Il vient un âge où l’on peut dire comme ça, sans sourciller : « Remontons trente-six ans en arrière ». En être arrivé là présente certains avantages, comme le fait d’avoir lu beaucoup de livres intéressants ou vu des pays qui ne ressemblent pas aux livres qui les décrivent, et certains inconvénients, comme des articulations qui font « crouï… crouï… », ou le fait d’avoir divers morceaux d’anatomie remplacés par des machins en plastique.
Ceci en guise d’introduction au fait que j’ai eu aujourd’hui le très grand plaisir de déjeuner en compagnie de Jo Le Hyaric, qui était maire de l’île de Houat dans le Morbihan en 1973 et 1974, à l’époque où j’y ai habité et m’y suis familiarisé avec le monde de la pêche artisanale. Avec Jo j’ai découvert en particulier les « métiers » de la crevette bouquet, du dragage des huîtres et des coquilles Saint-Jacques en eau profonde. Je conserve de la pêche avec lui le souvenir impérissable d’un congre kilométrique au sourire mauvais, échappé d’un casier à homards, ainsi que celui d’un énorme turbot dont j’ai bien cru qu’il allait me casser les doigts alors que je tentais de le maîtriser sur le pont du bateau.
Nous avons parlé des gens que nous connaissions. Trente-six ans, ça fait beaucoup de disparus, beaucoup de destins aussi ayant pris des tours invraisemblables.
C’est Françoise, la fille de Jo qui avait treize ans à l’époque, qui nous a permis de nous retrouver (l’internet facilite de telles occasions de renouer contact en un ou deux courriels). Jo m’a dit que les jeunes avaient abandonné la pêche : « C’est un dur métier ! ». Il ne m’avait fallu que deux ou trois sorties en mer pour m’en convaincre. Celles qui suivirent, ce fut pour approfondir : pour connaître les détails.
12 réponses à “Retrouvailles !”
Pour moi la photo est ok sur le site mais pas via mon lecteur de flux (google reader)
Et j’en profite pour saluer votre travail Paul !
« Die Zeit im Grund, Quin-quin, die Zeit,
die ändert doch nichts an den Sachen.
Die Zeit, die ist ein sonderbares Ding.
Wenn man so hinlebt, ist sie rein gar nichts.
Aber dann auf einmal,
da spürt man nichts als sie:
sie ist um uns herum, sie ist auch in uns drinnen.
In den Gesichtern rieselt sie, im Spiegel da rieselt sie,
in meinen Schläfen fließt sie.
Und zwischen mir und dir da fließt sie wieder.
Lautlos, wie eine Sanduhr.
O Quin-quin!
Manchmal hör ich sie fließen unaufhaltsam.
Manchmal steh ich auf, mitten in der Nacht,
und lass die Uhren alle stehen. »
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Renée Fleming ce soir, inoubliable (3sat)
Dans « Der Rosenkavalier », de Richard Strauss…
Par la grande Sena Jurinac:
http://www.youtube.com/watch?v=QJX7D_g7wYg
Et le plus beau moment d’opéra du XXe siècle, le trio final de la même oeuvre, par l’insurpassable Elisabeth Schwarzkopf (avec Sena Jurinac et Anneliese Rothenberger):
(Trio encore plus beau dans le disque mythique de Karajan en 1956, avec E.Schwarzkopf, C.Ludwig et T.Stich-Randall)
Belle amitié.
Et quelle superbe photo !
Photo très touchante: l’amitié survit au temps! Le métier de marin-pêcheur est effectivement très (trop) dur, mais il en est d’autres. Pensez-y, Paul, vous auriez pu tout aussi bien découvrir la nature du « rapport de forces » auprès des mineurs de fond de Marcinelles (côté belge) ou de Bully-les-Mines (côté français)!
C’est sympathique et émouvant. Que de changements en trente-six ans ! Alors en cent ou deux cents…
A Noël, il s’opère des miracles… C’est en cela que Noël devrait durer toute l’année. Mais il n’en fut rien. Orange, la marque phare de France Télécom, s’est emparée de l’aubaine (cf pub Orange)… en misant sur l’effet « miracle » d’un Noël qui durerait toute l’année… au prix de quelques vies trop fragiles. Ah…Lorsque les fonctionnaires commencent à trinquer! Le Père Noël, lui, se doit d’honorer ses objectifs, pas vrai? Et pourvu qu’il ne mette pas fin à ses jours, si du peu qu’il vienne de la fonction publique. Qu’en pense Jo?
Moi, ce qui me frappe et m’amène à revenir à cette photo encore et encore, comme pour m’y abreuver, c’est cette impression de vie pleine et dense, de chaleur, de qualité d’être et d’accomplissement qu’elle irradie. Merci à Paul Jorion de nous faire ainsi partager cette richesse, merci à Jo Le Hyaric et à tous ses semblables de continuer à rayonner et réchauffer le monde.
Moi je me demande bien pourquoi Paul Jorion tient « un chicon » ( une endive) dans la main droite . C’est une coutume luthérienne importée en Bretagne pour accompagner les coupes de Champagne ?
Le chicon figure de manière prééminente dans les armes de la commune d’Ixelles où j’eus l’honneur de naître (« trois chicons d’or et de sinople sur fond de gueules »).