Billet invité.
DEFLATION OU PAS ?
C’est le sujet de la rentrée. Rappel : certains analystes, au premier rang desquels les experts de la BCE, ont ces derniers temps insisté sur le fait qu’il y a avait déflation et déflation, ne pas confondre ! Que ce que nous enregistrions en avait certes l’apparence, mais que celle-ci était trompeuse. Qu’il ne fallait pas se fier aveuglément aux chiffres (pour une fois que ce sont eux qui le disent !) et prendre en compte que le niveau historiquement très élevé des prix du pétrole, il y a un an, faussait la comparaison. Tout va rentrer dans l’ordre à la fin de l’année, prédisent-ils, sans expliquer si c’est de la hausse du pétrole, et d’une manière générale des matières premières, qu’il va falloir attendre cette amélioration des données de l’inflation, effaçant un peu magiquement la déflation constatée. Car cela serait alors tomber de Charybde en Scylla, la déflation ne serait peut-être plus aux portes (ce qui reste à vérifier), mais la hausse du prix des « commodities » ferait en contrepartie obstacle à la relance économique. De fait, la hausse du prix des matières premières est attendue par de nombreux commentateurs financiers. Comme il sera difficile de l’expliquer par une forte demande résultant d’une croissance économique échevelée, les mauvais esprits considéreront certainement qu’elle résultera de la spéculation financière. Arguant du fait qu’il faut bien se refaire une santé et qu’il n’y a pas tant de terrains de jeux disponibles, depuis qu’un certain nombre d’entre eux sont désertés. Mais n’anticipons pas !
Quoi qu’il en soit, le Financial Times, vient d’annoncer que les prix des produits industriels avaient chuté de 7,8 % en un an en Allemagne, ce qui ne s’était jamais vu depuis la fin de la seconde guerre mondiale (1949), « éclairant la faiblesse des pressions inflationnistes dans toute l’Europe », précise le journal avec une de ces formules contournées qui sont l’apanage des financiers et le privilège de ceux qui ne veulent pas employer les mots qui blessent. Le même article, signé de Ralph Atkins, correspondant à Francfort, considère que cette donnée « renforce la crainte que les forces déflationnistes se renforcent dans la principale économie européenne. » Le mot est finalement dit.
L’appréciation des données déflationnistes n’est pas un exercice d’école. Les économistes sont familiers avec la notion de « core inflation » (noyau de l’inflation), qui exclut du calcul de celle-ci le prix de l’énergie et des produits alimentaires, considérés comme les plus volatiles et pouvant être trompeurs. Le malheur veut que cette mesure du noyau de l’inflation est déjà négative en Irlande et qu’il est difficile de soutenir que ce n’est pas un signe inquiétant qui pourrait se révéler précurseur. Selon Eurostat, l’office de statistiques Européen, les prix à la consommation, et donc le taux d’inflation (incluant pétrole et produits alimentaires), sont négatifs à -0,6% en juillet (sur une année), accentuant le – 0,1% du mois de juin précédent. Il ferait bien voir que ces pourcentages modestes ne puissent pas être considérés comme significatifs, alors que l’on fait des gorges chaudes de modestes pourcentages identiques lorsqu’ils mesurent la croissance (en Allemagne et en France).
Pour le moins, il peut être dit que la déflation est rampante en Europe. Ce qui pose immédiatement le problème de savoir si cela va se confirmer dans les mois qui viennent, avec comme conséquence connue, de grandes difficultés à sortir ensuite de la « spirale déflationniste », une fois installé dans celle-ci. Marek Belka, directeur du département Europe du FMI, tout en se défendant d’avoir une appréciation différente de celle de la BCE, estime certes que le risque de déflation « demeurait minimal », mais rajoute que « nous devons être vigilants et ne pas complètement en exclure la possibilité »… On a beau être économiste, on n’en est pas moins diplomate ! Dans un précédent article du Financial Times, daté du 31 juillet dernier, Ralph Atkins se référait à l’opinion de Nick Kounis, de la banque Fortis, selon laquelle le danger de la déflation était plus à moyen terme qu’à court terme. D’une discussion sur les « pousses vertes », nous avons toutes les chances de passer prochainement à une autre sur la déflation.
Olivier Blanchard, chef économiste de la FMI, vient de communiquer à la presse un article intitulé « Soutenir une reprise mondiale », destiné à paraître en septembre dans la revue « Finance and Development ». Pour lui, « la reprise a commencé ». Mais ce qui apparaît comme une profession de foi très politique est suivi de considérations moins péremptoires: « Dans les récessions normales, aussi destructives soient-elles pour les entreprises et l’emploi, les choses se redressent de manière prévisible », mais, reconnaît-il, « la récession mondiale actuelle est loin d’être normale ». En conséquence, « le redressement ne sera pas simple. La crise a laissé des cicatrices profondes qui auront des conséquences tout à la fois sur l’offre et la demande pendant plusieurs années ». Pour soutenir la reprise « des rééquilibrages seront nécessaires, tant à l’intérieur des pays qu’entre les pays ». Concernant ces derniers, Olivier Blanchard exclut une reprise américaine résultant de la consommation des ménages, d’une relance de l’investissement ou de relances budgétaires successives et ne voit que le développement des exportations nettes en direction de la Chine et de l’Asie en général pour la susciter. On attend avec intérêt la livraison suivante de « Finance and Development » et la suite de son article pour connaître les secteurs d’activités qui en seront à l’origine. Quant aux rééquilibrages internes, faut-il comprendre qu’ils résulteront d’une augmentation de la pression fiscale ?
Ambrose Evans-Pritchard, dans sa chronique du Daily Telegraph, développait il y a quatre jours un tout autre point de vue, dans la veine provocatrice qu’il affectionne souvent. La situation, estime-t-il données chiffrées impressionnantes à l’appui, est marquée par des capacités de production mondiales en fort excédent : « …Si les dirigeants Américains et Européens ont su cette fois prévenir une implosion de la masse monétaire et un effondrement bancaire en cascade, ils n’ont pas résolu la cause première de notre (mal nommée) crise du crédit. Ils ne le peuvent pas. »
Dès que l’on sort des affirmations à la petite semaine des analystes, penchés sur les mouvements erratiques des cours boursiers et les indices lus dans leur boule de cristal, le débat se fait plus âpre, les prévisions plus incertaines. Tout en réservant son jugement par rapport à l’analyse d’un « keneysien de gauche » qu’il cite (le professeur James Livingston de Rutgers University), Ambrose Evans-Pritchard se demande ainsi, faussement interrogatif, si « nous n’avons pas été aveuglés par Milton Friedman, qui a convaincu nos élites économiques, et par dessous tout le Président de la Fed Ben Barnanke, que la dépression était un +accident du crédit+ pouvant être évité grâce au souffle monétaire créé par son hélicoptère arrosant le marché de liquidités. Selon ce schéma, nous devrions être sortis de la zone de risque dans peu de temps. » « Les gens parlent trop de liquidité – un terme glissant – et pas suffisamment de la demande concrète. » conclut-il.
Champions des points de vue tranchés, les financiers américains semblent avoir entre eux des approches divergentes de la situation. Certains considèrent qu’à force d’avoir été contenue en quelque sorte, il y aurait à l’heure actuelle de disponible un fort « réservoir de demande » pour une rapide relance économique. C’est par exemple le cas de James Glassman (JP Morgan), Laurence Meyer (ancien gouverneur de la Fed) ou Stephen Stanley (RBS Securities), cités par l’agence Bloomberg. D’autres, comme Mohamed El-Erian (PIMCO) persistent à dire que « les indicateurs continuent de mettre en évidence une lente croissance à moyen terme aux Etats-Unis », s’opposant à l’idée d’une reprise en « V ».
Il faut reconnaître que les tenants de cette dernière thèse, soutenue envers et contre tout, nous interrogent. Non pas parce qu’ils pourraient avoir raison (et nous tort), mais parce que l’on peut se demander quelle peut bien être la source de leurs certitudes, de leur foi, pour ne pas dire de leur aveuglement. De leur arrogance intellectuelle, aussi (quand elle se limite à cela), qui leur fait refuser toute mise en cause de leurs schémas de pensée, en dépit du gigantesque chambardement que nous connaissons. Comme si une telle réévaluation était de l’ordre de l’indicible. Ce qui est un peu effrayant, pour eux comme pour nous.
51 réponses à “L’actualité de la crise : Déflation ou pas ?, par François Leclerc”
Selon l’image que j’ai des élites financières, j’ose penser que la mise en question de la doctrine Friedmann est indicible. C’est demander à ces gens de renoncer à ce qui a construit toute leur vie. Ils ont bâti leur carrière, leur fortune, leurs amitiés, leur façon de penser là dessus. Sortir de cette idée, c’est quitter tout cela. C’est renoncer à leur identité.
Le monde leur deviendrait subitement totalement étranger. Ils n’auraient plus les clefs pour le comprendre et surtout le maîtriser. Prendre une décision demanderait subitement de se montrer créatif. Il deviendrait nécessaire de choisir selon d’autres valeurs que la somme d’argent concernée.
En plus ces gens ont très bien vécu jusqu’à maintenant. Célébrité, puissance, fortune, respect sont à eux. Ces notions leurs semblent dues comme le bleu est au ciel de beau temps. Douter de leur doctrine reviendrait à douter de leurs mérites, de la justesse de leurs actes, de la légitimité de leur pouvoir. Ce serait aussi quitter le confort de leur belle maison, la beauté de leur voiture et je ne sais pas quoi encore.
Ces raisons et sûrement bien d’autres rendent l’abandon de la doctrine Friedmann indicible.
L’analogue historique le plus proche m’est donné par « L’Archipel du Goulag » de Soljenitsine. Il y raconte, entre autre, le comportement des communistes purs et durs prisonnier du goulag. Ces gens y défendaient le communisme en parlant (si mes souvenirs sont exacts) d’anomalie passagère ou d’erreur minuscule, alors qu’ils étaient enfermés pour des crimes imaginaires après des procès iniques.
Les doctrines diffèrent. Mais la posture des personnes m’apparaît comme très proche.
De mon point de vu, le problème n’est pas qu’ils doivent renoncer à leur identité et à leurs schémas de pensé, c’est plutot qu’ils doivent renoncer à leur pouvoir et là ils s’accrochent de toute leur force.
En dehors du pouvoir, je pense que pour eux les autres choses sont secondaires, elles ne sont qu’un moyen au service de ce pouvoir, ce y compris l’idéologie qu’ils développent.
Puisque vous parlez du système communiste, les dirigeants de la fin de reigne de l’URSS ne croyaient pas en la doctrine de « la dictature du prolétariat », ils utilisaient une réthorique leur permettant de rester au pouvoir, je trouve que pour ma part, le son de cloche est le même pour les orgnisations dont il est question ici.
Didier,
Il ne faut pas prendre non plus l’Archipel du Goulag comme une vérité absolue. La vérité russe est bien plus complexe que ça. Essayer plutôt « Une journée d’Ivan Denissovitch » du même auteur pour avoir une image plus proche, quoi que très littéraire, du goulag.
Et, croyez moi je sais de quoi je parle, mon père a passé 7 ans dans un goulag en Sibérie.
C’est comme pour les camps de concentration nazies, Imre Kertesz en donne une image différente par rapport à tous les autres écrivains mais qui semble plus humainement véridique.
Je suis d’accord avec vous. On ne renonce pas à ses privilèges et à ses croyance comme ça. Toute solution alternative devra en tenir compte. Il ne suffira pas de faire le point autour d’une table pour réorganiser les choses. La question du pouvoir restera posée.
Monsieur Runn,
Le pouvoir est la partie agréable de l’histoire. Vous avez raison sur ce point. Ils se battront durement et sans le moindre scrupule pour le défendre. Mais, si vous avez totalement raison, ces gens sont des monstres. Moi, je dois donc devenir totalement et parfaitement cynique face à eux. Je me retrouve avec la permission morale de faire n’importe quoi avec eux. Tous mes actes contre eux en deviendraient justifiés. Ces gens en deviennent les boucs émissaires de tous les malheurs du monde. C’est une pente glissante et mortelle. Elle amène au goulag, entre autres. J’ai d’autres exemples historiques en tête. Ils sont tous très moches
Je crois plutôt que ces gens sont, à la base, de même nature que vous et moi, i.e. ils souhaitent pouvoir se considérer comme bons et agissant pour faire le bien. Après cela, tout dépend de celui qui définit le « bien ». C’est trop souvent un allez simple pour l’horreur. Si vous arrivez à surmonter votre dégoût, vous trouverez un « bien » derrière la bombe d’Hiroshima. Elle aurait épargné un million de morts aux Alliés et a mis fin à la guerre. Ce sont des « biens ».
Si vous avez une théorie qui vous donne le pouvoir, le respect, l’argent, etc…, elle vous fait vivre des expériences et une vie que je suppose agréable. Vous construirez votre identité autour de cette théorie. Vons construirez votre vie autour de cette théorie. Si elle meurt, Vous êtes vide. Ce vide me fait penser à la maladie mentale nommée « psychose ». Sa victime a perdu ce qui tient ensemble tous les fils de sa vie. Sous ces conditions, défendre cette théorie revient à défendre sa vie. En plus, pensez aux guerres de religion. Ces gens défendirent des théories aux prix de leurs vies et tuèrent pour défendre des théories. Cet élément situe le niveau auquel ces gens se trouvent. Cet élément situe à quel point ces gens seront prêts à se battre.
Pour ce qui est de l’identité, je vous propose un exercice du style aller dans un cloître (monastère) et d’y passer un mois à vous lever à 4 heures du matin pour une prière, puis aller à la messe, puis manger un petit morceau, puis retour à la prière, etc… C’est le rythme de tous les jours. Naturellement, ni femmes, ni cinéma, ni bistrot, ni etc… Le changement (sauf si vous êtes trappiste ou d’un autre ordre monastique cloïtré) devrait être brutal pour vous. Ensuite, imaginez devoir le faire pour le restant de vos jours. Vous aurez là une idée de ce que j’entends par « renoncer à leur identité ». Pour y renoncer, vous devriez passer le reste de vos jours dans ce monastère. C’est possible. C’est dur.
Monsieur moderato-cantabile,
Je ne vois pas où je considère l’Archipel du Goulag comme une vérité absolue. Je me souviens bien de ces communistes emprisonnés pour des crimes imaginaires et qui défendaient mordicus leur communisme. Ce qui me fascine est l’analogie de comportement, d’attitude, d’idéal, de pensée entre ces gens et les néolibéraux actuels. Ce qui me fascine est que Soljénitsine (j’ignore si l’orthographe est correcte) a décrit des personnages que François Leclerc aborde vers la fin de son texte bien avant que je sache ce qu’est un trader. Il n’est pas ici, à ma connaissance, question de vérité absolue. Je n’ai pas voulu décrire la réalité russe. J’ai fait un rapprochement entre des Russes très particuliers et des Néolibéraux, que j’aimerais être très particuliers.
J’ai aussi lu « Une journée d’Ivan Denissovitch ». Vous avez raison. C’est aussi un très bon livre. Votre père a survécu. Ce fait seul, me suffit pour penser qu’il a du être quelqu’un d’extraordinaire.
Pour ce qui est de la complexité de la réalité, j’ai complètement renoncé à tout savoir. Pour paraphraser le « je ne sais qu’une chose. Je sais, que je ne sais rien » de Socrate, je sais avec une certitude absolue, que je n’ai aucun savoir absolu.
@ Didier,
Quand j’ai dit qu’il ne faut pas prendre « L’archipel du goulag » comme une vérité absolue je pensais à tous les commentaires que j’ai lu ou entendu en occident de la part des gens qui n’ont jamais mis les pieds dans cette partie du monde ou de ceux qui étaient payés pour l’interpréter. Je pensais aussi à la « Voice of America » qui pour nous qui y vivions, dans le goulag communiste, était la « voix de la vérité ». C’est devenue pour moi depuis, la voix d’une autre propagande, pas très différente de celle qui avait rythmé ma jeunesse.
Rien n’est faux dans ce que dit Soljénitzine, mais il s’agit de son vécu qui a été relevé au niveau du vécu de tout un peuple.
Pour ce qui est de mon père, prisonnier d’origine allemande, né en Roumanie et dont l’origine suffisait pour la culpabilité, je ne croie pas que le fait d’être « fort » l’a aidé à survivre, mais le fait de s’être rendu compte qu’il était égale et pareil à ses geôliers, pareil aux juifs que son « origine » avait persécuté. En tout cas, c’est ce qu’il m’a transmis.
Sinon, j’aimerais vous dire que dans la Russie de Staline les gens qui avaient lu et qui avaient les moyens de comprendre Marx étaient peu nombreux. C’est pourquoi je ne pense pas à eux, aux russes de cette époque, en terme de « communistes ».
Staline l’avait lu et il avait compris l’incompréhension et l’inculture du peuple dont il était maître. C’est ce qui lui a permis tous les abus, en commençant par la corruption de l’appareil d’état. Enfin, ce n’est pas le sujet.
Mais je pense que la méconnaissance de la culture et de la littérature russe, même dans un pays comme la France, permet de dire tout et n’importe quoi sur cette expérience qu’on appelle « communiste » et que l’URSS a imposé à une partie du monde.
Mr moderato cantabile,
Je pense que vous avez touché un point très important dans votre réponse. Si je le résume bien, vous considérez que Soljénitsine dit la vérité, mais pas toute la vérité. Vous dites que la pluspart des Russes de l’époque stalinienne ne comprenaient pas le marxisme. Il est donc impossible d’en faire tous des communistes. Si je vous ai bien compris, il est possible de dire la vérité et mal comprendre une situation ou tellement mal la décrire que de très grosses bêtises parfaitement inadaptées à la situation peuvent être acceptées.
Je pense que cette idée s’applique à toutes les informations en circulation sur le net. Beaucoup de vérités en circulation et aussi beaucoup de bêtises. Se contenter des informations prises sur le net (même si elles sont correcgtes), ne suffit pas pour comprendre pleinement une situation. Naturellement, je n’imagine même pas ce qui se passe quand les informations sont biaisées.
Face à n’importe quel sujet, le net est un outil merveilleux. Il a des limites étroites et sévères. Vous avez pu les apprécier au sujet des Russes. J’ai quelques souvenirs de la crise géorgienne, où les Russes étaient les méchants et les Géorgiens les gentils. Ce n’est qu’un exemple. Il doit être simple d’en trouver d’autres.
Je pense donc que la plus grande humilité face à mon image de la réalité (quelque soit l’aspect considéré) est nécessaire.
Je pense que vous devriez jetter un oeil sur les statistiques juste publiées par la FED St Louis, inquiétantes
http://economicedge.blogspot.com/2009/08/more-overwhelming-deflationary-evidence.html
Très intéressant, qu’est ce que cela signifie … ?
Also, DEBT drives the velocity of money down as I showed this past weekend. Base money velocity has collapsed, falling 75% year over year.
merci, L
Oui et non. Du même article: « While it’s true that if you strip out crude energy costs that the PPI was slightly positive, I believe it is delusional to do so. » Et pourquoi donc? Les prix du pétrole (par exemple) sont de simples conséquence de la spéculation. Ladite spéculation s’étant ralentie en période de cash rare, les prix sont revenus à ce qu’ils auraient toujours dû être. Mais rassurons nous, ils remontent…
Je continuerais de parier sur une inflation sur les USA. Mais je peux me tromper, ça m’est déjà arrivé 🙂
Après tout, il serait parfaitement dans l’ordre des choses que nous entrions bientôt dans une période de déflation, voire de hard déflation. Les économies développées et émergentes ont été littéralement inondées, à partir des années 90 (avec des pics invraisemblables jusqu’en 2007), de liquidités créées par le système politico-financier étasunien. Pour autant, aucune inflation n’a montré le bout de son nez. On a invoqué la modération des coûts salariaux chinois, sans doute. En fait, cette inflation était bien là, sous nos yeux, dans l’envolée du prix des actifs (pas seulement l’immobilier ou les oeuvres d’art, tous les actifs). La marée des liquidités s’est retirée. Ce qui faisait gonfler les prix a disparu. Puisque l’argent créé à partir de rien ne parvient plus au consommateur (l’obligeant à se désendetter), c’est désormais uniquement sa vraie capacité d’achat qui fixera le prix des actifs. On sait bien que ce pouvoir d’achat n’a cessé de s’éroder depuis au moins une dizaine d’années. Les prix des actifs vont donc baisser jusqu’au moment où ils redeviendront accessibles au plus grand nombre. La question est plutôt de savoir si nous aurons déflation puis reprise après cette purge, ou si nous aurons déflation, puis inflation, et seulement alors reprise.
Les liquidités qui ont envahi l’économie réelle viennent aussi du développement du crédit dopé par l’envolée fallacieuses des actifs, le meilleur exemple pour l’économie est le développement des LBO.
Aphorismes à l’usage des puissants de ce monde (des autres aussi, tous comptes faits).
– Je ne sais pas où l’on va mais on y va.
– Ces mystères nous dépassent, feignont d’en être les organisateurs.
– Il est urgent d’attendre
– Et pour la fin : Courage,… fuyons.
En tous cas…
Je ne sais pas si la déflation est techniquement aux portes des USA ou de l’Europe, mais, de plus en plus d’experts (s’il en est) l’affirment haut et fort.
Alors, arrogance? Stupidité? Jovialisme?
Le Canada a connu la plus petite crise depuis des décennies. Une crisette. La reprise, la croissance est déjà là!
Ouf, ils ont failli avoir peur!
http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/canada/200908/19/01-893979-la-recession-semble-terminee-et-la-reprise-bien-lancee-au-pays.php
Je n’ai pas de vraies compétences économiques, mais il me semble qu’une donnée essentielle est à peine abordée dans les supputations des économistes toujours polarisés sur les aspects financiers : outre l’effacement des durées et des distances dû à l’informatique, qui multiplie les possibilités de spéculation, la nouveauté ne serait-elle pas la raréfaction engagée de ressources-clés à l’échelle mondiale et les distorsions de prix qu’elle risque d’induire ? Ne risque-t-on pas de voir simultanément une déflation portant sur une grande part d’actifs et de revenus et une montée inexorable de coûts pour des dépenses incontournables (énergie, transports, matières premières, alimentation…), avec un effet de ciseau pour l’économie déjouant les schémas habituels de croissance ?
Je souscris à ce scenario. Mais tant que les ciseaux n’entailleront pas la part de profit captée par les actionnaires et les financiers, rien ne bougera.
Les premiers à en souffrir seront les travailleurs, car leur salaire continuera d’être la première variable d’ajustement du système.
Voilà le vrai drame dont on ne parle pas !!
Et c’est ça l’issue plus que probable de cette crise.
Une chute de prix pour PC, Ecran plat, vêtements, etc…
Mais une montée inexorable du pétrole, or, eau, électricité, uranium, cuivre,etc….
En gros l’inutile descendra de prix, le nécessaire explosera.
Donc…..
On est cuit.
Bon appétit.
j’y pensais justement au fil de ma lecture de ce débat très intéressant
[…] Blog de Paul Jorion » L'actualité de la crise : Déflation ou pas … […]
Je suis d’accord avec « Bouboune ». De plus je pense que les prix de l’énergie et des matières premières ne vont plus baisser. Si l’on a passé le pic du pétrole (tous types de pétrole confondu) j’ai tendance à croire que même sans spéculation, les prix de l’énergie sont dans une phase ascendante. Les plus pauvres sont les premiers touchés, puis les classes moyennes, etc. Je ne crois pas à un effondrement de l’économie ou à la disparition du capitalisme mais plutôt à un chômage de masse qui va perdurer avec les conséquences tragiques que cela entraine. On a eu la crise financière puis économique, je suis curieux de savoir si cela va maintenant se répercuter sur les systèmes politiques des différents pays. Jusqu’à présent c’est plutôt stable de ce côté (grâce à l’action pompier des Etats) mais est-ce que cela peut perdurer?
Jean-Philippe, vous dites :
« Jusqu’à présent c’est plutôt stable de ce côté (grâce à l’action pompier des Etats) mais est-ce que cela peut perdurer? »
Il faudrait regarder attentivement du côté des pays de l’Est pour voir comment les choses évoluent. La plupart de ces pays sont dans une situation d’extrême danger. Les populations qui ont encaissé les contre-révolutions communistes, le chaos que celles ci ont engendré, des taux d’inflation de 1000%, commencent à s’inquiéter gravement. Car là-bas on recommence à parler de non payement des salaires. Il ne faut pas oublier non plus que la majorité de ces pays abritent des bases militaires américaines en plus d’être membres de l’OTAN et accessoirement de l’UE. Les Balkans restent plus que jamais une poudrière, prête à exploser.
Il y a tout de même une donnée essentielle qui me laisse perplexe.
Comment peut-on prévoir une reprise avec un chômage mondial en constante augmentation ?
Certes, 80% des richesses sont détenues par 20% de la population mondiale mais tout de même…
Merci pour vos réponses… 🙂
Une reprise de quoi, là est la question ?
De l’activité économique mesurée sur base de l’échange mesuré valeur monétaire. Sachant que 66% du commerce mondial a lieu au sein des 200 multinationales les plus grandes (d’après Jean Ziegler, chiffre 2001 si je me souvient bien), leur sursaut a une influence notable sur ce qui est mesuré. Vu que c’est l’échange de monnaie qui sert de mesure, le fait que les pauvres soient encore un peu plus pauvres et puissent encore moins contribuer à l’activité économique mondiale a bien peu d’influence sur la reprise telle qu’elle est mesurée.
A cela s’ajoute qu’un certain nombre de pauvres ne créent pas d’argent, ils reçoivent un salaire très bas pour travailler dans un multinationale (ou un de ses sous-traitants) et le système tant à ce qu’ils dépensent cet argent dans des produits fournis par d’autres multinationales (vive la mondialisation de l’agriculture).
Le chomage n’a pas grand chose à voir avec la reprise telle que les puissants ont choisi de la mesurée.
Et, pour ne pas me voiler la face, je me considère comme un de ces pauvres, pas le pauvre le plus pauvre, juste un peu moins pauvre.
La reprise c’est comme la terre pour les naufragés entassés dans une barque : il faut ramer fort pour ne jamais l’atteindre, sauf miracle (c’est un peu décourageant quand on ne crpoît pas aux miracles…)
pour méditation, un article sur les monnaies :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/08/18/creer-des-monnaies-par-millions_1229556_3224.html
Ce qui me soucie, à mon niveau bassement personnel, ce serait une hyper inflation.
Certains la craignent : Ron Paul, par exemple, mais aussi un certain Pierre Leconte http://www.forum-monetaire.com/
Sachant que la masse monétaire US a doublé en un an (mais que les liquidités ne circulent pas, pour l’instant …) est-ce un risque fort pour les US ?
Et surtout qu’en est-il pour l’Europe et l’euro ? une contagion de la part des US est-elle possible ?
Florence,
Les seuls qui ont à craindre de l’inflation sont les riches qui ont beaucoup d’argent de côté et dont l’inflation diminuerait la valeur. Est-ce votre cas?
Les pauvres eux, ont bien plus à craindre de la récession économique qui se traduit généralement par la déflation.
Dites, le lien que vous nous proposez est un lien avec un site de conseils aux boursicoteurs, avec des citations de von Mises, un de ces extrémistes partidans de la destruction de l’Etat et de tout ce qui ressemble à une volonté de sauvegarder l’intérêt général.
@Runn
Merci pour votre réponse qui semble pertinente. Mais si il y a de plus en plus de pauvres, même eux ne pourront plus acheter à ces multinaltionales donc elles finiront bien par couler elles-aussi, non ?
à propos de la prétendue « science économique » une petite chanson de circonstance (me semble-t-il):
Je fus pendant longtemps ouvrier ébéniste
Dans la ru’ du Champs d’ Mars, d’ la paroiss’ de Toussaints ;
Mon épouse exerçait la profession d’ modiste
Et nous n’avions jamais manqué de rien.
Quand le dimanch’ s’annonçait sans nuage,
Nous exhibions nos beaux accoutrements
Et nous allions voir le décervelage
Ru’ d’ l’Echaudé, passer un bon moment.
Voyez, voyez la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler;
(Choeur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Nos deux marmots chéris, barbouillés d’ confitures,
Brandissant avec joi’ des poupins en papier
Avec nous s’installaient sur le haut d’ la voiture
Et nous roulions gaîment vers l’Echaudé.
On s’ précipite en foule à la barrière,
On s’ flanque des coups pour être au premier rang ;
Moi j’me mettais toujours sur un tas d’pierres
Pour pas salir mes godillots dans l’sang.
Voyez, voyez la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler;
(Choeur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Bientôt ma femme et moi nous somm’s tout blancs d’ cervelle,
Les marmots en boulott’nt et tous nous trépignons
En voyant l’Palotin qui brandit sa lumelle,
Et les blessur’s et les numéros d’ plomb.
Soudain j’ perçois dans l’ coin, près d’ la machine,
La gueul’ d’un bonz’ qui n’ m’ revient qu’à moitié.
Mon vieux, que j’ dis, je r’connais ta bobine :
Tu m’as volé, c’est pas moi qui t’ plaindrai.
Voyez, voyez la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler;
(Choeur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Soudain j’ me sens tirer la manche’par mon épouse ;
Espèc’ d’andouill’, qu’elle m’ dit, v’là l’ moment d’te montrer :
Flanque-lui par la gueule un bon gros paquet d’ bouse.
V’là l’ Palotin qu’a juste’ le dos tourné.
En entendant ce raisonn’ment superbe,
J’attrap’ sus l’ coup mon courage à deux mains :
J’ flanque au Rentier une gigantesque merdre
Qui s’aplatit sur l’ nez du Palotin.
Voyez, voyez la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler;
(Choeur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Aussitôt j’ suis lancé par dessus la barrière,
Par la foule en fureur je me vois bousculé
Et j’ suis précipité la tête la première
Dans l’ grand trou noir d’ousse qu’on n’ revient jamais.
Voila c’ que c’est qu’d’aller s’ prome’ner l’ dimanche
Ru’ d’ l’Echaudé pour voir décerveler,
Marcher l’ Pinc’-Porc ou bien l’Démanch’- Comanche :
On part vivant et l’on revient tudé !
Voyez, voyez la machin’ tourner,
Voyez, voyez la cervell’ sauter,
Voyez, voyez les Rentiers trembler;
(Choeur) : Hourra, cornes-au-cul, vive le Père Ubu !
Encore un autre remarquable article de votre part, heureusement que vous êtes là tous les deux, quel son de cloche différent.
« De leur arrogance intellectuelle, aussi (quand elle se limite à cela), qui leur fait refuser toute mise en cause de leurs schémas de pensée, en dépit du gigantesque chambardement que nous connaissons. Comme si une telle réévaluation était de l’ordre de l’indicible. »
Si seulement la vérité intellectuelle pouvait toujours venir des mêmes formules de raisonnement venant de leur part, préétablis par d’autres dans les livres … résidant dans les marques … aux mêmes schémas de comportement ou de penser … l’esprit de corps ou de groupe sans doute … souvent visible dans les mêmes symboles publicitaires très essentiels … les belles théories de l’argent, des richesses acquises … la vérité intellectuelle ne se trouve bien évidemment que chez eux … c’est la folle raison marchande absolu sur terre … c’est leur langage aux mêmes slogans continuellement ressassés aux gens … qui s’en désolent et s’en détournent de plus en plus à l’antenne …
la vérité intellectuelle ne se trouvant plus que dans les marchandises, les étiquettes … aux mêmes petites conventions de gens importants … les belles distinctions … la vérité de la crise réside surtout dans les chiffres et statistiques officielles … c’est ce qui est dit … la vérité d’une doctrine n’a pas non plus pour objet premier de vous dire autre chose … de vous faire penser autrement … jamais relative, jamais remise en question … aller toujours de l’avant la tête la première … prétendument indéfiniment plus concrète à voir … mais hélas souvent incorrigible jusqu’à la mort … jusqu’à même ses éléments les plus obtus, les plus riches ou puissants … les plus fermés … la vérité c’est surtout quelque chose que nous produisons en vendons toujours plus vite … s’exprimant souvent d’ailleurs à travers le même genre de conduite à la tête des autres … pour un plus grand accident encore … la plus formidable réalisation commerciale de l’esprit humain … le temps c’est de l’argent … un esprit de pure comptabilité marchande … quel rapport avons nous encore envers l’autre, la société, la nature que nous n’aimons plus voir autrement ? Que vous leur parliez de constitution, de morale, d’éthique, de bon sens, de prudence et je ne sais quoi d’autres, jusqu’au bout ils n’en feront qu’à leurs têtes, l’argent apporte le pouvoir, et surtout le confort de fonctionner toujours plus machinalement encore …
Je lis toujours avec intérêt et profit les chroniques du blog de Paul Jorion. Je reste, cependant, sur ma faim. On constate, on suppute, on fait de propositions (interdire les « paris » sur les prix potentiels, donner aux démunis l’argent qu’on refile aux banques, etc…) J’ai le sentiment que tout y va de ses idées d’économistes. Or la question est politique (et idéologique). Pourquoi ne pas passer à la vitesse supérieure. Pourquoi ne pas débattre – au moins au niveau européen, sur la nationalisation de l »industrie financière » ? Ne pas le faire c’est redconnaître que nous sommes définitivement dépendants d’un capitalisme financire hors-loi. Reconnaissons-le et acceptons de rester les sujets impuissants de cette « industrie financière. Qui donc voudra biien m’expliquer que nous sommes politiquement impuissants ?
Je suis d’accords avec vous; le problème est politique et idéologique. En toile de fond il y a le choix de société.
Pas de politique sans un corpus idéologique ou philosophique qui ne soit bien établi.
Il en a fallu des années Lumières pour préparer 1789.
Il en a fallu des années de vaticinations, pour permettre enfin aux Chicago boys de savourer les couronnements respectifs de Thatcher et Reagan.
Alors, encore un peu de patience…
Inflation… inflation…
voir http://finance.blog.lemonde.fr/2009/08/06/le-bonus-des-traders-comment-arreter-la-supercherie/
Ah le sujet de la déflation.
Il y a un an quand j’en parlais autour de moi, on me prennait pour un fou.
Pourtant quand il y a autant de dettes, il faut les rembourser et tant que l’équilibre n’est pas atteint il y a déflation.
Par contre les liquidités sont là… Des Milliards et des milliards dans le monde entier.
mais personne ne sait ou placer cet argent.
Comme le disait Paul dans un de ses billets : l’argent, il faut bien le prendre quelque part….tout l’argent fournit aux banques et autres institutions pour couvrir leurs pertes abyssales, c’est autant d’argent que l’on ne peut donner ailleurs.
tout l’argent placé sur les t notes, bunds, OAT par les « institutionnels » (qui a été utilisé pour renflouer les banques), c’est autant d’argent non utilisé dans l’appareil productif etc…
La solution pour se sortir de ce cercle vicieux de la déflation (les banques ne veulent plus prétés à des insolvables comme elles l’ont fait) : c’est resolvabiliser les salariés => désentetement sans toucher au pouvoir d’achat (c’est aussi une des solutions avancés par Paul)
La seule peur que j’ai, c’est celle de l’hyper inflation…quand ces enormes liquidités vont redescendre dans l’économie (pour l’instant elles sont mises de coté), ça risque de faire mal, trés trés mal.
Et si l’inflation partait de l’asie et moyen orient : ils sont pas endéttés eux.
Un seuil psychologique est franchi depuis que les oligarques ont constaté que les gouvernements occidentaux leurs offrent « table ouverte »
Les fauves sont dorénavant lâchés.
Pourquoi refrèneraient-ils leur gloutonnerie alors que se concoctent dans les cuisines et les arrières cuisines du pouvoir des festins dont la note, chiffrée en milliers de milliards de dollars, 5000 au bas mot, est laissée aux bons soins du contribuable ?
Il faut à mon avis comprendre que ce tournant psychologique, qui va de pair avec d’autres manifestations de folie, analyser par exemple la teneur du débat sur la couverture médicale généralisée se déroulant en ce moment aux Etats (encore) Unis, nous achemine sûrement vers un choc dont la force sera considérable et l’issue incertaine.
A mon sens rien ne peut plus arrêter cette course vers l’abîme.
Rien ne pourra contrôler ce délire de puissance tant le déni de réalité dont nos psychopathes sont imprégnés empêche dorénavant toute rétro-action d’agir pour qu’ils limitent d’eux même leur démesure.
Il me semble qu’on devrait y voir plus clair à l’automne lorsque les taux d’inflation ne mesureront plus la chute des prix des matières premières (à l’été 2008), mais l’impact de la récession mondiale (oct08-oct09).
La ‘core inflation’ est encore positive dans quasi tous les pays. -0.6% pour juillet n’a rien de dramatique, parce qu’elle suit les taux de 5% d’il y a un an. Sur deux ans ça fait encore >+2% annuels. Rien que du très normal…
Ca repart en bourse ! et ça balance en Suisse . On ne sait plus s’il y a un pilote dans l’avion. D’ailleurs, y a-t-il un avion ?
On pourrait lire la fin de ce bras de fer par Suisse/USA: 5-0
Mais on peut aussi le lire Banquiers (suisses) /Etat (américain): 5-0
Je crois que la seconde lecture est plus révélatrice des vrais rapports de force en ce début de XXIème siècle…
Je recommande la lecture des ‘minutes’de la dernière réunion de la BOE où son gouverneur Mervin King a éte mis en
‘minorite’, souhaitant augmenter le QE non de 50 milliards de livres, mais de 200 milliards de livres, par crainte de la
déflation..Inflation anglaise juillet: 1,8 % la plus élevée du continent. Édifiant:
http://www.telegraph.co.uk/finance/economics/6057658/Mervyn-King-outflanked-on-quantitative-easing-by-MPC.html
Hausse surprise aux USA des inscriptions au chômage : 576.000 nouvelles inscriptions.
Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont augmenté aux Etats-Unis lors de la semaine du 15 août, à 576.000, contre 561.000 (révisé) la semaine précédente, annonce le département du Travail.
Les économistes attendaient en moyenne 550.000 inscriptions au chômage.
http://www.lepoint.fr/actualites-economie/2009-08-20/hausse-surprise-aux-usa-des-inscriptions-au-chomage-a-576-000/916/0/370354
Mais puisqu’on vous dit que la crise est finie !
Vous êtes sourds ou quoi ?
J’ai relu 3 fois l’article avant d’écrire cette question:
c’est 576 000 chômeurs en plus sur 1 seule semaine ?
Déjà que je trouvais que 500 000 / mois cela faisait beaucoup, mais si c’est par semaine, c’est effrayant !
Ca fait à la louche 24 millions de chômeurs sur 1 an.
Je me trompe, n’est-ce pas ?
Bonjour,
Le chomage augmente aux U.S. Egalement les saisies immobilières. On prévoit que cela ne devrait pas s’arrêter avant la fin de l’année.
Mais la Bourse monte. La récession est terminée, parait-il, par quel miracle?
Reste le problème des déficits colossaux que les Etats occidentaux acumulent. Quel sera le miracle qui permettra de les résorber?
Une reprise en V ? Il ne reste plus qu’à garder la foi et prier. (:-)
http://fr.biz.yahoo.com/20082009/5/nombre-record-de-saisies-de-logements-aux-etats-unis.html
Voici un article trés intérressant sur le sujet :
François Leclerc ou Paul Jorion pourront le commenter s’ils le souhaitent.
Signes de reprise ou descente aux enfers ?
Par Mike Whitney
CounterPunch, le 17 août 2009
article original »Green Shoots or Scorched Earth? »
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L’économie se redresse-t-elle vraiment ou tout cela n’est-il que du battage médiatique ?
Voici ce que l’on sait. La FED ne baisse pas les taux d’intérêt à zéro à moins que la maison ne brûle et qu’elle doive frapper un grand coup. L’idée est d’inonder les marchés de liquidités afin d’éviter un effondrement financier total. C’est une manœuvre désespérée et la FED ne la prend pas à la légère.
La FED a initié, il y a huit mois (le 16 décembre 2008), sa politique de taux zéro (ZIRP – Zero Inrerest Rate Policy) et ne les a pas remontés depuis. Pendant ce temps, le président de la FED, Ben Bernanke, a injecté des sommes colossales dans le système financier, en utilisant des moyens non conventionnels et qui n’ont jamais été testés. Personne ne sait si Bernanke peut accroître ou non ses facilités de crédit multi-trillionnaires (et éviter une hyperinflation comme au Zimbabwe), parce que personne n’a jamais créé de programmes similaires. Toute cette politique est une véritable « navigation à vue ». Cependant, ce que nous savons vraiment est que la FED a l’intention de maintenir les taux au plus bas dans le futur prévisible, ce qui signifie que tous les voyants sont encore au rouge. Voici un extrait du compte-rendu de la Commission Fédérale au Marché Obligataire, qui s’est réunie mercredi dernier :
« La Commission maintiendra le taux directeur fédéral dans une fourchette comprise entre 0 et 0,25% et continuera d’anticiper que les conditions économiques garantiront probablement de faibles niveaux du taux directeur fédéral pendant une période prolongée. Ainsi qu’il avait été annoncé précédemment, pour apporter un soutien aux crédits hypothécaires et au marché de l’immobilier d’habitation, ainsi que pour améliorer les conditions sur les marchés du crédit privé, la Réserve Fédérale achètera, d’ici à la fin de l’année, un total de 1,25 trillions de dollars de titres adossés à des crédits hypothécaires (MBS – Mortgage Backed Securities) détenus par les agences et jusqu’à 200 milliards de dettes des agences. De plus, la Réserve Fédérale entre dans le processus d’achat de Bons du Trésor, pour un montant de 300 milliards de dollars. Pour encourager une transition en douceur sur les marchés lorsque ces achats auront été réalisés, la Commission a décidé de ralentir progressivement le rythme ce ces transactions et anticipe que la totalité de ces achats sera réalisée d’ici la fin du mois d’octobre. La Commission continuera d’évaluer le rythme et les montants totaux de ses achats de titres, à la lumière de l’évolution des perspectives économiques et des conditions sur les marchés financiers. La Réserve Fédérale surveille en permanence la taille et la composition de son bilan et ajustera ses programmes de crédit et de liquidité en fonction de la situation. »
Traduction : L’économie est toujours très éprouvée et la FED maintiendra les taux à zéro jusqu’à ce que la tempête passe. Bernanke continuera d’acheter des cargaisons de MBS provenant de Fannie [May] et de Freddie [Mac] pour éviter un déclin encore plus précipité du prix de l’immobilier d’habitation. La FED achètera également pour 300 milliards de Bons du Trésor (monétisation) dans un effort destiné à réamorcer la pompe et à maintenir les taux d’intérêt à long terme artificiellement bas. (Remarquez : La FED suspend son programme de monétisation – rachats de Bons du Trésor – uniquement parce que le dollar est tombé à un niveau de support dangereux, en dessous duquel se trouve l’abîme. Donc, l’annonce de Bernanke n’est pas un signe de confiance vis-à-vis d’un « redressement » fictif, mais la crainte d’une « consolidation désordonnée » du dollar.)
Tout compte fait, la déclaration de la FED est une expression de désespoir, pas d’optimisme. Bernanke n’aimerait rien de mieux que prouver à ses détracteurs qu’ils ont tort, en augmentant les taux et en coupant quelques facilités de crédit. Mais il n’a pas le choix. La situation est désespérée. Imaginez seulement ce que seraient les prix des maisons aujourd’hui si Bernanke n’avait pas acheté pour 1 trillion de dollars de titres adossés à des crédits hypothécaires ? L’immobilier se serait vautré encore plus.
La FED est en bataille rangée contre la déflation et elle perd rapidement du terrain. Si cela n’était pas vrai, alors Bernanke augmenterait tout simplement les taux d’intérêt de 50 points de base et récupèrerait une partie des liquidités excédentaires qu’il a balancé un peu partout. Mais il ne le peut pas, parce que s’il le faisait, les marchés des actions s’effondreraient de 500 points en un après-midi et le système financier serait renvoyé dans les cordes. Les liquidités de Bernanke sont les seules choses qui empêchent l’économie de disparaître dans un trou noir déflationniste.
L’économie est toujours sous respiration artificielle et le scénario des « signes de redressement » est pure fiction. Le système financier sera sous perfusion de la FED pour les années à venir. Peut-être pour toujours. Les choses ne vont pas mieux ; elles sont pires. Regardez les faits. Il y a eu 1,9 millions de saisies [de logements] au cours du premier semestre de 2009 et il y en aura encore 1,5 millions avant la fin de l’année. Est-ce une amélioration ?
Selon Bloomberg :
« Une surabondance de maisons invendues tire également les prix vers le bas. Il faudra, au rythme actuel des transactions, 9 mois et demi pour écouler les 3,8 millions de maisons qui étaient à vendre en juin (chiffres de l’Association Nationale des Agents Immobiliers). Le taux de rotation des stocks immobiliers a été en moyenne de 4 mois et demi entre 2000 et 2005… Plus de 18,7 millions de maisons familiales et de maisons de vacances à vendre, y compris les saisies, sont restées vacantes aux Etats-Unis au cours du deuxième trimestre… Les ventes totales de maisons ont chuté de 23,7% en juin 2009, par rapport à juin 2008. » (Bloomberg) Offre surgonflée, prix en baisse, saisies record, demande fléchissant – et, selon la Deutsche Bank – 48% de tous crédits les hypothécaires dépasseront la valeur de leur hypothèque d’ici 2011. Tout est noir.
Voici un autre extrait de Bloomberg, paru le 12 août :
« La chute des prix dans l’immobilier d’habitation s’est accélérée aux Etats-Unis au deuxième trimestre, baissant d’un montant record de 15,6% sur un an, alors que les saisies ont pesé sur la valeur.
« Le prix moyen d’une maison individuelle existante est tombé à 174.000 dollars, la plus forte baisse depuis que cette statistique existe (1979), a déclaré aujourd’hui l’Association Nationale des Agents Immobiliers.
« ‘Je ne pense pas que les prix des maisons ait déjà atteint leur point bas’, a déclaré Scott Anderson, un économiste de premier plan de la Wells Fargo & Co., à Minneapolis. ‘Il y a aussi un sacré paquet de maisons qui attend d’être mis sur le marché. Les gens ont l’air d’attendre le point bas mais il y a un sacré embouteillage sur l’offre’. … Les prix des maisons chutent, même si les taux d’intérêt restent à leur plus bas absolus. Le taux d’intérêt moyen aux Etats-Unis pour un prêt à taux fixe sur 30 ans était de 5,22% la semaine dernière, alors qu’il était de 5,25% la semaine précédente. » (Bloomberg)
La chute des prix des maisons s’accélère, elle ne ralentit pas. L’effondrement historique de l’immobilier se poursuit et efface des trillions de dollars des actifs des propriétaires, ce qui rend de plus en plus difficile pour les consommateurs d’emprunter sur la valeur de leur nantissement qui s’effrite. C’est pourquoi les saisies, les défauts de remboursement et les faillites personnelles atteignent des niveaux record. Selon l’Institut Américain sur les Faillites : les dossiers de faillite des consommateurs ont atteint 126.434 en juillet, en augmentation de 34,3% sur un an et de 8,7% depuis juin (116.365). Le chiffre de juillet est le total mensuel le plus haut enregistré depuis la réforme d’octobre 2005 sur la faillite (Bankruptcy Abuse Prevention and Consumer Protection Act).
C’est pourquoi les ménages et les consommateurs ne peuvent plus dépenser autant qu’ils le faisaient avant la crise. Les lignes de crédit sont rognées, l’épargne personnelle augmente et le PIB (hors plan de stimulation fiscale) se contracte.
Chacune des 3,5 millions de saisies représente des centaines de milliers de dollars que les banques ne récupèreront jamais. C’est pourquoi le taux de faillites bancaires sera beaucoup plus important que les estimations actuelles. Les banques sont confrontées à une triple poisse : des saisies qui montent en flèche, des actifs dont la valeur chute et un effondrement de l’immobilier commercial. Le petit groupe à la tête des affaires a créé un trou financier gigantesque qui force les banques à ralentir les prêts, même aux souscripteurs dont le crédit est irréprochable. La FED a accumulé des réserves bancaires en excès de 800 milliards de dollars, mais cela n’a eu aucun incidence. Les banques ne peuvent toujours pas prêter d’argent.
La hausse des prix des maisons enregistrée le mois dernier reflète les changements saisonniers et un déplacement du mal des biens les moins chers vers des maisons aux tarifs plus élevés, rien de plus. Les maisons estimées à plus d’un million de dollars restent à présent sur le marché pendant 20 mois ; une éternité en langage immobilier. Les quartiers les plus chers se sont transformés en colonies de lépreux. Intérêts zéro = mouvement zéro. Attendez-vous à un krach [immobilier] cette année !
A présent, jetez un coup d’œil à ceci ! Cela vient de Diana Olick de CNBC :
« Le nombre de maisons officiellement sur le marché, bien qu’il soit à un niveau historiquement élevé, pourrait n’être que la partie visible de l’iceberg », a déclaré Stan Humphries, chef économiste du site immobilier Zillow.com, à Seattle (Etat de Washington).
« Selon la dernière enquête de confiance des consommateurs menée par Zillow, 12% des propriétaires ont déclaré qu’ils mettront ‘très probablement’ leur maison sur le marché dans les 12 prochains mois s’ils voient des signes de retournement du marché immobilier ; 8% ont déclaré ‘probablement’ ; et 12% ‘assez probablement’. Le résultat de cette enquête pourrait se traduire par 20 millions de propriétaires essayant de vendre leurs maisons – un chiffre saisissant, étant donné que le bureau du Recensement indique qu’il y a 93 millions de maisons, d’appartements et de copropriétés aux Etats-Unis, a déclaré Humphries.
« Selon l’Association Nationale des Agents Immobiliers, le marché est actuellement sur la voie de 4.980.000 ventes de maisons par an.
« ‘A ce rythme, cela prendra environ quatre ans pour écouler ce stock en souffrance’, a-t-il déclaré.
« ‘Les stocks immobiliers en attente ont le potentiel de nous faire un nouveau croc-en-jambe sur les prix des maisons au cours du deuxième semestre’, a déclaré Steven Wood, chef économiste à Insight Economics, à Danville (Californie). (Diana Olick, « Shadow inventory lurks over US housing recovery » CNBC) Les banques utilisent toutes sortes de combines comptables pour cacher les pertes réelles ou la véritable valeur de leurs actifs dévalorisés. La seule différence entre un escroc ordinaire et un banquier commercial est un comptable bien payé.
Le système bancaire est détraqué et cela ne fera qu’empirer au fur et à mesure que les saisies dans l’immobilier commercial se multiplieront. La FED et le Trésor travaillent déjà sur les détails d’un nouveau plan de sauvetage furtif qu’ils mettront en œuvre sans l’aval du Congrès. Tout cela est très confidentiel. Ce plan impliquera plus de méga effet de levier sur les dettes du gouvernement. Bernanke s’est auto-proclamé tsar de fait de la « Nation des Fonds Spéculatifs », à Nullos-ville, USA. Un article paru dans le Financial Times de la semaine dernière illustre un peu plus comment la FED a transformé l’économie en casino sur navire à aubes :
« La Banque de Réserve Fédérale de New York embauche des traders de manière agressive, alors qu’elle cherche à gérer ses avoirs croissants en titres, faisant de la Banque Centrale l’un des recruteurs de talents financiers les plus actifs de Wall Street.
« La FED, qui déclare que la plupart de ses nouvelles recrues viennent d’entreprises financières du secteur privé, embauche des employés alors que beaucoup d’autres banques, d’agences de notation, de fonds spéculatifs et de sociétés d’investissements suppriment des emplois. Des fonctionnaires de la ville de New York ont récemment estimé que les déboires du secteur financier conduiraient à une destruction d’emplois pouvant atteindre 140.000 postes.
« Le besoin de la FED de plus de traders est une conséquence directe des efforts de la Banque Centrale pour maintenir le flux du crédit dans l’économie étasunienne. La FED a acheté des titres à revenu fixe à un tel rythme que ses actifs ont plus que doublé au cours des douze derniers mois, pour atteindre 2.000 milliards de dollars, conduisant la banque centrale à conclure qu’elle a besoin de plus de personnel pour contrôler les marchés et pour gérer ses risques de crédit ». (Financial Times, « NY Fed in hiring spree as assets soar », Aline van Duyn)
On aura tout vu! La FED enrôle un troupeau de spéculateurs professionnels juste pour maintenir à flot toutes ses billes. Quelle bonne blague ! Ce n’est pas un redressement, c’est un feuilleton de mauvaise facture. Voici comment Warren Buffet a résumé la situation sur CNBC :
« J’obtiens des chiffres sur quelques 70 entreprises, sur une base quasi-quotidienne. Tout ce que j’observe à propos de l’économie est qu’il n’y a aucun rebond. Le système financier est toujours là où la crise l’a laissé en septembre et en octobre derniers, et cela a été surmonté [comprendre : la crise a été enrayée] et c’est extrêmement important. Mais, en ce qui concerne le rétablissement économique, cela prend du temps… J’ai dit que l’économie serait sens dessous tout au long de cette année et probablement bien au-delà. J’ai bien peur que ce soit vrai. »
« L’économie est sens dessus dessous ». Cela, de la bouche même du grand manitou. Les stocks ont baissé de 11% d’une année sur l’autre. Sur la même période, les biens durables ont connu une chute de 10,4%, la capacité industrielle est au plus bas, les biens manufacturés se contractent toujours, l’immobilier est en chute libre, le fret maritime et ferroviaire est en train de racler le fond, les ventes de détail sont en pleine débâcle et, selon Krugman, la légère embellie de l’emploi était une anomalie statistique. Voici le splendide résumé que Bob Herbert a livré sur les chiffres de l’emploi :
« Quelques 247.000 emplois ont été détruits en juillet, un chiffre qui, sous des circonstances ordinaires, enverrait une onde sismique à travers tout le pays. Ce fut la plus petite destruction d’emplois depuis l’été dernier. Et, pour cette raison, cela a été vu comme un signe d’espoir. Le taux de chômage mensuel officiel a baissé de 9,5% à 9,4%… Le pays a détruit 6,7 millions d’emplois depuis le début de la Grande Récession en décembre 2007, ce qui paralyse le pays…
« Selon le Centre des Etudes sur le Marché de l’Emploi de la Northeastern University de Boston, le pourcentage de jeunes Américains ayant un emploi est le plus faible depuis les 61 ans que ces données sont enregistrées. Seulement 65% des hommes âgés de 20 à 24 ans ont travaillé sur une base quotidienne au cours du premier semestre de cette année. Dans la tranche d’âge des 25-34, habituellement une tranche d’âge de premier ordre pour se marier et fonder une famille, seulement 81% des hommes avaient un emploi… Ces chiffres sont plus qu’effrayants : ils sont catastrophiques.
« Ce devrait être l’information la plus importante aux Etats-Unis. Lorsque le chômage atteint ce genre d’extrême, il ne se contente pas de causer des dégâts aux familles, il corrode des communautés entières, nourrit un sens de désespoir et conduit au désordre…
« Un tableau plus réaliste de la crise de l’emploi apparaît lorsque l’on combine le nombre de personnes officiellement comptabilisées comme étant sans emploi avec celles qui travaillent à temps partiel parce qu’elles ne peuvent trouver un emploi à plein temps et celles qui font partie de ce que l’on appelle les réserves de main d’œuvre – des personnes qui ne recherchent pas activement un emploi (par exemple, parce qu’elles sont découragées) mais qui en prendrait un s’il était disponible… Le total de ces trois catégories s’élève au nombre stupéfiant de 30 millions d’Américains – 19% de la main d’œuvre totale.
« Ceci est de loin le plus gros problème de la nation et devrait être sa priorité numéro un. » (« A Scary Reality » Bob Herbert, New York Times)
Désolé, Bob, les médias n’ont pas de temps à perdre pour donner des infos sur l’emploi. Cela a tendance à saper les bonnes vibrations créées par les histoires de « signes de redressement ». Le rallye boursier a fait en sorte qu’il soit plus difficile de voir la vérité. Mais les faits n’ont pas changé. La déflation s’installe dans tous les secteurs et l’économie s’est réajustée à un niveau plus faible d’activité économique. Les prix dans l’immobilier d’habitation chutent, la dépense des consommateurs ralentit, les licenciements augmentent et la demande s’affaiblit. Cela signifie que la croissance sera en dessous de la moyenne dans un futur prévisible. Voici un extrait d’un discours prononcé par Janet Yellen de la Banque de Réserve Fédérale de San Francisco, tirant la même conclusion :
« Je n’aime pas rabattre le caquet à l’expansion de notre économie, mais quelques points de prudence devraient être pris en considération… un changement massif du comportement des consommateurs est en cours… Les ménages américains sont entrés dans cette récession, en étant exploités au maximum par rapport à leurs possibilités de contracter des crédits hypothécaires et autres dettes. Le taux d’épargne individuel, qui était, il y a vingt ans, aux alentours de 8%, a chuté pratiquement jusqu’à zéro. Les ménages ont financé leurs styles de vie en tirant des bénéfices sur la croissance de la bourse et de la valeur de leurs biens immobiliers, de même qu’en acceptant des niveaux d’endettement de plus en plus élevés. Mais la chute de la valeur des biens immobiliers et des actions a effacé des trillions de dollars de richesse, réduisant ainsi ces sources d’argent facile. Qui plus est, les réalités crues de cette récession ont effrayé tout net un grand nombre de ménages, les convaincant qu’ils avaient besoin d’épargner une plus grande portion de leurs revenus… Redécouvrir la frugalité signifie moins de ventes dans les centres commerciaux, moins d’emplois sur les chaînes de montage et aux comptoirs des magasins…
« Au contraire, cette économie très faible met la pression à la baisse sur les salaires et les prix. Nous avons déjà vu un ralentissement visible de la croissance des salaires et ce sont les réductions de salaire que l’on observe de plus en plus – signe des sacrifices que certains travailleurs acceptent pour maintenir leurs employeurs à flot et préserver leurs emplois. Les entreprises réduisent également les prix et leurs marges bénéficiaires pour accroître leurs ventes… Avec un chômage déjà important et qui augmentera probablement, la pression à la baisse sur les salaires et les prix devrait se poursuivre et s’intensifier… « Si l’économie n’arrive pas à se redresser rapidement, il est concevable que cette inflation très basse se transformera en déflation. Pire encore, si la déflation devait s’intensifier, nous pourrions nous retrouver dans une spirale dévastatrice dans laquelle les prix chuteraient à un rythme encore plus rapide, et l’économie sombrerait de plus en plus. »
« Des prix en baisse. » « La déflation. » « Une spirale dévastatrice. » Ce n’est pas le genre d’honnêteté que l’on attend d’un chef de la FED. Yellen doit avoir cessé de boire de la limonade !
Et n’oubliez pas que le système bancaire est toujours détraqué. Pas un cent des 700 milliards de dollars du plan de sauvetage TARP [Troubled Asset Relief Program] n’a été utilisé pour acheter des actifs toxiques. Les banques sont toujours inondées d’encre rouge. Bernanke sait depuis septembre dernier, lorsque Lehman Bros. a fait faillite, que les actifs douteux auraient dû être supprimés avant que l’économie puisse se redresser. Un système bancaire sous l’eau est une hémorragie constante pour les ressources publiques et un frein à la croissance. Bernanke le sait, mais au lieu de supprimer ces actifs en nationalisant les banques ou en restructurant leur dette (comme il aurait dû le faire), il a accru le bilan de la FED de 1.200 milliards de dollars, en apportant des liquidités que les institutions financières ont injectées dans la bourse. Le « rallye de Bernanke » a généré le capital dont les banques avaient besoin pour les prémunir contre l’amortissement de leurs dettes ou le dépôt de bilan, mais, juste en dessous de la surface, les problèmes persistent toujours. Rien que cette semaine, le Groupe Parlementaire d’Experts au Contrôle a publié un rapport accablant qui souligne le besoin de s’occuper de la question des actifs toxiques. Selon ce rapport : « La stabilité financière restera en danger si le problème sous-jacent des actifs toxiques n’est pas réglé… Si l’économie s’aggrave, en particulier si le chômage reste élevé ou si le marché de l’immobilier commercial s’effondre, alors les défauts de paiement augmenteront et les actifs à problème continueront de perdre de la valeur. Les banques connaîtront des pertes supplémentaires sur leurs actifs problèmatiques. Le système financier restera vulnérable aux conditions de la crise que le TARP devait résoudre…
« Le changement des normes comptables a temporairement aidé les banques en leur offrant une plus grande liberté de manœuvre dans la description de leurs actifs, mais cela n’a pas changé le problème sous-jacent. Pour promouvoir un rétablissement complet de l’économie, il doit y avoir plus de transparence, de responsabilité et de clarté sur l’étendue du problème des actifs en difficulté, à la fois de la part du gouvernement et des banques.
« Le problème des actifs en difficulté est particulièrement sérieux pour les bilans des petites banques. Les actifs problématiques des petites banques sont généralement des prêts entiers, mais le principal programme du Trésor pour supprimer les actifs problématiques des bilans des banques, le PPIP [Public-Private Investment Programme] ne s’adresse pour l’instant qu’aux titres hypothécaires problématiques et non pas aux prêts entiers.
« Etant donné l’incertitude en cours, la vigilance est essentielle. Si les conditions excèdent celles du pire scénario des derniers tests de résistance, alors des tests de résistance sur les plus grandes banques de la nation devraient être réitérés afin d’évaluer ce qui se passerait si les actifs problématiques subissaient des pertes additionnelles. »
En résumé : Il n’y aura pas de véritable rétablissement tant que le problème des actifs toxiques ne sera pas résolu. Malheureusement, le Trésor et la Fed ont montré qu’ils entendent occulter cette question aussi longtemps que possible.
Les actifs toxiques, les prix des maisons en chute libre et le malaise généralisé sur les marchés du crédit ne sont qu’une partie du problème. La question plus profonde est la condition lugubre du consommateur américain qui a vu son investissement immobilier se dissiper, ses fonds de pension être divisés par deux, son accès au crédit réduit et son travail mis en danger. La classe des travailleurs américains ordinaires est à présent confrontée à ce que David Rosenberg appelle « l’ère de la frugalité du consommateur – un nouveau paradigme basé sur l’épargne, la liquidation des actifs et le remboursement de la dette. » Les styles de vie devront être atténués et une nouvelle ère d’esprit économe s’ensuivra. Jusqu’alors, il semble que nous avons juste continué de jouer la comédie.
Traduit de l’anglais (US) [JFG-QuestionsCritiques]
Bernanke suit à la Lettre son plan présenté en Novembre 2002 (http://www.federalreserve.gov/BOARDDOCS/SPEECHES/2002/20021121/default.htm) lors de son fameux discours – Deflation: Making Sure « It » Doesn’t Happen Here –
On ne peut donc plus penser qu’on est en pleine improvisation. Les banquiers centraux sont certainement en train de mettre des méthodes non conventionnelles encore jamais appliquée à cette échelle, mais apparemment réfléchies et ayant déjà été appliquées localement. Je m’interroge sur la suite, car leurs plans et leurs moyens n’ayant plus de limites sauf à permettre une sortie de crise – cad une reprise de l’inflation sous contrôle – ils peuvent inonder les marchées de monnaie, et acheter des bonds du trésor US et des obligations de sociétés privées sans fins… Quelles conséquences ? Sauver le système capitaliste, ou le système des banques centrales ? Et après ?…
Mike Whitney ne passe pas aux Etats-Unis pour un adorateur de Ben Bernanke et de sa politique, qu’il dénonce régulièrement avec verve et virulence. Voici son blog :
On peut le lire régulièrement sur le site suivant:
http://www.smirkingchimp.com/author/mike_whitney
(Littéralement, le chimpanzé souriant avec affectation)
L’ensemble des faits qu’il énumère participe de la toile de fond effective de la situation financière et économique américaine, il y est fait souvent référence sur ce blog.
@ Cedric
Merci pour ce texte certes apocalyptique mais au combien éclairant sur la situation réelle de l’économie US
Combien de temps le navire peut-il rester encore à flot avant de couler et qui sera entrainé dans les remous du naufrage tel est la question, car sauf intervention divine on voit mal ce qui pourrait sauver le système.
Mouai ils sont bien gentils ces économistes, mais pas un mot pipé sur le pik oil ou sur la crise écologique et le changement de comportement du consommateur (relativement riche en l’occurrence, tout le monde n’étant pas concerné).
Je suis tout-à-fait d’accord avec la remarque de l’article sur le fait que les chiffres lorsqu’ils vont dans un sens positifs sont considérés comme bons par les médias, alors que ceux ci les relativisent lorsqu’ils vont dans l’autre sens !
Bien vu !