Ce texte est un « article presslib’ » (*)
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Une chose est certaine, il y a deux cent-vingt ans exactement, durant la nuit du 4 août 1789, il ne fut pas question de « risque systémique ». Et pourtant ! Durant cette nuit historique au cours de laquelle l’Assemblée nationale vota l’abolition des privilèges, la France, par la voie de ses représentants, entérina la fin de la féodalité, victime du risque systémique.
Il faut y réfléchir aujourd’hui et tout spécialement parce que nous n’avons pas encore suffisamment pris conscience du fait que lorsqu’on se mit à évoquer en 2007 le « risque systémique », il ne s’agissait pas d’une menace à venir pour le capitalisme mais bien de ce qui venait de le blesser mortellement et sous nos propres yeux. On se penche maintenant sur lui, feignant de croire que ses jours ne sont pas en danger et des optimistes à la sincérité douteuse clament à la cantonade qu’on lui voit reprendre des couleurs. Il est en vérité à l’agonie et rien ne pourra plus désormais le sauver.
Une solution existait en principe, exploitée ad nauseam lors des alertes précédentes, mais qui ne fut d’aucun secours cette fois-ci, bien trop coûteuse dans un contexte où les États avaient cessé de disposer de moyens de cet ordre de grandeur. La « privatisation des profits, socialisation des pertes », formule classique en cas de crise du capitalisme, a cessé d’être d’application face à l’orgie d’endettement à laquelle la finance s’est abandonnée au cours des trente-cinq dernières années. Les paradis fiscaux ont veillé à ce que seuls les pauvres paient encore des impôts, et les sommes dérisoires que ceux-ci parviennent à rassembler et à verser à l’État, ont fait de la socialisation des pertes encourues par la finance, un objectif désormais hors d’atteinte.
Alors on ferme les yeux et l’on touche du bois ou bien l’on prie. On dissimule la gravité de la crise, on dope les efforts de propagande en espérant que si le moral s’améliore, les choses iront peut-être mieux assez longtemps pour que le système tout entier se refasse une santé. Ce faisant, des îlots de prospérité se recréent, en particulier grâce aux commissions colossales que génère la liquidation de l’ancien système, primes touchées par ceux qui furent responsables de sa perte et qui apparaissent encore une fois récompensés, contre toute logique et contre toute justice.
Les plus faibles furent abandonnés à leur triste sort et les moyens dont on disposait furent mobilisés pour mettre sous perfusion les rares survivants (aux États-Unis : Goldman Sachs, Morgan Stanley et J.P. Morgan Chase), confortant la thèse d’une « oligarchie » faisant barrage à une solution réelle des problèmes. Lorsqu’on se retourne vers le passé, ce sont eux du coup, ces gloutons pitoyables, incapables de se sevrer de leurs excès de table, qui semblent avoir réglé la danse de toute éternité. Lehman Brothers, passé aux profits et pertes le 15 septembre de l’année dernière, était un concurrent de Goldman Sachs et l’on note alors avec un haussement d’épaules : « Ne vous l’avais-je pas dit : « Government Sachs » ! »
Or durant les beaux jours une concurrence féroce régnait entre les banques et la thèse de l’inféodation du capitalisme à l’« oligarchie » lui suppose a posteriori une robustesse mythique dont il ne reste en tout cas rien aujourd’hui. « Les choses iraient bien », affirme-t-on maintenant, « si les méchants (lisez : le dernier carré) n’avaient pas kidnappé l’héritière ! Mettons-les à l’ombre et tout rentrera dans l’ordre ! » Si cela était seulement possible ! On n’assista pas, je l’ai dit, à un processus en deux temps où, dans le premier, l’on prenait conscience de l’existence du risque systémique et dans le second, on en prenait avec effarement la juste mesure : on découvrit l’existence du risque systémique lorsqu’il avait fait son œuvre et que le pot-au-lait était brisé.
Les soubresauts du moribond se poursuivront quelques temps encore et sa survie assistée nous convie, non plus dans la Wall Street florissante d’autrefois mais dans son cadre en ruines, au spectacle renouvelé de tous les excès passés : ceux d’une aristocratie condamnée à terme, s’accrochant désespérément aux dernières bribes de son pouvoir et aux signes passés d’un Âge d’Or définitivement éteint.
Quand aura succédé au système capitaliste celui destiné à prendre sa suite, la succession de l’un par l’autre n’apparaîtra pas comme ce qu’elle est pourtant : la substitution banale d’un système neuf à un autre cassé, mais comme le triomphe de la Raison : l’évacuation sans gloire d’une classe corrompue, terrassée par ses propres outrances.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
171 réponses à “La nuit du 4 août”
Le culte de la raison balaiera les oligarques… Et pourquoi pas la religion? Après tout, Malraux affirmait bien quelque chose de ce genre.
D’autant plus qu’on peut prétendre que le système capitaliste est un des fruits du rationalisme, avec son frère le communisme.
Et d’un point de vue historique, les grandes civilisations se sont, pour la plupart, construites autour de la religion (L’Egypte, la Grèce, Rome, Byzance…).
Hegel, Holderlin, voire Nietsche rêvaient de l’avènement d’une Nouvelle Eglise.
pour faire écho à UHM reprenant la couv de Bernard Stiegler parlant de stupidité, et également pour faire mention d’un film visionnaire, comme il a été dit du « fils de l’homme », je propose « idiocratie » pour ceux qui ne l’auraient vu!…
Et si on assistait à des réactions de violence incontrôlées ?
En Chine, un patron vient d’être lynché à mort par ses ouvriers lorsqu’il leur a annoncé un plan de licenciements.
Et en France ?
Est-ce que la violence peut éclater ?
Un représentant américain de l’usine Molex de Villemur-sur-Tarn, Eric Doesburg, a été agressé mardi soir par des salariés de l’usine, a indiqué mercredi 5 août le co-gérant de l’usine Marcus Kerriou, et le ministre de l’Economie, Christian Estrosi, a condamné l’agression.
« Une quarantaine de personnes alcoolisées ont agressé verbalement puis physiquement Eric Doesburg », directeur du développement de Molex USA, « lors de sa sortie de l’usine vers 21H30 » mardi, a indiqué à l’AFP M. Kerriou. « M. Doesburg a reçu des coups de poings et de pieds », a-t-il ajouté, précisant que lors de l’agression « M. Doesburg portait une attelle et se déplaçait avec une canne suite à une opération du genou ». Selon M. Kerriou, les blessures ont été constatées par un médecin et « une plainte a été déposée ».
Le ministre de l’Economie et des Finances, Christian Estrosi, a condamné dans un communiqué « ces actes de violence exercés par une minorité qui desservent la cause des salariés et rendent encore plus difficiles les négociations ».
En grève depuis le 7 juillet, les salariés de Molex ont été informés mardi 4 août de l’arrêt des discussions entre la direction et un éventuel repreneur de l’usine de Villemur-sur-Tarn, près de Toulouse, qui doit fermer fin novembre.
M. Estrosi, qui devait rencontrer mercredi à 14H00 Eric Doesburg, a précisé qu’il « le recevra dans quelques jours » et qu’il allait « s’entretenir téléphoniquement dans la journée avec le président du Groupe Molex, Martin Slark ».
http://www.e24.fr/entreprises/industrie/article119669.ece/Molex-un-representant-americain-de-l-usine-agresse.html
Pas vu « Idiocratie », mais vais me renseigner rapidement, merci.
@ Antoine : la religion, oui. C’est un truisme que de dire que l’occident est amputé de sa dimension spirituelle, parce que le christianisme a été la religion de la sortie des religions, et qu’il n’a malheureusement été remplacé que par un scientisme qui, pour rationnel et efficace qu’il soit, ne suffit pas à satisfaire la part métaphysique des besoins du genre humain.
Les radicalisations religieuses et identitaires, partout dans le monde, en occident comme ailleurs, ne sont pas étrangères à ce manque. Et ces radicalisations n’en sont que plus virulentes à mesure que le système consumériste, qui est par définition matérialiste, montre à la fois ses limites, sa connerie systémique, et la trahsion de ses propres principes de départ. En effet, comment comparer encore les thèses de Weber ou de Smith avec les pratiques des grands instituts de crédit occidentaux ? Comment justifier les stratégies ignobles des grands groupes pharmaceutiques, agroalimentaires ou culturels, par les principes des libéraux classiques ? Comment nier que l’analyse marxiste et ses avatars deleuzien demeurent d’une grande pertinence pour expliquer le fonctionnement du capitalisme ?
Alors, une solution religieuse ? Les deux cent dernières années, en occident, se sont construites précisément contre la religion. Nous savions trop à quelles horreurs elle pouvait amener (ce qui ne nous empêche d’ailleurs pas de donner des leçons à d’autres parties du globe qui n’ont pas ou pas encore renversé la métaphysique par la physique pure). Comment pourrions-nous être sûrs qu’une religion ne serait pas à nouveau le moyen d’asservir et de tuer ? Comment pourrions-nous à nouveau croire en une Vérité Révélée, puisque nous avons appris, entretemps, qu’elle même n’est que relative ? Et puis surtout, la religion peut-elle s’émanciper elle-même du consumérisme, sans sombrer ipso facto dans l’intégrisme et la violence ?
@ U.H.M
………….. »l’analyse marxiste et ses avatars deleuzien »……………
notamment lire en premier « L’anti-oedipe » , sous-titré « capitalisme et schizophrénie »
@ Paul et aux informaticiens de ce blog
Paul Jorion explique la montée en puissance de « l’industrie financière » par celle de l’informatique, qui a effectivement eu bien d’autres effets pervers.
Membre pendant quinze ans d’un club d’informaticiens utilisateurs de moyens systèmes IBM (36, 38 et AS/400) pour grosses PME ou filiales de grands groupes, je peux témoigner que le développement des ordinateurs a plutôt bien réussi aux entreprises, malgré certains excès comme la gestion de production en flux tendu qui a fragilisé de nombreuses filières industrielles (cf. l’automobile, dont les soucis ne remontent pas au 15 septembre 2008) en transférant leurs stocks sur les autoroutes.
La fameuse loi de Moore, en rendant obsolète tout nouvel ordinateur après dix-huit mois, a compliqué l’utilisation des supports numériques, au point qu’un musée grenoblois, Aconit, se porte régulièrement acquéreur d’un exemplaire de chaque machine depuis cinquante ans.
L’écriture des programmes s’est faite par empilage successif, faute de temps pour réécrire, puis faute de personnel simplement capable de lire les anciens langages. A l’époque du canular de l’an 2000, on a vu des SSII recruter dans les maisons de retraite.
Les programmes bancaires ne font pas exception à la règle et ressemblent souvent à une Tour de Babel.
Mais l’effet pervers auquel je suis le plus sensible est celui de la fin de la vie privée. Au « sillage bancaire » laissé par nos divers moyens de paiement s’est ajouté celui de nos téléphones mobiles, GPS et bientôt puces RFID et nanocomposants. La vie privée n’aura été qu’une parenthèse de quelques décennies entre la vie de village où chacun se connaissait et la vie numérique.
J’ai un témoignage de première main. Il y a une quinzaine d’années j’ai créé une entreprise pour informatiser les médecins, dernière profession libérale à l’époque à tenir encore des fiches cartonnées. Elle a été rachetée par une grosse société spécialisée dans la vente d’informations aux laboratoires pharmaceutiques, jusqu’alors obtenues par une armée de visiteurs médicaux. Car il est maintenant beaucoup plus simple de « siphonner » de nuit les disques durs des médecins pour récupérer les ordonnances émises dans la journée, en les « anonymisant » bien sûr …Et les médecins se laissent faire, en échange d’un nouvel écran plat. Quant aux visiteurs médicaux, leur disparition est planifiée. Croyez-vous encore au secret médical ?
@ GD
Le retour des théories malthusaniennes dans toute sa splendeur. Elles sont dangereuses, prenez garde.
Piste de réflexion : Sachant que 20% de planète consomme 86% des ressources.
Le problème ne viendrait-il pas du mode de vie de ces 20% d’humains ?
Au passage les démographes nous prévoie plutôt un pic de population vers 10-12 milliards puis une décroissance derrière.
L’indice de fécondité est corrélé à l’éducation des femmes.
Et si on s’occupait plutôt de permettre à l’Afrique de se développer (hôpitaux, éducation, infrastructure) ?
@ BA
Les financiers s’en foutent de l’épargne des con-tribuables.
Ils savent que la consommation va chuter et compromettre leurs dividendes.
Donc…
Ils se sont arrangés avec les politiques pour se passer de la décision du consommateur. C’est l’État qui va dépenser pour le bénéfice des financiers et c’est l’État qui refilera la facture, de force, au con-tribuable (taxes, impôts, etc.) et leurs enfants.
La finance et la politique sont les deux faces d’une même mafia.
Il est midi, il fait jour. Ca n’étonne plus personne.
nous sommes des matricules…
tous au Jeu de paume, et prêtons serment !
@ U.H.M
« Comment pourrions-nous être sûrs qu’une religion ne serait pas à nouveau le moyen d’asservir et de tuer ? Comment pourrions-nous à nouveau croire en une Vérité Révélée, puisque nous avons appris, entretemps, qu’elle même n’est que relative ? Et puis surtout, la religion peut-elle s’émanciper elle-même du consumérisme, sans sombrer ipso facto dans l’intégrisme et la violence ? »
Difficile d’apporter des réponses à toutes ces questions fondamentales. Et, malheureusement, tenter d’y répondre me ferait tomber dans un certain manichéisme, au risque de laisser croire que je prêche pour ma paroisse 🙂
Entièrement d’accord avec Crystal et sa défiance envers l’analyse malthusianiste. La question est, plutôt que de contrôler la natalité (ce que je conçois difficilement sans recourir à des méthodes totalitaires), de mieux gérer la consommation des uns et des autres.
Il ne s’agit pas une fois de plus d’incriminer l’occident, auquel on aura du mal à faire renoncer à son confort tous azimuts, mais à rendre cette opulence moins destructrice pour le reste du globe, à commencer par les populations et l’environnement.
Quand on lit que quelques km2 de panneaux solaires dans le Sahara pourraient chauffer la planète pendant un an, on se prend à rêver de la fin de la domination des industries énergétiques. C’est un exemple, mais qui montre à quel point le progrès technique et humain est aujourd’hui l’otage des logiques rentabilistes, court-termistes, de ces industries.
Quand on lit que certains médicaments tardent à être mis sur le marché, parce que les industries pharmaceutiques tentent d’en optimiser la rentabilité non pas en résorbant leurs effets secondaires, mais en prenant le temps de développer d’autres médicaments pour traiter lesdits effets secondaires, on sait quoi penser de la vocation de ces industries.
Alors certains semblent avoir découvert tout récemment que le Marché ne pouvait pas être laissé à lui-même en matière financière, et que l’auto-régulation était un leurre ? Mais sachez qu’il en va de même pour chaque grand pan de l’économie. Une régulation est indispensable, pour faire en sorte que les intérêts des fictions juridiques que sont les entreprises, ne viennent pas contredire plus ou moins violemment les intérêts des groupes humains.
Quand le pilote devient myope, on en change, sous peine de s’écraser.
@ ApoK-lype : « L’Anti-oedipe », bien entendu !
La nuit du 4 aout. Oui, il nous en faudra une. Sans oublier que son seul véritable objet fut de mettre fin à la « grande peur ». Car c’est la peur de tout perdre qui a motivé nos beaux messieurs il y a 220 ans. Pour une nouvelle nuit du 4 aout, je crains que nous ne puissions pas faire l’économie une nouvelle grande peur. Mondiale cette fois.
@ Antoine : notez que je ne suis pas un anti-clérical enragé. De façon très classique, voire bourgeoise, je pense que la religion est d’une dimension privée, et que son intrusion dans la res publica doit être aussi minimale que possible. Mais à un niveau plus large, la religion pourrait-elle être une voie renouvelée pour l’humanité désormais globalisée ?
Je n’en sais rien. Je souligne uniquement qu’on connaît très bien les conséquences de l’hypertrophie religieuse, et que plusieurs siècles n’ont pas changé cet état de fait. J’essaie de me garder moi aussi du manichéisme, ce pourquoi je ne condamne pas d’entrée de jeu les prospections religieuses. Mais je doute que l’humanité soit déjà assez mature pour se passer des garde-fous cartésiens, pour l’heure.
@ loup des mers
J’aimerais vous suivre, partager votre raisonnement boire même un verre avec vous au café du coin, vous présentez bien la chose, mais voila il y a plusieurs points ou je m’interroge quand même c’est sur votre présentation des sociétés pour mieux gagner encore de l’efficacité en vitesse et en précision.
Oui c’est vrai que la vitesse apporte un avantage compétitif, la vitesse de transmission des données, des informations, vraies ou fausses, dérangeantes ou moins dérangeantes, bonnes ou mensongères, mais fondamentalement je m’interroge au sujet de cette tendance moderne et qui consisterait à vouloir souvent aller plus vite pour s’en sortir,
se sauver, franchir l’autre rive et quand même bien on se ramasserait de plus en plus la figure à vouloir faire tous comme tout le monde.
Comprenez moi le lièvre qui veut souvent aller vite finit tôt ou tard par se prendre un mur, l’évitement n’est plus alors possible et c’est alors qui l’est déjà trop tard pour braquer et c’est la grande embardée générale.
Au plaisir de vous répondre si je juge nécessaire à le faire partager mais là je dois sortir quelques heures, à plus tard …
@ U.H.M
Quand la Kabbale rencontre la physique quantique à Sans Francisco
http://www.kabbalah.info/fr/kabbale-video-clips/physique-kabbale
@ U.H.M
pour avoir travaillé avec Felix GUATTARI , lors de la rédaction du chapitre RHIZOME ,
(dans Mille-Plateaux ,DELEUZE-GUATTARI, 1980),
je peux vous dire que nous avions à l’esprit les « solutions concrètes possibles » , afin d’essayer de tourner la page de ce
monde largement prévisible sauf à en définir une chronologie précise.
l’humanité deviendra « mature » si elle s’en donne les moyens.
il nous reste à réaliser cette utopie.
il a du boulot , j’en conviens
@ Anatine Shan 5 août 2009 à 13:42
Propos féconds,à mon avis. Pouvez-vous approfondir?
Ne croyez vous pas que vous chargez votre entreprise jusqu’à la rendre non viable?
Il faudrait que les objectifs, généreux et réalistes, que vous lui assignez ne soient pas un handicap,
ce qu’ils sont actuellement.
@Paul
il existe des systèmes alternatifs crédibles, la finance islamique en est un serieux. La répartition des responsabilités est dans ce système particulièrement clair. C’est une philosophie qui refuse que le temps soit argent, sans pour autant interdire le profit ou refuser les risques liés à toute entreprise humaine, qui impose de considérer le financier non plus comme un simple prêteur mais comme un partenaire avec qui l’entrepreneur partagera PERTES et PROFITS, qui interdit la vente d’une dette et impose à toute transaction la garantie d’un sous-jacent… On retrouve là l’ensemble des valeurs « morales » que nous défendons tous même si le coté « islamique » est généralement connoté négativement. C’est une piste sérieuse à envisager. Inutile de vous préciser que des produits comme les CDO ou autres ABS n’ont jamais pu passé la grille de sélection « islamique » au grand bonheur des banques et assureurs (Takaful) qui l’ont prises comme modèle.
On en reparlera surement,
Chris.
@ François Leclerc. Concernant le pétrole.
« Il y a nécessairement des incertitudes pour identifier ces seuils: les réserves estimées résultent du déclaratif des pays où se trouvent les gisements ! Les experts essayent de corriger leurs données. Les chiffres sont au final politiques; mêmes ceux de l’AIE. »
Au risque de vous froisser, vous défoncez des portes de saloon ouvertes 🙂
« le moment où la production tous sites d’extraction confondus va commencer à décroître, »
Ce moment est passé selon toute vraisemblance. La production en 2008 stagnait depuis 3 ans alors l’ajustement de la demande s’est fait par les prix…et par conséquent la demande. Des régions entière en Inde se sont vues privées de pétrole à titre d’exemple.
« et celle du coût du baril, qui augmente au fur et à mesure que la demande progresse (c’est bien sur le cas) à production constante »
La demande ne progresse pas, toute manipulation des prix du pétroles égales par ailleurs, la contraction actuelle des prix est due à un effondrement de la demande, la Chine deux ans en arrière, les USA 10 ans en arrière pour 2009 (env = 1999). (ce qui nous permet de ralativiser les calculs de PIB)
Cela dit feues l’offre et la demande, très bientôt le « prix » du pétrole ne sera plus gouverné que par les armes, cela a d’ailleurs déja bien commencé.
Tout complexe militaro industriel …, les américains n’ont pas été en Irak pour faire du chameau, la guerre en Irak coïncide a deux années près ce qui semble être un pic de production, je soupçonne les américains d’être extrêmement bien renseigé quand à la capacité de la planète et de l’homme à fournir du pétrole.
Le problème du pétrole n’est pas fondamentalement le « Peak oil », le problème arrivera quand Jean et Jacques devront tuer Pierre pour pouvoir s’approvisionner, oui ils le tueront le pétrole est indispensable à leurs mode de vie. Puis plus tard, Jean et Jacques se battront entre eux…
http://www.youtube.com/watch?v=F4xs5FDHu2E
@ Vincent Porel
D’accord, le peak oil est une façon d’autant plus sommaire d’aborder le problème qu’en réalité on l’attend toujours …comme Godot ! Il ne vient jamais, mais peut-être est-il déjà là.
D’autant que les spéculations financières ont évidemment plus d’impact sur les prix que les fluctuations de l’offre et de la demande de pétrole. Et il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont l’offre est gérée, elle aussi.
Pas d’accord toutefois à propos de la demande. La croissance des pays que Goldman Sachs, bien informé, n’appelle plus « émergents », va continuer à la faire croite. Crise économique ou pas.
Au final, je crains que les batailles à venir pour le partage de l’eau seront plus redoutables que celles pour le pétrole. Car encore plus vitales.
PIB des Etats-Unis au 3 août 2009 : 14 089,7 milliards de dollars.
Source : F.6 Distribution of Gross Domestic Product.
http://www.federalreserve.gov/releases/z1/Current/z1r-3.pdf
Déficit public des Etats-Unis : 1 800 milliards de dollars, soit 12,77 % du PIB.
« Le déficit cumulé ne cesse de franchir des records depuis le mois de février. Selon les projections du Bureau du budget du Congrès, il devrait dépasser la somme pharaonique de 1.800 milliards de dollars à la fin de l’exercice, le 30 septembre 2009. »
http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/le-deficit-budgetaire-americain-depasse-les-1-000-milliards-de-dollars_190317.html?xtor=RSS-115
Dette publique des Etats-Unis au 3 août 2009 : 11 648 548 144 569 dollars, soit 82,67 % du PIB.
http://www.treasurydirect.gov/NP/BPDLogin?application=np
Dette totale (publique + privée) des Etats-Unis :
Domestic nonfinancial sectors : 33 931,9 milliards de dollars.
Domestic financial sectors : 17 021 milliards de dollars.
Foreign : 1 907 milliards de dollars.
Dette totale (publique + privée) des Etats-Unis : 52 859,9 milliards de dollars, soit 375,16 % du PIB.
Source : D.3 Debt Outstanding By Sector.
http://www.federalreserve.gov/releases/z1/Current/z1.pdf
@ Francois Leclerc
l’eau ,l’énergie,les terres cultivables ,les matières premières sont un sujet potentiel de conflit (passé,présent,à venir).
il n’y a qu’une concertation globale sur leur partage nécessaire à l’échelle de la planète qui peut arriver à résoudre le problème.
en guise de « nuit de 4 Aout » , demandons l’abolition de la propriété du sous-sol,une mise en commun de l’accès à l’eau douce,
et une juste répartition des terres cultivables………..
je rêve (d’un monde où l’on a pas peur d’aborder les conflits ,avant qu’ils ne dégénèrent en « batailles », seule façon d’y trouver une solution)…………
lire bien-sùr :
je rêve (d’un monde où l’on a pas peur d’aborder les conflits quand nombreux les dénoncent , seule façon d’y trouver une
solution avant qu’ils ne dégénèrent en “batailles”)…………
désolé…..
Il faudrait déjà rendre la livraison des ETF obligatoires afin de diminuer la spéculation sur ces matières premières.
Commençons par interdire aux banksters de jouer avec les besoins fondamentaux de la population, on évitera pas mal de dégats et de gaspillages.
Et pour le reste, si j’en crois les posts, il faut s’en remettre à dieu et à la kabbale?
On va franchement rigoler dans les années à venir…
Bienvenue dans ce monde Théodore, où les gens de bonne volonté préfèrent miser sur leur vie future plutôt que sur l’avenir de ceux à venir!
La kabbale ne transmet elle pas comme message que la vie est un jeu: la partie commence à notre premier cri, et elle s’achève à notre dernier souffle? En vous lisant, on se demande qui a encore envie de jouer…
@Crystal
Je me suis mal exprimé, je pense. Des études ont été faites et elles disent que pour que 6 milliards d’habitants vivent sur la planète Terre sans piller ses ressources, il faudrait que ces 6 milliards de personnes aient le niveau de vie d’un indien moyen.
Ce qui bien sur inclue que nous, occidentaux, réduisont considérablement notre train de vie. Mais les Indiens ne pourront pas augmenter le leur ! Ou sinon ce sera au détriment de la planète.
Je suis parfaitement conscient que l’Occident est responsable à 100 % de la crise systémique dans laquelle nous sommes. Les USA et l’Europe ont exploité et exploitent toujours les pays « pauvres ». Si on a des produits manufacturés peu chers, c’est grâce à certains chinois qui travaillent 12 h par jour et 7 jours sur 7. Ce qui montre , une fois de plus, la contradiction du système capitaliste.
Avez-vous lu la suite de mon message ?
Où je dis qu’on doit supprimer le superficiel et vivre pour être heureux et non plus pour posséder.
Nous ne sommes plus au XVIII ou XIX ème siècle où la croissance démographique était signe de prospérité.
Nous nous sommes aperçus des limites de la planète.
On a un choix à faire…
Je vous suis quand vous dîtes que la fécondité est due à l’éducation des femmes. J’ai bien mis dans mon poste : « sans y être contraint ». C’est à dire qu’on est éduqué, informé et qu’on agit par notre « raison ». Je ne comprends pas ce que vous me reprochez…
Cette question démographique est importante pour la survie de notre écosystème. (L’Homme est un animal, particulier, qui a un pouvoir immense, mais c’est un animal parmi d’autres.) Bien sûr, elle est secondaire en ce moment car la démographie affecte le long terme et il y a bien plus urgent à faire aujourd’hui.
Je sors du sujet, mais dénigrer les autres animaux, c’est dénigrer le vivant et donc l’Homme.
«On peut juger de la grandeur d’une nation par la façon dont les animaux y sont traités.» Gandhi
@ Daniel
je rejoins ‘Loup des mers’. Si l’on veut repondre aux questions :
L’augmentation globale de la population
L’augmentation moyenne de la consommation de ressource par habitant
Le gaspillage et l’inefficacité des processus de recyclage
autrement qu’en assurant
Un maitrise la croissance de la population -> en la réduisant…
Rationaliser nos modes de consommation -> en concentrant encore plus le controle de ressources …
Gérer efficacement les ressources naturelles, dans leur exploitation et leur distribution -> en les controlant par la
force….
Il y a à mon sens, une seule solution. Imaginer un nouveau modelé economique en l’imaginant non pas comme la
transformation de celui en place, mais comme un « être » nouveau qui devra entrer en competition dans l’ecosysteme
existant et devenir dominant… De mon point de vue, cela pourrait etre un nouveau type d’entreprise…
Quand on ouvre les yeux, on decouvre que competition et collaboration ne s’opposent pas mais forment un
système qui definit comment il se developpe et se transforme.
Dans cette logique, Il faudrait que la collaboration devienne une exigence economique, autrement dit, que le modèle
économique (structurellement) donne un avantage compétitif à la collaboration (commercialement, techniquement,
fiscalement, etc.).
(pour vous raccrocher au present, pensez à Open Innovation, entreprise 2.0, developpemetn durable, etc.)
Que serait un systeme ou la collaboration structurerait la competition vs un marché organisé par la pure competition
(et un regulateur impuissant ou corrompu…).
Quelques idées.
Une pure logique de compétition accroît artificiellement la complexité de l’offre, A l’opposé, la collaboration,
devenue un facteur de compétitivité, favorise l’adoption de la norme du standard le plus simple.
Le marché purement competitif a une capacité de réponse limitée aux nouveaux besoins. Collaborer accroit
l’innovation et multiplie les niches de marché.
Dans un contexte de competition, l’entreprise crée des besoins pour développer ce qu’il sait déjà faire, La
collaboration permet à l’entreprise de valoriser ce qu’elle sait déjà faire et favorise ainsi la croissance des PMEs.
Le marché ne permet pas de fixer les prix indépendamment des coûts, Les prix sont fixés pour optimiser la
collaboration !
Le marché consomme 5 plus de ressources que nécessaire, La collaboration favorise la réutilisation et favorise la
spécialisation.
Le marché réduit la compétition (réelle), La collaboration accroit l’efficacité de la compétition.
La compétition sépare le social et l’économique, la collaboration accroît le niveau d’organisation de la société
(intégration de l’offre et de la demande).
Un marché purement compétitif favorise de développement de grandes entreprises, Une competition pour collaborer
favorise le développement territorial. La taille critique de l’entreprise devient celle d’une PME.
La competition produit plus de richesses mais moins de variété, dans un contexte ou la collaboration domine, il y a
plus de variété et plus de richesse au global (multiplication des niches, individualisation).
La compétition enrichit le plus fort, la collaboration enrichit chaque acteur.
Dans un contexte de compétition, la croissance est basé sur un facteur de croissance linéaire, dans un contexte de
collaboration elle a une croissance exponentielle (mise en réseau de la valeur) .
Dans un conexte ou La competition domine, il est nécessaire de réguler pour éviter les pénuries, dans un contexte
de collaboration i lest nécessaire de réguler la croissance (nouveau rôle du régulateur).
L’objectif de la regulation est de créer de l’activité, dans un contexte de collaboration elle régule pour créer de
l’emploi (abondance d’activités).
La stratégie dominante, Maintien des équilibres devient Transformation des équilibres (valorisation économique du
changement).
D’une croissance ‘par silo’, vers une croissance « en réseau ».
Ce n’est pas une vue de l’esprit mais quelque chose de tres concret… concretement cela prendrait la forme de
réseaux de PMEs, tres ancrées au developpement territorial, traitant UNIQUEMENT avec des PMEs et le client qui
en FERAIT partie du modele…
Une derniere choise… Si quelques entreprises se developpaient sur un tel modele, par contagion, etant plus
competitives, elles seraient imitées…. et le marché se transformerait.. Mais il est vrai que cela demande
initialement des moyens et il est HORS de question d’aller les chercher chez les banquiers !
Je reviens à cette info, qui me chiffonne franchement (en dehors de l’aspect « on ne prête qu’aux riches ») :
http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/08/04/l-islande-face-a-un-scandale-bancaire-de-plusieurs-milliards-d-euros_1225749_1101386.html
Quelqu’un peut-il me contredire quand je fais le raisonnement suivant :
– ces initiés se sont dépêchés de se faire prêter de grosses sommes (on peut le dire !) avant ce qui semblait un risque de faillite véritable de la banque
– or quand une banque fait faillite, elle cesse de pouvoir alimenter ses créditeurs et ses débiteurs (en gros, les « riches » qui ont de l’argent en dépot dans cette banque, et les « pauvres » qui ont contracté un crédit auprès d’elle)
– en cas de cessation de paiement, tous les comptes tenus à la banque sont remis à zéro : du coup les « riches » perdent leurs dépôts (enfin quand on dit « riches », ça peut être juste le salaire d’ouvrier du mois dernier), et les « pauvres » s’enrichissent du jour au lendemain avec la disparition de leur crédit (plus de traites à rembourser = la maison gratuite !)
– ces chers actionnaires, connaissant ce mécanisme et anticipant la faillite, se sont donc auparavant mis en situation de « pauvre » devant rembourser de l’argent à la banque, avec l’espoir de ne jamais avoir à le faire
– hélas pour eux, la banque a été nationalisée/sauvée… mais pour combien de temps ?
– encore un bel exemple de spéculation, écoeurant non ?
Alors je suis cynique ou candide ?
rassurez-moi, j’ai fait une erreur de raisonnement, hein ?
@ Zorro-eco
Erreur de raisonnement ? Non : Etats-Unis : De bien curieux remboursements.
Paul Jorion : Les soubresauts du moribond se poursuivront quelques temps encore
Combien de temps ? Combien de temps ?
J’imagine que personne ne peut répondre à cette question, mais … quand même, je voudrais savoir !
J’ai moi aussi l’impression d’être dans l’œil du cyclone
Combien de temps reste-t-il pour nous préparer ?
Car nous devons nous préparer à amortir le choc pour nous, ceux qu’on aime et pour notre famille.
@Ceux qui misent trop sur la Chine.
Elle se retrouve dans une position peut être pire que l’Amérique des années 30 avec son hyper capacité de production.
Toute la monnaie « distribuée » part en bourse, dans l’immobilier ou dans des « bridge to nowhere ». http://www.creditwritedowns.com/2009/08/stephen-roach-sees-a-w-shaped-recovery-for-china.html (et je trouve Mr Roach optimiste)
Viennent se greffer une démographie sans commune mesure (ss parler de la pyramide des âges à laquelle la politique de l’enfant unique ne fait ressembler à aucune autre), l’eau, la nourriture et le pétrole … et cette société de consommation auquel tant de chinois aspirent (on le leurs à promis) et n’auront jamais accès car il n’y aura pas de travail, ils l’ont vu ils y ont pris goût ça va faire mal.
Je peux me tromper, le parti a peut être des ressources que j’ignore mais « conventionnellement », je ne vois pas.