Ce texte est un « article presslib’ » (*)
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Une chose est certaine, il y a deux cent-vingt ans exactement, durant la nuit du 4 août 1789, il ne fut pas question de « risque systémique ». Et pourtant ! Durant cette nuit historique au cours de laquelle l’Assemblée nationale vota l’abolition des privilèges, la France, par la voie de ses représentants, entérina la fin de la féodalité, victime du risque systémique.
Il faut y réfléchir aujourd’hui et tout spécialement parce que nous n’avons pas encore suffisamment pris conscience du fait que lorsqu’on se mit à évoquer en 2007 le « risque systémique », il ne s’agissait pas d’une menace à venir pour le capitalisme mais bien de ce qui venait de le blesser mortellement et sous nos propres yeux. On se penche maintenant sur lui, feignant de croire que ses jours ne sont pas en danger et des optimistes à la sincérité douteuse clament à la cantonade qu’on lui voit reprendre des couleurs. Il est en vérité à l’agonie et rien ne pourra plus désormais le sauver.
Une solution existait en principe, exploitée ad nauseam lors des alertes précédentes, mais qui ne fut d’aucun secours cette fois-ci, bien trop coûteuse dans un contexte où les États avaient cessé de disposer de moyens de cet ordre de grandeur. La « privatisation des profits, socialisation des pertes », formule classique en cas de crise du capitalisme, a cessé d’être d’application face à l’orgie d’endettement à laquelle la finance s’est abandonnée au cours des trente-cinq dernières années. Les paradis fiscaux ont veillé à ce que seuls les pauvres paient encore des impôts, et les sommes dérisoires que ceux-ci parviennent à rassembler et à verser à l’État, ont fait de la socialisation des pertes encourues par la finance, un objectif désormais hors d’atteinte.
Alors on ferme les yeux et l’on touche du bois ou bien l’on prie. On dissimule la gravité de la crise, on dope les efforts de propagande en espérant que si le moral s’améliore, les choses iront peut-être mieux assez longtemps pour que le système tout entier se refasse une santé. Ce faisant, des îlots de prospérité se recréent, en particulier grâce aux commissions colossales que génère la liquidation de l’ancien système, primes touchées par ceux qui furent responsables de sa perte et qui apparaissent encore une fois récompensés, contre toute logique et contre toute justice.
Les plus faibles furent abandonnés à leur triste sort et les moyens dont on disposait furent mobilisés pour mettre sous perfusion les rares survivants (aux États-Unis : Goldman Sachs, Morgan Stanley et J.P. Morgan Chase), confortant la thèse d’une « oligarchie » faisant barrage à une solution réelle des problèmes. Lorsqu’on se retourne vers le passé, ce sont eux du coup, ces gloutons pitoyables, incapables de se sevrer de leurs excès de table, qui semblent avoir réglé la danse de toute éternité. Lehman Brothers, passé aux profits et pertes le 15 septembre de l’année dernière, était un concurrent de Goldman Sachs et l’on note alors avec un haussement d’épaules : « Ne vous l’avais-je pas dit : « Government Sachs » ! »
Or durant les beaux jours une concurrence féroce régnait entre les banques et la thèse de l’inféodation du capitalisme à l’« oligarchie » lui suppose a posteriori une robustesse mythique dont il ne reste en tout cas rien aujourd’hui. « Les choses iraient bien », affirme-t-on maintenant, « si les méchants (lisez : le dernier carré) n’avaient pas kidnappé l’héritière ! Mettons-les à l’ombre et tout rentrera dans l’ordre ! » Si cela était seulement possible ! On n’assista pas, je l’ai dit, à un processus en deux temps où, dans le premier, l’on prenait conscience de l’existence du risque systémique et dans le second, on en prenait avec effarement la juste mesure : on découvrit l’existence du risque systémique lorsqu’il avait fait son œuvre et que le pot-au-lait était brisé.
Les soubresauts du moribond se poursuivront quelques temps encore et sa survie assistée nous convie, non plus dans la Wall Street florissante d’autrefois mais dans son cadre en ruines, au spectacle renouvelé de tous les excès passés : ceux d’une aristocratie condamnée à terme, s’accrochant désespérément aux dernières bribes de son pouvoir et aux signes passés d’un Âge d’Or définitivement éteint.
Quand aura succédé au système capitaliste celui destiné à prendre sa suite, la succession de l’un par l’autre n’apparaîtra pas comme ce qu’elle est pourtant : la substitution banale d’un système neuf à un autre cassé, mais comme le triomphe de la Raison : l’évacuation sans gloire d’une classe corrompue, terrassée par ses propres outrances.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
171 réponses à “La nuit du 4 août”
Combien de temps les populations vont elles accepter cette imposture?Les rumeurs d’un état quasi insurrectionel aux USA sont elles vérifiées?Les banquiers sont ils les véritables managers planétaires?Autant de questions auxquelles les politiques ne voudront jamais apporter un début de réponses.
Lorsque l’état français a racheté 17% des actions BNP Paribas, il s’agissait de parts ne donnant aucun pouvoir décisionnaire. Il n’a , juridiquement, aucun levier de commande sur la conduite de cette banque. C’est donc une irresponsabilité organisée. La France, tout comme les états des pays occidentaux, a choisi d’avoir le moins d’influence possible sur la conduite du monde de la finance.
Nous assistons donc à une appropriation frénétique par les cadres du système financier des derniers gisements de richesses avant la chute. Eux-même doivent bien avoir conscience que cela ne va pas durer – tout comme la classe politique qui laisse faire, et mieux, orchestre ce pillage. La question à poser serait de savoir pourquoi.
Hégélien, Paul? Je suis passablement surpris. Pas par le diagnostic, mais par la conclusion. La « Raison » (avec un « r » majuscule) dans l’Histoire? Je ne suis pas si optimiste que vous: le progrès vers la « Raison » n’est pas linéaire, il est marqué par des cataclysmes la plupart du temps. L’histoire du XXème siècle nous en a donné de nombreux exemples, et les décisions les plus funestes n’ont pas été prises par des banquiers. Au-delà de Wall Street, il y a le Département d’Etat et le Pentagone, et en deçà de la Chine confucianiste, il y a le PCC. De nombreuses variantes sont possibles. N’est-ce pas la guerre qui a finalement « renfloué » l’économie américaine à la fin des années 30? Aujourd’hui, je me sens plus proche de Kierkegaard (Frayeur et Tremblement) que de Hegel.
@ jaycib
Décidément, je ne m’exprime apparemment pas très clairement. Même remarque que pour Jack Evols :
« … n’apparaîtra pas comme ce qu’elle est pourtant : la substitution banale d’un système neuf à un autre cassé, mais comme le triomphe de la Raison : l’évacuation sans gloire d’une classe corrompue, terrassée par ses propres outrances. »
@ Paul
Au temps pour moi! Merci de votre mansuétude.
@jaycib et P.J.
J’ai un avis sur tout aujourd’hui et je vais vous mettre d’accord 🙂
Le 21 ème siècle ne sera pas le siècle de la raison toute puissante comme l’ont été les trois derniers donc ce n’est pas la peine de vous disputer.
Il verra je crois le grand retour de la spiritualité comme l’a formulé Malraux.
A commencer par la croyance que la raison humaine n’est pas une finalité mais un outil comme un autre, et qu’il a ses défauts.
/!\ Je fais un distingo très nette entre religion et croyance. Nul besoin d’adhérer a une quelconque religion pour croire que demain est un autre jour /!\ Ma « religion » est la simple croyance.
Alors en quelques centaines d’années, l’homme en aurait « réglé » des milliards à coup de raison ? c’est une croyance que je ne partage pas.
En ayant en tete le schéma action/réaction expliqué entre autres par naomi klein, cette crise est un outil voulu et pas une conséquence surprise d’un laisser-aller. mon opinion est que ceux qui « maitrisent » et comprennent relativement tout ces mouvements économiques et sociaux en profitent. certains appellent cette direction « le nouvel ordre mondial », d’autres y voient plus une apocalypse, dans le pur style évangélique. Avec du recul, il est tout a fait possible que les théories du complot aient vu juste, que tout soit préparé depuis des centaines d’années pour en arriver au résultat d’aujourd’hui.
Je suis persuadé que toutes ces guerres, toutes ces crises, nous amènent vers un bilan accablant où on nous présentera une solution unique; beaucoup parlent de balayer la corruption pour laisser place à un système plus juste, mais dans quelque système que ce soit, il y aura toujours des gardiens, et je suis certains que les futurs gardiens se sont déjà préparés à occuper leurs postes. Même dans les moments de liesses où ne manqueront pas s’extasier les plus hardis pourfendeurs de la corruption et de l’obscurantisme, citoyens ou Officiels, je prie pour que tout le monde choisisse d’user de discernement pour trier le magnifique et le pernicieux avant de donner le feu vert à un nouvel ordre que rien ne pourra annuler. Où l’on pourrai bien avoir un lendemain de biture sacrément désillusoire !
Qu’Attali retourne sa veste ne me surprend meme pas; ce franc-maçon ou quoi qu’il soit d’autre, ne bosse pas tout seul, et surement pas pour lui seul. Tout a été fait pour que tout soit dévoilé un jour ou l’autre; songez-y… sinon jamais Rockfeller n’aurait avoué quoi que ce soit dans sa biographie, jamais les attentats du 11 septembre n’auraient été aussi bancals, jamais nous n’aurions songé à critiquer ce systeme, jamais nous n’aurions autant de preuve pour demontrer que tout est pourris….
En cela je comprend tres bien toutes les declarations des chefs d’etats à propos du nouvel ordre mondial; sarkozy qui dit qu’on y ira tous ensemble et que personne ne s’y opposera, voulait surtout dire que personne ne songera à s’y opposer, pas meme ceux qui entendent dénoncer « l’élite » en haut de la fameuse pyramide. Quant à Bush père qui déclarait le plus simplement du monde « when we are succesful, and we will be… » son assurance est tout à fait justifiée. Tout le monde le voudra, ce « nouvel ordre mondial ».
Il est peut-etre temps d’arreter de parler de cette crise et de la corruption ambiante, ce qui est important c’est ce à quoi elle va servir de pretexte.
Tiens, il y a un feuilleton US qui a marqué des générations qui me revient en tête: Dallas
Dans le rôle du méchant ; JR (Bush) alias les républicains qui annonçaient la couleur et qui faisaient leur merde …
Dans le rôle du gentil, Bobby (Obama) les gentils démocrates qui font les pires crasses mais en douce…
Deux frères, choux vert et vert choux, juste la méthode change…
Visionnaire comme feuilleton ou alors annonciateur?
Orwell et Huxley ont déjà écrit des trucs semblables il y a plus de 60..70 ans
Ok, la succession apparaîtra comme le triomphe de la raison ! Assez facile à admettre. Après la pluie, le beau temps, après l’excès, la modération. Pourtant je n’y crois pas une seconde. Le système ne va pas s’amender dans le sens espéré, (plus de redistribution et moins d’écarts outranciers), car il n’y a pas de contestation sociale possible.
« Quand aura succédé au système capitaliste ……. terrassé(e) par ses propres outrances. »
en quoi est-ce un triomphe de la Raison que cette évacuation sans gloire ?
car , d’une part il n’est guère triomphant d’évacuer sans gloire .
d’autre part ,la question se pose de savoir qui a intérêt à jouer ce tour de passe-passe ou quel en est l’intérêt ?
qui plus est , autant changer une mécanique défaillante est un acte « banal » ,autant changer de système politico-économique (voir plus à mon avis) risque d’ être particulièrement inattendu.
l’Histoire en témoigne.
il pourrait s’agir d’une diversion…..alors…mais activée par qui ? pour quoi ?
Mr Jorion, Yessssssssssssssssss Sir !
Nous interroger, essayer de comprendre les événements du moment- à la lumière de nos connaissances, des disciplines et écoles de pensées; faire de la prospective armé de méthode ou d’intuition; comparer les chiffres et graphiques du passé et du présent ; affiner ses perceptions et se tourner vers l’espoir, la peur ou chercher le guide…
Ne serions nous pas en train de vivre(vision à l’échelle globale de la planète: 6.700.000…habitants) un retour à une logique de clans, de sauvegarde de l’individu, de structures tribales ou presque avec la quotidien de l’âpre lutte pour la survie suivant les besoins que chacun, chaque groupe ou pays s’est fixé comme « minimum vital »
Les analyses, réunions et commentaires qui alimentent nos vies touchent les pays occidentalisés, non? C’est à dire quoi, un quart de la population mondiale peut être; Economie-centrisme? Egoïsme? Obscurantisme? En tout cas négation d’une vision élargie de l’espèce…
Journal de 22h00, sur France Culture…encore ?!?….
@ Florence
« Combien de temps reste-t-il pour nous préparer ? »
Très bonne question. Individuellement ou collectivement ? Psychologiquement ou Spirituellement ? Superficiellement ou Intérieurement ? Quelle dérangeante question … Les caisses de la sécu sont déjà si vides pour réparer le monde …
C’est hélas un grand nombre d’hommes ne trouvant hélas pas toujours le temps de mieux prendre conscience de leur propre fonctionnement machinal en société. Combien sont-ils dans le monde, dans chaque société, pays, parti, famille, préférant davantage se divertir et regarder la télévision le soir.
Ce monde que nous avons toujours connu chancelle de plus en plus bien difficile à admettre pour les plus cartésiens, pour les plus hauts placés pourtant les scientifiques les plus avancés dans la physique quantique commencent à reconnaître que la physique ou la matière ce n’est pas toujours ce qu’il y a de plus concret dans la vie …
Bienvenu dans ce monde Théodore oui on va franchement rigoler demain quand tout le monde aura la gueule de bois surtout pour les plus terre à terre.
@ Stéphane
Vous avez raison, il ne faudrait jamais s’en remettre à n’importe quel charlatanisme de plus, non moi je préfère plutôt m’en remettre à la déesse Richnou et au Grand Gourou Skippy.
http://www.dailymotion.com/video/x4l6ng_les-inconnus-les-sectes_fun
Bon, mais pendant ce temps des milliards sont distribués à quelques uns et le risque d’une guerre qui calmerait la population plus efficacement qu’une grippe rode toujours. Voilà-t-il pas que des sous-marins russes se baladent près des côtes américaines. De là à ce que les oligarques russes et américains se partagent les fruits de l’après troisième guerre mondiale.
A ma connaissance Krupp, marchand de canons principal d’Hitler, est bien resté allemand et propriété de M et Mme Krupp : cherchant des infos à ce sujet je tombe sur les suites effarantes du procès Krupp (voir Wikipedia). Alfred Krupp est condamné à 12 ans et à la confiscation de ses biens par un tribunal américain en 1947-48 (The United States of America vs. Alfried Krupp).
Attention voilà le plus beau à lire dans l’article de Wikipedia : « Le 31 janvier 1951, deux ans et demi après leur condamnation, ils sont tous en liberté. En l’absence d’acquéreurs, Alfried Krupp reprend le contrôle du groupe en 1953. » (il avait été dépossédé de ses actions par le tribunal). Pour ceux qui n’auraient pas la patience d’aller lire ce savoureux article sur Wiki, encore une citation : « Pendant le procès, Alfried Krupp nie toute culpabilité.
« L’économie a besoin d’un développement sûr ou en croissance. En raison des rivalités entre les partis politiques en Allemagne et du désordre généralisé, il n’y avait aucune possibilité de prospérité. […] Nous pensions qu’Adolf Hitler nous garantirait un développement sain, et il l’a fait. Nous, les Krupp, ne nous sommes jamais intéressés à la politique. Nous voulions seulement un système qui fonctionne bien et nous permette de travailler sans entraves. La politique ne fait pas partie de nos affaires »
– Alfried Krupp, Nuremberg, 1947. »
Lien vers l’article : http://fr.wikipedia.org/wiki/Procès_Krupp
je n’arrive pas à afficher correctement le lien vers l’article, sorry. Il faut vraiment aller lire ça, sachant que ce type a été condamné pour crimes contre l’humanité entre autres…
Les chefs d’accusation
1. Crimes contre la paix en participant à la préparation de guerres d’agression en violation de traités internationaux;
2. Crimes contre l’humanité, pour le pillage, la destruction et l’exploitation des territoires occupés;
3. Crimes contre l’humanité pour participation au meurtre, à l’extermination, à l’esclavage, à la déportation, à l’emprisonnement, à la torture et à l’utilisation du travail forcé de civils des territoires occupés par les troupes allemandes, d’Allemands et de prisonniers de guerre;
4. Participation à un complot contre la paix.
La nuit du 4 août en Corée du Sud, c’est pour bientôt !
Grève en Corée du Sud : les forces anti-émeute assiègent l’usine Ssangyong de Pyeongtaek.
Après 2 mois d’occupation, fin juillet, 3000 policiers, 30 véhicules, des hélicoptères ont été envoyés et ont investi l’usine pour déloger les grévistes qui ont une nouvelle fois violemment répliqué.
Attaqués au gaz lacrymogène, aspergés de produits chimiques, certains ont abandonné le siège, mais environ 600 se sont retranchés dans un entrepôt de peinture contenant beaucoup de produits dangereux et/ou inflammables et ont répondu avec des cocktails Molotov et des pneus enflammés. Ils affirment « vouloir résister jusqu’à la mort ».
Depuis, le début du conflit, 5 salariés sont morts et la femme d’un des meneurs viendrait de se suicider.
Aujourd’hui, les dernières négociations n’ont pas abouti et le siège de l’usine par les forces de l’ordre s’est renforcé. La Confédération Syndicale Internationale (CSI) s’inquiète de cette escalade vers la violence :
» Nous sommes profondément inquiets du blocus imposé sur l’approvisionnement en eau et en nourriture et l’accès aux traitements médicaux, ainsi que des tirs incessants au gaz lacrymogène et autres substances chimiques sur l’usine à partir d’hélicoptères. Ceux-ci représentent une atteinte criante à la dignité humaine la plus élémentaire. »
La CSI a appelé le gouvernement coréen à amorcer immédiatement des négociations avec le Syndicat coréen des ouvriers du métal et à tenter de trouver la voie d’une résolution pacifique à travers le dialogue. Avant un drame encore plus grand.
Voir des photos extraordinaires à cette adresse :
http://news.caradisiac.com/Greve-en-Coree-les-forces-anti-emeute-assiegent-l-usine-Ssangyong-de-Pyeongtaek-406
Que ceux qui sont certains d’avoir bien compris ce que vous voulez dire dans votre dernier paragraphe lèvent le doigt:
« Quand aura succédé au système capitaliste celui destiné à prendre sa suite, la succession de l’un par l’autre n’apparaîtra pas comme ce qu’elle est pourtant : la substitution banale d’un système neuf à un autre cassé, mais comme le triomphe de la Raison : l’évacuation sans gloire d’une classe corrompue, terrassée par ses propres outrances. »
Pourquoi donc cette succession devrait apparaître comme le triomphe de la Raison plutôt que pour ce qu’elle est vraiment? Et quel sera donc ce système neuf?
— Le pieux
Je suis celui qui porfend,
Je suis le pieux,
Je suis la lance,
Je suis la réalité,
Je suis celui qui aveugle,
Celui qui donne l’eau,
Celui qui donne soif,
Celui qui donne le sang,
Je suis la passion,
Je suis l’etreinte,
Je suis l’envie,
Je suis l’amour,
Je suis le Crucifié,
Sur l’hotel de vos desirs,
Sur le lit de vos passions,
Dans l’abime de vos addictions,
Ma haine n’a d’égale que votre betise,
Ma compassion celle de votre absurdité,
Mon amour celui de votre avidité,
Ma mort n’est que l’inutilité de votre vie.
[…] Economy, Finance, Politics Cityislander’s imaginative translation of “La nuit du 4 août” at the French end of this blog. Many thanks to […]
j’ai écouté cette vidéo: Les Enjeux de la Crise financière. La Grande dépression du XXIème siècle.
Conférence publique par Michel Chossudovsky
lien
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=11281
et donc quelqu’il en soit des différences d’approches et d’analyse (sans doute nombreuses)
lui aussi constate que c’est à ceux qui ont provoqué la crise, qu’il est fait appelle pour la résoudre
il précononise abolition de la spéculation : interdiction des ventes à découvert
@ Michel MARTIN
« Que ceux qui sont certains d’avoir bien compris ce que vous voulez dire dans votre dernier paragraphe lèvent le doigt »;
Pour ma part, je lèverais la main pour savoir ce que M. Jorion entend par « triomphe de la Raison »?
… étant donné que je suis très terre à terre (comme dirait Jérémie plus haut) et que j’attache beaucoup d’importance au principe de réalité, notamment en ce qui concerne les institutions européennes; je citerais Paul Jorion (de mémoire, sur rue89 je crois) « les personnes en place ne sont pas les bonnes », pour envisager une « constitution pour l’économie »…
…soit, mais les personnes en place sont bel et bien élues, les résultats des européennes du mois de juin (PE) et la tendance générale au niveau nationale (Conseil européen) ne rendent pas optimiste mais c’est un résultat démocratique…le problème avec « le triomphe de la Raison », c’est qu’il va falloir faire avec ces résultats.
L’apocalypse, la révolution (comme celle de 1789), une islamisation de tout l’Occident (comme la christianisation de l’empire romain), la fin du capitalisme ?…Je n’y crois pas : d’ailleurs, je ne constate aucune révolte significative de la population.
Par contre, je crois que l’on va assister à une augmentation du chômage et de l’inflation (pétrole, produits agricoles, manufacturés …). Je pense que la dévaluation du dollar sera limitée.
La dette publique des USA a atteint 82% du PIB et bien que ce soit énorme, il faut savoir que celle de la Belgique atteignait 140% PIB dans les années 70-80…et nous avons survécu (les restrictions budgétaires ont fait mal mais notre système social a survécu) !
Nous allons assister à la fin du néolibéralisme et du capitalisme sauvage, mais pas à la fin du libéralisme ou du capitalisme…Comparé à certains forumistes, Paul Jorion est bien plus mesuré dans ses propos.
NB : Je me demande quelle sera l’influence du virus H1N1 sur l’économie mondiale (impossible à savoir à l’heure actuelle).
Ils faut éviter de prendre ses rêves pour de la réalité….
@ vanham et @ jorion et leclerc
à propos de « l’influence du virus H1N1 sur l’économie mondiale », avez-vous lu ce texte publié le 4 août ( messieurs Jorion et Leclerc sont cités en référence):
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/grippe-a-un-cheval-de-troie-place-59708
@ P. Jorion
« Quand aura succédé au système capitaliste celui destiné à prendre sa suite, la succession de l’un par l’autre n’apparaîtra pas comme ce qu’elle est pourtant : la substitution banale d’un système neuf à un autre cassé, mais comme le triomphe de la Raison : l’évacuation sans gloire d’une classe corrompue, terrassée par ses propres outrances. »
Avouez que cette phrase pose question sur votre véritable pensée:
– pour vous il s’agirait de « la substitution banale d’un système neuf à un autre cassé »
– mais plus tard (quand?) on l’envisagera comme « le triomphe de la Raison »
Auriez-vous déjà une idée de l’idéologie future qui expliquerait cette différence d’appréciation?
@Zorro-eco et Paul Jorion
à propos des banques islandaises: si une banque est en faillite, la curatelle ne va-t-elle pas (s’efforcer de) récupérer les crédits accordés par la banque, de même que tenter de payer ses débiteurs? Perso mon électricien a fait faillite et la curatelle me demande effectivement d’honorer les factures impayées (mais j’ai des bonnes raisons ;-).
Est-ce que votre crainte dans le cas de Kaupthing, c’est que le curateur ne pourra pas effectivement récupérer ces sommes? Si oui pourquoi cette crainte (demande-je d’un air candide)?
Pour ceux qui auraient envie de sortir le flingue – l’extrait cité dans la revue de presse de France Inter a visiblement légèrement agacé Paul Jorion.
http://blog.lefigaro.fr/threard/2009/08/bonus-la-fausse-controverse.html
L’argent prêté au denier moment aurait pu servir à solder les comptes de cette banque : maintenant ce sera au contribuable de le faire avec tous les intérêts de retard que cette banque aura accumulés vis à vis de ses créanciers, intérêts augmentés par le prêt de plusieurs milliards.
Tout ceci reste de l’interprétation, voire du prophétique et de l’incantatoire. Ce billet semble nous dire que « l’oligarchie » n’est pas la responsable finale, mais que c’est le capitalisme lui-même. Cette approche de la poule et de l’œuf (car au passage, c’est tout de même bien l’oligarchie qui décide des modalités du capitalisme et plus encore de leurs applications) me semble sans objet dans le contexte. Le Wall Street ravagé avec des « bribes » de pouvoir reste un espoir inassouvi à ce jour. Car à ce jour, ce sont précisément les mêmes qui ont la main totale sur l’attribution des « bienfaits » de nos économies (je tente ici de qualifier l’argent issu de la finance), et je vois mal comment ça s’arrêtera si on ne met pas quelques oligarques au coin.
Car je commence à soupeçonner qu’à la question « jusqu’à quel point peut on trafiquer les comptes, faire parader un roi nu, mentir et truquer sur le dos du pauv’ monde, la réponse est possiblement : « jusqu’où on veut tant qie ça arrange tout le monde ». Autrement dit, si un effondrement du dollars/de la livre et/ou un défaut de paiement des pays coreespondants ne sont du goût de personne, je commence à me dire que rien de tout celà n’arrivera, quels que soient l’état des caisses. Une chose est sûre: si ce genre d’armageddon annoncé régulièrement ici et ailleurs ne quitte jamais la case « imminente » pour celle des « choses avérées », nous devront commencer ici à revoir les analyses et à inclure à toute proposition un volet politique (tant dans la mise en oeuvre que dans les modeles proposés) dans toutes les discussions.
@ L09
Si vous vous êtes senti offensé par mon propos ce n’était pas mon intention première, vous n’êtes pas que cela.
Lorsqu’on nous accordons trop d’importance au seul principe de la réalité, de la matière, de l’or et de l’argent en plus,
de la matière toujours plus encore pour se sentir paraît-il plus heureux et libres, nous montrons nous vraiment plus différents d’autrui ? Avec des ailes plus ou moins coupés pour mieux de nouveau se faire entendre, plumer, presser ? Nous permettons nous de mieux voir la vie autrement et non toujours au pied de la lettre, l’autre facture de plus pour payer le loyer, l’électricité, la nourriture, survivre matériellement avant tout pour nous assurer ? Recherchons nous vraiment courageusement à établir de meilleurs attributs en nous comme pour la société, d’institutions humaines, nationales, européennes, mondiales gravement défaillantes, corrompus et si le seul principe apparent de la réalité
ne nous permettait pas toujours de mieux changer concrètement de monde, quel grande paradoxe contrairement à tant d’idées reçues cartésiennes… Et si les premiers n’étaient pas toujours les premiers et les derniers les derniers ?
Pourquoi recherchons nous sans cesse à nous voiler la face ? Quand les limites d’un système physique sont atteintes, on change généralement et habituellement pour un autre mais à quoi bon changer de système si c’est pour en reproduire le même schéma de conduite plus tard surtout dans son même rapport à la vie, à la matière, aux choses,
à l’autre, la grande imposture morale du communisme et du capitalisme à la fois, à tour de rôle, au petit manège enchanté de plus à l’image, cela n’a pas de sens, nous toujours en rond, nous stagnons, nous allons vers l’abime…
Évidemment je peux comprendre que cela dérange les plus cartésiens d’entre vous, mais comment faire, sans nous diviser davantage dans nos différentes approches de la vie, de la réalité, comment penser, comment parler, comment travailler plus autrement, avec vitesse ou lenteur, grâce ou brutalité, faut-il oui ou non être plus à terre que l’autre pour moins retarder ce changement dans l’histoire, pour survivre, pour exister, la loi du plus fort ou du plus malin sur les marchés, comment échanger et payer plus durement l’autre dans la vigne, comment donner moins pour mieux reprendre et amasser davantage ensuite, comment crier, comment le dire, se battre à la fois contre ces deux systèmes de penser inhumains et très aliénants à la longue pour beaucoup d’êtres, c’est le mur, l’impasse, êtes vous avec moi ou contre moi cela n’y changera rien pratiquement une mission impossible, qui veut « faire » l’ange « fait » la bête je lutte à mort moi aussi contre le seul principe de la matière, celui qui me dérange de voir encore, ce pesant principe de réalité qui conditionne, qui opprime et possède tant d’êtres à la fois.
Quelle grande course à l’échalote, à la matière, à l’assurance, à la faillite, à l’atome, au grand nuage atomique et cette tendance générale, nationale, mondiale, recherchant continuellement à pérenniser cela, toujours sans cesse pour ne pas changer réellement, c’est sur ça rend parfois plus cartésien et responsable qu’autrui dans une société, ça trompe, ça illusionne de voir l’un des vôtres se retrouver au dessus de tous, et puis après que voyons de mieux ? Le problème avec “le seul triomphe de la Raison” libérale ou de l’école autrichienne c’est que l’esprit n’a plus toute sa place, c’est comme avec le seul triomphe de la raison communiste sur celle d’autrui, pourvu que ça dure continuellement dans l’esprit des êtres au seul principe de la matière sur tous petits et grands, je peux bien sur me tromper ?