Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Je suis épaté des réactions au billet précédent Un appel à l’action ? En voici un ! : le sujet de l’interdiction des paris relatifs à l’évolution d’un prix avait déjà été évoqué à plusieurs reprises dans le passé, comme en témoignent d’ailleurs les trois billets auxquels j’ai renvoyé en cours de route, mais cette fois, « la mayonnaise à l’air de prendre ».
Vous avez raison : il faut aller plus loin, et beaucoup plus systématiquement. La première façon de le faire, c’est de faire progresser la question d’une constitution pour l’économie. Le moyen là, c’est de poursuivre l’effort entrepris grâce à ECCE (Espace Collaboratif vers une Constitution pour l’Economie).
La seconde manière, c’est en approfondissant la proposition « interdire les paris relatifs à l’évolution d’un prix ».
Il y a deux facettes à cela :
1) offrir une version « vulgarisée », dans le bon sens du terme, des implications positives de la mesure : les faire comprendre par des exemples, des illustrations, examiner toutes les conséquences qu’elle aurait d’un point de vue économique et social.
2) faire une étude de faisabilité d’un point de vue strictement financier : examiner dans le détail la « séparation chirurgicale » que la mesure opérera de la fonction assurantielle – qui sera conservée – de la fonction spéculative – qui sera éliminée – dans le cas des instruments de dette et des produits dérivés, sur l’ensemble des marchés et sur les marchés à terme en particulier (spéculation sur les matières premières), ainsi que la métamorphose du secteur financier qui en résultera (réduction dramatique de sa taille et des ponctions qu’il opère aujourd’hui sur l’économie). Pour ce qui touche à cet aspect particulier de la tâche, seuls ceux qui possèdent une bonne formation d’ingénieur financier seront malheureusement à même de participer.
Les deux aspects dépendent bien sûr l’un de l’autre et il faudra donc progresser par enrichissements successifs.
Nous ne sommes ni une école, ni une fondation, ni un think-tank, nos seuls fonds propres sont ceux que vous me procurez par vos donations, mais nous sommes capables de faire ici un aussi bon boulot que celui fait précédemment sur des aspects très pointus du fonctionnement du système bancaire. Bon courage à tous !
Et… à mon habitude…
1906 – San Francisco a été entièrement détruite par un tremblement de terre et l’incendie qui s’en est suivi. Parmi les survivants, le désespoir domine…
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
91 réponses à “Justifier l’interdiction des paris relatifs à l’évolution d’un prix”
Au fait, en vrai je ne suis pas parieur bien sûr.. :))
Bonjour Serge,
Je suis d’accord avec vous, étant également passé par le marketing. Votre réflexion rejoint le billet de Frédéric Lordon (parfois indigeste d’ailleurs) du 17 août, consacré à la vulgarisation de la pensée du chercheur. Il craint de perdre son âme en fréquentant trop les média et confierait volontiers cette fonction pourtant indispensable à des « doxosophes » ! Encore un mot obscur, mais l’idée est là.
Je partage votre sentiment.
Visiteur assidu de ce site depuis maintenant plus de 6 mois, je trouve certaines interventions (d’ordre philosophique notamment) si sophistiquées qu’elles en deviennent discriminatoires. Je pense également que ces échanges au fort accent de débats entre profs de philo (voire d’histoire), ne sont pas d’une grande utilité en regard de la raison d’être de ce site, lequel me semble plutôt tourné vers l’avenir, vers ce monde que nous allons devoir affronter à brève échéance. Je peux me tromper mais il me semble que les idées des Marx, Hegel et autres penseurs VSOP, en dépit de leur efficacité passée, sont des pistes obsolètes. Parce que nous sommes face à l’urgence, nous avons besoin (attention : antinomie dégoutante) de penseurs « urgentistes » qui, à l’instar des médecins du même nom, doivent raisonner en temps réel, quasi à l’intuition. Sans flagornerie aucune, je pense que pas mal d’intervenants de ce site, notamment le taulier, se rapprochent de cette fonction, heureusement…
G. W. F. Hegel, La raison dans l’histoire
le lien avec le site de la Sorbonne est europe2020
Leap donc…
Visiblement c’est l’heure des appels solennels:
http://www.guardian.co.uk/commentisfree/2009/aug/16/nassim-nicholas-taleb-economics-cameron
Des cygnes et des dindes Par Dmitry Orlov
Taleb est connu pour nous avoir fait découvrir les cygnes noirs (des observations altérant la réalité qui invalident notre sagesse conventionnelle antérieure) mais un autre animal pour lequel il devrait à juste titre être célèbre est la dinde de Noël. Taleb dit que demander à un économiste de prédire l’avenir est comme demander à la dinde de Noël ce qu’il y aura au dîner de Noël : en se basant sur l’expérience de toute sa vie, la dinde s’attend à être nourrie à Noël, non à être mangée. En ce qui concerne la dinde, Noël est un événement de type cygne noir.
Mais hier il m’est apparu que cette analogie s’étend à toutes les professions intellectuelles, et certainement aux technologues et aux scientifiques : quand on les interroge sur l’avenir de, disons, les nanotubes, ou la fusion nucléaire, ou l’ingénierie génétique, ils prédisent qu’il est radieux, et continueront de le dire jusqu’à ce que leurs subventions soient supprimées, leurs postes salariés éliminés, et leurs laboratoires fermés pour des raisons politiques et macro-économiques qu’ils sont bien mal préparés à essayer de comprendre.
…
Mais j’y pense comment mieux faire avancer l’idée ou le projet d’une constitution comment justifier l’interdiction des paris, des mises, alors que la plupart des gens du marché ne veulent surtout pas entendre parler de morale et d’éthique, ne dit on pas encore que le marché est une chose est la morale ou l’éthique carrément une autre, plus accessoire moins prioritaire, les obligerait à mieux faire attention, à ralentir sans trop tarder pour moins tout casser en vitesse.
Vous êtes bien gentil Mr jorion, mais les marchés c’est comme le casino pourquoi vouloir continuellement interdire l’évolution des mises, l’appât du gain, de la cupidité, du seul plaisir de s’enrichir, de vouloir continuellement entreprendre de la sorte, pourquoi nous parler sans cesse de moraliser les marchés à travers le projet d’une constitution, quel grand manque à gagner pour nous. D’ailleurs quand nous préférons spéculer sur toutes choses de plus par pure gourmandise, par pure voracité, par brutalité de plus en société, n’est ce pas davantage pour exister, pour nous montrer les plus forts, les plus malins, pour dominer, pour tout rafler, pour tout libérer, mafieux et autres banksters de plus au nom même de la liberté du commerce, des marchés, de la raison, comment pourrions nous alors apporté et retiré d’un seul coup une fausse valeur ajouté à l’entreprise, aucune bien sur mais seulement pour nous.
Par contre il arrivera de temps en temps que certaines personnes nous en fassent encore la remarque, du coup si nous vous comprenons bien Mr Jorion, la seule montée ou spéculation des cours ne saurait être mieux à voir plus tard pour la paix des ménages, la paix sociale, la paix économique oui peut-être bien que vous avez raison, mais nous voyez-vous, nous préférons surtout jouer plus longtemps en bourse, la morale des petits enfants de Choeur c’est bien joli à voir mais nous il ne faudrait surtout plus nous priver les moyens d’avoir les grosses boules, celui de nous enrichir plus rapidement sur les marchés, ça deviendrait alors beaucoup moins intéressant de devenir riche, de travailler, d’être rentier d’apprendre à travailler davantage autrement et qui je vous le rappelle n’est plus du tout le réel sens premier du travail sur terre, nous avons en effet beaucoup progressé depuis en Bourse…
La folle montée des cours, des prix, des paris sans cesse vers le ciel, la lune, l’appât du gain se montrera bien évidemment toujours le plus fort et dominant par rapport à l’amour de l’éthique, de la prudence ou de je ne sais quoi d’autre de plus mièvre. Le pur pari idéologique, celui de pouvoir rafler encore toutes les petites mises de plus, même Frédéric Bastiat jusqu’à la mort en voulait même obsessionnellement envers les seuls gens de l’Etat c’est pour vous dire qu’on est vraiment pas sorti de l’auberge avec tous ces grands joueurs de casino.
L’ego et l’intention de faire du mal
http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/devoir6.htm#Ethique
Au sujet de la pure pensée économique
http://sergecar.perso.neuf.fr/cours/echange6.htm#valeur%20%C3%A9conomique
http://fr.wikipedia.org/wiki/Morale
« Vous avez raison : il faut aller plus loin, et beaucoup plus systématiquement»
Je me pose réellement la question des priorités, de l’efficacité.
C’est bien beau de proposer des mesures, d’écrire une « Constitution de l’Economie », mais est-ce efficae? Ca nous donne bonne conscience, n’est-ce pas? « On a fait tout notre possible, mais ils ne veulent pas nous écouter… » Mais si ça n’abouti à aucun changement, la belle affaire, c’est une perte de temps.
Ne conviendrait-il pas mieux avant tout de désintoxiquer les adorateurs de la religion néolibérale (y compris tous ceux qui nous gouvernent), de dénoncer les promesses mensongaires néolibérales voire pire libertariennes, de rechercher les causes profondes qui, il faut l’admettre, sont bien ancrées au fond de chacun de nous… ?
Par ex, je suis en débat avec des adorateurs de l’agorisme. Mais Kesako? Le Néo-Libertarianisme, l’anarcho-capitalisme. Se draper « d’agora » quel beau déguisement!
« Mes chers frères, n’oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ! » – Charles Baudelaire.
Je ne résite pas à extraire quelques perles du Manifeste Néo-Libertarien par un certain Konkin 3ème du nom (serait-ce une dynastie?)
Un rejet a priori de l’Etat en tant que régime social juste:
«Notre Ennemi: l’Etat.»
Une perle:
«Si une incohérence est découverte dans ces pages, alors c’est la correction de cette incohérence qui constitue le vrai Néo-Libertarianisme, et non ce qui a produit cette incohérence.»
Autrement dit: «Mon idéologie est consistante parce qu’elle ne peux pas être inconsistante».
Voilà, je sens bien toute la démagogie derrière le discours, le culte de l’individu, mais je assez nul en dialectique pour lever le voile. Il y a ici de grands talents (démago toi-même 😉 ) Une aide? Des documents? Pourquoi pas un wiki, comme ECCE?
PS je ne mets pas intentionellement de lien, mais vous le trouverez facilement.
@Jérémie 20 août 2009 à 08:54
Proposer d’orienter la réflexion en prenant en compte l’éthique et la morale me semble très important.
Les sites auxquels vous renvoyez m’apparaissent bons pour cela. Merci des avoir signalés.
@ Dalembert :
Bonjour !
merci.
Si vous avez compris mon message, alors…
au boulot !!!! Tous !!!