Billet invité.
L’INVRAISEMBLABLE DESINVOLTURE
Le capitalisme, déjà mis en cause pour sa logique financière dont le bilan des conséquences reste à faire, ainsi que pour sa contribution à l’utilisation irraisonnée des ressources de la planète, pour ne pas parler de celle au réchauffement de son atmosphère aux effets imprévisibles, est-il ou non en premier lieu responsable de l’impressionnante addition de ces méfaits, dont la liste s’allonge ? Si la réponse devait être affirmative – poser la question n’est pas y répondre pour les autres – il serait alors vraiment urgent de changer de modèle de société, sans attendre qu’il ne s’effondre de lui-même, sur nous, ou bien qu’il se réforme et s’amende, ce dont il ne donne pas de signal extrêmement convaincant.
S’il était décidé de lui donner une dernière chance, dans un accès d’insouciance ou bien d’inconscience, pourrait-il lui être proposé de régler un autre petit problème, dont on va parler à l’occasion de la Conférence de la FAO qui débute demain à Rome ? Jacques Diouf, secrétaire général de la FAO, vient d’effectuer une grève de la faim symbolique de 24 heures, rejoint a-t-il été annoncé par Ban-Ki Moon, le secrétaire général de l’ONU. Il a estimé que la production agricole devait augmenter de 70% d’ici 2050 et demandé aux Chefs d’Etats des engagements et du concret (ceux du G8 devraient briller par leur absence). « Les pauvres ne peuvent pas se nourrir de promesses », a répondu Francisco Sarmento, de l’ONG ActionAid. Car, pour la première fois, nous avons dépassé le cap du milliard d’êtres humains officiellement frappés de malnutrition. Les discours sur le recul de la pauvreté et de famine ne sont plus de circonstance et ne sont d’ailleurs même plus prononcés. Nous sommes également placés devant la perspective d’alimenter en 2050 (dans une génération et demie) les 9 milliards d’habitants que la terre devrait alors compter. Au regard de ce que nous constatons déjà, de la pitoyable comédie de la régulation financière qui nous est jouée, ainsi que de l’échec annoncé du sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, que l’on tente de camoufler au dernier moment, est-ce qu’un tel pari de notre part serait très responsable ? Et pourtant…
L’orientation donnée depuis des décennies à la production agricole mondiale est un fiasco. Organisée sous les auspices des organisations internationales, au premier rang desquelles la Banque Mondiale, elle a bénéficié l’agro-business moderne, pas à ceux qui devaient en profiter. Un agro-business de plus en plus tourné ces temps-ci, pour faire encore plus mauvaise mesure, vers la satisfaction des besoins énergétiques et non pas ceux de l’alimentation. Que n’a-t-il pas été écrit et dénoncé, à juste titre mais en vain, ne rendant pas nécessaire de pourfendre une fois de plus le modèle du capitalisme agricole, dont l’activité en matière de biotechnologies végétales de Monsanto, ainsi que l’achat des terres agricoles de par le monde (pour se constituer les réserves alimentaires de demain), sont les symboles de l’éclatante impasse – et non pas réussite – dans laquelle nous continuons résolument de progresser. Cela aussi a déjà été dit et redit.
Devant des promesses gouvernementales de soutien financier qui souvent ne se concrétisent même pas, les projecteurs des conférences éteints et les micros fermés, et dont l’utilisation procède plus de l’assistance dans l’urgence que du soutien à long terme, la FAO et les ONG recherchent en désespoir de cause auprès des investisseurs privés des interlocuteurs, leur faisant valoir que ce milliard d’affamés pourrait demain devenir autant de consommateurs, utilisant ce qu’ils espèrent être un mot magique. Craignant en même temps que s’intensifie sous leur influence le développement d’une agriculture intensive, utilisant les technologies les plus avancées, ne fournissant que peu de travail et ne nourrissant pas directement ceux qui la produiraient. Une agriculture orientée vers l’exportation, vers la satisfaction d’autres besoins que ceux des populations vivant sur les terres la permettant, alors que l’on parle de la nécessité de développer les marchés intérieurs des pays émergents ! A la considérer simplement sous ce jour, c’est la pire des exploitations.
Le soja, le riz, le mais, le blé, sont devenus des matières premières au même titre que le fer, l’étain, le cuivre ou le pétrole. C’est à dire les vecteurs et les leviers de la spéculation financière. La crise financière, elle, atteint indirectement les populations les plus démunies, qui voient les transferts des émigrés et de leurs diasporas diminuer sous les effets du sous-emploi, accentuant localement la famine. La production de mais et de canne à sucre est de plus consacrée aux bio-carburants. L’impact environnemental et social de l’agro-business, là où il a le plus prospéré, est énorme et souvent irréversible. Faut-il en rajouter ? Il n’y a que dans le domaine de la santé publique que l’on peut trouver un tel gâchis, une telle invraisemblable désinvolture à l’égard des êtres humains, les deux se rejoignant pour contribuer à ce qu’enfle, non pas une nouvelle bulle financière cette fois-ci, mais des sociétés de déshérités qui ne connaissent de la vie que les pénuries et qui n’ont d’autre perspective que d’être de plus en plus nombreux.
L’affirmation d’une alternative, d’une agriculture que l’on qualifie de familiale, se heurte en réalité aux structures sociales et de propriété des pays où il faudrait qu’elle trouve son essor. Qui n’a pas entendu parler, par exemple, du Mouvement des sans terres au Brésil ainsi que des grands latifundiaires, parti des colonels hier et chasse gardée des champions de la déforestation à grande échelle aujourd’hui ? Faute que cette agriculture à taille humaine soit possible, ce sont les mégapoles qui se multiplient, créant l’univers urbain dominant terrifiant de demain, dont aujourd’hui n’existent encore que les prémices, déjà peu fréquentables. Encore un autre sujet.
Mais à chaque fois, c’est bien du même capitalisme, arrivé à maturité, que l’on parle.
141 réponses à “L’actualité de la crise: L’invraisemblable désinvolture, par François Leclerc”
[…] Original post by François Leclerc […]
« Il faut éradiquer le problème de la faim dans le monde ! »
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours entendu cette même imprécation, sortant des bouches les plus responsables.
Maintenir dans la famine un milliard d’êtres humains, ça s’appelle comment en langage politico-financier ?
Un lapsus ?
@ Dominici CB : Une variable d’ajustement
@ La sardine : je ne suis pas sur de comprendre les méandres de votre allusion à la Russie . Ce que je sais des russes que j’adore , c’est qu’ils se portent mal y compris dans leur natalité , d’un lourd passage par une dérivation de la richesse produite vers l’effort militaire , de l’alcoolisme associé à la misère et une forme de sublime désespoir de l’âme slave .
Que faire pour limiter les naissances ? : je crois vous avoir déjà répondu : le partage des richesses et du savoir est le meilleur outil du planning familial .
Quand le » bon temps » ne se limite pas à jouir en baisant les équilibres renaissent seuls .
Merci juan nessy,
Dans ce cas, une variable d’ajustement ressemble comme une soeur au sinistre et crapuleux dommage collatéral,
qui est le masque derrière lequel se cache le hideux faciès du crime de guerre ; étant entendu que la guerre par elle-même
n’en est pas un, et que les affaires étant les affaires, il y faudra toujours une politique adaptée.
A moins que ce ne soit l’inverse.
sous le titre :
Energies : baisse historique de la consommation mondiale , le figaro publie cet article
nous résumons : il s’agit donc d’une reprise de l’économie qui ne consomme pas d’énergie et qui ne crée pas d’emploi ; c’est nouveau, ça vient de sortir ;
pour régler le problème de la faim dans le monde, il faut laisser les populations de chaque pays produire localement la nourriture dont elles ont besoin pour leur auto-suffisance ;
Ne pas confondre sens général et diktat !
Condamner certains à ne consommer que ce qu’ils peuvent produire localement , c’est les condamner à mort .
D’ailleurs ils ont trouvé la parade : ils sont ou redeviennent nomades .
J’émets quelques doutes sur les hypothèses du réchauffement climatique que l’on nous sert à toutes les sauces. Il semblerait que lesdites variations de température soient liées à l’activité solaire… Mais bon, je risque de me faire lyncher en le disant trop fort.
La question est toujours suspendue, bien que vous aurez remarqué que les uns ou les autres essaient surtout de crier le plus fort, ce qui, n’amène pas forcement la meilleure vérité.
Supposons qu’en effet le rechauffement vienne de l’activité solaire, malgré cela on ne peut pas nier que le CO2 soit un gaz à effet de serre ainsi que le méthane. Plus on augmentera nos rejets de CO2 et méthane, plus on renforcera le réchauffement.
Donc affirmer que le réchauffement vient de l’activité solaire doit « logiquement » nous obliger à lutter d’autant plus contre nos émissions susceptibles de renforcer ce phénomène.
Si le peak-oil devait être confirmé, ou pire être confirmé comme « passé depuis 2007 ».
Sachant que la population mondiale est apparemment toujours en phase de croissance…mal contrôlée, quelle que soit l’idéologie mondialiste qui émerge.
Si la rareté du gazole, ajoutée à une spéculation monstrueuse, fait grimper son prix de façon aussi monstrueuse… avec quoi marcheront les tracteurs?
On ne parle pas encore de tracteurs électriques.
Or
les rendements agricoles actuels dépendent des intrants et des tracteurs…
Moins de pétrole c’est moins de pain, de soja et de tout ce qui se mange.
Si c’est ce qu’avait compris Al Gore (quel nom prédestiné) pourquoi a-t-il employé l’argument du réchauffement anthropique pour proner la décroissance?
Une vérité qui dérange est-ce plus « propre » ou « vendeur » en pointant la du réchauffement climatique?
Ou bien fallait-il culpabiliser les classes moyennes du monde entier et ne pas léser les oligarques pétroliers trop tôt afin qu’ils finissent de faire des profits sur les dernières gouttes de la ressource?
Je suis convaincu que certains décideurs connaissent la vérité sur le volume de la ressource.
Je viens de découvrir (hier dimanche vers 21h) un nouveau forage en cours de nuit dans la craie de champagne près de Troyes.
La nappe pétrolifère du bassin parisien est difficile d’accès (sous de nappes d’eau pure à protéger d’éventuelles fuites) et chère à exploiter; qu’importe apparemment pour les concessionnaires-investisseurs qui savent la suite des prix…
Le peak-oil n’est pas la dernière goutte de pétrole.
C’est le moment où la demande mondiale dépasse les possibilités d’exploitation à l’instant. Si vous faites baisser la demande, on repasse de l’autre côté du peak, si vous clouez tous les avions de guerre du monde au sol, vous repassez derrière le peak … celui-ci est donc relatif, et la possibilité d’extraire du pétrole va avoir un effet de longue traîne pouvant durer des siècles, si la suite de l’humanité ne trouvait pas de moyens de supplanter ce produit sur tous ses secteurs d’utilisation.
Faisant une halte samedi dans une station Total, j’ai eu la surprise de voir une exposition sur les exploits pétroliers de Total :
« Le projet Pazflor contribue à produire votre carburant pour demain. »
Une vidéo montre que le projet a pour but d’extraire du pétrole d’un champ pétrolifère trouvé à 600 kms des côtes d’Angola et exploitable entre 600 et 1200 m de profondeur.
Le film parle de creuser à 3 300m pour rapporter le précieux or noir. 4000 personnes impliquées par le projet qui produira en 2011 pas moins de 220 barils de pétrole brut par jour, soit l’équivalent de la consommation quotidienne des clients du Réseau TOTAL en France.
PAZFLOR, le projet Total
Pourquoi parler du Peak Oil ici ?
quand les rats des champs rencontreront les rats des villes , la vie de chateau des chats sera compté.
l’économie au service des besoins humains ; se nourir, se vêtir, se protéger et se cultiver…
le capitalisme n’est que la dernière forme de l’appropriation des dominants ; le vrai sujet est : sommes nous capables de vivre sans exploiter autrui ?
je fais partie de ceux qui pense que oui et j’ai l’égalité humaine au coeur. Et vous ?
@ yves de bressy
la suite du livre toxic, à paraitre le 18 novembre 2009 …
http://williamreymond.com/content/toxic-food-enqu%C3%AAte-sur-les-secrets-de-la-nouvelle-malbouffe
Il y a beaucoup de chose à dire sur l’agriculture et j’ai lu beaucoup d’inexactitude dans certains propos…
Je ferais court ce soir et essaierai de développer dans un prochain post.
en premier lieu sachez quec’est l’élevage et la consommation de viande qui pose problème, savez que près de la moitié de la production céréalière(il faut que je retrouve les chiffres) sert à nourrir les animaux que l’on consomme !
je conseille la lecture sur l’agriculture naturelle de masanabu fukuoka:
http://pascaletmarie.free.fr/spip.php?article20
et sur la permaculture :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Permaculture
Fukuoka est un passionné, et qui cherche sans relâche.
Faire appliquer les méthodes Fukuoka à tous paysans est pour le moment assez in-envisageable. Trop de travail, trop de temps, ou alors suivant la méthode Maoïste de la révolution culturelle, cad, forcer un peu le désir d’aller foutre ses pieds dans la gadoue pour plus d’une moitié de population, ce qui est encore le cas au sud … et qu’on a oublié au nord.
Pourtant son travail est admirable, démontre qu’il y a toujours des solutions qui ne se trouvent pas forcement dans la ligne de la mauvaise et trop rapide évolution récente.
@ Galapiat
La proportion des céréales servant à l’alimentation des animaux est 80% du maïs produit en France à grand renfort de subventions européennes – mais seulement jusqu’en 2013 – et 80% du soja importé d’Argentine et du Brésil sert à nourrir les animaux élevés en batterie.
Tant les poules pondeuses, les poulets de batterie, les canards et les oies qui seront gavés pour fournir les foies gras de Noël, que les porcs et les vaches allaitantes, tous reçoivent des pâtées médicamenteuses comme le disent les vétérinaires puisqu’elles contiennent aussi des antibiotiques.
Le pire, il me semble c’est que la consommation de viande par tête d’habitant continue d’augmenter.
A propos d’agriculture et de fécondité , on annonçait pour novembre de cette année le résultat d’une étude européenne épidémiologique de longue haleine , visant à vérifier si oii ou non la population des agriculteurs soumis aux pesticides depuis 50 ans était atteinte d’une perte de fertilité ( analyse des spermes ) sensiblement plus notable que l’ensemble de la population masculine .
Si j’en crois tous mes copains toubibs , c’est une quasi certitude .
Quelqu’un a-t-il des nouvelles de cette étude ?
Soumis aux pesticides sans protection sérieuse pendant 25 ans…
Infertilité et cancers…dus à la trop fameuse « pulvé ».
Vous savez le brouillard qui sort des immenses « ailes » en treillis de tubes au cul des tracteurs.
J’en connais qui sont atteints à 30 ans..
Désolée de ne pouvoir vous répondre à ce sujet
Ce que je sais, c’est que l’espérance de vie d’un ouvrier agricole est nettement inférieure à la moyenne ( ne pas oublier la pénibilité du travail et ne pas confondre avec celle d’un exploitant agricole qui est sensiblement égale à celle d’un cadre ).
D’autre part, un médecin de mon entourage m’a dit qu’il y a une augmentation inquiétante des cas de cancer de l’enfant: chercher les causes.
Mon fils également me fait part de nombreux problèmes de stérilité dans des couples de son entourage.
Une chose est sûre, nos enfants sont en moins bonne santé que nous et ils vivront moins longtemps.
En ce qui concerne cette étude épidémiologique européenne je ne savais pas qu’elle était en cours, mais pour ce que je sais de l’infertilité masculine, une étude espagnole a démontré la perte de fertilité de 50% des jeunes espagnols de 30 ans par rapport aux années 50.
A Montpellier, le professeur Sultan a mis à jour l’augmentation de malformations sexuelles chez les jeunes garçons et l’arrivée de règles chez les jeunes filles dès l’âge de 8 ans.
A Bordeaux, le professeur Baldi a mis en lumière un nombre de cas de cancer du cerveau chez les viticulteurs de 20% supérieur aux chiffres établis pour les autres agriculteurs.
Une étude européenne a comparé l’eau potable et le vin conventionnels de plusieurs pays du monde entier. 100% étaient contaminés et certains avec pas moins de 10 pesticides différents. A noter cette équivalence sidérante que le niveau de contamination est 5800 fois plus élevé que pour l’eau potable. Il n’existe pas de Limite maximale de Résidu pour le vin. Allez savoir pourquoi ?? Les lobbies là encore sont très puissants et imposent leurs lois Grenelle de l’environnement ou pas.
Des cultures de pommiers reçoivent en moyenne entre 28 et 32 traitements par an.
C’est vrai qu’il existe une bio à 2 vitesses, mais se fournir auprès d’un producteur sur un marché ou auprès d’une AMAP, ce n’est pas du tout la même chose que d’acheter des produits bio dans les grandes surfaces surtout lorsqu’on connait leur politique marge arrières et la manière dont ils traitent leurs fournisseurs. C’est la guerre des prix bas, mais pas pour tout le monde.
« Un Américain sur sept ne peut se procurer assez à manger.
Plus de 49 millions d’Américains avaient des difficultés à se nourrir en quantité suffisante en 2008, un nombre record depuis la première étude fédérale sur l’insécurité alimentaire, il y a 14 ans, selon le gouvernement. »
http://fr.news.yahoo.com/4/20091116/twl-usa-faim-bd5ae06.html
pour ceux qui doutent, relire René Dumont;
quand le paysan produit des haricots verts qui seront mangés à Paris, tandis que lui se nourrit du blé qui vient de France,
on ne s’étonne plus de la part de ceux qui n’ont rien à manger;
« Les banques vues de l’arrière-boutique.
Arrogance, avidité, impunité, incompétence : 4 mots qui, pour l’investigateur Eric Laurent, dressent le bilan honteux des banquiers qui ont fait plonger la planète. « La face cachée des banques », un voyage au cœur de la finance. »
http://www.bakchich.info/Les-banques-vues-de-l-arriere,09220.html
DSK demande une hausse du yuan chinois
http://fr.finance.yahoo.com/actualites/dsk-demande-une-hausse-du-yuan-chinois-apress-55ec3984d346.html?x=0
Mauvaises dettes, par Bill Bonner
[…]
Pendant longtemps, on a traité le non-remboursement des dettes comme un crime et non comme une simple rupture de contrat. Les gens qui ne remboursaient pas leurs créanciers à temps étaient considérés comme des voleurs ; on les mettait en prison. Au Moyen Age, les enfants d’un débiteur décédé pouvaient eux aussi être envoyés au cachot. A présent, les lois qui encadrent les faillites permettent aux individus comme aux entreprises d’entrer en cure de désintoxication. Ils peuvent ensuite arnaquer une nouvelle fois leurs créditeurs. Ni péché, ni crime, la dette n’est plus qu’un coût de fonctionnement.
Mais peu de créditeurs sont aussi indulgents — ou négligents — que ceux qui prêtent au gouvernement. Telle est la conclusion d’un nouveau livre de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, This Time It’s Different [« Cette fois-ci c’est différent », NDLR.]. Les deux professeurs ont étudié huit siècles de « folie financière ». Nous connaissions déjà leurs conclusions : les emprunteurs sont souvent perfides, les crises sont généralement insidieuses, et les banquiers sont des benêts.
Il y a cinq ans seulement, Ben Bernanke observait les eaux calmes de l’Ere de la Bulle, qu’il avait baptisée « Grande Modération ». Bernanke s’en attribuait tout le mérite. Cette prospérité était due à « des politiques macro-économiques améliorées », affirmait-il. Rétrospectivement, il aurait probablement dû dire que c’était de la chance et s’en tenir là. Ses politiques macro-économiques ont poussé tous les secteurs de l’économie à emprunter. Inutile de rappeler quels ont été les résultats pour Hinckley. Encombré de dettes, trop lourd, le constructeur de yachts lutte pour rester à flot.
Mais qu’y a-t-il de neuf, se demandent Reinhart et Rogoff ? Partout et toujours, la dette engendre des problèmes. La France a fait défaut sur sa dette souveraine à huit reprises. L’Espagne en était à six fois avant 1800, puis sept après cette date.
L’Amérique latine, comme le soulignent les auteurs, aurait été plus sûre pour les banquiers si la planche à billets n’avait jamais traversé l’Atlantique. Entre l’hyperinflation, les défauts de paiement et les débâcles bancaires — sur deux siècles — les républiques bananières ont escroqué les banques de milliards de dollars. Dans les années 80, Nicholas Brady a essayé de secourir les banquiers new-yorkais avec ses « Brady bonds », des obligations garanties par les Etats-Unis. Les lecteurs de longue date devineront ce qui s’est passé. En quelques années, sur les 17 pays ayant entrepris une restructuration de leur dette selon la méthode Brady, sept étaient plus endettés qu’auparavant. En 2003, quatre membres du gang Brady avaient une fois de plus fait défaut ; en 2008, l’Equateur avait fait défaut deux fois.
Même des pays inexistants manquent à leurs engagements. En 1822, « General Sir » Gregor MacGregor émit les obligations d’un pays fictif qu’il appela Poyais, dont la capitale, Saint Joseph, était décrite dans le prospectus comme ayant « de vastes boulevards, des immeubles à colonnades et une splendide cathédrale avec un dôme ». Les obligations se vendaient à des rendements plus bas que ceux du Chili. Mais peu importe que le pays soit réel ou imaginaire — aucun ne paie ses dettes.
En ce qui concerne la crise actuelle, votre correspondant n’offre pas de prédictions, simplement quelques lignes directrices. Durant un ralentissement économique ordinaire, les prix réels de l’immobilier baissent généralement de 36% sur une période de six ans. Le PIB per capita, toujours en termes réels, chute en général de 9,3%, tandis que le taux de chômage grimpe durant cinq ans, avec une augmentation « normale » d’environ sept points de pourcentage. La situation la plus proche des circonstances actuelles, qu’on appelle la « Grande Contraction », est la Grande dépression des années 30. A cette époque, le chômage en Allemagne et au Danemark dépassait les 30%. L’activité de construction diminua de 82% aux Etats-Unis. Le Chili vit ses exportations s’effondrer de 90%.
Les recettes fiscales baissent, pendant une crise économique. Les dépenses gouvernementales enflent (surtout quand les autorités sont prêtes à faire « tout ce qu’il faudra » pour générer une reprise). Généralement, selon Reinhard et Rogoff, après un désastre financier, la dette publique augmente de 86% sur une période de trois ans. Tant la Grande-Bretagne que les Etats-Unis enregistrent désormais des déficits de plus de 10% du PIB national. Aucun des deux pays n’a de plan honorable pour réduire ses dettes. Alors restez à l’écoute. Les défauts gouvernementaux, les dévaluations monétaires et l’hyperinflation nous attendent au tournant. »
A lire aussi:
« Le niveau de vie des Américains va baisser »
http://www.la-chronique-agora.com/articles/20091116-2282.html
Dans la rubrique « Tout va bien officiellement, mais les faits sont têtus »:
« La consommation devrait reculer – pour la première fois depuis 1945 – de 3,5% cette année. Celle de gaz de 3%. Principal responsable : le recul de l’activité industrielle. »
http://www.liberation.fr/economie/0101603241-baisse-historique-de-la-consommation-d-electricite-mondiale
Manque le titre:
« Baisse historique de la consommation d’électricité mondiale ».
À lire aussi:
« L’Afrique a franchi le cap du milliard d’habitants »
http://www.lemonde.fr/planete/article/2009/11/14/l-afrique-a-franchi-le-cap-du-milliard-d-habitants_1267171_3244.html
« Les industriels souffrent, les banquiers pavoisent »
http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/11/16/a-la-bourse-de-paris-les-banquiers-pavoisent-les-industriels-souffrent_1267600_3234.html
Bonjour,
Pour ceux qui ont un peu d’argent et sont intéressés à investir dans le bio:
http://www.terredeliens.org/spip.php?page=accueil
Voir aussi la banque ethique LA NEF
Les jeux sont faits:
http://www.reporterre.net/spip.php?article695
Il y avait deux solutions à l’explosion de la dominance sociale. La limitation des fortunes personnelles. L’attribution d’un revenu minimum de survie. La première solution aurait résolu la quasi totalité des problèmes de l’humanité. C’est bien sûr la seconde qui sera choisie et elle le sera d’autant plus facilement que, d’une part, dans la pratique des multiples aides et allocations, elle existe déjà embryonairement, et que, d’autre part, le singe tend beaucoup mieux l’oreille à l’espoir d’une jouissance qu’à celui d’une cogitation.
Le signal de fin de l’humanité est donc donné. Le singe n’ayant plus à guillotiner ses prédateurs, il n’aura plus qu’à gratter ses puces… RFID.
C’est Rudolf Steiner (le fondateur de l’agriculture Bio), qui doit bien se marrer dans sa tombe.
Nuance, si je peux me permettre, mais je n’arrête pas de donner des leçons à la suite de ce post sur l’invraisemblable désinvolture.
Steiner, c’est le biodynamique, et la différence est vraiment sur le « dynamique », l’étude et l’amélioration des techniques sont d’ailleurs le soucis quotidien.
Le Bio, c’est ce qu’on a toujours fait autrefois, sans n’avoir jamais l’idée de l’appeler bio, puisque ça s’appelait, « à manger ».
Je suis sensible à la restriction mentale qui se manifeste quand » allocation de vie » est assimilée à » aumône » .
La réaction d’un homme apparemment généreux comme Betov , montre qu’il est encore difficile ( peut être l’ancestrale déformation de l’esprit que notre très longue exposition à » l’argent » a imprimé en nous ?) de faire admettre comme un droit universel cette ressource , ce droit à vivre .
Il va par contre de soi que cette ressource » à la naissance » doit être un de ces droits contenus dans la formule : les hommes naissent et demeurent égaux en droit ( et en devoir ) . Il y faut donc selon moi l’onction constitutionnelle , et c’est à coup sûr un élément « sine qua non » d’une vraie constitution européenne et d’une évidence sans ambigïté telle que la redoute Betov .
Paul Jorion pourrait nous donner son sentiment , comme codicille d’un chapitre de » l’argent , mode d’emploi » . Qu’il m’excuse s’il a déjà donné sa réponse .
@barbe-toute-bleue:
Tu as deux fois raisons, mais ce n’est pas le sujet. Entre parenthèses, les véritables fondateurs du mouvement bio, tel qu’on le connaît, était pratiquement tous de la biodynamique…
@juan:
Aucun doute sur le fait que l’allocation de vie sera assimilée par les dominants sociaux comme une aumône.
Il me semble que tu assimile mon signal de fin du monde à un désaccord avec cette initiative. C’est ça, mais ce n’est pas exactement ça. La nécessité de l’allocation de vie est une évidence. Avec l’augmentation de la productivité par la productique, nous savons tous qu’il y aura de moins en moins de travail, et qu’il faudra bien un système pour que les gens consomment ce que les robots produiront.
La catastrophe découle du fait de mettre la charrue avant les boeufs. Il fallait d’abord museler la dominance sociale, en plafonnant les fortunes personnelles, de sorte que les dominants sociaux ne puissent plus nuire. Ensuite, et seulement ensuite, passer au salaire universel.
Sans toucher à la dominance sociale, nous allons vers du pain et des jeux pour des dominés indifférents, pendant que les dominants pousseront inévitablement vers l’abîme, en toute quiétude. L’allocation aura, de toutes façons, des conséquences très complexes, quasi impossible à prédire. La dominance sociale, elle, a une route toute tracée: 1984.
Je regrette de ne pas avoir eu le talent de faire passer cette idée pourtant si simple. Trop, sans doute.
Dominants, ou plutôt l’écart trop grand séparant les trop riches et non seulement les pauvres, mais les classes moyennes dans leur pays respectif.
L’écart s’est accru, et il y a une raison pour cela. On peut ramasser plus à mettre et garder à sa disposition. Et d’où vient ce plus ? De toutes les sources d’énergie parallèlement en exploitation, mains d’oeuvre comprises, bien que ces mains soient d’un moindre apport si elles ne sont pas cumulées. D’où la pauvreté des pauvres …
Si vous avez vos dominants gardant ce contrôle au dessus de la production d’énergie ( on ne parle pas de la rigolade à pales carrées pour attraper le mistral même si il vient par derrière ) on aura bien le problème qui va persister, c’est sûr !!
Rien n’est joué, mais je suis naïf. Je n’arriverai jamais à croire qu’une société fonctionnant sous la contrainte, puisse vraiment aller très loin dans l’innovation qui compte.
Elle est obligée d’embrayer tôt ou tard, sur un modèle vraiment fonctionnel ( pour éviter d’avoir à employer le mot » productif » ). Le hic est que nous sommes de notre vivant beaucoup plus concernés par le tôt que le tard. C’est con, non ?!
Barbe-toute-bleue, je ne vois pas à quelle contrainte tu fais allusion, mais il est clair que parler de l’écart séparant les riches des pauvres, c’est parler de la conséquence, et non de la cause.
Comme le dit Mélenchon, « 15.000 années de SMIC… », « les 1000 premières années, on voit bien, mais les 14.000 autres ! … Qu’est ce que vous voulez qu’ils en fassent ?! ».
Le fait que des porcs aient plus qu’ils ne peuvent manger n’est pas le problème. Grand mal leur fasse. Le problème réel de la dominance sociale tient à ce que les dominants ont le pouvoir de décision alors que les dominés n’ont que le choix de remplir ou non la gamelle, au gré du système de propagande.
La cause ? Mais c’est la conséquence de l’histoire co-évolutive qu’on observe. On en est à un certain point aujourd’hui.
Les avantages qu’on arrive à arracher à tous les autres vus comme des concurrents, et qu’on essaie de garder pour ses plus proches, cad famille ou tribu.
Avantages acquis ( bien ou mal acquis, tout dépend des morales des époques ) ne se cèdent, ou se partagent, qu’après un combat de toutes les et ses forces. Et si ce n’était pas les uns qui possédaient plus, ce serait les autres.
Par l’accumulation à travers les générations, on ne parle plus de consommer, pour les plus riches, on parle d’investir et de spéculer. On parle de se retrouver avec un marché financier où des gens travaillent, réfléchissent, relèvent des challenges … mais pour aller où ?
On récupère un pouvoir. Le pouvoir de ne prendre que des mauvaises décisions en fait partie.
Quels sont les vrais défis à relever ? Pour la suite de l’odyssée humaine, encore les mêmes :
-domestiquer toujours plus d’énergie ! ( pour en faire quoi, pour aller où ?? { tiens, encore un « où » ! Néanmoins pas du tout le même « Où » } )
-d’Où, arriver à comprendre quoi en faire ! ( vu que les quantités disponibles peuvent inciter au gaspillage lorsque l’on est toujours qu’une sorte d’animal, dominant ou pas )
-comprendre si les autres, au delà de nos proches, peuvent être utiles dans cette quête peut-être inutile ( donc, embarquons aussi les gens en apparence les plus « in-utiles » qui soit )
L »aspect dictature de la pensée unique puisque générée qu’à partir d’un nombre restreint d’individus peu renouvelés, exprimée au travers des médias propriété privée, n’est qu’un cliché instantané.
Le détail minute par minute des gros (immenses)mensonges de Bernanke hier…et des fausses stats sur le ‘retail’:
http://market-ticker.denninger.net/
Dans le genre optimiste, je vous conseille le dernier opus n° 39 du GEAB ou i lest question, de cessation de paiement ,d’inflation, et d’augmentation des impôts.J’attend avec impatience vos éclairages sur ces concepts qui risquent de devenir des réalités.
Tant que les États n’auront pas éliminés les paradis fiscaux, toute tentative sérieuse de résoudre les divers problèmes de l’humanité sera vouée à l’échec :
http://euroclippers.typepad.fr/alerte_ethique/
Et cela ne passera que par un meilleur contrôle des dirigeants par les citoyens, notamment au moyen de « l’Alerte éthique » seul moyen de neutraliser rapidement, et définitivement ,les dirigeants corrompus qui pillent leur pays en Afrique, comme ailleurs…
Jean-Charles Duboc
Bonjour à tous,
Avec une INVRAISEMBLABLE DÉSINVOLTURE
petit à petit l’oiseau fait son nid…
Le FMI favorable à une nouvelle devise mondiale
REUTERS | 17.11.2009 | 12:22
Dominique Strauss-Kahn a confirmé que cette nouvelle monnaie de réserve
pourrait être basée sur le système des droits de tirage spéciaux (DTS),
l’unité de compte utilisée par le Fond monétaire international (FMI).
Si le FMI prend le pouvoir mondial, ce sont plus de la moitié des humains qui meurent.
Et cela m’étonnerait que cela se fasse dans une virtuelle « paix sociale ».
Les Chinois prévoient peut-être aussi ce risque en rachetant des terres partout dans le monde.
De quoi accélérer quelques « révoltes »…
Christine Lagarde désignée « star » de la finance de l’année par le Financial Times.
Le classement du journal britannique devrait renforcer les rumeurs sur une éventuelle promotion de la ministre française.
Certains commentateurs politiques en France la voient en effet comme une remplaçante potentielle du Premier ministre François Fillon.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=ba60d72293f31a027d0ff1663a2698c2
Christine Lagarde premier ministre ! Christine Lagarde premier ministre ! Christine Lagarde premier ministre ! Christine Lagarde premier ministre !
Bon d’accord, ce serait un désastre social pour le peuple français, mais au moins on rigolerait tous les jours !
Oui, on est en plein sur le chemin de la « république de la bouffonnerie » :-)))
Et dire que DSK est à 52% dans les sondages d’opinion…
(espérons qu’ils sont truqués ces sondages sinon c’est désespérant!)
En ce qui concerne les SAFER et leur droit de préemption (billet de JFF), il faut savoir que la commune, si elle le veut, est prioritaire sur la SAFER, et peut donc court circuiter les petits arrangements entre amis. La confédération paysanne de l’Ardèche a édité un petit A3 recto/verso qui indique toutes les possibilités d’acquérir de la terre par l’intermédiaire des communes, si tant est qu’elles en aient l’envie.
OK Noté. Merci du tuyau.
bonjour,
Mon mari est décédé il y a un an d’un cancer du larynx et pharynx. Premier cancer 1997 récidives en 2007 et 2008.
Il était horticuleur mais n’utilisait que très peu de produits chimiques. Nous avons quitté notre première horticulture en 78 pour raison d’expropriation et avons recommencé une entreprise horticole et maraîchère, et ceci jusqu’à la retraite en 2001. NOus étions installés à la campagne et nous avions la naîveté de croire que nous étions plus à l’abri qu’en ville. Nous avions cultivé toute l’entreprise sans produits chimique et avions le label de culture biologique. NOus étions en Alsace, région de culture de houblon (traité pratiquement tous les jours) de tabac et le comble de maîs qui a été parfois traité par hélicoptére, et ceci près des habitations.
Donc il est clair que même en ayant une démarche totalement respectueuse de notre environnement, nous n’avons pas pu maîtriser la pollution extérieure à notre entreprise.
NOus avions beau avertir nos voisins agriculteurs des dangers de l’utilisation de pesticides, nous passions pour des farfelus. Je peux vous assurer que maintenant ils doivent se souvenir de ce que nous leur disions. Depuis nous avons quitté l’Alsace pour une région tout aussi polluée, la Bretagne qui détient le record de cancers C’est la région natale de mon mari.
Je pense que le nombre de cancers ne fait qu’augmenter. Au lieu de nous user avec l’épidémie de grippe, il serait temps que nous ayions l’honnèteté de parler de pandémie de cancer. Mais il y a tant d’argent en jeu!!!!!
Martine
Merci pour votre témoignage. Le fait que de plus en plus de gens prennent conscience des problèmes causés par les pesticides, c’est un peu grâce à votre combat.
Etats-Unis : des nouvelles de l’économie réelle :
La production industrielle n’a augmenté que de 0,1 % aux Etats-Unis en octobre, soit nettement moins que prévu par les analystes, ceux de Raymond James ayant par exemple attendu une progression de 0,7 %.
Ce ralentissement intervient après une croissance de 0,6 % en septembre, révisée après 0,7 % en estimation initiale.
Le taux d’utilisation des capacités de production n’est remonté qu’à 70,7 % contre 70,5 % le mois précédent, et alors que Raymond James tablait sur une hausse à 71,1 %.
Dans le secteur manufacturier proprement-dit, la production a même baissé de 0,1%, et le taux d’utilisation des capacités est resté stable à 67,6 %.
http://www.boursorama.com/international/detail_actu_taux.phtml?num=02191d7c2a1935b95b7a0032c5a0df8f
Comment ça ?
Dans le secteur manufacturier, la production a baissé de 0,1 % ?
Comment est-ce possible ?
Je croyais que la reprise était là !
Merci à Mireille , Martine et Tartar de leur écho .
Je recherche mes sources , mais je crois que c’est la lecture d’un article du Monde qui m’avait fait repéré cette annonce de résultat officiel multinational .
Vient de paraître
LES AGRICULTEURS BIOLOGIQUES
RUPTURES ET INNOVATIONS
Denise Van Dam, Jean Nizet, Marcus Dejardin et Michel Streith
20 x 26,5 cm – 150 pages – Educagri éditions, Collection Approches
ISBN 978-2-84444-759-3 – 18 €
http://www.editions.educagri.fr
Cet ouvrage retrace le parcours d’une soixantaine d’agriculteurs biologiques. Céréaliers, maraîchers, arboriculteurs, éleveurs, ou encore vignerons, établis dans différentes régions de France et de Belgique : comment en sont-ils venus à l’agriculture biologique ? Les auteurs dégagent huit thèmes qu’ils explorent à partir des disciplines suivantes : l’économie, lorsqu’ils repèrent les manières dont les exploitants assurent la fonction d’entrepreneur ; la sociologie, quand ils s’intéressent, par exemple, aux canaux de transmission de l’expérience (la famille, le groupe des pairs) ; l’anthropologie, lorsqu’ils identifient le rôle inédit détenu par les femmes ; la psychologie, enfin, lorsqu’il est question des émotions ressenties lors de la transition vers le bio. Une première partie décrit la dynamique de rupture où le choix de passer à l’agriculture biologique implique d’abandonner des comportements antérieurs, de se différencier d’autres praticiens, avec ce que cela entraîne comme conflits, rejets, incertitudes, chocs émotionnels. La deuxième partie décrit la dynamique d’innovation qui implique la mise en place de nouvelles pratiques, individuellement et collectivement, grâce à l’expérimentation, la recherche, les échanges. L’ouvrage se termine sur des pistes pour promouvoir l’agriculture biologique en confrontant des points de vue de praticiens et
d’experts.
Merci Monsieur Jorion de cette information. Je vais me le procurer de ce pas.
C’est bien la difficulté mais aussi l’intérêt de cette transition en culture biologique. Un révolution culturelle pour un agriculteur traditionnel. Il faut y acquérir une grande connaissance de la biologie et il faudrait des conseillers consistants pour aider dans cette tansition. Beaucoup trop abandonnent hélas, mais ceux qui réussissent atteignent le « Nirvana ». J’y vois l’avenir de l’agriculture avec la fin des paysans qui héritent de leurs parents qui ne font qu’appliquer des pratiques par habitudes et non par connaissance. Je suis éffaré des enseignements dispensés par certain établissement de formation agricole. Une honte dans certain cas. Comment aider les jeunes à évoluer avec des enseignants rivés dans leurs certitudes agrochimiques, quasi pseudo scientifiques?
Merci aussi de l’info .
Au passage je signale que paysan n’est pas équivalent à agriculteur , et que c’est en principe ce qui distigue la Confédération paysanne à la fois de la FNSEA et du lobby » agrobio » qui commence à grossir .
La labellisation « BIO » qui commence à devenir un dieu vivant , risque fort d’assassiner ( coût exhorbitant de l’agrément pour chaque produit ) des paysans ou de simples particuliers qui ont fait de tout temps du » bio » sans le savoir et sans labellisation coûteuse . Ce sont d’ailleurs eux qui font mon plaisr des marchés locaux .
Les AMA »P » risquent fort de devenir des AMA »B » , une hérésie sociale de plus .
« Le challenge qui est de nourrir 7 à 8 milliards d’homme pendant que l’approvisionnement de pétrole chute et tout bonnement stupéfiant. Et cela sera encore plus énorme si les gouvernements font comme si cela n’arrivera pas. »
http://www.monbiot.com/archives/2009/11/16/if-nothing-else-save-farming/
En devenant végétarien. Il faut 20 kg de céréales pour faire un kg de viande…..
Fab
J’essaie de résumer votre thèse (à partir de vos différents commentaires) :
1. nous ne sommes pas préparés à la phase d’effondrement dans laquelle le capitalisme est entré pour cause de limites naturelles à la croissance.
2. C’est une erreur de penser qu’une autre politique économique, n’importe laquelle, puisse combler le vide dangereux que provoquera l’obsolescence des dérivatifs inhérents au fonctionnement du capitalisme. L’homo consuméris, pour sa grande majorité, soudain privé de ses « drogues » favorites, sera incapable de se questionner lui-même pour redéfinir un nouveau projet de vie alors que tous les repères habituels auront disparu. Il en résultera un retour de l’humain a son animalité, celui-ci ne se préoccupant que de questions de survie.
3. L’humain relève d’une dimension qui dépasse le social et l’économique. Il faut par conséquent dès à présent réfléchir à ce que serait une politique de l’humain
Question1 :
Evoquer l’humain indépendamment des questions économiques n’est-ce pas supposer que l’humain a une capacité de transformation telle de lui-même que toute réflexion sur l’économie devient secondaire ? Que l’humanité de l’homme ayant été rétablie dans ses droits — à être pleinement humaine– l’économie (l’intendance) suivra.
Question2
Quelle serait pour vous cette politique de l’humain ?
J’ai rien compris !
Je vais reformuler ce que j’ai compris du questionnement de Fab. C’est ma dernière tentative, le mieux est peut-être de laisser Fab formuler lui-même 😉
Il est inutile voire dangereux de chercher d’abord des réponses économiques et sociales à la crise car lorsque le système s’effondrera sur lui-même les humains — ou du moins la plupart d’entre eux, soudain privés des plaisirs qu’offrent la société de consommation, tels des drogués en manque, ne seront pas affectivement et intellectuellement en état de changer leur comportement :
le vide crée par le désoeuvrement consécutif au chômage massif, à la baisse soudaine du niveau de vie, et même la pauvreté, inclinera plus à la violence qu’à la réflexion et à la solidarité active. D’où la nécessité, dès maintenant, de définir une « politique de l’humain » qui consisterait à réfléchir en priorité aux conditions selon lesquelles le plus grand nombre pourrait être en mesure d’embrayer sur tout type d’action collective visant à transformer économie et société.
J’espère avoir été plus clair.
« du moins la plupart d’entre eux, soudain privés des plaisirs qu’offrent la société de consommation, tels des drogués en manque, ne seront pas affectivement et intellectuellement en état de changer leur comportement »
Je pense au contraire que la faculté d’adaptation des humains est extraordinaire (et j’ai de nombreux exemples historiques à l’appui, à commencer par la survie en camps de concentrations, goulags, etc). C’est une des raisons de la faible résistance à l’exploitation.
Pierre-Yves D., bonsoir et merci,
Prenons le cas de l’élevage industriel de poules ou de cochons ( http://video.google.fr/videosearch?hl=fr&q=élevage%20intensif&um=1&ie=UTF-8&sa=N&tab=wv# , au choix !). Supposons qu’une maladie pouvant se propager à l’homme soit due à ce type d’élevage intensif. Supposons que l’homme trouve un vaccin pour éviter la propagation de cette maladie. Pensez-vous que le vaccin soit la meilleure réponse possible ? Je n’aime pas l’expression « politique de l’humain » mais : la crise actuelle est une crise de civilisation. « Nous » n’en retenons que l’aspect économique et ne présentons que des solutions économiques. C’est la solution de facilité qui permet de traiter les symptômes du mal que l’on considère. C’est là le principal danger : masquer la crise de civilisation. L’humain se cache derrière. Je crains qu’une fois encore notre crise nous soit volée au profit d’idées, si grandes et efficaces soient elles.
Sincèrement.
PS : Il y a plusieurs points de votre exposé dans lesquels je ne me retrouve pas du tout. J’y reviendrai peut-être une autre fois.
Voici une vidéo qui peut alimenter la réflexion, sur ce qui est possible, sur ce qui nous attend.
Collapse Dynamics
http://vinay.howtolivewiki.com/blog/other/noah-raford-collapse-dynamics-26-may-2009-london-school-of-economics-1539