Ce texte est un « article presslib’ » (*)
Comme je l’explique dans la vidéo très courte qui se trouve ci-dessus, des difficultés techniques du côté de Seesmic m’ont empêché de télécharger la vidéo de 12 minutes que j’avais enregistrée. Je vais donc reconstituer par écrit ce que j’avais tenté de vous dire.
Dans ma chronique du mois de juin dans Le Monde, reproduite dans mon billet Le Monde – Économie, lundi 29 – mardi 30 juin : Etats-Unis : de bien curieux remboursements, j’essayais de comprendre pourquoi un certain nombre de banques américaines avaient voulu rembourser de manière anticipée les fonds qui leur avaient été donnés dans le cadre du TARP (le Troubled Asset Relief Program), le programme mis en place pour leur permettre de se recapitaliser et de procéder à nouveau à l’allocation de crédits. Je rappelle que le TARP avait été mis en place une fois qu’avait été écartée la formule envisagée en premier : celle d’une « bad bank », d’une banque de défaisance, où seraient mis en quarantaine les produits financiers dévalorisés : les Residential Mortgage-Backed Securities dévalués en raison des défauts des emprunteurs, en particulier dans le secteur « subprime », celui qui regroupe les ménages les moins nantis.
Je dressais un parallèle entre ce comportement des banques échappant au carcan du TARP et ce que j’avais pu personnellement observer à l’époque où j’étais cadre chez Countrywide, le principal établissement financier américain dans le domaine des crédits hypothécaires. À une série de rumeurs très favorables à la firme – et dont on affirmait parmi les cadres qu’elles émanaient probablement de la direction – succédait la vente par ses dirigeants de la quasi-totalité de leurs actions. Opération que l’on pouvait résumer de la manière suivante : vider la caisse avant de s’éclipser.
Alors que le remboursement des sommes avancées dans le cadre du TARP par, en particulier, Goldman Sachs, JP Morgan Chase et Morgan Stanley, apparaissait aux yeux du public comme un signe de bonne santé de la finance, je me demandais s’il ne fallait pas y lire au contraire le signe d’une aggravation de la situation : le signe d’une désespérance de la part de leurs dirigeants, déterminés à tirer le maximum d’argent de leurs opérations avant que celles-ci ne doivent s’interrompre une fois pour toutes.
Un autre élément vient confirmer cette interprétation, un indice utilisé généralement comme baromètre d’une reprise économique éventuelle : l’achat d’actions de leur propre firme par les dirigeants d’entreprises. Or cet indice demeure en baisse : profitant d’un rebond boursier favorisé par le relâchement des règles comptables relatives à la valorisation des produits financiers, les patrons continuent de vendre les actions de leur compagnie et n’en rachètent toujours pas. Si l’on répète partout que les choses vont mieux, une chose est sûre en tout cas : les chefs d’entreprise n’en sont pas eux persuadés.
Autre indice, allant lui aussi dans le même sens, des chiffres disponibles depuis hier, révélés dans un rapport diffusé par Andrew Cuomo, l’Avocat Général de l’État de New York : sur les 175 milliards de dollars distribués dans le cadre du TARP, 36,2 milliards, soit 18,6 % de la somme furent immédiatement redistribués en bonus aux dirigeants de ces entreprises, mieux, si l’on concentre son attention sur les trois principales banques qui remboursèrent les fonds obtenus dans le cadre du TARP : JP Morgan Chase, Goldman Sachs et Morgan Stanley, la somme distribuée en bonus atteint 18 milliards de dollars, à comparer aux 45 milliards reçus, soit 40 % du total.
Bien sûr, ces trois banques ont remboursé les fonds obtenus, mais s’agissait-il d’une véritable prouesse quand les 60 % restants, les 27 milliards, ont pu être utilisés pour la spéculation dans un univers de concurrence décimé ? Ces firmes continuaient aussi de bénéficier de la garantie du gouvernement américain dans leurs opérations, et avaient toujours accès aux fonds procurés par la Federal Reserve à un taux extrêmement bas.
Pourquoi cette prodigalité choquante alors que les chiffres seraient nécessairement connus ? Les montants des bonus apparaissent en effet au bilan, la presse américaine et les blogueurs sont par ailleurs extrêmement curieux et, dans le monde du travail américain où les licenciements sont extrêmement aisés et ne requièrent aucune justification, les employés éprouvant du ressentiment envers leur firme présente ou passée sont extrêmement nombreux et toujours disposés à vendre la mèche.
Sans doute parce que la période où ce partage des restes demeure possible présente un créneau de très courte durée, obligeant du coup à agir dans la précipitation. Ces dirigeants envisageraient-ils même qu’ils puissent être arrêtés et punis, agir au plus vite leur permet de mettre les sommes soustraites à l’abri d’une confiscation éventuelle, tactique utilisée par des gangsters sachant déjà qu’ils seront pris mais prenant toutes les précautions nécessaires pour pouvoir récupérer le plus gros des sommes volées à leur sortie de prison.
Si donc ces dirigeants d’entreprise et moi pensons – au contraire du public – que la situation continue inexorablement de se dégrader, partagent-ils avec moi le sentiment que l’on observe ici les signes de la fin du capitalisme ? Probablement non : leur attitude révèle sans doute qu’ils considèrent la crise comme beaucoup plus sévère que celles qui furent observées dans les années récentes, mais le fait qu’ils tentent de constituer des réserves dans la précipitation et en se souciant peu que ce soit au vu de tous, suggère qu’ils envisagent un « come-back » futur dans un cadre identique à celui qui existait auparavant.
Si l’on parle en effet beaucoup d’inflation, voire même d’hyperinflation, à venir, en raison des sommes énormes injectées depuis deux ans par les autorités monétaires, le fait est que ces fonds sont en réalité indisponibles, une portion importante en étant placée par les établissements financiers auprès de leur banque centrale, ou bien étant, comme on vient de le voir, directement redistribuée entre dirigeants d’entreprises. Ces fonds sont donc, de fait, gelés sous la forme de réserves et, ne circulant pas, ne génèrent aucune pression inflationniste. Rien ne vient du coup contrer les tendances déflationnistes que constituent de leur côté la récession et les pertes d’emplois. Lorsque les prix seront tombés au plus bas, les sommes que l’on voit raflées en ce moment pourront sortir de leur cachette et racheter à bas prix les biens dévalorisés.
Les événements se dérouleront-ils selon ce scénario ? Je ne le pense pas personnellement, et ceci, pour deux raisons. La première est que les sommes perdues cette fois-ci sont beaucoup plus considérables que lors de crises précédentes : la taille des dettes accumulées est cette fois disproportionnée par rapport aux richesses créées entretemps, trait qui a empêché que le recours à la formule bien rodée de la « privatisation des profits, socialisation des pertes » ait pu constituer cette fois la réponse appropriée : la socialisation des pertes ne suffit plus à la tâche, le corps social étant incapable cette fois de l’absorber. On a vu Mr. Alan Grayson, parlementaire américain, ironiser sur le fait que le prêt de la Federal Reserve à la banque centrale néo-zélandaise représente 33.000 dollars par ménage de ce petit pays, soulignant la disproportion que j’évoque.
La deuxième raison, c’est l’horizon de la planète elle-même : le fait que l’orgie productive que lui ont permis au cours des deux derniers siècles les énergies fossiles arrive à sa fin et que le réchauffement de la planète – le fait que ce soient les hommes qui en soient responsables ou non étant indifférent – nous obligera désormais de vivre dans un monde beaucoup moins accueillant à l’espèce.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
63 réponses à “Le temps qu’il fait, le 31 juillet 2009”
Bonjour,
Si Seesmic fait des siennes, pourquoi ne pas envisager un autre hébergement comme YouTube?
Un article intéressant sur Spiegel
http://www.spiegel.de/international/business/0,1518,638732,00.html
La crise est finie ! Ouf !
Marc Touati qui avait prévenu de la bulle immobilière US voit qu’elle est désormais dégonflée.
http://www.boursorama.com/votreinvite/interview.phtml?news=6844155
Donc la reprise est là pour fin 2009. Ça s’arrose !
Les bourses repartent.
Seuls bémols : le chômage augmente partout, les commandes de biens durables stagnent au niveau le plus bas, les déficits publics explosent partout et les taxes (pas les impôts progressifs sur les revenus) s’annoncent partout.
C’est donc bien la fin de la crise pour les riches. Ouf !
bon, on a besoin de vous, euh… n’arrosez pas vos fleurs sur votre balcon, attendez que le numéro 2 ou 3 se jette du haut de sa tour !
c’est pas une banque ricaine le principal actionnaire de Seesmic ? pour contrer la crise systémique, la crise sismique, un vrai séisme cette Sainte crise !
il va finir par avoir une Révolution en Amérique…
@ fujisan
Un article intéressant sur Spiegel
http://www.spiegel.de/international/business/0,1518,638732,00.html
Oui, comme s’il ne s’était rien passé, mais cette fois, nous sommes de plus en plus nombreux à observer à quel point ce sont bien les CONTRIBUABLES du monde entier qui sont scandaleusement rackettés pour relancer de manière toujours plus délirante « le CASINO BOURSIER », avec en prime, les garanties des états sur ce mode de fonctionnement délétère !
Mais hélas, ceux qui semblent tellement s’agacer de la relance des bonus à tout va et de ces culbutes boursières endémiques à très grande échelle, ne voient toujours pas comment les systèmes de contrôles ou d’autocontrôles boursiers organisés en systèmes de blanchiment et en systèmes d’autodéfense qui sont censés en réguler les convulsions et les dérives pour le compte du BIEN COMMUN, pourraient eux-même échapper à une corruption aussi irrépressible que généralisée !
« Même dans la crise, les plus rapides et les plus intelligents sont parvenus à trouver des moyens de gagner l’argent, alors que d’autres n’ont même pas compris ce que sont encore les règles du jeu. » lit-on aussi dans cet article du Spiegel
Mais au train d’enfer que les fièvres spéculatives imposent, bien des accidents surprenants peuvent survenir brutalement !
S’il s’agit alors seulement de CONTENIR LA CORRUPTION GENERALISEE à un niveau plus maîtrisable ou plus écosoutenable, avec par exemple, une constitution pour l’économie que tous ces rapaces s’empresseront de neutraliser et avec des organes de contrôles incapables de contrôler ou de réguler quoi que ce soit (voir l’un des billets précédents de Paul), les velleités de rémédiation ne seront manifestement pas à la hauteur des problèmes à résoudre !
On voit bien qu’il faut aller plus loin dans la préparation et l’expérimentation d’issues plus viables avec une sorte d’union sacrée de tous ceux qui y croient encore !
http://video.seesmic.com/pauljorion
D’ici, on accède mieux aux vidéos, en ce qui me concerne… !
Donc jusqu’à 40% des subsides de l’Etat servent à rémunérer les patrons des banques ??? ahem…
C’est consternant si ce que vous dites est exact Mr Jorion c’est encore plus machiavélique que je ne le pensais …
« Les agences de réglementation avaient déjà le pouvoir de faire tout ce qui était nécessaire. Elles ont simplement choisi délibérément de ne pas le faire ». Elliot Spitzer (MSNBC, juillet 2009).
http://www.dailypaul.com/node/100777
Le même :
« Regardez la structure de gouvernance de la [Réserve fédérale] de New York : elle était gérée par les banques même qui ont obtenu l’argent. C’est une pyramide de Ponzi, un coup d’initiés. C’est scandaleux, il est temps que le Congrès y mette le holà. Il est insensé de leur donner plus de pouvoir maintenant ».
« La Fed doit être examinée soigneusement ».
Le capitalisme étasunien : un capitalisme de connivence. Les règles sont formellement observées mais allégrement contournées.
Le lien fonctionne mieux sur youtube.
http://www.youtube.com/watch?v=gAtSmR7Z-Kg
» We have failed bankers giving advice to failed regulators on how to deal with failed assets. How can it result in anything but failure? » WILLIAM BLACK , april 2009.
de FT alphaville aujourd’hui = les « spéculateurs » (ceux qui n’ont rien ni à livrer ni à couvrir) sur CDS interdits ?
A US legislative plan to regulate the near-$600,000bn market in OTC derivatives suggests that lawmakers debate the idea of banning so-called “naked credit default swaps”, which allow investors to speculate on the creditworthiness of companies. The proposal by key congressional committees would push most derivatives on to an exchange or clearing house but leaves open the issue of whether to outlaw CDSs, in which the buyer does not own the underlying asset.
« (…)chez Countrywide, (…). À une série de rumeurs très favorables à la firme – et dont on affirmait parmi les cadres qu’elles émanaient probablement de la direction – succédait la vente par ses dirigeants de la quasi-totalité de leurs actions. Opération que l’on pouvait résumer de la manière suivante : vider la caisse avant de s’éclipser »
Question: sous d’autres cieux, n’est-ce pas là ce qu’on appelle un délit d’initié ?
« JP Morgan Chase, Goldman Sachs et Morgan Stanley, la somme distribuée en bonus atteint 18 milliards de dollars, à comparer aux 45 milliards reçus, soit 40 % du total. »
C’est effectivement énorme, mais si l’on se place du côté des trois banques susnommées, ces patrons ont quand même réussis à attirer 45 milliards dans leurs banques, c’est quand même pas négligeable et cela mérite probablement une récompense à la hauteur de l’exploit, non ? Sans compter tous les autres menus avantages obtenus aux passages par les grands de WS.
la chose me parait jugée…La grippe ressemble de plus en plus a un pretexte pour controler ceux qui
voudraient voir tomber la sentence.
Le problème, c’est que les banques ont réponse à tout. Par exemple, les banques qui ont versé une partie de l’argent avancé par l’Etat pour payer de gros salaires à leurs dirigeants et à leurs meilleurs employés défendent leur décision en arguant du fait qu’elles payent ces bonus afin de retenir leurs meilleurs éléments pour gagner l’argent qui servira à rembourser l’Etat. Et il y a de fortes chances pour que l’Etat laisse faire car il veut à tout prix que les banques puissent se refaire une santé. On notera d’ailleurs qu’une grande partie des bénéfices réalisés par les grandes banques depuis le début de l’année ont été générés par leur départements de trading, sans doute pour compte propre. De toutes façons, à partir du moment où l’Etat américain est venu à la rescousse du secteur financier pour sauver le monde de la catastrophe, il est tombé dans un piège fatal. Il a désormais les mauvaises cartes en mains et les banques, surtout celles qui sont « to big to fail » ont les bonnes cartes. Cette semaine, par exemple, on a appris que la liste des institutions ‘to big to fail » ne serait pas rendue publique, de crainte que cela ne donne encore davantage à ces institutions le sentiment qu’elles sont invulnérables et qu’elles peuvent prendre tous les risques qu’elles veulent.
http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/opinions/chroniques/michel-girard/200907/27/01-887493-les-banques-liquident-massivement.php
(Montréal) Avis aux actionnaires des grandes banques canadiennes: une centaine de banquiers viennent de passer à la caisse en procédant à une liquidation massive de leurs actions.
Entre la fin du mois de mai et le début de juillet, La Presse Affaires a relevé les transactions de 139 dirigeants et administrateurs de banque. Ils ont collectivement vendu des actions pour une valeur globale de 103 millions de dollars. Ces actions provenaient de l’exercice d’options à prix d’aubaine. Les banquiers ont ainsi globalement encaissé un profit brut de quelque 40 millions de dollars.
La dernière fois que les initiés des banques canadiennes avaient massivement vendu remonte au printemps et à l’été 2008. Ils avaient frappé dans le mille, soit juste avant la magistrale déconfiture de la Bourse à l’échelle mondiale. À l’instar des titres de tous les secteurs boursiers, les titres des banques canadiennes s’étaient momentanément effondrés de quelque 50% par rapport à leur sommet historique.
C’est un cataclysme mental également. La crise commencée il y a près de 40 ans, a causé dans les populations fragilisées un taux de mortalité anormal chez les jeunes. Dans ma région qui n’est jamais sous les sunlights de l’info, pas moins de trois jeunes de 18-20 ans se sont tués ces vacances. Les dirigeants se comportent comme si il n’y avait pas d’enfants après eux. Ils se promènent derrière les fenêtres fumées de leur voiture et se cachent quand par malheur des assemblées de parlementaires veulent les interroger. Les patrons japonais ont de çà bien qu’ils viennent au moins s’excuser, puis démissionnent, et font pour certains hara-khiri.
@Paul
je comprends vos suspicions, mais pourquoi ça ne serait pas simplement pour retrouver la confiance des clients et attirer les manes d’argent ?
Tel que je comprends la situation, les bigbanks ont pu rembourser du jour ou elles ont changé leurs règles comptables, et la motivation c’est de ne pas rester en position de faiblesse dans un milieu ou le but est d’être le roi de la coline …
De plus, j’ai un peu du mal a croire que ces bigboss des bigbanks sachent envisager (serreinement qui plus est en se disant « après la prison j’aurai plein de sous ») la fin de leur impunité. Je les crois plus aveuglés par leur prétendue toute puissance (à la Joe Biden de retour de Russie), à la manière d’un pygmalion amoureux de sa propre statue.
Contrairement au communisme, le consommateur est l’élément essentiel du capitalisme.
Sans consommateur, plus de travail, plus d’entreprises, donc….plus de capitalistes !
Plus le consommateur consomme, plus les capitalistes s’enrichissent et plus ils investissent (pour s’enrichir d’avantage). C’est un système qui fonctionne depuis pas mal de temps et qui a réussi à améliorer le niveau de vie d’énormément de personnes.
Le problème est survenu avec le capitalisme sauvage (ou néolibéralisme), basé sur un individualisme exacerbé. Les capitalistes, ainsi que l’establishment, ont voulu s’enrichir au maximum, en mettant de côté toutes les règles (lois) de bonne gestion, l’éthique, la morale…Ils pensaient qu’en appliquant la loi de la jungle (où tous les animaux sont libres…), le « marché » (néolibéralisme, capitalisme sauvage,…) évoluerait naturellement vers un équilibre.
Conséquence : le pouvoir d’achat d’une grande partie de la population a diminué alors qu’une minorité s’est enrichie.
En cherchant à maximaliser le profit, les capitalistes ont délocalisé (pour cause de main-d’œuvre moins chère) : c’est le début de la mondialisation (soi-disant pour aider le monde sous-développé).
En refusant de redistribuer une partie du profit, mais en sachant qu’ils avaient besoin de consommateurs, ils ont permis à la population de s’endetter afin qu’elle puisse consommer davantage (avec pour conséquence, entre autres, l’alimentation de la spéculation immobilière). Ensuite, la dette a été transformée en papier et vendue aux « épargnants » sur le marché interne et externe (fonds de pensions …), le tout avec la caution des banques….La plus grande partie de l’épargne se trouve chez la population le plus âgée, c’est-à-dire celle qui consomme le moins et qui partage de moins en moins avec ses enfants… (entre autres pour cause de conflits de génération consécutifs à l’individualisme). Puisque, obligatoirement, les « consommateurs » devaient un jour rembourser cette dette et en étaient incapables, nous avons eu droit à la crise financière (les banques avaient garanti le remboursement de la dette). Les conséquences sont connues : faillites, crack boursier, arrêt de la consommation. C’est la situation actuelle…
Les pouvoirs publics essayent de sauver le système (les banques), tout en tentant de faire redémarrer la consommation(les plans de sauvetage).
Pour sauver les banques, ils nationalisent, injectent des capitaux ou donnent des garanties.
Il y a bien sûr une limite : risque de dévaluation (dans ce cas de figure, la Chine risque de retirer l’argent « investi ») ou inflation…Les plans de sauvetage n’ont pas été assez suffisants et efficaces : en effet, ils permettent de sauver les banques mais pas l’économie réelle, puisque le consommateur reste endetté et a perdu tout confiance. Ceux qui ont encore de l’épargne (population âgée) refusent désormais de l’investir en Bourse.
Les pouvoirs publics essayent de « recapitaliser » les consommateurs de plusieurs façons :
1/La façon Keynes, à savoir : faire des investissements publics (infrastructure,…), ce qui donne du travail, des salaires et par conséquent augmente la consommation.
2/En faisant « artificiellement » augmenter la Bourse (les bénéfices peuvent être réinvesti, aider la consommation et faire retrouver la confiance…). Seul problème : les consommateurs (endettés) n’investissent plus en Bourse et ceux qui ont encore de l’argent préfèrent l’épargne (ils ont peur et n’ont plus confiance). Ce sont les fonds et les banques qui investissent en Bourse et s’enrichissent (voir Goldman Sachs).
3/En introduisant le « green » économie. On essaye de convaincre tout le monde (surtout ceux qui ont encore de l’argent) d’investir dans l’écologie pour sauver la planète et pour économiser de l’argent, dans le but sous-jacent de relancer la consommation et l’économie (haute technologie, brevets pour pays riches, indépendance énergétique…). Bonne idée, mais il faut que les gens y croient et que les capitalistes soient prêts à prendre des risques….
Une chose est sûre : même si les multiples mesures des différents gouvernements fonctionnent, ceci va prendre du temps, et ce qui manque aux gouvernements, c’est justement du temps puisque la population souffre de plus en plus, surtout aux USA (pas sécurité sociale) ! En plus, il va falloir changer la mentalité « individualiste » et « égoïste » (non seulement des masses mais surtout de la classe dirigeante) si on veut que le système « capitaliste »survive. Les « punitions à titre d’exemple » ont déjà commencé (parlementaires britanniques, belges, grands financiers….).
Si les gouvernements ne réussissent pas à « recapitaliser » les consommateurs et par ce biais relancer la consommation, et que la confiance en l’establishment continue à se dégrader, nous allons assister à la fin du système capitaliste. Cela se fera pas nécessairement dans la violence, mais plutôt par le « suicide économique» (et parfois même réel) des capitalistes qui – par égoïsme, individualisme, manque d’éthique, cynisme, injustice….- auront « tué »un élément essentiel du système capitaliste, à savoir le consommateur !
Pour ceux qui désirent accélérer la fin du système capitaliste, il leur suffit de convaincre les gens de ne plus consommer et d’encourager les capitalistes à continuer à exploiter le peuple…
Des nouvelles de l’économie réelle :
Le repli du PIB américain ressort inférieur aux prévisions (- 1 %) mais la précédente estimation du 1er trimestre est révisée en forte baisse (de – 1 % supplémentaire à – 6,4 %).
D’autre part, la base de calcul du PIB a été nettement remaniée, de façon à rendre l’indice plus sensible au phénomène de restockage (qui a été très vigoureux au ‘T2’ après le trou d’air de fin 2008 et début 2009).
Le ‘nouveau PIB’ est difficilement comparable au précédent… une autre indication plutôt négative est la baisse des ventes (- 0,2 %) qui confirme la faiblesse de la consommation (- 1,2 % contre + 0,6 % au 1er trimestre), le principal moteur de la croissance.
L’investissement résidentiel a encore reculé de – 29,3 %, et les dépenses d’investissement productif de – 20,5 %.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=b3a36254082d4298eca21db12adf3420
C’est tout frais et ça vaut un petit détour:
Fannie, Freddie Unlikely to Return Aid
Regulator Openly Doubts Firms Can Repay All $85 Billion
By Zachary A. Goldfarb
Washington Post Staff Writer
Friday, July 31, 2009
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/07/30/AR2009073003937.html
« …@ Vanham et @
Paul
Tiré de La Bible -paraphrasée,mais c’est l’idée transmise =
« …il en tomberait 10 000 à ta droite , 1000 à ta gauche ..tu ne tomberas pas… »
Pas de crainte à avoir…sauf pour eux les fossoyeurs de leur propre tombe ,et,contrairement à un avis précédent,cela pourrait se faire peut-être dans la violence de desperados ?…ce qui ne fait non plus l’affaire de personne.
Je me tiens de commenter sous peine d’être accusé de conspirationnisme…
Il est temps de se réveiller!
Vous connaissez la blague du mouton qui parle à un autre mouton?
Dis ils parait qu’ils nous engraissent pour nous amener à l’abattoir!
Tu veux rire lui répondit l’autre, ça se saurait…
Une réflexion à la lecture: comment les banques parviennent-elles à générer autant d’argent (plutôt que d’être révolté par ces bonus il est vrai indécents)? D’où vient l’argent qui leur a permis de rembourser et en même temps de verser ces fameux bonus? Parce que si elles gagnent autant d’argent, il faut bien qu’ils en fassent quelque chose, et je ne vois pas d’utilisation de cet argent qui ne prêterait le flanc à la critique (évidemment bien méritée).
Ton vieux copain Michel:
« On notera d’ailleurs qu’une grande partie des bénéfices réalisés par les grandes banques depuis le début de l’année ont été générés par leur départements de trading, sans doute pour compte propre. » (D’où tiens-tu l’info? Pas que je ne te croies pas, mais pour me faire une meilleure idée par moi-même)?
et Paul
« mais s’agissait-il d’une véritable prouesse quand les 60 % restants, les 27 milliards, ont pu être utilisés pour la spéculation dans un univers de concurrence décimé »
suggère le trading pur (par opposition aux activités de hedging de risques pré-existants).
Est-ce la seule manière dont ils ont gagné autant d’argent aussi vite?
@Jean Louis
En effet, la violence n’est pas exclue : il suffit de voir ce qui s’est passé après les années trente…
Mais j’ essaye de rester optimiste en croyant (peut-être à tort) que l’homme a évolué depuis le 20ème siècle (siècle des massacres)….
@vanham
oui l’homme a bien évolué, les méthodes de massacre sont beaucoup plus subtiles, pernicieuses, et … efficaces :
http://www.poodwaddle.com/clocks2fr.htm
@Mathieu
La speculation avec des fonds de la Fed leur a permis de faire la difference et de rembourser le gouvernement.
D’ailleurs, sur le site de Barry Ritholtz, http://www.ritholtz.com/blog/2009/07/inflation-adjusted-spx-earnings/, on peut voir que les gains de Wall Street n’incluent pas les companies du S&P500, c’est donc une nouvelle bulle de derivatifs des banques.
Mais demandez a Paul, j’ai peut etre tort.
Au début (il y un mois), je croyais que Paul Jorion était profondément pessimiste, voire catastrophiste. Mais le seul fait de dénoncer les injustices et les escroqueries en tous genres prouve qu’il croit en une réaction, sinon du système, au moins des individus. Ceci prouve qu’il a toujours confiance en l’Homme et en sa capacité de réagir. D’autant plus qu’il consacre une grande partie de son temps à son travail et à sa cause. On pourrait presque dire que c’est un idéaliste. Bien que ne le connaissant pas personnellement, je ne peux pas cacher une certaine admiration pour sa personnalité.
Il n’y a aucun réchauffement de la planète et aucune pénurie de pétrole, tout cela n’est que propagande qui fait vivre déja beaucoup de monde.
@soleil
Vous plaisantez bien sur.
http://www.guardian.co.uk/environment/2009/jul/26/climate-change-obama-administration
@soleil
peut-être, mais il y a la 6ème extinction massive, il y a l’explosion des maladies en tout genre, il y a la désertification, la paupérisation, et je crois que c’est bien suffisant ….
A M. Jorion
Vous dites
« la taille des dettes accumulées est cette fois disproportionnée par rapport aux richesses créées entretemps, »
Je pense depuis le début de cette crise que les dettes accumulées étaient disproportionnées par rapport aux richesses donc il a TOUJOURS été IMPOSSIBLE de sauver le système.
Parce que plus personne n’était (et n’est toujours) pas en mesure de rembourser personne et que la masse d’argent nécessaire au remboursement de ces énormes (inimaginablement énormes) dettes était introuvable et n’a toujours pas été trouvé!!!!!!
En fait rien n’a été tenté, tous ces fumeux plans de relance n’ont servi qu’à permettre aux financiers d’accroître leurs réserves dans l’espoir d’une déflation qui leur permettrait, une fois les prix au raz des paquerettes, de racheter en masse tout ce qui leur tomberait sous la main et devenir encore plus les maîtres du monde.
Dans ce cas c’est qu’ils ont déjà prévu « Le meilleur des mondes » et que le clonage et le formatage humains sont déjà prêts.
Dans le cas où cette solution n’est pas envisagée, ils repartent droit dans le mur; car on revient au même problème : si vous voulez des profits il faut de la croissance avec des consommateurs ayant les moyens de consommer, donc de l’argent, donc quoi ? redistribuer l’argent des réserves ?
planche à billet ?
C’est de nouveau le serpent qui se mord la queue jusqu’à s’avaler lui-même!!
Ces gens ont quoi à la place du cerveau???
Non pas une calculatrice, car cela leur permettrait de calculer ce que je viens d’écrire et de constater qu’ils sont dans l’impasse.
Je ne dirais même pas qu’ils ont un petit pois à la place ce serait faire injure au petit pois!
En ce qui concerne l’énergie, si ces individus ne nous avaient pas mis dans cette situation, il serait possible de réfléchir calmement à d’autres alternatives.
Et pour ce qui est du réchauffement climatique il en est de même; on nous focalise sur ce fameux CO2 pour nous servir quoi? :
une taxe carbone et une spéculation sur le droit à polluer!!!!!!!!
Si la Terre a décidé de se réchauffer ou de se refroidir elle le fera quoi que vous fassiez!! Et il serait peut être plus utile de réfléchir sur les conséquences de ces évènements sur les populations; tout en faisant en sorte de polluer moins ce qui ne peut pas faire de mal!