Ce texte est un « article presslib’ » (*)
On attire souvent mon attention sur des initiatives prises ici et là, souvent aux États-Unis, qui vont dans le sens de ce que je préconise. Par exemple en vue d’interdire la spéculation sur les matières premières, d’interdire les positions nues en credit-default swaps ou de venir en aide aux emprunteurs en difficulté. Et on me demande pourquoi je n’en parle pas.
Je ne parle pas de ces initiatives parce que les événements de ces six derniers mois montrent que les chances qu’elles se concrétisent un jour sont nulles. Ces mesures sont proposées et elles échouent ensuite à passer. Du coup, je devrais dans un premier temps les mentionner, et dans un deuxième temps, rapporter qu’elles sont mortes. Ce serait, dans un sens et dans l’autre, beaucoup d’efforts pour rien.
Quand on lit les attendus de ces mesures mort-nées on voit « en raison de l’opposition des dirigeants de banques », « en raison de l’opposition des hedge funds », etc. Point commun de toutes les parties qui l’emportent haut-la-main dans les débats : le fait qu’on les appelait « discréditées » il y a moins d’un an. Discréditées ? Apparemment pas aux yeux de tout le monde.
Y aurait-il alors un rapport entre la mort de ces initiatives et les montants consacrés aux États-Unis au lobbying ? Le Center for Responsive Politics affirme qu’on atteindra et dépassera peut-être en 2009 les 3,3 milliards de dollars consacrés à ce type de « diffusion de l’information » en 2008. En hausse de 80 % par rapport aux 1,8 milliards dépensés en 2002.
En octobre de l’année dernière, on s’en souvient sans doute car il s’agit d’un moment-clé dans la fin du capitalisme, Mr. Greenspan faisait son mea culpa : l’autorégulation du capitalisme n’existe pas. Il avait misé sur la capacité des chefs d’entreprise à ne pas agir contre leur intérêt et celle-ci ne s’est pas manifestée. Il voulait dire « intérêt collectif », bien entendu, car les preuves sont nombreuses de leur capacité à ne pas agir contre leur intérêt propre.
Et c’est bien au même phénomène que l’on assiste avec toutes ces tentatives de réglementation salutaire étouffées dans l’œuf. Reportez-vous quelques années en arrière, à l’époque pas si lointaine où on nous vantait partout l’« Ownership Society » : chaque ménage propriétaire de son logement. On nous disait : « C’est la garantie d’un peuple sage. Celui qui possède sa maison, et mieux encore, celui qui rame pendant trente ans pour en acquérir une, ne se plaindra jamais. La stabilité garantie ! »
Retour au présent : les banques qui traînent la patte, retardant le plus possible le moment où elles se pencheront sur le cas d’un ménage au bord de la saisie, qui demandent 90 jours pour l’ouverture d’un dossier, qui ont traité jusqu’ici 200.000 demandes sur les 4 millions en attente. Wells Fargo a embrayé en juin, et Bank of America … ce mois-ci. Quel empressement ! Pendant ce temps, durant les six premiers mois de l’année, 1,5 millions de ménages américains ont soit vu leur logement saisi soit reçu un avis annonçant sa saisie prochaine.
Question adressée au monde de la finance : si la propriété de son logement contribue à la paix sociale, à quoi l’éviction de son logement contribue-t-elle ? Mr. Greenspan risque d’être encore déçu : si les banques américaines semblent très soucieuses de défendre leur intérêt propre, l’intérêt collectif n’appartient pas encore à leur horizon.
Encore une question pour terminer : combien de ménages auraient-ils pu être sauvés de la saisie à l’aide des 3,3 milliards de dollars consacrés par les entreprises pour qu’on leur permette de continuer à faire leur business comme avant ? Par « comme avant », je veux dire « pour le bonheur de tous ». Bien entendu.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
130 réponses à “L’industrie financière et le bonheur de tous”
Retirer son argent des banques… en fait, s’il y a avait qq chose a faire, c’est d’acheter une banque pour y transferer
le maximum de fonds…. et utiliser toute la panoplie des bandits pour les racheter en imposant de nouvelles regles…
@Jimmy
La semaine passée, j’étais sur la Côte espagnole : j’ai voulu retirer 300 € au guichet automatique d’une banque, tout comme d’autres clients. Le guichet automatique des retraits ne fonctionnait pas (n’acceptait aucune carte de personne bien que en service), seul celui des dépôts et des virements était fonctionnel. Quand j’ai demandé cette somme au préposé en lui faisant remarquer qu’il ne fonctionnait pas, il m’a dit….d’aller voir à la banque d’en face (où j’ai quand même pu effectuer mon retrait). Moralité : il y a des banques qui ne font plus que recevoir ou tranférer de l’argent, et d’autres qui ont encore la capacité de vous donner un peu de liquide. Cela prouve que le système est au bord de l’asphyxie.
A Jimmy
Oui, mais çà moi je le sais très bien!
Le problème, c’est que la population en général ne se rend même pas compte qu’il y a une crise.
Les gens qui viennent sur ce blog sont au courant, ils cherchent à se renseigner, mais je le répète la France profonde dort sur ses deux oreilles.
Vous dites crise, on vous répond : « Ah? Oui, bof……….. » Sans se douter qu’une bombe à retardement a commencé son compte à rebours!
Alors si tout d’un coup un « expert » vient leur annoncer de grands chamboulements ils vont d’abord bien rigoler, et quand ils comprendront que c’est sérieux, ils risquent fort de paniquer et de se retourner contre celui qui veut les sauver!
A Wladimir
« sera le chômage massif sans espoir de retrouver du travail »
C’est ce qui se passe déjà chez moi.
J’ai déjà rapporté cet aveu d’une conseillère du pôle emploi de mon secteur : « Oui nous avons des centaines de nouveaux demandeurs d’emploi et le pire c’est que nous n’avons rien à leur proposer! »
Rien de bien nouveau pour ceux qui suivent l’évolution de la situation:
La crainte du chômage
by Nouriel Roubini
Une gestion risquée du risque
by Robert Skidelsky
@ Louise
« Vous dites crise, on vous répond : “Ah? Oui, bof………..” »
Vous avez encore de la chance. Perso quand j’en parle autour de moi, on me répond:
– Mais non, tu te trompes, c’est pas possible (déni)
– Tu nous emm… , rien à foutre (colère)
– Arrêtes, c’est à cause de pessimistes comme toi que la crise continue! (colère puissance 2) Elle est bonne!
– « On » s’en occupe, tout va s’arranger (marchandage)
– Oui et alors? On ne peut rien y changer (dépression)
J’attends toujours le stade « acceptation » Cfr Kübler-Ross
Il faut admettre que pour l’instant, nos état-providence jouent toujours leur rôle d’amortisseur social. Pour combien de temps encore?
En ce moment, sur France Culture, une émission en direct, je crois, intitulée : La classe ouvrière va-t-elle en enfer ?
@ A.R
« Cette révolution peut se faire sans bain de sang en menaçant ce système de ne plus être allaiter par NOTRE argent. »
Cette crise peut également pousser davantage de gens à réclamer justice en vitesse et donc par conséquent se retrouver vite fait dépasser par les nouvelles mesures de changement qui se mettront en place et bien sur davantage à l’insu des peuples en cas de force majeure ou de loi martiale, troubles sociaux, etc, faute de mieux pour les gens sans travail, sans argent, sans lendemain ou dans l’impossibilité de ne plus pouvoir faire quoi que ce soit de plus pacifique en société. C’est-à-dire quelque chose qui ne serait pas mieux pour tout-à-chacun oui ils savent si bien y faire parfois lorsqu’ils savent si bien tirer profit d’événements plus désolants, j’ose espérer comme vous que cela ne
se fera pas non plus comme un plus grand chantage de vie ou « matériel » de plus exercé sur l’esprit des êtres.
Aurons-nous néanmoins tous suffisamment ce courage de refuser de porter cela, en tout cas comme vous je ne me laisserais pas faire ou du moins me laisser marquer davantage comme un bête ou un autre animal de plus que l’on préfère de nouveau mener à l’abattoir pour le seul plaisir supplémentaire ou « très matérialiste » de quelqu’uns …
Oui elle est va tout droit la tête la première avant les autres qui préfèrent plus longtemps se voiler la face …
A ceux qui doutent encore que le système dans lequel nous vivons n’est pas le fruit du hasard mais a été planifié par certains (gangsters), je leur conseille de lire l’article (en anglais) ‘The great american bubble machine’
http://zerohedge.blogspot.com/2009/06/goldman-sachs-engineering-every-major.html
Comment pourront-ils toujours tourner le dos à l’autre, à la crise ? Alors que la réalité nous entoure de toutes parts !
@ AR
J’ai déjà vu une pétition de cette nature sur le net il y a qq mois. Je crois que c’était sur un blog (r-sistons à la crise qq chose comme ça). L’opération proposait que chacun retire de 500 à 150 euros selon ses moyens. Ca m’avait paru une solution excellente mais c’était mal préparé, pas assez de com à mon avis.
Il faudrait vraiment faire quelque chose parceque je pense que le hold up perpétré sur les populations va s’emplifier dans les mois qui viennent. Retirer des especes en une seule fois le supprime aussi des commissions, payer avec l’espèce au lieu d’une carte aussi bref nous avons plusieurs moyens à notre disposition.
Le fait que rien ne se passe malgré les (maigres mais redoutables) moyens dont nous disposons fini leur donne presque notre quittus pour continuer.
Qui ne tente rien n’a rien !!
@Moi
J’avais mis un message il y a plusieurs heures qui était en attente. Il est maintenant visible, merci PJ 🙂
Vous oubliez Mai 68, l’émancipation individuelle qui est devenu la religion du moi.
Si vous comprenez l’Anglais, voir la série de 4 émissions “The Century Of The Self” par Adam Curtis, BBC en 2002.
On peut concevoir plusieurs remèdes au système créateur des crises financiéres contemporaines.
Deux mots, au sens partiellement opposés, les résument: « règlementation » ou « régulation »
« règlementation » dénie à l’industrie financière son autonomie, acquise dans les années 1980,
et réhabilite le rôle de Pouvoirs Publiques garant de l’intérêt collectif.
« régulation » : l’industrie financière est associée à l’élaboration de réformes
dont la necessité n’est pas contestée.Elle sera probablement partie prenante
aux organismes de contrôle et de prévention. L’acception du terme ‘organismes’
est large; ce peut être un service autonome dans une banque ou autre société
qu’il s’agit de réguler. Rester entre soi – le circuit court – est garant d’efficacité…
L’industrie financière paye et choie une multitude de fondations, chaires d’économie
instituts de recherche, d’analyse et prévision etc… dont un des rôles est de célébrer
ses bailleurs. Ces organismes donnent à leurs employés un salaire et un prestige
social extrèmement gratifiants. Entre cas de conflits (intellectuels pour les organismes
universitaires) entre Vérité et Réalité, la loyauté rend sans doute le choix plus facile.
L’industrie financière proclame qu’elle sélectionne et ne retient que les « meilleurs
et les plus intelligents ». Son attitude devant les appels publiques à la modération
ou au respect de pratiques admises en matiéres de rémunérations de toute nature
montre que le sens moral de la profession a atteint un nadir inconcevable.
C’est dire que les tenants d’un Etat démocratique à compétence étendue
ont la partie perdue d’avance. ( ce paragraphe pénible aurait pu etre résumé
par un appel à l’idéologie dominante marxienne).
Une nuit du 4 Août , civilisée et progressive, est improbable.
Il faut donc favoriser et accélérer l’implosion de la finance, faire en sorte
que cette crise soit la dernière, par attrition.
Et ça semble réalisable en exploitant le conservatisme forcené de ces gens.
La méthode est exposée dans ‘Le roman vrai de la crise’. Sa lecture
est enchanteur… C’est en fait l’illustration des adages, légèrement modifié pour le premier,
‘Si vous faites partie de la solution, c’est bien que le problème réside dans le reste
du monde’ et ‘Ne Rien Faire Pour La Première Fois’.
Du temps et de la souffrance sociale sont à prévoir. La sortie de la crise de 29,
incertaine et chancelante est en 1939, avec le début du réarmement industriel US
initié par des capitaux français. Nous sommes dans les temps.
(Mes sources :
ce blog,
‘Goldman Sachs, la grande machine à bulles’, par Matt Taibbi I/II (VO)
consultable sur le site ‘http://contreinfo.info’,
‘Le roman vrai de la crise’,
‘Le coup d’Etat feutré’, par Simon Johnson,
‘Le coup d’Etat feutré’ est un joyau de courage qui met à nu les exigences et
les pratiques politiques de l’industrie financière qu’il nomme oligarchie.
‘La crise économique de 1929’ par Galbraith. )
« Nous sommes dans la patrie des Droits de l’Homme,des Voltaire , Zola…de la liberté de parole… »
… dans la patrie des droits de l’Homme et plus précisément sur le blog d’un particulier, alors à tort ou à raison le seul maître à bord c’est le taulier. Mais je crois qu’il existe un condisciple qui à déjà créer un blog de contestation…
Pour ceux qui parlez de dérives totalitaires, un exemple qui personnellement m’inquiète plus:
« Les Vingt-Sept ont accepté de prolonger jusqu’à 2010 le droit de regard des États-Unis sur les mouvements financiers de 450 millions d’Européens. »
http://www.lefigaro.fr/international/2009/07/28/01003-20090728ARTFIG00197-terrorisme-les-usa-autorises-a-garder-un-339il-sur-les-transactions-en-europe-.php
voilà une mesure concrète pour… lutter contre la pollution : la taxe carbone…
et l’ argument massue de Rocard : si vous ne voulez pas la payer, ne polluez plus…
sans commentaires…
A il, Loyal etc…
Comprenez que Paul est chez lui.
Il existe un filtre automatique sur son Blog, qui peut considérablement décourager l expression de celui qui est Bloqué (lenteur d’ affichage du commentaire, quand le sujet est épuisé et le commentaire soerti de don contexte devient sans objet…).
Je crois que nous avons tous été plus ou moins victimes du filtrage, a un moment ou a un autre. Si vous revenez, c est que vous pensez que ce que vous y trouvez est important, ainsi que ce que vous pouvez y apporter.
De Grace, n’ aggravez pas votre cas, acceptez ce qui vous est possible d’ accepter, et si ce n est pas acceptable, partez sans guérilla mesquine. Je suis convaincu que votre réaction a la frustration, en dit plus sur vous que tout ce que vous avez pu écrire. Réfléchissez a cela et revenez dans un autre état d’ esprit, vous serez j en suis sur bienvenu.
Amicalement
Pourquoi tout ce monde en recherche d’alternative ne regarde-t-il JAMAIS vers cette poignée de gouvernements, largement soutenus par une vraie majorité populaire, qui seuls osent s’opposer aux oligarchies et leurs relais ?
http://www.thedailyshow.com/watch/tue-september-25-2007/president-evo-morales
Je suis désolé mais j’ai dû sortir 3500euros en liquide début juillet (sg) la fille a tiqué , compté ; mais a sorti les billets sans question. 3minutes en tout (c’est vrai).
Après je m’étonne que l’on s’étonne du chacun pour sa pomme, vous vous êtes vu ?
Enfin pour le »on laisse faire de toute façon ça tombe » Bah oui ma
Tigue a raison!
C’est le bon sens !
D’autre part l’idée puérile de retirer de l’argent en espèce de ses comptes courants est sans effet depuis qq mois.
Si les banques constatent des demandes coordonnées de retraits elles fermeront leurs guichets et ce sera le syndrome argentin.
La machine qui peine déjà sera cassée.
Les espèces en EUROS risquent même d’être sans valeur à moyen terme avec le retour aux monnaies nationales « rajeunies ».
Il fallait acheter de l’or ou de la pierre pour ceux qui le pouvaient…
Mais en cas de drame les paiements en or métal sont rapidement déclarés illégaux avec sanction pénale grave.
Enfin ,et pour terminer dans le futurible, la pierre n’est pas si sure.
Un titre de propriété n’empêche pas un état en crise de vous imposer le logement collectif type URSS…
Un pessimiste est un optimiste qui s’est renseigné….
…Oups ..Encore rippé…
Bah oui mais … Donc … de toutes façons vu comme ça , ça se passe comme ça. Je crains qu’on se fasse encore avoir, en même temps je n’arrive pas à croire que je ne connaîtrai pas une situation catastrophique de mon vivant et en grand. (+- 60 ans que c’est calme en Europe , à l’echelle de l’Histoire racontée, ça commence à faire beaucoup).
« La science appliquée à l’agriculture, à l’industrie, au commerce, aux communications, a fait des progrès énormes, surtout depuis un siècle et demi, plus particulièrement depuis une cinquantaine d’années.
L’homme avait dès longtemps appris à multiplier, par les machines simples, la force de ses muscles et celle des animaux; il utilisait aussi quelques forces inanimées, comme celles du vent et de l’eau. Mais depuis qu’il sait exploiter l’énergie solaire fossilisée sous forme de charbon ou de pétrole; depuis qu’il distribue à des centaines de milles, par de simples fils métalliques, la force tombante des masses d’eau; depuis que la chimie est passée du laboratoire dans l’industrie, les progrès ne se mesurent plus, le problème de la production est résolu.
Aveugles ou obstinés?
Et il en est qui n’ont pas encore compris cela, qui croient que l’homme doit être pauvre et avoir beaucoup de misère à gagner sa vie. Vous parlez de l’héritage accumulé par les générations, de la terre conquise par les labeurs et le cerveau de l’homme; ils vous ripostent que nous naissons endettés. Les richesses débordent, mais un système financier faux, absurde, menteur, diamétralement opposé aux faits réels, change les héritiers en débiteurs.
Oh! leur logique!… Il paraît que Champlain et les vaillants qui plantèrent la croix, la charrue et la civilisation dans les forêts du Canada; après eux, leurs successeurs de trois siècles qui ont amélioré l’agriculture, fait surgir des villes et des industries – toute cette lignée de travailleurs n’a laissé aux Canadiens vivant au milieu du vingtième siècle qu’un héritage de dettes? Et dans vingt-cinq autres années, que sera cette dette dont nous ne pouvons même pas toujours payer les intérêts aujourd’hui?
Un défricheur courageux s’en va ouvrir une terre neuve. Sa tâche est de changer en ferme productive un fouillis de bouleaux et d’autres pauvres essences, car le beau bois est depuis longtemps parti, soit brûlé par l’incendie, soit enlevé par les marchands de bois ou les compagnies papetières. Cet homme, sa femme et ses mioches vont peiner trente, quarante ans, avec bien des chances de laisser au plus vieux des gars une ferme hypothéquée, aux autres rien que le souvenir de leurs vertus. De nos bois, de nos terres, de nos usines semble sortir une voix qui parodie: «Tu feras des dettes à la sueur de ton front».
Un enfant vient de naître; le baptême ne l’a pas encore fait fils de l’Eglise qu’il est déjà débiteur. Des dettes fédérales, municipales, scolaires, de fabrique, remplissent l’atmosphère autour de son berceau. Il est né dans la dette. Il grandira dans la dette. Il travaillera – s’il en a la chance – pour payer des dettes accumulées, tout en grignotant quelques miettes qui soutiennent son pouvoir de gain et l’empêchent de se révolter tout à fait, jusqu’à ce qu’il meure dans la dette.
Et vous parlez d’héritage! Mais en voilà un fameux héritage!
Quand la bêtise tient les rênes
C’est qu’en effet, sous le système illogique d’aujourd’hui, plus un pays acquiert d’actif, plus il augmente sa dette «financière». Le travailleur crée de la richesse, le parasite gère la finance. Et comme, malgré tous les beaux discours qui disent le contraire, on place la finance au-dessus de l’homme, le parasite est maître, le travailleur esclave. Dites au travailleur qu’il est héritier, le parasite lui fera dire que vous êtes un utopiste, un semeur de désordre, un destructeur du moral. » Louis Even
@ Ton vieux copain Michel
J’ai expliqué cela longuement en juillet de l’année dernière dans L’entourloupe. Le prix des matières premières (III).
Bonsoir à tous
En d’autres temps la menace de retirer son argent aurait pu avoir un effet sur les banquiers.
Au début de cette crise, elle en a eu lorsque les files se sont formés devant les guichets de la Nothern Rock.
Mais nous n’en sommes plus là, les sommes en jeux sont tellement colossales, que le montant des dépôts des particuliers, ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan.
Souvenez vous lors de l’affaire Kerviel ( plutôt du scandale Boutton ) une perte de 5 milliards d’euros paraissait gigantesque, aujourd’hui on parle de 100 milliards par ci un billion par là de trillion, (je ne suis même pas capable de dire à quoi cela correspond.)
Les banques l’argent des dépôts, elles s’en « foutent » puisqu’elles peuvent taper sans limite directement dans les caisses de l’état, ce qu’elles ne nous prendront pas dans la poche droite, elles iront le chercher dans la poche gauche.
Pensez que même la CDC (caisse des dépôts et consignations) a été mise à contribution et se retrouve dans le rouge!!
A la vitesse ou la planche à billets fonctionne partout, le mieux à faire c’est surement de réfléchir à ce qui sera vraiment utile dans quelques temps et de le dépenser avant qu’il ne vaille plus rien.
@fujisan: merci pour les liens, je vais y jeter un oeil.
« Vous oubliez Mai 68, l’émancipation individuelle qui est devenu la religion du moi. »
Mon opinion est qu’il n’y a pas de religion du moi. Une religion du moi c’est le libéralisme c’est-à-dire une anti-religion, une dissolution du groupe. Une religion par contre relie et soude les membres d’un groupe dans une croyance en quelque chose de supérieur et de commun à tous.
Mai 68, comme tous les mouvements anarchistes précédents (en andalousie, russie, etc) est le signe d’une perte de repères spirituels. Dans d’autres contrées, cela prendra une forme autoritaire (le fascisme) pour des raisons anthropologiques, de structure familiale (je reprends ici ce qu’en dit Todd, qui est selon moi très intéressant).
@Matthieu
personne ne te force ! Il n’y a pas d’argument universel qui s’applique a tout le monde, mais seulement des choix individuels. Je n’ai pas besoin pour être heureux que tu ailles retirer tes sous (si tu en as) de la banque, ni que tout le monde le fasse (même ceux qui n’ont pas de sous ! lol) !! 😉 et je n’ai pas besoin non plus d’approbation.
@ybabel
entièrement d’accord: nous n’avons pas besoin de l’approbation de l’un l’autre pour faire ce que nous voulons, dieu merci!
J’essaie seulement de comprendre pourquoi tu désires retirer ton argent en liquide de la banque et le garder pour toi. Peut-être y a-t-il quelque chose qui m’échappe, mais cela ne me semble pas une très bonne solution, et j’essaie de t’expliquer pourquoi.
Mon constat est simplement que thésauriser la monnaie est une perversion de sa finalité initiale. Heureusement, il existe beaucoup d’autres alternatives à thésauriser la monnaie ou la mettre sur un compte épargne dans une grande banque, à discrétion de ladite banque d’en faire ce qu’elle veut. Tu peux la prêter à une institution à laquelle tu crois (crédit social, etc…), investir dans ton logement, investir dans une activité professionelle, le prêter à une connaissance qui a un projet dans lequel tu crois, etc… Il n’y a pas que les « banquiers professionels » pour gérer la richesse, et il y a beaucoup de plaisir personnel à le faire soi-même (même si et quand on se plante), un peu comme il est plaisant de bricoler, de faire son pain, de cuisiner, même si (ou peut-être justement parce que) tu n’es pas expert et que tu risques de rater! Et ça me semble une manière bien plus constructive de « faire la nique aux banquiers »!
Cordialement,
@Mathieu
si tu veux comprendre, pose la question, au lieu de m’expliquer pourquoi je ne devrais pas le faire, ou ce que je devrais faire à la place ! 😉
donc, la raison est simple : depuis que j’ai compris a quel jeu jouent les banques, je ne veux plus leur confier mon argent. C’est aussi simple que ça. Quand on voit que les fleuves de l’argent remontent plus ou moins au final vers des choses comme, par exemple, la guerre en Irak… je souhaites participer le moins possible à cela, y compris si c’est à mon propre détriment économique immédiat !
quand au fait d’investir ailleur, pourquoi pas, mais, j’ai déjà répondu, ca suppose d’avoir un projet ou une « institution » dans lequel tu crois ou tu as envie d’investir en ce moment (vu le contexte faut vraiment avoir envie !). L’épargne, ca existe aussi en tant que tel…
Je changerai peut-être d’avis demain, mais aujourd’hui, il en est ainsi.
Oui, comme TARTAR le dit, ce n’est pas une garantie absolue non plus, j’en suis conscient, je l’ai toujours été (c’est pour cela que j’ai évité l’or, facilement confisqué en cas de crise). De toute manière, que ce soit argent liquide, argent dette (sur un compte en banque), maison, voiture, or, ou je ne sais quoi, « on » peut tout me piquer à tout moment si c’est dans le (pseudo) intérêt collectif (comme si c’était leur véritable soucis). Et peut-être que ceux qui retirent leur argent des banques provoquent la catastrophe qui fait qu’au final cet argent ne servira plus a rien.
MAIS, la question n’est pas la. La question ce n’est pas le futur hyppothétique, mais le présent. Le présent, c’est que les banques ont abusés de ma confiance, et donc, je leur retire ce que je leur ai donné puisque j’en ai la possibilité, et puisque les politiques ne me protègent pas.
C’est très simple en réalité. Pas chercher midi à 14h 😉
@ybabel
« quand au fait d’investir ailleur, pourquoi pas, mais, j’ai déjà répondu, ca suppose d’avoir un projet ou une “institution” dans lequel tu crois ou tu as envie d’investir en ce moment (vu le contexte faut vraiment avoir envie !). L’épargne, ca existe aussi en tant que tel… »
Heureusement toutes les banques ne sont pas des requins sans morale. Par ex en Belgique il existe la banque Triodos.be qui a vocation sociale et écologique. Ah bien sûr ce ne seront pas des super-rendements, mais au moins les projets financés sont utiles et en adéquation avec une certaine éthique.