« L’identité française » – Deuxième épisode : un souffle dans la manière d’écrire les choses

Ils donnèrent aux murs l’épaisseur des montagnes ;
Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer. »
Quand ils eurent fini de clore et de murer,
On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre ;
Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
L’œil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
Et Caïn répondit : « Non, il est toujours là. »
Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
On fit donc une fosse, et Caïn dit « C’est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre
Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.

– – – Victor Hugo

Vieil océan, tu es le symbole de l’identité : toujours égal à toi-même. Tu ne varies pas d’une manière essentielle, et, si tes vagues sont quelque part en furie, plus loin, dans quelque autre zone, elles sont dans le calme le plus complet. Tu n’es pas comme l’homme, qui s’arrête dans la rue, pour voir deux boule-dogues s’empoigner au cou, mais, qui ne s’arrête pas, quand un enterrement passe ; qui est ce matin accessible et ce soir de mauvaise humeur ; qui rit aujourd’hui et pleure demain. Je te salue, vieil océan !

Vieil océan, il n’y aurait rien d’impossible à ce que tu caches dans ton sein de futures utilités pour l’homme. Tu lui as déjà donné la baleine. Tu ne laisses pas facilement deviner aux yeux avides des sciences naturelles les mille secrets de ton intime organisation : tu es modeste. L’homme se vante sans cesse, et pour des minuties. Je te salue, vieil océan !

– – – Isidore Ducasse, dit « comte de Lautréamont »

Que je l’aimais, que je la revois bien, notre Église ! Son vieux porche par lequel nous entrions, noir, grêlé comme une écumoire, était dévié et profondément creusé aux angles (de même que le bénitier où il nous conduisait) comme si le doux effleurement des mantes des paysannes entrant à l’église et de leurs doigts timides prenant de l’eau bénite, pouvait, répété pendant des siècles, acquérir une force destructive, infléchir la pierre et l’entailler de sillons comme en trace la roue des carrioles dans la borne contre laquelle elle bute tous les jours. Ses pierres tombales, sous lesquelles la noble poussière des abbés de Combray, enterrés là, faisait au chœur comme un pavage spirituel, n’étaient plus elles-mêmes de la matière inerte et dure, car le temps les avait rendues douces et fait couler comme du miel hors des limites de leur propre équarrissure qu’ici elles avaient dépassées d’un flot blond, entraînant à la dérive une majuscule gothique en fleurs, noyant les violettes blanches du marbre; et en deçà desquelles, ailleurs, elles s’étaient résorbées, contractant encore l’elliptique inscription latine, introduisant un caprice de plus dans la disposition de ces caractères abrégés, rapprochant deux lettres d’un mot dont les autres avaient été démesurément distendues.

– – – Marcel Proust

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

– – – Arthur Rimbaud

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18 réponses à “« L’identité française » – Deuxième épisode : un souffle dans la manière d’écrire les choses”

  1. Avatar de olivier
    olivier

    un autre souffle dans la manière d’écrire les choses:

     » Je te quitte.

    La décision m’est inhabituelle. Il n’y a qu’à vérifier les statistiques : toutes les aventures dans lesquelles je m’engage finissent malgré moi. Normalement, c’est ma personne que l’on jette. En amour, j’ai beau me décrotter les pompes avant d’entrer, inévitablement l’autre m’expulse. J’ai l’abandon collé aux semelles. Les dissolvants n’y peuvent rien.

    Alors, parfois, j’anticipe. Je préviens les reproches et les explications inutiles. Je libère la chambre de mes partenaires au milieu de la nuit. Je pars en voleur. Je ferme la porte en silence et me protège ainsi des pourparlers du réveil, des bilans, des condamnations à l’exil. Je rentre à la maison. Les feux clignotent à l’orange. La voiture file tout droit. Cinq heures de sommeil dégoûté, et je me réveillerai dans un lit vide, fracassé mais tranquille. Le matin, je n’ai pas envie de me faire plaqué.
    (…)

    Aujourd’hui, je délaisse la chambre une fois de plus, sans regret, mais le temps qu’a duré notre union m’oblige à quelques explications. Sur la table de nuit, il y aura cette lettre. Puisse-t-elle réveiller ton corps.

    Nous nous sommes gâché trop de temps, donc j’irai vite. J’enclenche le compte à rebours. Je serai honnête. Pour la première et dernière fois, je gueulerai plus fort que toi. C’est à mon tour de hausser le ton. Car toujours tu brailles. Comment t’atteindre autrement que par le cri ? Mes tympans tremblent de peur. Je te déclare sécession bien que les préparations, je le sais, n’existent pleinement qu’à la condition qu’il y ait accord des deux parties, et je ne saurais comment réagir si tu me sollicitais à nouveau… Moi qui honnis l’abandon, oublierais-je, si tu me rappelais à tes côtés, empoignais ma faiblesse, oublierais que notre relation, concrètement, n’a pu se construire car tu n’exprimais pas tes véritables attentes et mentais, indubitablement, quant à ce que tu promettais de m’allouer en retour ?

    Soyons lucides : nous ne nous sommes pas aimés malgré notre obstination. Vaine lutte, vain résultat. Mes batteries se sont épuisées au travail des sentiments. Plus indulgent, plus volontaire, j’imaginais notre histoire fonctionner… Je paie cet excès d’orgueil : quelques minutes encore et je m’éteins. Tu ne m’entendras plus.

    C’en est fini, voilà.

    (…)

    Ces phrases, souvent je n’ose pas te les dire. Tous les jours, de retour à la maison, j’y pense : Je ne supporte plus ta gueule alors arrache-toi, Casse-toi ou bien c’est moi qui me tire car tu m’essouffles, Tu me détruis, Tu me bouffe, Tu me cernes, Tu me poursuis dans tes rues, tes trains et leurs pissotières, c’est la même traque, En permanence tu me cognes la tête et les os. Tu m’atrophies, Tu m’écrases, Tu m’annihiles. Combien d’années m’a-t-il fallu pour refuser mon masochisme ? Je t’ai endurer et je m’en veux. Je m’écoeure tant c’est inimaginable, la banalité avec laquelle j’ai accepté la chaise électrique que tu me tendais. Comment ai-je pu m’asseoir à la place du mort ? Comment me suis-je endormi dans le fauteuil que tu m’attribuais ? Comment ai-je accepté ts ordres ?

    Il ne fallait pas bouger ; je n’ai pas bougé. Il ne fallait rien savoir ; je me suis tu.

    (…)

    Je regrette. Pourquoi me suis-je asservi ? Tu connais ça : les femmes battues plaidant coupables. En l’espèce, la femme, c’est moi. Je partage la même honte et les mêmes bleus. A platte couture tu m’as battue. A plat je suis restée. Tout ne fut qu’insignifiance et culpabilité.

    Terre à terre, tout s’embrouille : étions-nous amoureux ? Etions-nous amis ? Nous connaissions-nous assez pour nous infliger ces coups ? Sous tes prétendues qualités de mère, étions-nous de la même famille. Es-tu seulement une mère ?Une patrie ?

    En admettant que je sois ton fils, ton comportement relève de l’infanticide. Les parents les plus ignobles n’oseraient torpiller leurs enfants comme tu le fais. Et les mômes les plus odieux n’imagineraient pas entreprendre contre eux la moitié de ce que nous préparons en secret. Tes prétendus gosses n’en sont pas. Mère patrie, de quoi tu parles ? Si tu nous retenais par le bras, nous te casserions les jambes. Si agenouillée, tu nous suppliais de rester, nous te cracherions dans les cheveux.

    Évidemment je t’accuse.

    Si seulement tu t’étais repentie… En contrepartie de quelques avantages, j’aurais toléré ta présence, là, sur mes papiers. Mais tu me harcèles. Chaque jour c’est la peur que tu m’achèves de ton couteau.

    Et le pire (c’est pour dire combien tu es vicieuse), le pire, c’est que tu me calmais, serinait de pieux discours. Patience et détermination. Tu ménageais mes angoisses. Optimisme et intégration. Puis, lorsque je craquais, tu me remboursais en médecins, pilules et cathéters. Mes peurs, c’était toi qui t’en chargeais. Toi qui me fournissais en anesthésiants. Toi qui me hantais avec tes images, ton visage, tes valeurs et tes discours à la con, quand je fermais les yeux tard le soir, les médicaments à portée de main. Tu réglais la note en bonne sœur. Mes anxiolytiques. Mon tramadol. Mes antidépresseurs. Ma codéine. Mes somnifères.

    Un coup…Une caresse. Tu me dégommais…Tu me tendais les béquilles. Celles-ci craquaient chaque fois alors que les rechutes coûtent une fortune en espoir. Tomber sept fois, c’est amoindrir les chances de se relever une huitième.

    Peu à peu, j’ai baissé la garde, persuadé qu’en dépit de tes paradoxes nous appartenions au même camp. Je consentais au vote de tes lois, ignorant la réalité de tes crasses. Je fermais les yeux, refoulais la violence de ton paysage délabré, mais profitant de mon désengagement tu me sabotais, et j’intégrais malgré moi le cadre de cette image piétinée.

    Toutefois, par un chanceux concours de circonstances, je supportais mon petit cas particulier. Je me défonçais tranquille et pour pas cher, je frôlais la banqueroute mais j’avais un toit et bénéficiais de quelques ressources : je veux dire la chance d’un langage, un début. C’est ça : bâtissant ma vie laborieusement mais sûrement, au milieu des autres, ces fameux « autres » que l’on dit en crise. Ce « tout le monde » au moral anémié. Ce « personne » en détresse.
    (…)

    Parle ! Combien d’années gaspillées ? Pourquoi es-tu en péril ? Combien d’anéantis ? Cherches-tu seulement à t’en sortir ? Et, puisque nos destins individuels rejoignent souvent le collectif, je me regarde le nombril : combien de temps perdu ? Pourquoi suis-je en danger ? Combien de gens ai-je détruits ? Vaut-il la peine que je m’en sorte ?

    Tu vampirisais mon âme (mon âme à moi, moi, moi, qui ne se plaignait pas de toi, qui agissait pour, jamais contre) pendant que je m’endormais en complice.

    Pourquoi tant d’années écoulées avant de renoncer à mon pays ? Comment ai-je pu cautionner tes idées, ton peuple et tes choix ? Tes mensonges, tes fanatiques et tes erreurs ? Demeurais-je en toi comme un petit soldat de plomb hypnotisé par sa baïonnette en plastique ? Redoutais-je d’éprouver une certaine peine en renonçant à mon dernier bien ? Avais-je peur de rompre un lien finalement nécessaire ? En vérité, ma décision intervient à ce moment où, dépossédé, l’on n’a plus rien à perdre.

    Sois fière de ta victoire : je ne compte plus ces jours assommés par la poussière qui tombe et tombe, infiltre mes pores et m’encroûte. Sous la crasse, rien que du vide. Quand je me tiens immobile et que j’ouvre les poings, je n’ai plus d’arme dans les paumes. Et lorsque la désolation secoue mon cœur endormi, il se rendort aussitôt.

    Quel courage ai-je évité ! Héros de personne, déserteur d’aucune armée, cloche sans clocher, je ne défends pas grand-chose sinon l’avenir du néant matériel, sentimental et spirituel depuis lequel je m’adresse à ton intimité. Aveugle dépouillé de sa canne, je ne t’épargnerai pas pour autant. J’utiliserai mon corps. Je le mettrai en mouvement.

    Je pars.

    Nous sommes des millions. Les chiffres sont parus dans le journal. À l’école, en entreprise ou dans nos chambres, les confidences s’échangent, ça ne parle que de ça. Nous renions en masse la mauvaise applications de tes valeurs et tes principes. Ton sang ne sera plus le nôtre.

    La solidarité habite notre camp. Grâce à elle, nous avons résisté à tes attaques. Cependant, nous ne la gaspillerons plus ainsi. Elle ne viendra ni t’obstruer, ni te détruire, ni te relever. Trop précieuse, tu n’en verras plus la couleur à moins que tu ne répondes.
    (…)

    Devons-nous garder le visage dans la boue ? Tendre la joue ? t’inciter à redoubler les coups ? Aujourd’hui, que faire sinon ramper vers ta sortie ?

    Chère France, je te quitte en espérant que tu saigneras comme jamais.

    Chère France, je te quitte en espérant n’avoir pas tout perdu de ma capacité d’aimer »

    de Ariel Kenig, « quitter la France »

  2. Avatar de Jaycib
    Jaycib

    Le souffle? Certes, mais il n’empêche pas les vers de mirliton (Hugo, La Conscience: « Et Caïn répondit: « Non, il est toujours là. » Au moins cent mille collégiens pourraient mieux faire…). C’est le problème de la Légende des Siècles: quelques sommets noyés dans un océan narratif plutôt banal et prosaïque. Il y a d’autres vers (?) du même acabit: « C’est ainsi que Roland épousa la belle Aude », « Donne-lui quand même à boire, dit mon père ») et j’en passe (par centaines). Au total, on envie l’Italie d’avoir eu Dante, ou l’Angleterre son Shakespeare. (Cf. Richard II, pourtant une pièce médiocre et bancale, mais avec une scène sidérante de chagrin infini: « Asseyons-nous sur le sol et contons-nous la fin lamentable des rois: ceux-ci tués à la guerre, ceux-là assassinés par leurs enfants… etc. ») Cela dit, il est vrai que les textes d’Hugo ont servi à fonder en grande partie l’identité culturelle des jeunes Français (et Belges francophones?). Est-ce un bien?

    En revanche, Rimbaud, cent fois oui. Inutile d’épiloguer, il suffit de lire et ça saute aux yeux comme à l’oreille. Mais il n’y a pas loin de l’enthousiasme à l’amertume: « je regrette l’Europe aux anciens parapets. » Et cette énigme lancinante: comment le plus grand poète de sa génération a-t-il pu zébrer les cieux comme un météore et tout plaquer ensuite? La « morale » qu’en tirent les bourgeois est que l’adolescence assoiffée de sensations et certaine de son génie cède au bout du compte à l’appât de la banalité marchande. Quoi? Finir dans le cabotage en mer Rouge serait-il un destin acceptable pour la plus grande voix du siècle? Sans vouloir faire de comparaison oiseuse, Beethoven, lui, a persisté malgré la douleur, l’isolement et la surdité — ses derniers quatuors en témoignent. Rimbaud voulait être héraut et héros d’une ère nouvelle. Sa retraite prématurée est un aveu d’échec.

    Du souffle chez Proust? Pfff… Oui, dans un certain sens: essayez de lire la Recherche à voix haute, et vous aurez intérêt à bien le reprendre, votre souffle, les phrases sont tellement longues qu’il y a de quoi s’époumoner. Tous comptes faits, Proust est bien l’artiste suprême du détail, mais A QUELLE FIN? Nathalie Sarraute avait peut-être raison: après Proust ne reste que le silence, ou à la rigueur l’exploration de ce qu’il y a entre les mots. [Curieusement, Proust me fait penser à Sarkozy: un talent fou au service de… rien. Chez l’un, un immense dévidoir succédant à une découverte qui n’en est pas une — l’affect et la mémoire jaillissant d’une madeleine trempée dans du thé. Tu parles, Charles! Et chez l’autre, un narcissisme infini, des pelletées de déclarations contradictoires débouchant sur une politique de « réforme » qui n’est en fait que de la déglingue pure et simple. Chacun dans son domaine, Proust et Sarkozy marquent la fin d’un monde: l’un épuise le champ du roman, l’autre celui de la politique. Ils sont parents: l’odeur de la mort plane sur leurs « oeuvres » respectives.]

    Je ne renonce pas à mon identité française. Ce qui est acquis est acquis. Mais on me pardonnera d’aller chercher ailleurs (dans Faulkner, Bellow ou l’inénarrable Philip Roth) ce qui fonde mon identité de citoyen du monde, ce souffle vital qui me permettra peut-être de contribuer à vos côtés à l’avènement d’un nouveau paradigme: celui qu’a ébauché Rimbaud, et qu’il n’a pas trouvé la force d’achever. Rassurez-vous, francophiles! Les lettres françaises ont tout prévu, y compris l’échec:

    Je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolé,
    Le prince d’Aquitaine à la tour abolie.
    Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé
    Porte le soleil noir de la mélancolie.

    (Gérard de Nerval, qui, comme pour bien faire, a fini par se suicider…)

    Allez, « tout est dit » (La Bruyère). Amen.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      Et non , tout n’est pas dit , et la querelle des anciens et des modernes est éternelle .

      Je redoute que « citoyen du monde » ne soit parfois une formule bien vague , facile et surtout lointaine ( comme délocalisée) pour se rassurer dans une autosatisfaction de bon aloi .

      Le monde a besoin de citoyens . L’école française lui en a proposé qui n’étaient pas dégueulasses . Il y a eu et il y a d’autres écoles .

      Ma citoyenneté commence et se nourrit dans mon quartier . Ne pas confondre action politique et club méditerrannée .

      Viva Campesina !

    2. Avatar de Jaycib
      Jaycib

      @ juan nessy

      C’est tout? Je ne crois pas entretenir la querelle des Anciens et des Modernes; en tout cas, rien dans mon commentaire ne me paraît l’indiquer, sauf la référence à La Bruyère, qui est une boutade. La question que je soulève est celle de l’échec et de la mort: elle me semble mériter qu’on s’y attarde un peu. Pour ce qui est d’être citoyen du monde, quand on a vécu dans trois pays différents (et pas pour des vacances!), on a le droit de prendre ses distances avec une tradition française qui est moins universaliste que ne le croient certains.

    3. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      j’avais effectivement percuté sur « tout est dit  » et La Bruyère .

      Pour le reste je crois que nous n’avons que deux appréciations distinctes :

      – la première c’est que si comme vous je vais chercher dans la littérature étrangère ( et pendant 15 ans en y allant travailler) de la richesse et de l’ouverture d’esprit , ça n’est pas pour être citoyen du monde , c’est pour enrichir ma citoyenneté tout ccourt et la mettre au service des regroupemnts de tous niveaux qui m’environne .

      – la seconde c’est qu’il n’y a strictement rien à attendre d’une prise de tête sur l’échec et la mort ( à part le suicide comme suite logique ) . Ma mort sera le dernier de mes soucis !

      Ite missa non est !

  3. Avatar de D Comme David
    D Comme David

    Le souffle moi j’appelle ça l’esprit, et quand je ne veux pas dire le mot et que ça colle je dis  »vent ». Pareil là dessus encore je suis très terre-à-terre, pour moi la geographie, le climat, la place sur la planête peut tout expliquer, j’ai lu Montesquieu trop jeune il m’en reste des marques.

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      C’est bien d’avoir lu Montesquieu ( et de le relire toujours ) même si ce que vous évoquez n’est pas forcément ce qui a le mieux résisté au grand  » vent  » du temps passé .

      Reste qu’à défaut de leur esprit , les peuples ont souvent eu l’histoire de leur géographie plutôt que celle d’Internet . Est ce encore le cas ? On nous promet qu’avec le réchauffement climatique ( quelqu’en soit la cause …!) , on risque de reparler de géographie ..et d’histoire .

      PS : le débat d’actualité sur la  » suppression de l’histoire -géo » en terminale S vaut qu’on s’y intéresse .

  4. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    Les « amours » ( de toutes natures) déçus donnent effectivement du souffle aux jeunes amoureux . Les romantiques ont donné des perles merveilleuses et révélatrices de l’âme humaine comme des romans de Dostoïevski .

    Mais , comme le chantait Brassens :

     » Jamais de la vie on ne l’oubliera , la première fille qu’on a prise dans ses bras , la première … »étrangère » à qui l’on a dit TU …. »

  5. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    La première étrangère avec qui je suis encore. On devrait toujours rester avec son premier amour a dit Houellebecq…

    La meilleur façon de ne pas oublier c’est de rester avec la personne. Et je crois que le lien est plus fort si cette pers. est étrangère, mais je n’ai pas pu le démontrer encore.

    J’approuve les choix de P. Jorion, on ne fait pas la moue devant Hugo, malgré son délire de gloire et d’érotisme comme on l’a dit, Il y a la « Légende des siècles » qui façonne un imaginaire, et Stella, et autres, ainsi qu’un texte contre les bétonneurs, toujours d’actualité.

    Enfin…

    Proust ou Joyce ? Joyce nous débarrasse de la narration pour le pur plaisir d’une langue où le sens est crypté, évanescent…

    Je n’aime pas trop Proust, et son système mnésique en général. Le temps perdu est perdu, et non retrouvé. Il a les défauts d’un auteur du Figaro, et trempe dans le symbolisme et son désespoir.

    De même, Gide est illisible aujourd’hui. Qui lit Paludes ? Seuls les adolescents qui y sont forcés.

    L

    1. Avatar de pablo75
      pablo75

      Gide illisible? Lisez ses textes critiques et trouvez-moi un critique littéraire de son niveau aujourd’hui en France…

  6. Avatar de Red spririt
    Red spririt

    Vous n’avez réclamé ni gloire ni les larmes
    Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
    Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
    Vous vous étiez servis simplement de vos armes
    La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

    Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
    Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
    L’affiche qui semblait une tache de sang
    Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
    Y cherchait un effet de peur sur les passants

    Nul ne semblait vous voir Français de préférence
    Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
    Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
    Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

    Et les mornes matins en étaient différents
    Tout avait la couleur uniforme du givre
    A la fin février pour vos derniers moments
    Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
    Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
    Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

    Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
    Adieu la vie adieu la lumière et le vent
    Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
    Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
    Quand tout sera fini plus tard en Erivan

    Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
    Que la nature est belle et que le coeur me fend
    La justice viendra sur nos pas triomphants
    Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
    Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

    Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
    Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
    Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
    Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
    Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

    Louis Aragon

  7. Avatar de Hervey

    Laconique, ce tag qui trône sur certains bâtiments public ne manque pas de souffle.
    Liberté égalité fraternité.
    A redécouvrir sous le vernis du temps.

    1. Avatar de Hervey

      Un véritable travail de « restauration ».

  8. Avatar de pablo75
    pablo75

    « L’identité française […] un souffle dans la manière d’écrire les choses ».

    Je trouve qu’il y a bien plus de « souffle » (quoique tout dépend de ce qu’on fait dire à ce mot) dans d’autres littératures que la française (l’anglaise -personne a plus de souffle que Shakespeare-, la russe, l’espagnole, l’allemande, la sudaméricaine, l’italienne même), mais admettant celui de Hugo, Rimbaud, Lautréamont, Chateaubriand, Céline ou Saint-John Perse (incontestables – contrairement à celui de l’asthmatique Proust, qui a construit une cathédrale littéraire – comme il la nommait lui-même- mais à voix basse, en chuchotant presque ses longues phrases), il est clair que dans la littérature française le souffle est bien plus rare que son contraire: la sécheresse analytique, l’intensité du style, la formule foudroyante, l’aphorisme (genre littéraire très rare ailleurs qu’en France). Quoi de plus français, et uniquement français, que Montaigne, Pascal, Malherbe, La Rochefoucauld, Racine, La Bruyère, Saint-Simon, Montesquieu, Chamfort, Rivarol, Constant, Stendhal, Flaubert, Baudelaire, Mallarmé, Bloy, Rénard ou Valéry?

    1. Avatar de D Comme David
      D Comme David

      c’est l’esprit qui souffle ou le vent si vous préferez, c’est ce que je dis.

  9. Avatar de AntoineY
    AntoineY

    Voilà ce qu’en dit le grand Misanthrope:

    « « La race, ce que t’ appelles comme ça, c’est seulement ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à cause de la mer. C’est ça la France et puis c’est ça les Français. » (Voyage au bout de la nuit)

  10. Avatar de AntoineY
    AntoineY

     » On devrait toujours rester avec son premier amour a dit Houellebecq…  »
    Tiens il recopie la Bible maintenant (cf « Apocalypse selon St Jean »).

  11. Avatar de deguisement

    Le débat sur l’identité qui aurait pu servir à nous projeter vers l’avenir en reconnaissant la diversité de la France, devient un débat sur la France et l’immigration qui menacerait son identité…
    Ce n’est pas ce débat que l’on nous disait vouloir ouvrir.

    De fait, le débat sur l’identité nationale est devenu vite embarrassant, faute pour les initiateurs de ce projet, d’avoir pris les précautions pour éviter les amalgames faciles et périlleux entre identité nationale, islam et immigration.

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  1. @ Hervey Et nous, que venons-nous cultiver ici, à l’ombre de notre hôte qui entre dans le vieil âge ?

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