Quelques réflexions sur l’état d’urgence, par Jean-Luce Morlie

Billet invité.

QUELQUES REFLEXIONS SUR L’ETAT D’URGENCE

Le barnum politico-financier de ces derniers mois fait affleurer l’idée que nos sociétés s’organisent comme un spectacle sur lequel nul n’a prise. Quelle est la raison de cette paralysie générale. S’agit-il de montrer que la crise financière fonctionne comme un théâtre et détourne l’attention tandis qu’à l’arrière-scène, des actifs tangibles changent de main grâce à l’argent public ? De cela, nous n’en n’avons jusqu’ici, guère parlé sur le blog, est-ce urgent ? De la même façon que l’établissement du prix ne fonctionne pas selon notre représentation de l’offre et la demande, mais sur le rapport de force entre personnes ou groupes sociaux, nous pouvons comprendre que le capitalisme est structuré à la façon d’un spectacle, avec précisément le même objectif, évacuer la perception des rapports de forces. La médiatisation par l’échange de « marchandises images », instaure un mode d’interaction dans lequel personne ne songe à monter sur la scène, mais se contente de siffler ou d’applaudir.

Comme au Grand Guignol

Les quelques derniers billets publiés sur le blog attitrent l’attention sur la dimension « spectaculaire » de la crise. De même que la présence d’une arrière-scène est une condition nécessaire au spectacle, la transparence et l’opacité des banques se renvoient l’une à l’autre, l’invisibilité des coulisses est nécessaire à la création de la visibilité de la scène. Sur le même mode, le réseau mondialisé des sociétés-écrans s’est-il tissé depuis quarante ans pour dessiner le paysage de la mondialisation. Le circuit caché de l’argent est devenu si serré que l’opacité de la Fed en parait « cristalline ». Autre point, la société du spectacle organise l’effacement de la mémoire, car si nous en avions la mémoire nous pourrions retourner son histoire contre elle-même, c’est ce que tente Jorion lorsque, de façon à contrer l’oubli, Jorion sort un taquet et signale l’état d’urgence.

État d’urgence ? Comme précisé ailleurs sur le blog, la crise met en évidence le fonctionnement normal du cours des choses. Le « panel » diamétralement opposé du sénat américain relativement au « contrôle » ou l’autonomie de la Fed ouvre ainsi largement le champ du curseur, mais du même coup entérine le fonctionnement de la Fed comme metteur en scène économique. Appliquer l’image du spectacle à la société serait-il trompeur ? Poussons plus loin. Comme au Grand Guignol, nous ne savons plus ce qui fait notre plaisir, frissonnons-nous de peur feinte ou d’admiration pour les grosses ficelles qui nous font trembler. Et ne me dites pas que la crise ne fonctionne pas comme un spectacle ! Quand les peuples montent-ils sur la scène pour empêcher « le vilain de faire du mal à l’innocente » ? Avons-nous une autre explication à la paralysie qui nous saisit tous et toutes.

Comme semble l’indiquer l’enlisement de cet empire de résidences de luxe construit sur la Costa Del Sol non pas pour être habité, mais comme « image support » dans un jeu spéculatif, ceux qui tiennent l’arrière-scène ne tiennent pas pour autant toutes les ficelles bien en main, ils ne complotent pas mais s’agitent en désordre pour bâtir des simulacres si contraignants que ceux-ci sont devenus plus réels que le réel, parce que plus contraignant encore que le réel. Par renversement, ce monde de « cloporte spéculateurs » est devenu esclave de la reconduction du spectacle, c’est le prix de leur tranquillité dans l’ombre de leurs tapis épais. C’est leur vie, pas la nôtre. De la façon dont ils tissent leur business, nous ne connaissons rien nous nous en rendons compte aujourd’hui ! Nos deux mondes se sont absolument séparés, mais pourtant sont absolument unis dans cette séparation (d’autant plus qu’eux et nous vivons sur une même planète en danger, ce qui paradoxalement conduit à une sorte de fusion d’intérêts de classes).

Genèse et actualité du « spectaculaire »

Bref rappel des épisodes précédents. Les communistes capitalisaient la colère des déshérités pour la canaliser en violence révolutionnaire. Curieusement, ça n’a pas marché, sauf pour les quelques-uns qui au nom du peuple assumaient l’occupation des anciens palais et de cette position organisaient le spectacle de l’avenir radieux.

Dans les démocraties à l’occidentale, tandis que les banquiers d’Hollywood traçaient la direction, et à défaut d’avoir la moindre idée de comment construire une société fraternelle, mais aussi pour conserver leurs places dans celle-ci, nos amis socialistes rêvaient et rêvent une fois encore de valoriser le ressentiment des exclus.
Les réserves d’opium de la consommation spectacle sont certes épuisées, mais auprès du public des Champs Élysée comme pour celui des boulevards, la « décroissance radieuse », la « frugalité consentie », la « croissance verte » ne sont-ils pas autant de spectacles à l’affiche, prêts pour nous faire oublier la seconde dégringolade du W ? Nous nous sommes tant de fois laissés abusés, d’autres simulacres nous attendent, l’agrochimie avait déjà produit des simulacres de tomates ou de lait, le retour des exclus à l’agriculture bio intensive en main-d’œuvre accomplira la décroissance par domesticité et « néo métayage ». Et c’est obligé, tout comme sur la moitié de Madagascar les terres ne seront jamais rendues par les Coréens, le « chapeau » permettant de se dégager des « engrais biotechnologiques » sera exorbitant, septante-cinq années d’emphytéose laisseront le temps de pourvoir à la mise en place des contraintes juridiques adéquates. Le capitalisme se termine-t-il avec le mot « fin » suivi de l’ouverture d’une page blanche, ou bien est-ce urgent de nous pencher sur le grouillement des nouveaux monstres qui trouvent à se nourrir dans le ventre de la bête en décomposition ?

Lors d’une projection toute récente de « Let’s make money » ; deux gentils animateurs organisaient les débats qui devait suivre et tous deux venaient pour nous vendre leurs sympathiques petites boutiques solidaires en activité depuis trente ans. Le premier nous demandait de placer notre argent dans leurs banques éthiques et le second, d’ouvrir notre portefeuille afin de soutenir des emplois dignes dans le tiers monde ; les saynètes ainsi proposées étaient dérisoires et pourtant les gentils animateurs avaient lu Paul Jorion ! Nous nous n’étions que vingt-et un dans la salle, peut être est-ce urgent de nous vouloir plus nombreux.

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69 réponses à “Quelques réflexions sur l’état d’urgence, par Jean-Luce Morlie”

  1. Avatar de Claude ROCHE

    Faut-il dédouaner mai 68 ?
    permettez moi cette réaction un peu marginale à votre article, mais je m’étonne de telles références à ce qu’on appelle la  » pensée 68″ surtout après l’IRAK et la crise financière. Car ce faisant vous exonérez cette pensée de sa responsabilité majeure dans la naissance du néo-libéralisme ( ou de l’anarcho-libéralisme, selon certains).
    C’est presque devenu un lieu commun que de le dire, mais sans l’hyperindividualisme et l’anarchisme de cette période, sans sa volonté de nier les bases philosophiques de nos sociétés, sans la repentance obligatoire à laquelle elle a contraint l’Europe, le travail de sape n’aurait pas été fait : il n’y aurait eu ni Bush, ni Clinton, ni Goldman Sachs..
    A quand la critique de Debord ?
    amicalement

    1. Avatar de Hervey

      En cliquant sur votre nom, cher Claude Roche, on tombe sur DNS Error puis Laverie, blanchisserie, pressing, repassage. Est-ce normal ?
      Je ne comprend pas plus le ménage que vous faites en voulant laver Bush et 68 pour les mêmes tâches et dans un même programme disons pour rester sur le registre de la laverie automatique. C’est un refrain connu et politiquement diffusé mais digne du « grand guignol ». D’ailleurs à qui sert-il ? Remettre par exemple le travail au centre de toute chose quel sens cela a-t-il surtout lorsqu’on y colle l’argent. Même symboliquement c’est un duo perdant. L’actualité, notre temps, notre modernité, notre réalité nous renseignent assez sur le sujet sans que je sois obligé d’en dire plus.
      J’aime vraiment beaucoup ce qu’écrit ici Jean-Luce Morlie. Je me pose d’ailleurs des questions à ce sujet, ayant l’impression diffuse que mon intuition va plus vite que ma compréhension.

      1. Avatar de François Leclerc
        François Leclerc

        Essayez l’intuition raisonnée !

        1. Avatar de Hervey

          Bien sûr, mais faut un peu de temps.

          1. Avatar de Hervey

            …et quelques autres connections…mentales.

        2. Avatar de B. S.
          B. S.

          Je partage cette approche et cela fonctionne très bien. 😉

    2. Avatar de Thomas
      Thomas

      Quel excès d’honneur, ou d’indignité!

      « Que le mouvement de 1968 ait été aussi fondamentalement dérisoire, voilà ce que dément leur fureur encore vive seize ans après. »
      Guy Debord, Considérations sur l’assassinat de Gérard Lebovici, 1985.

  2. Avatar de jeannot14
    jeannot14

    Bonjour;  » Nous étions que vingt et un dans la salle  »

    Le flash pour rire, dans notre jeunesse, ne disions-nous pas et VINGT DEUX v’la les flics dispersons nous.

    A la projection de nous étions plus nombreux, mais toujours les mêmes têtes, le noyau des
    revendicatifs ou des associatifs mobilisables pour les bonnes causes.
    Nos concitoyens ne se sentent pas concernés mais surtout ne veulent pas se faire remarquer.

    La semaine dernière, j’ai passé trois jours sur un salon professionnel à Paris ( avec mes exposants, je suis VRP multicarte ) l’ensemble de mes interlocuteurs, au simple fait d’évoquer la crise, vous sourient aimablement ou vous prennent pour un abruti. C’est vrai qu’ils sont tous patrons et ne doivent leur réussite qu’a leur talent.

    Avec mes clients (artisans commerçants) la prise de conscience commence à prévaloir, mais les nombreux clichés
    (fainéant chômeur sécurité) reviennent de suite dans le cours de la conversation.

    Ils ont le bon diagnostique, mais refuse de voir la réalité et les remises en cause prévisibles, l’argent et la consommation sont rois, les individualités trop présentes. J’en viens à souhaiter que le système s’écroule le plus
    rapidement possible pour pouvoir repartir sur des bases plus saines, pour l’avenir de nos enfants et petits enfants.

  3. Avatar de Lisztfr
    Lisztfr

    http://vigicitoyen.canalblog.com/archives/2009/10/18/15477848.html

    Je suis désolé de faire un hors sujet (tout provisoire j’espère) que pensez vous de ceci ?

    18 octobre 2009

    Benoît Mandelbrot : ‘Il était inévitable que des choses très graves se produisent’

    Pour une fois, un scientifique s’intéresse à l’économie, c’est remarquable.

    « Les gens ont pris une théorie inapplicable – celle de Merton, Black et Scholes, issue des travaux de Bachelier qui datent de 1900 -, et qui n’avait aucun sens. Je l’ai proclamé depuis 1960. Cette théorie ne prend pas en compte les changements de prix instantanés qui sont pourtant la règle en économie. Elle met des informations essentielles sous le tapis. Ce qui fausse gravement les moyennes. Cette théorie affirme donc qu’elle ne fait prendre que des risques infimes, ce qui est faux. Il était inévitable que des choses très graves se produisent. Les catastrophes financières sont souvent dues à des phénomènes très visibles, mais que les experts n’ont pas voulu voir. Sous le tapis, on met l’explosif ! »

    =======

    Par ailleurs aujourd’hui sort le film de michael moore. Je suis de moins en moins d’accord pour renflouer les banques, ce n’était pas le contrat libéral : vous perdez, vous êtes en faillite et basta; Là si demain n’importe quel petit entrepreneur se déclare en faillite, il ne va pas se servir dans les caisses de l’Etat, et les banques n’auraient pas du être renflouées car c’est illégal, tout simplement; Des conséquence, je n’en ai rien à faire, c’est à eux d’assumer.

    Si ça continue cela va se terminer en guerre civile générale. Car l’espèce humaine a vite fait de recourir aux extrémités.

    L

    1. Avatar de Mathieu
      Mathieu

      Si les banques n’avaient pas été renflouées, il est difficile de dire ce qu’il se serait passé exactement, mais globalement, ça aurait donné une répétition de la grande dépression de 29, et en particulier:
      – chute de la production mondiale de 25% (à la place des 8% observés cette dernière année)
      – montée du chômage à 20-25% aux US (à la place des 10-11)

      Entre cette situation « juste » (les banques pas renflouées) et catastrophique socialement et la situation actuelle « injuste » et juste mauvaise, je pense que je préfère quand même la situation et le sauvetage des banques.

      Ce qu’il aurait fallu faire c’est laisser les banques faire faillites, les nationaliser immédiatement, dénoncer les contrats-actifs-pourris (CDS) et ne pas les honorer, injecter suffisamment d’argent public pour faire fonctionner les banques, attendre que ça se tasse (1 à 2 ans) et reprivatiser.
      L’idée est de faire « comme si » les banques avaient été encore séparée en banques d’affaires et banques classiques, et laisser sombrer les banques d’affaire et sauver les autres. Cela aurait été techniquement difficile, mais possible.

      Cela aurait été « juste »: les actionnaires et les détenteurs d’actifs toxiques auraient tout perdu, mais les épargnants auraient été sauvés.

    2. Avatar de Alain A
      Alain A

      @Mathieu
      je peux partager les débuts de votre « Ce qu’il aurait fallu faire », mais pourquoi concluez-vous par « et reprivatiser »? Les mêmes causes menant aux mêmes conséquences, ne serait-ce pas s’exposer à de nouveaux déboires?
      Les analyses qui émergent sur ce blog depuis quelques années et bien résumées dans « L »argent mode d’emploi » ne devraient-elles pas nous inciter à vouloir plutôt maintenir des banques publiques (ou plutôt « collectives ») qui feraient des crédits de manière sensée (à la production plus qu’à la consommation et à ceux dont on peut attendre une capacité de remboursement) et surtout avec un taux d’intérêt limité au coût du fonctionnement de la banque et au taux de défaut (ex ante ou ex post). L’existence en parallèle de banques privées dont le but est de maintenir des intérêts élevés en faveur de leurs prêteurs (capitalistes que nous sommes tous dès que nous avons un compte d’épargne chez elles) permettait de maintenir la sacro-sainte concurerence chère au libéralisme…

    3. Avatar de pliez
      pliez

      @ Mathieu
      « les détenteurs d’actifs toxiques et les actionnaires auraient tout perdu »
      En l’état actuel des choses ( non interdiction des paris sur les prix), les actionnaires sont principalement des caisses de retraites, des compagnies d’assurance ( les zinzins ).Dans les détenteurs d’actifs toxiques vous pouvez compter votre banque,votre compagnie d’assurance,votre caisse de retraite et avec un peu de chance votre municipalité, votre hopital, le service financier de votre entreprise.Vous sauverez vos avoirs en banque et vous gagnerez plus surement des augmentations de cotisation des organismes cités plus haut.On est solidaires avec le grand capital sans le savoir……

    4. Avatar de yvan
      yvan

      Absolument, Pliez.

      Les budgets de toutes les collectivités locales, territoriales, régionales, professionnelles, inter-professionnelles, mutuelles, associatives,… (j’en oublie certainement, vous rajouterez) vont se prendre de sacrés trous d’air pour les dépenses 2010.
      Et entrainant un chômage qui va venir s’ajouter au secteur privé. Mais être salarié est déjà une faiblesse en soi.

      L’amusant va être l’effet mondialisation sur les assurances… qui se ré-assurent toutes entre-elles.
      Rappelez-moi le nom de l’assurance de toutes les assurances…???

      Un peu le principe des banques centrales, en fait.

  4. Avatar de BA
    BA

    A propos du barnum politico-financier :

    A propos du Grand Guignol :

    A propos du spectacle médiatique :

    « Le Figaro : Quel est aujourd’hui le niveau des pertes non reconnues des banques ?

    Dominique Strauss-Kahn : Il reste d’importantes pertes non dévoilées : 50 % sont peut-être encore cachées dans les bilans. La proportion est plus forte en Europe qu’aux États-Unis. Je le redis : l’histoire des crises bancaires, notamment au Japon, démontre qu’il n’y aura pas de croissance vive et saine sans un nettoyage complet du bilan des banques. »

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2009/11/24/04016-20091124ARTFIG00576-strauss-kahn-il-faut-revoir-notre-modele-de-croissance-.php

    Combien de centaines de milliards d’actifs pourris les banques possèdent-elles encore aujourd’hui ?

    Qui croit encore à la sincérité des bilans bancaires qui nous sont présentés tous les six mois ?

    Qui croit encore à la propagande que nous répètent les banquiers à propos de  » la solidité des banques françaises  » ?

    Qui croit encore à la vérité des comptes concernant les banques ?

    On ne doit plus dire :  » Menteur comme un arracheur de dents « .

    On doit dire :  » Menteur comme un banquier « .

  5. Avatar de cincinatus
    cincinatus

    après lecture du billet de Mr Morlie et parce que je manque de temps en ce moment, je veux juste dire que j’invite les lecteurs intéressés à acheter le livre intitulé
    « Amérique la crise 1929 – 1932 »
    il s’agit des extraits des note d’ambassade de Paul Claudel entre 1927 et 1932, lequel Claudel, il est bon de se souvenir, était ambassadeur de France à Washington à cette époque. Claudel faisait, à intervalles plus ou moins réguliers des commentaires au quai d’Orsay ou au ministère de l’économie de la situation américaine, dans le livre essentiellement sur le plan économique. C’est TRES INSTRUCTIF.

    Si on ne peut comparer la situation de 29 avec l’actuelle, il n’en reste pas moins que la société dans son ensemble sera toujours comparable à cet animal, le varan de comodo, qui avance, pataud, lent puis tout à coup s’agite, s’excite, bondit devient violent, très violent pour ensuite s’apaiser et les neurones de l’animal (s’il en a) semblent ne rien dirigier du tout, comme ceux que nous élisons à notre tête.

    Le varan est un espèce d’animal antédiluvien, qui, à notre époque serait en quelque sorte « hors de notre temps », n’aurait pas évolué (je nesuis pas biologiste) comme si nos « neurones collectifs » n’auraient pas la capacité de se réunir pour trouver la voie « du plus grand intérèt général ». C?est l’éternel mythe de sisyphe de l’intelligence.

    Amicalement

  6. Avatar de BA
    BA

    Mercredi 25 novembre 2009, l’interview de Dominique Strauss-Kahn dans Le Figaro nous confirme une chose : les grandes banques privées nous présentent des bilans mensongers.

    Les banquiers mentent sur l’état réel de leur banque.

    Les banquiers expliquent qu’ils possèdent des soi-disant  » actifs « , alors que la moitié de ces  » actifs  » sont en réalité des actifs pourris.

    En clair : 50 % de ces soi-disant  » actifs  » ont en réalité une valeur égale à zéro.

    Le même jour, nous apprenons que les banques centrales mentent elles-aussi.

    Le même jour, nous apprenons que les banques centrales présentent elles-aussi des bilans mensongers.

    Nous apprenons qu’au Royaume-Uni, la banque centrale a menti sur l’état réel des banques anglaises : la banque centrale a été obligée de prêter aux banques anglaises HBOS et Royal Bank of Scotland la somme de 61,6 milliards de livres dans le plus grand secret.

    Ces 61,6 milliards de livres n’apparaissent pas dans le bilan de la Banque centrale d’Angleterre.

    HBOS and Royal Bank of Scotland received secret bank rescue loans.

    The Bank of England has revealed for the first time that it lent Royal Bank of Scotland (RBS) and HBOS £ 61.6 bn in emergency funding last autumn.

    http://news.bbc.co.uk/2/hi/business/8375969.stm

    Conclusion : la Banque centrale d’Angleterre ment sur son propre bilan.

    La Fed ment sur son propre bilan.

    La Banque Centrale Européenne ment sur son propre bilan.

    Je commence à comprendre pourquoi les parlementaires américains ne parviennent pas à voter un audit de la Fed. Ce que l’audit de la Fed révèlerait, c’est le nombre scandaleux de mensonges que la Fed a diffusés.

    Idem pour la BCE.

    Le Parlement européen doit maintenant voter un audit de la BCE.

    Les citoyens veulent connaître les vrais chiffres.

    1. Avatar de TARTAR
      TARTAR

      Les citoyens de l’UE sont les citoyens d’un objet politique non identifié.
      Ils ne connaissaient pas le président du « cons-eur » et ne méritent en rien de savoir l’état financier de la Banque Centrale Eur.

      Le SACEUR est l’un des deux commandants stratégiques de l’OTAN.
      Ce poste est détenu par un amiral ou un officier général des États-Unis.
      Le SACEUR dirige le Commandement allié Opérations (ACO).
      Le SACEUR dirige également le Commandement des forces des États-Unis en Europe.

  7. Avatar de Pipas l'anarchiste
    Pipas l’anarchiste

    S’agissant du Spectacle et de la pérennité des états d’exception, je tiens à remercier Jean-Luce Morlie pour ce billet pertinent et fort agréable à lire; certes moins incisif que « l’insurrection qui vient » sur ces thèmes, mais partageant la même nausée pour notre réalité fabriquée heureusement condamnée. 8)

    @Mr Roche
    Risquant à nouveau de radoter avant l’âge, je précise que l’anarchie ne signifie pas l’anomie : quand j’entends parler « d’anarcho-libéralisme » en place du « néo-libéralisme », j’imagine des lendemains qui chantent pour tous les termes galvaudés.
    Pour la critique de Debord: votre requête est excellente, puisse-t-elle inclure le phénomène Berlusconi et l’ascension fulgurante de notre guignol spasmodique…

    @Jean-Luce Morlie
    « la « décroissance radieuse », la « frugalité consentie », la « croissance verte » ne sont-ils pas autant de spectacles à l’affiche, prêts pour nous faire oublier la seconde dégringolade du W ? »
    Attention à ne pas mélanger les torchons avec les serviettes! Pour sortir du Spectacle, certains imaginent probablement d’autres solutions que de produire un nouveau Spectacle ou d’attendre que le chapiteau s’écroule…
    Et chercher des solutions dans la merde et la bonne humeur mérite à mon sens un peu plus que de la suspicion.

    Encore merci.

  8. Avatar de juan nessy
    juan nessy

    Plutôt que Debord , Aristote encore :

    « Quant au spectacle, qui exerce la plus grande séduction, il est totalement étranger à l’art et n’a rien à voir avec la poétique, car la tragédie réalise sa finalité même sans concours ( de spectateurs) et sans acteurs . De plus, pour l’exécution technique du spectacle , l’art du fabricant d’accessoires est plus décisif que celui des poètes . »

    Tout est dit et les illusionnistes ravalés au rayon des accessoires . La tragédie se noue sans écrivain .

    « Le destin est bien trop cruel pour nous envoyer des messagers . »

    Jusqu’à ce jour il est cruel pour le vulgum pecus . La nouveauté écologique , c’est qu’il va devenir cruel pour tous .

    Enfin , ou bien  » Mais comment ont ils pu en arriver là  » comme à la fin de  » la planète des singes  » ?

    PS désespéré : vu hier sur les Champs Elysées ( c’est dans la tonalité du billet ) une manisfestation intersyndicale devant le bâtiment de HSBC à deux pas du Fouquet’s. Je pensais qu’il s’agissait de protester contre des licenciements . Il s’agissait en fait d’avoir sa part du gâteau des apparents  » bons résultats  » de la société .
    Un peu chemin faisant , remarqué que tous les laveurs de vitres , paveurs , balayeurs ,manoeuvres …étaient noirs . …Mais les vigiles aussi .

    Cherchez les erreurs de …casting .

  9. Avatar de ybabel
    ybabel

    Oué, l’argument principal qui a servi a la création de la FED était : la stabilisation de l’économie pour éviter les crise (à fortiori systémiques !!!)

    Donc, maintenant, on sait que ça ne fonctionne pas. Donc, reconnaissons notre erreur, et éliminons les banques centrales … et tout ce qui est trop central pendant qu’on y est ! lol

    1. Avatar de yb
      yb

      Qui émettra la monnaie ? On retourne à l’époque glorieuse des usuriers qui fixait la valeur de la monnaie selon leur bonne gouverne ?

    2. Avatar de barbe-toute-bleue
      barbe-toute-bleue

      @Yb

      Emettre , ou, posséder ?

      Tout le problème est là : donner une unité d’échange universelle, dont la valeur soit indépendante de sa source d’émission.

      Et surtout, s’appliquer à éviter les systèmes centraux, le noyau du centre s’assimilant spontanément à une « Elite » ! Incontournable Elite, pour un si petit noyau.

    3. Avatar de 2Casa
      2Casa

      @ BtB

      Est-ce qu’on ne parle pas de « pépins » dans ce cas-là ?

  10. Avatar de yvan
    yvan

    L’état d’urgence…

    Serait-il donc pertinent de faire du court terme comme nous l’a si bien enseigné la recherche de gains poussée à l’extrème…???

    Expliquez-moi. Mais dans le calme, et surtout, comme un investissement de long terme.

  11. Avatar de auspitz
    auspitz

    mathieu
    « Ce qu’il aurait fallu faire c’est laisser les banques faire faillites, les nationaliser immédiatement, dénoncer les contrats-actifs-pourris (CDS) et ne pas les honorer, injecter suffisamment d’argent public pour faire fonctionner les banques, attendre que ça se tasse (1 à 2 ans) et reprivatiser.
    L’idée est de faire « comme si » les banques avaient été encore séparée en banques d’affaires et banques classiques, et laisser sombrer les banques d’affaire et sauver les autres. Cela aurait été techniquement difficile, mais possible.

    Cela aurait été « juste »: les actionnaires et les détenteurs d’actifs toxiques auraient tout perdu, mais les épargnants auraient été sauvés. »

    je partage totalement cette partie du texte; mais je ne comprends pas comment elle s’articule avec la première partie, qui semble en contradiction;
    le problème n’est pas que ce soit juste ou pas; même si ça l’est; le problème c’est que c’était la seule solution pour éviter à l’économie et à la population la grande dépression dans laquelle nous sommes maintenant, et dont personne ne sait comment sortir; les moyens des états ayant été consacrés à la finance, il n’y a plus rien dans les caisses pour les entreprises et l’emploi;

  12. Avatar de jean louis
    jean louis

    Atonie,apathie…..(paralysie générale = c’est nosologiquement une pathologie psychiatrique reconnue au DSM IV !**)
    C’est plus que surprenant quand bien même on retient l’angoisse justifiée, diffuse ,contagieuse.
    Un gêne de l’Espéce aurait-il « muté » ???
    Non certes,et pourtant…
    Quel silence ,quelles peurs !!!
    La « crise » : Soit !
    M’enfin, n’y-a-t-il que « ça » ?
    ** =
    DSM IV est la classification internationale retenue pour les maladies mentales

    1. Avatar de Lisztfr
      Lisztfr

      Mais il y a effectivement un risque de dépression pour les individus et non seulement pour l’économie. Il n’a jamais été dit que l’individu est séparé du politique, sauf lorsqu’on lit la littérature psy qui volontairement s’abstrait de l’environnement social (dans la perspective qui se voudrait scientifique), à tort d’ailleurs puisqu’on s’aperçoit que les maladies, et les symptômes changent avec les temps.
      Nous sommes des animaux politiques dit Aristote, je pense dans un sens beaucoup plus profond que ne le supposait Aristote, car le niveau social est déterminant pour l’homme, sinon il ne participerait pas avec une telle ferveur n’est ce pas, à tous types d’engagements. Aristote pensait sans doute cela au sens d’engagement et de participation active, de vocation, mais on peut dire qu’on le subit également passivement, de manière réceptive, on en est affecté. Sinon pourquoi discutons nous ? nous discutons par passion.

      Je crois qu’Elias avait écrit un livre sur la concentration progressive du pouvoir jusqu’à Louis 14, un pouvoir centralisé structurant les mentalités des individus (en termes de distances pas ex) . Une certaine part de nos représentations mentales est à l’image des structures politiques du pays, et du monde. La vie des groupes restreints passe par des moments fantasmatiques divers, par ex un couple idéalisé ou apprécié peut devenir le centre du groupe, sinon le groupe peut traverser des phases dépressives ou euphoriques. Au niveau collectif on doit retrouver des phénomènes semblables, car un groupe doit agir et pour agir il faut l’engagement émotionnel. On retrouve ça dans Gorki, la chaleur de la révolution. Le sentiment d’être les « bons », d’un nous… qui va très loin.

      L

  13. Avatar de pineda
    pineda

    On ne parle pas des trains qui arrivent à l’heure…Celui-ci n’est pas dans ce cas.

    « Dubaï World, la holding publique propriétaire de la fameuse île artificielle en forme de palmier, demande un sursis à ses créanciers sur 59 milliards de dollars.

    Alors que l’on croyait la crise financière terminée, le feu couve dans le Golfe. Lesté de 80 milliards de dollars de dettes, Dubaï semble au bord de la faillite. Mercredi, l’une des holdings les plus importantes de l’émirat, Dubaï World, propriétaire via ses filiales immobilières, du gigantesque complexe hôtelier construit sur une île artificielle en forme de palmier, a demandé à ses créanciers un sursis pour renégocier l’intégralité de ses dettes, soit 59 milliards de dollars ! Il ne compte plus rien rembourser avant le 30 mai afin de mener à bien cette restructuration, ce qui suppose de ne pas honorer les prochaines échéances (9 milliards de dollars dus dans les quatre mois qui viennent).

    Aussi désespérée qu’inattendue, cette requête a affolé les marchés. Le prix de la couverture contre un défaut de paiement de la dette souveraine de Dubaï (CDS) a bondi, hier, de 111 points de base, pour atteindre 429 points. Le flamboyant émirat pointe ainsi au sixième rang mondial des États les moins solvables de la planète, d’après l’agence Bloomberg. Indicateur clé des risques de faillite, le coût du CDS de Dubaï a plus grimpé en un mois que l’avait fait celui de l’Islande, en octobre 2008, en pleine tourmente financière.

    Les dettes de Dubaï représente 70% de son PIB

    La supplique de Dubai World apparaît d’autant plus inquiétante qu’elle intervient le jour même où l’émirat annonce avoir levé 5 milliards de dollars de Bons du Trésor auprès d’Abou Dhabi, son grand frère riche en pétrole. Les fonds ont été apportés par deux importantes banques de l’émirat: la National Bank of Abu Dhabi, et la banque islamique Al Hilal Bank, aujourd’hui surveillées de près par les marchés, alors qu’elles sont basées dans l’État le plus riches des membre de la Fédération des Émirats arabes unis. Aussi salutaire soit-il, cet apport d’argent frais ne suffit pas à éponger l’océan de dettes de Dubaï, qui représente 70 % de son produit intérieur brut (PIB).

    Privé de pétrole, l’émirat qui abrite la tour la plus haute du monde a bâti sa fortune en moins de dix ans, en misant sur l’immobilier, la finance, et le tourisme de luxe, trois secteurs aujourd’hui en pleine déconfiture. Les spéculateurs qui avaient fait flamber les prix à Dubaï – enrichissant au passage les entreprises d’État propriétaires des terrains si convoités – ont disparu avec le «credit crunch», déclenchant une chute des prix de 47 % sur un an, des défauts de crédits en cascade, et la méfiance des banques. La crise a également mis à jour des scandales financiers embarrassants pour l’émirat. Celui-ci compte plus que jamais sur la solidarité financière d’Abou Dhabi, qui lui a déjà prêté 10 milliards de dollars cette année. »

    1. Avatar de blob
      blob

      Savez vous que le meilleurs indicateur de l’imminence d’une crise financière dans un pays est la présence sur son territoire du plus grand building du monde.

      A chaque fois qu’un pays y prétends, quelques mois apres son ouverture, il y éclate une crise financière.

  14. Avatar de JLM

    @ Claude Roche,

    Vous me tendez la main… amicalement merci !

    – « À quand la critique de Debord ? »
    – « mais… quand nous l’aurons lu ».

    C’est un lieu commun que de considérer l’hyperindividualisme comme sous produit de « l’esprit de mai 68 » puis d’y attacher la responsabilité de la montée en puissance des Tatcher et Goldman Sach.

    Il y a, voyez-vous, quelque anachronisme dans l’interprétation hédoniste de ce « ne travaillez jamais » écrit par Guy Debord sur un mur situé « rue de seine » en 1953. Chez Guy Debord, le « jouissons sans entrave » tient à sa volonté de rigueur quasiment janséniste vis-à-vis d’une exigence absolue du refus se soumettre à toute domination, quelles qu’en soient les formes, « de classe » ou autre. En 68, Debord a trente-six ans, ce n’est plus un gamin, il est moulé par les exigences de la sublimation freudienne, son style à lui seul en répond. Notre mauvaise lecture de Debord vient au contraire du basculement ultérieur de notre société dans un mode de domination des pulsions par leur désublimation répressive (Marcuse) au service de la consommation, laquelle demande l’immédiateté du sexe pratiqué avec autant de discernement qu’il en est nécessaire que pour vider au plus vite les têtes de gondoles !

    §

    En matière de sape des bases philosophiques, Debord regrettait le temps où les ingénieurs de Centrale si connaissaient autant en grec qu’en latin ; Aujourd’hui, nos ingénieurs ne peuvent lire « la société du spectacle » qu’à la condition d’en manquer les marches et d’écouter ce qu’en raconte PPDA, pas étonnant qu’ils nous enfoncent sans état d’âme dans l’économie du virtuel.

    … et sans doute notre temps préfère l’image à la chose, la copie à l’original, la représentation à la réalité, l’apparence à l’être … Ce qui est sacré pour lui, ce n’est que l’illusion, mais ce qui est profane, c’est la vérité. Mieux le sacré grandît à ses yeux à mesure que décroît la vérité et que l’illusion croit, si bien que le comble de l’illusion est aussi pour lui le comble du sacré.

    Feuerbach (préface à la deuxième édition de l’Essence du christianisme

    Debord retourne le « négatif en soi » (– mazette-) et avance qu’avec le spectaculaire cette fois « le vrai est un moment du faux », mais l’enjeu reste sur terre.

    « Partout se posera la même redoutable question, celle qui hante le monde depuis deux siècles : comment faire travailler les pauvres, là où l’illusion a déçu, et où la force s’est défaite ?

    Guy Debord, 30 juin 1992 Avertissement pour la 3e 2dition de la société du spectacle.

    Comment par exemple, comprendre autrement l’incompréhension de Serge Latouche devant la position d’Attali sur le chômage considéré comme travail :

    Le comble étant atteint avec la lapalissade d’Attali et Champain : « Considérer la recherche d’emploi comme une activité reviendrait à supprimer le chômage. » Christophe Ramaux commente : il fallait y penser : nos deux auteurs l’on osés, « Changer de paradigme pour supprimer le chômage », Fondation Jean Jaures, novembre 2005.

    In, Serge Latouche, Petit traité de la décroissance sereine, mille.et.une.nuits, p.134

    1. Avatar de juan nessy
      juan nessy

      « l’avantage du chômage , c’est que les accidents du travail y sont rarissimes « . (bis)

    2. Avatar de Claude ROCHE

      Merci de votre réponse et hélas excusez moi
      Merci car votre réponse cherche à argumenter sur le fond. Sur la forme , c’est vous qui êtes dans le vrai
      Et je n’ai malheureusement pas le temps de me situer au niveau où vous placez le débat. Je ne peut donc qu’emettre deux points

      1- J’entends ce que vous dites de Debord, et de son respect de la culture. Mais « sa posture fondamentale » pour employer le mot de son compagnon de combat – qui m’a beaucoup appris professionnellement – , est quand même celle du refus de la loi qu’il assimile à la domination .
      Or c’est bien le problème soulevé par la notion d’institution économique : elle n’a de chance d’avancer que si l’idée de loi avec ce qu’elle entraîne d’exigence est réhabilitée
      De même que je ne pense pas que « partout se pose la question qui a hanté les siècles précédents, ‘faire travailler les pauvres’ ». Je crois au contraire que les questions auxquelles nous nous heurtons sont tt à fait nouvelles , et qu’il est contreproductif ( même si inévitable) de mobiliser les vieilles catégories d’analyse issues des luttes ouvrières voire même issues de la tradition catholique ( les pauvres contre les riches)
      2. Vous faites allusion a  » l’incompréhension de Serge Latouche devant la position d’Attali sur le chômage considéré comme travail ». Là vous allez trop loin ou pas assez : il vous faut développer
      amicalement et encore merci

      PS un détail : je n’assimile pas MThatcher au néolibéralisme qui est centré sur les US .Comme Debord , MT est restée polarisée par les conflits du XXème siècle européen

  15. Avatar de pablo75
    pablo75

    « Claude Allègre: nous ne manquerons pas de pétrole.
    La consommation de pétrole pourrait baisser bien avant que ne diminuent les capacités de production. »

    http://www.slate.fr/story/13489/petrole-peak-oil-reserves-production-exploration

  16. Avatar de pablo75
    pablo75

    « L’Etat subprime !

    Selon les estimations de la Maison Blanche, les intérêts qui devront être réglés en 2019 par les Etats-Unis sur leur dette de 12’000 milliards de dollars excèderont 700 milliards de dollars ( et ce même dans l’hypothèse d’une réduction de leur déficit budgétaire ), comparés aux 200 milliards dont ils doivent s’acquitter cette année! Ce différentiel de 500 milliards de dollars – équivalent aux dépenses annuelles des Etats-Unis sur l’éducation, l’énergie, leur sécurité intérieure et sur les deux conflits en Iraq et en Afghanistan! – reflètera tout simplement une augmentation des taux d’intérêts qui sera inévitable dès lors que la Réserve Fédérale aura mit fin à ses programmes d’aides d’urgence.

    En fait, un vent de panique – en tout cas de grande fébrilité – semble saisir depuis peu les responsables de la Trésorerie Américaine préoccupés à juste titre par les conséquences potentiellement dramatiques d’une remontée des taux d’intérêts. L’austérité et la rigueur n’étant pas constitutifs du gène Américain, leur seule parade consiste donc aujourd’hui à tenter de fixer les taux bas actuels en échangeant un maximum de leurs Bons à court terme en Bons à long terme! Les Gouvernements successifs des Etats-Unis d’Amérique ont en réalité hypothéqué leur nation et sont parfaitement conscients de ne plus être en mesure de payer les intérêts en cas de hausse des taux !

    Les Etats-Unis sont devenus une « nation subprime » à part entière et se retrouvent ainsi dans une situation identique à celles des ménages Américains sur endettés dont la maison fut saisie faute d’avoir pu régler leurs mensualités!

    En fait, le paradoxe est cruel: Voilà en effet un pays qui, responsable de la crise financière, a néanmoins pu bénéficier d’une pression baissière intense exercée sur ses taux d’intérêts par les flux massifs de fonds en direction de ses obligations d’Etat considérées comme la valeur refuge par excellence en période tourmentée et qui doit, à présent que la crise internationale s’estompe, faire face à une faillite virtuelle provoquée par une embellie de la conjoncture internationale qui, en générant des ventes de ces mêmes Bons du Trésor, aura pour conséquence de remonter mécaniquement les taux… Voilà un pays qui creuse lui-même sa propre tombe car 1% de hausse de ces taux se traduirait simultanément en 80 milliards de dollars par an à payer en seuls intérêts supplémentaires sachant que, selon la Maison Blanche, le pays devra s’endetter de 3’500 autres milliards de dollars ces trois prochaines années!

    Le destin des Etats-Unis est donc plus que jamais dans les mains de la Chine dont l’intervention – et les subventions – ont contribué de manière décisive à comprimer le taux des Bons à court terme, les T Bills, à 0.347% à fin Septembre 2009, soit à des niveaux historiquement bas. Pourtant, les économistes de la nomenklatura Américaine persistent à minimiser le potentiel de nuisance vertigineux des déficits de leur pays: Paul Krugman ne les a-t-il pas en effet qualifié ironiquement de « menace fantôme » dans un récent article du New York Times? A moins que ces économistes très proches du pouvoir n’aient tout simplement pas le cran de vouer aux gémonies les responsables des Administrations US successives ayant mis leur pays dans une situation inextricable car les déficits sont toujours le symptôme d’une gestion déficiente et le résultat d’une mauvaise politique.

    Les ingrédients d’une crise majeure sont toutefois bel et bien réunis car les paramètres fiscaux et autres signaux d’alerte scrutés par des organismes comme le F.M.I. dans le cadre de certains pays en grandes difficultés indiquent que le scénario de banqueroute de l’Etat Américain devient de plus en plus crédible. »

    Michel Santi. http://www.gestionsuisse.com/ArticleDetail.asp?id=631

    1. Avatar de Domend
      Domend

      Excellent article !

    2. Avatar de astarte
      astarte

      je saluerai bien entendu la déclaration de la mise en faillite de l’artefact étasunien, ne serait-ce que pour le 1,5 million de mots en Irak depuis l’invasion de l’Irak en 2003, ses 4 millions de déplacés sur une population de 25 millions, etc
      mais les monstres enfantés sont d’abord les transnationales plus puissantes que L’État lui-même ( elles sont aux commandes de la politique extérieure et intérieure depuis longtemps) et les armées privées- au point que la durée de cette occupation militaire est attribuée selon certains à leur seul bénéfice.
      Malgré l’apathie généralisée voire la catatonie pour certains, un remue-ménage a eu lieu dans les semaines qui précédèrent cette invasion. Des millions de manifestants dans le monde.
      Sans effet.
      Et retour au spectacle de nous-mêmes rangés parmi les décérébrés impuissants.

      Y compris au travers de leurs sondages qui sont de grossières manoeuvres de fabrication de l’opinion, très peu croient à leurs versions hollywoodiennes.

      Il ne suffit pas de savoir même collectivement que nous sommes abusés et dépossédés.
      Car nous savons.
      C’est articuler cette conscience autour d’une autre manière d’être .. et éjecter le fatalisme comme protection psychique..

      rem: le nobellisé de la pax americana va quand même envoyer 34 000 fantassins de plus en Afghanistan, il semble que le recrutement s’annonce d’ores et déjà difficile
      les vétérans, traumatisés et sans emploi ont du mal à obtenir des soins et leurs pensions.

    3. Avatar de Jaycib
      Jaycib

      Un Etat « subprime », en effet, mais avec plus de 3000 têtes nucléaires, dont 1000 avec une puissance supérieure à la mégatonne, avec tous les vecteurs nécessaires. Qui croit que l’oligarchie américaine acceptera de voir son Etat réduit à la condition de croupion, sans manifester aucune violence envers quiconque? Si le passé est une indication fiable, nous sommes donc foutus? A l’aide!

    4. Avatar de Boukovski
      Boukovski

      Le système est piégé dans sa configuration actuelle. Il n’a plus de porte de sortie.

      . soit il maintient le statut quo (taux directeurs proches de zéro, voire négatifs, inflation défalquée) mais l’afflux de liquidités gratuites provoque l’émergence de bulles dont l’éclatement est dévastateur, incontrôlable,

      . soit il augmente ces taux mais il casse ce qui reste de croissance, accroît encore le nombre d’emprunteurs insolvables, donc le nombre de banques insolvables, fait exploser le coût de l’endettement public (coût payé en fait par de la dette supplémentaire), etc…

      Soit des bulles tsunamis dont l’éclatement menace tout l’édifice, soit un endettement hors de contrôle menant à la faillite de l’Etat fédéral et des Etats fédérés.

      Le tout dans un contexte marqué aux EU par :

      . la quasi-disparition de la production de richesse industrielle,
      . une économie en réalité en état de récession et de chômage en extension rapide,
      . un Etat massivement endetté n’ayant plus de marge de manœuvre budgétaire depuis longtemps.
      . des bulles à peine dégonflées depuis 2007/2008.
      . ce qui revient au même : des actifs artificiellement valorisés à des niveaux irréalistes.
      . de nouvelles dépréciations massives mécaniquement à venir (2010, 2011 et 2012).

      Les forces qui agissent ici sont de l’ordre de la tectonique des plaques. Puisqu’il n’existe aucune « sortie » possible à cette contradiction quelque chose devra casser. Cette cassure sera à la hauteur des forces mises en jeu. L’inflation n’est peut-être même plus une solution puisqu’elle a besoin de temps pour se développer et produire ses effets.

  17. Avatar de François78
    François78

    Comme pablo78 l’écrit, les USA seraient entrés en « negative equity ». Ils auraient intérêt à se mettre en faillite, ou à répudier leurs dettes. Il semble que ce soit aussi le cas de la Grèce, pour commencer et pour le peu que j’en sais.

    1. Avatar de pablo75
      pablo75

      78 c’est vous, moi c’est 75 😉

      Et l’auteur de l’article est M.Santi…

  18. Avatar de Crystal
    Crystal

    @ Jean-Luce Morlie

    Bonjour,

    Ce n’est peut-être que de la forme, mais, à mes yeux, rendre à César ce qui est à César compte.
    Faire référence aux travaux écrits par les situationistes aurait été un minimum lorsque l’on parle de société du Spectacle.

    Sinon pour « Les réserves d’opium de la consommation spectacle sont certes épuisées, mais auprès du public des Champs Élysée comme pour celui des boulevards, la « décroissance radieuse », la « frugalité consentie », la « croissance verte » ne sont-ils pas autant de spectacles à l’affiche, prêts pour nous faire oublier la seconde dégringolade du W ? »

    Je ne suis pas d’accord pour mettre tout ca dans le même panier. Pour les écrits du mouvement de la décroissance que je lis régulièrement la critique de la société du Spectacle y tient une place non négligeable. Récemment Raoul Vaneigem a même accepté une interview du journal de la décroissance (chose assez improbable).

  19. Avatar de skinner
    skinner

    L’etat d’urgence…….peut etre l un de ces evenements capable de déclencher le doute (le krack?)sur les marchés financiers persuadués de la « reprise »
    http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/11/26/dubai-menace-de-faillite_1272246_3234.html

  20. Avatar de VBS

    ça va avec la people-lisation des politiques, et la politisation (superficielle) des people.

  21. Avatar de pablo75
    pablo75

    « Les prêts aux ménages et aux entreprises de la zone euro ont continué de ralentir en octobre, montrent les données publiées par la Banque centrale européenne (BCE).

    Le nombre de prêts consentis au secteur privé a reculé en octobre pour le deuxième mois d’affilée, affichant un repli de 0,8% par rapport à octobre 2008, après une baisse de 0,3% en septembre et alors que les économistes n’attendaient qu’un recul de 0,5%.

    Ces baisses de septembre et octobre, en rythme annuel, sont les premières jamais enregistrées depuis 1991, année où ces données ont commencé à être compilées. Elles sont intervenues en dépit des milliards d’euros supplémentaires injectés dans le système bancaire par la BCE depuis le début de la crise financière. »

    http://fr.finance.yahoo.com/actualites/nouveau-recul-des-prts-au-secteur-priv-dans-la-zone-euro-reuters_molt-aae2f1a1906e.html?x=0

  22. Avatar de Le marin
    Le marin

    On peut dire que dans certains secteurs « économiques », notamment celui dans lequel je travaille, on peut aussi commencer à parler d’ »état d’urgence »… (comme tout le monde, je cherche aussi des moyens pour m’en sortir !)
    Dans d’autres secteurs comme les médias, la situation n’est guère meilleure, ce qui pousse certains à faire de la publicité, même si cela va à l’encontre de leur éthique et de leurs convictions…
    Les « puristes » refusent toute forme de publicité, ce que je peux comprendre en période de croissance économique.
    Par ailleurs, je trouve qu’il manque de publicité pour les énergies renouvables, les produits locaux et/ou bio, ainsi que tous les nouveaux produits manufacturés à empreinte écologique moindre…
    De telles publicités dans les journaux, ainsi que sur internet (sites, blogs,…) , seraient à mon avis un plus….

  23. Avatar de BA
    BA

    « Banques : le grand mensonge. »

    Peu à peu, les langues se délient.

    Peu à peu, nous apprenons l’étendue des mensonges que les banquiers continuent à raconter.

    Mercredi 25 novembre 2009, Dominique Strauss-Kahn révèle que les banques mentent sur l’état réel de leurs soi-disant « actifs ».

    « Le Figaro : Quel est aujourd’hui le niveau des pertes non reconnues des banques ?

    Dominique Strauss-Kahn : Il reste d’importantes pertes non dévoilées : 50 % sont peut-être encore cachées dans les bilans. La proportion est plus forte en Europe qu’aux États-Unis. Je le redis : l’histoire des crises bancaires, notamment au Japon, démontre qu’il n’y aura pas de croissance vive et saine sans un nettoyage complet du bilan des banques. »

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2009/11/24/04016-20091124ARTFIG00576-strauss-kahn-il-faut-revoir-notre-modele-de-croissance-.php

    Les banquiers présentent des bilans truqués.

    Les banquiers affirment détenir des centaines de milliards d’euros d’« actifs », mais en réalité la moitié de ces soi-disant « actifs » sont des actifs pourris. Leur valeur réelle est égale à zéro.

    En clair : les banques sont en faillite, mais les banquiers préfèrent donner des chiffres truqués pour ne pas déclencher de panique.

    Les banques centrales elles-mêmes mentent sur leur propre bilan. Les gouvernements eux-mêmes mentent aux citoyens sur l’état réel des banques et des banques centrales.

    Tous ces mensonges n’ont qu’un but : éviter une panique type 1929.

    Samedi 11 avril 2009, le journal économique La Tribune a publié un éditorial explosif en page 7 : « Banques : le grand mensonge ».

    Cet éditorial du journaliste Philippe Mabille était tellement compromettant pour les banques qu’il n’apparaît pas sur le site internet de La Tribune.

    Les autres éditoriaux de Philippe Mabille sont en ligne sur le site de La Tribune, mais l’éditorial du 11 avril 2009 a été censuré.

    Je recopie donc la fin de cet éditorial censuré :

    « Banques : le grand mensonge.

    Par un curieux retournement du destin, le climat boursier est, dans le même temps, redevenu favorable pour les banques. Un exemple frappera les esprits : le cours de la Société Générale s’est apprécié de 45 % par rapport au cours de 24,5 euros qui avait été proposé pour le plan de stock-options qui a tant scandalisé l’opinion. En déduire que la crise financière est derrière nous serait toutefois une grave erreur. Bien au contraire, le pire est encore à venir.

    Le calcul est assez simple à faire : en janvier 2009, le Fonds Monétaire International prévoyait 2 200 milliards de dollars de pertes mondiales pour les bilans bancaires. Ce chiffre a été réévalué à 4 000 milliards de dollars, dont un tiers seulement a été comptabilisé. La conclusion coule de source : les banques ne disent pas la vérité sur la réalité de leur situation. Et les autorités financières sont complices de ce grand mensonge, pour éviter de créer la panique.

    On le voit avec la forte tension qui règne aux Etats-Unis à propos des « stress tests » réalisés sur la solidité des banques américaines. Mentir pour la bonne cause, on retrouve là un peu le même scénario que celui du Crédit Lyonnais, où la Commission Bancaire et le Trésor avaient été accusés d’avoir fermé les yeux sur les comptes truqués de la banque publique.

    Mais, cette fois, ce n’est pas une seule banque qui est en cause, mais toutes les banques mondiales en même temps. De sorte que celle qui saura masquer ses pertes le plus longtemps sortira grande gagnante du jeu de poker menteur qui va maintenant succéder au théâtre du G20. »

    http://ged.latribune.fr/zetasearch/hweb/index.html?DN_SEARCH=philippe+mabille&posted=1

    1. Avatar de Pierre-Yves D.
      Pierre-Yves D.

      Crystal,

      Debord est un poète, un romantique, un épris d’absolu, son rêve d’une vie et d’une société où les rapports humains seraient purs et oeuvres de création personnelle à chaque instant ont quoi séduire. C’est même au fond ce que je souhaiterais.

      Mais c’est un peu trop binaire pour être tout à fait convainquant car l’être humain est ambivalent ; aucune relation humaine, société ne sont jamais transparents à eux-mêmes. Nous pouvons imaginer un monde meilleur, et même faire tout ce qui est en notre pouvoir pour y arriver, c’est à dire réfléchir à ses conditions de possibilité, ce que nous faisons d’ailleurs dans l’inventaire.
      La philosophie de Guy Debord est un peu une utopie à Rousseau qui serait située dans le futur. Mais la comparaison s’arrête là car les conditions, les étapes par lesquelles il faudrait passer pour accomplir cette société communiste où les sujets seraient radicalement libres, ne sont pas définies.
      En somme Debord fait de la société du spectacle — qui pourrait être n’importe quelle société, pas seulement la société capitaliste, quelle société en effet ne symbolise pas objectivement ses rapports sociaux ? — un repoussoir, il nous dit ce que ne doit pas être la société, ce que ne doit pas être le rapport social, mais il ne dit pas comment y arriver, si ce n’est qu’il faut créer des situations radicalement libres. Bref, le raisonnement est un peu circulaire, pour parvenir à la société des situations libres et autogérée il faut créer des situations nouvelles et libres. On comprend alors mieux pourquoi il n’aime guère les médiations.

      Là où Debord est tout de même intéressant c’est qu’il prétend que tout peut dans une société devenir spectacle.
      Ce qui implique qu’il existe des sociétés plus ou moins sujettes au spectaculaire. Dans la notre, la société capitaliste contemporaine, le rapport marchand se retrouve au sein même des formes et des moyens de transmission culturels, cela est si vrai qu’un ex président de châine de télévision a pu dire que son job consistait simplement à vendre du temps de cerveau disponible pour une certaine marque de boisson sans alcool bien connue. Non seulement la culture fait la promotion du « système » mais en plus elle en est devenue un de ses composants irremplaçable. Aujourd’hui une certaine utilisation de la technologie, notamment numérique, participe de cette objectivation des rapports humains que dénonçait Debord, en faisant objectivement de nos corps, de nos pulsions, de simples attributs du système d’exploitation capitaliste, lequel est devenu une société de contrôle.

      Réflexion faite, même si Debord ne s’embarrasse guère des médiations — ce qui pour moi montre les limites de sa réflexion, l’oeuvre demeure une féroce critique de la culture contemporaine prédigérée. De même la définition qu’il donne du travail demeure d’une actualité brûlante.

  24. Avatar de Pierre-Yves D.
    Pierre-Yves D.

    La « philosophie » de Debord est dualiste, platonicienne. Il y a d’un coté le monde des idées éternelles, dont l’idée de domination serait l’idée essentielle, et de l’autre la société du spectacle, monde des illusions qui renvoie certes à la société bien réelle, capitaliste et son système d’exploitation, mais dont le principe plein et entier ne peut venir que d’une révélation, d’une décision, celle de l’auteur, Guy Debord, ou de tout autre humain qui serait capable de rompre avec l’illusion aliénante de cette société du spectacle. C’est une Idée éternelle car tout et son contraire peut faire spectacle ; n’y est évoqué aucun critère discriminant qui permettrait de faire la part des choses, qu’il puisse être dit où commencerait et où finirait le spectacle, puisque même le vrai est un moment du faux.

    Il revient donc à Debord, et en général à l’homme seul, de décider, en situation — d’où le bien nommé mouvement situationniste, comment s’effectue et se renouvelle le spectacle. On ne s’étonnera pas alors qu’il ait intitulé la suite de son maître livre : « Commentaires sur la société du spectacle ». Il s’agit toujours de décrire le spectacle et rien d’autre si bien qu’il revient à chacun d’en faire l’antithèse et la synthèse.

    La philosophie debordienne est donc l’affirmation d’un sujet mais un sujet qui ne renvoie à rien d’autre qu’à lui-même et au monde des idées. Les grands absents de cette pensée sont l’autre et une société dans laquelle puisse être proposé un projet politique qui définirait les conditions objectives et pratiques d’une transformation sociale. Ne pas être sujet à la domination c’est ici simplement affirmer son existence propre, son désir spontané. Le sujet Debord se sublime par son investissement esthétique, en l’occurrence un style inimitable qui fait corps avec sa pensée. D’où la proposition du mouvement situationniste de faire de la vie de chacun une oeuvre d’art. Debord y parvint d’une certaine façon à travers son écriture, mais cela fait-il un projet de société à part entière ?

    La pensée hyper-critique de Debord peut permettre de nous défaire de certaines illusions, elle invite à la réflexion, à refuser pratiquement certains aspects — tous, si l’on est un peu mégalomane — d’une société du spectacle que l’on aura décrétée impropre à une existence digne, mais elle peut déboucher aussi sur le désespoir si l’on ne se sens pas l’âme du héros.
    Ou plutôt si l’on ne dispose pas d’une vision alternative qui consisterait à ne plus opposer individu et société. Si l’on oublie que l’humain n’est rien sans ses outils, ses instruments, et toutes les médiations qui ont permis la transmission et le renouvellement de leurs usages. Et déjà le stylo de Guy Debord.

    1. Avatar de Jaycib
      Jaycib

      Comme d’habitude, excellemment dit et pensé!

    2. Avatar de Crystal
      Crystal

      Il me semble que Debord avait tout de même esquissé un projet de société. D’après wiki :

      Le projet situationniste repose sur :

      * le communisme de conseils : lutte révolutionnaire pour l’abolition des États et du capitalisme et l’instauration de l’autogestion généralisée par le pouvoir des conseils ouvriers (démocratie directe). Les situationnistes luttent avant tout pour une société égalitaire débarrassée des rapports marchands, c’est-à-dire pour le communisme.

      * la révolution de la vie quotidienne, projet libertaire et hédoniste que l’on pourrait résumer par ce slogan : « Vivre sans temps mort et jouir sans entrave ».

      La révolution de la vie quotidienne ne peut se faire que dans le cadre de l’autogestion généralisée, sur des bases égalitaires, et en supprimant les rapports marchands. Elle s’appuie sur plusieurs idées :

      * l’abolition du spectacle en tant que rapport social ;

      * la participation des individus (refus des représentations immuables) ;

      * la communication (refus des médiations en tant que séparées[3]) ;

      * la réalisation et l’épanouissement de l’individu (opposés à son aliénation) : le libre usage de soi-même est un des aspects de cet épanouissement, mais globalement, la subjectivité radicale de chacun-e est censée se développer dans le refus des contraintes de la rentabilité, et ce dans tous les domaines, tout en gardant la responsabilité de ses actes ;

      * l’abolition du travail en tant qu’aliénation et activité séparée de la vie qui va, résumée par un slogan, que Guy Debord s’attribue, écrit à la craie sur un mur du quai aboutissant sur la Seine de la rue de Seine en 1952 (à Paris) : « Ne travaillez jamais » ;

      * le refus de toute activité séparée du reste de la vie quotidienne : les situationnistes luttent pour l’abolition de l’art contemplatif, des loisirs en tant que séparés de la vie de tous les jours, de l’Université et pour la réunification de toutes les activités humaines : la fin de la division du travail et des séparations entre les différentes sciences. Ils ne font ainsi que reprendre le projet communiste de Marx : l’autogestion communiste permet à l’activité de production de ne plus être un travail[4] et de fusionner avec toutes les autres activités humaines sous une forme artistique et poétique. Ainsi, l’activité de production n’est plus séparée de la réalisation individuelle, des loisirs et de la sexualité. De manière plus générale, le projet situationniste aspire à ce que toutes les activités humaines prennent une forme poétique : celle de la libre création de situations par les individus.

  25. Avatar de Eomenos
    Eomenos

    Etat d’urgence.

    Ca y est, ca va repartir comme après la culbute de LB….. Dubaï, aie, aie, sans oublier partout ailleurs dans le monde les indigestions d’immobilier commercial. Et cette fois ci, les caisses des Etats sont vides.

    Accrochez vous, on va enfin bien rigoler….

  26. Avatar de DB
    DB

    Pas énormément de monde hier pour voir le dernier documentaire de Michael Moore, « Capitalism : A love story »… C’était pourtant dans la plus grande salle de l’UGC des Halles (salle de 800 places), nous étions à peine 50…. Et dire que le film (Euh ..le navet pardon !) 2012 en est déjà à 2 millions d’entrées rien qu’en France…
    Ce n’est pas la crise qui va anéantir le Monde, mais la connerie humaine !!!

    1. Avatar de pablo75
      pablo75

      Il n’y a pas que le film de Moore qui ne marche pas. « Le syndrome du Titanic » de Hulot n’a fait que 250.000 entrées…

      http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/11/26/la-malediction-du-titanic_1272430_3244.html#ens_id=1272534&xtor=AL-32280151

  27. Avatar de Boukovski
    Boukovski

    La pauvreté de masse risque de faire son grand retour en Europe.

    En revenir aux questions de fond:

    . Qu’est-ce que créer de la richesse ? (dans un système sain la monnaie n’est jamais qu’une conséquence jamais une cause).
    . Comment créer de la richesse ?
    . Peut-on créer une richesse monétisable sans créer des biens, càd sans posséder une industrie solide et puissante ?

    Nous avons à la fois un problème de répartition des revenus (répartition de la richesse créée) mais aussi et surtout un problème portant sur la création de la richesse elle-même. Pourtant, les besoins sont là et ils sont immenses.

  28. Avatar de Piotr
    Piotr

    Etat d’urgence! Que se passe t’il à Dubai ?

  29. Avatar de Bernard.Z
    Bernard.Z

    Sur le dictionnaire j’ai vu que la démocratie c’était le gouvernement du peuple pour le peuple.En réalité c’est devenu le gouvernement des riches pour les riches.La reprise en main de la finance en spoliant le contribuable vient encore de nous le démontrer au détriment de l’économie.Les financiers font à nouveau ce qu’ils veulent.
    Au prochain crash il ne faudra pas hésiter à renationaliser les banques et employer les vieilles recettes de de Gaulle en 1945 qui ont permis (entre autres)d’effacer les lourdes conséquences de 1929.

    1. Avatar de Amsterdamois
      Amsterdamois

      le gouvernement des riches pour les riches a un nom : la Ploutocratie.

  30. Avatar de SKINNER
    SKINNER

    DUBAÏ = plus grand plongeon des bourses europeennes depuis mars…..on se demande à quoi ressemblera wall street lundi….

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