère sur MARX, autant votre réponse l’est aussi .
Que Marx s’intéresse à la réalité empirique de l’économie n’est pas un argument pour décider du statut de ses concepts : on peut dire la même chose de DESCARTES qui faisait pourtant un « roman de physique » .
Maintenant et pour aller sur le fond, il faut dire trois choses des concepts de Marx .
Marx prétend que ses concepts sont des « abstractions réelles » ( « le » travail se substitue à un ensemble de travaux de qualifications différentes). C’est ce qui fait à la fois la force de son analyse ( effectivement « le » travail est une réalité institutionnalisée dans le « droit bourgeois » , c’est une abstraction réelle ;on pourrait dire la même chose de la monnaie, mais Marx ne le dit pas)
C’est aussi la faiblesse de son analyse (et de la vôtre) : Marx ne réussit à atteindre ces concepts que sur la base d’un eschatologie politico-économique fondée sur le concept de production matérielle et de rapports de production, détaillée dans l’idéologie allemande et reprise dans sa critique de l’économie politique ( textes qui seuls ont reçu de Marx le statut de références) . Puisque vous respectez l’expérience et le réel, vous n’êtes pas sans savoir que cette eschatologie s’est effondrée : sinon nous ne serions pas ici à parler de l’autonomie de la sphère financière et du déclin relatif de la sphère productive ! Cela annule en tout cas toute sa construction conceptuelle
Un dernier mot sur votre affirmation étrange « Ce qui au passage fait justice de ceux qui énoncent en toute liberté créatrice à propos de la pensée marxienne, que Marx ne tient aucun compte de la dimension institutionnelle « . Vous oubliez allègrement la différence entre la loi et l’institution qui est un (ensemble )de principes universels fondant la loi.
Marx ne nie pas la loi mais son fondement institutionnel (id est universel). C’est ce que veut dire le qualificatif de « loi bourgeoise » C’est la raison pour laquelle il sera aveugle à la dimension institutionnelle de la monnaie, entretenant le mythe de la monnaie marchandise – à l’instar de JS Mill, et de Hayek .
Maintenant Marx est tellement sujet a traitement affectif que vous pouvez toujours lire Marx : je vous recommande « la critique de la philosophie du droit de Hegel », vous pourrez constater de visu à quel point Marx rejetait les principes institutionnels auxquels vous êtes manifestement attachés
amicalement
Oui! L’eschatologie marxiste s’est effondrée dans les faits ( plus de classe ouvrière « consciente », plus de parti, échec de la capacité prédictive du marxisme ). Cet effrondrement du prométhéisme prolétarien est a dater historiquement et politiquement du renoncement des mouvements ouvriers socialistes et anarchistes devant la guerre de 14 qu’ils avaient promis de boycotter, et qui en avaient théoriquement les moyens humains au moins en Allemagne ( votes des crédits militaires, virage nationaliste ou disparition des anarchistes). A partir de là il n’y a plus de mouvement ouvrier indépendant c’est à dire international(iste).
Mais dans les têtes ce que vous évoquez de la morale marxiste aura encore beaucoup servi a auto justifier les totalitarismes d’inspiration « communiste ».
Ce mépris de la morale universelle ( et du droit) dont vous parlez y-est-il pour quelque chose ? On sent bien que oui, et pourtant les révolutionnaires revendiquaient une morale, une morale révolutionnaire… ( Cf Lénine et Trotski qui y reviennent souvent) de quel ordre était-elle ? Cette morale a-t-elle quelque chose à voir avec la « morale » étriquée du régime stalinien, assez bien reflétée par le PCF et les groupes trotskistes pur et dur ?
L’actualité du marxisme c’est bien cette absence de réponse, enfin à ma connaissance, cette absence de bilan sans concession, cette absence de perspective, ce silence béant…
Ce qui est étonnant dans le texte ici posté c’est qu’on a l’air de nous proposer le pragmatisme philosophique américain comme une perspective d’avenir, en science éco pourquoi pas je ne suis pas capable de le dire. Mais si c’est pour proposer une sorte de capitalisme raisonnable christo-compatible de bon père de famille…on en vient à regretter le rugissant Karl Marx.
M’enfin Karl Marx c’est un peut comme Freud, se sont tout eux des personnage qui ont su extraire les concepts important de leur science(domaine de recherche, serait plus juste) et les mettre a disposition du commun des mortels. Certes il n’ont pas tout compris ni tout analysé, mais ils ont su mettre en lumière des vérité que la réalité avait su nous cacher et que notre conscience n’avait su comprendre.
Perso je n’aime pas le communisme, mais je trouve que Marx et un génie, surtout pour son époque. La notre manque de génie c’est pour cela d’ailleurs que notre civilisation est en train de croupir.
Petite remarque de béotien.
Je pars du principe que les sciences débouchent sur l’affinement progressif de la « connaissance » et que leur but caché est de « prévoir ».
La science économique, si c’en est une, repose probablement sur des données chiffrées.
La façon pragmatique de prévoir l’avenir macro économique d’un pays ou du monde c’est d’analyser les datas, les mettre en courbes et de tenter de prolonger les courbes.
Les données fournies par les « offices, ministères, bureaux, instituts statistiques..etc » sont elles justes et non faussées?
Qui corrige les « variations saisonnières », qui lisse les chiffres de prix des produits de grande consommation, quel décret décide supprimer les ayants droits au chômage et à partir de quelle date.
Autrement dit quand les chiffres sont anciens ils reposent sur des bases de calcul périmées par de moins honnêtes et quand ils sont récents ils sont carrément faux.
Que font les économistes chartistes avec çà?
@tartar
Vous ne faites pas une remarque de béotien. Vous définissez le principe de ce qu’on appelle ici la science économique : c’est très exactement comme cela qu’elle fonctionne . Et par la même occasion vous expliquez aussi pourquoi les gens y ont cru : non pas parce qu’ils y avaient » intérêt » ou étaient manipulés, mais parce qu’on touche là à un problème culturel essentiel pour les pays occidentaux
Quant aux statistiques vous posez la mauvaise question. Bien sûr qu’elles ne sont pas truquées ! on n’est pas en Grèce (même si elles sont meilleures en France qu’aux US) . Le problème est le sens que l’on attribue aux données c’est-à-dire à la mesure que donne ces statistiques. Celui ci était très précis « avant » il tend à se diluer maintenant ( d’où le sentiment qu’on est manipulés). Mais cette dilution c’est redoutable ..
bonn année
@ Claude Roche
Merci Monsieur.
Un exemple d’interprètation orientée.
La « création » d’entreprise vue par les chiffres bruts d’inscription (simple imprimé à remplir) au statut d’autoentrepreneur.
Lagarde jubile…mais elle n’a jamais été économiste, c’est un super avocat d’affaires…meilleur que Sarkozy.
L’INSEE est-il complice?
http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20090318trib000356404/le-statut-de-lauto-entrepreneur-genere-une-forte-progression-des-creations-dentreprises.html
Ce blog est d’un niveau incroyable. J’ai de plus en plus de mal à lire les media mainstream, le Monde, Le Figaro, L’Obs et compagnie. Si je les lis encore ce n’est que comme selection de dépeches AFP et pour prendre la température des faiseurs d’opinion.
Bravo à vous. Continuez.
à Claude Roche
Ma réponse n’était pas légère, même si elle était rapide et écrite en partie sous le coup de la colère de voir une méconnaissance aussi profonde de la pensée marxienne déguisée dans des oripeaux que Marx n’a cessé de dénoncer et de mettre en charpie avec une joyeuse férocité !
Certes, je n’ai pas fait une thèse, j’ai simplement prolongé la lecture de la préface à la première édition du Capital pour montrer qu’en allant quatre lignes plus loin, Marx dénonçait lui-même la lecture que l’auteur en faisait. Cette intention était entièrement polémique et je l’assume : il n’est pas possible d’aller au fond dans un débat où l’une des parties est aussi défaillante. Quand je ne sais pas, que je n’ai pas lu et pas étudié, je me tais.
Par ailleurs, malheureusement, il ne suffit pas de lire les quelques milliers de pages de KM accessibles en français et plus ou moins bien traduites encore, faut-il aussi en comprendre la logique… Et je ne prétends pas avoir tout compris.
1/ Cependant, quand vous écrivez : « Que Marx s’intéresse à la réalité empirique de l’économie n’est pas un argument pour décider du statut de ses concepts : on peut dire la même chose de DESCARTES qui faisait pourtant un « roman de physique ». »
Je ne suis pas sûr de bien comprendre l’analogie : Descartes n’a pas fait de la bonne physique ? La Dioptrique et autres études sur les leviers, ce n’est pas de la bonne physique ? Du roman seulement, hum !
Mais pour Marx, je répondais à un argument qui était que Marx n’avait fait que de l’abstraction (c’est-à-dire des raisonnements a priori sans souci des faits, dans l’esprit de l’auteur) et qu’il se fichait des données économiques (au mieux) et qu’il les faisait entrer de force dans ses idées (au pire). Je n’ai rien dit à ce point du statut de ses concepts, j’ai seulement rappelé que Marx avait fait au contraire une extrême attention aux données et qu’il « tannait » Engels pour que celui-ci lui donne les vrais chiffres qui lui servaient à diriger son entreprise (cf. leur correspondance sur des décennies). Ceci dit, énoncer que les concepts de KM étaient des scholastiqueries, c’est un peu injurieux pour un homme qui « a sué sang et eau » (j’ajoute pour pas un rotin, si ce n’est pas de l’altruisme, ça !) pendant des décennies pour arriver à renverser la conception classique de l’économie politique qui part toujours (comme aujourd’hui) de la « naturalité » du capitalisme et donc de l’éternité du mode de production capitaliste. Qu’au passage, KM ait dû inventer une nouvelle approche de l’histoire, en rupture complète avec celle pratiquée à son époque, n’est pas un mince acquis préliminaire ! L’auteur que je critiquais nous ramène donc à une pensée pré-marxienne. Comme dépassement, on peut faire mieux.
2/ Sur le fond vous écrivez : « Marx prétend que ses concepts sont des « abstractions réelles » ( « le » travail se substitue à un ensemble de travaux de qualifications différentes). »
Nous sommes effectivement là sur le fond de la compréhension des concepts marxiens. Mais il faut être beaucoup plus explicite pour ne pas faire de confusion entre l’abstraction comme mode de pensée et le « travail abstrait ». KM énonce en effet que peu importe les qualités et la quantité de la force de travail concrète qui produit une marchandise : c’est le temps de travail socialement nécessaire qui est seul pris en compte dans la valeur de la marchandise. Que l’ouvrier soit adroit ou non, qu’il travaille vite ou non, n’a pas d’importance. Ce qui compte c’est en quelque sorte la statistique moyenne du temps de travail nécessaire qui neutralise, à une époque donnée, toutes les différences concrètes dans la production de cette marchandise. Cf. les exemples longuement détaillés sur l’introduction du métier à tisser qui divise par deux le temps de tissage artisanal et donc divise par deux la valeur du tissu que l’artisan continue de tisser sur son métier.
Cela est bien connu, ce qui est moins compris, c’est que KM appelle « travail abstrait », ce temps de travail socialement nécessaire : abstrait parce qu’il ne tient pas compte des modalités concrètes du travail effectué en dehors de sa durée. Cela n’a donc rien à voir avec un mode de pensée (l’abstraction), si ce n’est de renvoyer au sens éthymologique. Le travail abstrait n’est pas un « travail pensé a priori », c’est la grandeur fondamentale qui donne la valeur de la marchandise dans le mode de production capitaliste. Il a fallu des années à KM pour parvenir à concevoir cette abstraction du travail et envisager ses conséquences. En particulier que le temps de travail concret qui produit la valeur d’usage de la marchandise reste toujours présent, au-devant de la scène et qu’il aveugle l’économiste classique. Et comble de complexité, ce travail abstrait cristallisé dans la marchandise va par l’intermédiaire de la valeur d’échange s’incarner dans un prix et donc dans la monnaie. C’est là que l’essence matérielle du travail abstrait apparaît. Cette matérialisation de l’essence du travail abstrait devient une chose réelle : la monnaie. Ces formulations sont donc plus complexes et impliquent davantage de concepts et de raisonnements (j’ai certainement un peu raccourci certaines étapes !) que d’énoncer que « <> » travail est une abstraction réelle ». Le travail dans l’analyse de KM est dédoublé par le mode de production capitaliste : travail concret (qui produit la valeur d’usage) et travail abstrait (qui donne la valeur). L’ouvrier, fier de son travail, fait référence bien entendu au travail concret… mais à la fin du mois, c’est son travail abstrait qui lui est payé par le salaire.
Ce qui est institutionnalisé dans le mode capitaliste, c’est le rapport salarial qui ne considère que la force de travail indépendamment de la valeur d’échange de ce que le salarié aura produit in fine. Ce rapport est l’objet d’un rapport de force qui s’inscrit dans la lutte des classes entre la classe de ceux qui ont le pouvoir d’acheter de la force de travail et la classe de ceux qui ne peuvent que vendre leur force de travail. C’est bien la force de la pensée de KM que d’avoir mis cela au jour !
3/ Ensuite vous écrivez : « Marx ne réussit à atteindre ces concepts que sur la base d’un eschatologie politico-économique fondée sur le concept de production matérielle et de rapports de production, détaillée dans l’idéologie allemande et reprise dans sa critique de l’économie politique… »
Cette fois nous quittons la scholastique, qui avait provoqué mon ire initiale, pour aller vers l’eschatologie politico-économique ! Donc si je comprends bien, KM voulait que tout finisse bien et il a construit un édifice de milliers de pages pour se convaincre que tout allait bien finir… les lendemains qui chantent, certainement. Or s’il y a une chose qui est bien à l’opposé de sa pensée c’est bien cela. De multiples références montrent qu’il énonce les conditions nécessaires d’un possible changement (développement des forces matérielles, mais surtout prise de conscience par la classe dominée, exploitée, de son statut réel et de la volonté de celle-ci de lutter pour renverser l’ordre des choses du mode de production capitaliste). Mais ce « possible » changement n’a rien de déterminé, KM le dit à de multiples reprises. Si bien qu’il énonce que « Pour nous, le communisme n’est ni un état de choses qu’il convient d’établir, ni un idéal auquel la réalité devra se conformer. Nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses. Les conditions de ce mouvement résultent des données préalables telles qu’elles existent présentement.” Si vous appelez cela de l’eschatologie, c’est que mon dictionnaire philosophique est nul. Et cela n’annule en rien l’efficace de la pensée marxienne. La sphère financière n’est pas plus autonome que l’Etat ou le Droit. Quant « au relatif déclin de la sphère productive » nous en reparlerons si, la crise s’amplifiant, les pénuries viennent à augmenter, ce qui est déjà le cas dans de nombreux pays (plus d’un milliard d’humains souffrent de malnutrition).
4/ Autre affirmation en contre-argument de ma réaction initiale : « Vous oubliez allègrement la différence entre la loi et l’institution qui est un (ensemble )de principes universels fondant la loi. Marx ne nie pas la loi mais son fondement institutionnel (id est universel). C’est ce que veut dire le qualificatif de « loi bourgeoise ». »
Le principe de la mauvaise abstraction est de transformer des mots en entités transcendantes… C’est quoi « l’institution » ?
Quelle mission a-t-elle ? A quelle époque ? Qui la dirige ? Pour quels objectifs concrets manifestes ou implicites ? Dans quels rapports sociaux s’inscrit-elle ? Dans quels rapports de force est-elle née ? Idem pour « la loi »… montrez-moi une « la loi » que je la lise ! Que fait KM devant des abstractions vides de sens ? Il dit que ce sont des productions idéologiques au service des dominants. Notre responsabilité d’intellectuels n’est pas justement de sortir de cette allégeance aux idées dominantes, même si cela fait mal ?
Vous pensez préciser cette abstraction en énonçant que « l’institution est un ensemble de principes universels », mais cela revient à définir une mauvaise abstraction par une autre mauvaise abstraction : ils disent quoi ces principes universels ? Que les patrons ont la liberté d’exploiter leurs salariés jusqu’à ce que mort s’en suive ? Car c’est bien de cela qu’il est question, et tant que ce principe sera inscrit au fronton des bourses et des entreprises, soutenu par les lois de notre pays et d’ailleurs… nous serons dans la préhistoire de l’humanité, celle qui ne sait pas gérer démocratiquement son économie pour que l’ensemble des humains puissent vivre décemment, se développer et s’émanciper de toutes les dominations et discriminations en même temps que de l’exploitation. Ce n’est pas de l’eschatologie, ce n’est pas un état idéal, ce sont des actions concrètes à mener aujourd’hui, sans savoir si elles vont réussir à ouvrir des possibles.
5/ Vous abordez un point plus technique ensuite : « C’est la raison pour laquelle il sera aveugle à la dimension institutionnelle de la monnaie, entretenant le mythe de la monnaie marchandise – à l’instar de JS Mill, et de Hayek . »
Je ne sais pas d’où vient cette définition de la monnaie comme marchandise… je ne connais que celle qui dit que la monnaie résulte de la nature même de la marchandise « elle est la forme phénoménale nécessaire de la mesure immanente de la valeur des marchandises, c’est-à-dire du temps de travail ».
(Langage technique qui n’est pas aisé à saisir du premier coup… il faut un peu transpirer dessus ! Mais « forme phénoménale » signifie l’apparence, et « mesure immanente de la valeur » renvoie à la grandeur de la valeur propre des marchandises, KM installe dans ses définitions un rapport dialectique entre forme nécessaire et processus (eux-mêmes contradictoires) qui constituent l’essence du phénomène, de la marchandise en l’occurrence)…
Les trois fonctions intriquées de la monnaie sont : étalon des prix, moyen de circulation et réserve de valeur… Mais attention KM parle de la monnaie, en particulier dans le mode simple ou élargi de circulation dans la société marchande, il ne définit pas alors le capital-argent, spécifique du mode de production capitaliste. Je ne peux que m’étonner de la référence à Hayek, car vraiment ce n’est pas la même perspective…
6/ Je n’ai pas relu récemment « la Critique de la philosophie du droit de Hegel », mais si j’ai laissé penser que j’étais en opposition avec les conceptions générales de KM, c’est que je me suis mal exprimé ! Ce qui ne veut pas dire que je considère que KM a tout dit et tout bien… je répète, pour moi, il faut le lire, le comprendre, le corriger et le développer. Mais pas le traiter en chien crevé.
J’ai essayé de répondre aussi précisément que je pouvais à vos diverses remarques. Peut-être vivement parfois, mais cela n’enlève rien au respect que j’ai à l’égard d’interlocuteurs honnêtes.
@ jean nîmes
Et tout d’abord mes meilleurs vœux à tous
Que vous soyez énervé montre que j’ai au moins touché juste en parlant d’affectivité à propos de Marx ! Ceci dit sur un tel blog on ne peut accuser son contradicteur de ne pas connaître Marx quand on écrit « je ne sais d’où vient cette définition de la monnaie comme marchandise » (elle vient de la critique de l’économie politique et du capital, NDLR)
Mais merci quand même de prendre la peine de me répondre
Je vous reprends donc synthétiquement sur vos 5 points pour ne pas polluer le blog
1/ C’est M Yefimov qui parle de scolastique pour Marx pas moi : effectivement il a tort, mais il s’inscrit dans un courant qui a eu le mérite de répondre à l’idéologie allemande. Donc on lui doit le respect. Quant à l’expression « j’ai fait un roman de physique », elle est de Descartes lui-même .
2/ on peut le dire comme cela en effet
3/ L’expression « eschatologie politico-économique « désigne effectivement la thèse que vous résumez en parlant du « communisme comme mouvement réel ». Mais la citation que vous faites est superficielle et oublie son véritable fond qui est l’affirmation sur la contradiction entre le développement des forces productives et des rapports de production. Si vous avez mon âge vous savez que les gens qui ont essayé de nier l’effondrement empirique de cette « ontologie marxiste » se sont enfoncés dans le ridicule. Et ce serait abaisser le niveau de ce blog que de reprendre ces débats pénibles. Je me contenterai de vous la faire sur le mode des supporters du PSG « mais elle est où la classe ouvrière ? elle vote Sarkozy ? «
4/ et 5/ Vous visez juste et votre attaque des droits de l’homme est effectivement correcte d’un point de vue marxiste. Marx y nie simplement la validité de la démarche universaliste de la philosophie politique « bourgeoise » c’est-à-dire celle de Locke (le père spirituel de nos Lumières ) et Kant leur fils spirituel. Outre que cette attaque est quand même difficile à avaler 80 ans après le Goulag, je vous réponds simplement que c’est précisément cette position de Marx qui est la cause logique de son incompréhension des réformes des institutions monétaires qui se développent sous ses yeux ( sachant que nous nous discutons de ses conséquence ! ) . Marx ne voit même pas que Ricardo en est l’inspirateur.
C’est la base de ma réfutation du Capital de Marx : sachez tout de même qu’elle a reçu tous les sacrements de l’église ( la vôtre ! ) et que dans mon école doctorale nul n’a été capable d’y répondre (mais rassurez vous : en France cela ne trouble personne)
Je serai donc vraiment très honoré que vous preniez la peine de tenter une telle anticritique comme aura dit Rosa. Je vous donne donc mon mail : claude.roche@isen.fr
Amitiés
P. S . Quant à la proximité de Marx et de Hayek elle vous apparaîtra plus évidente si vous relisez Hayek ( par exemple prix et production). Vous pouvez aussi vous renseigner sur Popper, l’ami politique de Hayek et l’épistémologue « officiel » de la corporation des économistes : vous y verrez des choses surprenantes !
à tous
Meilleurs voeux pour 2010, je crois que nous allons en avoir besoin ! Sans être crisophile, même si beaucoup de choses pouvaient changer radicalement pour arrêter ces politiques de Gribouille, le plus tôt serait le mieux !
à Claude Roche
Merci de vos voeux et recevez les miens en retour.
Je suis d’accord pour continuer le débat hors de ce blog dont il me faut remercier l’accueil et que jusqu’à présent je n’avais pas tenté de squatter par des placards aussi longs…
Presque hors sujet.
Mais comme Fannie et Freddie sont nationalisés autant dire que le Pentagone « renationalise » aussi l’armée de terre.
Les milices privées comme Baes et Blackwater perdent-ils leurs contrats?
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/12/23/AR2009122302972.html
On dirait comme une crise?
Est-ce que le ou la « Tea Party » est un nouveau parti et influencera-t-il les démocrates?
Pour alimenter la libido des « Crise-iophiles » de ce blog , je vous livre ci-dessous un viagra très efficace pour vos « nuits de mort » 2010 … vous en conviendrez, les « courbes » de vos maitresses sont cette fois peu sexy, puisque leurs « chute » nous précipiteront définitivement dans une chasteté pour quelques années …
Bonne lecture ….
http://www.neuralnetwriter.cylo42.com/node/2497
Beau texte sur la forme, sur le contenu, contrairement à certains, je ne lui accorde qu’un froncement de sourcil.
Lisez entre les lignes, les mots accolés à Marx, Marx ayant cru que l’économie est naturelle, allons donc. Celuis qui n’a pas cessé de vouloir changer l’économie aurait pensé que ses règles étaient naturelles… J’ai peut-être un survolé le texte trop long, mais j’en ai vu les passages les plus saugrenus.
Concernant le manque de fondement épistémologique, le manque de critères de vérité, le désir de vouloir à la légère supprimer l’objet dont il est question, la façon de vouloir tout brouiller, on se demande contre qui ce texte est écrit.
Bonjour et meilleurs voeux à tous,
Par rapport au sujet de ce billet, la « cécité » des « économistes » a été évoquée le 26/12 dans l’émission l’économie en question sur France Culture.
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/economie .
What kind of economics should we teach?
LSE public debate
Date: Wednesday 20 January 2010
Time: 6.30-8pm
Venue: Sheikh Zayed Theatre, New Academic Building, LSE, London, UK
Panellists: Paul Ormerod, Professor Geoffrey Hodgson; Professor John Sutton; Professor Albert Marcet
Chair: Professor Tim Besley
The recent global crisis has lead to questions being asked about whether the kind of economics being taught to students in leading economics departments was responsible for the widespread failure to predict the timing and magnitude of the events that unfolded in 2008. Critiques range from an absence of historical context in mainstream teaching of economics to excessive reliance on mathematical models. This panel brings together four leading economists to debate this issue and to discuss what changes in the economics curriculum and the way that it is delivered are desirable.
http://www2.lse.ac.uk/publicEvents/events/2010/20090120t1830vSZ.aspx
Pourquoi les économistes n’ont-ils pas prévus la crise?
Les economistes savaient bien que la crise était sous-jacente, prête à exploser. Ce qu’ils n’ont pas prévu, ou pas annoncé, c’est le timing. Il était évident qu’après tant d’années de hause des marchés, immobiliers notamment, la bulle ne pouvait qu’exploser. Mais personne n’était capable de nous dire quand et tous fermaient les yeux pour profiter le plus longtemps de l’envolée des marchés. Il faut aussi reconnaître que celui qui annonce la crise en période d’euphorie est perçu par les médias et par la société en général, comme un oiseau de mauvais augure, un rabat-joie entaché d’aigreur. Les économiste n’ont pas prévu la crise parce que la société ne voulait pas en entendre parler.
Ce texte est tellement erroné dans sa caractérisation du positivisme, de l’école néoclassique, de Marx, de la sociologie compréhensive que j’ai eu de la misère à le lire jusqu’au bout.
Les néoclassiques seraient des positivistes ?????? Depuis quand ? Les néoclassiques sont caractérisés par le recours systématique à la pensée déductive (au point ou Milton Friedman a déja soutenu que les faits ne comptaient pas, seul comptait la modélisation), alors que le positivisme se caractérise par UNE CRITIQUE de la pensée déductive et le recours à l’induction (qui est le contraire de la déduction).
De même Schmoller et l’école historique économique allemande se caractérisent par le positivisme, alors que dans le texte ici ils s’y opposent… allez y comprendre quelque chose ! L’auteur aurait intérêt à lire Émile Durkheim, La science positive de la morale en Allemagne, ou celui-ci traite de Gustav Schmoller et de son école, ainsi que Les
règles de la méthode sociologique, ou celui-ci défini l’opposition entre la méthode déductive et la méthode inductive.
De même, classer Marx parmi les positivistes, tout en lui reprochant d’être déductif, c’est carrément de l’abus. Si Marx n’est pas positiviste, dans le sens ou il reconnait la nécessité de l’abstraction pour pouvoir saisir la totalité, il n’est pas non plus déductiviste, car il reconnaît la nécessité d’effectuer un « retour de l’abstraction à la réalité ». En plus, Marx ne peut être en aucun cas accusé, comme le fait le tableau, de ne pas prendre en compte la totalité. Sa démarche dialectique est entièrement basée sur la subsomption des catégories sous la totalité.
Je n’ai pas le temps de faire une critique plus approfondie, mais ces quelques faits connus de n’importe quel sociologue devraient au minimum mettre la puce à l’oreille à votre public: ce texte, c’est vraiment n’importe quoi.