DES MYSTERES SANS GRAND MYSTERE
Quand, de manière incorrigible, il ne nous est pas encore une fois annoncé les lueurs de l’aube de la reprise, comme si cette incantation pouvait tenir lieu de politique (même si elle devait être finalement exaucée), il nous est promis pour la suite des événements une longue période de faible croissance (sans nous expliquer pourquoi, rajoutant du mystère au mystère.)
Il n’est pourtant pas possible d’échapper au débat, qui va rebondir, non seulement sur la réalité de cette reprise tant attendue comme une sorte de miracle, mais également sur la forme qu’elle va emprunter. Nous y revenons donc : « L » ou « W » ? Une croissance pour longtemps atone ou une mini-reprise suivie d’une nouvelle récession ? Ce distinguo pourrait apparaître bien académique, à moins que les hypothèses et les raisonnements à la source de l’une ou l’autre de ces deux options ne soient dévoilés, permettant d’en comprendre les tenants et les aboutissants.
Plusieurs autres énigmes, dans les discours répétitifs que nous entendons, mériteraient d’être résolues. Le danger de l’inflation, ce chiffon rouge si fort agité alors que nous sommes encore en pleine récession. Ou le retour du « protectionnisme », alors que la contraction du commerce international résulte mécaniquement, pour l’essentiel, de la crise économique mondiale.
Il est possible de partir de trois très simples constatations pour tenter de contribuer à lever tout ce brouillard. Dans un premier temps, afin de comprendre pourquoi la croissance va être faible.
1/ Nous savions déjà que cette prophétie résultait du choix qui a été fait d’aider à la lente recapitalisation du système bancaire par des injections massives de liquidité des banques centrales et des programmes de garantie d’Etat, espérant ainsi procurer aux banques les moyens et le temps de digérer leurs gigantesques pertes, plutôt que de prendre à bras de corps le problème posé par ces dernières, en tirant un trait afin de remettre les compteurs à zéro.
2/ Nous pourrions y ajouter une deuxième redoutable raison : la diminution de l’endettement des ménages, qui ne va pas pouvoir continuer de se développer, ni même être relancé comme avant, va avoir comme conséquence la baisse de la consommation, et donc la diminution de la croissance. Toute politique de substitution va demander beaucoup de temps à être mise en place, si tant est qu’elle existe. Il n’y aura en tout cas pas d’incantations possibles.
3/ Enfin, il est pour le moins peu vraisemblable que la contribution des services financiers continue de se développer au sein du PIB des économies occidentales, on serait au contraire tenté de penser que la voilure va nécessairement être réduite.
Ces raisonnements s’entendent, bien entendu, mode de calcul du PIB inchangé. Et expliquent les grandes lignes de force de l’atonie prévisible de la croissance économique dans les pays « développés ».
Quels sont donc alors, si ces présupposés sont acceptés, les leviers dont vont disposer leurs économies ?
1/ Il est espéré de nouveaux forts gains de productivité, sans que leur origine soit clairement déterminée, en s’appuyant sur le précédent historique du lendemain de la seconde guerre mondiale, quand il a fallu trouver un relais de croissance à l’économie de guerre. L’idée des économistes qui défendent cette thèse, timidement envisagée, est que ces gains de productivité pourraient être affectés à l’augmentation prioritaire des revenus des ménages, dans un mouvement totalement inverse de celui qui a été constaté durant les dernières décennies, et qu’ainsi la consommation pourrait retrouver ses couleurs sans qu’il soit nécessaire de faire à nouveau appel au crédit dans des conditions scabreuses. C’est une élaboration qui demande, pour le moins, à être fondée.
2/ Un vaste réajustement économique est envisagé, afin de rééquilibrer un monde qui ne l’était pas, les dettes de l’un (les Etats-Unis) finançant les exportations de l’autre (la Chine), qui finançait les dettes du premier. L’idée est en quelque sorte de faire marcher les vases communicants en sens inverse, une fois encore. De développer la production et les exportations du premier, le marché intérieur du second. Ou encore de réindustrialiser d’un côté, de radicalement réorienter la production de l’autre. On conçoit qu’un tel chambardement économique demande du temps. Nous y voilà encore, du temps ! D’autant qu’une question insidieuse mérite d’être posée : si l’on proclame qu’il suffira à la Chine de développer la protection dans le domaine de la santé afin d’inciter les Chinois à davantage consommer (ce qui reste à démontrer, vu que la tendance à l’épargne des Chinois est un fait culturel profond alimenté par leur histoire), il faut aussi expliquer, pour rendre crédible l’hypothèse de ce réajustement mondial, comment procéder à la réindustrialisation des Etats-Unis. De quels secteurs d’activité parlons-nous, qui vont non seulement répondre aux besoins et attentes du marché intérieur américain, mais dont la production va également pouvoir être exportée (vers où ?). Le « green business » y suffira-t-il, c’est peu probable.
3/ Une troisième issue est envisagée, qui peut se révéler des trois la plus crédible, mais dont les effets sont très imprévisibles. Il s’agit du grand réajustement monétaire que les Etats-Unis appellent de leurs vœux depuis des années, qui résulterait selon eux d’une réappréciation du yuan, la monnaie chinoise. Et qui semblerait plutôt devoir s’opérer dans l’autre sens, via une dévaluation du dollar (car la boîte de Pandore est déjà ouverte, tout est question une fois de plus de temps). Rendre les exportations chinoises plus chères pour les consommateurs américains permettrait, certes, aux entreprises US d’envisager de reprendre des parts du marché intérieur. Mais ce bénéfice potentiel sera nécessairement accompagné d’autres phénomènes moins avenants. La dévaluation du dollar entraînera une hausse des taux des T-bonds américains, surenchérissant le coût du service de la dette, impliquant des coupes claires budgétaires importantes, nécessitant au final de nouveaux impôts. Toutes choses qui ne sont pas spécialement favorables à la croissance. A terme, cette dévaluation du dollar s’accompagnera inévitablement d’un recul de son utilisation dans les échanges commerciaux internationaux et d’une remise en cause de son statut de monnaie de réserve. Les Chinois ont des propositions à faire dans ce domaine, qui ne sont pas nécessairement du goût des Américains !
Alors, « L » ou « W » ? Pour répondre à cette question, il suffit de répondre à une autre : de nouveaux plans de relance publics vont-ils ou non être décidés et exécutés ? Car, de même que les banques centrales se sont substituées au marché interbancaire afin d’éviter l’effondrement du système bancaire (en état perpétuel de refinancement), dans cette époque hors normes que nous connaissons, les dépenses budgétaires des Etats ont pour objectif d’éviter tant bien que mal l’approfondissement de la récession que nous subissons. Ce sont elles qui sont à l’origine des lueurs de reprise auxquels ceux qui les voient se raccrochent. Et la question n’est pas, car elle est souvent posée à l’envers, de savoir quand les effets de ces plans vont « redescendre dans l’économie », et ainsi commencer à produire leurs bienfaits (espérant ainsi qu’il ne sera pas nécessaire de les renouveler), mais plutôt jusqu’à quand ils vont produire ceux qu’ils sont capables de générer et que l’on observe déjà… C’est pourquoi le débat sur la relance de la relance, engagé aux Etats-Unis, ne manquera pas d’atteindre prochainement l’Europe.
Il reste encore à tordre le cou à plusieurs contre vérités abondamment répandues. A propos du danger montant de l’inflation en premier lieu. On nous dit qu’il est aux portes et l’on presse les banques centrales d’envisager de rapidement stopper leurs multiples programmes ainsi que leurs injections de liquidités. Mais on oublie de signaler que ces liquidités ne redescendent que fort peu dans l’économie, précisément parce qu’elles ne concourent pas à leur objectif officiel, la relance du crédit par les banques, qu’elles sont utilisées par celles-ci pour leurs besoins propres de recapitalisation. Quel est alors le danger, si ce n’est pas, dans l’immédiat, celui de l’inflation ? Tout simplement la pression sur le marché obligataire public et la hausse des taux qu’induirait la crainte, chez les investisseurs privés, que les Etats se préparent à monétiser leurs dettes pour les soulager. Voilà ce qu’il s’agit d’éviter à tout prix. Voilà ce que s’efforce de faire Ben Bernanke, le président de la Fed. Stoppant les achats de T-bonds américains, ce qui produisait l’effet redouté (la hausse des taux n’a pas été stoppée), pour en désespoir de cause détailler devant le Congrès son arsenal d’armes permettant de retirer les liquidités du marché. Sans les utiliser, car il a précisé que la Fed n’envisageait pas de changer de politique. Et pour cause, car elle n’en a pas de rechange !
La monétisation de la dette étant donc un chemin difficilement praticable (rappelons que la hausse des taux obligataires publics impacte directement aux Etats-Unis sur les taux hypothécaires, risquant de faire à nouveau exploser la bulle du crédit immobilier), quelle autre voie reste-t-il aux Etats qu’ils ne nous annoncent pas encore ? Celle de coupes claires budgétaires et de hausses d’impôt, auxquelles il faudra bien venir. Encore une fois, ceci n’est pas une perspective encourageante pour l’augmentation de la consommation, levier favori de la croissance.
Le protectionnisme, enfin, est ce dernier monstre qui nous menace. Il faut là encore y regarder de plus près. Certes, une forte contraction du commerce international est en cours, qui résulte de la situation économique. Mais pour l’avenir, de quoi peut-il bien s’agir ? Du recours par les gouvernements à des mesures de protection de leur appareil de production (du genre « Buy American »), dont les effets ne produisent des effets en réalité qu’à la marge ? Ou, bien davantage, du résultat très imparfait et inaccompli de la lente évolution d’échanges et de déséquilibres en train de se remodeler, privilégiant le développement des marchés intérieurs des pays « émergents » (qui en ont bien besoin, mais il faut expliquer comment), ainsi que celui de la production des pays « développés » (une fois précisés les secteurs d’activité dans lesquels il pourrait intervenir) ? Il faudrait tout de même savoir ce que l’on veut !
22 réponses à “L’actualité de la crise : Des mystères sans grand mystère, par François Leclerc”
Bien !
La restructuration de l’économie chinoise ne se fera pas sans mal.
Les chinois viennent peut être de vivre leurs dix meilleures années en ayant inondé le monde occidental avec leurs produits low-cost.
Ces années d’euphorie ont divisé la population en 2 parties:
– une minorité de 7 à 8 % qui a vu son niveau de vie se rapprocher de celui des occidentaux
– la majorité qui , bien qu’ayant profité un peu de cette croissance , a vu l’écart de richesse devenir gigantesque et n’accepte plus d’être laissée pour compte et de subir le contrecoup de la crise.
Ci dessous ,un article de l’Associated Press qui n’est qu’un épiphénomène de ce qui ce passe actuellement en Chine.
Voila ce qui risque de se passer à l’échelle mondiale si l’injustice est trop forte.
Le patronat français , les politiques et NS ont bien compris le risque .
L’amortisseur social et des primes de licenciement adéquates seront les moyens de calmer les réactions populaires
Associated Press le 25/07/2009 à 12:57
Des métallos chinois tuent le directeur général d’un groupe :
Quelque 30.000 ouvriers protestant contre le rachat de leur usine sidérurgique dans le nord-est de la Chine se sont battu avec la police et ont frappé à mort le directeur général de l’entreprise qui doit les reprendre, a affirmé samedi le Centre d’information pour les droits de l’Homme et la démocratie à Hong Kong.
Des amis du directeur général de Jianlong, Chen Guojun, ont confirmé son décès, selon un communiqué de l’organisation. Les affrontements, qui se sont produits vendredi dans la ville Tonghua, auraient fait plusieurs centaines de blessés.
D’après la même source, les employés du Tonghua Iron and Steel Group s’opposent à leur cession à Jianlong Steel, basée à Pékin, car ils lui imputent les problèmes financiers qu’a connus leur entreprise lorsqu’elle est temporairement passée sous le contrôle de Jianlong l’an dernier. Après la chute des prix, Jianlong a annulé la reprise, revenue à l’ordre du jour avec le rebond de l’acier cette année.
Les salariés auraient reproché au directeur général d’avoir perçu environ 3 millions de yuans (environ 309.135 euros; 438.000 dollars) l’an dernier alors que certains retraités ne touchaient que 200 yuans (21 euros; 29 dollars) par mois.
La Chine essaie de rationaliser son industrie sidérurgique, la première du monde, par des fusions en série destinées à donner naissance à des producteurs d’acier compétitifs à l’échelle internationale. Ces rapprochements sont souvent accompagnés de licenciements dont certains déclenchent la colère des salariés jugeant l’indemnisation trop faible.
Au bureau du gouvernement du district de Tonghua, une femme qui a refusé de décliner son identité au téléphone a confirmé qu’une manifestation avait eu lieu vendredi mais affirmé qu’elle ne disposait d’aucun détail concernant des morts ou des arrestations. AP
Pour résumé, c’est un peu comme lors de la mort de Staline ou de Mao, laquelle était cachée au peuple, de peur que, désorienté, il ne fasse n’importe quoi !
La croissance reposait sur l’endettement, lequel n’est plus possible car les consommateurs sont trop pauvres pour honorer leurs crédits, (précarisation dû à la mondialisation…)… toucherions nous là la contradiction mettant à genou le capitalisme made in US ?
En faisant monter la bourse il espère gagner du temps par rapport à de nouvelles dépréciations de subprimes et d’autres produits dérivés. Contrairement à ce que l’on peut croire que les marchés des dérivés de crédits sont de plus en plus illiquides et les défauts de paiement s’accélèrent. On peut lire cela :
(Newsmanagers.com) – Trois émetteurs corporate ont fait défaut la semaine dernière, ce qui porte le total des défaillances depuis le début de l’année à 181, soit presque une multiplication par quatre des 46 défauts observés l’an dernier sur la même période, selon un article publié le 17 juillet par Standard & Poor’s (« Global Corporate Default Update (July 10 – 16, 2009)).
Deux défauts sur les trois ont été le fait d’entreprises américaines (Euramax International et RathGibson), le troisième émanant d’une entreprise européenne (NXP B.V.). Le total des défauts s’établit ainsi à 130 pour les Etats-Unis, neuf pour l’Europe, trente pour les marchés émergents, et douze pour les autres pays développés (Australie, Canada, Japon et Nouvelle-Zélande).
L’augmentation des défauts reflète une détérioration marquée des fondamentaux économiques et des perspectives de bénéfices, ainsi que la persistance d’un marché du crédit pratiquement à l’arrêt, ce qui se traduit dans les faits par un gel des prêts aux entreprises notées dans la catégorie spéculative. Dans ce contexte, estime Standard & Poor’s, une grande partie des défauts seront concentrés sur les deux ou trois premiers trimestres de l’année.
Quatre autres facteurs favorisent, selon l’agence, une montée des défauts : l’environnement récessif aux Etats-Unis, la proportion record d’émetteurs en catégorie spéculative, le volume le plus élevé depuis 2003 d’émissions mal notées et l’arrivée à maturité d’une grande partie de la dette notée « B- » ou moins émise ces dernières années. Le taux de défaut des entrperises américaines en catégorie spéculative pourrait ainsi s’établir à 14,3 % d’ici à la fin du premier trimestre 2010.
ou encore :
Subprime-Mortgage Loss Forecast Is Raised by Standard & Poor’s
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By Jody Shenn
July 22 (Bloomberg) — Standard & Poor’s again boosted its projections for losses from U.S. subprime mortgages backing securities, reflecting increasing delinquencies and defaults amid slumping home prices and growing unemployment.
Losses on loans backing 2006 securities will reach an average of about 32 percent of the original balances, while losses for similar 2007 bonds will total about 40 percent, the New York-based ratings firm said in a statement today. In February, S&P said the losses would total an average of 25 percent for 2006 bonds and 31 percent for 2007 securities.
Rising defaults on subprime mortgages since 2006 helped spark what Federal Reserve Chairman Ben S. Bernanke today told Congress might have become “the worst global financial crisis since the 1930s and perhaps including the 1930s.” The loans went to borrowers with poor or limited credit records or high debt.
Rating companies have cut all but 16 percent of U.S. home- loan securities without government backing to grades below AAA since late 2007, when 80 percent of the debt carried top rankings, according to an investor letter last month from Los Angeles-based TCW Group Inc.
To contact the reporter on this story: Jody Shenn in New York
Conclusion ils font tout pour gagner du temps en espérant que la monté des cours boursiers va réouvrir l’appétit pour ces produits.
Comme vous l’avez si bien expliqué M.Leclerc, la FED est à cour d’alternative et s’aperçoit que cette crise n’est pas du tout psychologique.
Merci pour cette excellente analyse.
A propos de réajustement monétaire Yuan/Dollar US: selon certaines sources, la Chine connaitrait une très forte croissance de sa masse monétaire depuis le début de l’année, qui serait consécutive à la décision par Pékin de booster au maximum le crédit bancaire, lequel avait été contenu strictement depuis des années. Le but étant bien sûr de fournir coûte que coûte les 8% de croissance annuelle nécessaires à la paix sociale, malgré la chute des exportations.
Cette croissance de la masse monétaire en Chine suivrait un tel trend, que certains pensent que l’inflation débutera non aux USA mais en Chine, et qu’elle serait ensuite exportée dans le monde entier via
1/ le fait que la Chine est devenue l’usine du monde
2/ et que pour contenir la hausse des prix en interne, Pékin pourrait être contraint à réévaluer plus tôt que prévu le yuan face au dollar, en liquidant progressivement ses réserves en dollars, ce qui déclencherait la baisse du dollar.
Certains pensent donc que les appels à la modération financière lancés à la Fed par la Chine sont en réalité un stratagème pour détourner l’attention de la croissance de la masse monétaire chinoise.
Voici une analyse à ce sujet : http://www.marketskeptics.com/2009/01/hyperinflation-will-begin-in-china-and.html
Il me semble que historiquement, le PC chinois avait gagné la faveur de la population chinoise face au Kuomintang notamment car ce dernier avait imprimé en grande masse des billets pour financer son effort de guerre face au Japon puis au PCC, ce qui avait déclenché une très forte inflation qui avait fini d’appauvrir le peuple. On peut penser qu’en tout état de cause, les dirigeants du PCC ont de la mémoire, et feront tout pour éviter une trop forte inflation en Chine même, quitte à sacrifier les 2 000 milliards de leur réserve en dollars US.
AMHA, les dirigeants US se trompent très lourdement s’ils pensent avoir berné les dirigeants chinois en les collant avec leurs réserves en dollars US.
Ré-industrialiser, investir en recherche et développement, imposer des normes sociales et environnementales ré-évaluées puis démanteler l’OMC, lancer des programmes d’aide en direction des pays les plus pauvres. Voilà de vraies initiatives pour créer une croissance saine et durable.
A n’en pas douter la tâche est exaltante.
A mille lieues d’une mondialisation toujours présentée comme horizon indépassable.
@François Leclerc: j’apprécie votre écriture simple et fluide qui accompagne le développement élégant mais ô combien efficace de vos analyses.
@François Leclerc,
Votre analyse est excellente, merci.
J’ai cependant du mal à comprendre la position à long terme de Wall Street, si l’on admet que Wall Street dirige les USA actuellement.
Comme vous le dites les trois solutions envisageables semblent très aléatoires dans leur résultat final et surtout demandent du temps et rien ne prouve qu’elles sont sérieusement étudiées sauf comme dérivatif pour faire patienter les citoyens assommés par la crise actuelle. On voit surtout les banques profiter de la manne gouvernementale pour renouer avec les bénéfices et se constituer des réserves. Mais, dans quel but ?
Je me trompe certainement mais j’ai l’impression que la finance américaine, comprenant que le pillage des dernières ressources du contribuable ne saurait durer, tente de se découpler de l’économie réelle mais aussi du PAYS REEL afin de ne plus être tributaire pour ses profits d’un pays en rapide décroissance et de rechercher ailleurs sur les places mondiales les futurs profits. Mais ne risquent-ils pas alors de se retrouver en concurrence défavorable avec les banques des pays émergents (les trois premières banques mondiales sont chinoises) qui s’appuient sur des économies plus solides pour l’avenir et surtout des politiques nationales clairement définies (même si leur résultat risque aussi d’être aléatoire) ? Comment négocier si l’on est plus appuyé par une diplomatie conquérante, une force militaire efficace et une industrie en pointe, ce que pouvait leur donner les USA il n’y a pas si longtemps ? Car tout est rapport de force, n’est-ce pas ?
Est-ce que la peur de se retrouver simples prestataires de services financiers pour économies puissantes et portées par l’avenir, ou même simples intermédiaires pour liquidation des derniers bijoux de famille occidentaux, ne les pousseraient quand même pas à envisager un retour vers l’isolationnisme et le protectionnisme ? Après tout les Etats-Unis ont toujours la potentialité d’un pays-continent et se sont déjà retrouvés plusieurs fois dans cette situation . Dans ce cas là, c’est plutôt l’Europe qui se retrouverait en bien mauvaise posture.
@Francois Leclerc
Votre analyse est excellente, je pense que nous en saurons beaucoup plus la semaine prochaine avec le « G2 ».
Les Etats-Unis se sont toujours pensés comme un pays-continent, ils ne le sont plus, 8 ans de saccage et deux guerres
ont fait très mal
Je vous écris depuis les Pays-Bas, où l’on annonce 100 000 supressions d’emplois à venir, vous lisez les résultats de Saint-Gobain et consorts , du Royaume-Uni, de l’Espagne, est-ce que l’Europe n’est pas dans la pire position aujourd’hui déjà ?
@ Leclerc :
Le cartésien se demande ce qu’est la cire, au lieu de se cantonner aux observations. Il n’est nul besoin d’observer, fermons tous les livres. Einstein lui-même n’a pas observé un photon à la vitesse de la lumière, il l’a imaginé. Nous en savons assez pour pouvoir fermer portes et fenêtres, et depuis longtemps. En un autre temps, nous ferons la réalité au lieu de la subir.
Lorsqu’on considère ce qu’est la cire, autrement dit le capitalisme, on est certain, comme moi, qu’il n’y aura pas de reprise économique du tout, et que c’est hors du domaine du possible. Et tout le monde le sait d’ailleurs. Nous attendons, impuissants, l’effondrement.
L’avenir c’est une chute sans fin. Tous les ans, 800 000 chômeurs de plus en France et -5% de Pib en UK. le reste à
l’avenant. Je l’ai déjà suffisamment démontré sur ce blog, et je laisse l’avenir apporter la confirmation. Avant, c’était TINA, maintenant TINS, there is no solution, à moins de règlementer l’économie, ou de lancer une inflation d’au moins 10%.
L
RE GLE MEN TER
Au niveau mondial …c’est le nouvel ordre qui vient…
Ce sera long et dur but TINA.
ET çà pourrait s’appeler dictature !
Demain, dans 10 ans ou plus, peut-être les peuples ,plus ou moins manipulés, le demanderont-ils afin d’arrêter le chaos.
Pas marrant.
[…] Originel: Blog de Paul Jorion » L'actualité de la crise : Des mystères sans … Share and […]
@Tartar
La réglementation est compatible avec un contrôle démocratique. Le laissez-faire, non. La vraie dictature est celle des pseudos « marchés », qui au vrai ne sont pas des marchés mais un composé de socialisation des pertes, de pouvoirs oligopolistiques et de mimétisme spéculatif… Hélas cette 2nde option reste ouverte, le sauvetage des banques en est un avant-goût.
Bonjour,
Finalement, la bourse n’est qu’une chimère.
Chimère : La chimère et son mythe offre un terreau fertile aux interprétations.
Bien à vous.
Hyoo ;o)
« Ces raisonnements s’entendent, bien entendu, mode de calcul du PIB inchangé »
C’est bien là un des problèmes. Le choc est tellement profond que les anciens repères, indicateurs … deviennent obsolètes ou doivent être revus de fond en comble pour refléter la nouvelle donne. Les autorités et la plupart d’entre nous sommes toujours scotchés à l’ancien dogme de la croissance économique infinie, modèle intenable qu’on tente vainement de perpétuer et que nous sommes incapables de remettre en question.
Ce dogme de la croissance économique infinie se heurte à la réalité physique, pic pétrolier en premier. Sans croissance exponentielle de la production d’énergie, pas de croissance économique possible. On peut tricher avec les normes comptables, imprimer des trillons de dollar ou euro qui ne sont que des bits dans des ordinateurs, mais on ne peut tricher les lois de la physique. On le sait depuis au moins 1972 avec le rapport « The Limits To Growth » du Club de Rome/Meadows. Certes, jusqu’à présent les avancées technologiques ont permis de retarder ce moment, mais l’histoire prouve que les avancées technologiques n’ont jamais diminué la consommation d’énergie qui n’a fait qu’augmenter de façon exponentielle. Même en réduisant la consommation d’énergie fossile aux USA et en Europe, les pays dits « émergants » prennent le relais en suivant notre ancien modèle (peut-on les en blâmer?)
Ajouter à celà la croissance démographique mondiale. Les Nations Unies prévoient que nous seront plus de 9 milliards en 2050. Vous avez dit Malthus?
Et le vieillissement de la population dans les pays dit « développés », en ce compris la Chine. La fin de l’état-providence?
Plutôt que de se référer à des économistes dépassés, déconnectés de toute réalité physique, j’aimerais une analyse critique des économistes qui intègrent ces données incontournables, comme par ex Nicholas Georgescu-Roegen: « La Décroissance, Entropie – Ecologie – Economie », Herman Daly: « Steady-State Economics », voire même Thomas Malthus et John Stuart Mill. Voir aussi la rubrique Deep Green de Rex Weyler, fondateur de Green Peace et d’autres sites sur la décroissance économique, les objecteurs de croissance…
Au passage, je signale que le soit-disant « développement durable » ne remet aucunement en cause la croissance économique matérielle infinie, que du contraire. Le rapport Brundtland « notre avenir à tous » (conférence de Rio en 1992) dit explicitement dans l’introduction « nous sommes capables d’améliorer nos techniques et notre organisation sociale de manière à ouvrir la voie à une nouvelle ère de croissance économique ». Le développement durable n’est qu’une supercherie dès le début!
« La croissance pour la croissance est l’idéologie de la cellule cancéreuse » ~ Edward Abbey
A fujisan :
Vous dites : »Ce dogme de la croissance économique infinie se heurte à la réalité physique, pic pétrolier en premier. »
Ce dogme de la croissance économique infinie est une absurdité, aucune croissance quelle quelle soit ne peut être infinie car nous habitons, je vous le rappelle, une Terre dont le contour n’a pas de croissance à deux chiffres!!!!!
Donc pas de croissance infinie pour le nombre :
d’habitants
de logements
d’usines
d’herbe
de champs
d’arbres
de routes
d’insectes
de télé (vision,phones……….;)
de voitures
de trains
de lits
de canapés
de tables
de livres
de vaches
de moutons
cochons
couvées
……………………………………………………………
et la laitière a cassé le pot au lait!!
http://www.lesechos.fr/info/analyses/02077964413-de-la-derive-monetairea-la-derive-bancaire.htm
DOMINIQUE BAZY
De la dérive monétaire à la dérive bancaire
[ 24/07/09 ]
DOMINIQUE BAZY EST ANCIEN VICE-PRESIDENT D’UBS INVESTMENT BANK.
Depuis dix ans les deux banques centrales qui dominent la politique monétaire mondiale, la Fed et la BCE, ont créé sensiblement plus de monnaie que la création de richesses le rendait nécessaire. Ainsi, depuis 1999, le produit intérieur brut américain a crû en valeur de 72 % alors que la masse monétaire a plus que doublé, et, en Europe, où la BCE affiche une attitude orthodoxe, la masse monétaire a augmenté deux fois plus vite que le PIB en valeur de la zone euro.
(…)
Il est urgent également que les banques centrales, pour définir leur politique générale, ne considèrent pas simplement l’inflation par la mesure des prix à la consommation maintenus bas par la concurrence suscitée par la mondialisation, mais examinent davantage la dérive de la valeur des actifs et le développement des flux interbancaires, et les flux entre institutions financières.
Les réformes nécessaires ne peuvent être efficacement promues que si les politiques reprennent la main et agissent en étroite collaboration avec les banquiers centraux et les professionnels pour réduire les effets de levier du système bancaire et financier.
ça va vous plaire !
Le patron de Lehman Brothers avait décrit par le menu la crise avec 18 mois d’avance
Intéressante rediffusion sur BFM Radio (Alain Weil) de l’émission « L’Entreprise BFM » du samedi 4 octobre 2008, où Jérôme « Seydoux » Schlumberger, patron de Pathé, explique au micro de Philippe (…)
BFM Radio
http://podcast.bfmradio.fr/channel126/20081004_entreprise_bfm.mp3
Encore sept faillites de banques régionales aux Etats-Unis : 64 faillites en 2009.
Six banques soeurs établies en Georgie (sud-est), ainsi qu’un petit établissement de l’Etat de New York, ont été fermées vendredi 24 juillet par le régulateur, portant à 64 le nombre de banques ayant fait faillite aux Etats-Unis cette année, a annoncé le fonds fédéral de garantie des dépôts bancaires FDIC.
http://www.lesechos.fr/info/finance/afp_00169422-encore-sept-faillites-de-banques-regionales-aux-etats-unis-64-en-2009.htm
Rappel : pour toute l’année 2008, les banques étatsuniennes en faillite étaient 25 en tout. Depuis le 1er janvier 2009, les banques étatsuniennes en faillite sont déjà 64.
En juin 2009, la production du crédit à la consommation a chuté pour le neuvième mois d’affilée en France. Les nouveaux prêts ont reculé de 16,4 % en juin, et de 18,7 % au deuxième trimestre, selon les derniers chiffres de l’Association française des sociétés financières (ASF).
Au total, avec 19 milliards d’euros, la production du premier semestre 2009 affiche un recul de 15,6 %.
» C’est une contraction d’une ampleur jusqu’alors jamais enregistrée depuis vingt ans que la série statistique existe : la plus forte baisse était jusqu’à présent celle constatée au second semestre 1990 (- 10,2 % sur un an) « , commente l’ASF dans un communiqué publié mardi 21 juillet.
Fait particulièrement inquiétant pour les établissements de crédit, la dégradation frappe tous les secteurs. Les prêts personnels baissent ainsi de 25,7 % en juin (28,5 % sur le deuxième trimestre).
» C’est le produit le plus affecté par la crise, sous le double effet du fort repli du rachat de créances (qui représente un tiers de la production de prêts personnels), et de la baisse des immatriculations automobiles (pour la partie du financement auto réalisée hors lieu de vente) « , explique un professionnel du secteur.
La baisse enregistrée sur le prêt personnel explique, à elle seule, plus de la moitié de la baisse totale du marché du crédit à la consommation. Toutefois, les financements affectés (voitures neuves et d’occasion, amélioration de l’habitat et biens d’équipement du foyer, etc.) reculent encore de 14,4 % en juin (- 10,6 % sur le semestre) et les crédits renouvelables poursuivent leur déclin (- 11,6 % en juin, – 14,1 % au deuxième trimestre). Seul point positif dans ce sombre tableau, la contraction de la production est » légèrement moins accentuée » en juin, note l’ASF, que celle enregistrée en mai (- 21,1 %) et en avril (- 18,7 %). Mais » il est encore prématuré d’y voir les prémices d’une éventuelle tendance à la stabilisation du recul de l’activité « , conclut l’association qui représente près de 60 % du total des crédits à la consommation dans l’Hexagone.
Parallèlement, la distribution de crédits immobiliers devrait aussi fortement reculer en France en 2009. Pour l’ensemble de l’année, la production des offres acceptées de crédits immobiliers aux particuliers, avec un total de 105,5 milliards d’euros, devrait enregistrer une baisse de 25 % par rapport au total de 2008 (141,2 milliards d’euros), prévoit une étude de Crédit Logement/CSA publiée hier.
http://www.lesechos.fr/patrimoine/banque/300364709-chute-de-18-7-du-credit-a-la-consommation.htm
Conclusion : les derniers chiffres montrent que les crédits à la consommation chutent de 18,7 %, et que les crédits immobiliers chutent de 25 % pour l’année 2009. Les banques françaises vont donc gagner beaucoup moins d’argent que l’année dernière. La deuxième crise financière va frapper les banques françaises de plein fouet.
@Louise
Vous prêchez un convaincu. C’est le bon sens même, mais il faut croire que la plupart des économistes, politiciens, autorités n’ont aucun bon sens car ils ne veulent absolument pas envisager la moindre limite à la croissance économique exponentielle. A croire qu’ils ont une déficience mentale…
“La plus grande lacune de la race humaine est notre incapacité à comprendre la fonction exponentielle.” ~ Albert Bartlett
http://www.youtube.com/watch?v=F-QA2rkpBSY
@Quidam
Sans oublier que l’inflation, le PIB, le chomage et tous les indicateurs ne reflètent pas la réalité, mais sont manipulés de la façon la plus avantageuse pour les autorités.
Ainsi pour l’inflation:
la pondération géométrique: les produits ou services qui augmentent le plus « pèsent » moins dans le l’indice que réellement
la substitution: certains produits sont remplacés par d’autres moins cher. Ex replacer du steak par du poulet en batterie. Alors que ce n’est pas un choix librement décidé par le consommateur, mais une nécessité par manque de revenus.
les ajustements qualitatifs / hédonistes: ex si un ordinateur est plus performant d’une année sur l’autre, on va considérer ce gain de performance comme un avantage financier qu’on déduit du prix réellement déboursé.
Le taux chomage US ne compte pas les chomeurs « découragés »
Pour le PIB, aux USA, on compte des revenus fictifs:
Les propriétaires de leur habitation ne paient pas de loyer, mais on impute un loyer fictif au PIB
les check deposit (DAV) sont gratuits mais on considère que c’est un service qui vaux quelque chose jugé au pifomètre ajouté au PIB
les ajustements qualitatifs / hédonistes: ex si un ordinateur est plus performant d’une année sur l’autre, on va considérer ce gain de performance comme un avantage financier et donc augmenter le PIB (alors qu’on le déduit pour l’inflation!)
Environ 35% du PIB US est ainsi manipulé! C’est juste du vent qui ne correspond à aucune transaction économique.
Bref, inflation et chomage sont systématiquement sous évalués et PIB systématiquement surévalué. Quelle crédibilité a un ration dette / PIB alors que ce dernier est artificiellement gonflé de 35% ?
à propos de la relance de la relance …
en France, le futur grand emprunt dont le produit sera affecté uniquement (promis,jure, si nous mentons nous allons … aux USA) n’est il pas la relance de la relance ?
plan précédent : 26 milliards.
recette espérée de l’emprunt : 80 milliards (je crois…). bon, la recette espérée sera t elle à l’arrivée ? et puis, ne sera t elle pas constituée essentiellement de transferts des livrets et assurances vie ?