Ce texte est un « article presslib’ » (*)
On attire souvent mon attention sur des initiatives prises ici et là, souvent aux États-Unis, qui vont dans le sens de ce que je préconise. Par exemple en vue d’interdire la spéculation sur les matières premières, d’interdire les positions nues en credit-default swaps ou de venir en aide aux emprunteurs en difficulté. Et on me demande pourquoi je n’en parle pas.
Je ne parle pas de ces initiatives parce que les événements de ces six derniers mois montrent que les chances qu’elles se concrétisent un jour sont nulles. Ces mesures sont proposées et elles échouent ensuite à passer. Du coup, je devrais dans un premier temps les mentionner, et dans un deuxième temps, rapporter qu’elles sont mortes. Ce serait, dans un sens et dans l’autre, beaucoup d’efforts pour rien.
Quand on lit les attendus de ces mesures mort-nées on voit « en raison de l’opposition des dirigeants de banques », « en raison de l’opposition des hedge funds », etc. Point commun de toutes les parties qui l’emportent haut-la-main dans les débats : le fait qu’on les appelait « discréditées » il y a moins d’un an. Discréditées ? Apparemment pas aux yeux de tout le monde.
Y aurait-il alors un rapport entre la mort de ces initiatives et les montants consacrés aux États-Unis au lobbying ? Le Center for Responsive Politics affirme qu’on atteindra et dépassera peut-être en 2009 les 3,3 milliards de dollars consacrés à ce type de « diffusion de l’information » en 2008. En hausse de 80 % par rapport aux 1,8 milliards dépensés en 2002.
En octobre de l’année dernière, on s’en souvient sans doute car il s’agit d’un moment-clé dans la fin du capitalisme, Mr. Greenspan faisait son mea culpa : l’autorégulation du capitalisme n’existe pas. Il avait misé sur la capacité des chefs d’entreprise à ne pas agir contre leur intérêt et celle-ci ne s’est pas manifestée. Il voulait dire « intérêt collectif », bien entendu, car les preuves sont nombreuses de leur capacité à ne pas agir contre leur intérêt propre.
Et c’est bien au même phénomène que l’on assiste avec toutes ces tentatives de réglementation salutaire étouffées dans l’œuf. Reportez-vous quelques années en arrière, à l’époque pas si lointaine où on nous vantait partout l’« Ownership Society » : chaque ménage propriétaire de son logement. On nous disait : « C’est la garantie d’un peuple sage. Celui qui possède sa maison, et mieux encore, celui qui rame pendant trente ans pour en acquérir une, ne se plaindra jamais. La stabilité garantie ! »
Retour au présent : les banques qui traînent la patte, retardant le plus possible le moment où elles se pencheront sur le cas d’un ménage au bord de la saisie, qui demandent 90 jours pour l’ouverture d’un dossier, qui ont traité jusqu’ici 200.000 demandes sur les 4 millions en attente. Wells Fargo a embrayé en juin, et Bank of America … ce mois-ci. Quel empressement ! Pendant ce temps, durant les six premiers mois de l’année, 1,5 millions de ménages américains ont soit vu leur logement saisi soit reçu un avis annonçant sa saisie prochaine.
Question adressée au monde de la finance : si la propriété de son logement contribue à la paix sociale, à quoi l’éviction de son logement contribue-t-elle ? Mr. Greenspan risque d’être encore déçu : si les banques américaines semblent très soucieuses de défendre leur intérêt propre, l’intérêt collectif n’appartient pas encore à leur horizon.
Encore une question pour terminer : combien de ménages auraient-ils pu être sauvés de la saisie à l’aide des 3,3 milliards de dollars consacrés par les entreprises pour qu’on leur permette de continuer à faire leur business comme avant ? Par « comme avant », je veux dire « pour le bonheur de tous ». Bien entendu.
(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.
130 réponses à “L’industrie financière et le bonheur de tous”
« pour le bonheur de tous », mais c’est bien sûr, les banquiers sont des philanthropes, chacun le sait !!. J’adore votre cynisme.
C’était donc dans un commentaire d’ybabel que j’avais lu cette idée. je rend donc à César…………
On peut toujours le faire via les guichets de banques et régulièrement. A l’époque je retirais environ 600 Euros tous les mois pour mes dépenses quotidiennes et directement au guichet. ça marchait et sans autorisation…
@fujisan
des réactions politiques immédiates afin justement d’éviter ça! 😉
D’où: 10% suffiraient à souffler un vent de panique dans la mouvance politique. Car si la masse social n’a pas encore conscience du système bancaire, nos politiques eux le connaissent très bien. Un mouvement généralisé de panique vers les guichets bancaires seraient catastrophiques !
@Boukovski: La misère sociale n’a effectivement jamais engendré les révolutions (des pays miséreux peuvent être stables socialement). Par contre, je ne suis pas d’accord lorsque vous dites que les grandes révolutions ont toujours eu lieu dans les pays relativement prospères. Les révolutions n’ont pas commencé avec la révolution française (le passage de l’antiquité à l’âge féodal est par exemple une grande révolution). Et d’ailleurs la révolution française n’est qu’un événement parmi la grande révolution qui secoue l’Europe à partir du début du XVIIIè (les Lumières) et qui probablement se prolonge jusqu’à nos jours. Pour faire bref, la grande révolution actuelle c’est la déchristianisation de l’Europe et elle n’est toujours pas complètement achevée. Les idéologies telles que le socialisme ou le nationalisme ont remplacé tant bien que mal le vide religieux mais aucune ne semble faire l’affaire. Nous en sommes là, avec une idéologie (le libéralisme), qui n’a pas pour objectif de remplacer la religion et qui ne peut pas souder la société; c’est une idéologie de la désintégration sociale.
Les grandes révolutions sont profondes et de longue durée. Les événements spectaculaires et violents ne sont que des épiphénomènes superficiels, révélateurs de ce qui se passe en profondeur. Et ceux-ci ne surviennent donc que pour des raisons idéologiques, pas pour des raisons de bien-être ou de misère matérielle (qui peuvent amener des émeutes, des troubles sociaux, mais pas de révolutions).
Mais en définitive, je crois que nous comprenons encore mal comment tout cela fonctionne. Peut-être qu’un anthropologue y verrait plus clair.
@Louise
Oui, il est pas possible de retirer tout son argent (si celui si depasse les 1000/1500e) sans d’abord avertir préalbalement 48h avant il me semble.
Mais à la rigueur peu importe!
Car quelle est le but?
le but est que les banques n’aient plus le fond propre qui leur permet toutes les spéculations que nous payons aujourd’hui!
Mon idée est la suivante:
Un collectif (appuyé par une forte pétition qui représenterait une force de frappe de l’ordre de 10% du nombre de compte en banques existant en France) qui menace de retirer leur argent des banques accompagné d’un tapage médiatique (buzz internet, convocation press, etc…)
Si le retrait effectif des comptes bancaires prend une semaine/1 mois, peu importe, les banques sont tenus de nous rendre notre argent.
Le résultat sera là:
– des banques affaiblies et appauvries
– et surtout la peur d’une généralisation du mouvement!
Les revendications sont simple:
mettre fin au sempiternelle principe bancaire du: « pile je gagne, face tu perds! »
@Jt Louise etc…
Pourquoi voulez-vous retirer l’argent « en liquide » plutôt que d’investir dans votre logement (si vous en avez un) où l’investir dans un « vrai » projet auquel vous croyez? Ca me semble avoir beaucoup plus de sens.
A quoi sert de démontrer en pratique l’évidence qu’il n’y a pas assez de monnaie billets/pièces?
Retirer son argent de la banque, je l’ai déjà fait et c’est vrai qu’il faut prendre un rendez-vous pour retirer une somme de plus de 2300 euros (à la SG).
j’ai contaminé au ami proche et lorsque celui-ci a été voir son banquier (L.C.L.), il l’a vu blêmir.
ça ne concernait qu’une somme de 10.000,00 euros.
le banquier lui a extorqué un autre rendez-vous pour essayer de le dissuader et de lui offrir un « placement ».
je pense donc qu’il s’agit d’un bon début comme moyen d’action.
Pas un petit bout d’orteil dans ce bonheur-là, pas même du pied gauche.
Il ne suffit pas de mettre les populations à genoux et courbées vers le sol : il les faut maintenant aplaties par-terre !
Le Système Prédation Vorace a ses exigences.
@Moi
Vous oubliez Mai 68, l’émancipation individuelle qui est devenu la religion du moi.
Si vous comprenez l’Anglais, voir la série de 4 émissions « The Century Of The Self » par Adam Curtis, BBC en 2002. En particulier l’épisode 4 pour
Episode 1: « Happiness Machines »
Episode 2: « The Engineering of Consent »
Episode 3: « There is a Policeman Inside All Our Heads: He Must Be Destroyed »
Episode 4: « Eight People Sipping Wine in Kettering »
@ A.R
Conscience collective : somme des inconsciences individuelles. [Georges Elgozy]
Pensez-vous vraiment qu’une foule en colère qui ne pense qu’à couper la tête de quelques banquiers ou autres grands patrons du CAC40 puisse réellement prendre conscience ne serait-ce qu’un seul instant d’avoir écraser un autre petit insecte de plus innocent.
Surtout moi le tout petit lutin et qui est aussi très animiste envers les petits animaux, vous pouvez pas faire un peu plus attention ou vous préférez marcher.
Vous me répondrez mais qu’est-ce la valeur d’un insecte par rapport au grand éveil de la conscience collective qui en exprime davantage son ras le bol au même moment.
L’indignation d’hier n’est pas non plus le reflet visible d’une meilleure prise de conscience au quotidien.
Comme cet article sur UC que vous avez poste hier le prouve, tout le monde essaie de se sauver avec la caisse plutot que de s’occuper des citoyens en difficulte.
Les banques investissent et achetent d’autres banques avec l’argent du contribuable (aux USA) et les salaires des financiers explosent a nouveau.
Les soup kitchens et autres organismes caritatifs enregistrent une demande en hausse de 20% depuis le debut de l’annee alors que les dons diminuent, la Food Bank est pratiquement vide.
A part quelques journalistes dignes de ce nom, tel que Bill Moyers, personne ne parle de la souffrance quotidienne de millions qui ont tout perdu et qui perdent tout chaque jour; les autres se battent pour trouver l’element qui prouve que la crise est finie.
Cette ignorance a d’ailleurs des consequences, la crise vit au coeur meme de la societe Americaine, plus de 50% des menages etaient endettes avant la crise, 7-8 millions de chomeurs en plus, les salaires baissent…etc
Qui peut logiquement penser a une reprise alors que l’Americain moyen qui fait vivre le systeme etouffe de plus en plus.
Je ne pense pas une seconde que ce systeme puisse reprendre, la conscience collective va bien finir par s’eveiller.
Un bon indicateur sera la cote de popularite de Ron Paul, gardez un oeil dessus.
@Mathieu
tout dépends de l’objectif et des opportunités …
tout le monde n’a pas forcément un projet en tête, n’a pas forcément envie de dépenser ses économies, de les rendre illiques, etc …
et si l’objectif est de dire « non au capitalisme prédateur », le mieux, c’est retirer les sous de la banque, afin que celle ci ne finance pas ses différentes « arnaques » ici ou la pour extorquer les 4% ou les 15% qu’on lui demande …
acheter quelque chose avec, c’est remettre les sous dans le circuit.
Mais c’est quand même déjà ça de ne pas vouloir se laisser marcher dessus plus longtemps, ne va pas donc faire à autrui ce que tu
« Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas que l’on te fasse. Ceci est la Loi. »
« Tu devrais aimer ton prochain comme toi-même… »
Et même si l’amour de l’autre pour de l’argent en plus, la cupidité, du luxe, l’opulence, l’idéologie l’ont profondément rendu malade et sourd aux autres comme à lui même.
Taper même fort sur le PS ne servira à rien. Dire que l’éthique et la morale n’existent pas dans la société où nous vivons présente peu d’intérêt puisque la morale et l’éthique n’ont jamais prévalu (cela se saurait) et elles n’ont de toute façon jamais été les moteurs de l’économie.
Appeler à la rescousse un Robespierre, c’est absurde.
Encourager les banquiers et les capitalistes en général à appauvrir le plus rapidement possible le bon peuple c’est aussi inutile (cela se fait déjà ans vos encouragements) et c’est de toute façon encourager la politique du pire qui débouche sur la misère et le désespoir d’où il risque de ne subsister que la violence contre soi et contre les autres.
Demander à ce que l’on interdise le lobbying c’est aussi efficace que de se dire contre le cancer.
Tous ces voeux pieux pour certains, irresponsables pour d’autres sont destinés à abonder – pensez-vous sans doute – dans le sens de Paul JORION qui n’en demande peut-être pas tant. Mais je me garderai de parler en son nom.
Ce n’est pas un Robespierre qu’il faut (comment espérer un monde de terreur?) mais un ensemble de choses qui ressemble lui aussi à un autre voeu pieux. Il faudrait en effet un groupe d’experts, éclairés (comme dans l’ expression » despote éclairé » mais sans le terme de « despote ») mais disposant malgré tout d’un pouvoir de décision incontestable, d’application et de contrôle des décisions. Il faudrait enfin que ces personnes soient courageuses pour resister aux moyens de pression (lobbies, financiers, etc…).
Les propositions des personnes comme Paul JORION ont le mérite d’être simples. Leurs analyses sous-jacentes sont complexes et savantes mais elles aboutissent à des principes en nombre limité et simples.
L’ennui est que ces experts parlent en ordre dispersé. Certains s’accaparent même les idées des autres. C’est peut-être le propre des idées. Sauf que les financiers au pouvoir parlent le même langage et d’une même voix.
Il faut donc créer un lobby ou un groupe de pression pour l’illustration et la défense d’une constitution économique.
Je serais a priori plus favorable à une constitution évolutive à la différence de celles qui sont gravées dans le marbre : avons-nous d’ailleurs le temps de rédiger tous les articles alors qu’il y a une telle urgence ? Certains principes ne devront-ils pas être aménagés au fur et à mesure que l’on jugera leurs effets efficaces, pervers parfois, imprévus sans doute; certains articles devront aussi être renforcés ou précisés parce que des marioles vont essayer de les détourner ou de les contourner; et ainsi de suite … ) Il faut être pragmatiques et admettre qu’il faudra s’adapter.
Qu’on dise ensuite que ce sont des réformes quand on espérait une révolution, que cela revient à chercher la préservation du système capitaliste; etc… Cela n’a aucun intérêt. Ce n’est pas le système qu’il faut combattre mais ses effets, la misère, l’exploitation, l’endettement excessif des personnes, l’enrichissement sans cause, le gaspillage, la destruction de richesses (naturelles ou autres); j’arrête la litanie…
@jérémie
Je ne veux pas décapiter la tete de banquiers ou autres patron du cac40 ou je ne sais qui!
Essayez vous de me faire passer pour notre Arlette nationale ou un petit révolutionnaire assoifé de sang qui, à dix milles lieux de la réalité, ne mesure pas la teneur de ces propos !
Je parle d’un système indigne et injuste qui a corrompu notre démocratie, démocratie pour laquelle le siècle des lumieres a grandement oeuvré.
Ce systeme DOIT changer et la justice doit être rétablie.
Afin d’eviter tout malentendu, je reprends cette citation célèbre d’Henry Ford et que vous connaissez surement
‘Si la population comprenait le système bancaire, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin’
Cette révolution peut se faire sans bain de sang en menaçant ce système de ne plus être allaiter par NOTRE argent.
Soyons quand même objectifs, l’industrie financière n’a jamais eu rien à voir avec le bonheur de tous et ne l’a jamais d’ailleurs prétendu sérieusement, sauf pendant les campagnes électorales quand il fallait faire élire ou réélire les gestionnaires politiques du système. La réalité, c’est que ce système a permis à une forte partie de la population occidentale d’acquérir en soixante ans une véritable aisance matérielle pour la première fois de l’Histoire (il suffit de regarder autour de nous), excepté bien sûr les couches les plus pauvres qui se débrouillent autrement depuis longtemps (économie parallèle et minima sociaux)
Rappelons que la pauvreté dans le monde (selon les critères de la Banque Mondiale, le seuil est fixé à 1,25 $ par jour) touche quand même encore1,4 milliard de personnes. Pour rester en Europe, zone privilégiée, le SMIC bulgare plafonne à 92 euros et le SMIC polonais à 246 euros, il y a de la marge. C’est d’ailleurs cette marge qui permet d’encaisser le choc de la crise et du chômage car tant que vous avez encore un travail, en cette période de déflation, vous vous en sortez à peu près. Le véritable problème à affronter pour les dirigeants sera le chômage massif SANS espoir de retrouver du travail mais qu’il faudra bien subventionner. Quelle solution vont-ils sortir de leur chapeau en pleine marasme économique ? Sans déjà imaginer les solutions extrêmes, style « Soleil vert » ou euthanasie massive, ben, mis à part capter l’épargne des classes moyennes et promouvoir la décroissance écologiquement correcte, moi, je ne vois pas. Une sorte de redistribution forcée de richesse, presque socialiste quoi…
A Mathieu
« Pourquoi vouloir démontrer l’évidence………….. »
Parce que ce qui est évident pour vous ne l’est pas pour la majorité des gens!! La plupart ne croient même pas à la crise!
Pourquoi voudriez-vous qu’ils se révoltent contre quoi que ce soit puisque pour eux tout va bien!
A didier
Votre ami a-t-il réussi à retirer ses 10 000 €?
A A.R.
Moi aussi j’ai déjà été traitée de révolutionnaire sur ce blog, c’est pas grave.
@Louise
pour le démontrer il suffit de donner la quantité de pièces/billets en circulation d’un côté et la quantité sur les comptes épargne et courant. Voilà, c’est démontré!
Qu’est-ce qu’amène en plus de faire réellement (si vous y arrivez) s’écrouler le système bancaire? La principale conséquence ce sera d’appauvrir toute la classe moyenne (ceux qui ont de l’argent sur leur compte = pas les plus démunis ni les plus riches), sauf les quelques-uns qui auront retiré leur argent en premier.
Quel désespoir et quelle colère dans ces propositions!
@ybabel
Si tout le monde veut travailler et gagner de l’argent sans rien dépenser, ça ne va pas marcher très longtemps…
@Pierre
L’idée de créer une constitution économique par un panel « d’experts » est dans le même ordre d’idées que voir le pouvoir exécutif créer une commission parlementaire composée d’ »experts »soi-disant indépendants pour examiner un problème spécifique et dont les conclusions et actions n’aboutissent généralement sur rien de concret et dont le seul intérêt pour les participants est de toucher un bon salaire et pour les politiciens d’enterrer le problème. Il est déjà difficile de voir respecter la constitution traditionnelle, alors une constitution économique…!?
Pour avoir une réelle influence sur le pouvoir, il vaut mieux un seul « expert » bien introduit avec des propositions concrètes que tout un panel d’experts d’horizons différents. Cela a été plus ou moins le cas pour Attali, qui a fait quarante propositions à Sarkozy en 2008, dont certaines ont été mises en application. Espérons que Paul Jorion puisse également avoir sa chance aussi…
@ jt
Ybabel
AR…..
J’ai commencé effectivement fin juin (ça ne se voit pas dans les comptes nationaux !!! Non ,c’est minuscule…!! )
Je réitére la démarche fin août. (Au guichet, sur rendez vous pris ).
Pour ma part ,c’est plutôt la perspective d’un proche tohu bohu .
A Mathieu
Je ne veux pas non plus faire tout s’écrouler; mais une action assez percutante pour que la population prenne conscience qu’il y a un gros problème, sinon les propositions des « experts éclairés » tomberont à l’eau car les gens n’y adhèreront pas et se retourneront contre les dits experts.
Gary Gensler, le président de la CFTC, l’organisme de régulation du marché des matières premières, a déclaré cet après-midi qu’il fallait penser sérieusement à imposer des limites de volume sur le marché des matières premières. Cela dit, il a également dit qu’il fallait éliminer la spéculation excessive mais non pas les spéculateurs, dont à l’entendre, « l’importance » est reconnue pour assurer le bon fonctionnement des marchés à terme.
NEW YORK (MarketWatch) — The Commodity Futures Trading Commission Chairman Gary Gensler said Tuesday the futures market regulator « must seriously consider setting strict position limits in the energy market. » Gensler, making comments in an opening statement of a CFTC hearing, said the hearing is to determine how position limits could be used to address excessive speculation, not « how we can eliminate speculation. » He emphasized the importance of speculators to the « effective operation of futures markets.
Cette nouvelle mesure risque malgré tout de réduire considérablement les revenus des banques, au premier rang desquelles Goldman, dont la moitié des bénéfices est liée au trading sur les matières premières, devises, bonds et taux. Les auditions des représentants des banques (Goldman et JP Morgan) ont commencé aujourd’hui et il est certain qu’ils vont se battre bec et ongles pour défendre leur bifteck.
Un autre article intéressant concerne les exemptions dont a bénéficié Goldman Sachs dès 1991, bientôt suivi d’autres opérateurs, pour être autorisé à opérer massivement sur les marchés à terme de matières premières. En gros, les banques d’investissement ont réussi à se faire passer pour des hedgers, alors qu’elles ne l’étaient pas au sens strict du terme. Goldman avait vendu à un fonds de pension qu’il comptait parmi ses clients, 100 millions USD sur son indice de référence en matières de premières et pour se couvrir, elle a acheté un panier de matières premières sur les marchés à terme. Autrement, elle a réussi à faire passer pour du hedging, un swap c.a.d. une simple opération de couverture spéculative. D’autres banques se sont ensuite ruées dans ce boulevard avec la bénédiction des organismes de régulation.
http://www.marketwatch.com/story/spotlight-on-goldman-as-commodities-hearings-begin-2009-07-28?pagenumber=1
A noter aussi que la Deutsche Bank a annoncé aujourd’hui 1,1 milliards d’€ de bénéfices. Une grande partie de ces bénéfices est due aux opérations de trading, c’est-à-dire à de la spéculation et non pas aux opérations classiques du monde bancaire (prêts, dépôts etc). Elle a également provisionné plus de 1 milliard pour se couvrir contre les défaillances des emprunteurs.
suite du message précédent désolé :
soit retirer au distributeur directement avec ma carte bleu (même plus de carte de retrait), avec comme plafond celui de ma CB….
Mais oui, tout va bien madame la marquise…
Tout cela pourrait faire penser à quelqu’un qui aime jouer avec le feu, et qui s’y est déjà brûlé quelquefois
les doigts et peut-être même un peu plus ; mais qui veut quand même continuer…sans en subir les douloureuses conséquences.
Comment faire ?
Une solution serait peut-être de faire une sorte de transfert des responsabilités et des conséquences en donnant à d’autres
l’envie de jouer avec le feu, et, de loin, les regarder se brûler les doigts, et parfois même un peu plus.
La politique de l’autruche me parait avoir un bel avenir.
Sinon je ne crois pas qu’on assistera à une lente décomposition, les gens qui perdent leur emploi ont des traites à payer, et des enfants, des familles. Et nous avons une courbe de type révolutionnaire où les attentes d’amélioration (qui s’élèvent) sont déçues, c’est typique. Je crois que c’est dans « Why men rebell », de J. Gurr.
L
@ Louise
(merci de bien vouloir effacer le message précédent)
Pour vous montrer à quel point les banques sont sereines, je vais vous témoigner mon expérience à ce sujet, enfin presque puisque celle de ma mère, cliente chez la BNP.
Cette dernière a décidé de briser son comtpe assurance vie fin-avril dernier, composé de 50% en fond euros et 50% en actions. Elle avait ouvert ce compte il y a 2 ou 3 ans avec comme apport initial 30 000 euros.
La crise (qui a bon dos) est passée par là, et il ne restait plus sur le compte que 18 000 euros lors de la demande (- 60% !!!).
Elle a donc pris rdv avec son conseiller financier qui a d’abord LOURDEMENT insisté pour comprendre ses motivations,et qui lui a annoncé un délai de 1 semaine avant de pouvoir récupérer la somme en liquide. Au final, il s’est passé 1 MOIS avant de pouvoir récupérer l’argent et elle a encore perdu 1000 euros durant cette période (alors que le CAC 40 rebondissait fortement !).
Avec 1 mois de délai en temps « normal », imaginez en cas de panique…
Deuxième expérience mais personnelle cette fois : mi-juin, je suis allé dans un guichet BNP afin d’y retirer 1000 euros en espèces. Les agents m’ont dit que cela n’était pas possible, j’ai demandé pourquoi et il m’ont alors répondu mal à l’aise, que cela provenait d’une nouvelle directive datant de la semaine précédente.
Je leur ai alors demandé comment puis-je obtenir 1000 euros aujourd’hui ?
Ils m’ont répondu que cela n’était pas possible, que je pouvais seulement retirer de l’argent avec ma carte bleue au distributeur, avec comme montant maximum le plafond de cette dernière (soit 500 euros). En gros les cartes de retrait ont été retirées de la circulation….
Tout cela est bient entendu révélateur de ce qui se trame en arrière plan.
Premier rappel, le ratio (dettes/fonds propre) moyen des banques françaises est de l’odre de 40.
Ce qui signifie pour simplifier, que si une personne sur 40 en France se pointait pour récupérer son argent, la BNP serait obligée de vendre d’autres actifs (actions, créances plus ou moins pourries,….) en catastrophe sur un marché très peu liquide, sous peine de se retrouver en cessation de paiement.
Deuxième rappel : les banques françaises n’ont toujours pas publié leur bilan détaillé (alors qu’elles devaient et le dernier date du 31 décembre 2008)
Troisième rappel : le total des dettes de la BNP est de 2 000 milliards d’euros soit le PIB de la France !!!
Dernier rappel : Mr. Sarkozy s’est engagé oralement à couvrir à hauteur de 70 000 euros l’épargne d’éventuels clients en faillite alors qu’il n’en a pas les moyens et n’a toujours pas retranscrit son engagement par un décrêt…